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Cancan

Variantes Singulier Pluriel
Masculin cancan cancans

Définitions de « cancan »

Trésor de la Langue Française informatisé

CANCAN1, subst. masc.

Familier
A.− Grand bruit fait autour d'une chose qui n'en vaut pas la peine. Faire un cancan, un grand cancan de quelque chose (Ac. 1835-78).
B.− P. ext. et souvent au plur. Propos malveillants, bavardages médisants qu'on répand en société. Faire des cancans (Ac. 1835-1932, Besch. 1845, Lar. 19e); aimer les cancans; ce ne sont que des cancans. Synon. potin.Les cancans du quartier (Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 133);je ne sais à quel cancan de petite ville il avait ouvert l'oreille (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 326):
1. ... je connais trop la clique que ta mère reçoit, pour m'arrêter à ce qui sort du fameux salon vert. Toujours des cancans, des menteries, des histoires bonnes à faire battre les montagnes. Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 964.
2. « − Oh! dit-il, ce sont des commérages, des cancans ridicules, des potins que je serais honteux de porter aux oreilles de l'empereur, ... » A. France, L'Orme du mail,1897, p. 166.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Cancannerie, subst. fém., rare. Action de cancaner. La Montgolfière me paraît une excellente femme un peu atteinte par la cancannerie, l'investigation et la curiosité provinciales (G. Sand, Correspondance, t. 2, 1836, p. 28). b) Cancanoir, subst. masc., néol., création d'aut. Endroit où l'on cancane. Mon laboratoire, ou plus exactement (...) mon cancanoir (L. Daudet, Le Napus, 1927, p. 14).
Prononc. et Orth. : [kɑ ̃kɑ ̃]. Ac. 1762 et 1798 renvoient à quanquan (cf. aussi Fér. Crit. t. 1 1787). Ac. 1835 et 1878, s.v. cancan : ,,On écrit aussi quanquan`` (cf. aussi Besch. 1845 et Littré). La forme quanquan est mentionnée encore à titre hist. ds DG, Nouv. Lar. ill. et Rob.; Ac. 1932 enregistre uniquement cancan (cf. aussi Lar. 19e, Guérin 1892, Lar. 20e, Lar. encyclop., Quillet 1965, Lar. Lang. fr.). Étymol. et Hist. 1554 quanquan « harangue universitaire » (Le Duchat, Add. au Dict. étym. de Ménage ds DG : quanquan de colleige); 1584 faire quanquam « faire beaucoup de bruit pour peu de chose » (Guevarre. Epistres dorées, IV, trad. J. de Barraud, 158b ds Rom. Forsch., t. 32, p. 24); av. 1641 faire de grands cancans « id. » (Sully, Mém. t. IV, p. 178, éd. de 1763 ds Littré); 1821 « bavardages malveillants que l'on colporte sur les gens » journal des quanquans (Lar. 19e); 1823 cancan (ibid.); cf. 1825 cancans de ménage (Delécluze, Journal, p. 116). Empr. au lat. quamquam « quoique », conj. empl. dans les disputes d'école, d'où le sens du fr. à l'origine. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 106. − Lammens 1890, pp. 73-74. − Sain. Lang. par. 1920, p. 351.

CANCAN2, subst. masc.

Danse très enlevée, en vogue au xixesiècle dans les bals publics, pratiquée encore dans certains cabarets. Danser le cancan, le french cancan (littéralement « cancan français », c.-à-d. avec des « girls » françaises) (cf. Rob., Quillet 1965, Lar. Lang. fr.).Il pinçait le cancan à la chaumière (Flaubert, Correspondance,1850, p. 270):
Au milieu du bastringue, plusieurs couples dansaient le cancan à en décrocher les lustres. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 204.
Rare, emploi adj. Les bals cancans (Sue, Le Juif errant,1844-45, p. 62).
Prononc. et Orth. : [kɑ ̃kɑ ̃]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1829, 10 nov. (Journal des Dames et des Modes ds Fr. mod., t. 15, p. 131). Réduplication de can- (rad. de canard*) p. compar. de la danse avec la démarche du canard. [La date de 1808 d'Haute donnée par Dauzat 1968 pour cancan, nom enfantin du canard, qui serait à l'origine du nom de la danse, ne semble pas exacte, le mot cancan ne figurant pas ds D'Hautel, Dict. du bas lang., 1808 en ce sens, mais uniquement en celui de cancan1*].
STAT. − Cancan1 et 2. Fréq. abs. littér. : 196.
BBG. − Matoré (G.). Cancan et chahut, termes de danse (1829-1845). In : [Mél. Bruneau (C.)]. Genève, 1954, pp. 177-183. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 182. − Sain. Lang. par. 1920, pp. 437-438.

