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Berceau

Variantes Singulier Pluriel
Masculin berceau berceaux

Définitions de « berceau »

Trésor de la Langue Française informatisé

BERCEAU, subst. masc.

I.−
A.− Usuel. Petit lit, le plus souvent de forme arrondie ou ovale et muni de rideaux, où l'on peut balancer légèrement les enfants nouveau-nés pour les endormir. Berceau d'un enfant; berceau d'osier; dormir dans son berceau; joli, petit berceau; berceau vide. Synon. bercelonnette, couche moïse; anton. bière, cercueil :
1. Jacqueline jouait sans bruit dans leur ombre fauve qui grimpait lentement contre les façades de l'est. Un bébé dormait en son berceau paysan, de châtaignier brun, menuisé sur le domaine, avec des arceaux pour les rideaux et des planchettes courbes pour le bercement. Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 197.
P. ext. au XXes. Tout lit d'enfant, stable (cf. Bél. 1957, Lar. encyclop.).
Rem. Attesté dans les dict. gén. à partir de Ac. 1835.
SYNT. (le plus souvent liés à l'activité maternelle ou paternelle). Remettre un enfant dans son berceau, s'asseoir auprès du berceau, s'approcher du berceau, balancer, donner le branle au berceau.
P. métaph., parfois avec réf. au sens fig. du verbe bercer. Emporter un enfant dans le berceau de ses bras (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 208):
2. Je suis un berceau Qu'une main balance Au creux d'un caveau : ... Verlaine, Sagesse,1881, p. 254.
3. L'œuvre qui n'était qu'une répétition sans portée d'une condition stérile, une exaltation clairvoyante du périssable, devient ici un berceau d'illusions. Elle explique, elle donne une forme à l'espoir. Camus, Le Mythe de Sisyphe,1942, p. 183.
P. méton., littér. Enfant au berceau, naissance d'un enfant. Le chant gai des berceaux éveillés (E. et J. de Goncourt, Sœur Philomène,1861, p. 9):
4. ... le jeune ménage irait faire son établissement dans cette ville aussitôt après la noce, regagnerait ensuite la Bourdette. La tante comptait bien qu'au bout de cette année, un berceau viendrait se mettre en travers des projets africains. De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 427.
B.− Emplois fig.
1. [P. réf. à l'espace] Lieu de naissance d'une personne, ou plus généralement d'une collectivité ou d'un fait intéressant une collectivité. Berceau d'une famille, de l'humanité, d'une civilisation :
5. ... mais il aimait d'y revenir. Il méditait de s'y faire construire une sépulture. Lui qui semblait ne s'intéresser qu'à soi-même, il s'intéressait encore à ce berceau de sa tribu. Pour tous les Pasquier de Paris, ce Nesles demeurait donc la campagne par excellence, ... G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 131.
2. [P. réf. au temps]
a) Âge ou période où l'enfant est couché au berceau; prime enfance, bas-âge. Dès le berceau, au sortir du berceau, du berceau à la tombe :
6. − « Chasle? Il est en pleine forme! Il tient un bazar d'inventions, rue des Pyramides... Une vocation qu'il avait depuis le berceau, prétend-il... Et, ma foi, il semble ne pas trop mal réussir... R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 150.
P. anal. [En parlant d'une chose] Origine :
7. ... nulle pièce ne se réchappe de n'avoir pas eu à son berceau un retentissement scandaleux... Péguy, Clio,1914, p. 92.
b) Au berceau.
[En parlant d'une pers.] Très jeune. Prendre qqn au berceau.
Péj., fam. Peu évolué :
8. Gendron hésita [à ses amis] : − Non dit-il, je vous quitte. − Dégonfleur! (...) − T'es encore au berceau? P. Vialar, L'Éperon d'argent,1952, p. 227.
[En parlant d'une chose] À ses origines. Étouffer un sentiment au berceau; une science au berceau :
9. christian, même jeu. L'amour grandit bercé dans mon âme inquiète... Que ce... cruel marmot prit pour... barcelonnette! roxane, s'avançant sur le balcon. C'est mieux! − Mais, puisqu'il est cruel, vous fûtes sot De ne pas, cet amour, l'étouffer au berceau! E. Rostand, Cyrano de Bergerac,1898, III, 6, p. 127.
