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Herbe

Variantes Singulier Pluriel
Féminin herbe herbes

Définitions de « herbe »

Trésor de la Langue Française informatisé

HERBE, subst. fém.

A. − Au sing. et au plur.
1. Plante phanérogame non ligneuse, annuelle, bisannuelle ou vivace, à tige molle et généralement verte, et dont les parties aériennes meurent chaque année. Je suis comme une herbe au bord de la route, bonne pour les uns et qui ne sert de rien aux autres ou leur nuit (Claudel, Violaine,1892, III, p. 538).Au pied des arbres, sur un sol calciné, un tapis inégal de feuilles mortes, de cendres et de charbons. Plus une herbe, plus rien de frais, de tendre ou de vert (Gide, Retour Tchad,1928, p. 975) :
1. Quand il fut nuit, je fis mon lit à côté d'un pré qui chantait de toutes ses herbes, et, la figure contre les étoiles, je me mis à dormir à mort. Giono, Baumugnes,1929, p. 54.
SYNT. Herbe cultivée, sauvage; herbe mince, menue; herbes maigres; herbes fines; les hautes, les grandes, les longues herbes; les herbes folles; herbes dures; herbes fraîches; herbes fanées, sèches, desséchées; herbes parasites, inutiles; herbes aromatiques, odorantes, odoriférantes, vénéneuses; herbes à fleurs; herbes aquatiques, fluviatiles, marécageuses; herbes exotiques; une herbe, les herbes des champs, des prés, de la prairie, de la savane; la pointe, la tige des herbes; chercher, cueillir des herbes.
P. anal. Herbes marines. Algues. Un épais tapis d'herbes marines, varechs et algues, couvrait tout le rivage (Verne, Île myst.,1874, p. 70).
Loc. Aux herbes. Au printemps. Ce cheval aura, prendra quatre ans aux herbes, cinq ans aux herbes, etc., ,,Au printemps il aura quatre ans, cinq ans, etc.`` (Ac. 1835-1935; dict. xixeet xxes.).
2. En partic.
a) Une, des mauvaise(s) herbe(s) et absol. (surtout au plur.) les herbes, des herbes. Plante non ligneuse de croissance spontanée, d'aucune utilité pour l'homme ni pour l'animal, et nuisible aux cultures environnantes éventuelles. Arracher, détruire, enlever, extirper les mauvaises herbes. Des jardins abandonnés où les herbes et les ronces envahissaient des vases de pierre et des statues décapitées par le temps comme des reines (Nizan, Conspir.,1938, p. 19) :
2. Il avait poussé tant d'herbe(s) dans ce blé, des mauvaises herbes, des herbes folles, (dans le blé, toutes les herbes sont folles, toutes les herbes sont des mauvaises herbes, même celles qui autrement ne seraient pas mauvaises, même celles qui en elles-mêmes et naturellement, ailleurs (ne) seraient (que) sages...) Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 686.
Loc. fam.
Vieilli. [Pour exprimer la mauvaise humeur de qqn] Il a marché sur une mauvaise herbe. (Dict. xixe, Ac. 1935, Lar. 20e, Quillet 1965). [Marquant l'étonnement devant une crise de mauvaise humeur inexpliquée ou une gaieté insolite] Sur quelle herbe avez-vous marché? − Mais sur quelle herbe avez-vous donc marché? lui dit un de ses camarades. Vous êtes gai et bon enfant ce soir (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 55).On vous ouvre le chemin de la postérité, on vous porte aux nues, on vous crée une position sociale, et vous n'êtes pas content? Sur quelle herbe avez-vous donc marché ce matin? (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 35).
[P. réf. à la croissance rapide et facile ou à la résistance de la mauvaise herbe, en parlant d'un enfant qui grandit vite ou d'une personne douée d'une grande robustesse] Mauvaise, méchante herbe croît toujours (v. croître A 2b). Croître, pousser en mauvaise herbe, comme une mauvaise herbe. Vous avez pour ami un monstre d'ingratitude, un homme qui, s'il vit encore, c'est que, comme dit le proverbe, la mauvaise herbe croît en dépit de tout (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 99).L'enfant, à peine sevrée, avait poussé dru, en mauvaise herbe (Zola, Terre,1887, p. 46).
Au fig.
[En parlant d'une pers.] Mauvais sujet, vaurien ou enfant dont on n'attend rien de bon pour l'avenir. Les enfants, des tout petits (...), ils ne savent que manigancer pour faire du mal : c'est toujours après les fusils, les pistolets... de la mauvaise herbe de braconnier (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 281).
[En parlant d'une chose] Élément (de la personnalité, du comportement, de la pensée) tenace, envahissant et pernicieux. Les fréquens passages dogmatiques qui s'y rencontrent [chez Dante] ne sont guère que la végétation parasite d'un esprit trop fécond, et comme la mauvaise herbe de la science contemporaine qui jetait partout ses racines (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 11).Le moi, cette mauvaise herbe qui repousse toujours sous la plume de l'écrivain livré aux épanchements familiers (Hugo, Rhin,1842, p. 7) :
3. ... c'est le chagrin qui développe les forces de l'esprit. D'ailleurs, ne nous découvrît-il pas à chaque fois une loi, qu'il n'en serait pas moins indispensable pour nous remettre chaque fois dans la vérité, nous forcer à prendre les choses au sérieux, arrachant chaque fois les mauvaises herbes de l'habitude, du scepticisme, de la légèreté, de l'indifférence. Proust, Temps retr.,1922, p. 906.
b) Plante utilisée pour ses propriétés particulières. Herbes magiques; herbes narcotiques; connaître les herbes. J'ai su le secret des philtres infâmes, Et l'herbe qui fait avorter les femmes (Moréas, Cantil.,1886, p. 191).
− Dans le domaine de la pharmacieHerbe ou herbe médicinale, officinale. Plante employée comme remède ou entrant dans la composition d'un remède. Synon. simple.Herbes apéritives, vulnéraires; herbes à tisanes; application d'herbes. Des herbes émollientes, telles que la mauve, la bette, la pariétaire, le bouillon-blanc (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 179).Berger, je t'en conjure, puisque tu es sorcier, fais-moi manger une herbe, quelque chose qui m'enlève ce que j'ai là et qui me fait tant mal (A. Daudet, Arlésienne,1872, II, 2etabl., 4, p. 393) :
4. J'ai vu madame Colette souffrir et refuser de l'aspirine comme si c'étaient des pilules du diable, exigeant que se produisissent en elle, sans aucune aide, les mystérieux mélanges et dosages des herbes ou « simples » que la reconstitution synthétique de la science imite peut-être, mais en surface et sans en posséder les vertus. Cocteau, Poés. crit. II,1960, p. 122.
Bouillon d'herbes ou aux herbes. Bouillon à base de feuilles fraîches de diverses plantes utilisé comme purgatif. Tu sais que demain il faut te purger, le docteur l'a dit, et Reine te fera prendre du bouillon aux herbes (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 178).
− Dans le domaine de l'art culinaire,au plur. Les vingt-huit herbes qui servent pour la cuisine sont divisées en herbes potagères, en herbes d'assaisonnement et en herbes de fourniture à salade (...) ou fines herbes (Dumas1873).
Rare, dans la lang. mod. Herbes (potagères). Légumes verts cultivés dans les jardins potagers et destinés à être mangés cuits ou en salade. Soupe aux herbes; marchand d'herbes; place aux herbes. Le petit tracas que faisaient la mère du curé et sa jeune nièce en épluchant les herbes pour la soupe (Lamart., Confid.,1849, p. 347).Les herbes potagères dont les plus usuelles sont l'épinard, l'oseille, la laitue, le poireau (Ac. Gastr.1962).
(Fines) herbes. Plantes aromatiques ou condimentaires utilisées pour l'assaisonnement de certains plats. Omelette aux fines herbes. Un arôme de fines herbes, d'épices, de nourriture grasse (Guèvremont, Survenant,1945, p. 116).Condiment aromatique complet remplaçant sel, poivre et vinaigre, il [l'estragon] est utile dans les salades, la laitue notamment dont il relève la fadeur; (...) dans la composition des bouquets garnis dits de « persil » et des fines herbes où il complète si harmonieusement le cerfeuil, la ciboulette ou la pimprenelle (L. Lagriffe, Le Livre des épices, des condiments et des aromates, Les Hautes Plaines de Mane, éd. R. Morel, 1968, p. 187).Des herbes toujours fraîches. Un bouquet d'herbes est souvent trop important pour être utilisé dans une seule recette. Il est heureusement possible de conserver les herbes (ciboulette, cerfeuil, persil, estragon, menthe...) quelque temps en prenant certaines précautions (Les grandes recettes de la cuisine légère,Paris, Sél. du Reader's Digest,1978, p. 27).
Loc. fam., vieilli. [P. réf. aux herbes que l'on cueillait autrefois le jour de la Saint-Jean et auxquelles on attribuait des vertus magiques] Mettre, employer toutes les herbes de la Saint-Jean. User de tous les moyens dont on peut disposer pour réussir, de toutes les ressources offertes par quelque chose. Après dîner, nous passerons un petit traité entre nous, un projet, si tu veux, quitte à y mettre toutes les herbes de la Saint-Jean, après que la tante aura fait ses malles (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 365).On se rappelle cet important, ce définitif travail [de Busard], tant annoncé sur Villon, sur sa vie et son temps, renforcé de pièces inédites et de toutes les herbes de la Saint-Jean de l'érudition (Bloy, Désesp.,1886, p. 269).
c) [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterm. et formant le premier terme de noms composés qui fournissent les appellations communes de nombreuses plantes]
Herbe d'amour. Le myosotis (Rob., Lar. Lang. fr.); le réséda odorant (Littré).
Herbe aux ânes. L'onagre ou onagraire (Littré, Rob., Lar. Lang. fr.).
Herbe bénie ou herbe de saint Benoît. La benoîte*.
Herbe au(x) chantre(s). Le sisymbre officinal ou vélar. V. infra citat. de Pourrat.
Herbe au(x) charpentier(s) ou herbe à la coupure. L'achillée millefeuille. L'herbe au chantre, l'herbe au charpentier, qui ferme les coupures, l'herbe aux verrues, qui fleurit le jour où arrivent les hirondelles (Pourrat, Gaspard,1931, p. 122).
Herbe au(x) chat(s). V. chat III B 1 a.
Herbe du diable. Le datura stramoine :
5. ... mais cette fleur ou cette herbe, dédaignées des hommes et des bêtes domestiques, ou ces baies qui mûrissent loin dans les bois, à quoi servent-elles donc? La réponse est écrite dans ces termes : herbe au loup, herbe à la Vierge, herbe au diable. Elles servent à Dieu, à ses saints, au diable, − ou au loup... Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 193.
Herbe à la femme battue ou aux femmes battues. Le tamier commun. Le Tamus communis, commun dans les bois, possède un rhizome charnu vertical (...). La pulpe du rhizome est employée comme vulnéraire; ses propriétés ont fait donner au Tamus le nom d'« Herbe à la femme battue » (Bot.,1960, p. 1212 [encyclop. de la Pléiade]).
Herbe aux gueux. ,,Surnom de la clématite ordinaire qui croît dans nos haies et dont les mendians se servent pour se faire naître des ulcères superficiels et exciter ainsi la commisération et la charité des passans`` (Brard 1838).
Herbe des juifs ou herbe aux juifs. Le réséda jaunissant ou gaude. Le Reseda luteola, ou Gaude, Herbe aux juifs, livre une matière colorante jaune qui était utilisée jadis pour la teinture des vêtements des juifs réprouvés (Bot.,1960, p. 982 [Encyclop. de la Pléiade]).
Herbe à lait ou herbe au lait. Le polygale. Elle cueille les sombres épis de l'herbe à lait (A. France, P. Nozière,1899, p. 51).
Herbe à loup ou au loup. L'aconit tue-loup. V. supra ex. 5.
Herbe du Paraguay. Le houx maté. Un plateau garni de tout ce qui sert à prendre le maté ou l'herbe du Paraguay (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 32).
Herbe aux perles. Grémil officinal. Plusieurs plantes qui ressemblaient à l'herbe aux perles, à la piloselle, à la pervenche, au fraisier (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 211).
Herbe au porc ou herbe à cochon. La renouée des oiseaux. Les paysans appellent la renouée l'herbe au porc (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814p. 91).
