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Industrie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin industrie industries

Définitions de « industrie »

Trésor de la Langue Française informatisé

INDUSTRIE, subst. fém.

I. − [Désigne une faculté]
A. − Vx ou littér. Habileté à réaliser un travail, à exécuter, à faire quelque chose. Synon. adresse, art, dextérité.Industrie humaine/de l'homme; faire qqc. avec (beaucoup d') industrie. Les inventions des hommes n'ont point encore atteint à l'industrie des insectes. Les Romains bâtissaient dans l'eau avec la pouzzolane, mais les coquillages construisent leurs toits avec un ciment plus durable (Bern. de St-P., Harm. nat.1814, p. 194).Il faut cheminer très-loin vers la baie d'Hudson pour trouver maintenant des castors; encore ne montrent-ils plus la même industrie, parce que le climat est trop froid (Chateaubr., Voy. Amér., t. 1, 1827, p. 128).[Aux xieet xiies.] toute la chrétienté se couvrit d'édifices admirables dus à l'art et à l'industrie des moines (Lenoir, Archit. monast.,1852, p. 35):
1. Avant de clore ce livre (...) je veux relever une objection que manquent rarement de faire ceux à qui l'on découvre la police et l'industrie surprenante des abeilles (...) tout cela est prodigieux mais immuable (...). Voilà des milliers d'années qu'elles construisent ces rayons étonnants auxquels on ne peut rien ajouter ni retrancher... Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 257.
B. − Littéraire
1. Savoir-faire, ingéniosité, esprit d'invention; aptitude, compétence particulière dans une activité généralement artistique, intellectuelle. Faute de savoir faire, faute d'industrie (...) j'ai manqué cinq ou six occasions de la plus grande fortune politique, financière ou littéraire (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 38).L'enfant avait eu l'industrie de conserver sèche et chaude sur sa poitrine sa vareuse de matelot (Hugo, Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 139).Le dernier roman de Conrad est remarquable (...) mais (...) c'est simplement une histoire qu'il raconte avec industrie, et avec de véritables trouvailles d'homme de lettres (Claudel, Corresp. [avec Gide], 1912, p. 191):
2. L'un de ces marauds (...) quelque caboche inventive et profonde, avait eu l'industrie d'attacher une éponge au bout d'un bâton, et il pompait ainsi le vin commodément, de trois ou quatre rangs en arrière... Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 10.
2. Gén. en mauvaise part
a) Recours à des moyens, à des procédés habiles ou adroits d'une honnêteté douteuse pour arriver à ses fins. La manière dont ils [les prêtres] parvinrent à lui enlever [à Henri III] l'opinion populaire, est un chef d'œuvre d'industrie et de calomnie (Chateaubr., Ét. disc. hist., t. 4, 1831, p. 355).[La guerre] répugne à toute ruse, industrie et stratagème, comme à un sacrilège, comme à une sophistication du combat, à une corruption de la justice (Proudhon, Guerre paix,1861, p. 90).[Manu] partit décidant qu'il obtiendrait par industrie ce qu'il ne pouvait obtenir par la force et la persuasion (Aymé, Rue sans nom,1930, p. 81):
3. La Bruyère emploie le mot industrie, je crois, avec défaveur, une légère défaveur, une défaveur naissante qui a pris tout son mauvais sens dans l'expression chevalier d'industrie. On s'élève par son industrie, par tous les moyens, les bons et les mauvais... Renard, Corresp.,1905, p. 321.
Vivre d'industrie (vx). Vivre en ayant recours à des moyens indélicats, à des expédients. Bien qu'ayant hanté les escrocs et vécu d'industrie, j'éprouvais une répugnance invincible à entrer dans cette carrière de crimes (Vidocq, Mém., t. 1, 1828-29, p. 290).
Chevalier de l'industrie (vx), chevalier d'industrie (mod.). Individu à la moralité ou aux pratiques douteuses, ou vivant de ressources procurées par des activités malhonnêtes. Espèce, race des chevaliers d'industrie. Si par hasard vous regrettiez que le grand homme (...) le père du peuple, ait disparu, pour ne plus laisser voir qu'un administrateur inepte, un chevalier d'industrie, un ennemi public (...) ne vous en prenez pas à moi (Marat, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 72).Son valet le trompe (...) il est de moitié avec tous les chevaliers et toutes les chevalières d'industrie qui l'assiègent (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 16).Ces gens de l'hôtellerie et de la limonade manquent de psychologie : ils prennent un chevalier d'industrie avec de faux bijoux à tous les doigts pour un prince authentique (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 77).
b) Dans le domaine artistique ou plus gén. de la créativité intellectuelle.Recours à des procédés adroits, à des artifices, par opposition à ce qui est naturel, ce qui est du ressort du génie. Les Mystères de Paris, clos sous forme de roman, vont reprendre au boulevard sous forme de mélodrame; l'auteur s'occupe déjà à les tailler dans ce nouveau pli : industrie, industrie sur toutes les coutures (Sainte-Beuve, Corresp., t. 5, 1843, p. 265).Les répétitions des motifs dans la musique, comme la concentration de l'effet dans la peinture, petites et mesquines industries dont le commun des artistes s'empare facilement (Delacroix, Journal,1854, p. 155):
