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Geste

Variantes Singulier Pluriel
Masculin geste gestes

Définitions de « geste »

Trésor de la Langue Française informatisé

GESTE1, subst. masc.

A. −
1. [Le geste désigne une activité corporelle particulière d'une pers.]
a) Mouvement extérieur du corps (ou de l'une de ses parties), perçu comme exprimant une manière d'être ou de faire (de quelqu'un). Elle se voyait agir, pas à pas, geste à geste, avec cette aisance qu'on a dans les songes (Zola, Rêve,1888, p. 130).Elle surveillait d'instinct ses gestes et raidissait volontairement sa démarche (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 363).Le jeune homme devint tout d'un coup plus maladroit dans ses gestes (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1601) :
1. À l'Opéra-Comique, dans la baignoire (11 mai), elle n'avait pas fait un geste, paralysée par la timidité. Mais si, ce geste, Costal l'avait fait, il est douteux qu'elle se fût cabrée. Montherl., Démon bien,1937, p. 1242.
SYNT. Geste brusque, familier, gracieux, grand, instinctif, involontaire, large, lent, machinal, rapide; ébaucher, esquisser, réprimer, retenir un geste; pas un geste!
P. métaph. Ma générosité à geste court (Colette, Naiss. jour,1928, p. 16) :
2. Le doute ressemble à ces mouches importunes qu'on chasse et qui reviennent toujours. Il s'envole sans doute au premier geste de la raison... J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 222.
[Avec un compl. prép. introd. par de et désignant une partie du corps] Synon. de mouvement.Je me rappelais surtout un geste charmant de ta narine quand, couchée près de moi, tu te retournes sur le côté pour me voir (Flaub., Corresp.,1846, p. 342).
[P. anal. de comportement; en parlant d'un animal] Vous ne vous tromperez jamais en interprétant les gestes d'un chat : vous voyez s'il veut jouer, fuir, ou sauter (Balzac, Théor. démarche,1833, p. 639).
Locutions
Les moindres gestes. Me racontant, selon son habitude, les moindres paroles et les moindres gestes de leur soirée (Gide, Journal,1917, p. 640).Un esprit chrétien rigoureux y règle les moindres gestes de la vie quotidienne (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 10).
En partic.
α) [En tant qu'il double, sur le plan corporel, un vécu psychol.] MmeChanteau eut un geste triomphant, pour dire qu'elle le savait bien (Zola, Joie de vivre,1884, p. 916).Je reconnaissais les gestes obséquieux et réticents, les brusques scrupules de son père (Proust, Swann,1913, p. 160).Il n'acheva pas la phrase commencée, il ne l'appuya d'aucun geste (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 222).
SYNT. Geste amical, décidé, énergique, irréfléchi, résolu, tragique, vif, violent. [Avec un compl. désignant le sentiment ou la réaction de celui qui accomplit le geste] Geste d'admiration, de colère, de confiance, de découragement, de dédain, de désespoir, d'effroi, d'énervement, d'étonnement, d'ignorance, d'impatience, d'impuissance, de lassitude, de mépris, de résignation, de révolte.
P. anal. et au fig. Le grand geste de dédain avec lequel la Russie écarte ce chant de l' Internationale (Malraux, Conquér.,1928, p. 164).
Loc. Joindre le geste à la parole. La veuve d'Édouard! la reine! Chapeau bas, (Joignant le geste à la parole.) Chapeau bas devant elle! (Delavigne, Enf. d'Édouard,1833, II, 9, p. 86).Il joint le geste à la parole et carde le capitonnage (Colette, Dialog. bêtes,1905, p. 43) :
3. C'était par sévérité que, joignant le geste au reproche, il m'avait plus d'une fois fait connaître la vigueur de son bras et l'éclat sonore de sa large main. Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 16.