Herbe au prud'homme. Je pus sauver un spécimen de cette sauge (salvia verbenaca) qu'on appelle chez nous : « herbe au prud'homme » (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 39).
Herbe aux puces. Le psyllium. Les semences de psyllium ou herbe aux puces (plantago psyllium, L) sont petites, ovales-allongées, plates d'un côté, convexes de l'autre, brillantes, noires-brunes (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 583).
Herbe à la reine ou herbe à l'ambassadeur, herbe à Nicot, herbe sacrée. Le tabac. Un prévôt de boutiquiers! il offrirait de s'acquitter en cannelle et en herbe à la reine (Dumas père, Henri III,1829, I, 3, p. 129).
Herbe à Robert. Le géranium commun. L'Herbe à Robert (Geranium Robertianum) peut croître là où la lumière est abaissée d'au moins un tiers (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 496).
Herbe de sainte Barbe. Le vélar. Les pauvres fleurettes jaunes des plantes de rebut (...) celles surtout de l'herbe de sainte Barbe, de ce vélar, d'aspect si indigent (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 260).
Herbe de saint-Jacques. Le séneçon jacobée. La ruelle envahie de bardanes et d'herbes de saint-Jacques (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 233).
Herbe (de la) Saint-Jean. Le lierre terrestre; l'armoise vulgaire; le millepertuis perforé. Il y a le millepertuis, ou herbe de la Saint-Jean, qui guérit tout et le reste (Dévigne, Légend. de Fr.,1942, p. 23).
Herbe du vent. L'anémone pulsatille. Anémone veut dire herbe du vent, parce qu'elle ne s'épanouit qu'au souffle du vent, à ce que dit Pline, ce que je n'ai pas observé moi-même (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 25).
Herbe aux verrues. L'héliotrope d'Europe. V. supra citat. de Pourrat.
Herbe à la Vierge. Le narcisse. V. supra ex. 5.
d) Pop., absol.
Tabac. Cette herbe [le tabac] devient de plus en plus rare (Toulet, Corresp. avec un ami,1920, p. 99).
Marijuana, haschisch. La drogue, je veux dire l'herbe, je n'y ai jamais pensé avant le jour où, pour la première fois, j'en ai pris (Elle,23 juill. 1979).
Rem. Baudelaire en traduisant l'arabe emploie le mot herbe pour désigner le haschisch : Le haschisch (ou herbe, c'est-à-dire l'herbe par excellence, comme si les Arabes avaient voulu définir en un mot l'herbe, source de toutes les voluptés immatérielles) (Paradis artif., 1860, p. 351).
B. − Au sing.
1. À valeur de coll.
a) Ensemble de diverses plantes non ligneuses, dont les parties aériennes molles et vertes meurent chaque année, qui croissent spontanément dans les lieux peu fréquentés et forment la végétation des prairies et des pâturages. L'herbe la plus fine et la plus épaisse s'élève dans des prairies naturelles à plus de quatre pieds; et l'on pourrait y faucher une immense quantité de fourrages pour l'hiver (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 134).L'herbe, pressée comme une toison, comme une chevelure, se tordait avec douceur contre la pierre, et il y avait entre le mur brûlé par le soleil, l'herbe en désordre et la fenêtre abandonnée, un tel secret, que je me sentais m'émouvoir aux larmes (Jouve, Scène capit.,1935, p. 170) :
6. Tu ne faisais pas peur, nature aux mains offrantes, Notre candeur plaisait à ta simplicité; Tu nous laissais jouer sans crainte avec l'été, Et mordre tes bourgeons, ton herbe, ton feuillage, Comme font les chevreaux qu'on mène au pâturage. Noailles, Cœur innombr.,1901, p. 56.
SYNT. Herbe verte; herbe abondante, drue, haute, riche, grasse; herbe courte, coupée, rase, rare; herbe neuve, nouvelle, fraîche, molle, tendre; herbe humide, mouillée, sèche, flétrie, fleurie; brin, touffe d'herbe; poignée, lit, tapis d'herbe; un pré d'herbe; l'herbe des prés, des pelouses; le parfum, l'odeur de l'herbe; le vert de l'herbe; couleur d'herbe; l'herbe croît, pousse, repousse, se dessèche, verdoie; arroser, faucher, tondre l'herbe; couper l'herbe, de l'herbe; brouter, paître l'herbe; s'allonger, s'étendre, se coucher, s'asseoir, se vautrer, marcher, courir, se rouler, tomber dans, sur l'herbe.
Rem. Thomas 1956 précise la différence entre dans l'herbe et sur l'herbe : ,,Dans l'herbe marque particulièrement que l'herbe est haute et dissimule plus ou moins les personnes ou les choses (...) Les fruits étaient tombés dans l'herbe. Sur l'herbe indique seulement la nature herbeuse du sol : se coucher sur l'herbe (Littré, Acad.). « Le Déjeuner sur l'herbe », d'Édouard Manet``.
Expr. Faire de l'herbe (v. faire I E 1b). Aller à l'herbe. Aller couper de l'herbe (pour des animaux). Aller à l'herbe pour les lapins (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 292).
b) P. méton. Lieu couvert d'herbe où pâturent les bestiaux. La seule vache du pays qui fût à l'herbe, et qui pâturait une étroite prairie sur la lisière du bois (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Pt soldat, 1885, p. 188).[Les] vaches qui sautent et s'escarmouchent, car c'est la première fois qu'on les mène à l'herbe passé le long hiver! (Pourrat, Gaspard,1922, p. 193).
c) Loc. fig. et proverbes
Couper l'herbe sous le pied de qqn (v. couper I A 1 a).
[L'herbe comme symbole d'abandon et d'oubli]
[Pour exprimer qu'un lieu est très peu ou nullement fréquenté] L'herbe croît chez eux; l'herbe croît, pousse entre les pavés, dans les rues. Les rues à Blois sont vides, l'herbe croît entre les pavés (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 166).
[Dans des cont. abstr., p. réf. à l'herbe qui efface toute trace, à l'herbe des cimetières qui envahit les tombes abandonnées] L'herbe de l'oubli; l'herbe épaisse de l'oubli; l'herbe qui croît sur une chose. L'oubli qui la recouvre bientôt, la fait disparaître de la mémoire des hommes. L'herbe croît sur ma victoire (Quinet, Napoléon,1836, p. 194).Puis, rien. La terre s'ouvre, un peu de chair y tombe; Et l'herbe de l'oubli, cachant bientôt la tombe, Sur tant de vanité croît éternellement (Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1878, p. 245) :
7. Victor Hugo dit : Il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent. Moi je dis que la loi cruelle de l'art est que les êtres meurent et que nous-mêmes mourions en épuisant toutes les souffrances, pour que pousse l'herbe non de l'oubli mais de la vie éternelle, l'herbe drue des œuvres fécondes, sur laquelle les générations viendront faire gaîment, sans souci de ceux qui dorment en dessous, leur « déjeuner sur l'herbe ». Proust, Temps retr.,1922, p. 1038.
Proverbe. Ne laissez pas croître l'herbe sur le chemin de l'amitié. Il ne faut pas laisser l'amitié sans l'entretenir et la cultiver. Ne laissez pas croître l'herbe sur le chemin de l'amitié, dit le proverbe. J'ajoute : ne laissez pas se ternir par la moindre vapeur le miroir de l'intimité (Amiel, Journal,1866, p. 439).
[P. allus. à la fable de La Fontaine, Les Animaux malades de la peste, VII, 1, 51, citat. plus ou moins fragmentaire du passage la faim, l'occasion, l'herbe tendre, pour évoquer plaisamment les causes d'un événement fâcheux ou d'une action répréhensible] La fatalité, le diable, le célibat, l'occasion, l'herbe tendre veulent votre perte (Balzac, Physiol. mar.,1826, p. 113).Au bout de peu de temps, nos jeunes amoureux rêvèrent d'une sieste... Mais quoi!... Finalement (ô ciel! veille sur eux!) L'herbe tendre et le reste... (Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 298).
2. En herbe
a) [En parlant d'une céréale] Qui n'est pas parvenu à maturité, dont la tige est verte et peu élevée et dont l'épi n'est pas encore formé. Avoine, orge en herbe. Le jeune foin, le blé en herbe étaient d'un vert infiniment tendre, émouvant (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 89).
Locutions
Manger son blé en herbe. V. blé I A 1a.
En herbe et en gerbe. En espérance et en jouissance. Les moissons arrosées d'encre ne se font (quand elles se font) que dix ou douze ans après les semailles, et Lucien a pris l'herbe pour la gerbe (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 576).
b) Au fig.
[En parlant d'une chose] Qui commence, se prépare ou n'est qu'à un stade de développement peu avancé. Véritable fléau [des lettres], sauterelles d'Égypte qui mangent la journée en herbe (Lamart., Corresp.,1835, p. 125).Couper en herbe les médisances et les ragots (La Varende, Dern. fête,1953, p. 44).
[En parlant d'une pers.] Qui se destine (à un emploi, à une carrière), qui est ou paraît destiné (à un état). Synon. futur, en puissance.Cet auteur en herbe [Racine] soucieux d'être connu et applaudi des hommes (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 22).Bon nombre d'« esprits faux » et péremptoires sont des paranoïaques en herbe dont le jugement glisse toujours hors des voies du réel (Mounier, Traité caract.,1946, p. 630) :
8. ... qui a pu jamais descendre dans le cœur d'un immortel en herbe, quand un scrutin douteux balance sur sa tête poudrée l'éternel laurier, et qu'à chaque battement de son sang qui s'agite il frissonne de voir s'écraser dans ses doigts, comme don Carlos, l'œuf de ses espérances! Mussetds Le Temps,1831, p. 96.
REM. 1.
Herbailleux, subst. masc.Celui qui ramasse de l'herbe. Les rebouteux, les remégeux, les herbailleux trôlent par la campagne (Arnoux, Calendr. Fl.,1946, p. 115).Donné sous la forme de herbeilleux ds Besch. 1845, Raymond 1832 et Boiste 1834, seuls dict. à attester le mot et qui donnent aussi la forme du subst. au fém. herbeilleuse.
2.
Herbeiller, verbe intrans.,chasse. [En parlant du sanglier] Brouter l'herbe. Le sanglier a herbeillé ici (Ac.1798-1878).P. métaph. Il chérissait les catalogues, il y herbeillait comme un sanglier sur des racines (La Varende, Sorcière,1954, p. 19).
Prononc. et Orth. : [ε ʀb]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « plante à tige non ligneuse » (Roland, éd. J. Bédier, 2871 : De tantes herbes el pré truvat les flors); en partic. a) ca 1160 « plante qui a des propriétés médicinales » (Enéas, 7969 ds T.-L.); b) xiiies. male herbe « plante nuisible à la culture » (FEW t. 4, p. 404b); 1316 mauvaises herbes (G. de Paris, Chron. métr., éd. A. Diverrès, 1579); c) 1306 « herbes employées comme assaisonnement » lait de jument confist en herbes (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 487); 1540 fines herbes (ds Bull. soc. hist. Paris et Ile de France, XXX-106); d) 1414 [date trad.] au plur. « certaines herbes potagères et des champs propres à la consommation » salades d'herbes (Decameron, B.N. 129 [ms. du xves.], fo16c ds Gdf. Compl., s.v. salade); 2. ca 1100 « ensemble des herbes qui forment une végétation (au sing. collectif) » (Roland, éd. J. Bédier, 671 : Sur l'erbe verte estut devant sun tref); d'où 1572 [éd.] expr. couper l'herbe sous le pied de qqn (Jacques Yver, Le Printemps, 3ehistoire, éd. P. Jourda, p. 1202); 3. 1225-30 en herbe « état des céréales qui sont encore toutes jeunes et vertes » (G. de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 3935); 1558 fig. en herbe, ou en gerbe (B. Des Périers, Œuvres françoises, Nouv. récréations, 32 [Jannet, 1856] ds Quem. DDL t. 9); 4. mil. xiiies. en composition, désigne un grand nombre de plantes herbe Jehan, herbe Robert (Voc. plantes, 140a et 140b ds T.-L.); 1547 herbe-aux-chats (R. Estienne, De Latinis et graecis nominibus arborum...). Du lat. class. herba « herbe; mauvaises herbes; jeune pousse, en partic. en parlant des céréales; plante en général »; entre en composition avec d'autres mots pour désigner diverses plantes dès le lat. imp. : herba Proserpinae « camomille » (André Bot.); cf. pour le sens 4 en lat. médiév. herba Roberti xiiies. (Voc. plantes, 140 ds T.-L.), herba gattarum xves. (J. Camus, Op. sal., p. 134 ds Roll. Flore t. 9, p. 9). Fréq. abs. littér. : 6 505. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 485, b) 11 518; xxes. : a) 10 863, b) 8 572.

