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Balle

Variantes Singulier Pluriel
Féminin balle balles

Définitions de « balle »

Trésor de la Langue Française informatisé

BALLE1, subst. fém.

I.− Objet de forme sphérique généralement élastique et de petite dimension, que l'on utilise dans de nombreux jeux :
1. La pelote basque se joue en plein air, contre un mur de face, sur une piste cimentée. La pelote ou balle est faite de cordes très serrées, recouvertes de peau de mouton. Elle est élastique au point de rebondir à une hauteur et à une distance inouïes, et dense, au point de ne se déformer que rarement sous le choc. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 169.
SYNT. Balle (de, en) caoutchouc; balle oblique, longue; balle de set; balle de match; jouer à la balle; (re) lancer la balle (en l'air); (r)attraper la balle; prendre, saisir la balle (au bond); manquer ses balles; (r)envoyer la balle; arrêter, servir la balle; se jeter la balle; échanger quelques balles; réussir de belles balles (bien) placées; jeu de balle.
Loc. Avoir la balle. ,,Avoir le droit de la lancer le premier`` (Lar. 19e, Lar. encyclop.). Avoir la balle belle. ,,L'avoir dans de bonnes conditions pour la relancer`` (Lar. 20e, Nouv. Lar. ill.; attesté d'autre part dans Littré et Quillet 1965). À vous la balle. ,,C'est à vous à lancer la balle, à jouer le premier`` (Lar. 19e, Lar. encyclop.; également dans Besch. 1845). Couper la balle. ,,La frapper avec la raquette inclinée`` (Ac. 1835-1932).
A.− Proverbes et loc. fig. ou métaph.
1. Loc. Avoir la balle belle. ,,Avoir une belle occasion`` (Lar. 20e). À vous la balle. ,,Ceci s'adresse à vous, ou bien, C'est à vous d'agir ou de parler`` (Lar. 19e). Juger la balle. ,,Prévoir quel tour une affaire prendra`` (Ac. 1835-1932; Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
Placer la balle. Développer des arguments, exposer des idées, oralement ou par écrit :
2. Son humeur a déjà fait son choix dans le fond commun des idées, mais son génie n'a pas mis sa marque à ce qu'il a choisi. Dix ans plus tard, il placera la balle autrement, la même balle, mais les mots auront changé de couleur. Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « confessions », 1948, p. 126.
Prendre, saisir la balle au bond. Profiter avec à-propos d'une occasion favorable, fortuite mais opportune pour dire ou faire quelque chose. Synon. saisir l'occasion; sauter sur l'occasion :
3. Henri m'a prise tout de suite au sérieux... Didier et Marion Delorme, quoi! Tu comprends : j'ai pris la balle au bond... et... je l'ai épousé... E. Augier, Le Mariage d'Olympe,1877, p. 172.
Ramasser la balle. Relever le défi; saisir le prétexte :
4. On passe à Port-Royal. Saint-Victor s'emporte contre ces crétins qu'il hait : « Fribourg, dépose tes haines », lui dit Sainte-Beuve, faisant allusion à son éducation chez les Jésuites. Renan ramasse la balle et le voilà à défendre les saints de Port-Royal; ... E. et J. de Goncourt, Journal,1864, p. 43.
Rattraper la balle. Dans une conversation, une discussion, réagir à ce qui se dit, y répondre :
5. Nous ne nous dénouons et n'allons aux extrémités de nous-mêmes qu'en face des personnes qui rattrapent la balle. J'aime parler. J'aime écouter... J'aime le rire qui étincelle au choc. Cocteau, La Difficulté d'être,1947, p. 166.
Relever la balle. Dans une dispute, une discussion, riposter à une parole désobligeante, à une remarque perfide, etc. :
6. M. Patissot, (...) déclara : « vous n'êtes pas français, monsieur. La galanterie française est une des formes du patriotisme. » M. Rade releva la balle. « J'ai fort peu de patriotisme, monsieur, le moins possible. » Un froid se répandit,... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, 1880, p. 328.
Reprendre la balle. Reprendre l'idée, la plaisanterie de quelqu'un, renchérir :
7. Le pape est parfaitement drôle, et les évêques qui reprennent la balle ne le sont pas moins. Mérimée, Lettres à M. Panizzi,1870, p. 73.
Renvoyer, rejeter la balle (à qqn), se renvoyer, se rejeter la balle.
a) (Se) donner la réplique avec vivacité, avec esprit, dans une conversation, une discussion :
8. Il a l'esprit libre, frais et dispos, toujours présent et prêt à la riposte. Dépourvu d'émotions réelles, il renvoie promptement la balle élastique des bons mots. Vigny, Chatterton,1835, p. 233.
b) Rejeter (sur qqn), renvoyer (sur qqn) la responsabilité de quelque chose d'embarrassant et le charger d'y répondre ou d'en répondre :
9. ... c'est un complot formé par une société de ci-devant qui se rejettent la balle les uns aux autres, comme des lâches qu'ils sont. A. Dumas Père, Le chevalier de Maison-Rouge,1847, II, 5.
2. Proverbes. La balle cherche le bon joueur. ,,L'occasion ne manque jamais à qui sait la saisir`` (Lar. 19e). Au bon joueur la balle, la balle va au joueur. ,,Se dit Quand l'occasion de faire quelque chose se présente à celui qui est le plus capable de s'en bien acquitter`` (Ac. 1835-1932; ainsi que dans la plupart des dict. gén. du xixes. et Rob.).
B.− P. méton.
1. [Jeu de paume] Enfant de la balle.
a) Vx. Fils d'un maître de jeu de paume.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén.
b) P. ext. [En parlant de gens du cirque et d'artistes obligés à de fréquents déplacements (acteurs, chanteurs, etc.)] Personne élevée dès son plus jeune âge dans un milieu d'artistes surtout itinérants et dont la formation, de ce fait, a été plus directe qu'en milieu scolaire traditionnel :
