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Incurable

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin incurable incurables

Définitions de « incurable »

Trésor de la Langue Française informatisé

INCURABLE, adj.

A. − Que l'on ne peut guérir. Synon. inguérissable; anton. curable, guérissable.
1. [En parlant d'une maladie, d'une affection, d'une infirmité] Plaie incurable; être atteint d'un mal incurable; incurable et mortel. L'abbé Scholaert se prit à tousser, longuement, difficilement, comme un vieil homme que tenaille un rude catarrhe incurable (Duhamel, Cécile,1938, p. 242).Supposez que vous ayez une maladie grave ou incurable, un cancer sérieux ou une bonne tuberculose, vous n'attraperez jamais la peste ou le typhus (Camus, Peste,1947, p. 1376):
1. ... non. Vous savez trop qu'il n'y a rien à faire, que le cancer est là, implacable, incurable, avec son échéance aussi fatale que le retour du matin et du soir. Vous savez que mon mari est perdu. Bourget, Sens mort,1915, p. 125.
2. [En parlant d'une pers.] Synon. condamné, fichu (fam.).Blessé, malade, paraplégique incurable. Deux ans plus tard elle entrait dans un état mélancolique qui maintenant tournait au délire. Les médecins la jugeaient incurable (Jouve, Paulina,1925, p. 101).Elle a sept ans, dit-elle avec quelque brusquerie. Elle est aveugle-née et incurable (Colette, Pays connu,1949, p. 237):
2. J'achève de vivre, en robe de chambre, dans l'appareil des grands malades incurables, au fond d'un fauteuil à oreillettes où ma mère a attendu sa fin; assis, comme elle, près d'une table couverte de potions, mal rasé, malodorant, esclave de plusieurs manies dégoûtantes. Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 21.
Emploi subst. Les incurables, les infirmes et les vieillards. J'imagine au contraire un incurable qui, se sachant condamné, décide de tirer le meilleur parti du temps qui lui reste et de vivre le plus agréablement possible (Marcel, Journal,1919, p. 201).Peuple immense des malades, auxquels les bien portants ne pensent jamais! Je parle des incurables, de ceux dont la maladie n'est pas un tunnel vite traversé (Mauriac, Journal 1,1934, p. 53).Nous comptions parmi nos curiosités (...) l'Hospice des Incurables pour les hommes, faubourg Saint-Martin (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 28).
P. ell. et p. méton. Les incurables. Service des incurables dans un hôpital; hospice d'incurables. As-tu dit à ta mère que je compte obtenir bientôt son admission aux Incurables de Bayeux? (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1003).Il montrait la vénérable chapelle du dix-septième siècle, conservée intacte, entre les bâtiments modernes de l'hôpital : « C'était l'église des Incurables, bâtie d'après les dessins de M. Gamard... » (Bourget, Actes suivent,1926, p. 138).HIST. [Avec une majuscule] Hôpital charitable du xviiesiècle qui se trouvait sur l'emplacement de l'actuel hôpital Laënnec, à Paris. Il [st Vincent de Paul] dépensait des millions, il construisait des édifices imposants, tels que la Salpêtrière et les Incurables (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 138).
B. − Au fig.
1. [En parlant d'un inanimé]
a) [En parlant d'une souffrance morale] Qui ne peut être effacé. Chagrin, tristesse incurable. La mort de M. de La Rochefoucauld avait laissé cette fidèle amie dans une incurable douleur, contre laquelle sa raison toujours si ferme et si saine devenait impuissante (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 390).De longs cheveux bruns encadraient ce visage mort attristé par un incurable ennui, un ennui espagnol, à la Philippe II (Gautier, Fracasse,1863, p. 301):
3. Et sans doute la femme qui se tenait devant moi, comme devant un juge, avait réellement vécu bien des années dans cette paix terrible des âmes refusées, qui est la forme la plus incurable, la moins humaine, du désespoir. Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1160.