4. Quand je vois l'écrivain reprendre et empirer la véritable sensation de l'homme, y ajouter des forces recherchées, et vouloir toutefois que l'on prenne son industrie pour son émotion, je trouve que cela est impur et ambigu. Cette confusion du vrai et du faux (...) devient très choquante... Valéry, Variété 1,1924, p. 153.
II. − [Désigne l'application, les applications de cette faculté]
A. − Courant
1. Vieilli. Profession mercantile; travail généralement manuel; métier dont on tire ses moyens d'existence. On se souviendra d'avoir vu leurs pères, leurs parens [aux Grands] réduits à la plus déplorable situation, et plusieurs obligés de vivre de leur industrie (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1753).Le métier de poète est une moquerie; On ne vit pas ainsi d'oisive rêverie; Dans notre âge peu propre à cette passion Il faut une industrie, une profession (Pommier, Crâneries,1842, p. 18):
5. Sur le boulevard des Italiens (...) il fait presque nuit noire (...) quelques promeneurs vaquent à petits pas, avec des regards ennuyés, qui s'arrêtent un moment sur les nouvelles industries en plein air du jour, les marchands de cannes à épée, les marchands de gourdes, les marchands de plastrons de cuir à l'épreuve de la baïonnette. Goncourt, Journal,1870, p. 607.
2. Gén. en mauvaise part. Activité, pratique douteuse que la morale réprouve. Honteuse, sinistre, suspecte industrie; exercer une (coupable, honteuse) industrie. Il pouvait être braconnier, contrebandier, faux saunier, voleur et coupe-jarrets, honnêtes industries qu'il pratiquait les unes après les autres ou toutes à la fois (Gautier, Fracasse,1863, p. 70).Beaucoup de femmes entretenues se font immuniser par la scène. Le théâtre est une taxe qu'elles payent. Mais il dérange leur industrie (Cocteau, Gd écart,1923, p. 27):
6. Ils n'étaient pas du peuple, sans être des bourgeois (...) ils appartenaient à cette classe ambiguë, la plus vile de toutes, qui n'a ni état, ni fortune, ni même une industrie, sinon une industrie ignoble, qui n'est ni le pauvre, ni le riche, et qui a les vices de l'un et la misère de l'autre. Musset, Confess. enf.,1836, p. 80.
B. − [Avant la révolution industrielle] Ensemble des activités, des opérations ayant pour objet la production et l'échange des marchandises ou la production de produits destinés à être utilisés ou consommés sans être vendus au préalable. Industrie domestique, patriarcale, rustique. Nous produisons tous et nous participons tous aux échanges, nous sommes tous livrés à une industrie, soit agricole, soit manufacturière, soit gouvernementale, soit commerciale, nous sommes pareillement tous marchands ou commerçants (Babeuf, Textes choisis, Paris, Éd. soc., 1965 [1795], p. 192).La petite industrie des campagnes, l'humble travail de la fileuse, est tué par la machine à lin. Le paysan, perdant ainsi, une à une, ses industries, aujourd'hui le lin, demain la soie peut-être, a grand'peine à garder la terre (Michelet, Peuple,1846, p. 70).Elles apparaissent [les corporations] dès (...) que l'industrie cesse d'être purement agricole (Durkheim, Divis. trav. soc.,1893, p. ix).Le silex n'a pas été seulement pour les hommes des anciens âges une arme taillée pour les besoins de la cause, mais une matière, dont l'industrie paléolithique (...) a su tirer des formes ciselées de haches et de poignards (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 154):
7. Les objets que la nature ne livre pas tout préparés pour satisfaire nos besoins, peuvent y être rendus propres par notre industrie. Lorsqu'elle se borne à les recueillir des mains de la nature, on la nomme industrie [it. ds le texte] agricole, ou simplement agriculture (...). Lorsqu'elle met à notre portée les objets de nos besoins (...) on la nomme industrie [it. ds le texte] commerciale, ou simplement commerce. Say, Écon. pol.,1832, p. 59.
Rem. Jusqu'au xixes. industrie désignait l'ensemble des activités économiques et concernait donc : l'agriculture, le commerce, les transports et les services, ainsi que les activités économiques artisanales ou manufacturières productrices de valeurs d'usage non agricoles. Cependant Littré signale qu'industrie se dit quelquefois de tous les arts industriels, sauf l'agriculture, par opposition à l'agriculture; cette opposition a été faite par certains auteurs dès le xviiies. Les rapports mutuels de l'agriculture, de l'industrie, du commerce, avec la constitution d'un état et sa législation (...) ne purent échapper aux regards d'un peuple ingénieux, actif, occupé des intérêts publics (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p. 58).
C. −
1. Ensemble des activités économiques (caractérisées par la mécanisation et l'automatisation des moyens de travail, la centralisation des moyens de production et la concentration de la propriété des moyens de production), ayant pour objet l'exploitation des sources d'énergie et des richesses minérales du sol ainsi que la production de produits fabriqués à partir de matières premières ou de matières ayant déjà subi une ou plusieurs transformations. En admettant (...) que la science (...) doit suffire (...) à mettre l'industrie au service de l'homme, ils ont abouti inévitablement à mettre (...) l'homme au service de l'industrie et de la technique (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 208).Ce pays [la France] (...) a tout ce qu'il faut pour se donner la très puissante industrie métallurgique, d'où sortent locomotives, wagons, rails, navires, avions, machines, outillages, armements, charpente des bâtiments, et dont procède l'activité des entreprises mécaniques et chimiques (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 453).Dans l'industrie, la machine-outil, puis l'introduction progressive de l'informatique ont décuplé l'efficacité du travail humain (G. Marchais, L'Espoir au présent, Paris, Éd. soc., 1980, p. 14):