10. Je suis un « enfant de la balle », les planches m'excitent à la manière dont les tables de Monte-Carlo excitent le joueur. Cocteau, Le Foyer des artistes,1947, p. 3.
Au fig., fam., usuel. Personne dont l'enfance s'est déroulée dans l'atmosphère d'une profession exigeante ou bien typée :
11. En plus j'avais des espoirs... un sérieux boni, si je remontais par mes efforts l'artisanat de la ciselure. Il me trouvait bien un peu jeune... mais ça n'avait pas d'importance, puisque j'avais le feu sacré... que j'étais un enfant de la balle... Que j'étais né dans une boutique! ... Céline, Mort à crédit,1936, p. 189.
Être de la balle. Être de la partie, être du métier :
12. De loin je surveille mal mon équipage. Les impondérables m'échappent. Qu'y changerai-je? Voici les interprètes qui se contrôlent et perfectionnent la machine. Voici ceux qui vivent en scène et tâchent de vaincre la machine. Diderot parle à la légère. Il n'est pas de la balle. Cocteau, La difficulté d'être,1947, p. 51.
2. P. anal. Métiers de la balle. Métiers du cirque :
13. ... elle [MmeParis] était écuyère, mais elle avait fait tous les métiers de la balle... P. Vialar, La Chasse aux hommes,Le Rendez-vous, 1952, p. 68.
C.− Argot
1. P. anal. de forme. Tête, visage, physionomie. On ne voit que (...) de franches balles sympathiques (Genevoix, La Boîte à pêche,1926, p. 217).
Bonne balle. Tête bien ronde, respirant la santé :
14. Il avait, comme on dit, « une bonne balle ». Il semblait avoir pris sa tête, ronde comme un boulet, dans une boîte à billes, et c'est de là, pensai-je, que ses camarades (...) lui avaient donné ce surnom (...) « Boitabille! ... » G. Leroux, Le Mystère de la chambre jaune,1907, p. 9.
Balle d'amour. ,,Physionomie agréable`` (Michel 1856).
Rude balle, forte balle. Tête, visage fortement typés :
15. À ces mots, la figure du soldat rougit. C'était une forte balle de sabreur, aux longues moustaches, équarrie à coups de latte. G. D'Esparbès, La Légende de l'Aigle,1893, p. 14.
Péj. Figure grotesque :
16. − C'te balle! oh! c'te taule! − J'espère bien qu'on lui coupera la tronche, à celui-là. T. Gautier, Les Jeunes-France,1872, p. 321.
2. Franc :
17. − Tu ne pourrais pas m'avoir des bêtises rouges comme ça? ... Est-ce cher? − Ces sanguines-là? ... Je les ai payées deux cents francs à Mayor, le marchand de dessins anglais. − Deux cents balles! Fichtre. E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 107.
3. P. métaph. ou au fig.
Être rond comme une balle. Être complètement ivre; avoir bu et mangé avec excès.
Faire balle, faire la balle élastique. Être à jeun, avoir le ventre creux :
18. Quelques taches [d'excréments] dans un quart de pain ne sont pas pour faire reculer un fagot de bon appétit et qui fait balle (a le ventre creux) depuis quarante-huit heures. A. Humbert, Mon bagne,1880, p. 44.
Faire la balle de qqn. Convenir à quelqu'un, faire l'affaire de quelqu'un. Ça fait ma balle :
19. Le beurre [la gratification] ne peut m'échapper... j'ai sous la main un couillé qui fait ma balle; ... les spectateurs le jugeront sur la mine; et le tribunal, prévenu par ses antécédens, sévira contre lui sans difficulté. L.-F. Lhéritier, Suppl. aux Mémoires de Vidocq, t. 2, 1830, p. 58.
Peau de balle. Absolument rien :
20. Ca n'sert à rien d'être aux as, ta blanche, c'est comme si t'avais peau d'balle dans ton morlingue, pisqu'y a pas d'marchands. Barbusse, Le Feu,1916, p. 206.
Peau de balle et balai de crin :
21. Aussi, pour nous aller pieuter à la caserne, c'est peau d'balle, balai d'crin et variétés diverses; tiens, v'là comme nous irons pieuter à la caserne! et ce disant, il eut cette mimique (...) qui consiste à se caresser la naissance de la gorge avec le revers de la main. Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 1repart., 7, p. 78.
D.− Emplois techn., p. anal. de forme.
1. CÉRAM. Masse de pâte homogène, en forme de boule, avec laquelle on façonne une pièce en la coulant dans un moule dont elle épouse la forme.
Moulage à la balle (Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, DG).
2. MÉTALL. Synon. de loupe (de fonte). (Cf. loupe ainsi que baller2).
3. OPT. Instrument convexe, en cuivre, utilisé pour tailler les surfaces concaves (cf. bassin).
II.− Synon. de boule* :
22. Par degrés il se fit contre eux une masse collective de haine, comme ces balles de neige, qui, d'abord échappées à la main d'un enfant, parviennent, en se roulant sur elles-mêmes, à une grosseur monstrueuse. Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 1, 1797, p. 179.
23. Chaque enfant reçoit un morceau de papier, à charge de le rouler en balle (...). Pourquoi le papier se met-il en boule? Parce que le creux de la main est rond. − Pourquoi les balles de plusieurs grosseurs? Parce que les morceaux de papier n'étaient pas tous pareils... Frapié, La Maternelle,1904, p. 58.
24. Tout de suite après, commençaient les vergers, des abricotiers et des pêchers déjà couverts de ravissantes petites balles laineuses, hautes en couleurs, gaies comme des confetti. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 225.
PRONONC. − 1. Forme phon. : [bal]. Enq. : /bal/. 2. Homon. : bal.
ÉTYMOL. ET HIST. − V. balle2.
BBG. − Duch. 1967, passim.Gottsch. Redens. 1930, passim.Guiraud (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. Lexicol. 1967, t. 11, no2, p. 46. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 250. − Rog. 1965, p. 92. − Roques (M.). Enfant de la balle. In : [Mél. Michaëlsson (K.)]. Göteborg, 1952, pp. 401-406. − Sain. Lang. par. 1920, passim.