Proverbe. Il faut étouffer le monstre au berceau. Il faut remédier au mal dès qu'il apparaît.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. à partir de Ac. 1835.
II.− Emplois spéc.
A.− [P. anal. de forme avec le berceau d'un enfant]
1. Usuel, HORTIC. Voûte de feuillage couvrant une allée, une tonnelle, et obtenue le plus souvent à l'aide d'un treillage métallique en forme d'arcs en plein cintre. Allée en berceau, berceau de verdure, de vigne, etc.; arbres formant berceau. Synon. charmille, tonnelle :
10. Tandis que la sonate s'ouvrait sur une aube liliale et champêtre, divisant sa candeur légère mais pour se suspendre à l'emmêlement léger et pourtant consistant d'un berceau rustique de chèvrefeuilles sur des géraniums blancs, ... Proust, La Prisonnière,1922, p. 250.
P. méton., BOT. Berceau de la Vierge, fam. clématite des haies. Cette fleur étant très utilisée pour les berceaux de jardins.
Rem. Attesté dans tous les dict. généraux.
Greffe en berceau. Greffe par approche sur tige et sur branche, obtenue en arquant la tige.
Rem. Attesté dans Besch. 1845, Lar. 19e, Rob.
HYDROL. Berceau d'eau. Voûte formée par deux rangées de jets d'eau obliques qui se croisent.
Rem. Attesté dans Besch. 1845, Lar. 20e, Lar. encyclop., Quillet 1965.
JEUX. Tirer au berceau. Tirer à l'arc ou à l'arbalète dans une allée couverte.
Rem. 1. Attesté dans Littré, Lar. 20e, Quillet 1965. 2. Il s'agit primitivement d'un autre mot, vestige de l'a. fr. bersel « but, cible » (xiiies. dans T.-L.) puis « place où l'on tire à l'arbalète » (fin xives. dans Gdf.); enfin réfection du sens par étymol. « populaire ».
2. Usuel, ARCHIT. Voûte en berceau. Voûte continue formée par la succession d'arcs en plein cintre et supportée par deux murs parallèles. Synon. voûte en plein cintre :
11. Dans l'église où il [Wilfred] prit refuge, une seule ampoule éclairait la grande voûte en berceau qui retombait sur des piliers massifs, à peine plus hauts qu'un homme. Green, Chaque homme dans sa nuit,1960, p. 368.
P. ext. Toute voûte d'architecture. Berceau surbaissé, brisé, coudé, etc. :
12. ... une ogive capable de soutenir sur son frêle squelette le plus énorme vaisseau, un berceau suspendant paradoxalement au-dessus de l'abîme des tonnes de pierres au moyen de leur propre poids, parviennent à nous donner une telle émotion esthétique, qu'après l'avoir connue nous ne pouvons plus tolérer sur eux ou autour d'eux le moindre ornement. É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 171.
Rem. Attesté dans Viollet 1875, Jossier 1881, Chabat 1881, Barb.-Cad. 1963, Noël 1968.
CHORÉGR. Berceau ou berceau d'amour. Figure de cotillon, de danse, qui consiste, pour les danseurs, à former une allée voûtée avec les bras levés et les mains réunies, sous laquelle pourront passer les autres danseurs.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Lar. 20e, Quillet 1965.
3. Divers. ARTILL. Berceau de pointage. Pièce métallique courbe entre le frein récupérateur et l'affût d'un canon.
Rem. Attesté dans les dict. gén. du xxes.
GÉOGR. PHYS. Vallée en berceau. Vallée présentant des versants concaves qui ne sont pas séparés par une plaine alluviale. Anton. auge alluviale (d'apr. George 1970).
B.− [P. anal. avec le mouvement]
1. CARR. et MINES. Berceau chinois. Crible oscillant et table inclinable au moyen desquels sont lavés les sables métallifères :
13. Ce lavage [de l'or] s'opérait au moyen d'un instrument d'origine américaine, appelé « craddle » ou berceau. C'était une boîte longue de cinq à six pieds, une sorte de bière ouverte et divisée en deux compartiments. Le premier était muni d'un crible grossier, superposé à d'autres cribles à mailles plus serrées; le second était rétréci à sa partie inférieure. On mettait le sable sur le crible à une extrémité, on y versait de l'eau, et de la main on agitait, ou plutôt on berçait l'instrument. Les pierres restaient dans le premier crible, le minerai et le sable fin dans les autres, ... Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 154.
