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Mais
Sommaire
- Définitions de « mais »
- Étymologie de « mais »
- Phonétique de « mais »
- Fréquence d'apparition du mot « mais » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « mais »
- Citations contenant le mot « mais »
- Vidéos relatives au mot « mais »
- Traductions du mot « mais »
- Synonymes de « mais »
- Combien de points fait le mot mais au Scrabble ?
Définitions de « mais »
Trésor de la Langue Française informatisé
MAIS1, conj. de coordination
MAIS2, adv.
Vx. Plus. Le châtelain: «Faut-il que telle putain Ce soit ma châtelaine! − Châtelaine ne suis mais,» Fit-elle (...) La dame est Bohémienne (Richepin, Bombarde, 1899, p. 60).Wiktionnaire
Adverbe - français
mais \mɛ\ invariable
-
Autrefois un adverbe qui signifiait « plus ». Il a encore ce sens dans l’expression n’en pouvoir mais.
- Si le fils a fait une faute, le père n’en peut mais.
- S’emploie encore comme adverbe pour insister.
- Il fut reçu très bien, mais très bien.
- Cet enfant est joli, mais très joli.
Nom commun - français
mais \mɛ\ masculin invariable
- Substantivement, il signifie « objection, difficulté ».
- Il y a toujours avec lui des si et des mais.
- MAIS — et c'est un PUTAIN DE GROS MAIS — il doit avoir, en contrepartie, un devoir de neutralité. — (La Quadrature du Net, Un tiers médiaire, 17 octobre 2018 → lire en ligne)
Conjonction de coordination - français
mais \mɛ\ invariable
- Conjonction qui sert généralement à marquer une opposition, une exception, une différence.
- La forme du participe nous est un témoignage évident qu’après le verbe aver le participe doit être mis au cas régime, mais après esser au cas sujet. — (Ernst Ludvig Edström, Étude sur l’emploi du participe passé en français, Goteborg, 1838, page 19)
Seulement, la vie de la plante, considérée relativement à la production utilisable, ne forme pas l'objet de la botanique, mais bien de l’agronomie.
— (Albert Lévy, « L'actinomètre Arago-Davy : Contribution à l'étude de la maturation des raisins », dans les Annales agronomiques publiées sous les auspices du Ministère de l'agriculture et du commerce, tome 4, Paris : chez G. Masson, 1878, p. 505)
- S’emploie aussi pour rendre raison de quelque chose dont on veut s’excuser.
- Il est vrai, je l’ai mal reçu, mais j’avais mes raisons pour cela.
- S’emploie aussi pour marquer l’augmentation ou la diminution.
- Sa puissance n’est pas diminuée, mais accrue.
- Peut aussi introduire une restriction.
- Les gazelles et les outardes ne manquent pas non plus, mais il faudrait organiser des battues pour s’en emparer. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 123)
- Je t’aime bien, mais tu ne peux pas venir avec moi.
- S’emploie aussi dans la conversation, au commencement d’une phrase qui a quelque rapport à ce qui a précédé.
- Mais, dites-nous, quand nous donnerez-vous satisfaction ?
- Mais, pourquoi vous en prenez-vous à moi ?
- Mais encore, mais enfin, que dites-vous de cela ?
- Mais, qu’ai-je fait ?
- Mais, qu’ai-je dit ?
-
Sert quelquefois de transition pour revenir à un sujet qu’on avait laissé, ou simplement pour quitter le sujet dont on parle.
- Mais revenons à notre affaire.
- Mais c’est trop parler de moi.
- Mais il est temps de finir.
- Mais encore faut-il s’entendre.
- S’emploie aussi en coordination avec non seulement pour renforcer ce qui vient d’être dit
- Non seulement il est bon, mais encore il est généreux.
- Non seulement il est pauvre, mais il est criblé de dettes.
- Non seulement il a eu ce tort, mais bien plus, mais qui plus est, il s’en est vanté.
Littré (1872-1877)
-
1Adv. qui signifie plus, et qui, usité en ce sens dans l'ancienne langue, ne se conserve plus aujourd'hui que dans la locution suivante : pouvoir mais, avec une négation ou une interrogation, n'être pas cause de, n'être pas responsable de.