β) [En tant qu'il signifie à lui seul un message, un sentiment, un jugement] Elle m'encouragea par un geste, et je lui demandai le rendez-vous (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 164).D'un grand geste du bras, comme s'il exorcisait un énergumène, il le bénit une seconde fois (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1256) :
4. Les muets interlocuteurs interrogèrent ensuite le même jeune homme sur la mère de celle dont il venait de leur faire un si charmant portrait; il la leur dépeignit par des gestes si comiques, il indiqua si plaisamment la courbe de son nez de perroquet que son menton est au moment de rejoindre, que tous les yeux se portèrent sur cette bonne dame... Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 264.
[Constr. pop.] Il faisait un geste que je me tire (Céline, Mort à crédit,1936, p. 195).
Faire le geste de + inf.Il fit le geste d'avaler le contenu du flacon (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 634).Tais-toi! cria-t-il, en faisant le geste de la frapper (Daniel-rops, Mort,1934, p. 31).Il fait le geste de pédaler à toute vitesse sur une bicyclette invisible (Claudel, Soulier,1944, 1repart., 2ejournée, 1, p. 995).
En partic. [Avec une valeur symbolique ou relig.] Un rite peut se définir comme une suite de gestes, répondant à des besoins essentiels, gestes qui doivent être exécutés suivant une certaine eurythmie (L. Benoist, Signes, symboles et mythes, Paris, P.U.F., 1975, p. 95).
[P. oppos. à une action réelle, efficace] Synon. de faux-fuyant.Sa mère, en haussant les épaules, prétendait que tout cela c'étaient des gestes (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 125).
b) [Le geste est saisi dans son aspect terminal] Attitude corporelle résultant d'un geste. Des statues (...) qui m'ont paru d'un beau geste et d'une belle expression (Barb. d'Aurev., Memor. 4,1858, p. 93) :
5. La main repliée à demi et au repos près de la joue est comme une position de sommeil; c'est un geste qu'on ne voit point dans l'éloquence, mais c'est plutôt le geste de l'auditeur et du juge, surtout lorsqu'il arrive à un certain degré d'indifférence. Alain, Propos,1923, p. 532.
c) P. ext. (à rapprocher de B). Ensemble organisé de gestes, correspondant à une action déterminée. Sa main tâtonne, trouve une poignée, ouvre d'un coup. L'hésitation a suivi le geste, au lieu de le devancer (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 306) :
6. ... Alban avait vu tout à l'heure le geste exquis d'un gamin qui, une petite rose étant tombée pendant la marche, l'avait ramassée et, à cet âge où le geste instinctif est de prendre, l'avait soigneusement reposée. Montherl., Bestiaires,1926, p. 479.
[P. anal. de comportement] Le geste du chien qui mord au jarret pour accélérer le troupeau (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 321).Le geste endormi d'un rameau qui se délivre de son poids de neige (Giono, Roi sans divertiss.,1947, p. 124).
2. [Le geste désigne les habitudes familières d'une pers.; s'emploie seulement au sing.] Ensemble des gestes habituels (de quelqu'un). Il y avait dans le geste, dans l'attitude, dans le regard de cet homme, une sorte de fascination (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 217).Une créature dont le visage, la tournure et le geste parlent et disent ce qu'elle est (Huysmans, Art mod.,1883, p. 44).
Loc. fréq. Avoir le geste (+ adj.).Il avait le geste abondant, sec et très expressif (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 10).Il avait l'œil clair, le geste libre, la parole nette (Fromentin, Dominique,1863, p. 46).Il avait des manières vulgaires et le geste arrogant (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 677).
