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Héros

Variantes Singulier Pluriel
Masculin héro héros

Définitions de « héros »

Trésor de la Langue Française informatisé

HÉROS, HÉROÏNE1, subst.

I. − Héros, subst. masc.
A. − MYTH. Être fabuleux, la plupart du temps d'origine mi-divine, mi-humaine, divinisé après sa mort. Synon. demi-dieu.Des hymnes, des traditions sacrées (...) rappelaient à tous les Grecs les hauts faits du héros de Tirynthe, du fameux fils de Jupiter et d'Alcmène, (...) le grand Hercule, le héros des douze travaux, celui-là même à qui les Grecs attribuaient tant d'actions merveilleuses, et qu'ils honoraient sous les formes d'un héros, vêtu de la peau du lion et armé de la massue (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 121).Mes guides m'entraînent vers les sculptures du temple de Thésée (...). Si le héros divinisé, plane du haut de l'Olympe immobile, les autres personnages − simples mortels − ont les mouvements les plus animés (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 181) :
1. Puis, les monstres sortirent avec tumulte de son sein [de la terre], et un peu plus tard les héros. Nul n'ignore que le dernier de ces races évanouies, instruit sur le penchant des collines de Thessalie, naquit de Thétis blanchissante. Ce demi-dieu n'oubliait pas de venir implorer dans les difficultés la déesse dont il avait hérité le courage... Maurras, Chemin Paradis,1894, p. 204.
B. − Personnage légendaire auquel la tradition attribue des exploits prodigieux. Les étudiants de Gœttingue qui étaient là, pensaient aux héros des Niebelungen, aux personnages des légendes du Rhin (Péladan, Vice supr.,1884, p. 155).Les légendes irlandaises aiment à opposer Ossian, chantant les héros, les guerres, les chasses magnifiques, etc., à saint Patrice et à son troupeau psalmodiant (Renan, Avenir sc.,1890, p. 520).La longue épopée des héros d'autrefois, contée en d'innombrables chansons de geste (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 114).
II. − Héros, héroïne1, subst.
A. −
1. Homme, femme qui incarne dans un certain système de valeurs un idéal de force d'âme et d'élévation morale. Il admirait de loin l'ascète ou le héros, tous ceux dont la grandeur ou le sublime éveillait en lui une sourde résonance vaguement douloureuse (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 139).Non, dit-il, des pacifistes, ce sont des héros. Ce sont des gens qui sacrifient leurs intérêts à une idée qu'ils ont dans la tête (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 56) :
2. Chez cette silencieuse, si frêle, déjà l'héroïne se réveillait. Elle ne craignait rien, elle avait une âme ferme, invincible. Dans sa douleur, elle ne songeait plus qu'à ravoir le corps de son mari, pour l'ensevelir. Zola, Débâcle,1892, p. 367.
En partic.
Homme, femme qui fait preuve, dans certaines circonstances, d'une grande abnégation :
3. Les héros de la science sont ceux qui, capables des vues les plus élevées, ont pu se défendre toute pensée philosophique anticipée, et se résigner à n'être que d'humbles monographes, quand tous les instincts de leur nature les eussent portés à voler aux hauts sommets. Renan, Avenir sc.,1890, p. 235.
Combattant(e) remarquable par sa bravoure et son sens du sacrifice. Glorieux, vaillant héros; héros de la Grande Armée, de la Révolution; héroïnes de la Résistance; mourir, se comporter en héros. J'eus l'idée d'une très originale thèse de doctorat. Il s'agissait d'établir un parallèle entre l'héroïne berbère du viiesiècle, qui lutta contre l'envahisseur arabe, la Kahena, et l'héroïne française qui lutta contre l'envahisseur anglais, Jeanne d'Arc (Benoit, Atlant.,1919, p. 141).Resté seul avec une poignée de fidèles, il se défendit en héros (Grousset, Croisades,1939, p. 4).Je ne mets en scène ni les maquisards ni les saboteurs des usines (entre autres exemples), qui furent parmi les plus purs et les plus désintéressés héros de la Résistance (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 5).
P. appos. À la vigueur rapide dont ils étaient servis, à la mobilité parfaite dont les bataillons les facilitaient en s'ouvrant et se refermant, on eût pu reconnaître non seulement le peuple héros, mais le peuple militaire (Michelet, Hist. de la Révol. fr., Paris, Gallimard, t. 2, 1952 [1853], p. 608).
Loc. [Avec le subst. masc.]
Loc. proverbiale. Il n'y a point de héros pour son valet de chambre. Les proches des grands hommes, sont souvent témoins de leurs faiblesses et de leurs défauts. (Ds Littré, DG, Rob.).
Être le héros de qqn (fam.). Incarner toutes les vertus aux yeux de quelqu'un; être l'objet d'une admiration excessive de la part de quelqu'un. Vous êtes son héros. C'est son héros, il ne cesse de le vanter (Ac. 1835-1935).
2. P. ext.
a) Homme, femme qui porte un trait de caractère à son plus haut degré. Synon. champion (fam.), modèle, parangon de (qqc.).C'est un héros de sagesse, de désintéressement, de constance (Ac. 1835-1935). Ayant à écrire sur Napoléon, je voudrais pouvoir montrer parfaitement cette misère des contemporains du plus grand des hommes, qui eussent dû, à défaut de compréhension supérieure, être des héros de dévouement et d'obéissance, des héros d'admiration (Bloy, Journal,1903, p. 180).
b) [Avec une intention plais.] Homme, femme qui se distingue dans une activité particulière. On m'accabla de félicitations. Je devins le héros de l'enquête, le champion du travail national (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 239).Elle était, au su de l'univers, une héroïne de l'épargne (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 113).
En partic.
Héros de la fête. Celui en l'honneur de qui la fête est donnée; celui qui y brille. Le suisse et le bedeau se trouvèrent à leur poste, et furent moins étonnés de la magnificence du pourboire en apprenant que le héros de la fête était un marchand de vin (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 288).
Héros du jour. Celui qui se trouve sous les feux de l'actualité, qui fait momentanément l'objet de l'attention, de la considération générales. Tout a été dit sur le travail long, inspiré du véritable héros du jour, ce peintre (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 735).
B. −
1. Principal personnage masculin ou féminin d'une œuvre artistique. Héros, héroïne d'un conte, d'un film, d'une pièce de théâtre. Les rêves de modistes parfumées au musc s'attachant à tous les héros des romans d'aventures (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Soir, 1889, p. 1141).Dans Adrienne Mesurat, l'héroïne fait tomber son père dans l'escalier, où elle passe ensuite une partie de la nuit (Green, Journal,1933, p. 137) :
4. Les trois héros [de Volupté, Mademoiselle de Maupin, Le Rouge et le Noir] en sont presque surhumains : le premier, Amaury, par son inépuisable effusion mystique; le second, d'Albert, par son infatigable élan vers le Beau; le troisième, Julien, par l'intarissable jet de sa volonté. Bourget, Essais psychol.,1883, p. 104.
Au fig., fam. Héros, héroïne de roman. Homme, femme auxquels arrivent des aventures extraordinaires qui semblent sorties de l'imagination d'un romancier. − Christian (...) : Il me faudrait de l'éloquence! − Cyrano (...) : Je t'en prête! Toi, du charme physique et vainqueur, prête-m'en : Et faisons à nous deux un héros de roman! (Rostand, Cyrano, 1898, II, 10, p. 102).
En partic. [Suivi d'un déterm.] Personnage masculin ou féminin propre à un auteur, p. ext., à un genre, à une époque. Héros cornélien; héroïnes balzaciennes, le héros romantique. Tous les héros de Dostoïevsky s'interrogent sur le sens de la vie. C'est en cela qu'ils sont modernes (Camus, Sisyphe,1942, p. 142).V. brave ex. 12.
2. Homme, femme, qui joue le rôle principal (dans un événement). Héros, héroïne de l'aventure; héros, héroïne d'un fait divers. Vous souvenez-vous d'un fait divers qu'on a lu dans les journaux (...), l'histoire du club des suicidées? (...) Je pourrais vous réciter les noms des héroïnes de cette anecdote (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 320).Ces collégiens ignorent tout du père Ébé en dehors de sa classe, de son trajet quotidien entre son domicile et le lycée (...). Ils en font le héros de toutes les aventures possibles (Thibaudet, Réfl. litt.,1936, p. 169).Toute une société desséchée par l'intelligence, avait besoin de recommencer à croire à l'amour, et (...) cet homme déjà vieillissant et qu'on n'avait jamais aimé (...) devint le héros de ce retour à la fidélité et à l'amour (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 71).
Prononc. : [eʀo] init. asp., [eʀ ɔin] init. non asp. Homon. héraut, héroïne (méd.). Au masc., aspiration non étymol. pour empêcher la liaison et éviter le calembour : les héros/les zéros. L'aspiration remonte à l'apparition du mot zéro dans la lang. (xves.). Elle n'a pas lieu d'exister dans les autres mots de la famille. Étymol. et Hist. I. 1. 1372-74 mythol. heroes (Oresme, Politiques, éd. A. D. Menut, p. 372a); 2. 1555 herôs « homme de grande valeur, digne d'estime » (Ronsard, Hymnes, Prière à la Fortune, éd. P. Laumonier, t. 8, p. 109, 157); 3. 1651 « personnage principal dans une œuvre littéraire » (Scarron, Roman Comique, éd. E. Magne, p. 12). II. 1. 1554 « femme qui est le principal personnage dans une œuvre littéraire » (Ronsard, Bocage, t. 6, p. 28, 23); 2. 1578 « femme qui s'est distinguée par une action d'éclat (ici cont. mythol.) » (Id., Sonnets pour Hélène, 47, t. 17, p. 237, 23). I empr. au lat. heros « demi-dieu » et « homme de grande valeur », du gr. η ́ ρ ω ς « demi-dieu », « tout homme élevé au rang de demi-dieu ». II empr. au lat. heroinē, heroina « demi-déesse, héroïne », du gr. η ̔ ρ ω ι ́ ν η « id. ».
STAT. − Fréq. abs. littér. Héros : 4 657. Héroïne : 495. Fréq. rel. littér. Héros : xixes. : a) 8 730, b) 5 818; xxes. : a) 5 505, b) 5 926. Héroïne : xixes. : a) 662, b) 563; xxes. : a) 728, b) 799.
BBG. Bonnaud-Lamotte (D.). Contribution des programmes informat. de dép. et d'analyse à la lexicol. de la crit. littér. marxiste. Trav. Lexicom. Lexicol. pol. 1977, no2, p. 37. - Delb. Matér. 1880, p. 164. - Hamon (P.). Analyse du récit. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 144.

