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Foutre
Sommaire
- Définitions de « foutre »
- Étymologie de « foutre »
- Phonétique de « foutre »
- Fréquence d'apparition du mot « foutre » dans le journal Le Monde
- Évolution historique de l’usage du mot « foutre »
- Citations contenant le mot « foutre »
- Images d'illustration du mot « foutre »
- Traductions du mot « foutre »
- Synonymes de « foutre »
- Combien de points fait le mot foutre au Scrabble ?
Définitions de « foutre »
Trésor de la Langue Française informatisé
FOUTRE1, verbe trans.
A.− Trivial. Posséder charnellement. Synon. baiser (vulg.), enculer (trivial).La femme (...) est en rut et veut être foutue. Le beau mérite! (Baudel., Cœur nu,1867, p. 643).Je suis ce soir, au chemin de fer, à côté d'un ouvrier complètement saoul, qui répète à tout moment : « Non, je ne la foutrais pas, quand on me donnerait tout Paris... oui, tout Paris, non, je ne la foutrais pas! » (Goncourt, Journal,1872, p. 900).
♦ Emploi abs. Faire l'amour. Synon. baiser (vulg.).Plus l'homme cultive les arts, moins il bande (...). Foutre, c'est aspirer à entrer dans un autre, et l'artiste ne sort jamais de lui-même (Baudel., Cœur nu,1867p. 663):
1. M. de Lameth, qui avait conservé dans un âge très avancé la puissance ithyphallique, disait que, dans sa jeunesse, il bandait tous les jours, mais ne foutait que le dimanche.
Mérimée, Lettres F. Michel,1870, p. 46.
− Au fig., vulg.
♦ Envoyer (qqn, qqc.) (se) faire foutre. Envoyer promener (qqn, qqc.). Le grec va marcher de nouveau et si, dans deux ans, je ne le lis pas, je l'envoie faire foutre définitivement (Flaub., Corresp.,1845, p. 182).
♦ Aller se faire foutre. [S'emploie pour signifier à qqn qu'on ne veut plus le voir, qu'on ne veut plus entendre parler de lui] Synon. aller se faire fiche/voir.L'infortunée Mars, dont on n'avait pu tirer une parole jusque-là, se retourne tout à coup et répond : Va te faire f...tre! (Delécluze, Journal,1825, p. 96).Avez-vous besoin de quelque chose? demande [le geôlier] (...) − Non. − En ce cas, allez vous faire f..., et il referme la porte ([L'Héritier],Suppl. Mém. Vidocq, t. 2,1830,p. 5).
♦ Va te faire foutre. [S'emploie pour présenter un fait ou une situation comme contraire à ce qui était attendu] . Synon. penses-tu, va te faire fiche (fam.).Si je retrouvais quand je prends la plume les choses qui me passent dans la tête et qui me font dire, à part moi : « Je lui écrirai ça », tu aurais vraiment peut-être des lettres amusantes. Mais, va te faire foutre, cela s'en va aussitôt que j'ouvre mon carton (Flaub., Corresp.,1850, p. 250).
B.− Vulg. Emploi trans. sans compl. explicité. [Le compl. réfère à une activité] Faire. Qu'est-ce que tu fous? Synon. fabriquer, fiche/ficher (fam.).Vous v'là, eh! Salauds! Tas de cochons, qu'est-ce que vous venez foute ici? (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 6etabl., III, p. 259).Qu'est-ce que tu veux que je foute d'un couteau, je suis jardinier, moi, dans le civil (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 180).
− [Le compl. est explicité] Foutre la zizanie, la pagaille. Synon. fiche/ficher (fam.).Comme j'foutais plus d'ouvrages que les autres, j'm'ai vu en avant. Les autres élargissaient et consolidaient derrière (Barbusse, Feu,1916, p. 216).Après sept heures, pour rembobiner, c'est un monde! Y en a trop qui foutent le bordel (Céline, Mort à crédit,1936, p. 163).
