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Habit

Variantes Singulier Pluriel
Masculin habit habits

Définitions de « habit »

Trésor de la Langue Française informatisé

HABIT, subst. masc.

A. −
1. Au sing., vieilli ou littér. Manière d'être habillé, et, p. méton., ensemble des vêtements de dessus. Synon. costume, habillement, tenue.Un pèlerin de Palestine emporte sur son habit les coquillages de la rive (Quinet, Ahasvérus,1833, 4ejournée, p. 350).Je ne vous retrouve pas en moinillon, les mains dans les manches et la tête dans le capuchon (...). C'est un habit commode (Claudel, Otage,1911, II, 1, p. 250).V. costume ex. 4.
[Avec un déterm.] Manière d'être habillé, et, p. méton., ensemble des vêtements de dessus propres à une personne, à un groupe social ou à une activité, une circonstance. Des soldats, vêtus de l'habit sarrazin, entourent le prince (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 282).Cet habit de plongeur (...) avec ses gros yeux et son visage de morse (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 31) :
1. Leur conversion [des barbares] au christianisme, qu'était-ce, sinon leur affiliation à Rome, par les évêques, continuateurs directs de l'habit, de la langue et des mœurs romaines? Renan, Avenir sc.,1890, p. 392.
SYNT. Habit ecclésiastique, européen, laïque, monastique, religieux; habit d'amazone, d'arlequin, de novice, de pénitent, de polichinelle, de religieux/-euse; habit d'apparat, de bal, de cérémonie, de chasse, de cheval, de cour, de deuil, de fête, de gala, de ville, de voyage; endosser, mettre, ôter, porter, revêtir un habit; changer d'habit.
2. Au plur., cour. Ensemble des vêtements de dessus. Beaux, riches, vieux habits; brosse à habits; marchand d'habits (synon. chiffonnier, fripier). Comme il marchait vite dans ses habits trop larges, les pans de sa jaquette se soulevaient derrière lui (Ramuz, A. Pache,1911, p. 15).Il déshabilla précipitamment l'officier, pris (...) de rage parce que les habits ne se dégageaient pas assez vite du corps (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 386) :
2. Fix fut renversé et se releva, les habits déchirés (...). Son paletot de voyage s'était séparé en deux parties inégales, et son pantalon ressemblait à ces culottes dont certains Indiens (...) ne se vêtent qu'après en avoir préalablement enlevé le fond. Verne, Tour monde,1873, p. 147.
[Avec un déterm.] Ensemble des vêtements de dessus propres à une personne, à un groupe social ou à une activité, à une circonstance. Habits pontificaux, royaux, sacerdotaux; habits de deuil, du dimanche. Le saltimbanque Nicolo, encore vêtu de ses habits de tréteaux (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 534).Ce matin, elle est allée à la messe, mais avec les habits de son rang et non plus déguisée en paysanne (Camus, Chev. Olmedo,1957, 1rejournée, 2, p. 722) :
3. Bien qu'elle aimât à lire, elle ne l'aurait jamais osé un jour de semaine, la lecture étant (...) trop noble (...) pour s'y adonner en habits de travail. Mais le dimanche après-midi, revêtue de sa bonne robe sur laquelle elle passait un tablier blanc, (...) là elle pouvait sortir ses livres. Guèvremont, Survenant,1945, p. 57.
B. − En partic.
1. Vêtement de dessus des religieux, des religieuses. Christophe Colomb, qui vécut et mourut comme un saint et porta l'habit du bon saint François (A. France, Jard. Épicure,1895, p. 284) :
4. ... ce siècle [le xixe] qui, à son aurore, avait applaudi et tressailli de joie à la restauration du culte, en était revenu à la haine du prêtre; l'insulte s'attachait à l'habit. Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 4, 1863, p. 422.
,,Habit long. La soutane. Habit court. L'habit noir que portent les ecclésiastiques quand ils ne sont pas en soutane`` (Ac.1932).V. clergyman B.
Locutions
Prendre, recevoir/quitter l'habit. Entrer en religion/se défroquer. Une lettre du roi (...) avec ordre de faire à l'instant quitter l'habit à ces novices et de les renvoyer (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 25) :
5. Dans l'autobus (...) un groupe de six à huit converses est monté, accompagné de deux religieuses; elles avaient pris l'habit aujourd'hui même... Larbaud, Journal,1932, p. 257.
Prise d'habit. Entrée en religion. Synon. (pour les religieuses) prise de voile, vêture.La liturgie de la prise d'habit et de la profession (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 203).
Loc. proverbiale. L'habit ne fait pas le moine. Il ne faut pas se fier aux apparences (souvent trompeuses). Cela changea toutes mes idées sur les riches commerçants; je reconnus alors que l'habit ne fait pas le moine, et depuis je ne me suis plus trompé sur ce chapitre (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 332).
2. Vêtement masculin de dessus, couvrant le haut du corps, à longue(s) basque(s) échancrée(s) par devant.
a) [Porté autrefois par les aristocrates, les bourgeois, le personnel de service en grande tenue] Habit, veste et culotte de même étoffe (Ac.1835, 1878).Les huissiers en habit et en culotte bleu clair, avec l'épée et le tricorne (Zola, E. Rougon,1876, p. 162).Les uns étaient vêtus de la veste, de l'habit et de la culotte, comme en l'ancien temps (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 148) :
6. ... le jeune d'Israëli (...) s'habilla avec une recherche extravagante, habit de velours noir, manchettes de dentelle, bas de soie noirs à rubans rouges... Maurois, Disraëli,1927, p. 29.
SYNT. Habit bleu, brun, écarlate, gris, marron, noir, rouge; habit de drap, de nankin, de satin, de soie, de toile; basques, boutons, col, collet, manches, pans, poches, revers d'un habit.
Habit français (vx), à la française. Habit aux basques pleines et non échancrées par devant. On m'avait dit que l'habit français réussissait à la cour : je voulus avoir un habit français (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 224).M. Levrault (...) avait commandé un magnifique habit à la française. Il était bien décidé à ne se montrer au roi qu'en culotte courte, avec l'épée à poignée d'acier (Sandeau, Sacs,1851, p. 43).