Wiktionnaire

Adjectif - français

héros (h aspiré)\e.ʁo\

  1. (Désuet) Héroïque.
    • Guise avec plus d’éclat [que Mayenne] éblouissait les yeux,
      Fut plus grand, plus héros, mais non plus dangereux.
      — (Voltaire, La Henriade, III)

Nom commun - français

héros (h aspiré)\e.ʁo\ masculin (pour une femme, on dit : héroïne) singulier et pluriel identiques

  1. (Antiquité) Nom donné par Homère aux hommes d’un courage et d’un mérite supérieur, favoris particuliers des dieux, et dans Hésiode à ceux qu’on disait fils d’un dieu et d’une mortelle ou d’une déesse et d’un mortel.
    • Ce héros [Achille] si terrible au reste des humains […] Elle l’a vu pleurer et changer de visage. — (Jean Racine, Iphigénie, IV, 1)
    • Les brigands et les animaux féroces qui infestaient la terre, rendaient les exploits des guerriers nécessaires à la sécurité individuelle de leurs concitoyens. [...] On confondait ensemble les héros et les dieux, parce qu’on en attendait les mêmes secours. — (Germaine de Staël, De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, 1800)
    • Le peuple lui décerna [à Gélon] les honneurs qu’on rendait alors aux demi-dieux, appelés autrement les héros. — (Charles Rollin, Historique ancien, Œuvres, tome III, page 455, dans Pougens)
    • L’histoire nous dit que les premiers héros n’ont été que des destructeurs de bêtes. — (Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, Histoire naturelle : Quadrupèdes : Animaux domestiques)
  2. (Figuré) Personne qui se distingue par une valeur extraordinaire ou des succès éclatants à la guerre, qui réussit des actions périlleuses.
    • C’est un sujet de consolation pour notre pauvre humanité, de voir qu’il y a eu de l’homme dans les héros. — (Jean-Louis Guez de Balzac, De la cour, 6e discours)
    • Un héros arrêté n’a que deux bras à lui. — (Pierre Corneille, Suréna, IV, 1)
    • Loin de nous les héros sans humanité ! Ils pourront bien forcer les respects et ravir l’admiration, comme font tous les objets extraordinaires ; mais ils n’auront pas les cœurs. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Louis de Bourbon)
    • Ce qui fait le héros, ce qui porte la gloire du monde jusqu’au comble, valeur, magnanimité, bonté naturelle, voilà pour le cœur ; vivacité, pénétration, grandeur et sublimité de génie, voilà pour l’esprit… — (Jacques-Bénigne Bossuet, Louis de Bourbon)
    • Il [le Père Mascaron] nous a dit qu’un Héros étoit un voleur, qui fait à la tête d’une armée ce qu’un voleur fait tout seul : notre Maitre n’a pas été content de la comparaison : jusqu’ici c’est un secret : en tout, il déplait au Roi & aux gens d’esprit. — (Marquise de Maintenon, Lettres de Madame de Maintenon : XVII : À M. l’Abbé Gobelin, 9 février 1675)
    • Ce héros [Mithridate] dans mes bras est tombé tout sanglant. — (Jean Racine, Mithridate, V, 4)
    • Il semble que le héros est d’un seul métier, qui est celui de la guerre ; et que le grand homme est de tous les métiers, ou de la robe, ou de l’épée, ou du cabinet, ou de la cour : l’un et l’autre mis ensemble ne pèsent pas un homme de bien. — ( Bruyère, Les Caractères de la Bruyère: II : Du Mérite personnel)
    • On traite de héros un homme qui fait la conquête, c’est-à-dire qui subjugue injustement les pays d’un État voisin. — (François de Salignac de La Mothe-Fénelon, tome XXII, page 286)
    • Il y a une infinité de gens de guerre qui sont des héros dans l’action, & hors de-là ne font guère de réflexions sur leur métier. — (Bernard le Bouyer de Fontenelle, Éloge de M. De Ressons)
    • Il est assez ordinaire à ces héros qui brillent dans les combats et dans les actions guerrières, de paraître très faibles et très médiocres dans d’autres temps, et par rapport à d’autres objets. — (Charles Rollin, Œuvres : Historique ancien, tome II, page 297, dans Pougens)
    • Montrez-nous, héros magnanimes,
      Votre vertu dans tout son jour ;
      Voyons comment vos cœurs sublimes
      Du sort soutiendront le retour.
      — (Jean-Baptiste Rousseau, Ode à la Fortune)
    • Mais au moindre revers funeste,
      Le masque tombe, l’homme reste,
      Et le héros s’évanouit.
      — (Jean-Baptiste Rousseau, Ode à la Fortune)
    • Les rois de Suède ses successeurs [de Christine] jusqu’à Charles XII ne firent presque rien de digne du grand Gustave ; et Charles XII, qui fut un héros, n’eut pas la prudence qui en eût fait un grand homme. — (Voltaire, Mélanges historiques : Fragmens sur l’histoire, article XXVIII : Anecdotes sur Louis XIV)
    • Avant elle [l’impératrice de Cimmérie] des hommes malheureusement puissans envoyaient des troupes de meurtriers ravir à des peuplades inconnues et arroser de leur sang les héritages de leurs pères ; on appelait ces assassins des héros ; leur brigandage était de la gloire. — (Voltaire, La Princesse de Babylone, VI)
    • Un roi soldat est appelé un héros […] un monarque législateur, fondateur et guerrier est le véritable grand homme ; et le grand homme est au-dessus du héros ; je crois donc que vous serez content quand je ferai cette distinction. — (Voltaire, Recueil des lettres de M. de Voltaire : Lettre à M. le comte de Schouvalof, 17 juillet 1758)
    • Et qu’est-ce qu’un héros ? - Mon enfant, c’est le brave. — (Ducis, Oscar, IV, 1)
    • Les voilà ces héros si longtemps invincibles [les soldats de Waterloo] ! Ils menacent encor les vainqueurs étonnés ; Glacés par le trépas, que leurs yeux sont terribles ! Que de hauts faits écrits sur leurs fronts sillonnés ! — (Casimir Delavigne, Messéniennes, Waterloo)
    • Il [Ney] donna trois heures au ralliement ; et, sans se laisser agiter par l’impatience et le péril de l’attente, on le vit s’envelopper de son manteau, et, ces trois heures si dangereuses, les passer à dormir profondément sur le bord du fleuve ; tant il avait le tempérament des grands hommes, une âme forte dans un corps robuste, et cette santé vigoureuse sans laquelle il n’y a guère de héros ! — (Sophie de Ségur, Historique de Napoléon, X, 8)
    • Sourds aux leçons efféminées
      Dont le siècle aime à les nourrir
      [les princes].
      Il saura que les destinées
      Font roi pour régner ou mourir ;
