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Espérance

Variantes Singulier Pluriel
Féminin espérance espérances

Définitions de « espérance »

Trésor de la Langue Française informatisé

ESPÉRANCE, subst. fém.

A.− PHILOS., PSYCHOL.
1. Disposition de l'âme qui porte l'homme à considérer dans l'avenir un bien important qu'il désire et qu'il croit pouvoir se réaliser. L'espérance est le désir joint à un jugement (Destutt de Tr., Idéol.,1, 1801, p. 237).Cette belle espérance, qui consiste à croire sans preuve, à adorer ce qu'on ignore et à attendre avec ferveur ce qu'on ne sait pas du tout (Flaub., Tentation,1849, p. 344).Et l'espérance n'espère pas l'espérance, mais d'heureux lendemains (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 240):
1. ... je leur demandai « quelle différence il y a entre le désir et l'espérance? » Massieu. « Le désir est un arbre en feuilles, l'espérance un arbre en fleurs, la jouissance un arbre en fruits.» Leclerc. « Le désir est une inclination du cœur, l'espérance une confiance de l'esprit. » Jouy, Hermite,t. 3, 1813, p. 266.
2. Au-dessus de l'attente est l'espérance, plus généreuse que l'attente, parce qu'elle renonce à la détermination des espoirs immédiats et des calculs inquiets pour offrir une large confiance inconditionnelle à un avenir accepté comme foncièrement bon. Elle implique un acte de foi métaphysique dans la qualité et dans la signification du temps, et, par lui, un désarmement intérieur, un abandon apaisant et actif. Mounier, Traité caract.,1946, p. 315.
2. Spécialement
a) RELIG. CHRÉT. Vertu surnaturelle par laquelle les croyants attendent de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et la gloire éternelle dans l'autre :
3. De l'Espérance et de la Charité. L'espérance, seconde vertu théologale, a presque la même force que la foi; le désir est le père de la puissance; quiconque désire fortement, obtient. Cherchez, a dit J. C., et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. (...) Le désir ou l'espérance, est le génie. Il a cette virilité qui enfante, et cette soif qui ne s'éteint jamais. Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 88.
4. À nous, catholiques, suffit l'espérance. Nous tenons les « promesses »; nous sommes sûrs qu'elles auront leur effet, si nous n'y mettons pas d'obstacles; sûrs qu'il dépend de nous de les voir réalisées en notre personne, avec le secours de la grâce, qui ne manquera jamais. Mais au janséniste, aussi longtemps qu'il n'a pas reçu de « signe », l'espérance chrétienne est plus que difficile, puisqu'il ne sait pas si Jésus-Christ est mort pour lui, ou non; s'il aura la grâce, ou non; si les commandements lui seront possibles, ou impossibles. Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 373.
Acte d'espérance. Prière exprimant cette attitude de l'âme envers Dieu. Faire un acte d'espérance (cf. Péguy, Porche Myst.,1911, p. 175).
Couleur de l'espérance. La couleur verte. Des fiches vertes, couleur de l'espérance (Zola, Argent,1891, p. 383).
P. méton., ICONOGR. Jeune femme tenant généralement un étendard ou, de nos jours, une ancre. On voit dans l'intérieur de la chapelle la Foi, l'Espérance et la Charité qui consolent saint Antoine et le caressent de la main, comme un petit enfant (Flaub., Tentation,1849p. 329).
b) P. allus.
LITT. (cf. L'Enfer de Dante) :
5. « Je n'aime point, disait M., ces femmes impeccables, au-dessus de toute faiblesse. Il me semble que je vois sur leur porte le vers du Dante sur la porte de l'enfer : Lasciate ogni speranza, voi che intrate. Vous qui entrez ici, laissez toute espérance. » C'est la devise des damnés. Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 172
