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Ban

Variantes Singulier Pluriel
Masculin ban bans

Définitions de « ban »

Trésor de la Langue Française informatisé

BAN1, subst. masc.

I.− [L'idée dominante est celle de proclamation publique dans un territoire relevant de la juridiction d'une autorité] .
A.− Proclamation publique pour ordonner, défendre quelque chose ou plus généralement pour porter quelque chose à la connaissance de tous.
1. Vx, DR. FÉOD. Proclamation du suzerain dans l'étendue de sa juridiction. Proclamer, publier un ban; faire crier, battre un ban de guerre :
1. Le Mark-Graf (c'était le titre germanique des gouverneurs de province frontière) fit proclamer le ban de guerre dans toute l'étendue de sa juridiction, depuis l'Adour jusqu'à la Garonne. Ce ban ordonnait, sous peine d'amende, la levée en masse des habitants du pays, population de chasseurs et de bûcherons presque aussi sauvages que les Basques de la montagne, ... Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 2, 1840, p. 16.
Rem. Le droit de publier le ban pouvait également appartenir à un monastère jouissant de l'immunité à l'intérieur de son territoire. Ban d'exemption ou ban sacré.
a) Encore au XIXes. Battre le ban des récoltes, des vendanges. Publier le jour de l'ouverture des vendanges ou des récoltes sur le territoire du suzerain et par extension sur un territoire faisant l'objet d'une administration officielle :
2. Le tambour de Rognes avait battu le ban des vendanges; et, le lundi matin, tout le pays fut en l'air, car chaque habitant avait sa vigne, pas une famille n'aurait manqué, ce jour-là, d'aller en besogne sur le coteau de l'Aigre. Zola, La Terre,1887, p. 345.
SYNT. Battre le ban de fauchaison, de glanage, de grapillage, de moisson, de ramée; ban à vin.
b) P. ext. Roulement de tambour qui annonce la publication. Ouvrir, fermer le ban; battre les trois bans. Le ban d'un sergent recruteur (A. France, Les Opinions de Monsieur Jérôme Coignard,1893, p. 152).
ARM., usuel. Roulement de tambour ou sonnerie de clairon qui précède ou suit la lecture officielle, par un officier, d'un ordre, d'une remise de décoration, etc. Ouvrez le ban! Fermez le ban!
P. anal., à l'époque mod. Applaudissements ou cris rythmés. Faire un (triple) ban à qqn. Un ban pour l'orateur! Ban peau-rouge.
2. Le plus souvent au plur. Ban(s) de mariage. Annonce publique, triple en principe, d'un mariage futur au prône dominical, par voie d'affiche à la porte de l'église, afin que toute personne connaissant un empêchement au mariage le fasse savoir. Publier le premier ban; afficher les bans; racheter un, deux bans; obtenir une dispense de bans :
3. J'ai donc prié M. et MmeFoucher de faire commencer la publication des bans dimanche prochain 22; elle se terminera le dimanche 6 octobre; mais ces bans doivent être également publiés à ton domicile, et il faut que, le 6 octobre, on ait reçu à notre paroisse de Saint-Sulpice la notification de la complète publication des bans à Blois, ce qui ne se pourrait faire qu'autant que tu serais assez bon pour racheter un ban à ta paroisse. Le rachat des bans coûte cinq francs ici, on m'assure qu'il doit être moins cher encore à Blois. Hugo, Correspondance,1822, p. 355.
Rem. De même, avant la collation des ordres de la prêtrise, bans d'ordination.
B.− Époque féod. Convocation des vassaux par le suzerain pour partir à la guerre; p. méton. l'ensemble des vassaux convoqués. Appeler, convoquer le ban et l'arrière-ban (cf. arrière-ban ex. 1); les nobles de ban.
P. ext. Catégorie de la population masculine d'un pays obtenue d'après des critères de validité ou d'âge, le dernier critère n'intervenant qu'en cas de péril de l'État. Être du (servir dans le) 1er, 2e, 3eban; lever le 1erban :
4. Mais tout à coup, le 8 janvier, on mit une grande affiche à la mairie, où l'on voyait que l'Empereur allait lever, avec un sénatus-consulte, comme on disait dans ce temps-là, d'abord 150 000 conscrits de 1813, ensuite 100 cohortes du premier ban de 1812, qui se croyaient déjà réchappées, ensuite 100 000 conscrits de 1809 à 1812, et ainsi de suite jusqu'à la fin, de sorte que tous les trous seraient bouchés, et que même nous aurions une plus grande armée qu'avant d'aller en Russie. Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,p. 39.
P. anal., à l'époque mod. [Toujours associé à arrière-ban*] . Convoquer le ban et l'arrière-ban d'une famille, des amis ou des partisans.