      Que des vieux héros de sa race
      Le premier titre fut l’audace,
      Et le premier trône un pavois ;
      Et qu’en vain l’humanité crie :
      Le sang versé pour la patrie
      Est toujours la pourpre des rois !
      — (Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, I, 15 : La Naissance du duc de Bordeaux)
    • Hélas ! Si tous les héros n’ont pas été récompensés comme ils méritaient de l’être, tous les traîtres n’ont pas été punis. — (Jacques Mortane, Missions spéciales, 1933, page 32)
    • J'’appris dans la suite à mieux connaître le militaire qui est à portée du bruit et non à portée des coups. Il admire plus qu’on ne croirait ceux qui vont plus loin ; il les prend aisément pour des héros ; peut-être il les envie. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 14)
    • — C’est un héros, dit Pierson avec gravité.
      — Oui, dit Maillat, c’est le type même du héros. Il n’est pas capable d’imaginer sa propre mort. Seulement celle des gens d’en face.
      — (Robert Merle, Week-end à Zuydcoote, 1949, réédition Le Livre de Poche, page 140)
    • N’est pas héros qui veut ; ni le courage ni le don ne suffisent, il faut qu’il y ait des hydres et des dragons. — (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 148)
  3. Toute personne qui se distingue par la force du caractère, la grandeur d’âme, une haute vertu.
    • Haï, Épicure le fut et le sera parce qu’il est un des héros de l’humanité. […] Et si, à sa suite, l’ensemble de l’épicurisme fut maudit, et calomnié comme libertinage dévergondé, c’est parce qu’il guérit de la peur dont tout pouvoir, religieux ou politique, a besoin ! — (Robert Redeker, Les Épicuriens, professeurs de liberté, dans Marianne du 5 au 11 février 2011, pages 72-73)
    • C’est du fils d’un tyran que j’ai fait ce héros. — (Pierre Corneille, Héraclius empereur d’Orient, IV, 5)
    • Ouvrez les yeux, chrétiens, et regardez ce héros dont nous pouvons dire comme saint Paulin disait du grand Théodose, que nous voyons en Louis, non un roi, mais un serviteur de Jésus-Christ, et un prince qui s’élève au-dessus des hommes plus encore par sa foi que par sa couronne. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d’Autriche)
    • L’amour peut bien remuer le cœur des héros du monde [Louis XIV], il peut y soulever des tempêtes et y exciter des mouvements qui fassent trembler les politiques, et qui donnent des espérances aux insensés ; mais il y a des âmes d’un ordre supérieur à ses lois… — (Jacques-Bénigne Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d’Autriche)
    • Ce n’est pas que mon cœur, du travail ennemi,
      Approuve un fainéant sur le trône endormi :
      Mais, quelques vains lauriers que promette la guerre,
      On peut être héros sans ravager la terre.
      — (Nicolas Boileau-Despréaux, Épîtres, I : Au Roi : Contre les conquêtes)
    • Ah ! Il faut n’être pas né médiocre pour cela : la grâce a ses héros qui ne doivent rien à ceux que les siècles passés ont admirés […] — (Jean-Baptiste Massillon, Discours prononcé à une bénédiction des drapeaux du régiment de Catinat)
    • […] et le juste a la réalité de toutes les grandes vertus dont le héros mondain n’a souvent que la réputation et l’image. — (Jean-Baptiste Massillon, Panégyriques : Sermon pour le jour de saint Louis, roi de France)
    • Tu [Brutus] veux être un héros, va, tu n’es qu’un barbare […] — (Voltaire, La Mort de César, II, 1)
    • Le vulgaire est content s’il remplit son devoir ;
      Il faut plus au héros.
      — (Voltaire, Tancrède, V, 3)
  4. On l’emploie quelquefois avec le même sens par plaisanterie.
    • Il a été un héros de courage chez le docteur.
  5. (Littérature) Personnage principal d’un poème, d’un roman, d’une pièce de théâtre.
    • A son arrivée dans Paris, Louis Pasteur ne ressemblait guère à cet étudiant, héros de Balzac, qui jetait à la grande ville ce cri plein de confiance : « A nous deux ! » — (René Vallery-Radot, La vie de Pasteur, Hachette, 1900, Flammarion, 1941, page 16)
    • « Kevin contre la GroKo », cela pourrait être le titre d'une épopée enfantine et chevaleresque où un jeune héros finit par terrasser le monstre et réveiller la belle princesse endormie. Mais c'est bien autre chose. — (Thomas Schnee, Kevin contre la GroKo, dans Marianne, n° 1092 du 16 au 22 février 2018, page 44)
    • Souvent, sans y penser, un écrivain qui s’aime
      Forme tous ses héros semblables à soi-même
      […] — (Nicolas Boileau-Despréaux, L’Art poétique, III)
  6. (Vieilli)(Par extension) Personne à qui il arrive une aventure
  7. (Vieilli) Le personnage qu’on loue dans une solennité.
    • […] la solennité des éloges veut presque être soutenue par le faste du héros qu’on loue ; et il semble que l’orateur n’a jamais plus besoin d’art que lorsqu’il n’a qu’à louer la vérité et la justice. — (Jean-Baptiste Massillon, Oraison funèbre de M. de Villars)
  8. (Vieilli) Personne qui se distingue dans la pratique de quelque chose, en bien ou en mal.
    • […] des pécheurs célèbres et déclarés […] qu’on regardait comme des héros dans l’impiété et le libertinage […] — (Jean-Baptiste Massillon, Sermon pour le dimanche de la Passion : Sur l’évidence de la loi de Dieu)
    • Protecteur de mon sang, héros de l’amitié. — (Voltaire, Oreste, V, 7)
    • Nous avons vu périr successivement tous ceux qui ont eu part à ces expéditions [mesures d’un degré du méridien] : M. le Monnier reste seul. Il a réuni sur sa personne tous les sentiments qu’un zèle si généreux et si noble nous avait inspirés pour ces héros de l’astronomie […] — (Marquis de Condorcet, Éloge de M. de Maurepas)
    • Chacun de ces derniers jours avait eu ses hommes remarquables ; entre autres celui du 16, Eugène, celui du 17, Mortier ; mais dès lors tous proclamèrent Ney le héros de la retraite. — (Sophie de Ségur, Historique de Napoléon, X, 9)
  9. (Figuré) Personne qui est l’objet de l'admiration d’une autre.
    • Aux encens qu’elle donne à son héros d’esprit. — (Molière, Les Femmes savantes, I, 3)
    • Le chevalier de Grammont était, dès ce temps-là, son héros [Saint-Évremond]. — (Antoine Hamilton, Mémoires de Grammont, VI)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