Souvent nous imputons nos fautes au malheur Qui n'en peut mais
, Régnier, Sat. XI.Le malheureux lion… Bat l'air qui n'en peut mais
, La Fontaine, Fabl. II, 9.[Le vent] Siffle, souffle, tempête, et brise en son passage Maint toit qui n'en peut mais, fait périr maint bateau
, La Fontaine, ib. VI, 3.Sacrifiant à sa mélancolie Mainte perdrix qui, las ! ne pouvait mais Des cruautés de madame Clitie
, La Fontaine, Faucon.Faut-il de vos chagrins sans cesse à moi vous prendre, Et puis-je mais des soins qu'on ne va pas vous rendre ?
Molière, Mis. III, 5.Enfin, après cent tours, ayant de la manière Sur ce qui n'en peut mais déchargé sa colère…
, Molière, Éc. des f. IV, 6.Si mon maître est ingrat, puis-je mais de cela ?
Regnard, Distr. V, 6. -
2Dans le sens de oui, certes, qui est une extension du sens de plus.
Elle y fut reçue très bien, mais très bien, c'est-à-dire que le roi la fit mettre dans sa calèche avec les dames
, Sévigné, 43.Je trouve le petit-fils fort joli, mais fort joli
, Sévigné, 3 avr. 1680.Parlerai-je d'Iris ? chacun la prône et l'aime, C'est un cœur, mais un cœur… c'est l'humanité même
, Gilbert, Le XVIIIe s.Il se dit familièrement avec oui servant de réponse, et ne fait que renforcer l'affirmation. Viendrez-vous ? - Mais oui.
-
3Conjonc. servant à marquer opposition, restriction, différence parce que le sens fondamental de plus qui y est, met en regard deux propositions, et les lie entre elles, soit passant de la plus faible à une autre plus forte, soit par différence ou opposition. Il est riche, mais avare.
D'autre sang, mais plus vil, expiera l'attentat
, Th. Corneille, Essex, V, 4.J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer
, Racine, Brit. IV, 3.Vous ne faites que ce que font les autres ? mais c'est ce que l'Écriture vous défend
, Massillon, Carême, Élus.Heureux, mais gouvernés, libres, mais sous des maîtres
, Voltaire, Brut. III, 7.Tu nous laissas le jour, mais pour nous avilir
, Voltaire, M. de Cés. I, 3.Ils ont dit que le mien serait assez beau, si… ; que celui de Denis serait assez bien ; mais… eh ! bien, si, mais ?
Marmontel, Mém. III. - 4Il s'emploie pour rendre raison de quelque chose. Je l'ai, il est vrai, maltraité, mais j'en avais sujet.
-
5Il peut se répéter pour donner plus de force à l'opposition.
Immolez, non à moi, mais à votre couronne, Mais à votre grandeur, mais à votre personne…
, Corneille, Cid, II, 9.Ce n'est point parce que ses passions le rendent contraire à Dieu, mais parce qu'elles troublent son repos, mais parce qu'elles lui causent de mortels chagrins, mais parce qu'il se voit souvent dans l'impuissance de les satisfaire…
, Bourdaloue, Myst. Concept. de la Vierge, t. II, p. 14.À l'instant il s'éleva dans tout Israël un seul cri, mais éclatant, mais unanime
, Rousseau, Lév. d'Éphr. ch. 3. -
6Mais… mais… à la fin d'une objection, se dit pour faire pressentir des objections, des restrictions qu'on ne veut pas exprimer.
Les soupers du roi [de Prusse] sont délicieux ; on y parle raison, esprit, science ; la liberté y règne, il est l'âme de tout cela ; point de mauvaise humeur, point de nuage, du moins point d'orages ; ma vie est libre et occupée ; mais… mais… ; je suis en train de dire des mais
, Voltaire, Lett. Mme Denis, 6 nov. 1750. -
7Il peut se joindre à cependant et ne fait que le renforcer.
Mais cependant ce jour il épouse Andromaque
, Racine, Andr. IV, 3. -
8Mais avec non exprime une négation sous forme d'objection.