P. métaph., rare. ,,On empile dans un cabas et le ban et l'arrière des provisions (...) chocolats, confitures, vin cacheté...`` (A. Daudet, Contes du lundi,1873, p. 40).
C.− DR. FÉOD. Territoire soumis au pouvoir et à la juridiction du seigneur; p. méton. droit du seigneur sur un territoire.
Spéc. Droit de fief par lequel le suzerain contraint ses sujets à utiliser, moyennant redevance, son four, son moulin, son pressoir.
Rem. Cf. les syntagmes four banal, moulin banal, pressoir banal*.
Région. (Alsace, Lorraine, principalement pentes des Vosges). Ban d'un village, d'une commune. Ensemble des terres exploitables d'une commune ou petites autonomies de culture :
5. Puis, après avoir bu, il reprit d'un air pensif : − Tu sauras, Michel, que mes terres de Pickeholtz sont les meilleures du ban de Lixheim; j'ai vu ça la dernière fois en me promenant autour, de tous les côtés. C'est une terre forte, entremêlée de chaux et de sable. Il devrait pousser de tout là-dessus en abondance; mais ces fainéants de Tiercelins ont tout laissé dépérir; ... Erckman-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 1, 1870, p. 381.
6. Il y avait ainsi près du Rothenbach, au sud du Hohneck, un vieux « chemin des marchands », que pratiquaient les gens de La Bresse pour se rendre dans la vallée de Münster. Ces hameaux épars dans les vallées formèrent de petites autonomies. Sous le nom de bans, qu'on retrouve dans toutes les parties des Vosges, ils se groupèrent en petites unités distinctes, ayant leurs relations, leurs costumes et leurs mœurs. Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 195.
Rem. Ce sens survit dans le nom de certains villages vosgiens, comme Ban-de-Sapt, Ban-sur-Meurthe ou groupes de villages, comme Ban-de-la-Roche (ensemble de huit localités).
II.− [L'idée dominante est celle d'exclusion par décision d'une autorité]
A.− Exil imposé à quelqu'un pour voie de proclamation. Mettre qqn au ban de; être au ban de; un ban pèse sur qqn. Cf. également bannissement, ostracisme; bandit, proscrit, interdit de séjour, hors-la-loi.
1. DR. FÉOD., jusqu'au XIXes. [L'exil concerne la pers. physique et soc. du condamné]
a) [Dans l'anc. constitution germanique] Mettre un prince au ban de l'Empire.
P. anal. Citer, mettre une ville au ban de l'Empire. Mettre un prince au ban du royaume :
7. Ainsi le procès du sire de Craon ne tarda pas à être instruit. Il fut ajourné; n'ayant pas comparu, il fut mis au ban et ses biens confisqués. Son hôtel de Paris fut démoli et le terrain donné au cimetière Saint-Jean. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 2, 1821-24, p. 53.
b) P. ext. Mettre un homme au ban d'un pays, d'une localité ou d'un territoire.
Au fig., usuel. Mettre une personne (ou un groupe social) au ban de l'opinion, de l'humanité, de la société. L'exclure, la déclarer indigne de l'estime ou de la considération des autres. Cf. également être, se mettre, vivre au ban de la société :
8. Plus sévère et plus hypocrite, l'attitude du monde vietnamien vis-à-vis de ses acteurs chez lesquels on rencontre également un grand nombre d'invertis; ils sont mis au ban de la société, froidement méprisés et traités avec hauteur par ceux qui les emploient, mais ne s'adressent pas à eux, sinon par l'intermédiaire des directeurs de troupes, souvent des proxénètes cupides et sans scrupules. J. Cuisinier, La Danse sacrée en Indochine et en Indonésie,1951, p. 30.
Rem. 1. On citera également demander la permission d'achever son ban ailleurs que dans la résidence primitivement assignée. 2. Qq. dict. du xixes. (jusqu'à DG) attestent pour ban le sens de « amende » infligée par une autorité municipale ou ecclésiastique. Encourir le petit ban, ban épiscopal.
2. DR. PÉNAL. ANC., jusqu'au XIXes. Rupture de ban. Crime puni de la peine de mort ou de l'emprisonnement à vie, commis par celui qui rentre dans le territoire interdit avant l'expiration de sa peine :
9. Lorsque Napoléon passa le Niémen à la tête de quatre cent mille fantassins et de cent mille chevaux pour faire sauter le palais des czars à Moscou, il fut moins étonnant que lorsque, rompant son ban, jetant ses fers au visage des rois, il vint seul, de Cannes à Paris, coucher paisiblement aux Tuileries. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 556.
10. L'avocat concluait en suppliant le jury et la cour, si l'identité de Jean Valjean leur paraissait évidente, de lui appliquer les peines de police qui s'adressent au condamné en rupture de ban, et non le châtiment épouvantable qui frappe le forçat récidiviste. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 326.
