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Grimace

Variantes Singulier Pluriel
Féminin grimace grimaces

Définitions de « grimace »

Trésor de la Langue Française informatisé

GRIMACE, subst. fém.

A. −
1. Déformation momentanée du visage provoquée par une contraction volontaire ou non de certains muscles de la face. Avoir une grimace (rare), faire une grimace; légère, vilaine grimace. Pierre laissa échapper une grimace que, seul, le président surprit au passage (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 275).Par des grimaces on singeait sa laideur, laquelle devenait de plus en plus frappante (Lacretelle, Silbermann,1922, p. 83) :
1. ... dans le cadre rond de sa glace (...) il se renvoyait des grimaces. Il fronçait le nez, tirait la langue, s'arrondissait la bouche en cœur, et par moment, entre ses dents, tandis qu'il donnait de la main un retroussis coquet à sa longue moustache, il fredonnait sur l'air de la Botte à coco... Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., 1, p. 12.
Grimace de singe. Grimace particulièrement grotesque. Peu à peu entraînée par les suggestions méphistophéliques de Lorrain, qui fait des grimaces de singe, quand elle va de l'avant, elle arrive à nous conter des choses monstrueuses sur Méténier (Goncourt, Journal,1893, p. 393).
Faire la grimace (rare), une/des grimace(s), à qqn. Regarder (quelqu'un) en faisant une/des grimace(s) pour le provoquer ou le faire rire. Il lui prenait des fantaisies d'aller apparaître à son tour à la lucarne de la chapelle, ne fût-ce que pour avoir le plaisir de faire la grimace à ce peuple ingrat (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 59).Elle fait une belle grimace avec double pied de nez aux spectateurs et leur jette des balles qu'elle a dans son corsage (Apoll., Tirésias,1918, I, 1, p. 886).
P. anal. [En parlant d'un animal] [J'ai sous les yeux la Chasse aux lions de Rubens] Mais l'animal se retourne avec une grimace horrible vers un autre combattant étendu tout à fait par terre (Delacroix, Journal,1847, p. 168).
Loc. Un vieux singe* se connaît, s'y connaît en grimaces; on n'apprend pas à un vieux singe* à faire la grimace.
2. [Construit avec un compl. prép. de désignant une partie du visage] Déformation momentanée d'(une partie du visage). Grimace de la bouche. Le ministre avait eu un ton courtois, mais ferme; le commandant de Saint-Brix, un froncement du sourcil droit et une grimace des lèvres (Romains, Copains,1913, p. 189).Dans la flamme brève qui jaillit, nous aperçûmes (...) la grimace de ses yeux blessés par la clarté trop vive (Genevoix, Boue,1921, p. 23).
3. [Construit avec un compl. prép. de ou un adj. désignant un affect ou une attitude] Déformation des traits du visage exprimant ou signifiant (quelque chose). Ce geste et l'inspection du costume et du bagage de l'étranger que la Thénardier passa en revue d'un coup d'œil firent évanouir la grimace aimable et reparaître la mine bourrue (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 481).Bébé ne goûta pas le jeu. Une grimace de déplaisir plissa le coin de ses lèvres et la lumière des yeux perdit toute portée métaphysique (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 215) :
2. − Eugène, fait-elle enfin, après un long silence, faut pas regarder aujourd'hui à me dire tout... C'est la phrase la plus hardie qu'elle ait sans doute jamais prononcée, car il ne souffre pas qu'on l'interroge, et même à ce moment il n'a pu réprimer une grimace de colère, une double ride au coin de ses lèvres rusées, qui d'ailleurs s'efface aussitôt. Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1476.
SYNT. Grimace de dégoût, de douleur, de mépris; grimace approbative, admirative, amère, dégoûtée, douloureuse.
4. Dans des loc. [Grimace est employé seul précédé de l'art. déf.]
Faire la grimace (devant, à qqc.). Manifester par l'expression de son visage un sentiment de répugnance pour (quelque chose). Synon. faire la moue.Le choix des armes revenait de droit au bon Ayvaz; mais le notaire et ses témoins firent la grimace en apprenant qu'il choisissait le sabre (About, Nez notaire,1862, p. 47).Le remède n'est pas bon à prendre, et le malade fait la grimace (Alain, Propos,1922, p. 422) :
