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Maraud

Variantes Singulier Pluriel
Masculin maraud marauds

Définitions de « maraud »

Trésor de la Langue Française informatisé

MARAUD, subst. masc.

Vx, péj. [S'emploie pour désigner de façon méprisante un homme du peuple ou d'un rang social inférieur à celui du locuteur] Ce maraud, parce qu'il sait lire, (...) voudrait presque traiter ses supérieurs comme ses égaux (Mérimée,Jacquerie, 1828, p. 66).Sur la première [mule] était monté un maraud de laquais (Gautier,Fracasse, 1863, p. 189):
. − Eh! animal! Je t'emmène avec moi; c'est convenu, tiens-toi tranquille; et arrêté au haut de l'escalier, le duc accompagna l'Italien de ses rires, jusqu'à la dernière marche; puis pouffant de ressouvenir, lorsque le maraud fut disparu: − Quel amusant coquin! Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p. 24.
En partic. [S'emploie comme terme d'adresse insultant ou comme insulte] Que chantes-tu donc là, maraud? s'écria le chevalier en levant sa cravache (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 1, 1859, p. 584).Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule! (Rostand,Cyrano, 1898, i, 4, p. 44).
Emploi attribut avec valeur d'adj., rare. Le seigneur Géronte n'est ni fat, ni maraud, ni bélître, et vous devriez s'il vous plaît parler d'autre façon (Claudel,Raviss. Scapin, 1952, p. 1344).
REM. La forme fém. maraude figurant dans les dict. du xixeet du xxes. n'est pas att. dans la documentation relative à cette période.
Prononc. et Orth.: [maʀ ο]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Ca 1480 marault «mendiant, filou» (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 28131); 1549 maraud (Est.); b) 1580 «celui qui ne mérite pas de considération» (Montaigne, Essais, éd. P. Villey, livre II, chap. VI, p. 371). Mot d'orig. discutée. D'apr. FEW t. 6, 1, p. 361b et 362a, il s'agirait d'un emploi métaphorique de maraud, nom du matou dans les dial. du centre et de l'ouest de la France qui aurait pris le sens de «vagabond, mendiant». Maraud serait formé du rad. onomatopéique mar(m)- qui imite le ronron des chats ou le miaulement des chats en rut (marmonner*, marlou*) et du suff. péj. -aud*. C. Schmitt (Französisch maraud, marauder, maraudise ds Mél. Gossen, t. 2, 1976, pp. 865-873) propose de rattacher le mot au lat. marra «sorte de houe» (marre1*). Cette hyp. paraît convaincante étant donné que maraudise signifie «acte, travail de paysan (sens obscène)» (2emoitié xiiies., Gautier Le Leu, 252, 29 ds T.-L.) et que marault est att. au sens de «artisan qui travaille le bois et qui fabrique des coffrets» (Charles de Bovelles, Liber de differentia vulgarium linguarum et Gallici sermonis varietate, p. 76, s.v. queste; cf. aussi marreux «ouvrier qui travaille avec la marre» att. en 1463 Arch. JJ 109, pièce 174 ds Gdf.). La valeur péj. qu'a pris marault au xves. est peut-être due au fait que les personnes exerçant cette activité menaient une vie errante, ce qui ne leur attirait guère la sympathie de leurs contemporains. Fréq. abs. littér.: 91. Bbg. Bugge (S.). Étymol. fr. et rom. Romania. 1874, t. 3, p. 155. _ Mack. t. 2 1939, p. 157. _ Migl. Nome propr. 1968 [1927], p. 270, 279. _ Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 214-216; t. 2 1972 [1925], pp. 23-25; t. 3 1972 [1930], p. 149, 175, 201, 460. _ Spitzer (L.). Deutsch marode. Rom. Forsch. 1950, t. 62, pp. 417-423.

Wiktionnaire

Nom commun - français

maraud \ma.ʁo\ masculin (pour une femme, on dit : maraude)

  1. (Péjoratif) (Vieilli) Coquin ; drôle ; personnage vil ou impudent.
    • […] mais, quand j’eus renversé d’un coup de poing le sacristain, l’autre maraud, son camarade de bouteille, me porta un coup avec son gros bâton. — (Walter Scott, Ivanhoé, ch. XLII, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Il me semble que ce maraud nous écoute, dit Coconnas, qui, en sa qualité de Piémontais, était fort rancunier, et qui ne pouvait passer au maître de la Belle-Étoile la façon peu civile dont il recevait les voyageurs. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre IV)
  2. (Normandie) Chat.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MARAUD, AUDE. n.
Terme de mépris dont on se sert pour désigner Quelqu'un de vil et d'impudent. Taisez-vous, maraud! Il est vieux.