Au fig., usuel. Être en rupture de ban avec la société, le monde, la famille. Un fils de famille en rupture de ban.
B.− EAUX ET FORÊTS. Forêt mise à ban. Dans les régions de haute montagne, forêt située en haut d'une pente et interdite à l'exploitation afin d'assurer une protection contre l'érosion et les avalanches. Mettre une zone à ban :
11. Charles Biermann a étudié l'influence restrictive des avalanches sur l'installation humaine dans la haute vallée du Rhône, la vallée de Conches. Les villages se sont placés entre deux couloirs d'avalanches, de telle sorte que celles-ci passent à côté. Ils sont ramassés et comme tassés. De plus, ils se sont abrités au-dessous de grandes forêts « mises à ban » afin d'en assurer la conservation. J. Brunhes, La Géogr. hum.,1942, p. 74.
PRONONC. − Cf. ban2.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Ca 1130 dr. féod. « convocation que le suzerain fait de ses vassaux dans sa juridiction pour le servir à la guerre » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 1503 dans T.-L. : Vait s'en Guillelmes li nobiles guerriers; Ensemble o lui doze cent chevalier, Par sa maisnie a fait un ban huchier); d'où 1573 (Est., éd. J. Dupuys : [...] Ban aussi et arriereban signifie la cõuocation assẽblee et trouppe des nobles d'une Seneschaulcee ou Bailliaige tenãs fiefs ou arrierefiefs au dedãs des enclaves desdits Seneschaulcee ou Bailliaige [...] Crier le ban et arriereban); d'où 1835 fig. et fam. (Ac. : Convoquer le ban et l'arrière-ban. S'adresser à tous ceux dont on peut espérer du secours, quelque appui, pour le succès d'une affaire. Il signifie aussi, Faire une convocation générale de certaines personnes); b) ca 1165 p. ext. dr. féod. « proclamation du suzerain dans sa juridiction pour ordonner ou défendre qqc. » (Chr. de Troyes, G. d'Angleterre, éd. W. Foerster, 3041 : Lors est par tot crïez li bans, Qu'il n'i remaingne sers ne frans, si chier com il a lui mëisme, Qui n'et einçois ore de prime Le gué de la marche passé); c) 2equart xiiies. spéc. ban (de mariage) « proclamation publique des promesses de mariage, faite à l'église » (Gerbert de Montreuil, Continuation de Perceval, 1922, 2066 : Et li prestres crie le ban : « s'il i a nului qui seüst Par coi assambler ne deüst Cis mariages, qu'il le die »); 2. 1257 dr. féod. « territoire soumis à la juridiction d'un suzerain » (Cart. de S. Médart, fo9 ro, Arch. Aisne dans Gdf. : Entre mes bans et mes terroirs et les bans et les terroirs l'abbé...); d'où 1273 spéc. (four, moulin) par ban « à l'usage duquel un seigneur a droit d'assujettir par proclamation ceux qui sont dans l'étendue de sa seigneurerie » (Establ. de S. Louis, I, 144 rubr. dans Gdf. Compl. : De moudre a moulin par ban); 3. 1547 « exil, bannissement » (Amyot, Hist. Aethiopique, L. I, 9 rodans Hug. : Il employoit tous ses familiers et amys, pour voir s'il pourroit faire tant que vostre ban fust revoqué); d'où 1694 mettre au ban « proscrire » (Ac.); maintenu au fig. 1932 mettre quelqu'un au ban de l'opinion publique (Ibid.). De l'a. b. frq. *ban « loi dont la non-observance entraîne une peine » (a. h. all. ban « commandement sous menace de peine, défense, juridiction et son domaine », a. nord. ban « défense », Kluge20) à rattacher au verbe germ. *bannan « commander ou défendre sous menace de peine », qui lui-même remonte à la racine indo-européenne *bhā- « parler » par l'intermédiaire d'une forme de présent *bh-en- (IEW t. 1, p. 106); l'orig. frq. est corroborée par le fait que le mot apparaît d'abord sur le domaine gallo-roman (a. fr., supra et prov. Giraud de Borneil dans Rayn.) d'où il passe en a. ital. (banno, xiiies. dans DEI) et en a. esp. (bando, 1300 dans Cor.). Le frq. ban est attesté sous la forme bannus ou baǹnum en lat. médiév. dep. le vies. au sens de « amende infligée à cause d'un délit contre le pouvoir public » (Grégoire de Tours, Franc., 5, 26 dans TLL s.v., 1716, 46) et, postérieurement, aux divers sens relevés en fr. : 1 a 775 (Diplomata Karolin. I, no91 dans Nierm.); 1 b viies. (Lex Ribuar., rec. A tit. 65; rec. B tit. 67. ibid.); 2. 983 (spéc. « aire soumise à la justice établie dans un château fort » Privilegium Bened. VII pap., Heinemann, CD. Anhalt, no71, p. 55, ibid.); 3 801-813 (Capitulare Aquisgr., c. 13, I, p. 172, ibid.).
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 326, 407. − Pope 1961 [1952], § 442.

