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Forcément

Définitions de « forcément »

Trésor de la Langue Française informatisé

FORCÉMENT, adv.

A.− Par une conséquence inéluctable. Synon. nécessairement, obligatoirement.Nous étions forcément serrés, l'un contre l'autre, puisqu'il n'y avait pas de place (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 153).Dans l'état où elle est, elle va forcément avoir besoin de moi (Breton, Nadja,1928, p. 88):
1. Sans un certain nombre de prémisses implicitement admises entre les participants, la liberté ne peut durer et s'évanouit forcément ou plutôt inévitablement. Amiel, Journal,1866, p. 511.
[Dans la langue parlée] Synon. de c'est inévitable (en incise). ...Et comme c'est là que Madame Philippe avait son argent, forcément elle est assez ennuyée (Bourdet, Sexe faible,1931, p. 461).Et puis en plus j'ai tout le temps sommeil... forcément, dormir le jour, c'est pas dormir... (Céline, Voyage,1932, p. 292):
2. − Pourquoi me quitterais-tu? je ne suis pas fin psychologue, mais, depuis cinq ans que je ne pense qu'à toi, alors, forcément, je te connais. Achard, J. de la Lune,1929, III, 4, p. 30.
B.− Vieilli. [Modifiant des verbes dont le suj. désigne une pers.]
1. En y étant forcé, contraint. Le comte nous quitta forcément réclamé par son piqueur qui vint le chercher (Balzac, Lys,1836, p. 177).La baronne découragée d'avoir toujours à courir après lui pour le ramener forcément dans le cercle de la question (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 168):
3. Ce pauvre Mareste est devenu, ainsi soufflé par son Méphistophélès l'un des défenseurs les plus acharnés de ce qu'on appelle le genre romantique dans les arts, et l'on sait par expérience ce que c'est que de défendre forcément une doctrine dont on n'est pas intimement imbu, et qui contrarie même souvent nos impressions personnelles : on s'obstine, on se bute, ou l'on tourne la chose en plaisanterie. Delécluze, Journal,1824, p. 33.
2. Sous la pression de circonstances extérieures. Anton. volontairement.Si (...) par être actif on n'entend pas seulement agir, mais agir librement, c'est-à-dire, d'après sa volonté; et si par être passif on entend agir forcément ou contre sa volonté (Destutt de Tr., Idéol. 1,1801, p. 74).Je m'établis à rêver. C'était, cette fois, volontairement, par goût, sur un sujet qui me touchait au cœur, au lieu que d'ordinaire je rêvais forcément (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 291).
3. Par force, de force. Que vous importe d'être pris et dirigé forcément par un geôlier qui prend sa résolution de lui-même ou qui en reçoit l'ordre d'un gouverneur? Vous n'en êtes pas plus libre de vos volontés (Vigny, Journal poète,1834, p. 1014).
Prononc. et Orth. : [fɔ ʀsemɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xiiies. [ms.] « de force, par force » forcieement (R. Lulle, Livre d'Evast et de Blaquerne, éd. A. Llinarès, LXXXV, p. 239); 1583 [éd.] forcêment (Ph. Desportes, Diverses Amours, éd. V. E. Graham, p. 116); 1792 « d'une manière nécessaire, par une conséquence inévitable » (Staël, Lettres L. de Narbonne, p. 80 : Ne voyez-vous pas que tout changera forcément?). Dér. de forcé, ée, part. passé adj. de forcer*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 752. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 393, b) 1 000; xxes. : a) 1 173, b) 1 620.

Wiktionnaire

Adverbe - français

forcément \fɔʁ.se.mɑ̃\

  1. Par force ; par obligation ; par une conséquence rigoureuse ou inévitable.
    • Forcément, l’époque où nous vécûmes le plus près de Dieu, le Moyen Age, devait suivre la tradition révélée du Christ […]. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Pour aller à tel endroit, vous passerez forcément par tel chemin.
    • Ce fait reconnu, on doit forcément en conclure que…
  2. (Vieilli) D’une manière forcée.
    • Elle se mit à rire, mais forcément. — (Honoré de Balzac, Les Chouans, chapitre II)
    • Je paraissais peu sensible aux attentions de ma mère ; je repoussais ses caresses, que je recevais forcément et avec impatience. — (Nicolas Rétif de la Bretonne, Monsieur Nicolas, 1796, bibliothèque de la Pléiade, tome 1, page 29)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

FORCÉMENT (for-sé-man) adv.
  • 1Par force, par contrainte. Il a fait forcément cette démarche. Ce prince [Louis XI], ne faisant jamais la guerre que forcément, recevait tous ceux qui cherchaient son alliance, Duclos, Hist. Louis XI, Œuv. t. III, p. 176, dans POUGENS.
  • 2Par une conséquence forcée. Ce fait admis, on doit forcément admettre les autres.
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Étymologie de « forcément »

Dérivé de force avec le suffixe -ment.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Forcé, et le suffixe ment ; provenç. forsadamen ; catal. forsadament ; espagn. forzadamente.