8. Les industries peuvent se classer de différentes manières (...). Économiquement, deux classifications ont une grande importance. La première s'attache à la structure de l'industrie en fonction de la dimension des unités productives (...). La seconde (...) permet (...) de différencier les industries de biens de production et les industries de biens de consommation. Bouv.-Ibarr.1975.
Rem. Il est quelquefois difficile de décider si industrie désigne le stade manufacturier du développement industriel que l'on peut rapidement caractériser comme étant fondé sur la division du travail à l'intérieur de l'atelier et sur l'utilisation de l'outil manuel comme moyen de travail, ou le stade faisant suite à la révolution industrielle où la production recourt à la machine. Cette ambiguïté est bien illustrée par l'ex. : Quel boucan l'industrie cause dans le monde! Comme la machine est une chose tapageuse! À propos de l'industrie, as-tu réfléchi quelquefois à la quantité de professions bêtes qu'elle engendre (...). Qu'attendre d'une population comme celle de Manchester, qui passe sa vie à faire des épingles? Et la confection d'une épingle exige cinq à six spécialités différentes! Le travail se subdivisant, il se fait donc, à côté des machines, quantité d'hommes-machines (Flaub., Corresp., 1853, p. 293).
Industrie lourde. ,,Ensemble des industries qui produisent la matière première ou qui lui font subir une première transformation`` (Bouv.-Ibarr. 1975). Synon. industrie de base.Le machinisme et l'industrie lourde (...) bouleversent le monde aujourd'hui et le font craquer (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 184).
Industrie de transformation. ,,Ensemble des industries qui fabriquent des valeurs d'usage directement utilisables`` (Bouv.-Ibarr. 1975). Synon. industrie légère.Telle nation (...) choisira-t-elle de développer son industrie lourde ou son industrie de transformation (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 324).
Industrie-clef. Industrie dont dépendent de nombreuses activités économiques. Quand ces forces provoqueront une augmentation du débit d'une industrie-clef, elles provoqueront une expansion et une croissance puissantes d'un ensemble plus large (Perroux, Écon. xxes., 1964p. 150).
SYNT. Industrie agricole, automobile*, de la chaussure, chimique, des colorants, dentellière, des détergents, forestière, graphique, lainière, du liège, linière, du livre, du luxe, mécanique, minière, nucléaire, spatiale; branche, procédé, produits de l'industrie; essor, évolution, extension, naissance de l'industrie; évolution, forme capitaliste de l'industrie; développer, encourager, favoriser, fonder, protéger l'industrie; cadre, ouvrier, personnel de l'industrie.
2. Établissement, entreprise industriel(le) (vieilli). Dans une rue, sur une porte d'industrie, un nom doré qui semble rayonner de la richesse d'une fortune faite (Goncourt, Journal,1870, p. 617).
Chef/capitaine d'industrie. ,,Personne dirigeant un établissement industriel`` (Lar. Lang. fr.). Les penseurs, les politiques, les professeurs d'économie (...) et ceux que les flatteurs nomment capitaines d'industrie s'assemblent et ils découvrent que tout ne va pas dans le monde (...) comme l'exige le profit (Nizan, Chiens garde,1932, p. 202).
3. Ensemble de personnes dirigeant ou possédant une industrie. La haute banque et le grand commerce, l'industrie en jaquette et en tube (...) font ici preuve de leur patriotisme et de leur énergie (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 491).Ce petit cul ne fréquente plus maintenant que (...) la haute industrie (Aymé, Travelingue,1941, p. 52).
Prononc. et Orth. : [ε ̃dystʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1370-72 « habileté à faire quelque chose » (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 213, 57d); 2. 1407 « pratique d'une activité manuelle » (R. de Lespinasse, Métiers et corporations de la ville de Paris, 2, 401 ds B. von Gemmingen-Obstfelder, Semantische Studien zum Wortfeld Arbeit im Französischen, p. 35); 3. a) 1543 « toute activité productive » (Déclaration ds Isambert, Rec. Gén. des anc. lois fr., t. 12, p. 810); b) 1767 (Encyclop. t. 8 : Industrie. Inventions de l'esprit en machines utiles, relativement aux arts et aux métiers); 1771 « ensemble des activités économiques fondées sur la transformation des matières premières » (Abbé Baudeau, Première Indroduction à la Philosophie Economique, D. II, p. 663 ds Brunot t. 6, p. 381, note 1). Empr. au lat.industria « activité, application », dér. de industrius « actif, zélé ». Fréq. abs. littér. : 3 278. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 305, b) 3 437; xxes. : a) 2 558, b) 4 326. Bbg. Ball (R.V.). Nouv. dat. pour le vocab. de l'automob. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 356. - Dub. Pol. 1962, p. 323. - Marcellesi (J.-B.). Fr. mod. 1975, t. 43, pp. 176-178. - Quem. DDL t. 18. - Schröder (W.). Zum Bedeutungs- und Funktionswandel des Wortes industrie. Lendemains. 1975/76, t. 1, no4.