B. − Au fig., p. méton. [Abstraction faite du comportement corporel correspondant] Action (en tant qu'elle peut être perçue et interprétée par un tiers). Geste d'amitié. Joseph s'est dessaisi d'une somme considérable. Il (...) n'entend donner à ce geste aucune publicité (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 115).J'avais demandé à passer par Stalingrad, geste d'hommage à l'égard des armées russes (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 59) :
7. ... dès le lendemain, il entrerait à l'hôpital du Havre. Il ne doutait pas qu'il y serait accepté : ou bien on le considérerait comme indigent, et il serait pris sans payer, ou bien on tablerait que sa famille, l'heure venue, aurait le geste nécessaire. Montherl., Célibataires,1934, p. 904.
Locutions
Faire un geste. Donner un gage de sa bonne volonté sans s'engager réellement pour autant. Lui, c'est un amateur, il y est entré parce qu'il trouvait ça bien, pour faire un geste. Nous, on ne pouvait pas faire autrement (Sartre, Mains sales,1948, 3etabl., 3, p. 99).Faire (avoir) un geste (généreux). En matière d'assistance, apporter une contribution modeste à défaut d'une plus importante. Monsieur Alessandrovici, vous avez eu un geste généreux. C'est très beau, c'est très chic, très noble (Aymé, Tête autres,1952, p. 236).
Ne pas faire un geste pour (+ inf.). Ne pas empêcher. L'admirable, c'est que personne ne fit un geste pour le retenir (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 180).Ne pas faire le moindre geste. Ne pas intervenir. Il ne fera pas le moindre geste en faveur de la communauté; et c'est moi qui ai dû monter sur l'échelle pour enduire de bleu les plafonniers du couloir (Gide, Journal,1943, p. 171).
P. exagér. N'avoir qu'un geste à faire (pour). Pouvoir obtenir (quelque chose) aisément. Si pourtant il savait que parfois il n'aurait qu'un geste à faire, et que ce geste parfois je l'attends (Gide, Porte étr.,1909, p. 586) :
8. ... Jaurès n'aurait eu qu'un cri à pousser, un geste de la main à faire, pour que cette foule fanatisée se jetât, derrière lui, tête baissée, à l'assaut de n'importe quelle Bastille. Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 448.
Un beau geste. Une action noble, généreuse. Mille francs, c'est un beau geste (Duhamel, Terre promise,1934, p. 79).En me donnant votre part vous avez eu, comme on dit dans les journaux, un geste magnifique (Montherl., Célibataires,1934p. 819) :
9. ... le beau geste du père l'avait marqué : il garda toute sa vie le goût du sublime et mit son zèle à fabriquer de grandes circonstances avec de petits événements. Sartre, Mots,1964, p. 3.
REM. 1.
Gesté, -ée, adj. rare.Dont les mouvements sont nobles (d'apr. Raymond 1832 et Boiste 1834). Vous êtes bien mal gesté, vous êtes un mauvais garnement (A. France, Vie fleur,1922, p. 293).
2.
Gestique, subst. fém.,rare, néol. ,,Ensemble des gestes, comme moyen d'expression d'une personne`` (Gilb., 1971).
3.
Gestuaire, subst. gén. masc.Ensemble des gestes (supra A 1) possibles de l'homme. Il doit s'adapter plastiquement à ce corps (...) mais aussi à ses attitudes privilégiées et à sa gestuaire (Serrière, T.N.P.,1959, p. 115).Sémiologie. ,,Nomenclature de gestes, donnant matière, substance à un système signifiant`` (Média 1971). Pour un gestuaire des bandes dessinées (C. Bremondds Langages. Paris, no10, juin 1968, p. 94).
Prononc. et Orth. : [ʒ εst]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1213 masc. gest du corps (Faits des Romains, éd. L.F. Flutre, 724, 8); 1495 geste (J. de Vignay, Mir. hist., XXVII, 58, éd. 1531 ds Delb. Notes mss : Le geste de l'homme en tout acte doit estre gracieus). Empr. au lat.gestus « attitude, mouvement du corps, geste ». Fréq. abs. littér. : 11 671. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 428, b) 12 122; xxes. : a) 22 320, b) 24 232. Bbg. Gohin 1903, p. 295. - Quem DDL t. 18 (s.v. gestique).