3. Les cartes se disposaient en croix, une au centre, en paquets. La tireuse faisait la grimace au roi de pique : l'homme de la loi, c'est un flic; ses yeux s'agrandirent avec l'as de trèfle, devinrent rêveurs sur le sept de cœur; le bras de force, mon mignon. « J'appelle ça des patiences... à vrai dire, je me tire plutôt les cartes... » Aragon, Beaux quart.,1936, p. 355.
Faire la grimace (à qqn). Manifester par son comportement du dépit, de l'hostilité, de la froideur envers (quelqu'un). Synon. faire grise mine.J'entrai donc bravement, et fus surprise de la plus agréable manière du monde, en voyant que ce logis renfrogné qui faisait la grimace aux passants souriait aux hôtes (Gautier, Fracasse,1863, p. 193).
(Faire) la soupe à la grimace (fam.). Faire à table (ou ailleurs) mauvais visage, mauvais accueil à quelqu'un. [René à l'acheteur de livres] (...) ici repas complet (...) de digestion facile. Tarte à la crème, soupe à la grimace (L. de Vilmorin, Migraine,1959, p. 131).
5. Dépréc. Expression du visage, généralement un rire ou un sourire, figée ou forcée. Après quelques minutes, l'air qu'une femme donne à sa figure devient grimace, et, dans un pays méfiant [l'Italie], la grimace doit être le comble du mauvais goût (Stendhal, Rome, Naples et Flor., t. 1, 1817, p. 47).Son rire tournait à la grimace (Mauriac, Désert am.,1925, p. 181).
En partic., dans le domaine de la crit. artistique. Représentation outrée d'une expression. Léonard de Vinci recommande l'imitation des muets dans leur pantomine (...) mais la crainte de n'être pas compris pousse les muets jusqu'à l'excès du geste, et pourrait conduire le peintre aux grimaces (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 526).Toutes ces grimaces du xviiiesiècle, auxquelles aboutit le désir de saisir la vie au passage (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 62).
6. P. anal., COUT. Faux pli. Son amazone était courte, mais elle ne tombait pas assez droit, sans aucun pli. Une petite grimace ridait la fermeture de la jupe (Gyp, Leurs âmes,1895, p. 20).Un bouton bien cousu doit en effet, avoir une attache assez longue, formant queue, afin d'éviter les grimaces qui ne manqueraient pas de se produire avec un bouton cousu plat (Dreyfus, Manuel apiéceur,av. 1953, p. 14).
Faire la grimace. Faire des faux plis. Cet habit, ce collet fait la grimace (Ac.).
B. − Au fig., dépréc.
1. Gén. au plur. Comportement feint et ridicule. Chapelle et Bachaumont, s'étaient agréablement moqués, dans leur fameux Voyage, des précieuses de campagne, de celles de Montpellier, et les avaient montrées dans leur cercle en séance et avec toutes leurs grimaces (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 324).C'est là qu'il fallait le voir, le ministre (...) le grand marchand de morale religieuse, le défenseur des saines doctrines, là qu'il se montrait sans masque et sans grimaces, tout son Midi dehors (A. Daudet, N. Roumestan,1881, p. 295).Parlons-en de ces vingt années! Vingt années de vanité et de grimaces! Même les lettres que vous m'adressiez étaient écrites pour la postérité. Vous n'êtes pas un ami, vous êtes un styliste! (Camus, Possédés,1959, 3epart., 15etabl., p. 1079) :
4. Le pauvre monde est bien bon : il admire. Nous jouons un beau drame devant lui et il est dupe de nos grimaces. Nous lui avons dit avec un air de mystère que nous cherchions la vérité, qu'on s'y use les yeux, qu'on s'y mange le sang, qu'on y perd quelquefois son âme, enfin que c'est une terrible affaire. Et il le croit. Il est plein de révérence. Guéhenno, Journal « Révol. »,1938, p. 149.
En partic., au plur. Politesse(s) exagérée(s), manières affectées. Synon. manières, mines, simagrées, façons (fam.).Vous lui voyez des grimaces, des mines, des comédies de délicatesse, des prétentions à être difficile, dégoûtée (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 300).Louise, reprit la folle, avec une certaine emphase, je hais les grimaces, je vais droit au but, j'ai toujours été franche en affaire, autant qu'un homme (Bernanos, Joie,1929, p. 609).