b) [En parlant d'un défaut] Dont on ne peut se débarrasser. Synon. incorrigible, invétéré.Caractère, vice incurable; ignorance, manie, stupidité, paresse, timidité incurable. La sottise humaine est incurable : Molière n'a corrigé personne (Sandeau, Sacs,1851, p. 1).Olivier, qui s'était engagé sur l'honneur à m'écrire, tint sa promesse aussi loyalement que son incurable inertie le lui permettait (Fromentin, Dominique,1863, p. 201).
Rem. Par effet de style, l'adj. s'applique parfois à une qualité. Optimisme incurable. Cet homme n'était pas seulement resté jeune au physique, mais il avait gardé une incurable, une naïve confiance dans le bien (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 54).
2. [En parlant d'une pers.] Qu'on ne peut corriger. Eddie Cantor, bavard incurable, n'intéresse, si l'on peut dire, que pour ce qui l'entoure : de jolies femmes et nombreuses (Arts et litt.,1936, p. 34-5):
4. − Les timides! Je commence à les connaître. Il y en a qui sont incurables, même par la méthode des exercices. Ce sont les sadiques de la timidité. Ils doivent y prendre plaisir. D'autres sont de faux timides. Une leçon, deux leçons, et ils deviennent comme des lions. Duhamel, Combat,1939, p. 46.
Incurable sur + subst. (rare).Mesdames, un deuxième conseil : ne vous mariez point (...) bah! qu'est-ce que je chante là? Je perds mes paroles. Les filles sont incurables sur l'épousaille (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 175).
Emploi subst. C'est un incurable. Puisque cet incurable était encore en retard, MmeHachamoth avait décidé de partir seule (Queneau, Enf. du limon,1938, p. 44).
Prononc. et Orth. : [ε ̃kyʀabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1314 (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, § 22). Empr. au b. lat.incurabilis de même sens, dér. de curabilis, v. curable. Fréq. abs. littér. : 432. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 513, b) 960; xxes. : a) 629, b) 506.
DÉR. 1.
Incurabilité, subst. fém.,rare. Caractère d'un mal ou d'une infirmité incurable; état d'un malade incurable. Anton. curabilité.L'incurabilité de sa maladie a été reconnue par tous les médecins (Ac.).Comme la minceur des mollets exprime douloureusement la débilité du corps! Et pourtant, ces enfants sont gais, joueurs (...) mais leur insouciance ne réjouit pas précisément, elle oppresserait plutôt comme un signe d'incurabilité (Frapié, Maternelle,1904, p. 28).Une légère infirmité même incurable ne rend pas inapte au service et une infirmité grave mais non incurable ne rend inapte que temporairement. Il faut donc justifier la gravité et l'incurabilité (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit.,1954, p. 74).L'incurabilité d'un malade (Lexis1975).Au fig. Sans la bataille de Ratisbonne, c'en était fait de la liberté de l'Allemagne. J'espère que vous aurez peu vu de preuve aussi frappante de l'incurabilité des préjugés (J. de Maistre, Corresp., t. 3, 1808, p. 281).[ε ̃kyʀabilite]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1reattest. 1707 (Dionis, Cours d'opér. de chirurg., p. 385 ds DG); de incurable, suff. -(i)té*.
2.
Incurablement, adv.a) Rare. D'une manière incurable. Incurablement atteint, malade. Le vice et l'état morbide qui, en réalité, n'ont pas cessé de peser incurablement sur eux tandis qu'ils berçaient des rêves de sagesse ou de guérison (Proust, Swann,1913, p. 308).b) Au fig., littér. (souvent p. plais.). De façon irrémédiable, définitive. Incurablement bavard, heureux, jeune, paresseux, stupide. Notre raison, incurablement présomptueuse, s'imagine posséder par droit de naissance ou par droit de conquête, innés ou appris, tous les éléments essentiels de la connaissance de la vérité (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 48).Le timbre sonne au-dessus de nous, et Gonzalez, incurablement en retard, s'envole vers sa loge (Colette, Music-hall,1913, p. 64).Le théâtre d'Henry de Montherlant est incurablement égocentrique, et c'est là sa principale limite (Marcel, Heure théâtr.,1959, p. 51).[ε ̃kyʀabləmɑ ̃]. Att. ds Ac. 1878 et 1935. 1resattest. 1566 (H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 12 − I, 161 − ds Hug.), à nouv. 1834 (Boiste); de incurable, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 29.
BBG. Gohin 1903, p. 345 (s.v. incurabilité).