Wiktionnaire

Adjectif - français

herbe \ɛʁb\ invariable

  1. Couleur vert jaunâtre soutenu de la couleur de l’herbe. #3A9D23

Nom commun - français

herbe \ɛʁb\ féminin

  1. (Botanique) (sens strict) Un végétal vert, monocotylédone ou dicotylédone, à tige fine et molle car non ligneuse (pas un tronc ni une stipe), vivace ou annuel, et qui perd tiges et feuilles en hiver.
    • Sibbaldie, […]. Ce genre , qui est figuré pl. 221 des Illustrations de Lamarck, renferme des herbes à feuilles ternées, à folioles simples, dentées et découpées; à fleurs axillaires et terminales, quelquefois décagynes. — (Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle appliquée aux arts, ouvrage collectif, tome 20, Paris : chez Deterville, an XI, page 471)
    • Les herbes, nourriture première des herbivores, sont de qualité différente selon les lieux qui les produisent, et les fourrages ne sont pas également composés partout. — (Jean Déhès, Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
    • Mathilde ramassa un des râteaux et se mit à rassembler l’herbe couchée en un tas, prenant soin que son coup de râteau ramasse les tiges perpendiculairement à la fauchée de Jean pour ordonner le tas en fibres parallèles. — (E. Chartier jr, 2012 : la promesse d'Einstein, à compte d'auteur, s.d., page 353)
    • L'animal était certainement occupé à brouter de la laîche, cette herbe qui pousse au bord de l'eau, ou à grignoter quelque racine de nénuphar. — (Michelle Paver, Chroniques des temps obscurs, volume 4 : Le banni, Hachette Jeunesse, 2008, chapitre 17)
  2. (Sens large) Une plante qui a des propriétés particulières.
    • Des herbes aromatiques.
    • Des herbes médicinales.
    • Des herbes vulnéraires.
    • Des herbes de Provence.
  3. (Au singulier) (Collectivement) Ensemble des plantes qui couvrent les pâturages, les prairies, les lieux peu fréquentés, etc., et que l’on coupe ordinairement pour la nourriture des chevaux et des bestiaux.
    • « Regarde-moi toutes ces herbes ! On appelle ça l’herbe. C’est vite dit. Ici, c’est du plantain, et ici une ombelle, et ça, c’est une prèle. Te rappelleras-tu ? » — (Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 97)
    • Pour faire sécher le foin, l’herbe coupée est étendue puis retournée dans la journée avant d'être ramassée en andains le soir venu. — (Sébastien Lay, Maitrise, non-maîtrise de l'herbage : approche ethnologique des savoirs, dans Prés et pâtures dans l'Europe occidentale, Presses Universitaires du Mirail, 2008, page 231)
  4. (Botanique, Commerce) (Populaire) Entre comme terme générique dans plusieurs des noms vulgaires donnés aux plantes usuelles ou très communes.
    • herbe à chat, herbe aux chats, herbe aux cuillers, etc.
  5. (Familier) Nom donné aux chanvre indien, ainsi qu’à ses fleurs séchées, la marijuana.
    • Lucile fumait seule, tous les soirs, au retour de son travail. De l’herbe et du shit (je ne sais pas à quel moment ces mots, avec d’autres, sont entrés dans mon vocabulaire) qu’elle cachait dans une petite boîte en fer rose. — (Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit, J.-C. Lattès, 2011)
    • A l'intérieur, il y avait de quoi rouler quelques pets. Une herbe très parfumée, toute violette. Ça devait être une variété comme de la “Sweet Purple”. […]. Elle montra la beuze à Bob et entreprit de se rouler un pet, et il fit de même. Ils fumèrent tranquillement. — (Marilyn Lapin, Apocalpse, Éditions Edilivre, 2015)
    • On parle par gestes, autrement dit : par mimiques, avec les mimines. Ça palpe et ça fourrage tout azimut. Ça fumeronne de l’herbe, aussi, et ça prise de la snifette dans les coins. — (Jerry Josnes, Flic flaque, Marivole Éditions, 2016)
    • C'était une façon, peut-être, de ne pas penser à Jeanne, de ne pas penser à toi. De ne pas penser, tout simplement. J'avoue que l'herbe et l'alcool y contribuaient aussi, mais je n'en abusais pas. — (Serge Lamothe, Mektoub, éditions Alto, Québec, 2016, page 132)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

HERBE. n. f.
Plante herbacée, toute plante vivace ou annuelle qui perd sa tige dans l'hiver. Herbe médicinale. Herbe vénéneuse. Herbes vulnéraires. Herbes odoriférantes. Herbes potagères. Jus d'herbes. Bouillon d'herbes. Champ couvert d'herbes. L'herbe croît dans les rues et les places de cette ville. Fines herbes, Les herbes menues qui se mettent sur la salade ou qui s'emploient dans les ragoûts, comme l'estragon, le cerfeuil, le persil, la pimprenelle, etc. Herbes fines, Certaines petites plantes qui sentent bon, comme le thym, la marjolaine, la menthe, le romarin. Mauvaise herbe, Les herbes qui sont nuisibles et que l'on tâche de détruire. Arracher, détruire les mauvaises herbes. Fig. et fam., L'herbe sera bien courte, s'il ne trouve de quoi brouter, se dit de Quelqu'un laborieux qui sait trouver aisément de quoi subsister là où d'autres n'arrivent pas à vivre. Fig. et fam., Couper l'herbe sous le pied à quelqu'un, Le supplanter dans quelque affaire. Prov. et fig., À chemin battu il ne croît point d'herbe. Voyez CHEMIN. Fig. et fam., Employer toutes les herbes de la Saint-Jean, Employer pour réussir en quelque affaire tous les moyens dont on peut s'aviser. Prov. et fig., Mauvaise herbe croît toujours. Voyez CROÎTRE. Fig. et fam., Il a marché sur quelque mauvaise herbe. Voyez MARCHER. Il se dit au singulier, dans un sens collectif, des Herbes qui couvrent les pâturages, les prairies, les lieux peu fréquentés, etc., et que l'on coupe ordinairement pour la nourriture des chevaux et des bestiaux. Donner de l'herbe à un cheval. Herbe nouvelle. Herbe verte. Herbe sèche. Herbe fraîche. Herbe tendre. Herbe molle. Herbe menue. Herbe touffue, épaisse, haute. Un brin d'herbe. Se coucher sur l'herbe. L'herbe commence à poindre. L'herbe est encore bien courte. Mettre un cheval à l'herbe. Mettre blanchir les toiles sur l'herbe. Ce cheval aura, prendra quatre ans aux herbes, cinq ans aux herbes, etc., Au printemps, il aura quatre ans, cinq ans, etc. Blé en herbe, avoine en herbe, etc., Le blé, l'avoine, etc., lorsqu'ils sont encore verts et qu'ils s'élèvent peu au-dessus des sillons. Fig. et fam., Manger son blé en herbe, Dépenser son revenu d'avance. Fig. et fam., C'est un avocat en herbe, un docteur en herbe, etc., se dit d'un Jeune homme qui étudie pour devenir avocat, médecin, etc. On dit aussi C'est un ministre en herbe.