Le peuple [juif] pour qui Dieu a fait des choses si étonnantes va sans doute être le maître de l'univers ; mais non, le fruit de tant de merveilles est de souffrir la disette et la faim dans des sables arides
, Voltaire, Dict. phil. Moïse. -
9Mais s'emploie, dans la conversation, au commencement d'une phrase, qui a quelque rapport à ce qui précède. Mais, dites-moi, que voulez-vous faire de tous ces livres ? Mais encore quel parti prenez-vous ? Mais, qu'avez-vous dit ? Mais enfin, à quoi en voulez-vous venir ?
Il sert quelquefois de transition pour revenir à un sujet qu'on avait laissé, ou pour quitter celui dont on parlait. Mais revenons à notre propos. Mais c'est trop parler de cela.
- 10Mais s'oppose à non-seulement, dans deux membres de phrases qui se correspondent, et exprime une addition à ce qui est signifié par non-seulement. Non-seulement il est bon, mais encore il est généreux. Non-seulement on le blâme, mais même on l'accuse.
-
11Il s'emploie sans verbe, d'une manière exclamative, pour exprimer la surprise, le blâme.
Cela est bon pour une demoiselle de St-Cyr : mais une véritable abbesse !
Maintenon, Lett. à Mme de la Viefville, 4 mars 1706. - 12Mais ne vous en déplaise, se dit quand on veut contredire quelqu'un.
-
13Eh mais, se dit pour exprimer le doute, l'hésitation, la suspension.
Que dit-elle ? une affaire, où je suis Intéressée !… eh mais ! à ceci je ne puis Rien comprendre…
, Collin D'Harleville, Optimiste, V, 7.Il marque aussi l'étonnement. Eh mais ? qu'y a-t-il là-dedans ?
-
14 S. m. Objection, difficulté.
Mais… - Achevez, seigneur : ce mais que veut-il dire ?
Corneille, Nicom. III, 7.Que le diable t'emporte avec tes si et tes mais !
Regnard, Retour impr. 15.Dorval : Mais…Géronte : Mais, mais, voyons votre mais
, Goldoni, Bourru bienfais. II, 1.C'est un homme qui n'a ni si ni mais, un homme franc, qui ne cherche ni excuse ni prétexte.
Des mais, des si, des car, se dit des objections, des difficultés qu'on oppose à une chose simple.
Il y a un mais se dit pour signifier qu'il y a des critiques à faire.
HISTORIQUE
XIe s. N'en parlez mais, se je nel vous comant
, Ch. de Rol. XI. J'i puis aler, mais n'i aurai garant
, ib. XXIV. Quant ert-il [sera-t-il] mais recreanz d'ostoier [faire la guerre] ?
ib. XXXIX. Bataille aurez, onque mais tel ne fut
, ib. LXXX.
XIIe s. Par tantes fois [j'] ai esté assailliz Que je n'ai mais povoir de moi defendre
, Couci, V. Je n'en puis mes ; car je la desir si…
, ib. VIII. Jà de mon cuer n'istra [de mon cœur ne sortira] mais la semblance Dont [ma dame] me conquist à mos pleins de douçor
, ib. XVI. Ainz mais n'avint en France nule si granz dolors
, Sax. XXVII.
XIIIe s. Et bien m'avez fait le plus haut servise que mais nule gent feist à home
, Villehardouin, LXXXVIII. Ha Diex ! verrai-je mes, fait-ele, mes amis ?
Berte, XX. Or est ele mout aise, mais tost sera dolente
, ib. X. [Elle] Ne pouvoit mes aler, car forment ert lassée
, ib. XLVI. Moi ne chaut qu'on en fasse, mes qu'ele [pourvu qu'elle] soit tuée
, ib. XVI. L'omme lay [laïque], quant il ot mesdire de la lay [loi, religion] crestienne, ne doit pas deffendre la lay crestienne, ne mais [sinon] de l'espée
, Joinville, 198. Et le mestre dit : Sire, mes m'ennuie tant comme il me peut ennuier
, Joinville, 197. Il a tant donné que il n'a mez que donner
, Joinville, 205.
XIVe s. Vertu encline touz jours à eslire bien, et vice au contraire ; mais aucune foiz en l'operacion qui est eslue par vertu peut estre empeeschement
, Oresme, Eth. 63.
XVe s. Si me fit-elle tant de bien que j'en suis tenu de prier à tousjours mais pour elle
, Froissart, I, I, 15. Autant vault si je m'en tais, Car certainement je tiens Qu'il ne s'en fera jà rien ; En toute chose a ung mais
, Orléans, Rondeau. C'est son parler ne moins ne mais
, Villon, Grand test.