− Locutions
♦ Ne pas en foutre une datte, une rame, une secousse. Ne rien faire. Le boucher le regardait avec malice : − M'sieu est-il chargé d'la cuistance? − Un peu, dit Gaspard, les aut' veulent pas en foute une datte! (Benjamin, Gaspard,1915, p. 32).
♦ En foutre un coup. Travailler dur (cf. Bruant 1901, p. 425).
♦ Qu'est-ce que ça fout? Qu'importe! Qu'est-ce que ça fout, tout cela? il n'y a de défaites que celles que l'on a tout seul devant sa glace, dans sa conscience (Flaub., Corresp.,1853, p. 178).
♦ Qu'est-ce que j'ai/tu as, etc., à foutre (de qqc.)? En quoi cela me/te, etc., concerne? Tu as bien signé une feuille d'embauche (...) je m'en tape, moi, de leur feuille d'embauche. Qu'est-ce que j'ai à en foutre? Je l'ai jamais lue (Simonin, Bazin, Voilà taxi!1935, p. 14).
♦ N'avoir rien à foutre de (qqc., qqn). N'avoir cure de (quelque chose). Ces deux Espagnols, la barmaid m'en a dit deux mots, un soir, mais j'en avais rien à foutre, de ces mecs (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 208).
♦ Foutre le camp S'en aller promptement. Foutez le camp d'ici. Synon. déguerpir, fiche/ficher le camp (fam.).Il a foutu le camp comme si le diable le fouaillait (Barbey d'Aurev., Memor. 2,1838, p. 285).Mes paquets sont faits et demain matin, je fous le camp, en attendant que je foute autre chose (Flaub., Corresp.,1878, p. 111).
S'altérer, se dégrader, tomber en ruines. Tout fout le camp avec la république. Vous pensez bien qu'à mon âge, on ne peut plus recommencer à faire sa vie (Goncourt, Journal,1870, p. 651).Tu finiras par y laisser la peau. Regarde, tu as les yeux injectés, le teint jaune, le ventre qui fout le camp, les jambes molles et je ne dis rien de ton foie (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 44).
C.− Vulg. [Accompagné d'un compl. prép. locatif; avec indication de mouvement] Envoyer, mettre (quelque chose, quelqu'un) quelque part; en partic. jeter brusquement, violemment. Foutre qqn à la porte; foutre en l'air, par terre. Synon. flanquer (fam.), fiche/ficher (fam.), jeter.− Voilà le dénoûment, dis-je. Brûlons! Je reste. − On me foutrait en prison, dit Antoine qui sort (Renard, Journal,1909, p. 1225):
2. − D'abord, toi, n'en faut plus, tu es trop laid. Dans la société future, il n'y aura plus de boscos. On les fout à l'eau en naissant.
Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1306.
− [Avec un datif éthique] Foutez-moi ça au feu. Fouts-moi toutes ces canailles-là à la porte quand ils se présentent (Flaub., Corresp.,1853, p. 241).Mais il recula devant la troisième [assiettée], que le fermier voulait lui faire manger de force, en répétant : « Allons fous-toi ça dans le ventre. T'engraisseras ou tu diras pourquoi, va, mon cochon! » (Maupass., Contes et nouv.,t. 2 St-Antoine, 1883, p. 195).
− Loc. Foutre qqc. plein + compl. locatif avec ou sans prép. Mettre en grande quantité. Foutez-moi des grenades plein vos poches et en bas! (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 243).
Emploi pronom. réfl. indir. S'en foutre plein la panse. − Les officiers ne disaient trop rien quand on chapardait? − I' s'en foutaient eux-mêmes plein la lampe, et comment! (Barbusse, Feu,1916, p. 37).
♦ Au fig. En foutre plein la vue à qqn. Épater quelqu'un. Foutre (qqn) dedans, se foutre dedans (cf. ce mot I B 3). Foutre (qqn) sur la paille*.