Rem. Attesté dans Lar. 20e, Ac. 1932, Rob., Quillet 1965.
2. GRAV. Ciseau muni de petites dents, utilisé par les graveurs avec un mouvement de balancement pour obtenir une gravure en pointillés dite « à la manière noire ».
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
3. TYPOGR. Partie de la presse à bras sur laquelle avance et recule le train.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. dep. Ac. 1835.
C.− [P. anal. de fonction] MAR.
P. ext. Tout support arrondi ou non.
ARTILL. Berceau de canon. Son support :
14. Les fusiliers réglaient déjà le canon de 100, qui s'inclinait doucement sur son berceau. On tirerait à vue. de plein fouet, le tube était horizontal. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 302.
AVIAT. Berceau d'avion. Support métallique du groupe motopropulseur.
Rem. Attesté dans Lar. encyclop., Quillet 1965.
Rem. gén. 1. Synon. dial. de berceau : a) Ber, vx, empl. le plus souvent dans un lang. arch., littéraire. (Attesté dans les dict. gén. de Ac. 1835, Ac. Compl. 1842 à Lar. encyclop.). Un beau ber aux fuseaux d'ivoire (J. de La Varende, Cœur pensif, 1957, p. 53). b) Berce (attesté dans Guérin 1892). Berce d'osier (Ambrière, Les Grandes vacances, 1946, p. 370); dimin. bercette, subst. fém. Bercette d'osier (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 263). 2. Variante archaïsante de berceau : Bercel, subst. masc. (pas attesté dans les dict. gén.; cf. Druon, La Loi des mâles, 1957, p. 205). 3. Dimin. de berceau : Bercelet, subst. masc. Dans son bercelet l'enfant dort (Champfleury, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, p. 248; attesté dans Besch. 1845 et Lar. 19e).
PRONONC. : [bε ʀso].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1472 berceau (Cpte roy, cit. Laborde, Glossaire, voReliquaire dans Gay); 1600-12 « âge où les enfants couchent au berceau » (Aubigné, Hist. Univ., I, 1 dans Hug. : Durant le berceau de ce prince, l'Europe ... fut esmeue et réchauffée de toutes parts par diverses guerres); p. ext. a) 1659 « début de certaines choses » (Corn., Œdipe, I, 6 dans Rob. : Et des crimes si noirs étouffés au berceau); b) 1680 « lieu d'orig. (d'une pers. ou d'une chose) » (Rich. : [...] L'Egipte lui a servi de berceau); 2. a) p. anal. de forme 1538 hortic. « voûte de feuillage » (Est. : Berceau de vignes); 1845 spéc. bot. (Besch. : berceau de la vierge [...] Nom vulgaire de la clématite des haies); 1680 archéol. voute en berceau (Rich.); b) p. anal. avec le mouvement du berceau 1690 impr. (Fur.); 1751 grav. (Encyclop. t. 2). Dér. de l'a. fr. bers « berceau » ca 1150, v. ber (ou issu de berçuel par substitution de suff.) prob. d'un lat. vulg. *bertium, attesté par son dér. berciolum « petit berceau » (viiies. Rer. Merov. VII, p. 37, 15 dans Blaise) d'où l'a. fr. berçuel « id. » [écrit bercel dans les mss anglo-norm. cf. aussi bercelet v. T.-L.] ca 1165 (M. de France, Milun, 99 dans T.-L.), prob. d'orig. gaul. comme semble l'indiquer son extension géogr. dans les domaines port., cat., gallo-rom. où il a évincé le lat. cunae (Cor., s.v. brizo, REW3, p. 1052a et Meyer-Lübke dans Z. fr. Spr. Lit., t. 59, pp. 487-9). Il est moins vraisemblable de considérer les subst. rom. comme des déverbaux, en prenant comme base un b. lat. *bertiare, issu d'un rad. celt. *berta à rattacher à l'irl. bertaim « je secoue » (FEW t. 1, p. 338). Berceau a éliminé bers dès le xviies. de même que l'a. fr. bercuel supra.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 982. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 340, b) 3 381; xxes. : a) 2 247, b) 1 561.
BBG. − Barb. Misc. 1 1925-28, p. 18. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 31, 41, 42, 67, 95, 103, 190.