XVIe s. Sans si, sans mais, est son bruyt, gloire et fame
, Marot, J. V, 259. Eureuse suys, mais que [pourvu que] ce temps me dure
, Marot, J. V, 322. De quoy Numitor fut fort courroucé, mais eux ne s'en soucierent guieres, ains amasserent à l'entour d'eulx bonne trouppe d'hommes vagabonds
, Amyot, Rom. 7. Cela n'est pas fait en amy, mais en sophiste, qui ne quiert que l'apparence
, Amyot, Com. discerner le flatteur de l'ami, 55. Ma deliberation ne est de provocquer, ains d'appaiser, d'assaillir, mais de deffendre
, Rabelais, Garg. I, 29. Voire mais, que fera il si on le presse de… ?
Montaigne, I, 190. Que peut-il mais de vostre ignorance ?
Montaigne, II, 48. En nul endroit, comme a chanté Virgile, La foy n'est seure, et me l'a fait sçavoir Ton jeune cœur, mais vieil pour decevoir
, Ronsard, 96. Il estoit destiné par sentence des cieux, Que je devois servir, mais [bien plus] adorer vos yeux
, Ronsard, 239. Ô prince, mais o Dieu, dont la celeste face…
, Ronsard, 671. Mon mastin, garde bien de mordre ma mignonne, Si elle vient me voir, ains baise luy les pieds : Mais aboye de loin si de quelque personne Au milieu de nos jeux nous estions espiez
, Ronsard, 744. Mais dites-moy que signifie Que les ligueurs ont double croix ? C'est qu'en la ligue on crucifie Jesus Christ encore une fois
, Sat. Mén. Quatrain sur les doubles croix de Lorraine.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
MAIS. Ajoutez :Vous pouvez penser comme il fera, mais qu'il soit [dès qu'il sera] doyen des cardinaux, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.
L'affection avec laquelle j'embrasserai votre affaire, mais que je sache [dès que je saurai] ce que c'est, vous témoignera…, Malherbe, ib. Cette conjonction est encore très usitée dans les campagnes normandes.
Étymologie de « mais »
Wallon, main, mâie, dans le sens de jamais ; Hainaut, mé ; provenç. mais, mai, mas, ma ; cat. may ; esp. et port. mas ; ital. ma et mai ; du lat. magis, qui signifie plus, davantage. Le patois normand conserve deux anciens emplois de mais : Il n'a mais que dire, il n'a plus rien à dire ; et mais que dans le sens de lorsque : Mais que j'aille chez vous, je vous l'apporterai.
- (Xe siècle) Du moyen français mais, de l’ancien français mais, mes (« mais, plus »), du latin magis (« plus, plutôt »).
Phonétique du mot « mais »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
mais | mɛ |
Fréquence d'apparition du mot « mais » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « mais »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « mais »
-
Hugo puissant et fort, Vigny soigneux et fin,D’un destin inégal, mais aucun d’eux en vain,Tentaient le grand succès et disputaient l’empire.Lamartine régna ; chantre ailé qui soupire,Il planait sans effort. Hugo, dur partisan(Comme chez Dante on voit, Florentin ou Pisan,Un baron féodal), combattit sous l’armure,Et tint haut sa bannière au milieu du murmure :Il la maintient encore ; et Vigny, plus secret,Comme en sa tour d’ivoire, avant midi, rentrait.
Charles-Augustin Sainte-Beuve — Pensée d’Août -
Mais comme chaque chose a sa raison, et que la fantaisie d’un individu me paraît tout aussi légitime que l’appétit d’un million d’hommes et qu’elle peut tenir autant de place dans le monde, il faut, abstraction faite des choses, et indépendamment de l’humanité qui nous renie, vivre pour sa vocation, monter dans sa tour d’ivoire et là, comme une bayadère dans ses parfums, rester, seul, dans nos rêves
Gustave Flaubert — Correspondance -
Et maintenant ? Où et quand trouverai-je le temps d’essayer de me voir. On veut me faire croire que pour penser un peu il n’est pas besoin d’une tour d’ivoire. Sans doute, mais elle est bien utile…
Raymond Dumay — Mon plus calme visage -
Pour nous, les acteurs, vous êtes un vrai mystère. Souvent, j’ai demandé à Alain Séguret s’il était possible de vous rencontrer, mais il vous décrit comme des gens assez peu liants, enfermés dans leur tour d’ivoire.