BALLE2, subst. fém.

Petit projectile généralement métallique, de forme sphérique ou oblongue, propulsé isolément par certaines armes de jet (fronde, etc.), par les armes à feu portatives, ou propulsé en nombre par certaines pièces d'artillerie :
1. Allons donc, mon cher abbé, vous radotez : croyez-vous qu'une flèche antique allât plus vite qu'une balle moderne chassée d'une arquebuse rayée? J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,1821, p. 286.
2. ... il défait son fusil qu'il portait en bandoulière et lâche deux coups sur Brunel. L'un des deux coups était chargé à balle et blessa le Brunel (...). Le docteur jura qu'il avait oublié que l'un des canons avait une balle... Stendhal, Lamiel,1842, p. 50.
3. Le commandeur Aspertini a trouvé à Modène des balles de fronde qui avaient été lancées en l'an 43 avant notre ère... A. France, L'Anneau d'améthyste,1899, p. 262.
SYNT. a) Balle d'arquebuse, de fronde, de fusil, de mitrailleuse, de mousquet, de mousqueton, de pistolet, de revolver. b) Balle(s) claquer, crépiter, percer qqc., pleuvoir, ricocher (sur), siffler; balle(s) rester dans les chairs, traverser la poitrine; balle(s) blesser, faucher, toucher qqn. c) Calibre, trajectoire d'une balle; éclats, rafale, sifflement, sillage de balle(s); à l'abri, à l'épreuve des balles. d) Abattre qqn d'une balle, loger une balle en plein cœur, mourir d'une balle, tomber sous les balles de qqn; mériter une balle dans la tête, dans la peau; se tirer une balle dans la tête, dans le cœur.
1. En partic.
a) MILITAIRE
Balle d'expansion, expansive; balle creuse, évidée. Balle explosible ou explosive, balle dum-dum. Contenant un mélange explosif qui libère l'éclatement de la capsule au point d'impact.
Balle traçante :
4. La chasse ennemie revint, tira de nouveau de toutes ses mitrailleuses; les balles traçantes tendirent autour de l'avion une toile d'araignée de traits rouges. Malraux, L'Espoir,1937, p. 793.
Balle lumineuse :
5. J'ai vu là, sur l'avant, trois coups de lance divergents. Trois longues tiges verticales et brillantes. Sillages de balles lumineuses ou d'obus lumineux de petit calibre. Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 333.
Boîte à balles. Projectile de certaines armes lourdes, fait d'un cylindre métallique garni de balles. Synon. boîte à mitraille.
Balle mâchée (vx). Balle déformée avec les dents pour être rendue plus dangereuse.
Balle de canon. ,,Se dit (...) du boulet dont on charge le canon; mais ce n'est guère que dans les phrases suivantes. Canon chargé à balle. Ce canon porte vingt-quatre livres de balle`` (Ac. 1798). Synon. boulet :
6. ... le patron de la jeune Amélie avait monté sur pivot, (...) deux petites couleuvrines pareilles à des fusils de remparts, qui, (...) pouvaient envoyer une jolie balle de quatre à la livre à mille pas. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 272.
Balle morte. Balle qui, ayant dépassé sa portée normale d'action, a perdu vitesse et force d'impact :
7. − Vous avez été fusillé, et vous vivez! ... dit Camusot. − J'avais quelques intelligences avec les soldats (...) et alors ils m'ont placé si loin que j'ai seulement reçu des balles presque mortes, ... Balzac, Splendeur et misères des courtisanes,1847, p. 421.
Balle perdue. Balle qui a été tirée au hasard ou a manqué son objectif. Être tué d'une balle perdue.
P. métaph. Action, propos, qui manquent leur but :
8. Le combat pour le progrès veut la concentration des forces (...) Pas de balle perdue dans la bataille des principes. Hugo, Actes et paroles,2, 1875, p. 457.
9. Cependant je m'occupe de vous, je vous donne de ma substance, il m'arrive de vous parler comme si je parlais à un monde inconnu. Combien de ces paroles ont atteint leur but? Que de balles perdues! Montherlant, Pitié pour les femmes,1936, p. 1157.