HERBE entre comme terme générique dans plusieurs des noms vulgaires donnés aux plantes usuelles ou très communes, comme Herbe aux chats pour Cataire; Herbe aux cuillers pour Cochléaria, etc.

Littré (1872-1877)

HERBE (èr-b') s. f.
  • 1Toute plante qui, n'étant point arbre, arbrisseau ou arbuste, est privée de bourgeons, soit qu'elle ne vive qu'un an, ou moins, soit que ses racines vivaces émettent chaque année de nouvelles tiges herbacées. Potage aux herbes. Le plonge en un bain d'eaux et d'herbes inconnues, Corneille, Médée, I, 1. Ils sont devenus comme le foin qui est dans les champs, et comme l'herbe verte qui croît sur les toits, Sacy, Bible, Rois, IV, XIX, 26. Dieu dit encore : Que la terre produise de l'herbe verte qui porte de la graine et des arbres fruitiers qui portent du fruit, Sacy, ib. Genèse I, 11.

    Bouillon d'herbes ou aux herbes, sorte de bouillon qu'on prend quand on se purge.

    Jus d'herbes, suc de persil, de cerfeuil et autres herbes extrait par pression, et que le vulgaire recommande pour la dépuration du sang.

    Fines herbes, celles qui servent pour les assaisonnements, telles que cerfeuil, persil, etc. Omelette aux fines herbes.

    Herbes médicinales, herbes qui sont employées par la pharmacie.

    Herbes potagères, herbes qui se cultivent dans les jardins et sont bonnes à manger.

    Herbes vulnéraires, herbes qui, prises intérieurement ou appliquées en topique, passent pour propres à la guérison des coups et des blessures.

    Mauvaise herbe, les herbes qui ne sont pas utiles à l'homme ou aux animaux et que la culture tend constamment à extirper. Ils avaient observé sans étude que la décomposition de ce que nous appelons mauvaises herbes, était nécessaire à la reproduction des plantes qui leur étaient utiles, Raynal, Hist. phil. X, 3.

    Fig. Il a marché sur une mauvaise herbe, il lui est arrivé quelque chose qui l'a mis de mauvaise humeur (locution tirée d'une superstition commune à la France et aux pays germaniques sur l'herbe qui égare et qui a été semée par la foudre ; c'est en vertu de cette superstition qu'on dit dans les campagnes normandes que celui qui a perdu son chemin dans les bois a marché sur une mauvaise herbe).

    Fig. et familièrement. Sur quelle herbe avez-vous marché (locution qui dérive de la précédente) ? se dit, en plaisanterie, à un homme, pour lui reprocher la mauvaise humeur où il est, et aussi pour s'étonner de sa gaieté extraordinaire ou de sa tristesse, etc. Quel transport ? sur quelle herbe est-ce qu'il a marché ? Dancourt, Trahis. punie, IV, 11. Mme d'Épinay se tenait les côtés de rire ; je ne savais sur quelle herbe ils avaient marché, Rousseau, Confess. IX.

    Herbes de la Saint-Jean, herbes odoriférantes qu'on vend le jour de la Saint-Jean pour en jonche" les planchers, et, primitivement, herbes magiques que l'on cueillait le jour de la Saint-Jean, telles que l'hypéricum et la racine de fougère.

    Fig. Employer toutes les herbes de la Saint-Jean (par allusion aux herbes magiques de la Saint-Jean), employer dans une affaire tous les moyens dont on peut s'aviser pour réussir.

  • 2 Collectivement. Toutes les espèces d'herbes qui forment les prés, qui croissent dans les lieux peu fréquentés, et qu'on coupe d'ordinaire pour la nourriture des bestiaux. Mettre un cheval à l'herbe. On blanchit les toiles sur l'herbe. Se coucher sur l'herbe. Un certain loup, dans la saison Que les tièdes zéphyrs ont l'herbe rajeunie, La Fontaine, Fabl. V, 8. Elle approche : elle voit l'herbe rouge et fumante [de sang], Racine, Phèdre, V, 6. Et de Jérusalem l'herbe cache les murs, Racine, Esth. I, 1. Ne sais-tu pas… Que l'insecte insensible enseveli sous l'herbe, Et l'aigle impérieux qui plane au haut du ciel, Rentrent dans le néant, aux yeux de l'Éternel, Voltaire, Fanat. I, 4. …Ces chanteurs divins, dont les doctes prestiges Ont aux fleuves charmés fait oublier leur cours, Aux troupeaux l'herbe tendre, au pasteur ses amours, Chénier, Idylles, Épil. Toute herbe aux champs est glanée ; Ainsi finit une année, Ainsi finissent nos jours, Lamartine, Harm. II, 4. Quel bras jette les tours sous l'herbe, Change la pourpre en vil lambeau ? Hugo, Odes, III, 3.

    Faire de l'herbe, couper de l'herbe. Faire de l'herbe pour les lapins.

    Ce cheval aura, prendra quatre ans, cinq ans, aux herbes, c'est-à-dire au printemps il aura quatre ans, cinq ans.

    Fig. et familièrement. L'herbe croît chez eux, c'est-à-dire personne n'y vient, ils sont abandonnés (locution tirée de ce que l'herbe croît dans la cour d'une maison où personne ne vient). Peu de gens avaient affaire chez lui [Châteauneuf], et l'herbe croissait chez eux [lui et sa femme], Saint-Simon, 77, 259. Vendôme se retira à Anet, où l'herbe commença à croître, Saint-Simon, 228, 58.

    Fig. L'herbe prise comme comparaison avec ce qui passe vite. Dans la plupart des hommes les changements se font peu à peu, et la mort les prépare ordinairement à son dernier coup ; Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l'herbe des champs, Bossuet, Duch. d'Orl. Leur gloire sèche comme l'herbe, Fléchier, Mar.-Thér.

    Fig. et familièrement. Couper l'herbe sous le pied à quelqu'un, le supplanter ; locution prise de l'animal qui paît et à qui l'on ferait tort si on lui coupait l'herbe sous le pied. Tandis que le fils de Vénus Sous le pied te va couper l'herbe, Comme dit l'antique proverbe, Scarron, Virg. VII. J'emmène Marie pour l'empêcher de couper l'herbe sous le pied de sa mère : ces pauvres mères ! Sévigné, 144. La duchesse d'Hanovre prétendit que M. le prince lui avait coupé l'herbe sous le pied, Saint-Simon, 4, 65.

  • 3En herbe, se dit des céréales lorsque, encore vertes, elles s'élèvent peu au-dessus des sillons et que l'épi n'est pas encore sorti. Blé en herbe. Avoine, orge en herbe. Où en serais-je, si chacun de ceux à qui je puis devoir s'en venaient cueillir avant le temps mes fruits ou ma vendange, et couper mon blé en herbe ? Courier, à messieurs les juges.

    Fig. Manger son blé en herbe, dépenser son revenu d'avance. Achetant cher, vendant à bon marché, et mangeant son blé en herbe, Molière, l'Avare, II, 1.

    Fig. En herbe, se dit de ceux qui, jeunes encore, étudient pour obtenir quelque titre, ou qui sont en passe d'être élevés à quelque dignité, à quelque emploi. Avocat en herbe. Docteur en herbe. C'est un ministre en herbe.

    Être cocu en herbe, avoir tout ce qu'il faut pour le devenir. Au sort d'être cocu son ascendant l'expose ; Et ne l'être qu'en herbe est pour lui douce chose, Molière, Éc. des mar. III, 10.

    En herbe et en gerbe, se dit pour exprimer d'un côté l'espérance, de l'autre la jouissance. Bel exemple pour les vivants D'amasser leur froment en gerbe, Au lieu de le manger en herbe, Scarron, Virg. IV.

  • 4Herbe entre dans plusieurs noms vulgaires de plantes usuelles.

    Herbe aux abeilles, l'ulmaire (spiraea ulmaria, L.).

    Herbe d'admiration, la phlomide zeylanique (labiées) de Linné (Inde) ; le nom vient de ce que dans le pays les femmes envoient cette plante aux personnes qui sont l'objet de leur admiration.

    Herbe aigrelette, un des noms vulgaires du rumex acetosa (polygonées) de Linné, lequel est notre oseille ordinaire.

    Herbe à l'ambassadeur, herbe à la reine, le tabac.

    Herbe d'amour, reseda odorata, L. (résédacées).

    Herbe aux ânes, oenothera biennis, L. (onagrariées).

    Herbe antiépileptique, plante de la Guiane, ageraton conyzoïdes (synanthérées), dit aussi herbe de bouc.

    Herbe à l'araignée, phalangium ramosum, L. (liliacées).

    Herbe blanche, diotis candidissima, Desfont. (composées).

    Herbe aux blessures, le plantain.

    Herbe à la bosse, dite en Normandie contre-bosse.

    Herbe aux boucs, chelidonium majus, L. (papavéracées).

    Herbe caniculaire, hyoscyamus niger, L. (solanées).

    Herbe de capucin, la nigelle bleue.

    Herbe à la capucine, la petite pervenche.

    Herbe au cancer, herniaria glabra, L. (paronychiées).

    Herbe du cardinal, symphytum officinale, L. (borraginées).

    Herbe à cent goûts, artemisia vulgaris, L. (composées).

    Herbe au chantre, sysimbrium officinale, Scop. (crucifères).

    Herbe aux charpentiers, achillea millefolium, L. (composées).

    Herbe aux chats, nom vulgaire de la népète cataire (labiées), dite aussi cataire, et de la germandrée maritime (labiées), appelée encore marum.

    Herbe à chique, nom (aux Antilles) donné à la tournefortie brillante (borraginées).

    Herbe à cloque, physalis alkekengi, L. (solanées).

    Herbe de Saint-Christophe, l'actaea spicata.

    Herbe du cocher, la mille-feuille.

    Herbe à cochon, la renouée des oiseaux.

    Herbe cœur, pulmonaria officinalis, L. (borraginées).

    Herbe du cœur, la menthe des jardins.

    Herbe de consoude, nom donné dans les Antilles, d'après Jussieu, à une espèce de carmantine (justicia).

    Herbe de la corneille, herbe aux corneilles, nom vulgaire du fragon hippoglosse.

    Herbe de la couaille, la véronique chamaedrys de Linné.

    Herbe aux coupures, la grande consoude, et aussi le sedum telephium, L. (crassulacées).

    Herbe à cousin, le conyza odorata.

    Herbe aux cinq coutures, plantago lanceolata, L. (plantaginées).