Habit habillé (vx). Habit qui était porté pour les cérémonies. Synon. habit à la française.Un monsieur qu'à ses bas de soie et son habit habillé (à onze heures du matin) je reconnus pour un candidat au corps-législatif (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 32).Bonaparte avait voulu que les hommes de la Révolution ne parussent à sa cour qu'en habit habillé, l'épée au côté (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 50).
Habit(-)veste. Habit à basques courtes. Poinsot était presque toujours en habit veste, chapeau rond, quelquefois enfoncé dans de grandes bottes (Michelet, Mémorial,1822, p. 192) :
7. Suivant leur position sociale différente, ils avaient des habits, des redingotes, des vestes, des habits-vestes (...) très courts, ayant dans le dos deux boutons rapprochés comme une paire d'yeux, et dont les pans semblaient avoir été coupés à même un seul bloc, par la hache du charpentier. Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 29.
b) [Porté autrefois par les militaires, à l'exclusion des hussards] Habit de dragon, de garde national; habit rouge des soldats anglais. Vieux royaliste de province (...) il avait fort tardé à changer l'habit blanc des troupes de Sa Majesté contre l'habit bleu des soldats de l'an II (A. France, Étui nacre, Mém. volont., 1892, p. 241).
Habit (d')uniforme*. L'habit d'uniforme, les armes, le chapeau, etc., tout ce qui fait un garde d'honneur (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 100).
P. méton. Les habits rouges. Les soldats anglais. Waterloo. − Vilaine date ! ah ! les habits rouges nous ont décousus, une fois pour toutes (Adam, Enfant Aust.,1902, p. 241).À Bordeaux, le bourgeois était pour le roi. Ils auraient voulu voir débarquer les habits rouges (Pourrat, Gaspard,1925, p. 178).
c) [À l'époque contemp., de couleur gén. noire, porté pour les cérémonies; le plus souvent sans déterm.] Habit à queue d'aronde, de morue, de pie (synon. frac, jaquette). Un académicien en habit brodé de palmes vertes, armé de son glaive inoffensif et portant sous son bras ses œuvres complètes en plusieurs tomes (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 158).Deux clients très élégants, en habit et cravate blanche sous leurs pardessus (Proust, Temps retr.,1922, p. 822).L'indication de tenue de mondaine et d'habit du soir (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 141).V. basque1ex. 4 :
8. ... lorsque Sylvain Itkine (...) me dit qu'il jouerait le chœur en habit de soirée, j'approuvai son idée, qui manifestait que les paroles du chœur valent pour aujourd'hui comme pour il y a six mille ans. Montherl., Pasiphaé,1936, p. 107.
En partic. Habit vert, académique, d'académicien. Habit noir à broderies vertes, tenue officielle des membres de l'Institut. Broderies de l'habit académique (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 47) :
9. ... il allait inaugurer devant les cinq académies réunies en assemblée solennelle son habit d'académicien, tout luisant du drap neuf et de la broderie soyeuse couleur d'espérance. A. Daudet, Femmes d'artistes,1874, p. 227.
P. méton. Académicien. Que le diable emporte l'Académie et ses habits verts! (Balzac, Corresp.,1845, p. 781).Nordomus Évayren (...) va toujours frétiller chez les habits verts (Vogüé, Morts,1899, p. 46).
Dignité d'académicien. Briguer l'habit vert. B. académicien arrivé par les dîners (...). Enfin, il a son habit vert, il est content, il peut prêcher à autrui, officiellement, la morale (Taine, Notes Paris,1867, p.131) :
10. La bêtise, la nullité de certains généraux célèbres, ou maréchaux de France (hors de leur spécialité), fait la stupéfaction des intellectuels qui ont eu l'occasion de les approcher; et il faut garder cet étouffant secret, sans quoi, pas d'habit vert... Montherl., Lépreuses,1939, p. 1396.
C. − P. métaph. ou au fig.
1. Ce qui recouvre, orne. Puisses-tu [un livre] (...) grâce à (...) ton bel habit de maroquin, entrer dans la vitrine de quelque agent de change bibliomane (A. France, Bonnard,1881, p. 503).Panturle a pris sa vraie figure d'hiver. Le poil de ses joues s'est allongé, s'est emmêlé comme l'habit des moutons (Giono, Regain,1930, p. 51) :
11. Toute la nature met Son habit fleuri de mai L'habit est là préparé Mais elle est nue à moitié Claudel, Poés. div.,1952, p. 867.
2. Apparence. La révolte éternelle et invincible de l'instinct (...) éclatant volontiers au moment le plus imprévu, sous l'habit le plus respectable (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 288).Notre peau superficielle, notre habit familial et social, notre convention bien établie étouffent les tempêtes, les maintiennent en vase clos (Arnoux, Double chance,1958, p. 24) :
12. Cette simplicité qu'on exalte (...) tient souvent, pour la littérature, à des tournures de langage plus incultes dans les poésies primitives : en un mot elle est plus dans l'habit de la pensée que dans la pensée elle-même. Delacroix, Journal,1857, p. 77.
Prononc. et Orth. : [abi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 abit « vêtement de religieux » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 6489); ca 1350 prendre l'habit de religion (G. Le Muisis, Poésies, t. 1, p. 142 ds T.-L.); 2. a) sing. 1er quart xiiies. habit « habillement » (Cortois d'Arras, éd. E. Faral, 592); b) surtout au plur. av. 1288 fig. en simple abis (A. de La Halle, Chansons, éd. J. H. Marshall, XXVIII, 26); 3. 1670 habit « veston de cérémonie ajusté à la taille, et à longues basques » (Molière, Bourgeois gentilhomme, 11, 5). Empr. au lat.habitus « mise, tenue », v. habitus. Fréq. abs. littér. : 4 818. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 827, b) 11 622; xxes. : a) 5 060, b) 2 833. Bbg. Quem. DDL t. 10, 16.

