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Marne

Variantes Singulier Pluriel
Féminin marne marnes

Définitions de « marne »

Trésor de la Langue Française informatisé

MARNE, subst. fém.

GÉOL. Roche tendre composée en proportions variables d'argile et de calcaire mêlés à du sable, qui a la propriété de se déliter et qui est utilisée selon sa composition pour l'amendement des terres, la fabrication de ciments, de tuiles, de céramiques. Marne argileuse, calcaire, siliceuse; marne blanche, verte; marnes du lias. Parfois un ruisseau crève brusquement une voûte commencée et inonde les travailleurs; ou c'est une coulée de marne qui se fait jour et se rue avec la furie d'une cataracte (Hugo,Misér.,t. 2, 1862, p. 524).La marne est un mélange d'argile et de calcaire; suivant la prédominance de l'une ou de l'autre, nous avons les marnes calcaires ou les calcaires marneux (Combaluzier,Introd. géol.,1961, p. 97):
. Quelques cantons ont de la marne (terre bleue) dont on engraisse la terre (voir Pline) tous les cinquante ans. Si l'on en met plus souvent, par inadvertance, on brûle la terre. C'est un proverbe : La marne enrichit le père et ruine le fils. Michelet,Journal,1848, p. 113.
Marnes irisées*.
Marne à foulon. Variété de marne ,,très soluble dans l'eau, très savonneuse; ce qui la fait employer par le foulon pour l'apprêt des draperies`` (Bouillet 1859).
Prononc. et Orth.: [maʀn̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1287 marne (doc. ds C. A. Bevans, The old french vocabulary of Champagne, p. 25). Var. de l'a. fr. marle (xiiies. ds T.-L.−1771, Trév.), de même sens, du gaul. margila dont le simple marga «marne» est att. chez Pline; cf. la forme latinisée marna att. dès 1266 (Du Cange). Fréq. abs. littér.: 47.

Wiktionnaire

Nom commun - français

marne \maʁn\ féminin

  1. (Géologie) Terre composée d'argile et de calcaire dont on se sert pour amender certains terrains trop acides pour les cultures choisies.
    • La bruyère spongieuse à Erica Tetralix est souvent en continuité avec des petits ilots de l'association à Schœnus établis dans la zone des marnes supra-gypseuses […]. — (Pierre Allorge, Les Associations végétales du Vexin français, thèse de doctorat, 24 novembre 1922, p.256)
    • Alors que les grès infraliasiques constituent un sol perméable […], les marnes, au contraire, […], offrent un sol compact, profond, dont la végétation est en général celle des terrains argilo-calcaires. — (Gustave Malcuit, Contributions à l’étude phytosociologique des Vosges méridionales saônoises : les associations végétales de la vallée de la Lanterne, thèse de doctorat, Société d’édition du Nord, 1929, p. 14)
    • Les marnes bleues qui constituent le substratum des alluvions avec des faciès sensiblement identiques, d’Épineau-Ies-Voves à Appoigny, méritent de retenir l’attention au point de vue stratigraphique. — (Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle, Imprimerie nationale, 1954, page 298)
    • Aux environs de Châteauneuf-le-Rouge (en bordure de la R.N. 7), cette limite est tracée dans des marnes rutilantes qui reposent sur le calcaire de Rognac au Sud et qui supportent les niveaux calcaires subordonnés aux poudingues de la Galante au Nord. — (Compte rendu sommaire des séances de la Société géologique de France, 1961, page 8)
    • Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
      Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
      Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
      Et pour des visions écrasant son œil darne,
      Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
      — (Arthur Rimbaud, Les Poètes de sept ans, 1871)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MARNE. n. f.
Sorte de terre calcaire dont on se sert pour amender certains terrains. Marne blanche, rousse, verte. Carrière de marne.

Littré (1872-1877)

MARNE (mar-n') s. f.
  • Mélange naturel, en des proportions variables, de calcaire et d'argile, auxquels se trouve presque toujours associé un peu de sable, et qui est propre à amender et à engraisser certaines terres. Une carrière de marne. Il faut mêler la marne avec une certaine quantité de fumier, et cela est d'autant plus nécessaire que le terrain est plus humide et plus froid, Buffon, Min. t. I, p. 309.

    Marnes calcaires, marnes où abonde l'élément calcaire ; marnes argileuses, ou argile ; marne verte, marne très argileuse qui surmonte la formation gypseuse dans les environs de Paris.

    Marne à foulon, variété de marne, très soluble dans l'eau, servant aux apprêts des draperies dans certaines manufactures.