GESTE2, subst. fém.

A. − HIST. LITTÉR. Ensemble de poèmes en vers du Moyen Âge, narrant les hauts faits de héros ou de personnages illustres. La geste de Guillaume d'Orange, la geste des Lorrains. Les jongleurs qui y retiennent les passants ne sont pas seulement des chanteurs de geste (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 214).
Chanson de geste. Un des poèmes de cet ensemble. Nos chansons de geste expriment l'enthousiasme pour ces grands personnages (Barrès, Cahiers, t. 10, 1913, p. 188).Savez-vous ce que me rappelle cette neige? Certaine scène d'une chanson de geste allemande (Montherl., Maître Sant.,1947, I, 3, p. 605) :
C'est encore lui [le peuple] qui fournit leur public le plus ordinaire à ceux qui « chantent de geste », c'est-à-dire aux jongleurs qui, sur les places des villes, aux champs de foire, souvent auprès des monuments qui recèlent des reliques du passé, déroulent, en s'accompagnant de la vielle, la longue épopée des héros d'autrefois, contée en d'innombrables chansons de geste. Faral, Vie temps st Louis,1942p. 114.
P. ext. Histoire glorifiante (d'un peuple, d'un groupe social, d'un individu). L'aventure de ces trois prêtres viendrait tout naturellement se placer dans la série de la geste lorraine (Barrès, Colline insp.,1913, p. 84).Eugène Sue et les autres épiques de la Geste Française du temps de Louis-Philippe (Claudel, Corresp. [avec Gide], 1923, p. 238).Je n'osais plus m'enchanter de ma geste future mais dans le fond j'étais terrorisé (Sartre, Mots,1964, p. 135).
B. − Loc. fréq. Les faits et gestes (de qqn). L'ensemble de sa conduite telle qu'elle se donne à voir. Elle semblait attentive aux faits et gestes de son frère (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 220).Tenez-moi, je vous prie, au courant de vos faits et gestes (Tocqueville, Corresp. [avec Gobineau], 1855, p. 227).Des inspecteurs chargés d'épier mes faits et gestes (Proust, Fugit.,1922, p. 444).
Rem. ,,Les dictionnaires font de gestes, dans la locution : les faits et gestes de quelqu'un, un mot féminin pluriel. Le point est à souligner car geste mot masculin conviendrait, quant au sens, tout aussi bien à l'expression`` (Dupré 1972).
Prononc. et Orth. : [ʒ εst]. Ds Ac. 1694-1932. Au plur. jusqu'en 1878. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « histoire rapportée par écrit des hauts faits d'un peuple ou d'une famille » [L. Foulet] (Roland, éd. J. Bédier, 1443 : Il est escrit en la Geste Francor; 1685 : Il est escrit es cartres e es brefs, Ço dit la Geste...); ca 1170 (Chr. de Troyes, Erec, éd. M. Roques 6617 : Cesar, l'empereres de Rome, Et tuit li roi que l'en vos nome An diz et an chançons de geste...); à nouv. en 1831 chanson de bonne geste (Fauriel ds R. des Deux-Mondes, 7, 554 d'apr. FEW t. 4, p. 119b, note 1); 2. xiiies. [mss] « actions, hauts faits » (Chevalerie Vivien, éd. A.L. Terracher, 1635, leçon des mss A1, A2), sens très attesté au xvies. (Hug.). Empr. au lat.gesta (plur. neutre du part. passé du class. gerere « accomplir, exécuter, faire ») « actions, hauts faits, exploits » à l'époque class. et jusqu'au Moy. Âge cf. ixes., Eginhart, De Vita Karoli, éd. L. Halphen, prol., p. 2, note a), qui a pris à l'époque médiév., le sens de « récit, histoire » (Nierm.); gesta a été en fr. adapté en subst. fém. singulier. Bbg. Peeters (L.). Le Faire et le dire dans la Chanson de Roland. R. Lang. rom. 1975, t. 81, pp. 377-383.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