Wiktionnaire

Nom commun - français

berceau \bɛʁ.so\ masculin

  1. (Puériculture) Petit lit où l’on couche les nourrissons et qui est disposé pour que l’on puisse le balancer, le bercer, aisément.
    • Deux berceaux côte à côte, dans sa chambre, renfermaient les deux petits corps. La nuit, Zaheira s'éveillait pour leur donner le sein. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans "Trois contes de l'Amour et de la Mort", 1940)
    • C’était une carapace de tortue de mer qui, paraît-il, avait servi de berceau à Henri IV nouveau-né. — (Jean L’Hôte, La Communale, Seuil, 1957, réédition J’ai Lu, page 167)
  2. (Figuré) Lieu du commencement, du début.
    • Au milieu de cet entraînement général vers l’Afrique, l’Asie est négligée d’une manière vraiment inexplicable. Presque tout reste à découvrir dans cet antique berceau du genre humain. — (Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau, L’Altai, son histoire naturelle, ses mines et ses habitants, Revue des Deux Mondes, t. 11, 1845)
    • Agustina accoucha seule au-delà des faubourgs de Cádiz, Andalucía, berceau de ce mythe, près du cap de Trafalgar où cet hijo de puta de Nelson mit la pâtée à la flotte franco-espagnole — ce qui n'a rien à voir avec notre histoire, passons. — (François Coupry, L'œil du gitan: roman, Éditions du Rocher, 2000, page 10)
    • En cette fin de XIXe siècle, la France est le berceau incontesté de la recherche sur les personnalités multiples. — (Antoine Bello, Scherbius (et moi), Gallimard, 2018, page 114)
  3. Prime enfance.
    • Roland avait, depuis le berceau, ce que nos grands-mères appelaient le diable au corps, ce que nous appellerions nous la bougeotte névrotique, un besoin viscéral de se frotter à tous les interdits, […]. — ('Francis Renaud, Justice pour le juge Renaud : Victime du gang des lyonnais ?, Éditions du Rocher, 2011, chap. 8)
  4. (Jardinage) (Par analogie) Charmille taillée en voûte, treillage de même forme sur lequel on fait monter de la vigne, du jasmin, etc.
    • Vous ne sentez pas, sous les berceaux de clématite où vous méditez sur les poésies, l’odeur du cigare qui dépoétise les manuscrits […] — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Mais un des charmes de ce jardin d’hiver était, aux quatre coins, des antres de verdure, des berceaux profonds, que recouvraient d’épais rideaux de lianes. — (Émile Zola, La Curée, 1871)
  5. (Architecture) Arceau.
    • La voûte centrale, en berceau avec arcs-doubleaux, est contre-butée par les voûtes également en berceau, couvrant les collatéraux très-étroits. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
    • Si on dispose orthogonalement entre elles deux voûtes en berceau et que l'on élimine les parties qui se trouvent en dessous de l'intersection, on obtient une nouvelle figure structurale appelée voûte d'arêtes. — (Aurelio Muttoni, L'art des structures: Une introduction au fonctionnement des structures en architecture, PPUR Presses polytechniques, 2015, page 91)
  6. Pièce ou chemin courbé dans le plan vertical pour permettre un changement d’inclinaison (pivotement vertical) sans employer d’essieu.
    • Le berceau d’un canon. - Les berceaux d’une chaise berçante.
  7. (Industrie minière) Lavoir à barrage pour certains minerais.
  8. (Gravure) Instrument du graveur en manière noire ; sorte de ciseau terminé par un biseau aigu que l’on promène — en berçant — sur le métal à graver ; on obtient ainsi une série de pointillés, de grains, de petits trous qui retiennent le noir d’impression. L’épreuve obtenue, après l’emploi du berceau, est d’un noir plus velouté.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BERCEAU. n. m.
Sorte de petit lit où l'on couche les enfants à la mamelle et qui est ordinairement disposé pour qu'on puisse le balancer aisément. Berceau d'osier. Mettre un enfant dans son berceau. Fig., Dès le berceau, Dès la plus tendre enfance. Au sortir du berceau. Un enfant qui est encore au berceau. Un enfant au berceau, etc. Fig., Il faut étouffer le monstre au berceau, Il faut étouffer le mal dès sa naissance. Il se dit, figurément, des Lieux où certaines choses ont commencé. Florence fut le berceau de la peinture moderne. La Saxe fut le berceau du luthéranisme. La plupart des historiens regardent l'Inde comme le berceau de la civilisation. Il se dit aussi des Commencements de certaines choses. Cet établissement est encore au berceau, à son berceau. Les arts étaient encore au berceau. En termes de Jardinage, il se dit, par analogie, d'une Charmille taillée en voûte ou d'un Treillage de même forme sur lequel on fait monter de la vigne, du jasmin, etc. Prendre le frais sous un berceau. On dit aussi Berceau de verdure. Allée en berceau, Allée couverte. On dit de même Ces arbres font le berceau, forment le berceau, Ils réunissent leurs branches de manière à former une voûte de feuillage. Il signifie également, en termes d'Architecture, Voûte en plein cintre. Le berceau d'une cave. En termes de Mines, il désigne aussi une Sorte de lavoir à barrage pour certains minerais.