HÉROS. (H est aspirée.) n. m.
Demi-dieu de l'antiquité. Les héros de la Fable. Hercule, Achille, Énée étaient des héros. Il se dit plus ordinairement de Ceux qui se distinguent par une valeur extraordinaire, qui obtiennent à la guerre des succès éclatants, qui exécutent de grandes et périlleuses entreprises. Les héros de l'Iliade. Les héros de l'antiquité. Vaillant héros. Il mourut en héros. Le modèle des héros. Il se dit, dans un sens plus général, de Tout homme qui se distingue par l'élévation et la force du caractère, par une grande noblesse d'âme, par quelque haute vertu. Il s'est comporté en héros. C'est un héros de sagesse, de désintéressement, de constance, etc. On l'emploie quelquefois en ce sens par plaisanterie. Le héros d'un poème, d'un conte, d'un roman, d'une pièce de théâtre, etc., Le principal personnage d'un poème, d'un conte, etc. Achille est le héros de l'Iliade. Énée est le héros de l'Énéide. Le héros de ce drame passe par toutes sortes d'épreuves. Fig. et fam., Un héros de roman, Un personnage qui, par ses dons, ses allures, ses actes, parle à l'imagination. Fam., Le héros d'une aventure, Celui à qui elle est arrivée, qui en a été le principal acteur. Il a été le héros de plus d'une aventure. C'est le héros de l'aventure que je vous ai contée. L'aventure dont il fut le triste héros. Fig. et fam., Le héros de la fête, Le personnage pour qui elle se donne. Fig. et fam., Vous êtes son héros, Vous êtes l'objet de son admiration. C'est son héros, il ne cesse de le vanter.