geste \ʒɛst\ féminin

  1. (Littéraire) (Histoire) Ensemble de poèmes en vers du Moyen Âge, dans lequel est racontée d’une façon légendaire l’histoire de personnages historiques et particulièrement de Charlemagne et de ses preux.
    • La chanson de Roland est une chanson de geste.
  2. (Par extension) Récit à la gloire de quelqu’un, d’un ensemble de personnes, d’un peuple, etc.
    • Je n’osais plus m’enchanter de ma geste future mais dans le fond j’étais terrorisé : on avait dû se tromper d’enfant ou de vocation. — (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 138)
    • Sa geste était une des plus extraordinaires du continent noir car pendant son adolescence, son premier acte de bravoure fut d'attraper un crocodile par la queue au bord du fleuve Kouyou, de l'endormir par une gifle et de le ramener vivant chez grand-mère Maman Bowoulé afin que celle-ce nourrisse le village entier avec cette viande. — (Alain Mabanckou, Petit Piment, Seuil, 2015, page 44)
    • Candidat, il a pleinement joué ce rôle de porte-voix, de raconteur d’une geste nationale en train de s’écrire, un « roman national » dont il était le dernier héros. — (Cécile Alduy, Jean-Baptiste de Montvalon, Cécile Alduy : « Les mots d’Emmanuel Macron se sont retournés contre lui », Le Monde. Mis en ligne le 7 décembre 2018)
  3. (Par extension) Ensemble des règles, souvent non écrites, qui régissent le fonctionnement identitaire d’un groupe, d’une association …
    • Tous ces jeunes députés sortis de nulle part, ces novices, ces blancs-becs étrangers à la geste parlementaire !— (Florence Couret Éditorial – Ni meilleures, ni pires – Journal La Croix, page 1, 27 juin 2017)