Wiktionnaire

Adjectif - français

incurable \ɛ̃.ky.ʁabl\ masculin et féminin identiques

  1. Qui ne peut être guéri.
    • Si c'eût été l’œil droit, dit-il, je l'aurais guéri ; mais les plaies de l’œil gauche sont incurables. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, I. Le borgne, 1748)
    • M. Duménil, faible alors, condamné à périr bientôt d'un mal incurable, se trouvait rarement en état de diriger les essais du Marquis : […]. — (Marie-Jeanne Riccoboni, Histoire d’Ernestine, 1762, édition Œuvres complètes de Mme Riccoboni, tome I, Foucault, 1818)
    • Lorsque le célèbre professeur prononce la brochette de mots « maladie orpheline, incurable, pour l'instant, et pas mortelle », j'ai l'impression qu'il fait un exposé à ses étudiants sans penser à l'impact de ses paroles sur l'être humain qui lui fait face. — (Sophie Bennarosh, Maladie de Lyme, empoisonnement aux métaux lourds : Non, ce n'est pas dans ma tête ..., ni dans la vôtre, Éditions Leduc.s, 2017, p. 29)
  2. (Figuré) Incorrigible ; indécrottable.
    • Le dogme de l’incurable méchanceté de l'homme a, d'ailleurs, chez certains de ses adeptes, une autre racine : un plaisir romantique à évoquer la race humaine murée dans une misère fatale et éternelle. — (Julien Benda, La trahison des clercs, 1927, édition revue & augmentée, Grasset, 1946, p.194)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

INCURABLE. adj. des deux genres
. Qui ne peut être guéri. Maladie incurable. Plaie incurable. Ce malade est incurable. Malade incurable ou, comme nom des deux genres, Un incurable, une incurable. Asile d'incurables ou, par ellipse, Les Incurables.

Littré (1872-1877)

INCURABLE (in-ku-ra-bl') adj.
  • 1Qui ne peut être guéri, en parlant de maladies pour lesquelles on ne connaît aucun moyen de guérison ou qui n'en comportent réellement aucun. Les blessures qu'elles [les flèches trempées dans le sang de l'hydre de Lerne] faisaient étaient incurables, Fénelon, Tél. X. Pour ma maladie, elle est incurable, puisqu'elle date de quatre-vingts ans ; c'est un mal qui m'empêche quelquefois d'être aussi exact que je le voudrais dans mes réponses, Voltaire, Lett. Florian, 9 fév. 1774.

    Fig. La plaie de vos yeux est toujours incurable, Régnier, Élégie I. Si jadis aux rives de Loire Vous avez récité l'histoire De mes incurables douleurs, Racan, Ode au Roi. Si Dieu n'eût point été inflexible, si l'aveuglement des peuples n'eût pas été incurable, elle aurait guéri les esprits, et le parti le plus juste aurait été le plus fort, Bossuet, Reine d'Anglet. D'un incurable amour remèdes impuissants, Racine, Phèdre, I, 3. Ô mes enfants, quelle maladie incurable que celle de l'ambition ! Marmontel, Mém. VIII.

  • 2Il se dit aussi des personnes. Ce malade est incurable.

    Substantivement. Un incurable, l'homme ou la femme atteints de maladies incurables.

    S. m. pl. Les Incurables, un hospice d'incurables (en ce sens on met un I majuscule). Il faut voir de ce pas les plus considérables ; L'un demeure au Marais, et l'autre aux Incurables, Boileau, Ép. VI. Arrivée à Paris, Mme de Maintenon se rendit seule aux Incurables chez la marquise de la Sablière, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 169, dans POUGENS.

    Hospice des Incurables (femmes), fondé à Paris en 1637 par les soins du cardinal François de la Rochefoucauld.