Littré (1872-1877)

HÉROS (hé-rô ; l's se lie : un hé-rô-z illustre) s. m.
  • 1 Terme d'antiquité. Nom donné dans Homère aux hommes d'un courage et d'un mérite supérieur, favoris particuliers des dieux, et dans Hésiode à ceux qu'on disait fils d'un dieu et d'une mortelle ou d'une déesse et d'un mortel. Ce héros [Achille] si terrible au reste des humains… Elle l'a vu pleurer et changer de visage, Racine, Iphig. IV, 1. Le peuple lui décerna [à Gélon] les honneurs qu'on rendait alors aux demi-dieux, appelés autrement les héros, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 455, dans POUGENS. L'histoire nous dit que les premiers héros n'ont été que des destructeurs de bêtes, Buffon, Anim. dom.
  • 2 Fig. Ceux qui se distinguent par une valeur extraordinaire ou des succès éclatants à la guerre. C'est un sujet de consolation pour notre pauvre humanité, de voir qu'il y a eu de l'homme dans les héros, Guez de Balzac, De la cour, 6e disc. Un héros arrêté n'a que deux bras à lui, Corneille, Suréna, IV, 1. La tendresse n'est point la vertu des héros, Corneille, ib. V, 3. Loin de nous les héros sans humanité ! ils pourront bien forcer les respects et ravir l'admiration, comme font tous les objets extraordinaires ; mais ils n'auront pas les cœurs, Bossuet, Louis de Bourbon. Ce qui fait le héros, ce qui porte la gloire du monde jusqu'au comble, valeur, magnanimité, bonté naturelle, voilà pour le cœur ; vivacité, pénétration, grandeur et sublimité de génie, voilà pour l'esprit…, Bossuet, ib. Il nous a dit qu'un héros était un voleur qui fait à la tête d'une armée ce qu'un voleur fait tout seul, Maintenon, Lett. à l'abbé Gobelin, 9 février 1675. Ce héros [Mithridate] dans mes bras est tombé tout sanglant, Racine, Mithr. V, 4. Il semble que le héros est d'un seul métier, qui est celui de la guerre, et que le grand homme est de tous les métiers, ou de la robe, ou de l'épée, ou du cabinet, ou de la cour, La Bruyère, II. On traite de héros un homme qui fait la conquête, c'est-à-dire qui subjugue injustement les pays d'un État voisin, Fénelon, t. XXII, p. 286. Il y a une infinité de gens de guerre qui sont des héros dans l'action, et hors de là ne font guère de réflexions sur leur métier, Fontenelle, Ressons. Il est assez ordinaire à ces héros qui brillent dans les combats et dans les actions guerrières, de paraître très faibles et très médiocres dans d'autres temps, et par rapport à d'autres objets, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 297, dans POUGENS. Montrez-nous, héros magnanimes, Votre vertu dans tout son jour ; Voyons comment vos cœurs sublimes Du sort soutiendront le retour, Rousseau J.-B. Ode à la Fortune. Mais au moindre revers funeste, Le masque tombe, l'homme reste, Et le héros s'évanouit, Rousseau J.-B. ib. Charles XII, qui fut un héros, n'eut pas la prudence qui en eût fait un grand homme, Voltaire, Fragm. sur l'hist. art. 28. On appelait ces assassins des héros ; leur brigandage était de la gloire, Voltaire, Princ. de Babyl. Un roi soldat est appelé un héros… un monarque législateur, fondateur et guerrier est le véritable grand homme ; et le grand homme est au-dessus du héros ; je crois donc que vous serez content quand je ferai cette distinction, Voltaire, Lett. Schouvalof, 17 juill. 1758. Et qu'est-ce qu'un héros ? - Mon enfant, c'est le brave, Ducis, Oscar, IV, 1. Les voilà ces héros si longtemps invincibles [les soldats de Waterloo] ! Ils menacent encor les vainqueurs étonnés ; Glacés par le trépas, que leurs yeux sont terribles ! Que de hauts faits écrits sur leurs fronts sillonnés ! Delavigne, Messéniennes, Waterloo. Il [Ney] donna trois heures au ralliement ; et, sans se laisser agiter par l'impatience et le péril de l'attente, on le vit s'envelopper de son manteau, et, ces trois heures si dangereuses, les passer à dormir profondément sur le bord du fleuve ; tant il avait le tempérament des grands hommes, une âme forte dans un corps robuste, et cette santé vigoureuse sans laquelle il n'y a guère de héros ! Ségur, Hist. de Nap. X, 8. [Le duc de Bordeaux] Sourd aux leçons efféminées Dont le siècle aime à les nourrir [les princes], Il saura que les destinées Font roi pour régner ou mourir ; Que des vieux héros de sa race Le premier titre fut l'audace, Et le premier trône un pavois, Lamartine, Médit. I, 15.