Littré (1872-1877)

BERCEAU (bèr-sô) s. m.
  • 1Lit des enfants à la mamelle, fait d'ordinaire de telle façon qu'on peut lui communiquer un mouvement de balancement. Un enfant couché dans son berceau. Les berceaux dans les salles de cet hôpital sont trop rapprochés. Joas, enfant encore au berceau, Bossuet, Hist. I, 6. Les enfants mêmes dans le berceau sont forts, Bossuet, Politiq. Athalie étouffa l'enfant même au berceau, Racine, Athal. I, 1.
  • 2 Par extension, la première enfance. Après avoir été attrapé, comme je l'ai été, en ce que j'ai dit de ceux qui ont mémoire de ce qu'ils ont fait au berceau, Voiture, Lettr. 57. Il fallait qu'ils fussent tous deux au berceau, Corneille, Ex. d'Hér. Les enfants apprenaient dès le berceau à…, Bossuet, Hist. III, 5. Il passa pour ainsi dire du berceau sur le trône, Massillon, Louis XI. Au sortir du berceau vous m'avez établi sur le trône, Massillon, Malh. Votre Oreste au berceau va-t-il finir sa vie ? Racine, Iphig. I, 1. Je sortais du berceau…, Voltaire, Zaïre, II, 1. Pour moi, des Sarrasins esclave en mon berceau, Voltaire, ib. I, 1. Nous demandons des sourires au berceau et des pleurs à la tombe, Chateaubriand, Génie, I, 1.

    Étouffer le monstre au berceau, étouffer le mal dès sa naissance. Étouffer l'hérésie dans son berceau, Patru, Plaid. 4, dans RICHELET.

  • 3 Fig. Lieu où l'on est né, où une chose a commencé ; naissance, commencement. La ville qui fut le berceau de l'éloquence. Les Romains ont rasé Albe qui était leur berceau. Art qui était encore au berceau. Les arts sont encore au berceau dans ce pays. De mon sort fixons l'incertitude, Dussé-je en mon berceau trouver la servitude ! Chénier M. J. Œdipe roi, IV, 4. Adieu, charmant pays de France, Que je dois tant chérir ! Berceau de mon heureuse enfance, Adieu ! te quitter c'est mourir, Béranger, M. Stuart. Les Égyptiens mettent leur orgueil à cacher leur berceau sous les siècles, Chateaubriand, Génie, I, IV, 2. Cette Église devait être attaquée dès son berceau, Bossuet, Paul, 1.
  • 4Treillage en voûte garni de verdure. Faire monter la vigne en berceau. Dîner sous un berceau. Inquiet de ce que me voulait Dumont avec tant de mystère, je gagnai doucement l'entrée des berceaux [de Marly], Saint-Simon, 285, 120. Esprits aériens de la terre et des eaux Dont les soupirs parfument ces berceaux, Delavigne, Paria, II, 6. Allée en berceau, allée couverte.

    Longue allée souvent couverte d'une voûte de charmille, pour s'exercer à tirer de l'arc, de l'arbalète, etc. Tirer au berceau.