Wiktionnaire

Nom commun - français

industrie \ɛ̃.dys.tʁi\ féminin

  1. Dextérité ou adresse à faire quelque chose.
    • Sur ces entrefaites, Pépin mourut, et Karl revint en France, emmenant avec lui Galiana qui fut couronnée reine et reçue avec de grandes réjouissances. C’est ainsi qu’une More eut l’industrie de devenir reine chrétienne, « et le souvenir de cette histoire, encore qu’il soit attaché à un vieil édifice, mérite d’être conservé dans Tolède », ajoute le chroniqueur par manière de réflexion finale. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, 1840, édition Charpentier, 1859)
    • […] je suis doué d’une bonne dose de philosophie, chose indispensable lorsqu’on voyage, en Amérique surtout, où la plupart du temps on est livré à sa propre industrie sans avoir la ressource de pouvoir compter sur un secours étranger. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Avant de pouvoir jeter l’ancre, j’eus encore à déployer toute la patience et l’industrie du navigateur. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Stendhal dit quelque part que le soldat ne craint pas la mort, parce qu’il espère bien l’éviter par son industrie ; cela s’appliquait tout à fait à ce genre de guerre que nous faisions. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 102)
  2. Usage habile de moyens illégaux, illégitimes ou immoraux.
    • Les prières sont bien nécessaires : Waléran était un chevalier-brigand, dont les activités peccamineuses désolaient le pays. […]. La culpeuse industrie de Waléran lui laissait des loisirs, qu'il consacrait à deux passions : les femmes et la chasse. Et que chassait-il ? Les femmes, principalement. — (Charles Turquin, « Histoire secrète d'un ermitage ardennais », dans Fume, c'est du Belge ! : L'héritage déjanté du « Pourquoi Pas ? », Éditions Jourdan, 2018)
    • ... je me réduisis à jouer dans quelques assemblées moins décriées, où la faveur du sort m’épargna l’humiliation d’avoir recours à l’industrie. — (Abbé Prévost, Manon Lescaut, 1733, page 154)
  3. Profession mécanique ou mercantile, art, métier que l’on exerce et qui comporte une certaine ingéniosité.
    • Un petit cercle composé de Henry Finish , d'Allfair, de Ned le Long et de M. Hookey, se transportèrent à Fish-Lane , où se réunissait un club célèbre parmi les hommes qui vivent de leur industrie, et où divers jeux de hasard se jouaient de la manière la plus distinguée. — (Edward Bulwer-Lytton, Paul Clifford, traduit de l'anglais par Jean Cohen, tome 1, Paris : chez Fournier jeune, 1831, p. 60)
    • L’élève du cheval de trait et du mulet est aujourd’hui une industrie très-prospère et surtout très-rémunératrice ; […]. — (Jean Déhès, Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
    • Ils ont même fondé un village qui , à un certain temps , était presqu’exclusivement habité par des fauconniers et qui doit à l’industrie du piégeage qui le fit vivre le nom qu'il porte encore aujourd'hui de Valkenswaard , « le village des Faucons ». — (Pierre-Amédée Pichot, « La fauconnerie d'autrefois et la fauconnerie d'aujourd'hui », conférence du 21 mars 1890, dans la Revue des sciences appliquées, Société nationale d'acclimatation de France, 1er semestre 1891, Paris, p. 267)
    • […] ces infortunés, depuis les temps les plus anciens, se sont évertués à épierrer ces immensités du Causse, ces plateaux calcaires que leur industrie mal rétribuée a compartimenté de murets innombrables d’un gris bleuâtre. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  4. Les arts mécaniques et les manufactures en général, ordinairement par opposition à l’agriculture, au commerce.
    • […] mais cette machine et les perfections de l’industrie ne soufflent pas la vie à un peuple, et ne diront pas à l’avenir qu’il a existé ; tandis que l’art égyptien, l’art mexicain, l’art grec, l’art romain avec leurs chefs-d’œuvre taxés d’inutiles, ont attesté l’existence de ces peuples dans le vaste espace du temps. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Le minerai de fer a donné naissance à l'une des principales et des plus anciennes industries des Ardennes, la métallurgie du fer. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 10)
    • […] ; elle estime, comme G. de Molinari, que le progrès moral du prolétariat est aussi nécessaire que le progrès matériel de l’outillage, pour porter l’industrie moderne au niveau toujours plus élevé que la science technologique permet d’atteindre ; […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap. VII, La morale des producteurs, 1908, page 324)
    • L’insuffisance du numéraire circulant en France étant avérée, Colbert avait résolu de protéger à outrance l’industrie du royaume. — (Étienne Dupont, Le vieux Saint-Malo - Les Corsaires chez eux, éd. Honoré Champion, 1925, page 119)
    • […], depuis la Seconde Guerre mondiale, les nations d’Europe occidentale ont laissé dépérir leur industrie charbonnière, tant il était facile de se procurer, en abondance et à bas prix, le pétrole du Proche et du Moyen-Orient. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992, page 178)
    • Cette industrie du drap est en effet l'une des plus complexes, et le nombre des opérations nécessaires pour transformer la laine brute en produit fini est très élevé. Il fallait trier la laine, la teindre, la mélanger, la carder, la filer, la tisser, dégraisser le tissu, le fouler, le lainer, le tondre, l'épinceter, et enfin lui donner de l'éclat en le pressant. — (André Maurois, histoire de l'Angleterre, Fayard & Cie, 1937, page 235)
    • Avec les restes de l’industrie aurignacienne, on rencontre les os de tous les animaux dont l'homme faisait alors sa nourriture, et dont il employait les dents et les os pour fabriquer les ustensiles nécessaires à sa vie, […]. — (Jacques de Morgan, L'humanité préhistorique : esquisse de préhistoire générale, Paris : La Renaissance du Livre, 1924, page 60)
    • Si certaines industries du Maroc sont technologiquement proches de l'Oldowayen, en l'absence de fouille de sols d'habitat, on ne peut rien dire sur le plan palethnologique du mode de vie de leurs auteurs. — (Hélène Roche, Premiers outils taillés d'Afrique, Société d’ethnologie, 1980, page 47)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