Rem. Grimace est employé pour désigner de façon dépréc. le comportement conventionnel d'un groupe ou d'un rôle social, les attitudes affectées par une pers. hypocrite ou que l'on soupçonne d'hypocrisie, les conduites manquant de naturel ou de sincérité.
2. En partic.
a) Emploi prédicatif, au sing. Synon. comédie, hypocrisie.Son air décent, honnête... (mais elle l'avait démenti, cet air honnête et décent), tout cela n'était que grimace et tromperie? (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 126).Je fréquente ici même de toutes jeunes filles ou jeunes femmes (...) en qui je sens bien que tout n'est que grimace, entraînement ou mode, tout, excepté l'instinct tendre et protégeant de la maternité (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 248).
b) Fam. [Grimace est employé pour désigner de façon insultante le comportement d'un interlocuteur ou d'une tierce pers.] « ... Ah! dit Madame Bineau, c'est tous ces griffonnages qui te mettent la tête en feu! Je ne veux plus en entendre parler. » Et elle mit le feu aux feuilles de papier écrites, étalées sur le bureau. (...) − Tu vas venir te coucher tout de suite, Monsieur Bineau, je ne veux plus que tu recommences tes grimaces, entends-tu? (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 203).Ça faisait au moins deux bonnes heures complètes qu'on était dehors dans la bise!... − Ça suffit! Il se fout de notre fiole... il nous fait quand même assez chier avec ses grimaces! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 553).
3. Rare. [Construit avec un compl. de ou un adj.] Imitation maladroite de (quelque chose). Étrange effet de la routine académique, dès que les artiste actuels ne font plus la grimace antique ou la grimace Renaissance, ils tombent dans la gravure de mode (Péladan, Décad. esthét., Salon de 1883, 1888, p. 190).[Les Juifs] ne nous ont présenté qu'une grimace de l'Occident, comme ils ne sont eux-mêmes qu'une caricature des Hongrois (Tharaud, Qd Israël est roi,1921, p. 266).
C. − P. anal.
1. Vx. Boîte de pains à cacheter dont le couvercle servait de pelote à épingles. Des tables à casiers chargés à en rompre d'autres paperasseries en désordre, de lourds encriers, de grimaces hérissées d'épingles (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 164).
2. Vieilli. Figure grotesque. Il y a des difformités en plâtre et des grimaces en bronze (Goncourt, Journal,1864, p. 24).
ARCHIT. Figure grotesque sculptée sous les miséricordes des stalles dans les églises médiévales. (Ds Rob. et Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth. : [gʀimas]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoitié du xives. « contorsion du visage involontaire ou faite à dessein » (G. de Saint-André, Bon Jehan, éd. E. Charrière, 2219); fin du xives. faire la grimace (à qqn) « faire un accueil froid, hostile » (E. Deschamps, Œuvres, éd. Queux de Saint-Hilaire et G. Raynaud, t. 6, p. 170); b) 1632 « mine affectée par feinte » (Corneille, Galerie du palais, III, 4); c) 1690 faire la grimace « faire de mauvais plis (de vêtements) » (Fur.); 2. 1387 « figure grotesque » (Doc. ap. B. et H. Prost, Inventaires mobiliers (...) des ducs de Bourgogne, t. 2, p. 270); 3. 1721 « boîte servant à la toilette, dont le dessus est une pelote à épingles » (Trév.). Le rad. du mot remonte à l'a. b. frq. *grîma « masque » (cf. le m. néerl. grime « id. », a. nord. grima), dont une trace se trouve peut-être déjà dans des gloses lat. du ixes. (CGL t. 5, p. 390, 9; ibid. p. 392, 15, v. encore Archiv für lat. Lexikogr. t. 9, 1896, p. 398). La forme fr. la plus ancienne est grimuche « figure grotesque » (ca 1200, Jean Bodel, Jeu de saint Nicolas, éd. A. Henry, 505, v. la note de l'éd.), tandis que grimace est prob. issu de ce dernier par substitution de suff. Le lat. grimutio, équivalent de grimuche, est attesté comme surnom au xiies. (FEW t. 16, p. 65a). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 837, b) 2 175; xxes. : a) 1 745, b) 1 944. Bbg. Kidman (J.). Les Emprunts lexicol. du fr. à l'espagnol... Paris, 1969, pp. 115-118. - Nigra (C.). Metatesi. Z. rom. Philol. 1904, t. 28, p. 4. - Quem. DDL t. 1.