Tonino Benacquista — Saga -
Des trois ou quatre lettres que je fis, il m’est resté ce commencement dont je ne fus pas content ; mais s’il me parut ne rien exprimer, ou trop parler de moi quand je ne devais m’occuper que d’elle, il vous dira dans quel état était mon âme.
Honoré de Balzac — Le lys dans la vallée -
Dès ce jour, elle fut non pas la bien-aimée, mais la plus aimée ; elle ne fut pas dans mon cœur comme une femme qui veut une place, qui s’y grave par le dévouement ou par l’excès du plaisir ; non, elle eut tout le cœur, et fut quelque chose de nécessaire au jeu des muscles ; elle devint ce qu’était la Béatrix du poète florentin, la Laure sans tache du poète vénitien, la mère des grandes pensées, la cause inconnue des résolutions qui sauvent, le soutien de l’avenir, la lumière qui brille dans l’obscurité comme le lys dans les feuillages sombres.
Honoré de Balzac — Le lys dans la vallée -
Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs…
Sacha Guitry — Beaumarchais -
« Tu la payes en nature ? » dit-il. Ça me gêne de dire oui, mais je dis oui si ça peut le rassurer. Non, la chose m’intéresse en tant que spectacle d’art. Il me répond qu’il ne joue pas pour son plaisir, ni pour le plaisir des autres.
Jean Giono — Œuvres romanesques complètes -
Ce soir, nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde de notre désespoir. Nous ne pouvons même plus penser. Les paroles s’échappent de nos bouches tordues, et, lorsque nous rions, les passants se retournent, effrayés, et rentrent chez eux précipitamment.On ne sait pas nous mépriser.« Nous pensons aux lueurs des bars, aux bals grotesques dans ces maisons en ruines où nous laissions le jour. Mais rien n’est plus désolant que cette lumière qui coule doucement sur les toits à cinq heures du matin. Les rues s’écartent silencieusement et les boulevards s’animent: un promeneur attardé sourit près de nous. Il n’a pas vu nos yeux pleins de vertiges et il passe doucement. Ce sont les bruits des voitures de laitiers qui font s’envoler notre torpeur et les oiseaux montent au ciel chercher une divine nourriture.Aujourd’hui encore( mais quand donc finira cette vie limitée) nous irons retrouver les amis, et nous boirons les mêmes vins. On nous verra encore aux terrasses des cafés.Il est loin, celui qui sait nous rendre cette gaieté bondissante. Il laisse s’écouler les jours poudreux et il n’écoute plus ce que nous disons. » Est-ce que vous avez oublié nos voix enveloppées d’affections et nos gestes merveilleux? Les animaux des pays libres et des mers délaissées ne vous tourmentent-ils plus? Je vois encore ces luttes et ces outrages rouges qui nous étranglaient. Mon cher ami, pourquoi ne voulez-vous plus rien dire de vos souvenirs étanches? L’air dont hier encore nous gonflions nos poumons devient irrespirable. Il n’y a plus qu’à regarder droit devant soi, ou à fermer les yeux: si nous tournions la tête, le vertige ramperait jusqu’à nous.Itinéraires interrompus et tous les voyages terminés, est-ce que vraiment nous pouvons les avouer ? Les paysages abondants nous ont laisser un goût amer sur les lèvres. Notre prison est construite en livres aimés, mais nous ne pouvons plus nous évader, à cause de toutes ces odeurs passionnés qui nous endorment.
André Breton et Philippe Soupault — Les Champs magnétiques -
J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
Traductions du mot « mais »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | but |
Espagnol | pero |
Italien | ma |
Allemand | aber |
Chinois | 但 |
Arabe | لكن |
Portugais | mas |
Russe | но |
Japonais | しかし |
Basque | baina |
Corse | ma |
Synonymes de « mais »
- pourtant
- cependant
- toutefois
- néanmoins
- par exemple
- en revanche
- et
- au surplus
- or
- seulement
- encore
- en quoi
Combien de points fait le mot mais au Scrabble ?
Nombre de points du mot mais au scrabble : 6 points