La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « mais »

Mais

Définitions de « mais »

Trésor de la Langue Française informatisé

MAIS1, conj. de coordination

I. − [Mais coordonne des termes; précédé d'une prop. comportant une négation explicite qui porte sur un élément ayant la même catégorie syntaxique (ou à défaut la même fonction sém.) que celui qui suit mais. En employant mais le locuteur refuse ce qui est dit dans la prop. précédant mais et le remplace par ce qui suit]
A. − [Mais est employé pour rectifier une prédication réellement exprimée]
1. [Avec la négation ne...pas/plus/guère, etc.] Ce n'était pas chez nous, mais à Chaillot, chez ma tante (Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p. 169).Il ne venait pas lui demander de l'argent, mais justice pour ses administrés (Goncourt,Journal,1864, p. 111).Ce n'est pas seulement agréable, mais c'est beau, parfois, d'être offensé (Sarraute,Ère soupçon,1956, p. 27).
2. [Avec la négation non (pas/point, etc.)] Je revins, non pas réconcilié, mais dissimulé avec mon rival (Restif de La Bret.,M. Nicolas, 1796, p. 208).Et parfois tu tombais à genoux, non pour prier, mais pour appuyer ton front contre les dures petites mains glacées (Mauriac,Noeud vip.,1932, p. 139).Il avait (...) des joues non point molles, mais pareilles à la chair des bêtes frigorifiées (Duhamel,Suzanne,1941, p. 200).
3. [Avec un autre adv. négatif] Je serrais de plus en plus fort, nullement inquiet, mais intrigué par ce frénétique réveil d'un objet apparemment si calme (H. Bazin,Vipère,1948, p. 8).
B. − [Mais est employé pour rectifier une prédication que l'on ne fait qu'envisager] Il vous serait assuré, je vous le jure... M'en jurerez-vous autant; je ne dis pas avant, mais après le danger? (Scribe,Bertrand,1833, i, 6, p. 131).Quel homme, je ne dirai pas d'un certain talent, mais d'un vrai éclat, d'une grande célébrité s'annonce? (Tocqueville,Corresp. [avec Gobineau], 1858, p. 297).Serez-vous plus forte en 1862 qu'en 1861? Je vous souhaite de l'être, parce que ce serait le moyen d'avoir un peu plus (je ne dis pas de bonheur) mais de tranquillité (Flaub.,Corresp.,1862, p. 9).
[La prédication est reprise par non] J'arrivais à lui tout sourire. Je ne puis pas: il est trop laid. Je ne parle pas de sa disgrâce superficielle; non, mais d'une laideur profonde (Gide,Journal,1904, p. 139).
II. − [Mais s'emploie en tête d'un énoncé en réaction à une situation dont le locuteur refuse telle ou telle conséquence ou telle ou telle conclusion qu'on pourrait en tirer]
A. − [Coordonnant des énoncés]
1. [Sert à contester le contenu de ce qui est dit]
a) [La contestation porte sur la conclusion elle-même]
α) [L'énoncé du locuteur se présente comme appuyant une conclusion opposée à celle qu'on peut tirer de l'énoncé de l'interlocuteur (réel ou fictif)] .
Rem. Dans p, mais q, p est présenté comme un argument en faveur d'une certaine conclusion et q comme un argument plus fort en faveur de la conclusion adverse. P. ex. Le camion est très chargé, mais il roule lentement: la phrase le camion est très chargé peut donner à croire qu'il y a du danger; la seconde phrase (il roule lentement) entraîne plus fortement la conclusion contraire (il n'y a pas de danger).
[Dans le dialogue]
[Le locuteur reprend l'énoncé de l'interlocuteur (en tout ou en partie, ou au moyen d'un mot à valeur anaphorique)] «Alors, on t'a souvent embrassée?» Elle répondit avec un air de mépris souverain pour l'homme qui en pouvait douter: «Parbleu... Mais toutes les femmes ont été embrassées souvent...» (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Cri d'al., 1886, p. 1064).De Berville: Je crois, en tout cas, monsieur, être un homme bien élevé... Brotonneau: Oui, oui... Vous êtes bien élevé, mais malgré ça vous avez certains mérites: vous êtes exact, appliqué... (Flers, Caillavet,M. Brotonneau,1923, i, 13, p. 9).Alexis, ce n'est pas le moment de te couper les ongles de pied. − Oui, mais je troue toutes mes chaussettes (Duhamel,Suzanne,1941, p. 148).
[Le locuteur enchaîne directement sur l'énoncé de l'interlocuteur]
[L'énoncé du locuteur est de forme assertive] L'avocat devint rêveur. − «C'est drôle! Il faudrait pour cette place quelqu'un d'assez fort en droit!» − «Mais tu pourras m'aider,» reprit Frédéric (Flaub.,Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 52).− Ce départ était projeté depuis longtemps, et je n'ai fait que l'avancer de quelques semaines. − Mais vous êtes partie... compromise (Theuriet,Mar. Gérard,1875, p. 212).Trois mille cinq cents drachmes pour une négresse! − Elle est fille de blanc. − Mais sa mère est noire (Louys,Aphrodite,1896, p. 28).
[Son énoncé est de forme exclam.] Claudin, sais-tu qu'il y a un infini matériel? − Je le sais, je le sais... − Mais c'est une découverte toute récente! (Goncourt,Journal,1860, p. 785):
1. éva, vivement: Attendez! − Quoi, vous me ferez responsable? le prince: De tout! éva: Mais, voyons... Une femme! le prince: Oui, mais quelle femme! Sardou,Rabagas,1872, I, 14, p. 45.
[Son énoncé a la forme d'une interr. totale] Voudriez-vous que la première cantatrice de San-Carlo acceptât les hommages du premier venu sans plus d'informations? Fabio: Mais l'oserai-je aborder seulement? (Nerval,Filles feu, Corilla, 1854, p. 663):
2. Il nous donnait quarante-huit heures pour réfléchir une dernière fois (...). Après quoi, insinuait-il, un ordre de Vichy pourrait bien venir qui nous obligerait à mettre les pouces. − Mais la convention de Genève? dit quelqu'un. Ambrière,Gdes vac.,1946, p. 285.