BAN2, subst. masc.

Chef d'un banat ou d'une province croate. Ban de Croatie :
M. de Pressensé, ci-devant vidame, (...), (la prochaine fois nous affirmerons en plus qu'il a été lieutenant de louveterie), (et la fois d'après nous affirmerons qu'il a été ban de Temesvar), M. de Pressensé, président de la Ligue des Droits de l'Homme, n'a-t-il jamais entendu parler de la République une et indivisible. Péguy, L'Argent,1913, p. 1249.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. à partir de Ac. Compl. 1842.
PRONONC. − 1. Forme phon. : [bɑ ̃]. 2. Homon. : banc, bang (cf. Darbois 1830, p. 233, et Zlat. 1862, p. 63).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1697 (D'Herbelot, Bibl. orient, p. 183 d'apr. DG); 1732 (Trév.). Mot serbo-croate ban « maître, chef » (FEW t. 20, p. 33); prob. d'orig. avare, cf. le mongol bayan « riche, propriétaire » (Korsch, Arch. slaw. Phil., IX, 487 d'apr. Vasmer, Russisches Etymologisches Wörterbuch, Heidelberg, 1953, s.v. boïan et Cioranescu, Diccionario etimologico rumano, Madrid, 1966) mentionné dans le même sens sous la forme β ο ε α ́ ν ο ς (xes., Constantin Porphirogénète, ibid.).
STAT. − Ban1 et 2. Fréq. abs. littér. : 232. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 388, b) 468; xxes. : a) 268, b) 242.
DÉR.
Banat, subst. masc.Dignité de ban; territoire administré par un ban (cf. p. anal. marquisat). Attesté dans Littré, Guérin 1892, Pt Lar. 1906 et Lar. encyclop., s.v. ban et dans Quillet 1965 en vedette autonome. [bana]. 1reattest. 1838 (Ac. Compl. 1842); dér. de ban2*, suff. -at*.
BBG. − Boulan 1934, p. 182. − Duch. 1967, § 70. − Jänicke (O.). Zu den slavischen Elementen im Französischen. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 445.