  • 5Outil du graveur pour travailler en manière noire.
  • 6En typographie, berceau de presse, partie antérieure de la presse, sur laquelle roule le marbre.
  • 7 En termes d'architecture, voûte en plein-cintre.
  • 8Berceau de la Vierge, nom vulgaire de la clématite des bois.

    XIIIe s. Ele lur roe [demande] isnelement Un berssoil quere bel e gent, Où bien puist se coucher sis fis, Qui encor iert assés petis, Grégoire le Grand. p. 21. Après [elle] le coucha el bercuel, o [avec] plors, o lermes, o duel, ib. p. 22. Quant le bers veiras devant tei, Où tes anfes fu morz par mei, Marie de France, t. II, p. 272. Fors seul Helain qu'en escapa, Et fors un autre en berc petit, Roman de Partonopeus, t. I, p. 11. Li raz neïs [même] l'estrangleroient, Quant au bersueil le troveroient, la Rose, 18018. Et li bon quens d'Artois Robers, Qui dès lors qu'il issi du bers, Hanta tous les jors de sa vie Largece, honor, chevalerie, ib. 18901. Pot estre que li sous aagiés seroit encore en bers, Beaumanoir, XVI, 8.

    XIVe s. Les quelz avoient laissié en leur hostel sans aucune garde un leur petit enfant, qui estoit au barseul, Du Cange, berciolum. Quand elle eust couché icelle fille en un berch, Du Cange, ib. Un berseil à parer qui avoit esté paint et ordonné pour feu M. le Daulphin, De Laborde, Émaux, p. 164.

    XVe s. Là où foy une, ung fons et ung bapteme, Ung bers, un sang, un lien doibt estraindre…, Chastelain, Expos. sur vérité.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BERCEAU.
7 En termes d'architecture, voûte à intrados cylindrique. Berceau en plein ceintre, surbaissé, surhaussé, en anse de panier.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

BERCEAU, s. m. (coupe des pierres & Architect.) est une voûte cylindrique quelconque, dont la courbure peut être de différente espece. Lorsqu’elle est circulaire, on l’appelle plein cintre. Les arches des ponts sont pour la plûpart des berceaux cylindriques, principalement lorsque leur longueur excede leur largeur. Voyez Cintre. (D)

Berceau, instrument à l’usage des Graveurs dans la maniere noire : il est emmanche dans un morceau de bois de la longueur de quatre pouces, & de la forme d’un cœur allongé, du milieu duquel partiroit une espece de tige évuidée, & propre à être reçûe entre les doigts, & à la surface postérieure duquel on auroit pratiqué un gros bouton, propre à s’appliquer dans le creux de la main. Cet outil, qui ressemble à une petite bêche quarrée, est en biseau d’un côté ; & de l’autre il est sillonné de traits paralleles entr’eux, qui forment autant de petites dents à l’arc convexe qui termine sa partie supérieure. Le graveur prend cet instrument, applique la convexité de son arc perpendiculairement à la surface du cuivre sur lequel il se propose de graver, & le balançant également de droite à gauche sur des lignes qu’il a tracées pour lui servir de guide, il couvre toute la surface de son cuivre de petits points ; ce qu’on appelle faire le grainage. Voyez ; voyez Gravure en maniere noire ; voyez aussi Pl. V. de Gravure, fig. 9. & 10. Il y a des ouvriers qui emmanchent autrement leur berceau ; ce n’est qu’une petite poire, semblable à celle qui sert de manche aux burins. On a des berceaux de toute grandeur, pour satisfaire à toutes sortes de grainage. Voyez aussi la Planche des outils dans la maniere noire.

Berceau ou Tonelle, (Jardinage.) ces deux mots sont synonymes : celui de tonelle est plus ancien. C’est une longueur d’allée couverte, formant une treille ou bien un cabinet de verdure, fait de charmille ou de treillage, garnie de jasmins, chevrefeuils, rosiers, chasselas, verjus, &c.