[Son énoncé a la forme d'une interr. partielle] «... Hier je ne t'ai pas parlé très gentiment d'Albertine; ce que je t'ai dit était injuste. − Mais qu'est-ce que cela peut faire?» me dit ma mère (Proust,Sodome,1922, p. 1129).
[Hors du dialogue]
[L'énoncé introd. par mais est de forme assertive] Son père (...) lui dit: − «On a entendu les témoins... J'ai déposé... Mais ce qui a été dur, ç'a été de me trouver dans la petite salle, avant l'audience, avec la mère de Greslou (...)» (Bourget,Disciple,1889, p. 233):
3. Avouez tout de même que reprendre comme ça, en plein jour, avec une créature de chair et d'os, la conversation commencée la nuit précédente avec un personnage imaginaire, un fantôme − rien − c'est plus qu'il n'en faut pour vous mettre la cervelle à l'envers, hein? Mais il y a la photo. Bernanos,Crime,1935, p. 839.
[Le locuteur est le narrateur] D'abord, de quel droit qu'vous m'tutoyez? Ensuite, il me semble que j'vous cause pas... Êtes-vous l'juteux? Non? Ben alors?... Mais le «juteux» accourait (Benjamin,Gaspard,1915, p. 127).P. ell. Oh! sois tranquille! Aucun homme ne sera assez con pour m'épouser. Ils aiment bien coucher avec moi mais après ça bonsoir (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 201).
[Par anticipation des objections à la conclusion] Il a beaucoup, mais beaucoup plu. Il fut reçu bien, mais très bien (Ac. 1878-1935):
4. Je ne disconviens pas que, par le temps qui court, un inconnu ne soit, en effet, un oiseau rare: Toutefois... − j'ajouterai, monsieur, − interrompt, d'un ton dégagé, l'aspirant écrivain, − que je suis, oh! mais sans l'ombre de talent, d'une absence de talent... magistrale! Villiers de L'I.-A.,Contes cruels,1883, p. 47.
[L'énoncé est de forme exclam.] Vous êtes bien changé; vous étiez maigre déjà alors, mais quelle différence aujourd'hui! (Karr,Sous tilleuls,1832, p. 162).C'est ta faute! clamait la femme. Ta faute! Mais tu vas me le payer! (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 267).
[L'énoncé est de forme interr.] L'avenir est plus obscur que jamais. Tout semble impossible à tout le monde. Il faudra bien cependant que ceci se dénoue. Mais quand et comment, qui le sait? (Tocqueville,Corresp. [avec Gobineau], 1850, p. 103).La route de Saint-Valéry est toujours là, mais est-elle sûre? (Flaub.,Corresp.,1871, p. 197).J'ai beaucoup crié: vive l'armée. Et je continuerai. Mais est-ce l'armée telle qu'elle est que nous acclamons. C'est un certain idéal (Barrès,Cahiers, t. 5, 1907, p. 69).
[L'énoncé est de forme impér.] Viens quand même le plus tôt possible, mais préviens pour que je puisse déblayer mon temps (Gide,Corresp. [avec Valéry], 1898, p. 322).
β) En partic. [L'énoncé du locuteur se présente comme récusant la vérité de ce que dit l'interlocuteur ou comme exprimant son désaccord avec ce dernier] .
Rem. Dans p, mais q, q équivaut à la négation de p. P. ex. dans le dialogue: − Il est ici. − Mais il n'y a personne!
[Le locuteur récuse la vérité de ce qu'a dit l'interlocuteur] − Moi je ne pourrai pas. Je n'aurai pas la force, répéta Kate cependant. − Mais si, mais si. Ce n'est qu'une question de repos (Peyré,Matterhorn,1939, p. 93):
5. − Il paraît que c'est quelqu'un qui s'occupait de la Résistance, (...) qu'il est resté trois mois à Fresnes et puis... − ... Il a été fusillé... − Mais non idiot puisqu'il était au Honeymoon. Il vient d'être relâché. Vailland,Drôle de jeu,1945, p. 77.
[Il récuse la mise en cause possible d'une relation hypothétique] Si je n'avais pas fait revenir ces dossiers, mais... mais... je sautais (Ch. Maurras, La Politique ds l'Action française du 29 mai 1930, p. 1, col. 5 cité par Dam.-Pich. t. 5, §1740, p. 229).
[Il récuse une présupposition contenue dans l'énoncé de l'interlocuteur] − Ils sont déjà installés dans la Tour Carrée, dans la chambre d'entrée, à gauche; ils serviront de concierges à la Tour Carrée!...répondit Rouletabille. − Mais la Tour Carrée n'a pas besoin de concierges! s'écria Mrs Édith, dont l'ahurissement était sans bornes (G. Leroux,Parfum,1908, p. 51).
[Il récuse une hypothèse que lui-même formule] Quand on m'annonce une bibliothèque de culture générale, je cours aux volumes, croyant bien y trouver de beaux textes, de précieuses traductions, tout le trésor des poètes, des politiques, des moralistes, des penseurs. Mais point du tout; ce sont des hommes fort instruits, et vraisemblablement cultivés, qui me font part de leur culture (Alain,Propos,1921, p. 220).
[Le locuteur exprime son désaccord avec l'interlocuteur] Petypon: (...) Ah! bien, v'là tout! On se battra une autre fois! Il redescend. Le Général: Hein! mais pas du tout! mais tu en as de bonnes! (Feydeau,Dame Maxim's,1914, iii, 17, p. 69).
γ) [L'énoncé du locuteur se présente comme la conclusion inverse de celle que l'énoncé de l'interlocuteur appuyait]
Rem. Dans p, mais q, la phrase p est un argument en faveur d'une certaine conclusion r et q équivaut à non-r. P. ex. dans: Le camion est très chargé, mais il roule vite, le fait que le camion soit très chargé pouvait donner à penser qu'il roulerait lentement (r), alors que dans q on dit qu'il roule vite (non-r).
[Le locuteur reprend l'énoncé de l'interlocuteur] D'où à l'égard du péché même, une attitude double: haïssable, oui certes, mais peut-être indispensable aussi pour que s'opère le saut (Du Bos,Journal,1927, p. 140).− C'est leur journal, comprenez-vous, dit Robert; ils l'ont créé, ils tiennent à être les maîtres chez eux. − C'est regrettable, dit Trarieux. − Peut-être; mais personne n'y peut rien (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 209).