− Emploi pronom. réfl. Synon. de s'envoyer, se flanquer (fam.), se fiche (fam.).Se foutre en bas d'une échelle. Ah, j'aurais donné dix francs pour être là à le surveiller quand il irait se foutre à l'eau, je l'aurais laissé faire, ah oui! (Giono, Baumugnes,1929, p. 199).
D.− Vulg. [Avec un compl. prép. désignant un état phys. ou psychol.]
1. [Le compl. est un subst.] Mettre (quelqu'un) dans tel ou tel état. Il m'a foutu en boule; ça le fout en colère. − Et les Boches, ils n'en ont pas de canons, non? Tas de vieux jetons. Ça me fout en rogne d'entendre ça (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 173).Après, un coup de tonnerre sec qui me fout au garde à vous, raide comme la justice, et un bruit doux de soie froissée (Giono, Baumugnes,1929p. 112).Maman en plus, et sa guibole, ça le foutait à crans pour des riens (Céline, Mort à crédit,1936, p. 68).
− Emploi pronom. Se mettre dans un état tel ou tel. Se foutre en colère, à poil*.
− Loc. Ça la fout mal. Ça a mauvais aspect, c'est ennuyeux, regrettable. « Où que vous allez, vous autres? » − « Sais pas... le capiston attend des ordres. » − « Ça la fout mal, hein? » − « Oui, plutôt... paraît qu'on a signalé des Uhlans, au nord... » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 750).Ça la fout mal, le dimanche, quand Fred sort avec ses copains. À propos de copains, Max Bartolomi ne vaut pas tripette (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 49).
2. [Le compl. est un inf.] Rare. Faire que quelqu'un se mette à faire quelque chose. Ça le fout à roter l'effort (Céline, Mort à crédit,1936, p. 329).
− Emploi pronom., usuel. Se mettre à faire quelque chose. Se foutre à crier. « Je suis fâché avec une putain que j'adore et je viens de la chasse avec des amis... eh bien, quand un lapin partait, au lieu de tirer dessus, je me foutais à pleurer » (Goncourt, Journal,1883, p. 285).
E.− Vulg. [Avec un compl. datif]
1. Donner. Je t'en fous mon billet*. Synon. fiche/ ficher (fam.).Un médecin y t'en foutrait pour quinze francs de drogue et puis de la diète, en veux-tu en voilà. Ça, c'est le médecin des pauvres (Giono, Colline,1929, p. 104).− Voilà que ça la reprend, foutez-lui à boire pour la faire taire et enfermez-la dans un placard! (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 88).Qu'est-ce qui m'a foutu des goinfres pareils, qu'ils sont toujours à sangloter dans mon gilet, ces cochons goitreux! (Aymé, Tête autres,1952, p. 215).
− Locutions
♦ Je vous/t'en foutrai (de qqc.). [S'emploie, accompagnant une reprise partielle des propos de l'interlocuteur, pour marquer le désaccord, la désapprobation du locuteur] Il lui faut ses dix heures de pucier, tout comme à un mignard. Sans ça, monsieur a la cosse toute la journée. − J'ten foutrai, moi! gronde Lamuse (Barbusse, Feu,1916, p. 25).Une marque de fabrique! On t'en foutra des marques de fabrique! Ce n'est pas une marque de fabrique, c'est un garçon de café (Claudel, Lune,1949, p. 1284).Ils se disent : pauvre Paul n'a pas eu de veine, et ils se frottent en pensant à moi. Je leur en foutrai, tiens, du pauvre Paul (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 110).
♦ Je t'en fous. [S'emploie après une question rhétorique pour détromper le destinataire] Synon. penses-tu.Ils [les officiers] couchent les types sur la route et ils passent dessus avec des camions (...) Tu crois qu'ils achèveraient les types? Je t'en fous (Sartre, Mur,1939, p. 13).