Littré (1872-1877)

MARAUD (ma-rô, rô-d') s. m.
  • Terme d'injure et de mépris. Celui, celle qui ne mérite pas de considération. Mais que de deux marauds la surprise infidelle Ait terminé ses jours [de mon fils] d'une tragique mort, Malherbe, VI, 37. Si tôt que tu seras parti, Mon maraud de frère averti Viendra tout piller à ma barbe, Scarron, Virg. IV. … Quoi ! je vous vois, maraude ? Vite, sortez, friponne, allons, quittez ces lieux, Et ne vous présentez jamais devant mes yeux, Molière, F. sav. II, 6. Je me déferai de ce maraud fieffé, de ce faquin d'Argante, Molière, Scapin, II, 9. Quel maraud est-ce ci ? - Maraud ! voilà quelqu'un qui me connaît, Regnard, Sérénade, 23. Ils ressemblent à ce valet de comédie ivre qui, entendant prononcer le mot de maraud, dit naïvement : maraud, voilà quelqu'un qui me connaît, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 14 déc. 1781. Il me paraît que tous les honnêtes gens ont été d'autant plus sensibles à la perte d'Helvétius, que les marauds d'ex-jésuites et les marauds d'ex-convulsionnaires ont toujours aboyé contre lui jusqu'au dernier moment, Voltaire, Lett. Condorcet, 1er févr. 1772. Le bon sens du maraud quelquefois m'épouvante. - Mondor : Molière avec raison consultait sa servante, Piron, Métrom. II, 11.

HISTORIQUE

XVe s. Comment m'en iray-je en pourpoint, Desnué comme ung marault ? Dieu mercy je n'ay pas trop chault, Villon, Repue fr. des souffreteux.

XVIe s. Un an après vint un gros maraut qui contrefaisoit le ladre, Paré, XXII, 8. Encores aujourd'hui appellons nous ceux à qui nous voulons mal et pensons injurier, marauts, coquins, belistres…, Bouchet, Serées, livre III, p. 159, dans LACURNE. Canius Julius… ayant esté condamné à mort par ce maraud de Caligula, Montaigne, II, 50.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MARAUD. - ÉTYM. Aux diverses conjectures qui sont rapportées dans l'article, M. Bugge, Romania, n° 10, p. 155, ajoute la sienne. Suivant lui, marault (c'est la forme la plus ancienne) demande une forme antérieure maraldus (comme chaud de caldus), laquelle provient, par dissimilation, de malaldus ; mal se trouve plusieurs fois en français sous la forme mar. M. Bugge remarque que l'étymologie qu'il donne convient très bien à la notion de maraud ; l'ancien marault signifiait pauvre gueux ; le ladin marodi et dans le dialecte de Côme maro signifient maladif, et les langues romanes emploient pour exprimer maladif plusieurs mots qui se rattachent au lat. malus. À cette discussion de M. Bugge on peut ajouter que, dans le langage de Menton, maraut (pour malaut) signifie malade (Romania, juillet-oct. 1875, p. 493). C'est un trait de plus à ajouter à ceux qui indiquent une parenté entre maraud et malade et que j'ai notés dans le Dictionnaire.

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Étymologie de « maraud »

(XVIe siècle)[1] De l’ancien français marault[1][2], d’origine discutée[1][2].
  1. Emploi métaphorique[1] de maraud, nom du matou dans les dialectes du centre et de l’ouest de la France qui aurait pris le sens de « vagabond ». Le radical onomatopéique mar(m)- imite le ronronnement des chats ou le miaulement des chats en rut (→ voir marmonner et marlou) avec le suffixe péjoratif -aud.
  2. Ou dérivé de marre (« sorte de houe »), avec le suffixe -aud[1] en s’appuyant sur le fait que maraudise signifie « acte, travail de paysan » et que marault est attesté au sens de « artisan qui travaille le bois et qui fabrique des coffrets » ; même chose pour marreux (« paysan qui travaille avec la marre ») attesté en 1463.
  3. Suivant M. Bugge[2] — (Romania, n° 10, p. 155), marault (c'est la forme la plus ancienne) demande une forme antérieure *maraldus (comme chaud de caldus), laquelle provient, par dissimilation, de *malaldus  ; mal se trouve plusieurs fois en ancien français sous la forme mar. M. Bugge remarque que l'étymologie qu'il donne convient très bien à la notion de maraud ; l'ancien marault signifiait pauvre gueux ; on peut ajouter que, dans le langage de Menton, maraut (pour malaut[3]) signifie « malade ».
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Origine inconnue. Le portugais a maroto et les étymologistes portugais le tirent de l'arabe marudo, insolent ; mais maroto paraît n'être pas indigène et venir du français. On l'a tiré d'un comte de Mérode, commandant pendant la guerre de Trente ans un régiment de soldats pillards ; mais maraud (marault) est dans Villon, 200 ans avant le comte de Mérode. Diez conjecture l'adjectif esp. malroto, du lat. male, mal, et ruptus, ruiné ; Mahn, le lat. morator, celui qui traîne, parce que les traînards sont souvent des maraudeurs. Tout cela n'est qu'hypothèse, mais, en attendant d'autres documents, il faut noter que dans le dialecte de Corse marodi, et dans celui de Côme marò signifient maladif, et que primitivement en français maraud signifie pauvre gueux.