Wiktionnaire

Nom commun - français

cancan \kɑ̃.kɑ̃\ masculin

  1. Bavardage souvent médisant ou péjoratif. Note : Ce terme est généralement utilisé au pluriel.
    • Il est certaines situations dont bénéficient seuls les gens tarés. Ils fondent leur fortune là où des hommes mieux posés et plus influents n’auraient point osé risquer la leur. Certes, Roudier, Granoux et les autres, par leur position d’hommes riches et respectés, semblaient devoir être mille fois préférés à Pierre comme chefs actifs du parti conservateur. Mais aucun d’eux n’aurait consenti à faire de son salon un centre politique ; leurs convictions n’allaient pas jusqu’à se compromettre ouvertement ; en somme, ce n’étaient que des braillards, des commères de province, qui voulaient bien cancaner chez un voisin contre la République, du moment où le voisin endossait la responsabilité de leurs cancans. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 95-96)
    • […], Gobenheim pouvait analyser devant eux les affaires épineuses, les soumettre aux consultations gratuites du notaire, et réduire les cancans de la place à leur juste valeur. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Tous les cancans partent de là. Les menus faits y sont grossis, allongés, puis colportés de quaroye en quaroye ; […]. — (Gustave Fraipont; Les Vosges, 1895-1923)
    • […] il accueillit d’un air enjoué et d’une âme égale l’annonce câlinement faite par la Julie d’une paternité future et les sourires des voisins, les cancans des commères et jusqu’aux plaisanteries égrillardes du maire […]. — (Louis Pergaud, La Vengeance du père Jourgeot, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Ce coin perdu de Jan-Mayen n'est pas à l'abri des cancans, des mystères, des intrigues et même des complications diplomatiques. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Et ce petit univers grouille de cancans, d'intrigues, de projets, d'ambitions, qui dépassent rarement le cadre de la sous-préfecture. Vous croyez que la Chine existe, vous ? Comment peut-on être Chinois ? — (Pierre Hervé, La Libération trahie, éd. Grasset, 1945, p. 93)
  2. (Danse) Danse excentrique et tapageuse (quadrille), à la mode vers 1830 dans les bals publics.
    • Autrefois, la muse, prêtresse
      Du crime, reine du boucan,
      Livrant au vent sa folle tresse,
      Les seins nus, dansait le cancan,
      Retroussait sa robe crottée
      Et roulait comme une effrontée
      Ses yeux lascifs, méchants et doux
      [...]. — (Clovis Hugues, Trinquet (janvier 1881), dans Jours de combat, E. Dentu, Paris, 1883)
    • Le directeur et organisateur de ce cancan, majestueux dans un habit noir fatigué, promenait en tous sens sa tête ravagée de vieux marchand de plaisirs publics à bon marché. — (Guy de Maupassant , La femme de Paul, dans La maison Tellier, 1891, collection Le Livre de Poche, page 239.)
  3. (Botanique) Arbrisseau à feuilles persistantes de couleur pourpre et présentant des fleurs en longs épis pendants (Acalypha wilkesiana), de la famille des Euphorbiacées.
    • Le cancan est aussi appelé foulard ou queue-de-chat.
  4. Action de cancaner : chant du canard, synonyme de caquetage.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CANCAN. n. m.
Bavardage où il entre de la médisance. Ce cancan est ridicule. On l'emploie surtout au pluriel. Faire, dire des cancans. Il est familier. Il est aussi le nom d'une Ancienne danse. Danser le cancan.

Littré (1872-1877)

CANCAN (kan-kan) s. m.
  • 1Bruit, scandale fait mal à propos. Il fit un grand cancan de peu de chose. En ce sens on écrit aussi quanquan. Oui j'irais imiter ces faiseurs de cancans, Cercle des femmes, dans LEROUX, Dict. comique. La reine au contraire tint bon, Et repartit toujours que non, Lui dit [au président Molé] que ce qu'elle a fait faire, Elle l'a jugé nécessaire, Et qu'il faisait un grand cancan D'un bruit qui n'était pas si grand, Saint-Julien, Le courrier burlesque envoyé à Mgr le prince de Condé dans sa prison, Paris, 1650.
  • 2Bavardages, malins propos. Cette nouvelle n'est pas sûre, c'est un simple cancan. Il est en butte aux cancans d'une petite ville.
  • 3Sorte de danse inconvenante des bals publics avec des sauts exagérés et des gestes impudents, moqueurs et de mauvais ton.