[Le locuteur enchaîne directement sur l'énoncé de l'interlocuteur] − Alors, vraiment, demanda Jacques (...), tu me donneras un carnet de trois mille francs dans quinze jours? − Mais bien avant, si l'affaire est finie, répondit Monsieur de Meillan (Miomandre,Écrit sur eau,1908, p. 190).
[L'énoncé du locuteur est de forme interr.] Ce n'est pas comme électeurs que nous pesons lourd. − Et qu'est-ce qu'en dit S.? − Qu'il faut essayer. (...) − Par persuasion? − Je ne vois pas ce qu'on pourrait faire d'autre. − Mais le monsieur est abordable... de ce biais-là? (Romains,Hommes bonne vol.,1932, p. 50).
δ) [Le premier énoncé met en cause l'énonciation même du second; en énonçant le second, le locuteur outrepasse cette mise en cause] Pardonnez-moi ma curiosité, dis-je alors; mais c'est donc vous qui l'avez donné à Marguerite Gautier? (Dumas fils, Dame Camélias,1848, p. 31).Folcoche se tord toujours, inconsciente, les deux mains sur le foie. Sa respiration siffle. Dois-je le dire, mais nous respirons mieux depuis qu'elle étouffe (H.Bazin,Vipère,1948, p. 84).
b) [Le locuteur, tout en acceptant la conclusion pour laquelle l'énoncé de l'interlocuteur est argument, refuse la manière dont ce dernier y est parvenu]
α) [L'énoncé du locuteur présente un argument plus fort que l'énoncé de l'interlocuteur en faveur de la même conclusion]
[La parole de l'interlocuteur est reprise dans l'énoncé du locuteur] Tartarin, débarquant à Marseille, y était déjà illustre sans le savoir, et un télégramme enthousiaste l'avait devancé de deux heures dans sa ville natale. Mais ce qui mit le comble à la joie populaire, ce fut quand on vit un animal fantastique, couvert de poussière et de sueur, apparaître derrière le héros (A. Daudet,Tartarin de T.,1872, p. 133).
β) [L'énoncé du locuteur présente un argument différent de celui de l'interlocuteur en faveur de la même conclusion ou récuse cet argument] :
6. D'ordinaire, les hommes sont si peu capables de donner une solution à notre haut problème de méthode (concilier la complexité des sentiments et leur unité) qu'ils n'entendent même pas que l'ardeur des sens et l'amour sont des passions distinctes, fort séparables. Elles sont réunies au plus bas de la série des êtres; d'accord! mais c'est que chez les plantes et chez les pauvres animaux des premières étapes toutes les fonctions sont mal différenciées. Barrès,Jard. Bérén.,1891, p. 111.
2. [Sert à contester, non pas ce qui est dit, mais le fait de le dire, met en cause la légitimité du dire ou sa pertinence]
a) [L'énoncé du locuteur sert à contester la légitimité du dire]
[L'énoncé a la forme interr.] Et sans consulter M. de Charlus, en maître: «Voyons, Léontine, ne reste donc pas debout, assieds-toi. − Mais est-ce que je ne vous dérange pas?» (Proust,Sodome,1922, p. 1073).
[L'énoncé a la forme impér.] Il me semble qu'il serait bon de profiter de cette brise et d'appareiller avant la nuit. (...) − Tu as peut-être raison, dit-il, mais mêle-toi de ce qui te regarde. Tu es marin? (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 172).
b) [L'énoncé du locuteur sert à contester la pertinence du dire, la raison, le motif ayant amené l'interlocuteur à énoncer ce qu'il dit]
α) [L'énoncé de l'interlocuteur est de forme assertive]
[L'énoncé du locuteur reprend celui de l'interlocuteur] Ah! nous sommes un grand peuple. − Mais oui, dit Aurelle, ému; vous êtes un grand peuple (Maurois,Silences Bramble,1918, p. 12).
[Le locuteur enchaîne sur l'énoncé de l'interlocuteur] Fanny, au facteur.: Vous n'avez rien pour moi? Fanny Cabanis? Le Facteur: Oh! mais je vous connais, mademoiselle! Non, je n'ai rien pour vous (Pagnol,Fanny,1932, i, 1ertabl., 10, p. 42):
7. m. brun, perplexe: Le moteur me paraît bien petit. panisse: Mais c'est bien ce qu'on vous a dit: ce n'est pas un canot à moteur: c'est un bateau à voiles avec un moteur auxiliaire. Pagnol,Fanny,1932II, 2, p. 112.
β) [L'énoncé de l'interlocuteur est de forme interr.] :
8. Les valeurs que je tirai de mon portefeuille consistaient en mes simples engagements, échelonnés à diverses échéances (...). À cette vue le petit homme recula de deux pas en arrière en jetant les billets sur son bureau: − Qu'est-ce que c'est donc que ça? me dit-il. − Mais, monsieur, ce sont les valeurs que vous m'avez demandées. Reybaud,J. Paturot,1842, p. 395.
9. Il me mit dans les mains le code militaire commenté, (...) je me laissai aller à examiner curieusement, dans le détail, les rouages de la redoutable machine. Au bout d'une demi-heure, je me détournai: − Mais dites donc, c'est effrayant! − Quoi? − Mais le rôle que vous m'offrez!... Vercel,Cap. Conan,1934, p. 94.
En partic. [Le locuteur est le narrateur] − Vous avez changé, dit-il gentiment. Autrefois vous étiez satisfaite de votre sort d'une manière presque insolente. − Pourquoi est-ce que je serais la seule à ne pas avoir changé?» dis-je. Mais lui non plus il ne lâchait pas prise :«Il m'a semblé...» (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 192).
B. − [L'énoncé introd. par mais est mis en relation avec la situation extra-linguistique et non avec un énoncé qui le précède]
1. [Sert à contester l'attitude de l'interlocuteur]
a) [Le locuteur demande à l'interlocuteur de justifier son attitude] J'ai dit à maman que je venais chez vous... Elle m'a chargée de vous exprimer tous ses bons souvenirs!... Alors, n'est-ce pas...? Mais qu'est-ce que vous regardez comme ça?... (Feydeau,Dame Maxim's,1914, III, 14, p. 66).Comme il continuait de s'habiller, Mmede Séryeuse demanda timidement: − Mais tu comptes dîner chez les Orgel? (Radiguet,Bal,1923, p. 176).