2. [Le compl. désigne une action nuisible ou désagréable pour qqn] Donner. Foutre un coup de poing à qqn; il lui a foutu une torniole; foutre une volée; foutre son pied au cul* de qqn; foutre un procès, une contravention. Synon. flanquer, fiche/ficher (fam.).Je vais maintenant lui foutre une belle vérole! (Flaub., Corresp.,1878, p. 139).C'est une boule de pain en rab, elle est moisie. Si tu manges le bleu, ça te fout la chiasse... (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 235):
3. − Regardez-le-moi, toujours en train de faire des grimaces. Je te lui foutrais mon balai par le travers de la gueule quand je le vois s'amuser comme ça.
Queneau, Loin Rueil,1944, p. 56.
− P. ell. Foutre sur la gueule (à qqn). Frapper quelqu'un, se battre avec quelqu'un. − Mon capitaine, dit Gaspard, j'demande à r'partir tout de suite foute su la gueule aux Boches! (Benjamin, Gaspard,1915, p. 128).Batiss' avait foutu sus l'gueule à un flic (M. Stéphane, Ceux du trimard,1928, p. 162).
− Emploi pronom. réciproque. Se donner. Synon. se flanquer, se fiche/ficher (fam.).N'empêche qu'on s'abordait dans la tranchée, et qu'on se foutait de rudes coups de pelle sur la gueule (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 50).Eux-mêmes!... Ils se foutaient des raclées terribles (Céline, Mort à crédit,1936, p. 599).
3. [Le compl. désigne un état psychol. ou phys., une situation] Mettre (quelqu'un) dans tel ou tel état. Ça me fout la trouille, le trac. Synon. donner, flanquer, fiche/ficher (fam.).Que nous foutait à tous, que Dreyfus ait ou non trahi? (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 153).Je voudrais vous contenter. Seulement j'ai pas l'habitude, c'est dur, ça me fout le cafard (Bernanos, Imposture,1927, p. 476).Il m'en foutait la berlue, tellement qu'il s'embarbouillait dans ses propres explications (Céline, Mort à crédit,1936p. 155).
− Locutions
♦ Foutre la paix (à qqn). Laisser (quelqu'un) tranquille. Je vas vous démolir, moi, dans votre chalet!... Nom de Dieu! Voulez-vous me foutre la paix! (Zola, Assommoir,1877, p. 783).Et voilà ce jour du Seigneur, ce dimanche qui m'est dû. Elle me foutra une paix royale, la mégère! (H. Bazin, Vipère,1948, p. 250).
♦ Foutre un enfant à qqn. Faire un enfant à quelqu'un. Il lui jetait d'un bout de la table à l'autre : « Si tu continues, ce soir, je te fous un enfant » (Goncourt, Journal,1882, p. 185).La vierge Lorraine! Je lui fouterai un gosse de force (Montherl., Celles qu'on prend,1950, II, 6, p. 811).
F.− Vulg. Emploi pronom.
1. [Avec un compl. introduit par de] Ne pas se soucier, se moquer (de quelque chose, de quelqu'un). On s'en fout; ils se foutent de nous. Synon. se fiche/ficher (fam.), se balancer de (fam.).Mon petit Mithoerg, nous nous en foutons inexprimablement, de Janotte... N'est-ce pas petite fille?... (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 29).− Qu'est-ce que nous allons devenir? il n'y eut aucune réponse; les types se foutaient de ce qu'ils allaient devenir (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 96).− M'en fous, Grégoire, m'en contrefous (Arnoux, Solde,1958, p. 39).
− Loc. Se foutre de qqc./qqn comme de l'an* quarante, de colin-tampon*, de sa première chemise, d'une guigne*, d'une pomme (vx). N'avoir cure de quelque chose, de quelqu'un; n'en faire aucun cas.
2. [Avec un compl. propositionnel] Ne pas se soucier que. Maintenant on s'aperçoit que les Américains sont des brutes aussi racistes que les nazis et qu'ils se foutent qu'on continue à crever dans les camps (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 134).
REM.