    Adjectivement. Guise avec plus d'éclat [que Mayenne] éblouissait les yeux, Fut plus grand, plus héros, mais non plus dangereux, Voltaire, Henr. III.

  • 3Tout homme qui se distingue par la force du caractère, la grandeur d'âme, une haute vertu. C'est du fils d'un tyran que j'ai fait ce héros, Corneille, Héracl. IV, 5. Ouvrez les yeux, chrétiens, et regardez ce héros dont nous pouvons dire comme saint Paulin disait du grand Théodose, que nous voyons en Louis, non un roi, mais un serviteur de Jésus-Christ, et un prince qui s'élève au-dessus des hommes plus encore par sa foi que par sa couronne, Bossuet, Mar.-Thér. L'amour peut bien remuer le cœur des héros du monde [Louis XIV], il peut y soulever des tempêtes et y exciter des mouvements qui fassent trembler les politiques, et qui donnent des espérances aux insensés ; mais il y a des âmes d'un ordre supérieur à ses lois…, Bossuet, Mar.-Thér. On peut être héros sans ravager la terre, Boileau, Épît. I. La grâce a ses héros, Massillon, Pet. car. Drapeaux. Le juste a la réalité de toutes les grandes vertus dont le héros mondain n'a souvent que la réputation et l'image, Massillon, Panégyr. St Louis. Tu [Brutus] veux être un héros, va, tu n'es qu'un barbare, Voltaire, M. de Cés. II, 1. Le vulgaire est content s'il remplit son devoir ; Il faut plus au héros, Voltaire, Tancr. V, 3.

    On l'emploie quelquefois en ce sens par plaisanterie. Il a pris médecine en héros.

  • 4 Terme de littérature. Personnage principal d'un poëme, d'un roman, d'une pièce de théâtre. Achille est le héros de l'Iliade. …Un écrivain qui s'aime Forme tous ses héros semblables à soi-même, Boileau, Art p. III.

    Le personnage qu'on loue dans une solennité. La solennité des éloges veut presque être soutenue par le faste du héros qu'on loue ; et il semble que l'orateur n'a jamais plus besoin d'art que lorsqu'il n'a qu'à louer la vérité et la justice, Massillon, Villars.

    Héros de roman, héros qui figurent dans les romans de Mlle Scudéry [la Clélie, le Cyrus] et dont Boileau s'est moqué. Elle y perdait [dans la lecture de l'histoire] insensiblement le goût des romans et de leurs fades héros, Bossuet, Duch. d'Orl. Tous ces héros sont-ils connus dans l'histoire ? - Non ; il y en a beaucoup de chimériques parmi eux. - Des héros chimériques ! et sont-ce des héros ? - Comment ! Si ce sont des héros ! ce sont eux qui ont toujours le haut bout dans les livres et qui battent infailliblement les autres, Boileau, Héros de romans.

    Par extension. Héros de roman, personnage à qui il est arrivé des aventures extraordinaires. Le comte de Guiche est à la cour, tout seul de son air et de sa manière : un héros de roman, qui ne ressemble point au reste des hommes, Sévigné, 89.

    Le héros d'une aventure, celui à qui elle est arrivée.

  • 5Le héros d'une chose, celui qui y brille d'une manière excellente en bien ou en mal. Des pécheurs qu'on regardait comme des héros dans l'impiété, Massillon, Carême, Évid. Protecteur de mon sang, héros de l'amitié, Voltaire, Oreste, V, 7. Nous avons vu périr successivement tous ceux qui ont eu part à ces expéditions [mesures d'un degré du méridien] ; M. le Monnier reste seul ; il a réuni sur sa personne tous les sentiments qu'un zèle si généreux et si noble nous avait inspirés pour ces héros de l'astronomie, Condorcet, Maurepas. Chacun de ces derniers jours avait eu ses hommes remarquables ; entre autres celui du 16, Eugène, celui du 17, Mortier ; mais dès lors tous proclamèrent Ney le héros de la retraite, Ségur, Hist. de Nap. X, 9.

    Le héros du jour, l'homme qui, en un certain moment, attire sur soi toute l'attention du public.

    Le héros de la fête, celui pour qui elle se donne. On dit qu'un autre que moi est le héros de la fête, Fagan, Pupille, 23.

    Familièrement. C'est son héros, c'est l'objet de son admiration. Aux encens qu'elle donne à son héros d'esprit, Molière, Femmes sav. I, 3. Le chevalier était son héros, Hamilton, Gramm. 6.

  • 6Papillon diurne.

    PROVERBE

    Il n'y a point de héros pour son valet de chambre, ceux qui vivent très près d'un homme connaissent les faiblesses, les défauts, les vices qui échappent à la vue du public.

REMARQUE

L'h est aspirée dans héros ; mais elle ne l'est dans aucun des dérivés.