MYTH. [La vérité] doit demeurer ensevelie dans le sein du sage, comme l'espérance au fond de la boîte de Pandore (Chateaubr., Essai Révol.,t. 2, 1797, p. 268).
c) Locutions
Contre toute espérance. Contre toute attente, alors que personne ne s'y attendait, ne l'espérait (cf. Rob., Lar. Lang. fr.).
De grande/belle/haute/riche espérance (vieilli). Dont on espère beaucoup; qui donne dès maintenant une haute idée de ce que sera l'avenir. Jeune homme de la plus haute espérance (Delille, Homme des champs,1800, p. xix):
6. Ravi de posséder un poisson de pareille souche, le pasteur craignit que sa cuisinière ne fût pas en état d'apprêter un mets de si haute espérance... Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 329.
En espérance (rare ou vieilli). Synon. de en perspective (temporelle).Que de Colbert, que de Turgot en espérance, qui ne sont pas sortis des bureaux de la ferme générale (Jouy, Hermite,t. 2, 1812, p. 124).Le mal qui n'était qu'en espérance, le voici en réalité (Delécluze, Journal,1825, p. 93).Le paysan défriche un terrain de broussailles; le blé n'y pousse qu'en espérance (Alain, Propos,1934, p. 1203).
B.− [L'obj. est gén. plus précis et dans un avenir plus ou moins proche]
1. Sentiment qui porte spécialement sur l'obtention d'un objet déterminé, sur la réalisation de quelque chose dans un avenir plus ou moins proche; raison que l'on a d'espérer. Il avait peur que d'ici là le gouverneur ne changeât de résolution et qu'on n'enlevât le cadavre. Alors sa dernière espérance était perdue (Dumas, Monte-Cristo,1846, p. 248).L'espérance de l'évasion prochaine le transfigure (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 397):
7. ... les premiers pêchers de plein vent, illuminés de neige rose, les premières quenouilles laiteuses qui brandissaient vers le ciel une fragile espérance de poires... Duhamel, Suzanne,1941, p. 96.
2. Spécialement
a) Locutions
Dans l'espérance de, que. Synon. de en espérant que, dans l'attente de, que.Dans l'espérance que le lendemain seroit un jour favorable (Crèvecœur, Voyage,t. 2, 1801, p. 155).Dans l'espérance des sanctions hypothétiques qu'elle apporte (Faure, Espr. formes,1927, p. 271).Cf. délicat ex. 7.
Être sans espérance.
[En parlant d'un malade] Être condamné. M. Daigremont fut sans espérance le vingt-troisième jour après notre arrivée, et mourut le vingt-cinquième (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 360).Son fils est sans espérance et ce qu'on peut lui souhaiter de mieux, c'est une prompte mort (Constant, Journaux,1805, p. 204).
[En parlant de l'entourage d'un malade] Ne plus espérer garder le malade en vie, cf. Littré, Guérin 1892.
b) Espérance (mathématique) de vie. Estimation (variable selon l'âge, le sexe, le pays, etc.) du nombre d'années qu'un individu peut espérer vivre, obtenue à partir de statistiques de mortalité. Le pays qui a actuellement l'espérance de vie la plus élevée est la Norvège : 71 ans pour les hommes, 74 ans pour les femmes (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1966, p. 490).La vie moyenne, ou espérance de vie à la naissance (Traité sociol.,1967, p. 281).
c) JEUX. Jeu de l'espérance. Jeu de hasard aux dés.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. dont Littré et Guérin 1892 ainsi que dans Lar. 19e-Lar. encyclop.