Fouteur, subst. masc.,trivial, vx. Homme qui fout, qui aime foutre. Synon. baiseur (vulg.).Un fouteur sentant le sperme qui monte et la décharge qui s'apprête (Flaub., Corresp.,1866, p. 94).Et nous voilà dans la rue du Caire, où le soir, converge toute la curiosité libertine de Paris, dans cette rue du Caire aux âniers obscènes, aux grands Africains, dans des attitudes lascives, promenant des regards de fouteurs sur les femmes qui passent (...) la rue du Caire, une rue qu'on pourrait appeler la rue du rut (Goncourt, Journal,1889, p. 999).
Prononc. et Orth. : [fu:tʀ
̥]. La prononc. relâchée se réduit à [fut] à l'inf.; on peut rencontrer la graph. foute (cf. Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 6etabl., 3, p. 259 et Benjamin, Gaspard, 1915, p. 32, 128). Conjug. : ne s'emploie pas aux temps suiv. : passé ant., passé simple, cond. prés. et passé, subj. imp. et passé. Cf. ficher3, fiche2. Étymol. et Hist. 1. 1175-80 vulg. trans. « posséder charnellement » (Renart, éd. M. Roques, br. XVII, 1568); d'où 1731, avr. pop. se faire f... (cité ds Brunot t. 6, 1124 et note 2); 2. mil. xviies. pronom. « ne pas se soucier de quelque chose; se moquer de » (cité ds A. Adam, Les Libertins au XVIIes., 84 ds Quem. DDL t. 15); 3. a) 1751 vulg. je vous en fous (Vadé, Pip. cass., ch. II, p. 228 ds Brunot t. 10, p. 164 et note 1); b) 1789 trans. foutre son pied [quelque part] (Ibid., note 6); 1790 foutez lui la paix (P. Duch. Royal, pièce 18, ibid., p. 179 et note 5); 4. 1790 foutre le camp (ibid., ibid., p. 181); ca 1791 « mettre brusquement » foutre sur un trône (Nouveau te Deum, ibid., p. 172); 5. 1790, 10 oct. fam. « faire » (P. Duch., noVI, ibid., p. 179 et note 2 : continuez a bien aimer votre femme, elle est foutue pour ça); cf. 1853 (Flaub., Corresp., p. 178 : Qu'est-ce que ça fout tout cela? il n'y a de défaites que celles que l'on a tout seul); 6. 1790 foutant part. prés. adj. « fâcheux » J. Bart, no97 ds Quem. DDL t. 15 (s.v. foutant). Du lat. futuere « avoir des rapports avec une femme ». Bbg. Martinet (A.). Homon. et polysèmes. Linguistique. Paris. 1974, t. 10, p. 39. − Orr (J.). Qq. étymol. « douteuses ». In : Essais d'étymol. et de philol. fr. Paris, 1963, pp. 55-56. − Pauli 1921, p. 46. − Quem. DDL t. 2, 15. − Spitzer (L.). Fr. mod. 1935, t. 3, pp. 180-187.
Wiktionnaire
Interjection - français
foutre \futʁ\
-
(Vulgaire) (Vieilli) Exclamation de surprise ou pour appuyer un discours.
- Sinon il est foutre bien évident que cent mille intrigants viendront se payer notre poire et ils prendront en main, nos intérêts, d'une sale façon comme de juste… et nous serons encore obligés de les subir ! — (Jean Elleinstein, Histoire mondiale des socialismes, Armand Colin, 1984, p. 354)
Nom commun - français
foutre \futʁ\ masculin (Indénombrable)
-
(Vulgaire) (Vieilli) Sécrétion des organes sexuels.
- Une gousse qui s’étend sur un lit en soixante-neuf sous une petite pucelle sans poils et qui lui fait minette et qui reçoit dans la bouche autant de foutre (et quel foutre !) qu’une nourrice peut donner de lait, tu peux croire qu’elle est excitée… — (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre VI)
- Maintenant, dès qu’il s’apercevait de son état, il se disait : « Tu bronches ! » Et pour se reprendre en main il employait le langage troupier, avec le plus possible de foutre et de bougre. Il avait reconnu dans ces cas-là la haute valeur thérapeutique de ces mots simples. — (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 139)
-
(Spécialement) Sperme.