Wiktionnaire

Nom commun - français

habit (h muet) \a.bi\ masculin

  1. Tout ce qui est fait pour couvrir le corps, excepté le linge, la coiffure et la chaussure.
  2. (En particulier) Les différentes parties des vêtements de dessus des hommes ; costume.
    • Il ôtait son grand habit noisette, remettait sa perruque dans la boîte et tirait de nouveau son bonnet de soie sur ses oreilles, en disant […] — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Il était dangereux de ne pas avoir d’insignes patriotiques au revers de l’habit. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 213 de l’édition de 1921)
  3. (Spécialement) (Au singulier) Partie de l’habillement de cérémonie qui est ouverte par-devant et qui a des pans par-derrière ; frac.
    • Bédouin, vêtu d’un pantalon de gendarme, d’un habit rouge, coiffé d’un bicorne et nanti de sa hallebarde de suisse, vint le prendre à son banc, et, de force, le contraignit à se mettre à genoux au milieu de la nef. — (Louis Pergaud, Une revanche, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Mmes Daudoird et Clara Lemonnier, dont la première portait l’habit noir avec un chic et une aisance qui auraient damé le pion au clubman le plus élégant. — (Albert Vanloo, Sur le plateau, souvenirs d’un librettiste, 1913)
  4. (En particulier) (Religion) Costume des religieux et des religieuses.
    • Il n’eut que le temps de réendosser prestement sa soutane et de filer en hâte à la sacristie pour revêtir les habits sacerdotaux. — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Moins l’habit et la cornette, c’est une sœur de la charité qui pose des ventouses, des cataplasmes, applique des sinapismes, masse les rhumatisants, ensevelit les morts. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Habit long : La soutane.
    • Habit court : L’habit noir que portaient les ecclésiastiques quand ils n’étaient pas en soutane.
  5. (Figuré) Rôle.
    • Dans son opération de conquête, Macron endosse l’habit du volontariste au parler franc, qui exige que chacun « prenne ses responsabilités ». — (Pauline Théveniaud, Au Salon, Macron la joue cash avec les agriculteurs sur LeParisien.fr. Mis en ligne le 25 février 2018)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