3. Au plur., littér., rare. [Sara] prit un goût qui m'a mis au désespoir, en détruisant toutes mes espérances, en renversant tous mes projets (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 69).Nos espérances sur la Flandre (...) restaient donc ouvertes (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 226).Sur le fils aîné reposaient toutes les grandes espérances du père (Aymé, Jument,1933, p. 38).
Locutions
Dépasser les espérances, réussir au-delà de toute espérance (cf. Villiers de L'I.-A., Corresp.,1866, p. 83).Le résultat dépassa les espérances et, dès 1960, les États-Unis prenaient au Canada la première place pour la production [d'uranium] du monde occidental (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 165).
Donner des espérances. Donner des assurances, faire des promesses. Tout ce qu'il a obtenu, ce sont des promesses, ce qu'on appelle des espérances, mot qui m'a bien l'air d'être fait pour les dupes (Sand, Corresp.,1831, p. 160).Les buveurs d'eau mirent leur habitation sens dessus dessous pour laisser une chambre libre au malade. Enfin le médecin commença à donner des espérances (Murger, Scènes vie jeun.,1851, p. 220).
C.− P. méton.
1. La personne ou la chose, objet de l'espérance. L'Espagne et le Portugal, ces deux grandes espérances de la cour pontificale (Stendhal, Rome, Naples et Flor., t. 2, 1817, p. 341).Hélas! il n'a point vu sous des traits assassins Tomber son jeune fils, sa plus belle espérance (Baour-Lormian, Ossian,1827, p. 250):
8. Six laboureurs de Fonteneilles avaient porté le corps jusqu'au seuil de cette demeure où il allait entrer, avant-dernier de son nom et dernière espérance de la race. R. Bazin, Blé,1907, p. 356.
2. Spécialement
a) MATH. Espérance mathématique. ,,Valeur moyenne théorique d'une variable aléatoire`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Synon. moyenne arithmétique.La moyenne naturelle, l'espérance mathématique (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 93).
b) Au plur.
Avoir des espérances. Être enceinte. Laura m'a confié qu'elle avait des espérances; mais chut!... elle préfère qu'on ne le sache pas encore (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1122).
(Avoir des) espérances. (Avoir un) héritage en perspective. Monsieur diplômé, (...) recherche en vue mariage jeune personne (...) avec dot minimum 500 000 et espér. possible (Montherl., J. filles,1936, p. 925):
9. ... je fis remarquer à mon ami que d'excellentes gens emploient communément le mot « espérances » pour désigner la fortune qui doit leur échoir lorsqu'ils auront eu le malheur de devenir orphelins. « Cent mille francs de dot, sans compter les espérances... » Petite phrase coutumière et qui n'a pas l'air méchant, mais qui ouvre un jour, comme on dit, sur les bas-fonds humains. Mauriac, Journal 1,1934, p. 60.
Prononc. et Orth. : [εspeʀ ɑ ̃:s]. D'apr. Grammont Prononc. 1958, p. 41 : [εspε ʀ ɑ ̃:s], p. harmonis. vocalique. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 n'aveir esperance de « ne pas s'attendre à » (Roland, éd. J. Bédier, 1411); 2. 1remoitié xiies. esperance « disposition de l'âme qui nous fait considérer ce que nous désirons comme devant se réaliser » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, LXI, 7, p. 79); 3. mil. xiies. « personne ou chose sur laquelle on fonde son espérance » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, LXI, 8, p. 105). Dér. du rad. de espérer*; suff. -ance*. Fréq. abs. littér. : 6 700. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 15 418, b) 9 311; xxes. : a) 7 534, b) 5 815. Bbg. Gossen (C.-T.). Ma plus douce espérance est de perdre l'espoir. Z. rom. Philol. 1955, t. 71, pp. 337-364.