- Ne branlez pas sept ou huit petits paysans dans un verre pour boire le foutre avec du sucre. Cela vous donnerait mauvaise réputation dans le pays. — (Pierre Louÿs, Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation, 1926)
- Alexine se mit à crier comme une damnée et elle se tordit comme un serpent lorsque Mony lui lâcha dans le ventre son foutre roumain. — (Guillaume Apollinaire, Les Onze Mille Verges)
Verbe - français
foutre \futʁ\ intransitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se foutre)
-
(Vulgaire) (Vieilli) Copuler ; posséder sexuellement.
- Elle foutit saintement avec ce saint homme pendant deux ans et le mit au tombeau. Cependant, il la dota … — (Nicolas Edme Restif de La Bretonne, L’Anti-Justine ou les délices de l’amour, 1798)
- Pourvu que je foutisse un jeune con, que m’importait ?… J’allai nu au lit ; je trouvai des tétons naissants, un conin qui tressaillait. Je dépucelai… — (Nicolas Edme Restif de La Bretonne, L’Anti-Justine ou Les délices de l’amour, chapitre VI, 1798)
- Parmi les principaux verbes de la quatrième conjugaison, il est inutile de citer foutre, je fous, je foutais, je foutrai, que je foutisse, foutant, foutu. La conjugaison de ce verbe est intéressante mais on vous grondera plutôt de la connaître que de l’ignorer. — (Pierre Louÿs, Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation, 1926)
- Je fous à tout va !
-
(Très familier) (Vulgaire) Faire.
- – Tu es Français, et puis ? Qu’est-ce que tu veux que ça nous foute ? — (Pierre Benoit, Le lac salé, Albin Michel, 1921, réédition Le Livre de Poche, page 58)
- Nom de Dieu ! Feempje, qu’est-ce que tu fous ? s’informa joyeusement un passant en lui bourrant l’épaule d’une tape. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 43)
- Faute de renseignements plus précis, personne, à commencer par moi, ne savait ce que j’étais venu foutre sur terre. — (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 76)
- Ça me prend la tête de remplir des fiches, qu'est-ce qu'ils croivent ces pédales de profs, que j'ai que ça à foutre ? Tous les ans depuis la cinquième, je me coltine Lamine et chaque fois, c'est la même histoire. — (Habiba Mahany, Kiffer sa race: roman, Éditions J.-C. Lattès, 2008, page 29)
- Je m’impatientais ; qu'est-ce que je foutais là, à perdre mon temps dans le but de plaire à une vieille fille qui faisait la baboune ? C'était ridicule à la fin... J'ai sacré mon camp. — (Louise Dubuc, Les chenilles du brigadier, Éditions Leméac, 2008, page 145)
-
(Transitif) (Familier) Placer ; mettre.
- Eh bien, monsieur le duc, j’ai toujours remarqué au cours de ma longue carrière […] que quand on a envie d’une fille, si on y va carrément, neuf fois sur dix elle ne vous dit rien, mais si on relève tout doucement ses jupes pour regarder ce qu’il y a dessous, le plus souvent, elle vous fout en correctionnelle. — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942, page 62)
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Avec votre ferraille
On forge ces engins
Qui foutront la pagaille
Parmi ceux du voisin — (Boris Vian, Le Petit Commerce, 1955) - Je lui en ai foutu plein la vue… — (Jo Barnais [Georges Auguste Charles Guibourg, dit Georgius], Mort aux ténors, ch. XII, Série noire, Gallimard, 1956, page 111)
- Voilà la nouvelle Julia de ces dernières semaines. À foutre la frousse, comme répète Anouchka. — (Éric-Emmanuel Schmitt, éditions Albin Michel, Paris, 2014, page 135)
-
(Transitif) (Très familier) Faire, travailler.
- Alors, tu viens, qu’est-ce que tu fous ?
- Il ne fout rien.