grimace « contorsion du visage »

Wiktionnaire

Nom commun - français

grimace \ɡʁi.mas\ féminin

  1. Contorsion du visage faite souvent à dessein.
    • Un de nos hommes, pour s'amuser, se mit à loucher et à faire des grimaces; aussitôt un des jeunes Fuégiens, dont le visage était peint tout en noir, sauf une bande blanche à la hauteur des yeux, se mit aussi à faire des grimaces et il faut avouer qu'elles étaient bien plus hideuses que celles de notre matelot. — (Charles Darwin, Voyage d'un naturaliste autour du monde, traduit par Édouard Barbier, 1875, p. 221)
    • Voit-elle la grimace agonisante d'un membre quelconque de la famille Kinck, […] ? — (Ivan Tourgueniev, L'Exécution de Troppmann, avril 1870, traduction française de Isaac Pavlovsky, publiée dans ses Souvenirs sur Tourguéneff, Savine, 1887)
    • Cela dura douze heures. Je ne perdis aucun des mouvements, aucune des grimaces, aucun des frissons de cette chair suppliciée. — (Octave Mirbeau, Le colporteur, 1919)
    • A onze heures il arrivait à Fresnay-les-Chaumes, déjeunait à l'unique bouchon de ce hameau de Pithiviers-le-Vieil, d'un chanteau de pain bis et d'un hareng saur, additionnés d'un petit vin du pays qui lui fit faire une de ces grimaces ! — (Louis Boussenard, « La bande des chauffeurs : roman historique et dramatique », dans L'Œil de la police, n° 17, 2e année, s.d. (1909 ?), p. 6)
  2. (Figuré) Feinte ; fausses apparences ; dissimulation ; simagrées.
    • Malgré toutes leurs grimaces, ils ressemblent à des singes revêtus de pourpre ou à des ânes couverts de peau de lion; ils ont beau faire, il passe toujours quelque petit bout d'oreille qui décèle à la fin, la tête de Midas. — (Érasme; Éloge de la folie, 1509. Traduction de Thibault de Laveaux en 1780)
    • Contentez-vous de ces phrases insignifiantes, de ces ravissantes grimaces, et ne demandez pas un sentiment dans les cœurs. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Votre maudite flotte est mise en pièces… Et vous avez le toupet de continuer vos grimaces… À d’autres ! avec moi, ça ne prendra pas !… Regardez donc tout le mal que vous avez fait… — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 351 de l’édition de 1921)
    • Faux pli. […] devant des tables à casiers, chargés à en rompre d’autres paperasseries en désordre, de lourds encriers, de grimaces hérissées d’épingles […] — (Verlaine, Confessions, Ed. du Bateau ivre, 1946, page 193)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GRIMACE. n. f.
Contorsion du visage faite souvent à dessein. Laide grimace. Vilaine, horrible grimace. Faire une grimace, des grimaces. Faire une grimace à quelqu'un. Fig. et fam., Faire la grimace à quelqu'un, Lui faire mauvaise mine, mauvais accueil. Dans le même sens, on dit Faire la grimace à une proposition, aux paroles de quelqu'un. Fig. et fam., Faire la grimace, se dit aussi des Habits, des étoffes, etc., qui font quelque mauvais pli. Cet habit, ce collet fait la grimace. On dit plus ordinairement dans ce sens Grimacer. Il signifie au figuré Feinte, fausses apparences, dissimulation. Ce qu'il en fait, ce n'est que par grimace. S'il n'est pas homme de bien, il en fait la grimace, les grimaces. Les politesses ne sont souvent que des grimaces.