INDUSTRIE. n. f.
Dextérité, adresse à faire quelque chose. Cela est fait avec beaucoup d'industrie. Merveilleuse, admirable industrie. Employer, mettre, appliquer son industrie à... Vivre d'industrie, Trouver moyen de subsister par son adresse et par son savoir-faire. Il ne se dit qu'en mauvaise part. Fig. et fam., Chevalier d'industrie se dit de Quelqu'un qui vit d'adresse, d'expédients. On le prend toujours en mauvaise part. Il se dit aussi d'une Profession mécanique ou mercantile, d'un art, d'un métier que l'on exerce et qui comporte une certaine ingéniosité. Exercer quelque industrie. Cette petite industrie lui donne de quoi subsister. C'est une industrie comme une autre.

INDUSTRIE se dit aussi des Arts mécaniques et des manufactures en général, ordinairement par opposition à l'Agriculture. L'industrie est pour les États une source abondante de richesses. Encourager, protéger, favoriser le commerce et l'industrie. Les progrès de l'industrie. Toutes les branches, tous les genres d'industrie. Taxer l'industrie, les produits de l'industrie. L'industrie française. Une industrie. L'industrie du fer, de la chaussure. La grande, la petite industrie.

Littré (1872-1877)

INDUSTRIE (in-du-strie) s. f.
  • 1Habileté à faire quelque chose, à exécuter un travail manuel. Cela est fait avec beaucoup d'industrie. Avoir de l'industrie. Une dangereuse industrie. Quelque industrie qui paraisse dans ce que font les animaux, Bossuet, Connaiss. de Dieu, V. 2. À Smolensk, l'ordre avait été donné de prendre, en partant, pour plusieurs jours de vivres ; l'empereur n'en ignorait pas la difficulté, mais il comptait sur l'industrie des chefs et des soldats ; ils étaient avertis, cela suffisait ; ils sauraient bien pourvoir eux-mêmes à leurs besoins, Ségur, Hist. de Nap. VII, 1.
  • 2 Fig. Invention, savoir-faire. Doucement, ce discours est de mon industrie, Molière, l'Ét. III, 4. Voilà vos craintes dissipées… je vous défie avec toute votre industrie de trouver à regratter là-dessus, Sévigné, 20 nov. 1689. Ulysse, en apparence, approuvant mes discours, De ce premier torrent laissa passer le cours ; Mais bientôt, rappelant sa cruelle industrie, Il me représenta l'honneur et la patrie, Racine, Iphig. I, 1. Il a mille industries pour faire plaisir à son voisin, Fénelon, Tél. XI. Je ne voulais pas leur montrer [au duc et à la duchesse d'Orléans] tous mes ressorts, pour ne les pas ralentir et apparesser par compter trop sur mon industrie, Saint-Simon, 267, 105.