-
(Transitif) (Vulgaire)[1] (France) / (Familier) (Québec) Accorder de l’importance à, prendre en considération (spécialement pour en souligner l’absence).
- Tes problèmes, il n’en a rien à foutre.
- Qu’est-ce que j’en ai à foutre que tu sois là ou pas ?
-
(Pronominal) (Vulgaire) (France) / (Familier) (Québec) Se désintéresser ou être totalement indifférent de la chose ou personne en question.
- On ne tient pas à fabriquer de la marmaille et l’on se fout, contrefout, archifout de l’avenir de la race. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 78)
- Elle s’en foutait, la gueuse : cachée dans un conte de Mérimé, La Vénus d’Ille, elle attendait que je le lusse pour me sauter à la gorge. — (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 83)
-
Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics,
Bancs publics, bancs publics,
En se foutant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes — (Georges Brassens, « Bancs publics », in Le Vent, 1953) - Cet accord “tope-là” a été validé par le préfet, mais quelques-uns ne le respectent pas. Je ne veux pas jeter l’opprobre, mais certains s’en foutent royalement », se désespère Gilles Benest, de FNE.— (Guillaume Clerc, Dans le Doubs, la faune et la flore broyées par des « casse-cailloux », Reporterre, 4 mai 2020)
-
(Pronominal) (Vulgaire) Se moquer de quelqu’un. → voir se foutre de la gueule.
- Non mais, qu’est-ce qu’ils venaient nous casser les pieds, tous ces Parisiens, avec leurs modes modernes, que tu savais jamais ce qu’il fallait faire pour qu’on se foute pas de ta poire ? — (Paul Fabre, Le Solitaire de Costejourdes, Éditions L’Harmattan, 2013, page 35)
Étymologie de « foutre »
- (Date à préciser) Du latin populaire *fŭttĕre (avec redoublement expressif de t), en latin classique futuere (« baiser une femme, copuler »), infinitif du verbe futuo.
- On trouve dans — (Du Cange) : futuare : scilicet coire.
Phonétique du mot « foutre »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
foutre | futr |
Fréquence d'apparition du mot « foutre » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Évolution historique de l’usage du mot « foutre »
Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.
Citations contenant le mot « foutre »
-
La première vertu révolutionnaire, c’est l’art de faire foutre les autres au garde-à-vous.
Jean Giono -
Au fond, est-ce que ranger ça ne revient pas un peu à foutre le bordel dans son désordre ?
Philippe Geluck -
Une jolie fille ne doit s'occuper que de foutre et jamais d'engendrer.
Marquis de Sade — La philosophie dans le boudoir -
Avant de se foutre par la fenêtre, il faut penser à l'ouvrir.
Sim -
Ne pas faire la guerre ne suffit pas ; encore faut-il foutre la paix !
Claude Frisoni -
Chaque fois qu’on observe un animal, on a l’impression qu’il y a là un être humain en train de se foutre de nous.
Elias Canetti -
Plus les femmes sont belles, plus elles ont tendance à se foutre de nous, et plus on en redemande.
Alfonso Merino -
Il ne faut jamais se foutre de la gueule des riches car on ne sait pas ce qu'on peut devenir.
Frédéric Dard — La Rate au court-bouillon -
Ce monde n'est qu'une immense entreprise à se foutre du monde.
Louis-Ferdinand Céline — Voyage au bout de la nuit -
Il ne s’agit pas d’opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l’air.
Virginie Despentes — King Kong Théorie
Traductions du mot « foutre »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | fuck |
Espagnol | mierda |
Italien | fanculo |
Allemand | scheiße |
Chinois | 他妈的 |
Arabe | اللعنة |
Portugais | porra |
Russe | блядь |
Japonais | くそ |
Basque | arraio |
Corse | cazzo |
Synonymes de « foutre »
Source : synonymes de foutre sur lebonsynonyme.frCombien de points fait le mot foutre au Scrabble ?
Nombre de points du mot foutre au scrabble : 9 points