Nom commun 1 - français

geste \ʒɛst\ masculin

  1. Action et mouvement du corps et particulièrement des bras et des mains, action et mouvement employés à signifier quelque chose.
    • De joyeuse humeur, le mari cause avec force gestes, prend parfois les mains de sa femme, la taille aussi ; […] — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre VI, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892, Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/73)
    • Pour rendre un discours agréable, Avec le ton de voix le geste est désirable. — (Tristan, Panthée, II, 3)
    • Sa surprise à ce mot a paru manifeste ; Son teint en a changé, sa parole et son geste. — (Pierre Corneille, Suiv. I, 9)
    • J’approuvais tout pourtant de la mine et du geste. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Sat. III)
    • D’un geste menaçant, d’un œil brûlant de rage, Dans le sein l’un de l’autre ils cherchent un passage. — (Jean Racine, Théb. V, 3)
    • Je vois d’Ochosias et le port et le geste. — (Jean Racine, Athal. V, 6)
    • C’est en vain qu’un docteur qui prêche l’Évangile, Mêle chrétiennement l’agréable à l’utile, S’il ne joint un beau geste à l’art de bien parler […] — (Le P. Sanlecque, Poëme sur les mauvais gestes des prédicateurs)
    • Je ne fais jamais entendre mes volontés chez moi que de l’œil et du geste. — (Denis Diderot, Règne de Claude et Néron, I, 57)
    • Dans certains sermons burlesques un homme prêche tandis que l’autre fait des gestes. — (Voltaire, Instit. phil. 125)
    • Il parcourt ses appartements d’un pas rapide ; ses gestes courts et véhéments dénotent un trouble cruel : il quitte, reprend et quitte encore un travail pressé pour se précipiter à ses fenêtres et contempler les progrès de l’incendie. — (Sophie de Ségur, Historique de Nap. VIII, 6)
  2. (Danse) Mouvements de la tête, du torse, et surtout des bras, comme les pas sont les mouvements des pieds.
    • Les gestes jouent un très grand rôle dans la danse d’imitation ou danse théâtrale ; ils n’en jouent presque aucun dans la danse ordinaire ; il faut y tenir la tête droite, sans roideur, le torse bien vertical sur ses points d’appui : quant aux bras, les laisser tomber de la manière la plus naturelle, excepté quand il faut donner ou lâcher la main, ou faire quelque mouvement particulier indiqué par la figure.
  3. Simple mouvement du bras, ou du corps, de la tête.
    • […] Et tandis qu’à l’ardeur de leurs expressions
      Je réponds d’un geste de tête,
      Je leur donne tout bas cent malédictions.
      — (Molière, Amphitryon III, 1)
    • Prêt à faire sur vous éclater la vengeance
      D’un geste confident de notre intelligence.
      — (Jean Racine, Brit. III, 7)
    • Tremblez qu’en ces remparts Une parole, un geste, un seul de vos regards, Ne trahisse un secret que mon Dieu vous confie. — (Voltaire, Sémir. I, 3)
    • Un geste de cette main qui avait gagné tant de batailles et tué tant de royalistes persuadait plus que les périodes de Cicéron. — (Voltaire, Dict. phil. : Cromwell)
    • Le vigilant commis qui, m’ayant aperçu, me fit avec l’aune de la boutique un geste plus expressif qu’attirant. — (Jean-Jacques Rousseau, Confess. II)
    • À l’abord du Français, le jeune Helvétien
      Par un geste amical l’invite à prendre place.
      — (Masson, Helvét. III)
    • La statue équestre de Marc-Aurèle, d’une majesté si douce, si paisible, dont le geste est un geste clément, fait plaisir à rencontrer sur le Capitole. — (Ampère, Historique rom. à Rome, Introduction, p. LVII)
  4. (Figuré) Action, généralement spontanée, et d’ailleurs bonne ou mauvaise, qui frappe l’esprit, qui attire l’attention.
    • Faites un geste pour l’environnement.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GESTE. n. m.
Action et mouvement du corps, et principalement des bras et des mains dans la déclamation, dans la conversation; mimique d'un acte. Avoir le geste beau, noble, aisé. Avoir le geste rare. Cet acteur, cet orateur fait trop de gestes. Il se dit aussi d'un Simple mouvement du bras, de la main, et même de la tête, surtout quand on le fait pour exprimer quelque sentiment. Un geste menaçant. Faire un geste de la main. Un geste négatif. Des gestes animés. Si vous faites le moindre geste, vous êtes mort. Il s'emploie aussi figurément pour désigner une Action, généralement spontanée, et d'ailleurs bonne ou mauvaise, qui frappe l'esprit, qui attire l'attention. En faisant cela, il a fait un beau geste. Il a eu un geste heureux, un geste malheureux.

Littré (1872-1877)

GESTE (jè-st') s. m.
  • 1L'action et le mouvement du corps et particulièrement des bras et des mains, action et mouvement employés à signifier quelque chose. Pour rendre un discours agréable, Avec le ton de voix le geste est désirable, Tristan, Panthée, II, 3. Sa surprise à ce mot a paru manifeste ; Son teint en a changé, sa parole et son geste, Corneille, Suiv. I, 9. Ce geste encor, seigneur, ce maintien interdit…, Rotrou, Vencesl. IV, 6. J'approuvais tout pourtant de la mine et du geste, Boileau, Sat. III. D'un geste menaçant, d'un œil brûlant de rage, Dans le sein l'un de l'autre ils cherchent un passage, Racine, Théb. V, 3. Je vois d'Ochosias et le port et le geste, Racine, Athal. V, 6. C'est en vain qu'un docteur qui prêche l'Évangile, Mêle chrétiennement l'agréable à l'utile, S'il ne joint un beau geste à l'art de bien parler…, Le P. Sanlecque, Poëme sur les mauvais gestes des prédicateurs. Je ne fais jamais entendre mes volontés chez moi que de l'œil et du geste, Diderot, Règne de Claude et Néron, I, 57. Dans certains sermons burlesques un homme prêche tandis que l'autre fait des gestes, Voltaire, Instit. phil. 125. Il parcourt ses appartements d'un pas rapide ; ses gestes courts et véhéments dénotent un trouble cruel : il quitte, reprend et quitte encore un travail pressé pour se précipiter à ses fenêtres et contempler les progrès de l'incendie, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 6.