b) [Le locuteur exige de l'interlocuteur qu'il modifie son attitude] Comment! Vous êtes là! cria Madame Boche en l'apercevant. Mais aidez-nous donc à les séparer!... Vous pouvez bien les séparer, vous! (Zola,Assommoir,1877, p. 399).Pauline voudrait rester penchée sur eux. Elle est comme toutes les mères. Je lui dis parfois: «Mais tu les embêtes, tes fils. Laisse-les donc tranquilles...» (Gide,Faux-monn.,1925, p. 1114):
10. Vous savez bien que je le ferai, avec ou sans conditions. − J'aime mieux une condition. − C'est promis. − Vous ne savez pas quoi. − Cela m'est égal, c'est promis. Tout ce que vous voudrez. − Mais écoutez d'abord, entêté! − Dites. Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1508.
c) [Le locuteur manifeste son refus de l'attitude de l'interlocuteur] Puisque ça te plaît, va la rejoindre! − «C'est ce que j'attendais! Merci! «Rosanette demeura immobile, stupéfiée par ces façons extraordinaires. Elle laissa même la porte se refermer; puis, d'un bond, elle le rattrapa dans l'antichambre, et, l'entourant de ses bras: − «Mais tu es fou! Tu es fou! C'est absurde! Je t'aime!» (Flaub.,Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 267).− Vous vous plaisez, à Constantinople? (...) Le Bosphore est un peu monotone; mais nous autres Anglais, aimons la campagne, vous savez. Nous demeurons toute l'année à Canlidja, dans notre cottage. Oh, mais elle m'agace. «Nous autres Anglais... notre cottage...» (Farrère,Homme qui assass.,1907, p. 110).
En partic. (Ah) Non, mais... Seulement, tu t'es dit: «Voilà un homme sérieux! un savant! abusons de son ignorance!» Mongicourt: Ah! Non, mais, tu en as de bonnes! (Feydeau,Dame Maxim's,1914, I, 2, p. 6).
d) En partic. [Le locuteur refuse la situation impliquée par la continuation du discours précédent et introd. une rupture dans ce discours (changement de thème, de point de vue, etc.)] Après être revenu encore à une foule de petits détails d'exécution tous admirables (...), il s'est interrompu assez brusquement, disant: «Mais sortons, allons faire un tour» (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 394).Tous les après-midi je lis du Virgile, et je me pâme devant le style et la précision des mots. Telle est mon existence, − mais parlons de la tienne, qui va changer (Flaub.,Corresp.,1861, p. 419):
11. − Oh! dit la jeune femme (...), vous savez bien, monseigneur, que les baisers de théâtre n'engagent pas une seule fibre de la chair. Mais dites-moi, sérieusement: qu'est-ce qui pourrait m'empêcher de jouer lady Percy? Duhamel,Suzanne,1941, p. 38.
2. [Introd. ce qui n'est pas prévisible dans la situation où l'on est; indique que la situation ne permet pas de comprendre ce qui a lieu et à quoi l'énoncé introd. par mais réfère] La duchesse et Roger entrent. Madame de Céran, à part, en les voyant: Hein? Avec la duchesse. Mais que se passe-t-il donc? (Pailleron,Monde où l'on s'ennuie,1869, ii, 1, p. 84).On ne comprit pas tout de suite, on confondait les casaques. Des exclamations partaient. − Mais c'est Nana!... Allons donc, Nana! (Zola,Nana,1880, p. 1402).
En partic. [L'énoncé du locuteur s'oppose à une conclusion dont il pense que, dans la situation où l'on est, elle pourrait lui être prêtée] Je me suis entendu avec le colleur (...) afin que si quelques-uns de mes voyageurs désirent assister à l'exécution, ils soient prévenus. − Ah! mais c'est une attention tout à fait délicate, s'écria Franz (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 487):
12. − Tenez, mon cher monsieur, dit Nanon en apportant les oeufs, nous vous donnerons les poulets à la coque. − Oh! Des oeufs frais, dit Charles, qui, semblable aux gens habitués au luxe, ne pensait déjà plus à son perdreau. Mais c'est délicieux... Balzac,E. Grandet,1834, p. 101.
III. − Emploi subst. Objection. Il n'y a pas de mais qui tienne. La commission a trouvé des mais et des si au sujet de l'envoi de M. Durand à Cazeaux, et il n'y a pas encore de décision prise (Mérimée,Lettres Fr. Michel,1849, p. 9).− Jamais de la vie. On vous laissera pas partir. Ça se peut pas. − Mais... − Y a pas d'mais, que je réponds pendant qu'elle boucle la lourde (Barbusse,Feu,1916, p. 117).
Prononc. et Orth.: [mε] ou [me]. Homon. mai, maie, mets, maye et formes du verbe mettre. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adv. A. Temporel 1. 2emoitié xes. ja non... mais «jamais plus ... ne»; ca 1130 ja mais «à partir de maintenant et dans l'avenir», v. jamais; 2. a) fin xes. magis [+ imparfait du subj.]«à un moment, un jour (dans le passé)» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 88); ca 1100 mais [+ fut.] «à l'avenir, désormais» (Roland, éd. J. Bédier, 543); b) ca 1050 mais ... ne, ne ... mais «ne plus jamais, ne plus» (St Alexis, éd. Chr. Storey, 36: Quant veit li pedre que mais n'avrat amfant; 187: ,,Certes`` dist il, ,,n'i ai mais ad ester``); 3. ca 1100 unkes mais ne [+ parfait] «jamais, jamais encore (durée indéfinie dans le passé)» (Roland, 2223); 4. 1130-40 desormais (Wace, Conception N.-D., éd. W.R. Ashford, 1302, v. aussi désormais); 5. ca 1165 hui mais, mais hui «à partir de maintenant, désormais» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 2108 [+ fut.], 2275 [+ ind. prés.] ds T.-L.); id. ne ... hui mais [+ fut.] «ne ... plus» (id. 7943, ibid.); 6. id. toz jorz ... mais [+ fut.] «toujours (durée indéfinie)» (id., 2269, ibid.). B. Quantitatif fin xes. mais «davantage» (Passion, 498); ca 1160 ne poöir mais «ne rien y pouvoir» (Eneas, 4390 ds T.