    Herbe aux cuillères, cochlearia officinalis, L. (crucifères).

    Herbe aux cure-dents, ammi visnaga, Lamk. (ombellifères).

    Herbe à dartres, nom, en Amérique, de la casse ailée.

    Herbe à deux bouts, le chiendent.

    Herbe du diable, datura stramonium, L. (solanées).

    Herbe à l'éclaire, la grande chélidoine.

    Herbe à écurer, chara foetida, L. (characées).

    Herbe à éternuer, achillea ptarmica, L. (composées).

    Herbe aux écus, lysimachia nummularia, L. (primulacées).

    Herbe empoisonnée, atropa belladona, L. (solanées).

    Herbe à l'esquinancie, asperula cynanchica, L. (rubiacées), et aussi le geranium robertianum, L. (géraniacées).

    Herbe aux femmes battues, tamus communis, L. (asparaginées).

    Herbe à la fièvre, petite centaurée.

    Herbe flottante, une fucacée, le sargasse vulgaire.

    Herbe à Gérard, aegopodium podagraria, L. (ombellifères).

    Herbe du foie, hepatica triloba, Chaix.

    Herbe aux goutteux, aegopodium podagraria, L. (ombellifères).

    Herbe aux gueux, la clématite (clematis vitalba, L.).

    Herbe de Guinée, le panic de la Guiane souvent confondu avec la fléole géante, laquelle vient de l'Afrique occidentale, et doit porter particulièrement le nom d'herbe de Guinée, Legoarant

    Herbe à l'hirondelle, stellera passerina, L. (thymélées).

    Herbe de l'hirondelle, chelidonium majus, L. (papavéracées).

    Herbe du bon Henri, blitum bonus Henricus, Rchb. (chénopodées).

    Herbe à jaunir, le réséda jaunissant, dit aussi gaude ; le genêt des teinturiers.

    Herbe du javart, un des noms vulgaires du géranium bec de grue.

    Herbe au lait de Notre-Dame, pulmonaria officinalis, L. (borraginées).

    Herbe des magiciens, datura stramonium, L. (solanées).

    Herbe aux mamelles, lampsana communis, L. (composées).

    Herbe aux massues, lycopodium clavatum, L. (lycopodiacées).

    Herbe aux mites, verbascum blattaria, L. (solanées).

    Herbe à la manne, glyceria fluitans, Ehrbr. (graminées), dite aussi manne de Pologne, parce que dans ce pays on en prépare les semences à la manière de la semoule ou du riz, et qu'elle est ainsi regardée comme une grande ressource, Legoarant

    Herbe aux mille florins, erythraea centaurium, L. (gentianées).

    Herbe aux cent miracles, ophioglossum vulgatum, L. (fougères).

    Herbe more (et non herbe morte), nom vulgaire de la borée yervamore (chénopodiacées), dont le nom spécifique veut dire herbe more, Legoarant

    Herbe au nombril, cynoglossum linifolium, L. (borraginées).

    Herbe à la ouate, asclepias syriaca, L. (asclépiadées).

    Herbe du Paraguay, le houx maté. La plus riche production qui sorte des trois provinces, c'est l'herbe du Paraguay ; c'est la feuille d'un arbre de grandeur moyenne qui n'a été décrit ni observé par aucun botaniste ; son goût approche de celui de la mauve, et sa figure de celle de l'oranger, Raynal, Hist. phil. VIII, 11.

    Herbe à Paris, ou raisin de renard, ou parisette, paris quadrifolia, L. (asparaginées).

    Herbe à pauvre homme, la gratiole.

    Herbe aux perles, nom vulgaire du lithospermun officinale (borraginées), dit aussi grémil, et dont les semences sont appelées graine perlée.

    Herbe pied de chat, l'antennaire dioïque (synanthérées), plus spécialement nommée pied de chat.

    Herbe à pisser, la pyrole ombellée (éricacées), qui croît au Canada.

    Herbe aux poumons, pulmonaria officinalis, L. (borraginées).

    Herbe aux poux, la dauphinelle staphysaigre (renonculacées), dite vulgairement staphysaigre, et aussi herbe pédiculaire.

    Herbe à printemps, chenopodium botrys, L. (chénopodées).

    Herbe du grand prieur, tabac.

    Herbe à la rate, scolopendrium officinale, Sm. (fougères).

    Herbe à la reine, tabac ; dite aussi herbe sacrée.

    Herbe à Robert, geranium robertianum, L. (géraniacées).

    Herbe de la sagesse, le sisymbre Sophie.

    Herbe Sainte-Apolline, hyoscyamus niger, L. (solanées).

    Herbe de Saint-Étienne, circea lutetiana, L. (circéacées).

    Herbe de Saint-Félix, la scrofulaire noueuse, dite absolument la scrofulaire.

    Herbe Saint-Fiacre, heliotropium europaeum, L. (borraginées).

    Herbe de Saint-Jacques, le seneçon jacobée.

    Herbe de Saint-Jean : 1° le gléchome hédéracé (labiées), dit lierre terrestre ; 2° l'hypericon perforé (hypéricacées), appelé mille-pertuis ; 3° l'armoise vulgaire (synanthérées), dite armoise ; 4° le leucanthème vulgaire (synanthérées), qui est pour certains auteurs le chrysanthème des prés ; 5° la sauge sclarée (labiées), nommée aussi orvale, Legoarant

    Herbe de Saint-Innocent, polygonum hydropiper, L. (polygonées).

    Herbe de la Saint-Jean, hypericum perforatum, L. (hypéricinées).

    Herbe de Saint-Julien, satureia hortensis, L.

    Herbe de Saint-Roch, pulicaria dysenterica, L. (composées).

    Herbe sanguine, le rumex sanguin (polygonacées).

    Herbe sans couture, ophioglossum vulgatum, L. (fougères).

    Herbe du siége, scrophularia aquatica, L. (scrophularinées).

    Herbe aux sonnettes, fritillaria imperialis, L. (liliacées).

    Herbe aux sorcières, la même que l'herbe aux magiciens.

    Herbe stellaire, le plantain coronope.

    Herbe à la taupe, datura stramonium, L. (solanées).

    Herbe aux teigneux, tussilago petasites, L. (composées).

    Herbe de la Trinité, anemone hepatica, L. (renonculacées).

    Herbe du vent, anemone pulsatilla, L. (renonculacées).

    Herbe aux vipères, echium vulgare, L. (borraginées).

    Herbe aux verrues, un des noms vulgaires de l'héliotrope d'Europe (borraginées), dit absolument l'héliotrope comme l'héliotrope du Pérou.

    Herbe aux vers, tanaisie.

    Herbe à la vierge, narcissus poeticus, L. (amaryllidées).

  • 5Fête des Herbes, nom par lequel d'anciennes chartes désignent l'Assomption.
  • 6Oiseau des herbes, le tangara bleu.
  • 7 Terme d'alchimie. Herbe médicinale, le mercure hermétique.
  • 8Herbes filées, espèce d'étoffe ou de toile lustrée que l'on fait de diverses sortes d'herbes. Herbes lâches, étoffes des Indes, moitié herbe et moitié coton. Herbes de soie, légères étoffes faites avec une espèce de chanvre de Virginie. Taffetas d'herbes, taffetas des Indes fabriqué avec une matière soyeuse qu'on tire de différentes plantes.

PROVERBES

Il a bien fait, il aura de l'herbe. Ce poëte Malherbe Qu'on tient si parfait, Il aura de l'herbe, Car il a bien fait, Théophile, dans LEROUX DE LINCY, Prov. t. I, p. 77.

À chemin battu il ne croît pas d'herbe, c'est-à-dire il n'y a point de profit à faire en un négoce dont trop de gens se mêlent.

L'herbe sera bien courte s'il ne trouve de quoi brouter, se dit d'un homme industrieux qui sait se créer des ressources là où d'autres ne trouvent rien.

Méchante herbe, mauvaise herbe croît toujours, se dit, par plaisanterie, d'un enfant qui grandit. Vous voyez qu'elle est grande ; mais mauvaise herbe croît toujours, Molière, l'Avare, III, 10.

Avalez, ce sont herbes, se disait autrefois lorsqu'on engageait un malade à prendre une potion médicinale.

HISTORIQUE

XIe s. Sur l'erbe verte estut devant son tret [tente], Ch. de Rol. LIII.

XIIe s. [Au temps] Que bois et pres sont de mainte semblance, Vert et vermeil, couvert d'erbe et de flor, Couci, XVI.

XIIIe s. Qui aloient jouant sur l'erbe qui verdie, Berte, II. En croi sur l'herbe drue doucement se couchoit, ib. XXVIII. Il puet ouvrer et faire ouvrer de jours et de nuiz de fleurs et de herbes, Liv. des mét. 246. La digneté de l'herbe [une herbe magique] ens u fons la porta ; Or est u fons de l'eve, si com l'en dit, piecha, Et le jour saint Jehen, ne le mescreés jà, Vient tous jours dessus l'eve, toute coie estera, Gaufrey, V. 3955.

XIVe s. Pour telle medecine il fault telle herbe, Oresme, Eth. 69.

XVe s. Pour herbe vert à parer la sale [à manger], Bibl. des chartes, 5e série, t. I, p. 225. Qui ne point [pique] en herbe ne point en espic, Leroux de Lincy, Prov. . I, p. 77.

XVIe s. … Et l'odorant amome d'Assyrie Sera commun comme herbe de prairie, Marot, I, 228. Elle y avoit mis toutes les herbes de la Saint-Jean, Despériers, Contes, LXVI. Lequel, faisant doucement ses approches, lui coupoit l'herbe sous le pied, Yver, p. 588. Nicotiane ou herbe à la royne qu'aucuns maintenant appellent petum, Bouchet, Serées, liv. III, p. 16, dans LACURNE. D'aucuns des dits prez sont à deux herbes, on n'y peut aller qu'ils ne soient fauchez deux fois, Coust. génér. t. I, p. 913. L'herbe qu'on cognoist, on la doit lier à son doigt, Cotgrave En four chaud ne croist herbe, Cotgrave

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

HERBE.

PROVERBES

Ajoutez :

L'eau fait l'herbe, dicton rural, Revue horticole, 16 juil. 1875, n° 14, p. 268.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

HERBE, subst. f. (Botan.) selon M. Tournefort, le nom d’herbe, à proprement parler, convient à toutes les plantes, dont les tiges poussent tous les ans après que les semences sont mûres.