Littré (1872-1877)

GRIMACE (gri-ma-s') s. f.
  • 1Contorsion du visage faite involontairement ou volontairement et à dessein. Vous n'avez que faire de hocher la tête et de me faire la grimace, Molière, G. Dand. II, 3. On ne conçoit la mort que sous l'idée de la grimace d'un homme mourant, sans y voir rien de ce qui l'accompagne, Nicole, Ess. mor. 3e traité, chap. 3. Son visage faisait des grimaces hideuses, Fénelon, Tél. VIII.

    Fig. Faire la grimace, témoigner son déplaisir. Je fis une grimace intérieure, et je les laissai croire ce qui devrait être, Sévigné, 603. Quand ce ne serait que pour faire faire la grimace à Roi, et enlaidir encore le vilain, Voltaire, Lett. d'Argental, 29 juill. 1749. Un sauvage boit du vin, il fait la grimace, Rousseau, Ém. II.

    Fig. Faire la grimace à quelqu'un, lui faire mauvais accueil, mauvaise mine. Une grimace, une parole de chagrin nous mettent en colère, et nous nous préparons à les repousser comme si c'était quelque chose de bien redoutable, Nicole, Ess. mor. 1er traité, chap. 11. La comédienne [une maîtresse de Charles Il] est aussi fière que la duchesse de Portsmouth [autre maîtresse] ; elle la morgue, lui fait la grimace, elle l'attaque, Sévigné, 11 sept. 1675. On ne pouvait l'apaiser [la future de la Vrillière], ni la faire taire, ni faire qu'elle ne fit pas la grimace à la Vrillière, Saint-Simon, 77, 261.

    Fig. et familièrement. Faire la grimace, en parlant des vêtements, faire de mauvais plis.

  • 2 Fig. Feinte, dissimulation. Tout le secret ne gît qu'en un peu de grimace, Corneille, le Ment. I, 6. Je dis franc ma pensée, et je fuis la grimace, Hauteroche, Crispin mus. II, 1. Quoi ! parce qu'un fripon vous dupe avec audace Sous le pompeux éclat d'une austère grimace, Vous voulez que partout on soit fait comme lui ? Molière, Tart. V, 1. À votre avis, mes pères, est-ce par grimace et par feinte que les juges chrétiens ont établi ce règlement ? Pascal, Prov. 14. Le repentir que vous attendez n'est qu'une grimace ; la douleur que vous espérez, une illusion et une chimère, Bossuet, 2e serm. Divinité de la relig. 3. Eh quoi ! le Dieu des chrétiens est-ce un Dieu qui se paye de vaines grimaces, ou qui se laisse corrompre par les présents ? Bossuet, Panég. St Victor, 1. Qu'il [Dieu] soit servi de bonne foi ou par pure grimace, ce n'est pas une affaire qui vous regarde, Massillon, Carême, Injust. du monde. Ne traitez-vous pas leur piété de chimère et de grimace ? Massillon, Carême, Évid. de la loi. Où la gaîté n'est que grimace, Où le plaisir n'est que du bruit, Favart, Ninette, II, 8.

    Au plur. Manières affectées. L'honnêteté d'une femme n'est pas dans les grimaces ; il sied mal de vouloir être plus sage que celles qui sont sages, Molière, Critique, 3. Le Tartuffe met en vue les grimaces étudiées des hypocrites, Molière, Tart. 2e placet. Au travers de toutes vos grimaces, j'ai vu la vérité de ce que l'on m'a dit et le peu de respect que vous avez pour le nœud qui nous joint, Molière, G. Dand. II, 3.