-L., s.v. poöir); ca 1165 n'en poöir mais (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 13164, ibid.). II. Conj. A. Adversative 1. marque une opposition a) 2emoitié xes. introduit une idée contraire à celle déjà exprimée (St Léger, éd. J.Linskill, 58 apr. une phrase négative; 113 apr. une phrase positive); b) ca 1200 marque une préférence (Jean Bodel, St Nicolas, éd. A. Henry, 801: Pinchedé, hocherons as crois? − Mais a le mine, entre nous trois); c) ca 1160 marque une précision, une rectification, un renchérissement apr. une interr. dir. (Eneas, 1754 ds T.-L.); ca 1200 (Jean Bodel, op. cit., 294: Soit pour un parti: a pais faire − Pour un? Mais pour canques tu dois); 2. marque une transition ca 1050 dans un récit «et voici que ...» (St Alexis, 213); ca 1100 (Roland, 1154); 3. dans un entretien assez vif, renforce une affirmation, une interr., un doute précédemment exprimés a) ca 1135 précède le verbe d'une prop. impér. (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 2120: De quei le dotez vos? Mais chevalchiez et poignez tresqu'al pont); b) 1176-84 [ms. fin xiiies.] introduit une intervention répondant à une mise en doute, un étonnement (Gautier d'Arras, Ille et Galeron, éd. A. G. Cowper, 3797, var. ms. P: Oïstes me vos ainc requerre se vostre pere ot rice tere U s'il ert besogneus d'avoir? − Mais voel je vostre pere avoir U vos amer por vostre pere?); c) 1178 introduit la réponse à une interr. précise (Renart, éd. M. Roques, 13257: ,,Avroie ge poisons assez Tant que seroie respassez De cest mal qui m'a confondu?`` Et Renart li [Ysengrin] a respondu ,,Mais tant con vos porrez mangier``). B. Restrictive 1. mais que «à l'exception de» fin xes. apr. une phrase positive (Passion, 99); ca 1050 apr. une phrase négative (St Alexis, 37); 2. ne mais que «id.» ca 1100 apr. une phrase négative (Roland, 1934); apr. une phrase positive (ibid., 217). C. Hypothétique, exprimant la supposition , la condition ca 1100 mais que + subj. «pourvu que, à condition que» (ibid., 234). D. Concessive ca 1165 mais bien + subj. «bien que, même si» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 8621 ds T.-L.); ca 1170 mes que bien + subj. (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 4684). De l'adv. lat. magis «plus, davantage» employé notamment pour exprimer le compar. (en remplacement des formes synthétiques pour les adj. en -eus, -ius, -uus; dès l'époque pré-class. pour marquer une oppos., une mise en relief de l'adj. [cf. disertus magis quam sapiens, Cic., Att., 10, 1, 4], le tour périphrastique devenant de plus en plus fréquent à basse époque sans valeur expressive particulière), d'où mais adv. quantitatif (I A), et, appliqué à une quantité de temps, adv. temporel, le plus souvent combiné à d'autres adv. de temps (I B). Du sens secondaire «plutôt», notamment dans les tours non ... sed magis, ac magis, magis autem (TLL, s.v., 68, 1 sqq.), est issu l'emploi adversatif [cf., d'abord dans la langue poétique Catulle, 68, 30: id. ... non est turpe magis miserum est; en prose dep. Salluste, Jug., 96, 2: ab nullo repetere [sc. beneficia] magis id laborare ut...] (II A), ses représentants rom. (FEW t. 6, 1, p. 31b) montrant que magis avait dès l'époque prérom. assumé les emplois de sed (oppos. forte) et de autem (oppos. faible); pour sa part, à partir du m.fr., mais empiétera de plus en plus sur ainz (employé surtout dans les antithèses dont le premier terme est négatif, pour énoncer le second sous une forme positive, Ph. Ménard, Synt. de l'a.fr., § 309, 3orem.; G. Moignet, Gramm. de l'a. fr., p. 335) qu'il finit par supplanter. L'emploi restrictif (II B) semble issu du tour compar. «pas plus ... que» [non magis ... quam], d'où «seulement; rien, si ce n'est que» [ne ... mais que; mais que], v. Lat. Gramm. t. 2, Syntax und Stilistik, p. 497, § 268 Zusatz 2. De l'emploi restrictif seraient issus l'emploi hypothétique (II C): «seulement, excepté, mis à part» d'où «sous la réserve que, à condition que, pourvu que» − et l'emploi concessif: «mis à part le fait que», d'où «sans tenir compte du fait que, bien que», v. Ph. Ménard, op. cit., §§ 263 C, 270 c, 273; v. aussi FEW, loc. cit., p. 32a et b. Fréq. abs. littér.: 317849. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 409807, b) 408310; xxes.: a) 443101, b) 516854. Bbg. Andersson (S.). L'Oppos. mais/ainz (ainçois). St. neophilol. 1965, t. 37, pp. 40-44. _ Anscombre (J.-C.), Ducrot (O.). Deux mais en fr.? Lingua. 1977, t. 43, pp. 23-40. _ Auchlin (A.). Mais heu, pis bon, etc. Cah. Ling. Fr. Genève. 1981, no2, pp. 141-160. _ Blumenthal (P.). La Synt. du message. Tübingen, 1980, pp. 113-120; p. 132, 153. _ Cadiot (A.), Chevalier (J.-C.), [et al.]. Oui mais, non mais ... Lang. fr. 1979, no42, pp. 94-101. _ Coste (D.). Sur qq. emplois de la conj. mais. Ét. Ling. appl. 1971, no2, pp. 15-27. _ Ducrot (O.). Analyses pragmatiques. Communications. 1980, no32, pp. 11-60; Les Échelles argumentatives. 1980, pp. 72-76; Les Mots du discours. Paris, 1980, pp. 93-130; Pragmatique ling. In: Le Lang. en contexte. Amsterdam, 1980, pp. 489-575. _ Ducrot (O.), Vogt (C.). De magis à mais. R. Ling. rom. 1979, no171-172, pp. 317-341. _ Ibrahim (A. H.). Coordonner pour argumenter. Semantikos. 1978, t. 2, pp.21-42. _ Kail (M.). Ét. génétique des présupposés de certains morphèmes gramm.: un ex.: mais. In: Colloque interdisciplinaire. 1978. Paris, 1980, pp. 53-62. _Mais occupe-toi d'Amélie. Par S. Bruxelles, O. Ducrot, E.Fouquier, J. Gouazé,... In: Les Mots du discours. Paris, 1980, pp. 93-130. _ Morel (M.-A.). Ét. sur les moy. gramm. et lex. propres à exprimer une concession en fr. contemp. Thèse, Paris III, 1980, 2 vol., passim. _ Plantin (Ch.). Deux mais. Semantikos. 1978, t.2, no2/3, pp.89-93.