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Phonétique du mot « forcément »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
forcément fɔrsemɑ̃

Fréquence d'apparition du mot « forcément » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « forcément »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « forcément »

  • Comme il n’y avait pas de trace de règlement en argent, il y avait forcément paiement en nature. Si cela ne s’était pas passé avant le crime, cela s’était passé après.
    Paule Constant — La bête à chagrin
  • Une proposition incorrecte est forcément fausse, mais une proposition correcte n’est pas forcément vraie.
    Emmanuel Kant
  • Les différences génétiques entre les vrais jumeaux ne seraient pas forcément dues à l'environnement, comme pensé auparavant.
    Sciences et Avenir — Les vrais jumeaux n'ont pas forcément le même ADN - Sciences et Avenir
  • Tout ce qui paraît au-dessus de tes forces n'est pas forcément impossible ; mais tout ce qui est possible à l'homme ne peut être au-dessus de tes forces.
    Marc-Aurèle
  • Oui, c’est très clair, ce risque de troisième vague est forcément accru. Je ne me sens pas en mesure de me prononcer sur les mesures adéquates, c’est une question d’épidémiologie et de modélisation. Mais à l’heure actuelle, il est évident que les seules mesures que l’on ait à disposition sont la distanciation sociale, et quand celle-ci ne fonctionne pas, le confinement ou le couvre-feu. Evaluer à quel moment il faut durcir ces mesures en fonction de l’apparition de ce nouveau type de souche, c’est très compliqué à dire.
    L'Obs — Avec le variant britannique, « le risque de troisième vague est forcément accru »
  • Il était entré forcément dans le journalisme, où il bâclait tout ce qui concernait son état, depuis des chroniques, jusqu'à des comptes rendus de tribunaux et même des faits divers.
    Zola — L'Argent
  • Le temps a cessé d’être une suite insensible de jours, à remplir de cours et d’exposés, de stations dans les cafés et à la bibliothèque, menant aux examens et aux vacances d’été, à l’avenir. Il est devenu une chose informe qui avançait à l’intérieur de moi et qu’il fallait détruire à tout prix. J’allais aux cours de littérature et de sociologie, au restau U, je buvais des cafés midi et soir à la Faluche, le bar réservé aux étudiants. Je n’étais plus dans le même monde. Il y avait les autres filles, avec leurs ventres vides, et moi. Pour penser ma situation, je n’employais aucun des termes qui la désignent, ni « j’attends un enfant », ni « enceinte », encore moins « grossesse », voisin de « grotesque ». Ils contenaient l’acceptation d’un futur qui n’aurait pas lieu. Ce n’était pas la peine de nommer ce que j’avais décidé de faire disparaître. Dans l’agenda, j’écrivais : « ça », « cette chose-là », une seule fois « enceinte ». Je passais de l’incrédulité que cela m’arrive, à moi, à la certitude que cela devait forcément m’arriver. Cela m’attendait depuis la première fois que j’avais joui sous mes draps, à quatorze ans, n’ayant jamais pu, ensuite – malgré des prières à la Vierge et différentes saintes -, m’empêcher de renouveler l’expérience, rêvant avec persistance que j’étais une pute. Il était même miraculeux que je ne me sois pas trouvée plus tôt dans cette situation. Jusqu’à l’été précédent, j’avais réussi aux prix d’efforts et d’humiliations – être traitée de salope et d’allumeuse – à ne pas faire l’amour complètement. Je n’avais finalement dû mon salut qu’à la violence d’un désir qui, s’accommodant mal des limites du flirt, m’avait conduite à redouter jusqu’au simple baiser. J’établissais confusément un lien entre ma classe sociale d’origine et ce qui m’arrivait. Première à faire des études supérieures dans une famille d’ouvriers et de petits commerçants, j’avais échappé à l’usine et au comptoir. Mais ni le bac ni la licence de lettres n’avaient réussi à détourner la fatalité de la transmission d’une pauvreté dont la fille enceinte était, au même titre que l’alcoolique, l’emblème. J’étais rattrapée par le cul et ce qui poussait en moi c’était, d’une certaine manière, l’échec social. Je n’éprouvais aucune appréhension à l’idée d’avorter. Cela me paraissait, sinon facile, du moins faisable, et ne nécessitant aucun courage particulier. Une épreuve ordinaire. Il suffisait de suivre la voie dans laquelle une longue cohorte de femmes m’avait précédée. Depuis l’adolescence, j’avais accumulé des récits, lus dans des romans, apportés par la rumeur du quartier dans les conversations à voix basse. J’avais acquis un savoir vague sur les moyens à utiliser, l’aiguille à tricoter, la queue de persil, les injections d’eau savonneuse, l’équitation – la meilleure solution consistant à trouver un médecin dit « marron » ou une femme au joli nom, une « faiseuse d’anges », l’un et l’autre très coûteux mais je n’avais aucune idée des tarifs. L’année d’avant, une jeune femme divorcée m’avait racontée qu’un médecin de Strasbourg lui avait fait passer un enfant, sans me donner de détails, sauf, « j’avais tellement mal que je me cramponnais au lavabo ». J’étais prêter à me cramponner moi aussi au lavabo. Je ne pensais pas que je puisse en mourir.
    Annie Ernaux — L’Événement – Éditions Gallimard 2000
  • Maintenant, voyez-moi, j’ai cinquante-quatre ans et plus bon à rien, forcément. J’ai lâché mon métier de plombier, je tremble de partout, regardez mes mains, je sucre les fraises, les jambes qui grelottent, elles pèsent comme du plomb et à chaque instant la tête qui s’en va. Comment expliquez-vous ça ?
    Marcel Aymé — Le passe-muraille
  • Comme on utilise, pour ce travail, des repères fixes établis sur les levées insubmersibles, les parcelles sont forcément perpendiculaires à ces levées: influence indirecte du fleuve sur le plan cadastral.
    Meynier — Paysages agraires

Traductions du mot « forcément »

Langue Traduction
Anglais necessarily
Espagnol necesariamente
Italien necessariamente
Allemand notwendig
Chinois 一定
Arabe بالضرورة
Portugais necessariamente
Russe обязательно
Japonais 必ずしも
Basque nahitaez
Corse necessariamente
Source : Google Translate API

Combien de points fait le mot forcément au Scrabble ?

Nombre de points du mot forcément au scrabble : 15 points

Forcément

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