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Phonétique du mot « maraud »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
maraud maro

Fréquence d'apparition du mot « maraud » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « maraud »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « maraud »

  • Premier maillon de la veille sociale, les maraudes professionnelles ont vocation à aller vers les personnes en situation de grande exclusion directement là où elles vivent et de les accompagner dans l’accès aux droits, afin d’amorcer leur insertion ».
    Une maraude à Fougères au chevet des plus démunis | La Chronique Républicaine
  • La maraude traverse la place de la Comédie et ses lumières festives. Le rythme est toujours aussi dynamique. L’un des participants, un géant, explique que c’est une première pour lui. “Ma femme m’a demandé de venir. Je découvre la ville. Je fais du rugby, je viens d’arriver. Cela fait relativiser et ne pas penser qu’à nous-mêmes”. Yacouba Camara, joueur du MHR, est anonyme sous son gilet fluo.
    midilibre.fr — Maraude à Montpellier : "On ne peut peut-être pas les sauver, mais les soulager" - midilibre.fr
  • Comme avec irrévérence Parle des Dieux ce maraud !
    Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière — Amphitryon, I, 2, Mercure
  • Attendu qu’un grand nez est proprement l’indice D’un homme affable, bon, courtois, spirituel, libéral, courageux, tel que je suis, et tel Qu’il vous est interdit à jamais de vous croire, Déplorable maraud !
    Edmond Rostand — Cyrano de Bergerac
  • SCAPIN.- Cachez-vous. Voici un spadassin qui vous cherche. (En contrefaisant sa voix.) "Quoi ? Jé n'aurai pas l'abantage dé tuer cé Geronte, et quelqu'un par charité né m'enseignera pas où il est ?" (À Géronte avec sa voix ordinaire.) Ne branlez pas. (Reprenant son ton contrefait.) "Cadédis, jé lé trouberai, sé cachât-il au centre dé la terre." (A Géronte avec son ton naturel.) Ne vous montrez pas. (Tout le langage gascon est supposé de celui qu'il contrefait, et le reste de lui.) "Oh, l'homme au sac !" Monsieur. "Jé té vaille un louis, et m'enseigne où put être Géronte." Vous cherchez le seigneur Géronte ? "Oui, mordi ! Jé lé cherche." Et pour quelle affaire, Monsieur ? "Pour quelle affaire ?" Oui. "Jé beux, cadédis, lé faire mourir sous les coups de vaton." Oh ! Monsieur, les coups de bâton ne se donnent point à des gens comme lui, et ce n'est pas un homme à être traité de la sorte. "Qui, cé fat dé Geronte, cé maraut, cé velître ?" Le seigneur Géronte, Monsieur, n'est ni fat, ni maraud, ni belître, et vous devriez, s'il vous plaît, parler d'autre façon. "Comment, tu mé traites, à moi, avec cette hautur ?" Je défends, comme je dois, un homme d'honneur qu'on offense. "Est-ce que tu es des amis dé cé Geronte ?" Oui, Monsieur, j'en suis. "Ah ! Cadédis, tu es de ses amis, à la vonne hure." (Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac.) "Tiens. Boilà cé que jé té vaille pour lui." Ah, ah, ah ! Ah, Monsieur ! Ah, ah, Monsieur ! Tout beau. Ah, doucement, ah, ah, ah ! "Va, porte-lui cela de ma part. Adiusias." Ah ! diable soit le Gascon ! Ah !En se plaignant et remuant le dos, comme s'il avait reçu les coups de bâton.
    Molière — Les fourberies de Scapin

Traductions du mot « maraud »

Langue Traduction
Anglais maraud
Espagnol merodear
Italien saccheggiare
Allemand plündern
Chinois 掠夺
Arabe نهب
Portugais saquear
Russe разбойничать
Japonais 略奪
Basque maraud
Corse maraud
Source : Google Translate API

Synonymes de « maraud »

Source : synonymes de maraud sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot maraud au Scrabble ?

Nombre de points du mot maraud au scrabble : 9 points

Maraud

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