MAIS2, adv.

Vx. Plus. Le châtelain: «Faut-il que telle putain Ce soit ma châtelaine! − Châtelaine ne suis mais,» Fit-elle (...) La dame est Bohémienne (Richepin, Bombarde, 1899, p. 60).
Loc. N'en pouvoir mais. Ne rien pouvoir à quelque chose. Je n'en puis mais (Ac.1798-1878).Je vise à mon niveau, que cela porte ou non; je n'en peux mais (Chateaubr., Corresp., t. 2, 1821, p. 150).C'était injuste, en somme, de faire payer à ce malheureux garçon qui n'en pouvait mais, les ennuis causés par un autre que lui (Gyp, Passionn., 1891, pp. 238-239).
Prononc. et Orth. V. mais1. Étymol. et Hist. V. mais1. Bbg. V. mais1.

Wiktionnaire

Adverbe - français

mais \mɛ\ invariable

  1. Autrefois un adverbe qui signifiait « plus ». Il a encore ce sens dans l’expression n’en pouvoir mais.
    • Si le fils a fait une faute, le père n’en peut mais.
  2. S’emploie encore comme adverbe pour insister.
    • Il fut reçu très bien, mais très bien.
    • Cet enfant est joli, mais très joli.

Forme de nom commun - français

mais \mɛ\ masculin invariable

  1. Pluriel de mai.

Nom commun - français

mais \mɛ\ masculin invariable

  1. Substantivement, il signifie « objection, difficulté ».
    • Il y a toujours avec lui des si et des mais.
    • MAIS — et c'est un PUTAIN DE GROS MAIS — il doit avoir, en contrepartie, un devoir de neutralité. — (La Quadrature du Net, Un tiers médiaire, 17 octobre 2018 → lire en ligne)

Conjonction de coordination - français

mais \mɛ\ invariable

  1. Conjonction qui sert généralement à marquer une opposition, une exception, une différence.
    • La forme du participe nous est un témoignage évident qu’après le verbe aver le participe doit être mis au cas régime, mais après esser au cas sujet. — (Ernst Ludvig Edström, Étude sur l’emploi du participe passé en français, Goteborg, 1838, page 19)
    • Seulement, la vie de la plante, considérée relativement à la production utilisable, ne forme pas l'objet de la botanique, mais bien de l’agronomie. — (Albert Lévy, « L'actinomètre Arago-Davy : Contribution à l'étude de la maturation des raisins », dans les Annales agronomiques publiées sous les auspices du Ministère de l'agriculture et du commerce, tome 4, Paris : chez G. Masson, 1878, p. 505)
  2. S’emploie aussi pour rendre raison de quelque chose dont on veut s’excuser.
    • Il est vrai, je l’ai mal reçu, mais j’avais mes raisons pour cela.
  3. S’emploie aussi pour marquer l’augmentation ou la diminution.
    • Sa puissance n’est pas diminuée, mais accrue.
  4. Peut aussi introduire une restriction.
    • Les gazelles et les outardes ne manquent pas non plus, mais il faudrait organiser des battues pour s’en emparer. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 123)
    • Je t’aime bien, mais tu ne peux pas venir avec moi.
  5. S’emploie aussi dans la conversation, au commencement d’une phrase qui a quelque rapport à ce qui a précédé.
    • Mais, dites-nous, quand nous donnerez-vous satisfaction ?
    • Mais, pourquoi vous en prenez-vous à moi ?
    • Mais encore, mais enfin, que dites-vous de cela ?
    • Mais, qu’ai-je fait ?
    • Mais, qu’ai-je dit ?
  6. Sert quelquefois de transition pour revenir à un sujet qu’on avait laissé, ou simplement pour quitter le sujet dont on parle.
    • Mais revenons à notre affaire.
    • Mais c’est trop parler de moi.
    • Mais il est temps de finir.
    • Mais encore faut-il s’entendre.
  7. S’emploie aussi en coordination avec non seulement pour renforcer ce qui vient d’être dit
    • Non seulement il est bon, mais encore il est généreux.
    • Non seulement il est pauvre, mais il est criblé de dettes.
    • Non seulement il a eu ce tort, mais bien plus, mais qui plus est, il s’en est vanté.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

MAIS (mê ; l's se lie : mê-z un homme, mê-z aussi)
  • 1Adv. qui signifie plus, et qui, usité en ce sens dans l'ancienne langue, ne se conserve plus aujourd'hui que dans la locution suivante : pouvoir mais, avec une négation ou une interrogation, n'être pas cause de, n'être pas responsable de. Souvent nous imputons nos fautes au malheur Qui n'en peut mais, Régnier, Sat. XI. Le malheureux lion… Bat l'air qui n'en peut mais, La Fontaine, Fabl. II, 9. [Le vent] Siffle, souffle, tempête, et brise en son passage Maint toit qui n'en peut mais, fait périr maint bateau, La Fontaine, ib. VI, 3. Sacrifiant à sa mélancolie Mainte perdrix qui, las ! ne pouvait mais Des cruautés de madame Clitie, La Fontaine, Faucon. Faut-il de vos chagrins sans cesse à moi vous prendre, Et puis-je mais des soins qu'on ne va pas vous rendre ? Molière, Mis. III, 5. Enfin, après cent tours, ayant de la manière Sur ce qui n'en peut mais déchargé sa colère…, Molière, Éc. des f. IV, 6. Si mon maître est ingrat, puis-je mais de cela ? Regnard, Distr. V, 6.
  • 2Dans le sens de oui, certes, qui est une extension du sens de plus. Elle y fut reçue très bien, mais très bien, c'est-à-dire que le roi la fit mettre dans sa calèche avec les dames, Sévigné, 43. Je trouve le petit-fils fort joli, mais fort joli, Sévigné, 3 avr. 1680. Parlerai-je d'Iris ? chacun la prône et l'aime, C'est un cœur, mais un cœur… c'est l'humanité même, Gilbert, Le XVIIIe s.

    Il se dit familièrement avec oui servant de réponse, et ne fait que renforcer l'affirmation. Viendrez-vous ? - Mais oui.

  • 3Conjonc. servant à marquer opposition, restriction, différence parce que le sens fondamental de plus qui y est, met en regard deux propositions, et les lie entre elles, soit passant de la plus faible à une autre plus forte, soit par différence ou opposition. Il est riche, mais avare. D'autre sang, mais plus vil, expiera l'attentat, Th. Corneille, Essex, V, 4. J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer, Racine, Brit. IV, 3. Vous ne faites que ce que font les autres ? mais c'est ce que l'Écriture vous défend, Massillon, Carême, Élus. Heureux, mais gouvernés, libres, mais sous des maîtres, Voltaire, Brut. III, 7. Tu nous laissas le jour, mais pour nous avilir, Voltaire, M. de Cés. I, 3. Ils ont dit que le mien serait assez beau, si… ; que celui de Denis serait assez bien ; mais… eh ! bien, si, mais ? Marmontel, Mém. III.
  • 4Il s'emploie pour rendre raison de quelque chose. Je l'ai, il est vrai, maltraité, mais j'en avais sujet.
  • 5Il peut se répéter pour donner plus de force à l'opposition. Immolez, non à moi, mais à votre couronne, Mais à votre grandeur, mais à votre personne…, Corneille, Cid, II, 9. Ce n'est point parce que ses passions le rendent contraire à Dieu, mais parce qu'elles troublent son repos, mais parce qu'elles lui causent de mortels chagrins, mais parce qu'il se voit souvent dans l'impuissance de les satisfaire…, Bourdaloue, Myst. Concept. de la Vierge, t. II, p. 14. À l'instant il s'éleva dans tout Israël un seul cri, mais éclatant, mais unanime, Rousseau, Lév. d'Éphr. ch. 3.
  • 6Mais… mais… à la fin d'une objection, se dit pour faire pressentir des objections, des restrictions qu'on ne veut pas exprimer. Les soupers du roi [de Prusse] sont délicieux ; on y parle raison, esprit, science ; la liberté y règne, il est l'âme de tout cela ; point de mauvaise humeur, point de nuage, du moins point d'orages ; ma vie est libre et occupée ; mais… mais… ; je suis en train de dire des mais, Voltaire, Lett. Mme Denis, 6 nov. 1750.
  • 7Il peut se joindre à cependant et ne fait que le renforcer. Mais cependant ce jour il épouse Andromaque, Racine, Andr. IV, 3.
  • 8Mais avec non exprime une négation sous forme d'objection. Le peuple [juif] pour qui Dieu a fait des choses si étonnantes va sans doute être le maître de l'univers ; mais non, le fruit de tant de merveilles est de souffrir la disette et la faim dans des sables arides, Voltaire, Dict. phil. Moïse.
  • 9Mais s'emploie, dans la conversation, au commencement d'une phrase, qui a quelque rapport à ce qui précède. Mais, dites-moi, que voulez-vous faire de tous ces livres ? Mais encore quel parti prenez-vous ? Mais, qu'avez-vous dit ? Mais enfin, à quoi en voulez-vous venir ?