  • 3Boîte à pains à cacheter dont le dessus est une pelote pour ficher des épingles. C'est un petit trousseau complet ; et puis par-dessus le marché voici une jolie grimace, ouvrons-la, Genlis, Veillées du château t. II, p. 206, dans POUGENS.
  • 4Coquillage de mer.

HISTORIQUE

XIVe s. Les Franczois les firent viser, Affin qu'il peussent s'aviser De les combattre en celle place ; Jehan leur fist une grimace, Liv. du bon Jehan, 2217.

XVIe s. Sur cette humeur d'une gravité et grimace paternelle, Montaigne, II, 82.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GRIMACE. - HIST. Ajoutez :

XIIIe s. Mais ainc mais tel vilain ne vi, Com je voi illeuc à destre ; De chele cocue grimuche, Et de che vilain à l'aumuche Me devisés que che puet estre, Théâtre au moyen âge, Paris, 1834, p. 177.

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Étymologie de « grimace »

Berry, migrace ; espagn. grimazo, posture extraordinaire dans un tableau. Diez le tire, non très affirmativement, de l'anglo-saxon grima, masque, fantôme. Scheler préfère l'ancien h. allem. grim, furieux, colère, qui a donné le prov. grim, affligé, grimar, affliger. Grimace paraît tenir à l'italien grimo, ridé (voy. GRIME), et signifierait proprement grosse ride, vilaine ride.

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Du vieux-francique grima (« masque ») dont sont issus deux lignées de mots, l’une liée à la magie (« grimoire », « grimaud »), l’autre aux expressions faciales (« grimer », « grime ») et que l’on retrouve dans l’anglais grim (« triste »).
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Phonétique du mot « grimace »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
grimace grimas

Fréquence d'apparition du mot « grimace » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « grimace »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « grimace »

  • La grand’salle n’était plus qu’une vaste fournaise d’effronterie et de jovialité où chaque bouche était un cri, chaque œil un éclair, chaque face une grimace, chaque individu une posture.
    Victor Hugo — Notre Dame de Paris
  • Le monde humain trompe par un commerce de grimaces.
    Alain — Propos
  • Il était si laid que, lorsqu'il faisait des grimaces, il l'était moins.
    Jules Renard
  • La peur de tomber : voilà ce qui fait grimacer les pendus.
    Pierre Dumayet
  • La grimace est le sourire des pauvres.
    Dominique Lévy-Chédeville — Gaspard de la nuit et des étoiles
  • Qui regarde l'orange amère a l'eau à la bouche, qui la goûte, fait la grimace.
    Proverbe turc
  • La fatigue engendre les plus séduisantes grimaces.
    Jacques Rigaut — Ecrits
  • Le sourire est le commencement de la grimace.
    Jules Renard — Journal, 7 janvier 1893 , Gallimard
  • Une fois la porte poussée, Sophie a vite fait de passer en revue la chambre, dans l’appartement situé sous les toits. Elle contient un matelas posé à même le sol et une petite armoire à la peinture écaillée. Huit mètres carrés : pas vraiment de place pour un bureau, grimace l’étudiante de 24 ans, en master de cinéma à l’Ecole normale supérieure. Le salon est à partager avec deux autres colocataires. Le loyer s’élève à 710 euros par mois.
    Le Monde.fr — A Paris, une quête du logement toujours plus difficile pour les jeunes
  • La vengeance déguisée en justice, c'est notre plus affreuse grimace...
    François Mauriac — L'Express - 28 Novembre 1957
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Traductions du mot « grimace »

Langue Traduction
Anglais grimace
Espagnol mueca
Italien smorfia
Allemand grimasse
Chinois 鬼脸
Arabe كشر
Portugais careta
Russe гримаса
Japonais しかめっ面
Basque keinua
Corse grimace
Source : Google Translate API

Synonymes de « grimace »

Source : synonymes de grimace sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot grimace au Scrabble ?

Nombre de points du mot grimace au scrabble : 12 points

Grimace

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