SYNONYME

INCURABLE, INGUÉRISSABLE. Dans incurable est cure ; et dans guérissable est guérison. Un mal incurable est donc un mal qui n'a pas de cure, de traitement, et un mal inguérissable est un mal qui n'a pas de guérison. Il y aurait là lieu à synonymie ; mais, comme cure signifie aussi guérison, les acceptions se confondent ; confusion qui s'opère assez facilement entre deux mots qui, avec un sens analogue, proviennent de deux langues différentes (cure du latin, et guérison du germanique).

HISTORIQUE

XIVe s. La plaie est incurable es grelles boiaux, H. de Mondeville, f° 61. Chauveté [par vieillesse] est incurable, se les cheveux ne cheent [tombent] par cause de maladie, Lanfranc, f° 40, verso. Il sunt mauvais et incurables de leur malice, Oresme, Eth. 165. Illiberalité est vice incurable, Oresme, ib. 110.

XVe s. Et puis tomba en grieve maladie incurable, Commines, VI, 13.

XVIe s. Seray-je tousjours butte aux douleurs incurables ? Desportes, Diane, II, 53. Purge et guari mon ame, helas ! presque incurable, Desportes, Œuv. chrestiennes, Sonnet, 10.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

INCURABLE, (Méd.) se dit d’une maladie, d’une incommodité, d’une infirmité qui ne peut être guérie. Voyez aux articles particuliers des diverses maladies, quelles sont celles qui sont incurables, soit par leur nature, soit par leur degré, soit par quelqu’autre circonstance.

Les affections incurables admettent encore quelquefois un traitement palliatif, (Voy. Palliatif.) & demandent aussi quelquefois un régime particulier. Voyez Régime. (b)

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Étymologie de « incurable »

Provenç. et espagn. incurable ; ital. incurabile ; du lat. incurabilis, de in… 1, et curabilis, curable.

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(1314) Du bas latin incurabilis (« qui n'est pas curable »).
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Phonétique du mot « incurable »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
incurable ɛ̃kyrabl

Fréquence d'apparition du mot « incurable » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « incurable »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « incurable »

  • Etre moderne, c'est bricoler dans l'incurable.
    Emil Michel Cioran — Syllogismes de l’amertume
  • Ce que beurre et whisky ne peuvent soigner est incurable.
    Proverbe irlandais
  • Les gens qui ne sont pas capables de jeter, qui hésitent à se séparer de vieilleries qui ne leur sont d'aucune utilité sont d'incurables nostalgiques que le passé entrave.
    Philippe Besson — Se résoudre aux adieux
  • Être moderne, c'est bricoler dans l'Incurable.
    Émile Michel Cioran — Syllogismes de l'amertume, Gallimard
  • Le torticolis du pendu est incurable.
    Ramon Gomez de la Serna
  • Un incurable, c’est celui qui s’entête à revoir son médecin.
    Ylipe — Textes sans paroles
  • Les blessures d’amour-propre deviennent incurables quand l’oxyde d’argent y pénètre.
    Honoré de Balzac
  • Si je n’avais pas écrit je serais devenue une incurable de l’alcool.
    Marguerite Duras — Ecrire
  • Quant une femme frappe dans le coeur d'une autre, elle manque rarement de trouver l'endroit sensible, et la blessure est incurable.
    Pierre Choderlos de Laclos — Lettres
  • La jeunesse n'est pas une maladie incurable.
    Jacques Poulin — Les grandes marées
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Traductions du mot « incurable »

Langue Traduction
Basque sendaezinak
Anglais incurable
Espagnol incurable
Italien incurabile
Allemand unheilbar
Chinois 不治之症
Arabe عضال
Portugais incurável
Russe неизлечимый
Japonais 不治
Corse incurabile
Source : Google Translate API

Synonymes de « incurable »

Source : synonymes de incurable sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « incurable »

Combien de points fait le mot incurable au Scrabble ?

Nombre de points du mot incurable au scrabble : 13 points

Incurable

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