Pare-balles :
10. Il y avait en ce point, naguère, un créneau de veilleur qui a été démoli. On a refait le créneau plus bas avec deux pare-balles (...). Paradis me dit, (...) : − C'est moi qui ai arrangé ces deux boucliers-là, ... Barbusse, Le Feu,1916, p. 257.
b) CHASSE
Moule à balles :
11. ... des enfants, en jouant, découvraient sous un tas de copeaux et d'épluchures un sac qui contenait un moule à balles, un mandrin en bois à faire des cartouches, ... Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 36.
Faire balle. Avoir un point d'impact unique identique à celui que produirait une balle :
12. La plaie était affreuse à voir : la charge, − du plomb de lièvre, − avait fait balle; des morceaux de toile noircie y étaient pris encore. Pourrat, Gaspard des montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 235.
P. métaph. :
13. − Ah çà! Pourquoi ne le voit-on plus? demanda le président de l'air d'un homme qui ressent une commotion produite par mille observations oubliées dont la réunion subite fait balle, pour emprunter une expression aux chasseurs. Balzac, Le Cousin Pons,1847, p. 68.
14. Devant les portraits de famille, mâcher patiemment le mot qui fera balle dans la vanité des maîtres. Ne pouvoir jamais s'enthousiasmer qu'à blanc. Renard, La Lanterne sourde,1893, p. 298.
c) Argot
Raide comme balle. De manière rapide, brutale et inattendue :
15. ... il lui passerait plutôt sur le corps avant d'arriver à la petite. Un soir, elle s'approcha du monsieur et lui envoya raide comme balle que ce qu'il faisait là n'était pas bien. Zola, L'Assommoir,1877, p. 722.
Un(e) bouffe-la-balle. Personne joufflue, gros mangeur; ,,expression apparue, peu après la conspiration du général Mallet contre Napoléon Ier, dont l'un des protagonistes avait reçu un coup de pistolet dans la bouche lors de son arrestation`` (Éd. 1967).
Vulg. Trou de balle. Anus.
2. Spécialement
a) MAR. Balle à queue (boulet à queue) (...). ,,Instrument de calfat dans quelques ports. C'est un boulet monté d'un manche ou queue en fer, qu'on fait fortement chauffer pour servir à la liquéfaction d'un seau de brai dans lequel on le plonge à peu près rouge`` (Will. 1831).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes.
b) PÊCHE. Pêche à la balle. ,,On nomme ainsi une pêche qui se fait avec une ligne garnie dans sa longueur de petites baguettes dites baluettes, à l'extrémité desquelles sont empilés des haims, et cette ligne est terminée par une balle ou petit boulet, qui la fait caler. (...). On appelle cette pêche traîner la balle, parce qu'elle se fait en bateau sans voile`` (Baudr. Pêches 1827).
Rem. Également attesté dans la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que dans Lar. 20e.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1534 jeux, jouer à la balle (Rabelais, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, t. 1, ch. 23, p. 86 : & iouoient à la balle, à la paulme); 2. 1534 artillerie (Id., op. cit., ch. 37, p. 138 : [Gargantua] se testonnant de son pigne [...] faisoit tomber à chascun coup plus de sept balles de bouletz qui luy estoient demourez entre ses cheveulx à la demolition du boys de Vede). Empr. à l'ital. du Nord balla (corresp. à l'ital. palla) (Barb. Misc. t. 3, no2; Bl.-W.5; Dauzat68; DEI; FEW t. 151, s.v. balla) attesté au sens 1 dep. av. 1519 (Léonard de Vinci [1452-1519] I, 318 dans Batt.); le sens 2 est seulement noté ,,ancien`` dans Batt. L'ital. balla est issu du longobard *balla corresp. à l'a. b. frq. de même forme, v. balle3« paquet ».
BBG. − Duch. 1967, passim.Gottsch. Redens. 1930, passim.