Wiktionnaire

Nom commun 3 - français

ban \ban\ masculin

  1. (Jeux vidéo) (Argot Internet) Bannissement, généralement par blocage d’un compte.
    • Se prendre un ban : Se faire bannir.

Nom commun 2 - français

ban \bɑ̃\ masculin

  1. (Noblesse) Chef d’un banat, un type de région du sud-est de l’Europe.
    • Ce ne fut que le 7 juillet 1389, trois semaines après la bataille, que Gara, ban de la Matchva, apparut à la cour du Kenezius de Rascia (c’est ainsi que le protocole hongrois désignait Lazare). — (Louis Léger, « La bataille de Kosovo et la chute de l’empire serbe », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1916, volume 60, numéro 6, page 573)

Nom commun 1 - français

ban \bɑ̃\ masculin

  1. Proclamation pour ordonner ou défendre quelque chose.
    • Le général fit publier un ban pour défendre aux soldats de s’éloigner du camp.
  2. (En particulier) Publication par voie d’affiches à la porte de la mairie, ou d’un lieu de culte, d’une promesse de mariage entre deux personnes.
  3. (Histoire) Convocation par le suzerain des nobles pour le servir à la guerre, soit eux-mêmes en personne, soit par un certain nombre de gens armés, proportionnellement au revenu et à la qualité de chaque fief.
    • Cette frontière qu’il fallait défendre contre les Goths et contre les Basques appartenait alors toute entière au roi d’Austrasie, au nom duquel le ban de guerre fut publié sur les deux rives de l’Adour. […], le mark-graf ordonna une levée en masse des habitants du pays ; […]. — (Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, 2e récit : Suites du meurtre de Galeswinthe — Guerre civile — Mort de Sighebert (568-575), 1833 - éd. Union Générale d’Édition, 1965)
  4. (Par extension) (Noblesse) Le corps même de la noblesse qui pouvait être ainsi convoqué.
    • Pour se tirer d’affaire, il dut convoquer le ban et l’arrière-ban de ses amis.
    • Le ban se rapportait aux fiefs et l’arrière-ban aux arrière-fiefs.
  5. Exil imposé à quelqu’un par proclamation.
  6. (Alsace) (Lorraine) (Champagne) (Luxembourg) (Wallonie) Territoire communal.
    • C’est à ce point n° 88 que se terminent les bans de ces deux communes, qui s’étendent ainsi tous deux du n° 87 n° 88, et que commencent le ban de la commune française de Gambskeim et celui de la commune badoise de Freystett. — (Bulletin des lois, V.20, 1840, page 443)
    • Bornage du chemin qui a dû être laissé sur le ban de Bouillon, aux habitants de Pouru-St-Remy, pour conduire leurs bestiaux à la forêt de Haut-Mont-Ficher, en exécution du concordat de 1773, […]. — (J. Ozeray, Inventaire des manuscrits et de tous les documents conservés à l’Hôtel-de-Ville de Bouillon, 1870)
    • Vous avez récemment donné votre avis sur le site de L’Automobile Club à propos de la généralisation du 30 km/h sur tout le ban communal de l’agglomération strasbourgeoise. — (L’Automobile Club, courriel aux adhérents, 2 mai 2011)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BAN. n. m.
Proclamation pour ordonner ou défendre quelque chose. Le général fit publier un ban pour défendre aux soldats de s'éloigner du camp. Il a vieilli. Battre un ban, le ban, Battre la caisse d'une certaine manière pour annoncer qu'il va être fait quelque proclamation ou quelque annonce. Ban de vendange, Publication du jour où la vendange devait s'ouvrir. On disait de même Ban de fauchaison, ban de moisson. Ban de mariage. Proclamation à l'église et publication par voie d'affiches à la porte de la mairie d'une promesse de mariage entre deux personnes. Le premier, le second ban. Publier des bans. La publication des bans. Dispenser des bans. Payer les bans. Il signifiait aussi Convocation que le suzerain faisait de la noblesse pour le servir à la guerre, soit en personne, soit par un certain nombre de gens armés, dans la proportion du revenu et de la qualité de chaque fief. Il s'est dit aussi, et plus ordinairement, du Corps même de la noblesse qui pouvait être ainsi convoqué. Dans cette acception, on ne l'emploie guère sans le rapprocher de l'expression Arrière-ban. Pour se tirer d'affaire il dut convoquer le ban et l'arrière-ban de ses amis. Le ban se rapportait aux fiefs et l'arrière-ban aux arrière-fiefs. Le ban et l'arrière-ban s'est dit quelquefois de la Division en deux classes de la population virile d'un pays : l'une, composée des habitants les plus valides, prend les armes en certaines occasions; et l'autre, formée des plus âgés, ne se lève que dans les grands périls de l'État, pour seconder la première. Fig. et fam., Convoquer le ban et l'arrière-ban, S'adresser à tous ceux dont on peut espérer du secours, quelque appui, pour le succès d'une affaire. Pour se tirer d'affaire, il dut convoquer le ban et l'arrière-ban de ses amis. Il signifie aussi Faire une convocation générale de certaines personnes. Il a réuni le ban et l'arrière-ban de ses relations. Four à ban, moulin à ban, etc. Four, moulin, etc. à l'usage duquel un seigneur avait droit d'assujettir par proclamation ceux qui étaient dans l'étendue de sa seigneurie. On dit plus communément Four banal, moulin banal, etc. Il signifiait aussi Exil imposé à quelqu'un par proclamation. Il a gardé ce sens dans Être en rupture de ban qui se dit d'un Individu placé sous la surveillance de la haute police et qui, étant dans l'obligation de rester dans la circonscription territoriale qui lui a été assignée comme résidence, revient dans les lieux où tout séjour lui a été interdit. Mettre un prince au ban de l'Empire, dans l'ancienne Constitution germanique, Le déclarer déchu de ses dignités, droits et privilèges, et le proscrire. En 1706, l'électeur de Bavière fut mis au ban de l'Empire par la diète de Ratisbonne. On disait dans un sens analogue Mettre une ville au ban de l'Empire, au ban impérial. Fig., Mettre quelqu'un au ban de l'opinion publique, Le déclarer, le proclamer indigne de toute considération.