    Vivre d'industrie, trouver moyen de subsister par son adresse et par son savoir-faire (locution qui ne se dit qu'en mauvaise part). Faute de revenu, je vis de l'industrie, Regnard, Fol. am. I, 5.

    Fig. et familièrement. Chevaliers d'industrie, et, autrefois, chevaliers de l'industrie, gens qui, n'ayant point de bien, subsistent par une adresse malhonnête. Mon père… Était chevalier d'industrie, Sans en être moins glorieux, Béranger, Enf. de bonne maison. Des professions nouvelles commencent pour la noblesse ; d'innombrables tripots, aux tournois de leurs tapis verts, voient jouter la chevalerie nouvelle ; un mot a enrichi la langue : chevalier d'industrie, Michelet, Louis XIV et le duc de Bourgogne, p. 146.

  • 3Profession mécanique ou mercantile, art, métier que l'on exerce pour vivre. Cette petite industrie lui donne de quoi subsister. Ce prodigieux nombre d'industries singulières, inconnues à tous ceux qui ne les exercent pas, nullement observées par ceux qui les exercent, négligées par les savants les plus universels qui ne savent pas même qu'il y ait là rien à apprendre pour eux, et cependant merveilleuses et ravissantes dès qu'elles sont vues avec des yeux éclairés, Fontenelle, des Billettes. Il est nécessairement équitable que l'industrie raffinée du négociant paye plus que l'industrie grossière du laboureur, Voltaire, L'homme aux 40 écus, entretien avec un géomètre.
  • 4 Nom sous lequel on comprend toutes les opérations qui concourent à la production des richesses : l'industrie agricole, l'industrie commerciale et l'industrie manufacturière ; l'industrie agricole s'applique principalement à provoquer l'action productive de la nature ou à en recueillir les produits ; l'industrie commerciale crée de la valeur en mettant les produits à la portée du consommateur ; l'industrie manufacturière est celle qui, en transformant les choses, leur crée de la valeur, Legoarant Les produits de l'industrie. L'industrie française. L'industrie a réparé les torts que la nature et la négligence fesaient à nos climats, Voltaire, Mœurs, 159. Nulle industrie ne secondait, dans ces climats heureux, les présents de la nature ; ni les soies de Valence, ni les belles laines de l'Andalousie et de la Castille n'étaient préparées par les mains espagnoles, Voltaire, ib. 177. Il faut que l'industrie soit favorisée, mais il faut que l'industrie opulente secoure l'État, Voltaire, Homme aux 40 écus, entretien avec un géomètre. Les caprices même de l'industrie méritent l'indulgence du gouvernement, Raynal, Hist. phil. XIII, 38.

    Industrie se dit quelquefois de tous les arts industriels, sauf l'agriculture, par opposition à l'agriculture.

    Les grandes industries, celles qui travaillent et produisent en grand ; les petites industries, celles qui travaillent et produisent en petit.

    Exposition de l'industrie, exposition, à des époques plus ou moins éloignées, des produits de l'industrie d'un pays ou des principaux pays.

HISTORIQUE

XIVe s. Une mauvaise nef requiert plus grant industrie à estre menée que ne fait une bonne. Il ont en eulz aucunes industries profitables au conseil, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Jacques Cuer, argentier jadis du roi Charles, homme plein d'industrie et hault engin, subtil d'entendement et haut emprendre, Chastelain, Temple de Jehan Bocace.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

INDUSTRIE. - HIST. XIVe s. Ajoutez : Les sens d'armes, raisons et industries par lesquelles ilz [les Romains] conquistrent jadis les pays et les terres, Bercheure, dans Docum. mss. de l'anc. litt. de la France, Rapports, par Paul Meyer, 1re part. p. 82.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

INDUSTRIE, s. f. (Métaphys.) l’industrie prise dans un sens métaphysique, est, suivant M. Quesnay, qui me fournira cet article, une faculté de l’ame, dont l’objet roule sur les productions & les opérations méchaniques ; qui sont le fruit de l’invention, & non pas simplement de l’imitation, de l’adresse & de la routine, comme dans les ouvrages ordinaires des artisans.

Quoique l’industrie soit fille de l’invention, elle differe du goût & du génie. Le sentiment exquis des beautés & des défauts dans les arts, constitue le goût. La vivacité des sentimens, la grandeur & la force de l’imagination, l’activité de la conception, font le génie. L’imagination tranquille & étendue, la pénétration aisée, la conception prompte, donnent l’industrie. Ceux qui sont fort industrieux, n’ont pas toûjours un goût sûr, ni un génie élevé. Je dis plus, des génies ordinaires, des génies peu propres à rechercher, à découvrir, à saisir des idées abstraites, peuvent avoir beaucoup d’industrie.

Ces trois facultés ne portent pas sur le même objet. Le goût discerne les choses qui doivent exciter des sensations agréables. Le génie, par ses productions admirables, fournit des sensations piquantes & imprévûes ; mais ces sortes de sensations, que font naître le génie ou le goût, ne sont point l’objet de l’industrie. Elle ne tend qu’à découvrir, à expliquer, à représenter les opérations méchaniques de la nature, à trouver des machines utiles, ou à en inventer de curieuses & d’intéressantes par le merveilleux qu’elles présenteront à l’esprit.