HABIT. n. m.
Les différentes parties des vêtements de dessus des hommes. Habit de rechange. Habit de travail. Changer d'habit. Mettre habit bas. On l'emploie peu au singulier, on dit plutôt COSTUME. On s'en sert souvent au pluriel. Mettre ses habits du dimanche. Habits sacerdotaux. Habits pontificaux. Marchand d'habits. Vieux habits. Habits de deuil. Au singulier, il se dit spécialement de cette Partie de l'habillement de cérémonie qui est ouverte par-devant et qui a des pans par-derrière. Habit noir. On sera en habit. L'habit est de rigueur. On disait autrefois FRAC. Habit vert, L'habit noir brodé de vert qui est le costume officiel des membres de l'Institut. Il se dit aussi du Costume des religieux et des religieuses. Habit long, La soutane. Habit court, L'habit noir que portent les ecclésiastiques quand ils ne sont pas en soutane. Absolument, Prendre l'habit, Prendre l'habit de religieux ou de religieuse. On dit en des sens analogues : Porter l'habit. Quitter l'habit. Donner l'habit. Recevoir l'habit. Prise d'habit. En parlant des Religieuses, on dit plutôt aujourd'hui Prendre le voile. Prov. et fig., L'habit ne fait pas le moine, On ne doit pas juger des personnes par les apparences, par les dehors. Il se dit aussi en parlant de Quelqu'un dont la conduite, les discours ne sont pas conformes à son état.

Littré (1872-1877)

HABIT (a-bi ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des a-bi-z étroits) s. m.
  • 1Ce qui se met par-dessus la chemise et le gilet pour couvrir le corps, chez l'homme, et, chez la femme, ce qui se met par-dessus le jupon. Un habit bourgeois, ecclésiastique, militaire. Ma foi, les beaux habits servent bien à la mine, Régnier, Macette. Sous l'habit de Didyme elle-même est sortie, Corneille, Théod. IV, 5. Une femme ne prendra point un habit d'homme, et un homme ne prendra point un habit de femme, Sacy, Bible, Deutéron. XXII, 5. Quoique son habit [de Psyché] fût de deuil, c'était aussi un habit de noces, chargé de diamants en beaucoup d'endroits, et qui avait consumé deux années du revenu de son père, La Fontaine, Psyché, II, p. 141. Le deuil n'est bien souvent que changement d'habits, La Fontaine, Coupe. Je tâte votre habit [l'habit d'Elmire], l'étoffe en est moelleuse, Molière, Tart. III, 3. L'habit qu'il eut sur lui fut son seul héritage, Boileau, Sat. I. Quelles traces de sang vois-je sur vos habits ? Racine, Théb. I, 3. Et lui-même marchant en habits magnifiques, Racine, Esth. II, 5. Je l'ai vu : son même air, son même habit de lin, Sa démarche, ses yeux, et tous ses traits enfin, Racine, Athal. II, 5. Laissez là cet habit, quittez ce vil métier, Racine, ib. II, 7. Vous savez que l'habit ne fait pas la science, Regnard, Folies am. I, 5. Chez de certaines gens, un habit neuf, c'est presque un beau visage, Marivaux, Marianne, 1re part. L'or et les diamants brillent sur ses habits, Voltaire, Scythes, I, 1. Les autres sont armés sous un habit de paix, Voltaire, Irène, II, 1. Elle avait un habit de cheval qui dessinait à ravir l'élégance de sa taille, Staël, Corinne, XVII, 6. L'hiver moscovite les attaque de toutes parts : il pénètre au travers de leurs légers vêtements et de leur chaussure déchirée ; leurs habits mouillés se gèlent sur eux ; cette enveloppe de glace saisit leurs corps et roidit tous leurs membres, Ségur, Hist. de Nap. IX, 11.