    Terme de géologie. Marnes irisées, ou keuper, assise supérieure des marnes du Jura, laquelle, se délitant à l'air en fragments polyédriques, présente des couleurs vives et variées.

HISTORIQUE

XIVe s. L'an MCCCXVIII furent v acres de terre mallées de blanc malle, et fut le malle pris au champ meismes, dix teises en parfont, Delisle, Agricult. norm. p. 267.

XVe s. Gravier de blanche marle fort et dur, sur quoi on peut fermement charier, Froissart, I, I, 278.

XVIe s. Il y a en certaines parties de la Gascongne et autres pays de France, un genre de terre qu'on appelle merle, de laquelle les laboureurs fument leurs champs, Palissy, 10. La marne ne doit estre oubliée, pour la grande vertu engraissante qu'elle a, à bon droit appellée d'aucuns manne… selon les lieux elle est colorée ; en aucuns elle est blanche, en autres grise ou rousse, De Serres, 10. Et ainsi allant et traversant parmy ce bois, vint tomber dans un puits à marle…, Nouvelle fabrique des excellents traits de vérité, p. 143, éd. Jannet, Paris, 1853.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

MARNE, s. f. (Hist. nat. Minéralogie & Economie rustique.) marga, c’est une terre calcaire, légere, peu compacte, qui perd sa liaison à l’air, qui fait effervescence avec les acides, en un mot qui ne differe de la craie, que parce qu’elle n’est point si dense ni si solide qu’elle. Voyez Craie.

Rien de plus confus que les descriptions que les Naturalistes nous donnent de la marne ; leurs définitions de cette substance ne s’accordent nullement ; ils lui assignent des propriétés qui lui sont entierement étrangeres, ou du-moins qu’elle n’a que par son mélange accidentel avec d’autres substances, & sur-tout avec des terres argilleuses ; c’est aussi ce mélange qui semble avoir induit en erreur la plûpart des Naturalistes ; il est cause que Wallerius & beaucoup d’autres ont placé la marne au rang des argilles, c’est-à-dire des terres qui se durcissent au feu, propriété qui ne convient point à la marne comme telle, mais qui ne peut lui être attribuée qu’en raison de la portion d’argille ou de glaise avec laquelle elle se trouve quelquefois mêlée. On sent aussi que c’est au mélange de la marne avec l’argille qu’est dûe la propriété de se vitrifier que quelques auteurs lui attribuent : en effet, nous savons que l’argille mêlée avec une terre calcaire devient vitrifiable, quoique séparées, la premiere de ces terres ne fasse que se durcir par l’action du feu, & la seconde se change en chaux. En un mot il est constant que la marne est une terre calcaire, qui fait effervescence avec les acides, qui ne differe de la craie que parce que la premiere est moins liée ou moins solide que la derniere ; c’est comme terre calcaire qu’elle a la propriété de fertiliser les terres, & M. Pott, dans sa Lithogéognosie, a fait remarquer avec beaucoup de raison qu’il falloit bien distinguer dans la marne, sa partie constituante, par laquelle elle est propre à diviser les terres & à contribuer à la croissance des végétaux, des parties accidentelles, telles que la glaise, le sable, &c.

Si l’on fait attention à la distinction qui vient d’être faite, on sentira que c’est avec très-peu de raison que la marne a été placée par plusieurs auteurs au rang des terres argilleuses, on verra que rien n’est moins exact que de donner le nom de marne à des terres à pipes, à des terres dont on fait de la porcelaine, à des terres propres à fouler les étoffes, à des terres qui se durcissent dans le feu, &c. toutes ces terres ont des propriétés qui ne conviennent qu’aux vraies argilles.

C’est aussi, faute d’avoir eu égard à ces distinctions, que les auteurs anglois sur-tout nous parlent de la marne d’une maniere si confuse & si contradictoire ; en effet, les uns nous disent que rien n’est plus avantageux que la marne pour rendre fertiles les terreins sablonneux ; d’autres au contraire prétendent que cette terre est propre à fertiliser les terres glaises trop denses & trop compactes : il est aisé de voir qu’une même terre n’est point propre à remplir des vûes si opposées. Nous allons tâcher de faire disparoître ces contradictions, qui ne viennent que de ce qu’on n’a point assez connu la nature de la substance dont on parloit, & nous remarquerons en passant que cela prouve combien on peut être trompé quand on ne consulte que le coup-d’œil extérieur des substances du regne minéral.