Il y a des herbes dont les racines vivent pendant quelques années, & d’autres dont les racines périssent avec les tiges ; on appelle annuelles celles qui meurent dans la même année après avoir porté leurs fleurs & leurs graines, comme le froment, le segle & autres. On nomme bisannuelles celles qui ne donnent des fleurs & des graines que la seconde ou même la troisieme année après qu’elles ont levé, & qui périssent ensuite ; telles sont l’angélique des jardins & quelques autres. Les herbes dont la racine ne périt pas après qu’elles ont donné leurs semences, s’appellent des herbes vivaces ; telles sont le fenouil, la menthe & autres : nous en trouvons plusieurs parmi celles qui sont toujours vertes, comme le cabaret, le violier, &c. & d’autres qui perdent leurs feuilles pendant une partie de l’année, comme le pas-d’asne, le pied de-veau, la fougere, &c.

Herbe aux anes, ou Agra (Bot.) genre de plante à fleur, composée de quatre pétales disposés en rose, & soutenus par un calice. Le pistil sort de la partie supérieure du calice, qui forme un tuyau ; la partie inférieure devient un fruit cylindrique qui s’ouvre en quatre parties, qui est divisé en quatre loges, & qui renferme des semences attachées à un placenta, & le plus souvent anguleuses. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe Saint-Antoine, chamænerion, (Bot.) genre de plante à fleur, composée de quatre pétales disposés en rose ; il sort du milieu de la fleur un pistil qui s’ouvre dans plusieurs especes de ce genre en quatre pieces ; le calice est de forme cylindrique, il a pour l’ordinaire quatre feuilles, il devient un fruit divisé en quatre loges qui s’ouvrent aussi en quatre pieces par la pointe : ce fruit renferme des semences garnies d’aigrettes, & attachées à un placenta qui a quatre feuillets ; ils forment les cloisons du fruit. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe blanche, gnaphalium, (Bot.) genre de plante à fleur, composée de plusieurs fleurons découpés, portés sur un embryon, séparés les uns des autres par des feuilles pliées en gouttiere, & soutenues par un calice écailleux presque demi-sphérique. L’embryon devient dans la suite une semence enveloppée d’une coëffe. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe à coton, filago, (Bot.) genre de plante à fleur composée de plusieurs fleurons découpés en étoile, portés chacun sur embryon, & soutenus par un calice écailleux qui n’est pas luisant : chaque embryon devient une semence garnie d’une aigrette. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

L’Herbe à coton ou gnaphalium vulgare est d’un genre différent que le gnaphalium montanum, ou pié-de-chat.

La racine de l’herbe à coton est fibreuse & chevelue ; ses tiges sont grêles, hautes de six à neuf pouces, droites, cylindriques, blanches à leurs sommités, couvertes d’un grand nombre de feuilles, placées sans ordre, velues, étroites & oblongues. Il naît à l’extrémité des rameaux, ou dans les angles qu’ils font en s’écartant de la tige, des bouquets de plusieurs fleurs ramassées ensemble & sans pédicule ; elles sont composées de fleurons si petits, qu’à peine peut-on les voir, divisés en cinq parties, appuyés sur un embryon & renfermés dans un calice écailleux qui n’est ni doré, ni luisant : cet embryon se change en une semence garnie d’une aigrette. (D. J.)

Herbe cachée, voyez Clandestine.

Herbe aux Chats, (Botan.) cataria, genre de plante à fleur monopétale labiée ; la levre supérieure est relevée, arrondie & découpée en deux pieces ; la levre inférieure est découpée en trois pieces, celle du milieu est creusée en forme de cuiller, les deux autres bordent l’ouverture de la fleur ; il sort du calice un pistil attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences arrondies & renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Boerhaave compte sept especes de cataire, dont la principale est nommée par les Botanistes cataria major vulgaris, ou menta cataria.

Sa racine est blanche, ligneuse, divisée en plusieurs branches ; elle pousse une tige qui s’éleve à la hauteur de trois piés & plus, quarrée, velue, rameuse, rougeâtre en bas près de la terre, du reste blanchâtre, & produisant des rameaux opposés deux à deux ; ses feuilles sont semblables à celles de la grande ortie, dentelées en leurs bords, pointues, lanugineuses, blanchâtres, attachées à de longues queues, d’une odeur de menthe, forte, d’un goût âcre & brûlant.

Ses fleurs naissent aux sommités des branches, ordinairement pressées, formées en gueule, purpurines ou blanchâtres, disposées en maniere d’épics ; chacune de ces fleurs est un tuyau découpé par le haut en deux levres, & soutenu par un calice fait en cornet, & à cinq pointes, dans lequel les semences sont renfermées ; elles sont ovales, au nombre de quatre, qui succedent à la fleur quand elle est tombée.

Cette plante croît dans les jardins le long des sentiers, parmi les haies, sur le bord des levées & des fossés, dans les endroits humides : elle fleurit en été, a une odeur forte qui tient de la menthe & du pouliot. On l’appelle herbe aux chats, parce que ces animaux l’aiment beaucoup, sur-tout quand elle est un peu fannée : elle est aromatique, âcre, amere, & ne rougit point le papier bleu, ce qui fait voir qu’elle contient un sel volatil, aromatique, huileux, dans lequel la partie urineuse domine de même que dans le sel volatil huileux artificiel. (D. J.)

Herbe aux Chats, (Mat. med.) on emploie fort rarement cette plante dans les prescriptions magistrales ; on pourroit y avoir recours cependant comme aux autres plantes emménagogues & hystériques, auxquelles elle est très-analogue : elle entre dans les compositions suivantes de la Pharmacopée de Paris, savoir l’eau générale, l’eau hystérique, les trochisques hystériques, le syrop d’armoise, & la poudre d’acier. (b)

Herbe de Saint-Christophe, christophoriana, (Bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond ; il sort du milieu de la fleur un pistil, qui devient dans la suite un fruit mou ou une baie en forme d’œuf remplie de semences qui tiennent ordinairement les unes aux autres, & qui forment deux files. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Boerhaave en nomme quatre especes étrangeres ; il doit nous suffire de parler de la christophoriane commune, appellée par Tournefort, christophoriana nostras, racemosa & ramosa.

Elle pousse des tiges à la hauteur d’un ou deux piés, menues, tendres, rameuses ; ses feuilles sont assez grandes, divisées en plusieurs parties, oblongues, pointues, dentelées en leurs bords, de couleur verte-blanchâtre : ses fleurs naissent aux sommités, formées en grapes ou épics, composées chacune de cinq pétales blancs, disposés en rose. Quand cette fleur est passée, il lui succede une baie molle, ovale, peu charnue, laquelle noircit comme le raisin en meurissant. Elle renferme deux rangées de semences plates, posées les unes sur les autres. La racine de cette christophoriane est assez grosse, garnie de quelques fibres, noire en-dehors, jaune ou de couleur de buis en-dedans.

Il faut prendre garde d’user de cette plante intérieurement ; car elle est un poison semblable à celui de l’aconit ordinaire. Elle vient plus haut dans les vallons que dans les montagnes, & cependant elle se plaît sur leur sommet, au rapport de Simler ; c’est pour cela que M. de la Mothe le Vayer, domicilié à la cour, disoit joliment de lui : « Je ressemble ici à la christophoriane, qui se tient d’autant plus petite, qu’elle se trouve dans un lieu plus élevé ». (D. J.)

Herbe à coton, (Mat. med.) l’herbe à coton est rarement d’usage, ou plutôt elle est absolument inusitée ; elle est appellée dans les livres vulnéraire & astringente. (b)

Herbe aux cuillers, cochlearia, (Bot.) genre de plante à fleur composée de quatre pétales disposés en croix ; il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit presque rond, divisé en deux loges par une cloison qui porte deux coques ou panneaux ; il se trouve dans chaque loge des semences presque rondes. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe à l’Epervier, hieraceum, (Botan.) genre de plante à fleur composée de plusieurs demi-fleurons portés sur un embryon & soutenus par un calice : les embryons deviennent des fruits garnis d’aigrette & ramassés en bouquet. Ajoutez à ces caracteres que les tiges sont fortes & branchues, ce qui fait distinguer l’herbe à l’épervier du scorsonere, de la dent-du-lion, &c. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe a éternuer, ptarmica, (Bot.) genre de plante à fleur radiée, dont le disque est composé de fleurons, & la couronne de demi-fleurons, portés sur des embryons, & soutenus par un calice écailleux ; les embryons deviennent dans la suite de petites semences. Ajoutez à ces caracteres que les feuilles sont dentelées ou découpées profondément & différemment des feuilles du mille-feuille. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe a éternuer, (Mat. méd.) cette plante a tiré son nom de la propriété sternutatoire qu’elle possede. Nous n’en faisons presque point d’usage, parce que nous avons des sternutatoires plus sûrs.

Herbe aux hémorrhoïdes, (Bot.) Voyez Scrophulaire (petite.)

Herbe au lait, glaux, (Bot.) genre de plante à fleur monopétale, faite en forme de cloche, quelquefois ouverte, quelquefois fermée, & toujours découpée ; il sort du milieu de la fleur un pistil, qui devient dans la suite un fruit ou une coque ordinairement sphérique ; elle s’ouvre par la pointe, & elle renferme de petites semences attachées à un placenta. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe aux mites, blattaria (Bot.) Les plantes de ce genre ne different du bouillon blanc qu’en ce que leur fruit est plus arrondi. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

L’espece la plus commune nommée par Tournefort, & autres Botanistes, blattaria lutea, folio longo laciniato, a quelque rapport avec le bouillon blanc ; mais ses feuilles sont plus petites, plus étroites, plus vertes, dentelées, & découpées sur leurs bords ; les tiges sont hautes de trois à quatre piés, branchues, arrondies, garnies vers le bas de quelques feuilles plus courbées que les supérieures. Ses fleurs sont d’une seule piece, jaunes, taillées en rosette, dont les cinq quartiers sont obtus & arrondis ; du calice de ces fleurs qui répandent une odeur douce, s’élevent cinq étamines purpurines, à sommets jaunes ; le pistil qui enfile la fleur, devient une coque dure, arrondie, & qui s’ouvre en deux parties, contenant des semences menues & anguleuses ; lorsque cette plante est répandue par terre, elle attire les mites, dit Pline, c’est pourquoi nous l’appellons à Rome blattaria ; mais je ne sais si la blattaire de Pline est la nôtre. (D. J.)