    Il sert quelquefois de transition pour revenir à un sujet qu'on avait laissé, ou pour quitter celui dont on parlait. Mais revenons à notre propos. Mais c'est trop parler de cela.

  • 10Mais s'oppose à non-seulement, dans deux membres de phrases qui se correspondent, et exprime une addition à ce qui est signifié par non-seulement. Non-seulement il est bon, mais encore il est généreux. Non-seulement on le blâme, mais même on l'accuse.
  • 11Il s'emploie sans verbe, d'une manière exclamative, pour exprimer la surprise, le blâme. Cela est bon pour une demoiselle de St-Cyr : mais une véritable abbesse ! Maintenon, Lett. à Mme de la Viefville, 4 mars 1706.
  • 12Mais ne vous en déplaise, se dit quand on veut contredire quelqu'un.
  • 13Eh mais, se dit pour exprimer le doute, l'hésitation, la suspension. Que dit-elle ? une affaire, où je suis Intéressée !… eh mais ! à ceci je ne puis Rien comprendre…, Collin D'Harleville, Optimiste, V, 7.

    Il marque aussi l'étonnement. Eh mais ? qu'y a-t-il là-dedans ?

  • 14 S. m. Objection, difficulté. Mais… - Achevez, seigneur : ce mais que veut-il dire ? Corneille, Nicom. III, 7. Que le diable t'emporte avec tes si et tes mais ! Regnard, Retour impr. 15. Dorval : Mais…Géronte : Mais, mais, voyons votre mais, Goldoni, Bourru bienfais. II, 1.

    C'est un homme qui n'a ni si ni mais, un homme franc, qui ne cherche ni excuse ni prétexte.

    Des mais, des si, des car, se dit des objections, des difficultés qu'on oppose à une chose simple.

    Il y a un mais se dit pour signifier qu'il y a des critiques à faire.

HISTORIQUE

XIe s. N'en parlez mais, se je nel vous comant, Ch. de Rol. XI. J'i puis aler, mais n'i aurai garant, ib. XXIV. Quant ert-il [sera-t-il] mais recreanz d'ostoier [faire la guerre] ? ib. XXXIX. Bataille aurez, onque mais tel ne fut, ib. LXXX.

XIIe s. Par tantes fois [j'] ai esté assailliz Que je n'ai mais povoir de moi defendre, Couci, V. Je n'en puis mes ; car je la desir si…, ib. VIII. Jà de mon cuer n'istra [de mon cœur ne sortira] mais la semblance Dont [ma dame] me conquist à mos pleins de douçor, ib. XVI. Ainz mais n'avint en France nule si granz dolors, Sax. XXVII.

XIIIe s. Et bien m'avez fait le plus haut servise que mais nule gent feist à home, Villehardouin, LXXXVIII. Ha Diex ! verrai-je mes, fait-ele, mes amis ? Berte, XX. Or est ele mout aise, mais tost sera dolente, ib. X. [Elle] Ne pouvoit mes aler, car forment ert lassée, ib. XLVI. Moi ne chaut qu'on en fasse, mes qu'ele [pourvu qu'elle] soit tuée, ib. XVI. L'omme lay [laïque], quant il ot mesdire de la lay [loi, religion] crestienne, ne doit pas deffendre la lay crestienne, ne mais [sinon] de l'espée, Joinville, 198. Et le mestre dit : Sire, mes m'ennuie tant comme il me peut ennuier, Joinville, 197. Il a tant donné que il n'a mez que donner, Joinville, 205.

XIVe s. Vertu encline touz jours à eslire bien, et vice au contraire ; mais aucune foiz en l'operacion qui est eslue par vertu peut estre empeeschement, Oresme, Eth. 63.

XVe s. Si me fit-elle tant de bien que j'en suis tenu de prier à tousjours mais pour elle, Froissart, I, I, 15. Autant vault si je m'en tais, Car certainement je tiens Qu'il ne s'en fera jà rien ; En toute chose a ung mais, Orléans, Rondeau. C'est son parler ne moins ne mais, Villon, Grand test.

XVIe s. Sans si, sans mais, est son bruyt, gloire et fame, Marot, J. V, 259. Eureuse suys, mais que [pourvu que] ce temps me dure, Marot, J. V, 322. De quoy Numitor fut fort courroucé, mais eux ne s'en soucierent guieres, ains amasserent à l'entour d'eulx bonne trouppe d'hommes vagabonds, Amyot, Rom. 7. Cela n'est pas fait en amy, mais en sophiste, qui ne quiert que l'apparence, Amyot, Com. discerner le flatteur de l'ami, 55. Ma deliberation ne est de provocquer, ains d'appaiser, d'assaillir, mais de deffendre, Rabelais, Garg. I, 29. Voire mais, que fera il si on le presse de… ? Montaigne, I, 190. Que peut-il mais de vostre ignorance ? Montaigne, II, 48. En nul endroit, comme a chanté Virgile, La foy n'est seure, et me l'a fait sçavoir Ton jeune cœur, mais vieil pour decevoir, Ronsard, 96. Il estoit destiné par sentence des cieux, Que je devois servir, mais [bien plus] adorer vos yeux, Ronsard, 239. Ô prince, mais o Dieu, dont la celeste face…, Ronsard, 671. Mon mastin, garde bien de mordre ma mignonne, Si elle vient me voir, ains baise luy les pieds : Mais aboye de loin si de quelque personne Au milieu de nos jeux nous estions espiez, Ronsard, 744. Mais dites-moy que signifie Que les ligueurs ont double croix ? C'est qu'en la ligue on crucifie Jesus Christ encore une fois, Sat. Mén. Quatrain sur les doubles croix de Lorraine.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MAIS. Ajoutez :
15Mais que, ancienne conjonction qui est aujourd'hui hors d'usage, et qui signifiait dès que. Vous pouvez penser comme il fera, mais qu'il soit [dès qu'il sera] doyen des cardinaux, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne. L'affection avec laquelle j'embrasserai votre affaire, mais que je sache [dès que je saurai] ce que c'est, vous témoignera…, Malherbe, ib. Cette conjonction est encore très usitée dans les campagnes normandes.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « mais »