Littré (1872-1877)

BAN (ban) s. m.
  • 1Proclamation, publication. Battre un ban, battre la caisse pour annoncer qu'il va être fait une publication. Avant le combat, la justice faisait publier trois bans, Montesquieu, Espr. XXVIII, 24. L'aumônier d'un roi de France [saint Louis] prit possession de la patrie d'Annibal en ces mots : " Je vous dis le ban de N. S. J. C. et de Louis, roi de France, son sergent, ", Chateaubriand, Itin. III, 97.

    Ban de vendange, proclamation que les vendanges sont ouvertes.

  • 2Ban de mariage, ou simplement ban, publication de mariage qui se fait solennellement à l'église paroissiale par trois dimanches consécutifs. M. de Rennes donna deux bans, Sévigné, 557.
  • 3 Terme de féodalité. Convocation des vassaux directs du roi pour le service militaire.

    Le corps même de la noblesse ainsi convoqué. Il ne levait de ban Que pour tirer quatre fois l'an Au blanc, Béranger, Yvetot.

    Le ban et l'arrière-ban, service militaire des fiefs et des arrière fiefs.

    Dans le langage actuel, et en parlant de milice ou de garde nationale, ban est la partie la plus valide de la population, et arrière-ban la réserve composée des citoyens plus âgés, et qui ne doivent prendre les armes que dans les moments de péril.

    Fig. Convoquer le ban et l'arrière-ban, s'adresser à tous ceux dont on peut espérer du secours.