    Habits de chœur, habits que les chanoines, les ecclésiastiques et les religieux portent durant l'assistance aux offices de l'église.

    Terme de religieuses bénédictines. Habit de chœur, grande robe noire plissée, avec des manches longues, qu'on porte aux cérémonies.

    Mettre habit bas, quitter son habit pour se livrer à quelque travail manuel.

    Fig. Mettre habit bas pour jamais, mourir. Je dois bientôt, il me semble, Mettre pour jamais habit bas ; Attends un peu, nous finirons ensemble, Mon vieil ami, ne nous séparons pas, Béranger, Mon habit.

    Vieux habits, vieux galons ! cri des fripiers ambulants qui demandent à acheter de vieilles défroques. Gens vêtus d'or et d'écarlate, Pendant un mois chacun vous flatte ; Puis à vos portes nous allons : Vieux habits, vieux galons, Béranger, Vieux habits.

    Un habit qui montre la corde, un habit tout à fait usé. Cet habit fait bien dire aux gausseurs qu'il fait peur aux larrons, en leur montrant la corde, Cyrano de Bergerac, le Pédant joué, III, 2.

    Grand habit, s'est dit pour habit de cérémonie. Sans prendre le temps d'aller à la maison qu'elle occupait à Paris, pour y quitter son grand habit et son éclatante parure, Genlis, Mlle de la Fayette, p. 21, dans POUGENS.

  • 2 Particulièrement. Partie de l'habillement de l'homme ouverte par devant, et à basques plus ou moins larges. C'est un chef-d'œuvre que d'avoir inventé un habit sérieux qui ne fût pas noir, Molière, Bourg. gent. II, 8. Vous avez tout à fait bon air avec cet habit, Molière, ib. III, 4. L'ignorance et l'erreur à ses naissantes pièces [de Molière], En habit de marquis, en robes de comtesses, Venaient pour diffamer son chef-d'œuvre nouveau, Boileau, Ép. VII. J'ai à présent sous mes yeux un paysage que Vernet fit à Rome pour un habit, veste et culotte, et qui vient d'être acheté mille écus, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 7, dans POUGENS. Sois-moi fidèle, ô pauvre habit que j'aime ; Ensemble nous devenons vieux ; Depuis dix ans je te brosse moi-même, Et Socrate n'eût pas fait mieux, Béranger, Mon habit.

    Par antonomase, celui des vêtements du haut du corps que l'usage fait choisir comme seul convenable dans les réunions un peu cérémonieuses ; c'est aujourd'hui le frac. - Irez-vous là en redingote ? - Non, je serai en habit. - Et que mettrez-vous sur votre habit ? - Mon paletot.

    Habit veste, habit à basques très courtes.

  • 3Habit long, la soutane, habit des ecclésiastiques, et aussi autrefois de quelques professions. Le roi me demanda hier si vous ne seriez pas toujours en habit long, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 6 nov. 1695.

    Habit court, l'habit que les ecclésiastiques portent quelquefois au lieu de leur soutane.

    Habit court, s'est dit aussi pour certaines gens qui, dans leurs fonctions, portaient l'habit long. Lorsque, ayant quitté la robe consulaire, vous êtes à Saint-Mandé ou à Paris, dans votre chambre, en habit court, et à peu près dans l'équipage et dans l'humeur où se trouvait Scipion quand il ramassait des coquilles au bord de la mer avec son ami Lélius, Scarron, Lett. Œuv. t. I, p. 230. Tel rit d'un juge en habit court, qui tremble au seul aspect d'un procureur en robe, Beaumarchais, Mar. de Fig. III, 4.

  • 4Habit se dit du vêtement des religieux et des religieuses. De retour dans sa patrie il [Roger Bacon] prit l'habit de franciscain, Diderot, Opin. des anc. phil. (scholastiques), Œuv. t. VII, p. 276.

    Absolument. Prendre l'habit, se faire religieux, religieuse. Votre cousine a pris l'habit à Montmartre, Sévigné, 300.

    Prise d'habit, entrée en religion.