    Terme de danse. Mouvements de la tête, du torse, et surtout des bras, comme les pas sont les mouvements des pieds. Les gestes jouent un très grand rôle dans la danse d'imitation ou danse théâtrale ; ils n'en jouent presque aucun dans la danse ordinaire ; il faut y tenir la tête droite, sans roideur, le torse bien vertical sur ses points d'appui : quant aux bras, les laisser tomber de la manière la plus naturelle, excepté quand il faut donner ou lâcher la main, ou faire quelque mouvement particulier indiqué par la figure.

  • 2Simple mouvement du bras, ou du corps, de la tête. …Et tandis qu'à l'ardeur de leurs expressions Je réponds d'un geste de tête, Je leur donne tout bas cent malédictions, Molière, Amph. III, 1. Prêt à faire sur vous éclater la vengeance D'un geste confident de notre intelligence, Racine, Brit. III, 7. Tremblez qu'en ces remparts Une parole, un geste, un seul de vos regards, Ne trahisse un secret que mon Dieu vous confie, Voltaire, Sémir. I, 3. Un geste de cette main qui avait gagné tant de batailles et tué tant de royalistes persuadait plus que les périodes de Cicéron, Voltaire, Dict. phil. Cromwell. Le vigilant commis qui, m'ayant aperçu, me fit avec l'aune de la boutique un geste plus expressif qu'attirant, Rousseau, Confess. II. À l'abord du Français, le jeune Helvétien Par un geste amical l'invite à prendre place, Masson, Helvét. III. La statue équestre de Marc-Aurèle, d'une majesté si douce, si paisible, dont le geste est un geste clément, fait plaisir à rencontrer sur le Capitole, Ampère, Hist. rom. à Rome, Introd. p. LVII.

HISTORIQUE

XVe s. Quant la dame eut consideré le geste du saint prud'homme, qui de son fait ne se devoit garder, elle pourpensa que sanz l'ayde du Dieu souverain il ne pouvoit estre de si grant aage ne de tant puissant vigueur, Percefor. t. IV, f° 73. Il fist humble contenance de corps mais sa geste et parolle estoit aspre, Commines, II, 3.

XVIe s. Mais avec ce si bonne grace avoyent Tant en regards comme en gestes humaines, Que bien sembloyent secondes Magdalenes, Marot, J. V, 34. Assurance de visage, soupplesse de voix et de geste, Montaigne, I, 198.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. GESTE. Ajoutez :
3 Au plur. Faux semblants, prétentions ridicules. Sa mère, en haussant les épaules, prétendait que tout cela [une attaque de nerfs de Mme Bovary] c'était des gestes, G. Flaubert, Mme Bovary, II, 387.
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Étymologie de « geste »

(Nom 1) (Date à préciser) Du latin gestus.
(Nom 2) (Date à préciser) Du latin gesta, participe passé pluriel de gerere, « faire ». Mot repris au XIXe siècle. (du latin res gestæ, les hauts-faits)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Lat. gestus, contenance, geste, de gestum, supin de gerere, porter.

ÉTYMOLOGIE

Cet emploi paraît être particulier à la Normandie. Du moins on y dit guestes ou gestes en ce sens : Dame, les vilaines gestes qu'a fait F'raient tournair le cidre dans l'émet, Rém. guern. p. 76. Voy. H. MOISY, Noms de famille normands, p. 181, qui en rapproche l'anglais jest, plaisanterie. Mais, sans noter que le mot anglais lui-même, qui n'a point de racine germanique, peut être la reproduction du mot normand, geste en ce sens est, évidemment, une spécialisation du sens de gestes, mouvements de la personne. C'est grimaces, dans le sens de faire des minauderies, des embarras. On dit en Normandie un gestier, une gestière, celui, celle qui fait des gestes.