  • 4Four à ban, moulin à ban, ou four banal, moulin banal, four, moulin, etc. dont les gens qui étaient dans une seigneurie étaient obligés de se servir, en payant une redevance au seigneur.
  • 5Sentence qui exclut, et, en particulier, bannissement. Le ban qui a mis l'exilé hors de son pays, semble l'avoir mis hors du monde, Chateaubriand, Génie, I, V, 7.

    Garder son ban, ne pas revenir aux lieux d'où l'on a été exilé.

    Rompre son ban, revenir au lieu où l'on n'a pas la permission de résider. La loi le condamne à mort [l'exilé], pour avoir rompu son ban, Chateaubriand, Natch. VII, 289. Damon [maître de musique de Périclès] fut mis au ban de l'ostracisme, Courier, Lettr. 325.

    Mettre un prince, une ville au ban de l'empire, se disait, dans la Constitution de l'empire germanique, pour les déclarer déchus de leurs priviléges. Charles V l'avait mis au ban de l'empire, Bossuet, Var. 2.

  • 6Amende. Le comte et les envoyés du roi pouvaient faire payer aux vassaux le ban, c'est-à-dire une amende, Montesquieu, Espr. XXX, 17.
  • 7Chef d'un banat, titre de certaines provinces, telles que la Croatie. Ragotzi épousa Hélène, fille de Pierre, vice-roi ou ban de Croatie, Saint-Simon, 338, 183.

HISTORIQUE

XIIe s. Parmi cele ost faites un ban crier, Ronc. p. 66. Charles li rois fit faire et son ban et son cri, Ronc. p. 191. À dan Randulf del Broc l'aveit ainz comandé, E encontre cels furent par ban tut assemblé, Th. le mart. 137. Dunc comanda li reis, e fist par ban crier Qu'um laissast quitement lui e les suens aler, ib. 46. Tut lur aveir aureit tresqu'à un sul denier Li reis ; car pur ço out cest ban fait nuncier, Que li clerc saint Thomas n'osouent repairier, ib. 67.

XIIIe s. Et me sires Loeys feist crier son ban que nus n'i fourfesit riens, sous la hart, Chr. de Rains. 156. Et la mesenge li escrie : Renart, cist bans est tost brisiez De la pais que me disiez, Ren. 1836. Vos feïstes le ban roial, Que jà mariage par mal N'osast nus fraindre ne brisier, ib. 8277. Se li hons ne la feme ne savoit riens du mariage, ne par les bans qui furent fet en sainte Eglise, ne en autre maniere…, Beaumanoir, XVIII, 7. Adont li sires doit fere crier trois bans, Beaumanoir, LXIV, 11.

XVe s. Messire Godefroy de Harecourt commanda que… quand ceux de Caen ouïrent ce ban…, Froissart, I, I, 272. Ils firent commander que on sonnast la ban-cloche, et que chacun s'allast armer, Froissart, I, I, 173. Avec le roy estoient les nobles du royaulme assemblez par maniere de arriere-ban, Commines, III, 3. Roye [ville] où il y avoit quinze cens francs archiers dedans et ung nombre d'hommes d'armes d'arriere-ban, Commines, III, 10.

XVIe s. Ces assemblées s'appelloyent ban ou heriban : qui selon aucuns signifie cri et arriere-cri, Lanoue, 227. Anciennement les baillifs et seneschaux avoyent la charge d'assembler et conduire les arriere bans, Lanoue, 230. Il fit faire un band avec des cloches au lieu de tambours, que tous les prisonniers eussent à se rendre auprès du prince, D'Aubigné, Faen. IV, 9. À la charge que tous ceux qui ont suivi son parti seront r'appellez de ban [de l'exil], D'Aubigné, Hist. I, 46. Quelques capitaines prindrent leurs quaisses et leurs tambours, et firent un ban en ces termes, D'Aubigné, ib. II, 377.