On les fait de charpente, de perches, & d’échalas : souvent ces berceaux sont quarrés par-dessus, pour y mettre de la vigne & du verjus ; mais ils sont moins beaux que les cintrés. (K)

Berceau d’eau, (Jardinage). On appelle ainsi deux rangées de jets obliques, qui en se croisant forment des especes de berceaux, sous lesquels on peut se promener sans craindre d’être mouillé. (K)

Berceau de presse d’Imprimerie en lettres ; ce sont deux pieces de bois à rainures, posées sur champ, assemblées aux deux extrémités par deux traverses plates. La figure d’un berceau de presse est celle d’un chassis quarré long, dans le vuide duquel sont placées les bandes, qui sont deux autres pieces de bois de même longueur, posées à distance égale, & revêtues sur leur plat de fer à arrête ou en lame. Ce berceau est soûtenu d’un bout par un pié qui lui est propre ; il est appuyé par le milieu sur un sommier mobile, & à l’extrémité sur une des barres de bois du train de derriere, où il entre comme dans une mortoise, & y est retenu ou par un écrou, ou par une barre de bois qui le traverse, posée derriere le sommier. Voyez Pl. IV. fig. 2. G g qui représente le pié du berceau ; kkm, dont on ne voit que les côtés n k k ; m le quatrieme opposé à kk, lui est en tout semblable.

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Étymologie de « berceau »

(1472) De l’ancien français berçuel, diminutif de bers issus du latin vulgaire *bertium, berciolum (« petit berceau » — (viiies. Rer. Merov. VII, page 37, 15)).
Plus avant, du gaulois *berta à rattacher à l’irlandais bertaim (« je secoue »).
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Berry, berciau, barciau ; provenç. bers, bres, bretz, bressol ; portug. berço ; bas-lat. berciolum, berceolum. Du Cange le tire du bas-latin bersa, claie d'osier, treillage, dont on environnait les forêts de chasse ; ce mot ayant été transporté au bers ou berceau, qui est fait d'osier. Diez n'admet pas cette étymologie ; il croit que bercer est le même que berser, vieux français, tirer de l'arc, chasser, percer d'une flèche. Trouvant dans un texte bas-latin d'Italie bercellus ou barbicellus, signifiant bélier à battre les murailles, il suppose un verbe italien berciare, frapper, heurter (im-berciare existe avec le sens de toucher le but, donner dans le blanc) ; d'où ensuite les sens de frapper avec une flèche, de chasser, et aussi de bercer, c'est-à-dire agiter comme le bélier qui frappe une muraille. Il manque trop d'intermédiaires pour qu'on ajoute confiance à cette dérivation ; et il vaut mieux s'en tenir à l'étymologie donnée par Du Cange, bersa.

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Phonétique du mot « berceau »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
berceau bɛrso

Fréquence d'apparition du mot « berceau » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « berceau »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « berceau »

  • La mort est le berceau de la vie.
    Jacques Higelin — Le berceau de la vie
  • La main qui fait osciller le berceau gouverne le monde.
    Proverbe américain
  • La main qui balance le berceau balance aussi le monde, mais comme le ferait un volcan.
    Saki — Le Cheval impossible
  • Nous recevons tous au berceau les croyances de notre tribu en tatouage ; la marque peut sembler superficielle, elle est indélébile.
    Oliver Wendell Holmes — Discours de 1860
  • Habitude du berceau dure jusqu’au tombeau.
    Proverbe allemand
  • Mon berceau a de ma tombe, ma tombe a de mon berceau.
    François René de Chateaubriand — Mémoires d’outre-tombe
  • Nous ne mourons pas, nous autres chrétiens : notre tombe est le berceau de notre âme.
    Honoré de Balzac — Pensées et maximes
  • L’empire inca s’appelait en réalité Tawantinsuyu. En quechua, cela signifie « le royaume des quatre régions du monde ». Le centre en était la capitale. Il s’étendait sur le Pérou (berceau originel), la Bolivie, l’Équateur et une partie de la Colombie, de l’Argentine et du Chili, soit plus de 950 000 km2. 
    Télé 7 Jours — Enfants du Soleil (Arte) Les secrets des Incas
  • L’enfant qui sait marcher est un dieu pour l’enfant dans son berceau.
    Proverbe indien
  • La respiration est le berceau du rythme.
    Rainer Maria Rilke
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Images d'illustration du mot « berceau »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « berceau »

Langue Traduction
Anglais cradle
Espagnol cuna
Italien culla
Allemand wiege
Portugais berço
Source : Google Translate API

Synonymes de « berceau »

Source : synonymes de berceau sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « berceau »

Combien de points fait le mot berceau au Scrabble ?

Nombre de points du mot berceau au scrabble : 11 points

Berceau

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