Wiktionnaire

Nom commun - français

espérance \ɛs.pe.ʁɑ̃s\ féminin

  1. Action d’espérer ou résultat de cette action. Se différencie du synonyme "espoir" qui s'inscrit dans le quotidien humain, matériel par sa dimension eschatologique.
    • Quoi qu’il en soit, l’espérance de revoir le pauvre baron gai et gaillard m’a bien épargné de la tristesse. — (Lettre de Madame de Sévigné à Madame de Grignan, à Vichi, mardi 28 mai 1676)
    • Tels furent les commencemens du règne de Louis XVI. Il y avait une espérance universelle de bonheur public, l’attente d’une sorte de régénération pour le royaume, et une confiance sans bornes dans les intentions du jeune roi. — (Julie de Querangal, Philippe de Morvelle, Revue des Deux Mondes, T.2,4, 1833)
    • Jusqu’au dernier moment, tant qu’il avait pu conserver la plus faible lueur d’espérance, il avait caché à Yasmina le malheur qui allait les frapper... — (Isabelle Eberhardt, Yasmina,1902)
    • Et bien des fois, descendu dans la nuit des géhennes sociales, j’ai porté aux moribonds la résignation, l’espérance aux désespérés ; bien des fois j’ai changé en cris de joie les lamentations farouches de ces damnés. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882))
    • […]; je ne sache pas qu’ils aient jamais rompu des lances contre les espéran­ces insensées que les utopistes ont continué de faire miroiter aux yeux éblouis du peuple. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.IV, La grève prolétarienne, 1908, p.169)
    • Mais lorsque Aimery mit pied à terre sur le trottoir de la gare, il lui resta encore un peu de doute, c’est à dire une espérance. — (Pierre Louÿs, Psyché, 1927, p.115)
    • Le président Biden est un homme de foi, donc d’espérance. Il fut beaucoup question de Dieu lors de la cérémonie au Capitole mercredi. C’est là une différence fondamentale entre les Américains et nous. Mais si l’espérance est une vertu chrétienne, l’espoir est un sentiment humain. — (Denise Bombardier, Comment déradicaliser 40 millions d’Américains, Le Journal de Québec, 22 janvier 2021)
  2. Personne ou chose sur laquelle on fonde son espérance.
    • Vous êtes toute mon espérance. C’est là ma seule espérance.
  3. (Au pluriel) Biens qu’on attend d’un héritage.
  4. (Religion) Une des trois vertus théologales, celle par laquelle les chrétiens espèrent posséder Dieu, par les mérites de Jésus-Christ.
  5. (Probabilités) Nombre réel associé à une variable aléatoire réelle X définie sur un espace probabilisé. Moyenne.
    • L'espérance mathématique peut donc être considérée comme le barycentre des valeurs possibles de la variable aléatoire X, pondérées par leurs probabilités de réalisation. — (Claire David, Sami Mustapha, Frederic Viens, Nathalie Capron, Mathématiques pour les sciences de la vie: Exercices et méthodes, éditions Dunod, page 419, 2021)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ESPÉRANCE. n. f.
Action d'espérer ou Résultat de cette action. Espérance prochaine. Espérance éloignée. Espérance trompeuse. Vaine espérance. Espérance bien fondée, mal fondée. Fausse espérance. Avoir l'espérance que... Concevoir des espérances. Ce jeune homme donne de grandes espérances. Il a surpassé, il a passé, il a rempli, il a trompé nos espérances. Il a répondu à nos espérances. Il a été au-delà de nos espérances. Il se flatte, on l'amuse de cette espérance. Se repaître, se nourrir d'espérances. Vivre d'espérance. Mettre son espérance en Dieu. Il est déchu de ses espérances. Perdre toute espérance. Il se prend quelquefois pour la Personne ou la chose sur laquelle on fonde son espérance. Vous êtes toute mon espérance. C'est là ma seule espérance.

ESPÉRANCES, au pluriel, se dit spécialement des Biens qu'on attend d'un héritage.

ESPÉRANCE désigne aussi l'Une des trois vertus théologales, celle par laquelle nous espérons posséder Dieu, par les mérites de Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST.