Herbe musquée, moschatellina. (Bot.) genre de plante à fleur radiée & découpée ; il sort du calice un pistil qui est attaché comme un clou au milieu de la fleur, & qui devient dans la suite, suivant l’observation de Ray, un fruit mou ou une baie, pleine de suc & de semence applatie. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe aux nombrils, omphalodes, (Bot.) genre de plante à fleur radiée & découpée ; il sort du calice un pistil qui est attaché comme un clou au milieu de la fleur ; il devient dans la suite un fruit composé de quatre capsules concaves ; elles forment chacune une sorte de nombril, & elles portent une semence presque plate, & attachée à un placenta qui a la figure d’une pyramide à quatre faces. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Herbe paris, (Bot.) Les racines de cette plante, que presque tous les Botanistes appellent herba paris, & que nous nommons vulgairement raisin de renard, rampent sur la surface de la terre ; elles sont foibles, de couleur brune, poussent çà & là des branches ou des tiges longues, & à la hauteur d’un demi-pié ; ces tiges ont ordinairement quatre, quelquefois cinq ou six feuilles, larges, rondelettes, & terminées en une pointe aiguë. Du milieu de ces feuilles, s’éleve une foible tige qui a deux ou trois pouces de haut, & qui porte une fleur composée de quatre feuilles vertes, au-dessous desquelles il y en a autant qui sont étroites, & de la même couleur ; au milieu d’elles, croît une baie noire, ovoïde, environ de la grosseur d’un grain de raisin, insipide au goût.

On trouve l’herbe paris dans les lieux humides & couverts ; elle fleurit au printemps, & sa baie est mûre en Juillet ; on regardoit autrefois cette plante comme venéneuse, ensuite on est tombé dans un excès opposé ; on l’a vanté comme un contrepoison ; elle n’a ni ce défaut, ni cette qualité. (D. J.)

Herbe a pauvre homme, (Mat. med.) Voyez Gratiole.

Herbe-aux-perles, (Mat. med.) Voyez Gremil.

Herbe a la puce, toxicodendrum, (Bot.) genre de plante à fleur composée de plusieurs petales disposés en rose ; il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit arrondi & sec ; il est ordinairement cannelé, & il renferme une semence. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe aux puces, psylliun. (Bot.) Les plantes de ce genre ne different du plantain & de la corne de cerf, qu’en ce quelles s’élevent en tiges & en branches ; tandis que les fleurs & les fruits du plantain & de la corne de cerf sont soutenus par de simples pedicules. Tournefort, Instit. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe aux puces, (Mat. med.) la semence de cette plante est la seule partie qui soit d’usage en Médecine. On en tire, soit par la digestion avec l’eau commune tiede, soit par l’eau de rose, l’eau de fenouil, l’eau de plantain, &c. un mucilage dont plusieurs auteurs ont vanté l’utilité particuliere dans tous les cas où il faut rafraîchir, adoucir, calmer, à qui Mesué attribue avec aussi peu de fondement, une acreté maligne, cachée, qui doit rendre suspect son usage intérieur ; mais auquel nous ne connoissons véritablement que les qualités communes des mucilages. Voyez Mucilages. Au reste cette plante est plus connue dans les boutiques sous le nom de psyllium que sous celui-ci.

Herbes aux rhagades, rhagadiolus, (Bot.) genre de plante à fleur composée de plusieurs demi-fleurons portés sur un embryon dont le filet s’emboite dans un trou qui est au bas de chaque demi-fleuron ; ils sont soutenus par un calice dont les feuilles deviennent des gaînes, qui sont pour l’ordinaire disposées en étoiles, & qui renferment une semence le plus souvent longue & pointue. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe a robert, geranium robertianum. (Bot.) Sa racine est menue, de la couleur du buis. Ses tiges sont hautes de neuf à dix pouces, velues, noueuses, rougeâtres, sur-tout près des nœuds & de la terre, branchues & garnies de quelques poils. Ses feuilles sortent en partie de la racine, & en partie des nœuds ; elles sont cotonneuses, un peu rouges à leurs bords, quelquefois toutes rouges, découpées à peu-près comme celles de la matricaire, en trois segmens principaux ; ses fleurs sont purpurines, rayées de pourpre clair, à cinq pétales disposés en rose, renfermés dans un calice velu, d’un rouge foncé, partagé en cinq quartiers, garni à son milieu d’étamines jaunes. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede des fruits en forme de becs pointus, chargés de petites graines oblongues, & brunes dans leur maturité.

Toute cette plante a une odeur assez forte, mais cependant agréable ; ses feuilles ont une saveur styptique, salée & acidule. Elles rougissent le papier bleu, & sentent le bitume, ou le pétrol. Il paroît de là, que la plante contient un sel essentiel & alumineux, uni avec un peu d’huile fœtide & de sel ammoniacal. (D. J.)

Herbe a robert, ou Bec de grue, (Mat. med.) Cette plante est regardée comme un bon vulnéraire, astringent, tempéré. On le donne dans les décoctions vulnéraires pour l’usage intérieur. On croit que ces décoctions, ou le vin dans lequel on a fait macérer cette plante, arrête toutes sortes d’hémorrhagies.

On l’employe encore extérieurement en cataplasme & en lotion, pour déterger les ulceres, & dans la vue de résoudre les tumeurs œdémateuses. Fabrice de Hilden recommande l’application de la décoction de cette plante, sur les cancers des mamelles ; mais toutes ces propriétés sont peu constatées.

On emploie presque indifféremment l’herbe à robert, le bec de grue sanguin, & le pié de pigeon, qui sont trois especes du même genre ; l’herbe à robert est cependant la plus usitée des trois ; au reste elles ne le sont beaucoup ni les unes ni les autres. (b)

Herbe du siége, (Bot.) plante du genre appellé scrophulaire. Voyez Scrophulaire.

Herbe du siége, (Mat. med.) Voyez Scrophulaire aquatique.

Herbe aux teigneux, (Mat. med.) Voyez Bardane.

Herbe aux varices, circium, (Bot.) genre de plante à fleur composée de plusieurs fleurons découpés, portés sur un embryon, & soutenus par un calice écailleux qui n’a point d’épines ; l’embryon devient dans la suite une semence garnie d’aigrettes. Ajoutez à ces caracteres que les feuilles ont des épines molles ; l’herbe aux varices a donc des épines sur les feuilles, mais non pas sur le calice ; au contraire, le calice du chardon est épineux, & la jacée n’a point d’épines sur le calice ni sur les feuilles. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe aux verrues, heliotropium, (Bot.) genre de plante à fleur monopétale en forme d’entonnoir, plissé en étoile dans le centre, & dont les bords sont découpés en cinq parties, entre lesquelles il s’en trouve cinq autres beaucoup plus petites ; il sort du calice un pistil attaché comme un clou à la partie inférieure de la fleur, & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences inégales d’un côté, & renflées de l’autre. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Herbe, (Nomenclat. Botan.) On a tellement altéré ou changé les noms que les Botanistes ont donnés aux plantes, que nous prions les lecteurs de chercher les mots suivans, sous leurs dénominations botaniques.

Herbe aux ânes.  Voyez  Onagra.
Herbe des aulx. Alliaire.
Herbe à cent maux. Nummulaire.
Herbe aux charpentiers. Millefeuilles.
Herbe citronnée. Mélisse.
Herbe aux cueillers. Cochléaria.
Herbe enchanteresse. Circée.
Herbe à épervier. Hieracium.
Herbe à éternuer. Ptarmique.
Herbe aux fleches. Touloula.
Herbe flottante. Sargazo.
Herbe Gérard. Angélique.
Herbe de la goutte. Rossolis.
Herbe aux gueux. Clématite.
Herbe aux hémorrhoïdes. Chélidoine.
Herbe de la houalt. Apocyne.
Herbe jaune. Gaude.
Herbe de la lacque. Phytolacca.
Herbe aux mamelles. Lampsane.
Herbe à lait. Polygala.
Herbe maure. Réséda.
Herbe aux moucherons. Conise.
Herbe musc. Ketmia.
Herbe musquée. Moschatelline.
Herbe au nombril. Omphalodes.
Herbe d’or. Hélianthème.
Herbe à la paralysie. Primevere.
Herbe du Paraguay. Cassine.
Herbe à pauvre homme. Gratiole.
Herbe aux perles. Grémil.
Herbe aux poumons. Pulmonaire.
Herbe aux pous. Staphysaigre.
Herbe aux puces. Psyllium.
Herbe à la reine. Nicotiane.
Herbe aux rhagades. Rhagadiolus.
Herbe de S. Benoît. Bénoite.
Herbe de S. Etienne. Circée.
Herbe de S. Jacques. Jacobée.
Herbe de S. Jean. Armoise.
Herbe de S. Julien. Sarriete
Herbe de S. Laurent. Bugle.
Herbe de S. Pierre. Primevere.
Herbe sans couture. Ophioglosse.
Herbe de Scythie. Réglisse.
Herbe du siége. Scrophulaire aquatique.
Herbe aux sorciers. Pomme épineuse, ou Stramonium.
Herbe aux teigneux. Pétasite.
Herbe à sept tiges. Statice.
Herbe de la Trinité. Hépatique.
Herbe de Vulcain. Renoncule.
Herbe vénéneuse. Cigüe.
Herbe aux verrues. Héliotrope.
Herbe aux vers. Tanaisie
Herbe aux viperes. Vipérine.
Herbe vive. Sensitive, &c.

Il seroit à souhaiter qu’on n’eût point introduit tous ces faux noms d’herbe à, aux, de, des, du, Saint, Sainte, & plusieurs autres semblables, à la place des noms botaniques : car il est arrivé de-là, que dans tous nos dictionnaires françois, celui de Richelet, de Furetiere, de l’académie, de Corneille, de Trévoux, &c. on trouve ici quantité de doubles emplois & de définitions, explications ou descriptions qui ne sont pas à leur lieu, indépendamment qu’on ne les a pas tirés communément des meilleures sources, parce que les auteurs qui y ont travaillé, n’étoient pas des gens de l’art. (D. J.)

Herbes mauvaises, (Agricult.) les jardiniers & les laboureurs nomment mauvaises herbes, toutes celles qui croissent d’elles-mêmes dans leurs jardins & dans leurs champs, & qu’ils ne se proposent pas d’y cultiver.

Elles dérobent aux autres une grande partie de la substance de la terre qu’elles épuisent, prennent souvent le dessus sur les bonnes plantes, & les étouffent par leur multiplication. Mais comme les mauvaises herbes nuisent principalement aux blés, nous les considérerons ici sous cette face, comme a fait M. du Hamel dans son Traité de la culture des terres.

Entre les mauvaises herbes que le laboureur redoute le plus dans les champs qu’il a ensemencés en blé, on compte 1°. une sorte de lychnis qu’on nomme nielle, & qui noircit le pain ; 2°. la queue de renard, dont la semence rend le pain amer ; 3°. le ponceau ou pavot sauvage, dont la graine est très fine, & qui étouffe le froment ; 4°. le vesceron, qui couvre le blé quand il est versé, & le fait pourrir ; 5°. le chiendent & le pas-d’ane, qui se multiplient par leurs semences, par leurs racines qui s’étendent en traînasse, & même par les tronçons de leurs racines, qu’on coupe en labourant la terre ; 6°. le mélilot, qui donne au pain une mauvaise odeur ; 7°. l’yvraie, qui le rend de qualité nuisible ; 8°. enfin, les chardons, les hiebles, la folle avoine, la renouée, l’arrête-bœuf, & quantité d’autres plantes, dont le vent jette la graine de toutes parts, & qui ruinent le bon grain.