    PROVERBE

    L'habit ne fait pas le moine, on ne doit pas juger des personnes par l'apparence. Cela se dit aussi des personnes dont la conduite n'est pas conforme à leur état. Cette façon de parler est prise des auteurs du droit canon, traitant de la capacité ou incapacité de posséder des bénéfices ; elle veut dire au propre : Il faut être profès et non simple novice pour posséder un bénéfice régulier, par opposition aux bénéfices séculiers, De Brieux.

HISTORIQUE

XIIe s. Faites roi del moine Costant ; Drois oirs [légitime héritier] est, tolons li l'abit, Wace, Brut, V. 6642.

XIIIe s. Li mesdisans ont parlé Seur aucuns amis, Que, s'il se fussent mené En simples habis, Jà n'en fust issuz mesdiz [sortie médisance], Mss. de poés. fr. avant 1300, t. IV, p. 1418, dans LACURNE. Note que habit fet moine ; et qui est profès ne se pot marier, Liv. de just. 193. Moult volentiers [je] quesisse une religion Où je m'ame salvaisse en bonne entention ; Mais tant voi en pluseurs envie, elation, Qu'il ne tiennent de l'ordre fors l'abit et le nom, Rutebeuf, 238.

XIVe s. Les habis [habitudes] naturels sont en enfans et en bestes, Oresme, Eth. 189. Bien semble à leur abit une poure maisnie, Guesclin. 3780.

XVe s. Et là seoit le jeune roi en habit royal, Froissart, II, II, 74. Ils [les Gantois] mirent tout hors, femmes et enfans, et les envoyerent toutes nues en leurs chemises ou es plus povres et petits habits qu'elles eussent, Froissart, II, II, 213. Trop de gens sont qui honourent l'habit, Et au corps font pour robe reverence, Et ne tiennent compte de l'esperit, Deschamps, Ball. L'habit ne fait pas l'homme. Et entre tous ceulx que j'ay jamais congneus [Louis XI] le plus humble en parolles et en habitz, Commines, I, 10.

XVIe s. Il n'est pas si fol qu'il en porte l'habit, Cotgrave D'habits d'autrui mal on s'honore, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 168. Perdre son habit en un jour de froid, Leroux de Lincy, ib. p. 370. Tout habit au pauvre duit, Leroux de Lincy, ib. p. 427.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

HABIT. Ajoutez :
5Se disait, dans l'ordre de Fontevrault, du logement des religieux de l'ordre qui servaient de chapelains et de confesseurs, par opposition au monastère, qui se disait de l'édifice occupé par les religieuses.
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Étymologie de « habit »

Bourg. haibi ; provenç. habit, abit ; cat. habit ; esp. habito ; ital. ábito ; du latin hábitus, qui veut dire proprement manière d'être, venant de habere, avoir, mais qui signifie aussi dans la meilleure latinité vêtement ; on comprend comment, de manière d'être, le passage s'est fait à vêtement ; ce passage appartient non au moyen âge scolastique, mais à l'antiquité latine. Habit, bien qu'il remonte au XIIIe siècle, est fait sur le latin ; habitus, ayant l'accent sur ha, aurait donné hate.

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(XIIe siècle) Du latin habitus (« manière d’être » puis « tenue, vêtement »)[1].
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Phonétique du mot « habit »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
habit abi

Fréquence d'apparition du mot « habit » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « habit »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « habit »

  • La simplicité est l'habit de la perfection.
    Wladimir Wolf-Gozin
  • Un verre de vin vaut un habit de velours.
    Proverbe français
  • Habit noir : Il faut dire frac, excepté dans le proverbe "l'habit ne fait pas le moine", auquel cas, il faut dire froc !
    Gustave Flaubert — Dictionnaire des idées reçues
  • Ici l'habit fait valoir l'homme, Là l'homme fait valoir l'habit.
    Michel-Jean Sedaine — Epitre, à mon habit
  • Il convient à l'homme de choisir un habit simple.
    Sénèque
  • Tout habit trouve quelqu’un pour le mettre.
    Proverbe arabe
  • L’habit ne fait pas le moine.
    Proverbe français
  • En vous voyant sous l'habit militaire, J'ai deviné que vous étiez soldat.
    Nicolas Brazier — L'Enfant du régiment
  • L'habit fait l'homme.
    Érasme
  • L’amitié, c’est l’amour en habit de semaine.
    Proverbe anglais
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Traductions du mot « habit »

Langue Traduction
Anglais dress
Espagnol vestido
Italien vestito
Allemand kleid
Chinois 连衣裙
Arabe فستان
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Synonymes de « habit »

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Habit

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