Littré (1872-1877)

ESPÉRANCE (è-spé-ran-s') s. f.
  • 1Attente d'un bien qu'on désire, et qu'on entrevoit comme probable. Mon orgueil à ce bruit prendrait quelque espérance, Corneille, D. Sanche, IV, 3. Il mettait l'espérance du succès dans les troupes, Bossuet, Hist. III, 4. Il éleva sa maison à de plus hautes espérances, Bossuet, ib. I, 11. L'espérance enferme ou est elle-même, selon les docteurs, une espèce de désir, Bossuet, Connaiss. III, 6. Qui ne sait où son rare mérite [d'une princesse] et son éclatante beauté, avantage toujours trompeur, lui firent porter ses espérances ? Bossuet, Anne de Gonz. Nous n'avons jamais qu'un moment à vivre, et nous avons toujours des espérances pour plusieurs années, Fléchier, Mme d'Aiguillon. Cela donna sujet à M. Despréaux de s'étendre sur vos louanges, c'est-à-dire sur les espérances qu'il a conçues de vous ; car vous savez que Cicéron dit que, dans un homme de votre âge, on ne peut guère louer que l'espérance, Racine, Lett. à son fils, XXVI. J'avais conçu de toi de grandes espérances, Fénelon, Tél. XI. L'espérance trompée accable et décourage, Voltaire, Oreste, III, 4. Le temps viendra sans doute où l'Europe ne sera qu'une grande famille, mais l'espérance a aussi son fanatisme ; serons-nous assez heureux pour que dans un instant le miracle auquel nous devons notre liberté se répète avec éclat dans les deux mondes ? Mirabeau, Collection, t. III, 314. D'une prison sur moi les murs pèsent en vain ; J'ai les ailes de l'espérance, Chénier, la Jeune captive. Hélas ! il disait lui-même, d'après Pindare, que l'espérance n'est que le rêve d'un homme qui veille, Barthélemy, Anach. ch. 61. Grâce aux amours, bercé par l'espérance, D'un lit plus doux je rêve le duvet, Béranger, Dieu des b. gens. Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance, N'ira plus de ses vœux importuner le sort, Lamartine, Méd. I, 6. Te dirai-je… Qu'un instant, comme toi, devant ce ciel immense, J'ai serré dans mes bras la vie et l'espérance, Et qu'ainsi que le tien mon rêve s'est enfui ? Musset, Lett. à Lamartine. Je sais ce que la terre engloutit d'espérances, Et, pour y recueillir, ce qu'il y faut semer, Musset, ib.

    Par antiphrase. Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance, Racine, Andr. v, 5.

    De grande espérance, qui fait concevoir une haute idée d'un mérite futur. Un fils d'une si grande espérance, Bossuet, Hist. I, 8.

    Par extension. Dans une terre, dont le maître s'est éloigné, on voit un arbre de riche espérance devenir stérile, Chateaubriand, Mart. II, 42.

    En espérance, en perspective, en comptant qu'une chose se fera. Déjà de Titus épouse en espérance, Racine, Bér. I, 1.

    Dans l'espérance, en espérant… Je suis venu, dans l'espérance de vous trouver. Dans l'espérance que le démon lui avait donnée de…, Pascal, Prov. 11.

    Être sans espérance, se dit d'un malade qu'on n'espère plus conserver. Les médecins l'ont condamné, il est sans espérance.

    Être sans espérance, se dit aussi des personnes qui n'espèrent plus conserver un malade. Notre ami ne passera pas la journée, nous sommes sans espérance.

    Au plur. Espérances signifie ce que l'on attend au décès de quelque parent. Elle a dix mille écus de rente et des espérances.

  • 2Se dit pour la personne ou la chose sur laquelle se fonde l'espérance. Voilà donc votre roi, votre unique espérance, Racine, Ath. IV, 3. … Notre écolier Qui, grimpant sans égard sur un arbre fruitier, Gâtait jusqu'aux boutons, douce et frêle espérance, La Fontaine, Fabl. IX, 5. Je l'aurai fait passer [une jeune fille] chez moi dès son enfance, Et j'en aurai chéri la plus grande espérance, Molière, Éc. des femm. IV, 1.
  • 3Celle des trois vertus théologales par laquelle nous espérons posséder Dieu.
  • 4Jeu de l'espérance, espèce de jeu de dés.