Pour empêcher que ces mauvaises herbes ne se multiplient, il faudroit les détruire avant que leur graine fût mûre ; mais cela n’est pas possible dans les terres ensemencées à l’ordinaire, puisqu’elles croissent avec le bon grain, & que la plûpart meurissent plutôt que le froment : les graines de ces mauvaises herbes se sement d’elles-mêmes en tombant à terre, & les plantes nuisibles qu’elles fournissent, se multiplient en dépit du laboureur.

On ne peut pas non plus les détruire en laissant les terres en friche, car leurs semences se conservent en terre plusieurs années, sans s’altérer. M. du Hamel a observé que si l’on seme en sain-foin un champ où il y ait beaucoup de ponceau, dès la seconde année du sain-foin, l’on n’appercevra presque pas un pié de cette plante ; mais lorsqu’au bout de neuf ans on défrichera le sain-foin, l’on verra souvent reparoître le ponceau ; ce fait prouve bien que les graines de cette plante s’étoient conservées en terre pendant ce tems-là. Il y en a qui s’y conservent des quinze & vingt ans, & nous ignorons même jusqu’où le terme de leur conservation peut s’étendre.

Pour remédier à ce mal, plusieurs cultivateurs labourent soigneusement les terres qu’on laisse en jachere, c’est-à-dire en friche, & il est vrai que comme quantité de graines levent pendant cette année de repos, les labours répétés en détruisent beaucoup ; mais il y a plusieurs sortes de plantes, telles que la folle avoine & la queue de renard, dont la graine ne venant à lever que quand elles ont resté en terre deux ou trois ans, inutilement laboureroit-on avec tout le soin possible, les champs où elles se trouvent, on ne réussiroit point à les faire lever plûtôt.

D’autres fermiers, pour détruire ces mauvaises herbes, ces plantes si nuisibles, ont cru ne pouvoir rien imaginer de mieux, que de dessaisonner leurs terres, c’est-à-dire de mettre l’avoine dans l’année où on auroit dû les ensemencer en blé. L’expérience a appris qu’on fait par ce moyen périr certaines plantes, qui paroissant seulement tous les trois ans, ne se montrent que dans les blés ; mais le laboureur perd une recolte, & il lui reste encore beaucoup de mauvaises herbes à détruire. Alors il prend quelquefois le parti de faire sarcler ses blés, c’est-à-dire d’arracher avec un sarcloir les méchantes herbes qui paroissent ; mais cette opération se réduit presque seulement à détruire quelques têtes de chardons, & quelques piés de ponceau, ou de bluets ; les plantes les plus menues qui sont aussi préjudiciables, telles que le vesceron, la folle avoine, l’yvraie, la nielle, la renouée, l’arrête-bœuf, la queue de renard, & tous les petits piés de ponceau, restent dans le champ. De plus, en coupant les mauvaises herbes, il n’est guere possible qu’on ne coupe du blé ; enfin toutes les plantes bisannuelles qui sont dans ce champ, poussent de leurs racines, deux, trois, quatre tiges, au lieu d’une, & le mal devient encore plus considérable.

Le meilleur moyen connu jusqu’à ce jour, de déraciner & de détruire les mauvaises herbes des champs, est de continuer les labours pendant que les blés sont en terre, suivant la méthode de M. Tull, & c’est encore là un des beaux avantages de cette méthode. (D. J.)

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Étymologie de « herbe »

Du latin herba, via l’ancien français erbe.
Pour le sens de « chanvre indien », calque de l’arabe حشيش, hachich (« herbe »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Berry, harbe ; wallon, ièbe ; Hainaut, hierbe ; provenç. erba, herba ; espagn. yerva ; port. herva ; ital. erba ; du lat. herba. Herba paraît tenir au grec φέρϐειν, paître, répondant au sanscrit bharv, qui se trouve dans le véda : bharvati, il mange, et dans l'expression sûbharvas gâvas, εὔφορϐοι βόες, bœufs bien nourris.

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Phonétique du mot « herbe »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
herbe ɛrb

Citations contenant le mot « herbe »

  • La mauvaise herbe n'est jamais qu'une plante mal aimée. De Ella Wheeler Wilcox , 
  • Amateur de décoration rustique et de belles plantes, vous aimerez certainement l’herbe de la pampa. C’est une plante originaire d’Amérique du Sud qui séduit non seulement par sa beauté, mais aussi sa résistance dans le temps. Vous pouvez vous procurer de jeunes plants à faire pousser dans votre jardin ou de l’herbe séchée pour sublimer votre intérieur. La Santé au Naturel, Herbe de Pampa séchée : Où la trouver ? - La Santé au Naturel
  • Il y a des temps où l'on ne peut plus soulever un brin d'herbe sans en faire sortir un serpent. Marceline Desbordes-Valmore, Correspondance, à Pauline Duchambge, 11 mai 1857
  • La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense, Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. Jean de La Fontaine, Fables, les Animaux malades de la peste
  • Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Et la sœur Anne lui répondait : Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie. Charles Perrault, Barbe-Bleue
  • Presque tous nous fauchons en herbe les biens qui nous auraient été de riches moissons. Marcel Proust, Jean Santeuil, Gallimard
  • Il y a toujours quelques mauvaises herbes dans nos rites et dans nos jardins. Jules Roy, Le Métier des armes, Gallimard
  • L'amour est une herbe spontanée et non une plante de jardin. Ippolito Nievo, Confession d'un octogénaire Confessioni d'un ottuagenario
  • Mauvaise herbe croît toujours. De Érasme , 
  • L’herbe est toujours plus verte ailleurs. De Proverbe français , 
  • Mauvaise herbe croît toujours même en hiver. De Proverbe français , 
  • Le champ du paresseux est plein de mauvaise herbe. De Proverbe français , 
  • A chemin battu ne croît point l’herbe. De Proverbe français , 
  • Patience ! Avec le temps, l'herbe devient du lait. De Proverbe chinois , 
  • Le vieux bœuf préfère l'herbe tendre. De Proverbe brésilien , 
  • L'herbe est toujours plus verte dans le pré d'à côté. De Proverbe italien , 
  • L'herbe qui n'est pas employée à temps est sans vertu. De Proverbe irlandais , 
  • Dieu ne se répète jamais, même dans un brin d'herbe. De Taylor Caldwell , 
  • A chemin trop battu, il ne croît jamais d'herbe. De Proverbe français , 
  • La rumeur pousse comme une mauvaise herbe après un incendie de forêt. De Moses Isegawa / Chroniques abyssiniennes , 
  • Le redoutable dragon ne l'emporte pas sur le serpent lové dans l'herbe. De Proverbe chinois , 
  • Une mauvaise herbe est une plante dont on n'a pas encore trouvé les vertus. De Ralph Waldo Emerson , 
  • Si la pousse de l'herbe au niveau national s'avère dans la norme pour cette période de l'année par rapport à la pousse de référence, de fortes disparités sont à noter. Les régions Hauts-de-France et Grand Est affichent un déficit marqué, alors que celles du sud de la France sont plutôt en excédent. Web-agri, Pousse de l'herbe en France au 20 juin 2020 - Agreste
  • La pluie en juin n'est pas tombée partout et cela se fait sentir sur la pousse de l'herbe. Alors que certains éleveurs sont déjà contraints de rentrer leurs animaux, d'autres profitent encore de prairies verdoyantes. Petit tour de France à partir des photos partagées sur Twitter par les éleveurs. Web-agri, Météo et pâturage : de grandes différences sur la pousse de l'herbe
  • ***La sarriette peut être remplacée par une autre herbe aromatique et comme beaucoup d’herbes aromatiques, elle  perd de son parfum lors de la cuisson, c’est pourquoi, il est préférable de la mettre en fin de cuisson dans la soupe chaude. France Bleu, Soupe froide à la sarriette (ou autre herbe)
  • Dans un entretien accordé au site de l’ATP, Francis Roig l’un des coach de Rafael Nadal s’est penché sur les aptitudes de son poulain à être performant sur l’herbe. We Love Tennis, Wimbledon > Roig : "Rafael Nadal joue mieux sur herbe que sur dur" - We Love Tennis
  • La vente d’herbe est un contrat définit comme « toute cession exclusive des fruits de l’exploitation lorsqu’il appartient à l’acquéreur de le recueillir ou de les faire recueillir » (article L 411-1 du code rural). Ce contrat correspond concrètement à deux situations : lorsque le propriétaire d’un pré vend l’herbe à un exploitant agricole qui y réalise la fenaison ou lorsque ce dernier y fait paître ses animaux. Ce contrat peut facilement être requalifié en bail rural. Journal Paysan Breton, La vente d'herbe est-elle un bail rural ? | Journal Paysan Breton
  • Contacté par téléphone, Johnny Bacquart explique que « le cimetière, c’est de pire en pire ». À titre d’exemple, il cite les haies : « elles touchent les monuments aux morts », mais aussi les poubelles : « elles ne sont pas souvent sorties », ou encore les mauvaises herbes entre les tombes. Il interroge la municipalité : , Cimetière du Neubourg : « il faudra s'habituer à voir de l'herbe » | Le Courrier de l'Eure
  • La mauvaise herbe n'est jamais qu'une plante mal aimée. De Ella Wheeler Wilcox , 
  • Vous pouvez vous procurer de jeunes plants à faire pousser dans votre jardin ou de l’herbe séchée pour sublimer votre intérieur. La Santé au Naturel, Herbe de Pampa séchée : Où la trouver ? - La Santé au Naturel
  • Il y a des temps où l'on ne peut plus soulever un brin d'herbe sans en faire sortir un serpent. Marceline Desbordes-Valmore, Correspondance, à Pauline Duchambge, 11 mai 1857
  • La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense, Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. Jean de La Fontaine, Fables, les Animaux malades de la peste
  • Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Et la sœur Anne lui répondait : Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie. Charles Perrault, Barbe-Bleue

Images d'illustration du mot « herbe »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « herbe »

Langue Traduction
Anglais grass
Espagnol césped
Italien erba
Allemand gras
Chinois
Arabe نجيل
Portugais relva
Russe трава
Japonais
Basque belarra
Corse erba
Source : Google Translate API

Synonymes de « herbe »

Source : synonymes de herbe sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot herbe au scrabble : 10 points

Herbe

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