Les facultés du goût, du génie & de l’industrie exigent aussi divers genres de sciences pour en perfectionner l’exercice. Le goût se fortifie par l’habitude, par les réfléxions, par l’esprit philosophique, par le commerce des gens de goût. Quoique le génie soit un pur don de la nature, il s’étend par la connoissance des sujets qu’il peut peindre, des beautés dont il peut les embellir, des caracteres, des passions qu’il veut exprimer ; tout ce qui excite le mouvement des esprits, favorise, provoque & échauffe le génie. L’industrie doit être dirigée par la science des propriétés de la matiere, des lois des mouvemens simples & composés, des facilités & des difficultés que les corps qui agissent les uns sur les autres peuvent apporter dans la communication de ces mouvemens. L’industrie est l’ouvrage d’un goût particulier décidé pour la méchanique, & quelquefois de l’étude & du tems. Presque toutes les différentes lumieres de l’industrie sont bornées à des perceptions sensibles, & aux facultés animales. (D. J.)

Industrie, (Droit polit. & Commerce.) ce mot signifie deux choses ; ou le simple travail des mains, ou les inventions de l’esprit en machines utiles, relativement aux arts & aux métiers ; l’industrie renferme tantôt l’une, tantôt l’autre de ces deux choses, & souvent les réunit toutes les deux.

Elle se porte à la culture des terres, aux manufactures, & aux arts ; elle fertilise tout, & répand par-tout l’abondance & la vie : comme les nations destructrices font des maux qui durent plus qu’elles, les nations industrieuses font des biens qui ne finissent pas même avec elles.

En Amérique, la terre y produit naturellement beaucoup de fruits dont on se nourrit ; si on laissoit en Europe la terre inculte, il n’y viendroit guere que des forêts, des chênes, des pins, & autres arbres stériles. Ainsi pour faire valoir la terre en Europe, il y falloit beaucoup de travaux, d’industrie, & de connoissances ; car l’on voit toûjours marcher d’un pas égal les besoins, l’industrie, & les connoissances. C’est pourquoi dans les états européens, l’on doit extrèmement protéger, récompenser les laboureurs, & les hommes utilement industrieux. La raison en est évidente ; tout accroissement dans la culture, & toute industrie, multiplie les denrées, les marchandises, & attire dans l’état l’argent qui est le signe de leurs évaluations.

C’est une vérité usée qu’il est presque honteux de répéter ; mais dans certains pays, il y a des gens qui éludent les expédiens qu’on leur donne pour la faire fructifier, & sacrifient constamment les principes de cette espece, aux préjugés qui les dominent. Ils ignorent que les gênes imposées à l’industrie, la détruisent entierement ; & qu’au contraire, les efforts de l’industrie qu’on encourage, la font prospérer merveilleusement par l’émulation & le profit qui en résulte. Bien loin de mettre des impôts sur l’industrie, il faut donner des gratifications à ceux qui auront le mieux cultivé leurs champs, & aux ouvriers qui auront porté le plus loin le mérite de leurs ouvrages. Personne n’ignore combien cette pratique a réussi dans les trois royaumes de la grande Bretagne. On a établi de nos jours par cette seule voie en Irlande, une des plus importantes manufactures de toile qui soit en Europe.

Comme la consommation des marchandises augmente par le bon marché du prix de la main-d’œuvre, l’industrie influe sur le prix de cette main-d’œuvre, toutes les fois qu’elle peut diminuer le travail, ou le nombre des mains employées. Tel est l’effet des moulins à eau, des moulins à vent, des métiers, & de tant d’autres machines, fruits d’une industrie précieuse. On en peut citer pour exemple les machines inventées par M. de Vaucanson, celle à mouliner les soies connue en Angleterre depuis vingt ans, les moulins à scier les planches, par lesquels sous l’inspection d’un seul homme, & le moyen d’un seul axe, on travaille dans une heure de vent favorable, jusqu’à quatre-vingt planches de trois toises de long ; les métiers de rubans à plusieurs navettes, ont encore mille avantages ; mais toutes ces choses sont si connues, qu’il est inutile de nous y étendre. M. Melon a dit très-bien, que faire avec un homme, par le secours des machines de l’industrie, ce qu’on feroit sans elles avec deux ou trois hommes, c’est doubler, ou tripler le nombre des citoyens.

Les occasions d’emploi pour les manufacturiers, ne connoissent de bornes que celles de la consommation ; la consommation n’en reçoit que du prix du travail. Donc la nation qui possédera la main-d’œuvre au meilleur marché, & dont les négocians se contenteront du gain le plus modéré, fera le commerce le plus lucratif, toutes circonstances égales. Tel est le pouvoir de l’industrie, lors qu’en même tems les voies du commerce intérieur & extérieur sont libres. Alors elle fait ouvrir à la consommation des marchés nouveaux, & forcer même l’entrée de ceux qui lui sont fermés.