Wallon, main, mâie, dans le sens de jamais ; Hainaut,  ; provenç. mais, mai, mas, ma ; cat. may ; esp. et port. mas ; ital. ma et mai ; du lat. magis, qui signifie plus, davantage. Le patois normand conserve deux anciens emplois de mais : Il n'a mais que dire, il n'a plus rien à dire ; et mais que dans le sens de lorsque : Mais que j'aille chez vous, je vous l'apporterai.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Xe siècle) Du moyen français mais, de l’ancien français mais, mes (« mais, plus »), du latin magis (« plus, plutôt »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « mais »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
mais

Fréquence d'apparition du mot « mais » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « mais »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « mais »

  • Hugo puissant et fort, Vigny soigneux et fin,D’un destin inégal, mais aucun d’eux en vain,Tentaient le grand succès et disputaient l’empire.Lamartine régna ; chantre ailé qui soupire,Il planait sans effort. Hugo, dur partisan(Comme chez Dante on voit, Florentin ou Pisan,Un baron féodal), combattit sous l’armure,Et tint haut sa bannière au milieu du murmure :Il la maintient encore ; et Vigny, plus secret,Comme en sa tour d’ivoire, avant midi, rentrait.
    Charles-Augustin Sainte-Beuve — Pensée d’Août
  • Mais comme chaque chose a sa raison, et que la fantaisie d’un individu me paraît tout aussi légitime que l’appétit d’un million d’hommes et qu’elle peut tenir autant de place dans le monde, il faut, abstraction faite des choses, et indépendamment de l’humanité qui nous renie, vivre pour sa vocation, monter dans sa tour d’ivoire et là, comme une bayadère dans ses parfums, rester, seul, dans nos rêves
    Gustave Flaubert — Correspondance
  • Et maintenant ? Où et quand trouverai-je le temps d’essayer de me voir. On veut me faire croire que pour penser un peu il n’est pas besoin d’une tour d’ivoire. Sans doute, mais elle est bien utile…
    Raymond Dumay — Mon plus calme visage
  • Pour nous, les acteurs, vous êtes un vrai mystère. Souvent, j’ai demandé à Alain Séguret s’il était possible de vous rencontrer, mais il vous décrit comme des gens assez peu liants, enfermés dans leur tour d’ivoire.
    Tonino Benacquista — Saga
  • Des trois ou quatre lettres que je fis, il m’est resté ce commencement dont je ne fus pas content ; mais s’il me parut ne rien exprimer, ou trop parler de moi quand je ne devais m’occuper que d’elle, il vous dira dans quel état était mon âme.
    Honoré de Balzac — Le lys dans la vallée
  • Dès ce jour, elle fut non pas la bien-aimée, mais la plus aimée ; elle ne fut pas dans mon cœur comme une femme qui veut une place, qui s’y grave par le dévouement ou par l’excès du plaisir ; non, elle eut tout le cœur, et fut quelque chose de nécessaire au jeu des muscles ; elle devint ce qu’était la Béatrix du poète florentin, la Laure sans tache du poète vénitien, la mère des grandes pensées, la cause inconnue des résolutions qui sauvent, le soutien de l’avenir, la lumière qui brille dans l’obscurité comme le lys dans les feuillages sombres.
    Honoré de Balzac — Le lys dans la vallée
  • Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
    Sacha Guitry — Beaumarchais
  • « Tu la payes en nature ? » dit-il. Ça me gêne de dire oui, mais je dis oui si ça peut le rassurer. Non, la chose m’intéresse en tant que spectacle d’art. Il me répond qu’il ne joue pas pour son plaisir, ni pour le plaisir des autres.
    Jean Giono — Œuvres romanesques complètes
  • Ce soir, nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde de notre désespoir. Nous ne pouvons même plus penser. Les paroles s’échappent de nos bouches tordues, et, lorsque nous rions, les passants se retournent, effrayés, et rentrent chez eux précipitamment.On ne sait pas nous mépriser.« Nous pensons aux lueurs des bars, aux bals grotesques dans ces maisons en ruines où nous laissions le jour. Mais rien n’est plus désolant que cette lumière qui coule doucement sur les toits à cinq heures du matin. Les rues s’écartent silencieusement et les boulevards s’animent: un promeneur attardé sourit près de nous. Il n’a pas vu nos yeux pleins de vertiges et il passe doucement. Ce sont les bruits des voitures de laitiers qui font s’envoler notre torpeur et les oiseaux montent au ciel chercher une divine nourriture.Aujourd’hui encore( mais quand donc finira cette vie limitée) nous irons retrouver les amis, et nous boirons les mêmes vins. On nous verra encore aux terrasses des cafés.Il est loin, celui qui sait nous rendre cette gaieté bondissante. Il laisse s’écouler les jours poudreux et il n’écoute plus ce que nous disons.  » Est-ce que vous avez oublié nos voix enveloppées d’affections et nos gestes merveilleux? Les animaux des pays libres et des mers délaissées ne vous tourmentent-ils plus? Je vois encore ces luttes et ces outrages rouges qui nous étranglaient. Mon cher ami, pourquoi ne voulez-vous plus rien dire de vos souvenirs étanches? L’air dont hier encore nous gonflions nos poumons devient irrespirable. Il n’y a plus qu’à regarder droit devant soi, ou à fermer les yeux: si nous tournions la tête, le vertige ramperait jusqu’à nous.Itinéraires interrompus et tous les voyages terminés, est-ce que vraiment nous pouvons les avouer ? Les paysages abondants nous ont laisser un goût amer sur les lèvres. Notre prison est construite en livres aimés, mais nous ne pouvons plus nous évader, à cause de toutes ces odeurs passionnés qui nous endorment.
    André Breton et Philippe Soupault —  Les Champs magnétiques
  • J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
    Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
Voir toutes les citations du mot « mais » →

Traductions du mot « mais »

Langue Traduction
Anglais but
Espagnol pero
Italien ma
Allemand aber
Chinois
Arabe لكن
Portugais mas
Russe но
Japonais しかし
Basque baina
Corse ma
Source : Google Translate API

Synonymes de « mais »

Source : synonymes de mais sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot mais au Scrabble ?

Nombre de points du mot mais au scrabble : 6 points

Mais

Retour au sommaire ➦