HISTORIQUE

XIe s. Qui de morir nen orent esperance [ne s'attendaient pas à mourir], Ch. de Rol. CVIII.

XIIe s. Que tout [j'] i met mon cuer et m'esperance, Couci, X. Mis Deus [mon Dieu], ma force, en lui est ma speranche ; il est mis escudz e ma salveted, Rois, p. 205.

XIIIe s. … et n'avoient esperanche que jamais fussent delivrés, Chr. de Rains, p. 100. L'esperance où tu m'as mis par la promesse de l'avenement ton fil, Psautier, f° 148.

XVe s. J'ai esperance que ceux qui le liront…, Commines, Prol. Folle esperance deçoit l'homme, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 300.

XVIe s. L'esperance qu'ils concevoient, que…, Amyot, Philop. 18.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ESPÉRANCE. Ajoutez :

5Terme du calcul des probabilités. Espérance mathématique, produit qu'on obtient en multipliant la valeur d'une chose en unités monétaires par la fraction qui exprime la probabilité mathématique du gain de cette chose.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « espérance »

Espérant, part. présent d'espérer ; provenç. esperansa ; espagn. esperanza ; ital. speranza.

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(Xe siècle) Du moyen français esperance, de l’ancien français esperance, du latin sperantia.
Synchroniquement dérivé de espérer, avec le suffixe -ance.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « espérance »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
espérance ɛsperɑ̃s

Fréquence d'apparition du mot « espérance » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « espérance »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « espérance »

  • Bref, la foi, l'espérance et la charité demeurent toutes les trois, mais la plus grande d'entre elles, c'est la charité.
    Saint Paul, Épître aux Corinthiens, Ière, XIII, 13
  • Le temps ne s'occupe pas de réaliser nos espérances ; il fait son œuvre et s'envole.
    Euripide — Héraclès, 506-507 (traduction Grégoire)
  • Un jour tout sera bien, voilà notre espérance ; Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion.
    François Marie Arouet, dit Voltaire — Poème sur le désastre de Lisbonne
  • Le malheur est que, parfois, des souhaits s'accomplissent, afin que se perpétue le supplice de l'espérance.
    Marguerite de Crayencour, dite Marguerite Yourcenar — Denier du rêve, Plon
  • L'homme supérieur est celui qui reste toujours fidèle à l'espérance ; ne point persévérer est d'un lâche.
    Euripide — Héraclès, 105-106 (traduction Grégoire-Parmentier)
  • La parole arrive à faner l'espérance.
    Marcel Aymé — Le Chemin des écoliers, Gallimard
  • Les deux seules vertus auxquelles je crois : la hauteur et l'espérance.
    Robert Brasillach — Lettre à un soldat de la classe 60, Les Sept Couleurs
  • J'ai souvent mené en main, avec une bride d'or, de vieilles rosses de souvenirs qui ne pouvaient se tenir debout, et que je prenais pour de jeunes et fringantes espérances.
    François René, vicomte de Chateaubriand — Mémoires d'outre-tombe
  • Ma plus douce espérance est de perdre l'espoir.
    Pierre Corneille — Le Cid, I, 2, l'infante
  • Le poète doit être un professeur d'espérance.
    Jean Giono — L'Eau vive, Gallimard
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Traductions du mot « espérance »

Langue Traduction
Anglais hope
Espagnol esperanza
Italien speranza
Allemand hoffnung
Chinois 希望
Arabe أمل
Portugais esperança
Russe надежда
Japonais 望む
Basque itxaropena
Corse spiranza
Source : Google Translate API

Synonymes de « espérance »

Source : synonymes de espérance sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « espérance »

Combien de points fait le mot espérance au Scrabble ?

Nombre de points du mot espérance au scrabble : 12 points

Espérance

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