Qu’on ne vienne plus objecter contre l’utilité des inventions de l’industrie, que toute machine qui diminue la main-d’œuvre de moitié, ôte à l’instant à la moitié des ouvriers du métier, les moyens de subsister ; que les ouvriers sans emploi deviendront plutôt des mendians à charge à l’état, que d’apprendre un autre métier ; que la consommation a des bornes ; de sorte qu’en la supposant même augmentée du double, par la ressource que nous vantons tant, elle diminuera dès que l’étranger se sera procuré des machines pareilles aux nôtres ; enfin, qu’il ne restera au pays inventeur aucun avantage de ses inventions d’industrie.

Le caractere de pareilles objections est d’être dénuées de bon sens & de lumieres ; elles ressemblent à celles que les bateliers de la Tamise alléguoient contre la construction du pont de Westminster. N’ont-ils pas trouvé ces bateliers de quoi s’occuper, tandis que la construction du pont dont il s’agit, répandoit de nouvelles commodités dans la ville de Londres ? Vaut-il pas mieux prévenir l’industrie des autres peuples à se servir de machines, que d’attendre qu’ils nous forcent à en adopter l’usage, pour nous conserver la concurrence dans les mêmes marchés ? Le profit le plus sûr sera toûjours pour la nation qui aura été la premiere industrieuse ; & toutes choses égales, la nation dont l’industrie sera la plus libre, sera la plus industrieuse.

Nous ne voulons pas néanmoins desapprouver le soin qu’on aura dans un gouvernement de préparer avec quelque prudence l’usage des machines industrieuses, capables de faire subitement un trop grand tort dans les professions qui emploient les hommes ; cependant cette prudence même n’est nécessaire que dans l’état de gêne, premier vice qu’il faut commencer par détruire. D’ailleurs, soit découragement d’invention, soit progrès dans les arts, l’industrie semble être parvenue au point, que ses gradations sont aujourd’hui très-douces, & ses secousses violentes fort peu à craindre.

Enfin, nous concluons qu’on ne sauroit trop protéger l’industrie, si l’on considere jusqu’où ses revenus peuvent se porter pour le bien commun dans tous les arts libéraux & méchaniques ; témoin les avantages qu’en retirent la Peinture, la Gravûre, la Sculpture, l’Imprimerie, l’Horlogerie, l’Orfévrerie, les manufactures en fil, en laine, en soie, en or, en argent ; en un mot, tous les métiers & toutes les professions. (D. J.)

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Étymologie de « industrie »

Provenç. industria, endustria ; espagn. et ital. industria, du lat. industria, de indo, en, dans, et struere, bâtir (voy. STRUCTURE).

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(Date à préciser) Du latin industria.
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Phonétique du mot « industrie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
industrie ɛ̃dystri

Fréquence d'apparition du mot « industrie » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « industrie »

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Citations contenant le mot « industrie »

  • A.N.P.E. Notre meilleure industrie de pointe.
    Jacques Mailhot — La politique d'en rire
  • Un pays qui développe son industrie atomique choisit de par là même un état fort, et cela de façon permanente.
    Robert Jungk — L'état atomique
  • Le cinéma n'a jamais fait partie de l'industrie du spectacle, mais de l'industrie des cosmétiques, de l'industrie des masques, succursale elle-même de l'industrie du mensonge.
    Jean-Luc Godard — Le Monde - 15 décembre 1994
  • L'industrie est la main droite de la fortune, et l'économie en est la gauche.
    J. Lesueur
  • Le secret de l’industrie moderne, c’est l’utilisation intelligente des résidus.
    Roy Lewis — Pourquoi j’ai mangé mon père
  • La société tout entière repose sur l'industrie.
    Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon — L'Industrie
  • La nécessité donne de l'industrie, et souvent les inventions les plus utiles ont été dues aux hommes les plus misérables.
    Henri Bernardin de Saint-Pierre — Paul et Virginie
  • L'histoire de l'industrie est le livre ouvert des facultés humaines.
    Karl Marx
  • Aujourd’hui, tout le monde pose. L’homme propose, la femme dispose, l’industrie expose, le commerce dépose, les sciences composent, et les grands hommes reposent.
    Louis Auguste Commerson
  • L'industrie ne fait qu'affaiblir la moralité nationale. Il faut que la France soit agricole.
    Charles Maurice de Talleyrand-Périgord — Propos rapporté par Jules Michelet dans son Journal, 9 août 1834
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Images d'illustration du mot « industrie »

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Traductions du mot « industrie »

Langue Traduction
Anglais industry
Espagnol industria
Italien industria
Allemand industrie
Chinois 行业
Arabe صناعة
Portugais indústria
Russe промышленность
Japonais 業界
Basque industria
Corse industria
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Synonymes de « industrie »

Source : synonymes de industrie sur lebonsynonyme.fr

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Industrie

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