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Étymologie de « ban »

(Nom 1) De l’ancien bas vieux-francique *ban (« loi dont la non-observance entraîne une peine » → voir ban en ancien français) apparenté au vieux haut allemand ban « commandement sous menace de peine, défense, juridiction et son domaine », au vieux norrois ban (« défense, interdiction »), ban en anglais - tous dérivés du verbe germanique *banną (« parler publiquement sous le contrôle d’une autorité », « commander ou défendre sous menace de peine » → voir bannen dans les langues germaniques) remontant au radical langues indo-européennes *bhā- (« parler » → voir for et fandus « parler, permis » en latin, fabuler en français, hablar, « parler » en espagnol, etc).
(Nom 2) (1697) Du serbo-croate бан, ban probablement[1] d’origine avare, le mongol a bayan (« riche, propriétaire »).
(Nom 3) De l’anglais ban.
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Provenç. ban ; espagn. et ital. bando ; bas-lat. bannum, de l'allemand. Le haut allemand bannan se présente aussitôt ; mais Diez remarque que bannan aurait donné, dans les langues romanes, banner, bannare, et non bannir, bandire, qu'il rattache au gothique bandvjan, banvjan, désigner, signifier ; mais il est obligé de supposer que le v du gothique manquait dans le dialecte allemand qui a fourni bannir. Notons que le gaélique a aussi bann, de sorte que le radical pourrait avoir subi une influence autre que celle de la forme germanique. Notons aussi que, à côté de bannire, à beaucoup près le plus fréquent, on trouve dans le bas-latin bannare, dans imbannare, dans bannalis, dans bannaria, bannarius. Il y a donc lieu de donner la préférence au haut allemand, admettant seulement un changement de conjugaison, comme dans bajulare qui a donné bailler et baillir.

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Phonétique du mot « ban »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
ban bɑ̃

Fréquence d'apparition du mot « ban » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « ban »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « ban »

  • Du banc des ministres au ban de la société, il n'y a que l'espace d'un faux pas.
    Henri Jeanson
  • E. S. : C’est toute notre tradition humaniste qui se trouve en péril dans la mesure où nous assistons à la mise au ban progressive de l’humain en tant qu’être agissant. Car l’intelligence artificielle marginalise l’exercice de notre faculté de jugement et porte atteinte à notre droit corollaire à nous déterminer librement et en conscience.
    La Croix — Éric Sadin : « L’intelligence artificielle engendre une mise au ban progressive de l’humain »
  • Ceux qui refuseraient risqueraient de voir leur chaîne bannie de Twitch, de quoi donner des sueurs froides aux streamers du monde entier.
    Dexerto.fr — Vague de bans sur Twitch à cause des musiques | Dexerto
  • Mais le spectacle du président des Etats-Unis fermant les yeux sur une loi ouvertement discriminatoire et ignorant les violences qu’elle suscite ne peut qu’inquiéter. De plus en plus, Donald Trump se pose en protecteur de régimes dirigés par des « hommes forts » ou qui se réclament de la démocratie illibérale, du Brésil de Jair Bolsonaro à la Hongrie de Viktor Orban en passant par l’Israël de Benyamin Nétanyahou et l’Inde de Narendra Modi.
    Le Monde.fr — L’explosive mise au ban des musulmans d’Inde
  • Depuis 2 ans, le ban bourguignon symphonique connait des variations. Mais il n’avait jamais été enregistré. Alors quand le confinement a commencé, c’était l’occasion parfaite. « C’était une opportunité de jouer quand même ensemble, de reprendre ce morceau, rappelle Arthur Leplat. On l’a raccourci et fait attention à l’effectif. On était en tout 65 musiciens ! »
    France 3 Bourgogne-Franche-Comté — Découvrez le ban bourguignon comme vous ne l’avez jamais entendu ...
  • LE MOT DU JOUR - L'ancien ministre a présenté hier sa candidature à l'élection présidentielle depuis Bobigny, ville de la banlieue parisienne.
    Le Figaro.fr — Banlieue [ban-lieu] n. f. Petite couronne d'où Emmanuel Macron a annoncé qu'il espérait un sacre

Traductions du mot « ban »

Langue Traduction
Anglais proclamation
Espagnol van
Italien interdizione
Allemand ban
Portugais desterro
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Synonymes de « ban »

Source : synonymes de ban sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot ban au scrabble : 5 points

Ban

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