    Mot très familier et même de mauvais ton dans le dernier sens.

HISTORIQUE

XVIe s. Trois ou quatre cents avocats du palais de Paris s'en allerent au greffe de la cour y remettre leurs chaperons et protester de cesser leur caquet ; de quoi les baguenaudiers et pedants firent de grands cancans, ainsi que si le royaulme eust du perir pour estre repurgé de ces chicaneurs, Sully, Mém. t. IV, p. 178, éd. de 1763.

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Étymologie de « cancan »

(Bavardage) (1821) Désignant d’abord un « grand bruit à propos de quelque chose », dérivé du quanquan de collège (vers 1640), dérivé du latin quamquam (« quoique »), conjonction souvent employée dans les débats d’école. Une autre étymologie assez plausible est proposée par Henri Lammens qui voit dans cancan un dérivé de l’arabe كان كان, (« kan kan »), formule que Al-Khafâgi (cité par l'auteur) définit en ces termes: (كناية عن الأحاديث التي لا يعنى بها)(kénayaten àn al-ahadith allati la youâtana biha) « expression pour désigner les propos futiles »[1]. Il faut remarquer par ailleurs que du « kan kan » se tire aussi l’arabe كان وكان « kan-oua-kan » désignant un genre poétique mettant en vers un court récit de morale[2]: Ibn Khaldoun[3] et Georg Wilhelm Freytag [4] en donnent des illustrations.
(Danse) (1829) De cancan, nom enfantin du canard, inspiré de l’onomatopée du cri de cet animal et évoquant son dandinement.
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Quanquam, quoique, à cause de la querelle qu'excita dans les écoles du moyen âge la prononciation de ce mot, les uns disant kan-kan, à l'ancienne mode, les autres kouan-koua-m', à la nouvelle mode, qui est restée la nôtre. C'est là l'étymologie traditionnelle ; cependant il y a dans l'ancien français caquehan, assemblée tumultueuse, tapage, querelle : XIVe s. Les dits habitans se pourront assembler pour eux conseiller et taillier, sans qu'il puisse estre dit caquehan, Du Cange, caquus. Comme les habitans de la ville d'Arras fussent alez par maniere d'assemblée, monopole et caquehan, Du Cange, ib. XVe s. Se nul est trouvé qui face quaquehan ne harelle, Du Cange, ib. On trouve aussi taquehan dans le même sens : XIVe s. Pour eschiver touz perilz, conspirations et taquehanz, Du Cange, tanqhuanum. Par maniere de tacaan et venans contre leurs sermens et contre l'utilité publique, Du Cange, ib. Le mot caquehan ou taquehan, qui paraît spécial aux provinces du nord, est moins voisin, par la forme, de cancan que l'ancienne étymologie quamquam.

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Phonétique du mot « cancan »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
cancan kɑ̃kɑ̃

Fréquence d'apparition du mot « cancan » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « cancan »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « cancan »

  • Dans ce show de une heure et demie, les danseuses sont des muses qui habitent les rêves de tous les marins. Tour à tour “femme serpent” à New York, danseuse brésilienne, maîtresse d’Al Capone, show girl à Las Vegas et enfin cancaneuse, elles sauront marquer les esprits. À noter que pour l’occasion, la compagnie Royal Cabaret sera accompagnée du chanteur local Olivier Falleto.
    Spectacle | Bonneville : cabaret et french cancan à l’Agora le 28 février
  • Alors que sont célébrés cette année le bicentenaire de la naissance d'Offenbach et les 130 ans du Moulin Rouge, intéressons-nous à la danse qui relie le compositeur et la célèbre salle parisienne : le French cancan ! Contestataire et féministe, le cancan a pulvérisé tous les tabous de son époque.
    France Musique — VIDEO - Aux origines du French cancan, une danse féministe et subversive
  • Pour fêter dignement son anniversaire, le Moulin Rouge a organisé une mini revue en extérieur, 130 ans jour pour jour (et même heure pour heure) après l'ouverture des portes de l'établissement le 6 octobre 1889 à 20 heures. Les 60 danseuses ont été ovationnées après leur French cancan présenté au pied du célèbre cabaret de la butte Montmartre
    leparisien.fr — Le Moulin Rouge offre un French cancan dans la rue pour célébrer ses 130 ans - Le Parisien

Traductions du mot « cancan »

Langue Traduction
Anglais cancan
Espagnol cancán
Italien can-can
Allemand cancan
Portugais cancã
Source : Google Translate API

Synonymes de « cancan »

Source : synonymes de cancan sur lebonsynonyme.fr

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Cancan

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