Si la terre que l’on trouve est seche, en poussiere, peu liée, & soluble dans les acides, c’est-à-dire calcaire, ce sera de la vraie marne proprement dite, alors elle sera propre à fertiliser les terreins trop gras & trop pesans, parce qu’elle les divisera, elle écartera les unes des autres les parties tenaces de la glaise, par-là elle la rendra plus perméable aux eaux, dont la libre circulation contribue essentiellement à la croissance des végétaux. D’un autre côté si ce qu’on appelle marne est une terre purement glaiseuse & argilleuse, ou du-moins une pierre calcaire mêlée d’une grande partie d’argille ou de glaise ; alors elle sera propre à fertiliser les terreins maigres & sablonneux, elle leur donnera plus de liaison, propriété qui sera dûe à la partie argilleuse.

Une vraie marne, c’est-à-dire celle qui est calcaire & précisément de la nature de la craie, sera très propre à bonifier un terrein humide & bas, qui suivant l’expression assez juste du laboureur, est aigre & froid ; cette aigreur ou cette acidité vient du séjour des eaux & des plantes qu’elles ont fait pourrir dans ces sortes d’endroits : alors la vraie marne étant une terre calcaire, c’est-à-dire absorbante & alkaline, sera propre à se combiner avec les parties acides qui dominoient dans un tel terrein, & qui nuisoient à sa fertilité. Par la combinaison de cet acide avec la marne, il se formera, suivant le langage de la Chimie, des sels neutres qui peuvent contribuer beaucoup à favoriser la végétation.

Il est donc important de savoir avant toute chose ce que c’est que l’on appelle marne, de s’assurer si celle que l’on trouve dans un pays est pure & calcaire, ou si c’est à de l’argille ou de la terre mêlée d’argille que l’on donne le nom de marne. Pour s’éclaircir là-dessus, on n’aura qu’à l’essayer avec de l’eau-forte, ou simplement avec du vinaigre : si la terre s’y dissout totalement, ce sera une marque que c’est de la marne pure, véritable & calcaire ; s’il ne s’en dissout qu’une portion, & qu’en mettant une quantité suffisante de dissolvant il reste toujours une partie de cette terre qui ne se dissolve point, ce sera un signe que la marne étoit mêlée d’argille ou de glaise. S’il ne se dissout rien du tout, ce sera une preuve que la terre que l’on a trouvée est une vraie argille ou glaise, à qui l’on ne doit par conséquent point donner le nom de marne.

Il faudra aussi consulter la nature des terreins que l’on voudra marner ou mêler avec de la marne ; il y en a qui étant déja calcaires, spongieux par eux-mêmes, ne demandent point à être divisés davantage : dans ce cas la vraie marne calcaire ne doit pas leur convenir ; on réussira mieux à fertiliser de pareils terreins, en leur joignant de la glaise ou de l’argille. Voyez Glaise.

En général on peut dire que la marne fertilise entant qu’elle est calcaire, c’est à-dire entant qu’elle est composée de particules faciles à dissoudre dans les eaux, & propres à être portées par ces mêmes eaux en molécules déliées à la racine des plantes dans lesquelles ces molécules passent pour contribuer à leur accroissement.

La marne varie pour la couleur ; il y en a de blanche, de grise, de rougeâtre, de jaune, de brune, de noire, &c. ces couleurs sont purement accidentelles & ne viennent que des substances minérales étrangéres avec lesquelles cette terre est mêlée. (—)

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Étymologie de « marne »

Wallon, mâïe ; Hainaut, marle ; namur. maule ; picard, marle, merle ; haut norm. malle et même mâle, le faisant masculin : du mâle ; ital. marga ; bas-bret. marg ; irl. marla ; allem. Mergel ; suéd. maergel ; du mot gaulois marga, qui fut reçu dans la latinité ; on le trouve dans Pline.

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De l'ancien français marle, du latin tardif margila [sous l'influence d'argilla « argile »], du gaulois marga (→ voir marg en breton, glisomarga en latin).
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Phonétique du mot « marne »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
marne marn

Images d'illustration du mot « marne »

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Traductions du mot « marne »

Langue Traduction
Anglais marl
Espagnol marga
Italien marna
Allemand mergel
Chinois 马尔
Arabe مارل
Portugais marga
Russe мергель
Japonais マール
Basque marl
Corse marna
Source : Google Translate API

Synonymes de « marne »

Source : synonymes de marne sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot marne au Scrabble ?

Nombre de points du mot marne au scrabble : 7 points

Marne

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