HISTORIQUE

XIVe s. Heros, telz sont comme Diex ou anges, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVIe s. Telle troupe d'heros, l'eslite de la Grece, Accompagnoient Jason d'un cœur plein d'allegresse, Ronsard, 840.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

HÉROS, s. m. (Gramm.) le terme de héros, dans son origine, étoit consacré à celui qui réunissoit les vertus guerrieres aux vertus morales & politiques ; qui soutenoit les revers avec constance, & qui affrontoit les périls avec fermeté. L’héroïsme supposoit le grand homme, digne de partager avec les dieux le culte des mortels. Tels furent Hercule, Thesée, Jason, & quelques autres. Dans la signification qu’on donne a ce mot aujourd’hui, il semble n’être uniquement consacré qu’aux guerriers, qui portent au plus haut degré les talens & les vertus militaires ; vertus qui souvent aux yeux de la sagesse, ne sont que des crimes heureux qui ont usurpé le nom de vertus, au lieu de celui de qualités, qu’elles doivent avoir.

On définit un héros, un homme ferme contre les difficultés, intrépide dans le péril, & très-vaillant dans les combats ; qualités qui tiennent plus du tempérament, & d’une certaine conformation des organes, que de la noblesse de l’ame. Le grand homme est bien autre chose ; il joint aux talens & au génie la plûpart des vertus morales ; il n’a dans sa conduite que de beaux & de nobles motifs ; il n’écoute que le bien public, la gloire de son prince, la prospérité de l’état, & le bonheur des peuples. Le nom de César, donne l’idée d’un héros ; celui de Trajan, de Marc-Aurele ou d’Alfred, nous présente un grand homme. Titus réunissoit les qualités du héros, & celles du grand-homme ; cependant, pourquoi Titus est-il plus loué par ses bienfaits, que par ses victoires ? C’est que les qualités du cœur l’emportent toûjours sur les présens de la fortune & de la nature ; c’est que la gloire qu’on acquiert par les armes est, si j’ose m’exprimer ainsi, une gloire attachée au hasard ; au lieu que celle qui est fondée sur la vertu, est une gloire qui nous appartient.

Le titre de héros dépend du succès, celui de grand-homme n’en dépend pas toûjours. Son principe est la vertu, qui est inébranlable dans la prospérité, comme dans les malheurs : le titre de héros, ne peut convenir qu’aux guerriers, mais il n’est point d’état qui ne puisse prétendre au titre sublime de grand-homme ; le héros y a même plus de droits qu’un autre.

Enfin, l’humanité, la douceur, le patriotisme réunis aux talens, sont les vertus d’un grand-homme ; la bravoure, le courage, souvent la témérité, la connoissance de l’art de la guerre, & le génie militaire, caractérisent davantage le héros ; mais le parfait héros, est celui qui joint à toute la capacité, & à toute la valeur d’un grand capitaine, un amour & un desir sincere de la félicité publique. (D. J.)

Héros, (Mythol. & Littérat.) autrement dit demi-dieu. On appelloit ainsi généralement les hommes illustres, que leurs grandes actions firent placer dans le ciel après leur mort, soit qu’ils reconnussent quelques dieux parmi leurs ancêtres, soit qu’ils descendissent d’un dieu & d’une femme mortelle, comme Hercule, Thesée, & tant d’autres ; ou d’une déesse & d’un homme, tel qu’étoit le fils de Vénus & d’Anchise.

On donne plusieurs étymologies du nom de héros, & pas une seule qui soit recevable : la plus commune, qui tire ce mot de Ἔρως, amour, n’est pas juste ; car Ἥρως, héros, est écrit par un h.

La promotion des héros au rang des dieux, étoit dûe aux dogmes de la philosophie platonique, qui enseignoit que les ames des grands hommes s’élevoient jusque aux astres, séjour ordinaire des dieux, & par-là devenoient dignes des honneurs qu’on rendoit aux dieux mêmes, avec lesquels ils habitoient ; mais les Stoïciens leur assignoient pour demeure, la vaste étendue qui se trouve entre le ciel & la terre ; ce qui fait dire à Lucain :

Quodque patet terras inter, cœlique meatus
Semi-dei manes habitant
. Pharsal, lib. IX.

Le culte qu’on rendoit aux héros, étoit différent de celui des dieux ; celui des dieux consistoit dans des sacrifices & des libations, qui sont des hommages dûs à la divinité, pendant que celui des héros n’étoit qu’une espece de pompe funebre, dans laquelle on célebroit le souvenir de leurs exploits, après quoi on leur faisoit des festins. C’est ce qu’Hérodote remarque, en parlant des différens Hercules. « On sacrifie, dit-il, à Hercule Olympien, comme étant d’une nature immortelle, & on fait à Hercule fils d’Alcmene, comme à un héros, des funérailles plûtôt qu’un sacrifice ». Mais il est bon de savoir qu’on éleva peu-à-peu les héros au rang des dieux ; c’est par exemple, ce qu’on pratiqua pour Hercule, puisqu’après lui avoir rendu des honneurs comme à un héros, on vint à lui offrir des sacrifices parfaits, c’est-à-dire, de ceux dans lesquels on brûloit à l’honneur de la divinité, une partie de la victime, & on mangeoit l’autre.

Diodore de Sicile confirme par son témoignage, que les héros, ou les demi-dieux, parvinrent à la fin à tous les honneurs des dieux suprèmes ; car en parlant d’une fête solemnelle, que l’on célebroit à Rome, & dans laquelle on porta les statues des dieux anciens & modernes, il ajoûte que la pompe étoit fermée par les statues de ceux dont les ames, après avoir abandonné leurs corps mortels, étoient montées dans le ciel, où elles participoient aux mêmes prérogatives que les dieux mêmes : tels étoient Hercule, Esculape, Castor & Pollux.