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Phonétique du mot « geste »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
geste ʒɛst

Fréquence d'apparition du mot « geste » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « geste »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « geste »

  • Comment obtenir la béatitude ? En disant Dada. Comment devenir célèbre ? En disant Dada. D’un geste noble et avec des manières raffinées. Jusqu’à la folie. Jusqu’à l’évanouissement. Comment en finir avec tout ce qui est journalisticaille, anguille, tout ce qui est gentil et propret, borné, vermoulu de morale, européanisé, énervé ? En disant Dada. Dada c’est l’âme du monde, Dada c’est le grand truc. Dada c’est le meilleur savon au lait de lys du monde. Dada Monsieur Rubiner, Dada Monsieur Korrodi, Dada Monsieur Anastasius Lilienstein. Cela veut dire en allemand : l’hospitalité de la Suisse est infiniment appréciable. Et en esthétique, ce qui compte, c’est la qualité. Je lis des vers qui n’ont d’autre but que de renoncer au langage conventionnel, de s’en défaire. Dada Johann Fuchsgang Goethe. Dada Stendhal, Dada Dalaï-lama, Bouddha, Bible et Nietzsche. Dada m’Dada. Dada mhm Dada da. Ce qui importe, c’est la liaison et que, tout d’abord, elle soit quelque peu interrompue.Je ne veux pas de mots inventés par quelqu’un d’autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chat… Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots. AU. OI. U. Il ne faut pas laisser venir trop de mots. Un vers c’est l’occasion de se défaire de toute la saleté. Je voulais laisser tomber le langage lui-même, ce sacré langage, tout souillé, comme les pièces de monnaie usées par des marchands. Je veux le mot là où il s’arrête et là où il commence. Dada, c’est le coeur des mots. Toute chose a son mot, mais le mot est devenu une chose en soi. Pourquoi ne le trouverais-je pas, moi ? Pourquoi l’arbre ne pourrait-il pas s’appeler Plouplouche et Plouploubache quand il a plu ? Le mot, le mot, le mot à l’extérieur de votre sphère, de votre air méphitique, de cette ridicule impuissance, de votre sidérante satisfaction de vous-mêmes. Loin de tout ce radotage répétitif, de votre évidente stupidité.Le mot, messieurs, le mot est une affaire publique de tout premier ordre.
    Hugo Ball —  Manifeste littéraire
  • Les attitudes, gestes et mouvements du corps humain sont risibles dans l'exacte mesure où ce corps nous fait penser à une simple mécanique.
    Henri Bergson — Le Rire
  • D'après les experts, la Terre se réchauffe... enfin un geste pour les sans-abri !
    Laurent Ruquier — Il faut savoir changer de certitudes
  • Cette humeur protectrice, cette adresse à soigner, cette maternité délicate dans le geste - apanage des femmes.
    Colette — La Vagabonde
  • Pas un geste, pas un cillement qui ne m'engage à fond, qui ne fasse dévier ma vie.
    Louis Aragon — Le Libertinage, Gallimard
  • Le geste est une boursouflure de la pensée.
    Eugène Vivier — Suite à quelques paragraphes
  • Le geste de bénédiction ne fait pas dévier le vent froid.
    William Carlos Williams — Poèmes
  • Un gentleman, c’est celui qui est capable de décrire Sophia Loren sans faire de geste.
    Michel Audiard
  • Si on veut faire un geste symbolique, il ne faut pas brûler le drapeau, mais le laver.
    Norman Thomas
  • […] Pendant que, déployant ses voiles, L'ombre, où se mêle une rumeur, Semble élargir jusqu'aux étoiles Le geste auguste du semeur.
    Victor Hugo — Les Chansons des rues et des bois, Saison des semailles, le Soir
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Traductions du mot « geste »

Langue Traduction
Anglais gesture
Espagnol gesto
Italien gesto
Allemand geste
Chinois 手势
Arabe لفتة
Portugais gesto
Russe жест
Japonais ジェスチャー
Basque keinu
Corse gestu
Source : Google Translate API

Synonymes de « geste »

Source : synonymes de geste sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot geste au scrabble : 6 points

Geste

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