Comme l’opinion commune faisoit descendre tous les morts dans les enfers, les ombres des héros même y étoient retenues, pendant que leur ame pure & dégagée de ce qu’elle avoit de périssable, joüissoit dans le ciel des plaisirs & des grandeurs de l’immortalité.

Les Grecs, après avoir fait mettre une colonne, & autres monumens sur les tombes des héros, établirent un culte pour les manes des mêmes héros, & même pour les héroïnes ; car on accorda des honneurs héroïques à des femmes. Coronis, mere d’Esculape ; Alcmene, mere d’Hercule ; Cassandre, fille de Priam ; Andromaque, Andromede, Helène, Latone, & quelques autres, joüirent de cette distinction.

Les tombeaux des héros & héroïnes étoient entourés d’un petit bois sacré, accompagné d’autels, où les parens & les amis alloient en des tems marqués, les arroser de libations, & les charger d’offrande ; & ces mêmes tombeaux joüissoient du droit d’asile ; c’est-là ce qu’on appelloit monument héroïque, ἡρῷον μνῆμα. Tel étoit le tombeau qu’Andromaque prit soin d’élever à son cher Hector ; libabat cinert Andromache.

Les Romains érigerent à leur tour des statues à ceux qu’ils regarderent comme des héros ; ils en avoient dans le Cirque, revêtues de peaux de lions, de sangliers, d’ours, ou de renards sauvages. Cette maniere de se vétir ordinaire aux premiers héros, dans le tems qu’on n’avoit point encore trouvé l’art de séparer la laine ou le poil des bêtes, fut consacrée par la religion ; de-là vient qu’ils sont représentés avec ces mêmes habillemens dans les temples & sur les médailles.

Les Grecs nommerent ἡρῷα, les tombeaux qu’ils érigerent aux demi-dieux, à ceux des héros qui leur étoient chers, & aux temples qu’ils bâtirent aux empereurs après leurs décès. Athenée parlant des honneurs rendus aux maitresses de Démétrius, joint les ἡρῷα, avec les autels qu’on leur élevoit, & les hymnes sacrées que l’on chantoit à leur gloire. Enfin, les particuliers appellerent du même nom, les monumens qu’ils bâtirent aux personnes pour lesquelles ils avoient un respect & un dévouement particulier.

On sait aussi que le mot ἥρως, a une signification fort étendue dans la langue grecque. 1°. Il signifie un homme qui par sa valeur, ou par ses bienfaits, a été mis au rang des dieux ou des demi-dieux après sa mort. 2°. Il répond au divus des Latins, titre donné aux empereurs déifiés, & ἡρῴνη répond à diva. Dans les médailles que les Grecs frapperent à l’honneur de l’infame Antinoüs, pour marquer sa consécration, ils l’appellerent indifféremment ἡρῷα, & θεὸς. 3°. Le nom de héros est souvent donné par les peres à leurs enfans décedés en bas-âge, comme cela paroît par diverses inscriptions, recueillies dans Gruter & Reinesius. 4°. Quelquefois ce nom designe simplement un homme consideré par sa valeur, ou par sa charge ; Homere l’applique non-seulement aux chefs des Grecs, mais aux Grecs en général. 5°. Enfin, pour dire quelque chose de plus, le même poëte employe le mot ἥρως, pour un domestique d’un des rivaux de Pénélope, & qui leur versoit à boire ; c’est dans l’Odyssée, liv. Σ. vers 422. (D. J.)

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Étymologie de « héros »

Lat. heros, de ἥρως, héros, qui se rattache au sanscrit vĭra, héros, lat. vir ; ἥρως est du petit nombre des mots où l'esprit rude représente un v et non une s.

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(Date à préciser) Via le latin heros, du grec ancien ἥρως, hếrôs. Le h est devenu aspiré par l’influence de héraut, mais il reste muet dans tous ses dérivés : on dit le héros mais l’héroïne.
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Phonétique du mot « héros »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
héros erɔ

Fréquence d'apparition du mot « héros » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « héros »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « héros »

  • Tout héros finit dans la peau d'un raseur.
    Ralph Waldo Emerson — Essays, Uses of Great Men
  • On peut être héros sans ravager la terre.
    Nicolas Boileau dit Boileau-Despréaux — Épîtres
  • On se lasse d'être héros et on ne se lasse pas d'être riche.
    Bernard Le Bovier de Fontenelle — Lettres galantes du chevalier d'Her
  • Un héros doit réunir en lui toutes les belles qualités, mais sans en affecter une.
    Baltasar Gracian y Morales — Le héros
  • Il est plus difficile d'être un honnête homme huit jours qu'un héros un quart d'heure.
    Jules Renard
  • Il est plus facile d'être héros qu’honnête homme. Héros nous pouvons l'être une fois par hasard ; honnête homme il faut l'être toujours.
    Luigi Pirandello — La Volupté de l'honneur
  • Il y a des héros en mal comme en bien.
    François de La Rochefoucauld — Maximes
  • Mon père, ce héros au sourire si doux, […] Parcourait à cheval, le soir d'une bataille, Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
    Victor Hugo — La Légende des siècles, Après la bataille
  • Ce héros est peut-être bien coupable de n'être pas allé plus haut dans la vertu, ce scélérat bien méritant de n'être pas allé plus bas dans le crime.
    Jean Rostand — Pensées d'un biologiste, Stock
  • […] L'homme de caractère confère à l'action la noblesse ; sans lui morne tâche d'esclave, grâce à lui jeu divin du héros.
    Charles de Gaulle — Le Fil de l'épée, Plon
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Images d'illustration du mot « héros »

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Traductions du mot « héros »

Langue Traduction
Anglais heroes
Espagnol héroe
Italien eroe
Allemand held
Chinois 英雄
Arabe بطل
Portugais herói
Russe герой
Japonais ヒーロー
Basque heroi
Corse eroe
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Synonymes de « héros »

Source : synonymes de héros sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « héros »

Combien de points fait le mot héros au Scrabble ?

Nombre de points du mot héros au scrabble : 7 points

Héros

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