BALLE3, subst. fém.

A.− Paquet de marchandises enveloppé de grosse toile et fortement ficelé pour être transporté plus aisément. Balle de marchandises; balle de laine, de coton, de café :
1. ... il a fallu les pourvoir [les magasins], à mi-hauteur, d'une vaste porte croisée par laquelle on fait entrer, en les hissant, les innombrables balles de marchandises qui attendent là leur chargement pour une nouvelle destination. Michelet, Sur les chemins de l'Europe,1874, p. 158.
P. ext., rare. Paquet d'une certaine importance :
2. ... j'avise une femme âgée, proprement vêtue, mais d'aspect chétif, qui venait de poser sur un banc une espèce de grosse balle de linge et qui s'efforçait, en vain, de recharger correctement ce fardeau sur son épaule. G. Duhamel, Journal de Salavin,1927, p. 54.
1. En partic.
a) AGRIC. Balle de fourrage. Masse de fourrage sec comprimé mécaniquement pour améliorer sa conservation et faciliter le transport :
3. On cherche (...) ces fourrages charnus surtout, aux reflets sombres, qui, séchés et pressés, avant d'être expédiés, s'accumulaient en balles grises sous le haut hangar... Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 209.
b) PAPET. Paquet de dix rames de papier :
4. ... ces bobines sont découpées en feuilles aux formats voulus, qui sont ensuite triées, comptées par mains de 24 et rames de 480 ou 500 puis, si nécessaire, pliées et pavillonnées, enfin empaquetées et mises en balles. La Civilisation écrite,1939, p. 18o06-8.
2. Vieilli. Gros paquet, contenant les articles à vendre, que le colporteur transporte sur son dos. Balle d'étoffes, balle de livres :
5. Sur le dos il avait une balle de toile, (...). De la balle s'échappaient des bouts de serviettes et de cretonne rouge. C'était un de ces colporteurs piémontais qui voyagent dans les campagnes; ils vendent aux fermes isolées du fil, des aiguilles, ... Bosco, Le Mas théotime,1945, p. 186.
a) Porter la balle. Être colporteur.
Rem. De là : porte-balle « colporteur ».
P. ext. Porter la balle. Faire du petit commerce :
6. Si l'on ose afficher une telle adoration pour l'argent dans l'un des salons les mieux composés de France (...) que sera-ce pour les malheureux marchands millionnaires aujourd'hui mais dont hier encore le père portait la balle? Stendhal, Armance,1827, p. 29.
b) [Empl. comme compl. de nom] De balle. Marchandises de balle. ,,Celles que vendent les marchands forains appelés Porteballes, et qui sont ordinairement inférieures en qualité à celles que vendent les marchands établis dans les villes`` (Ac. 1835).
P. compar., fam. et péj. De peu de valeur, de mauvaise qualité. Mouchoirs de balle, ciseaux de balle (Ac. 1835).
[En parlant d'une pers.] Juge de balle, rimeur de balle, etc. ,,Un juge ignorant, un mauvais poëte, etc.`` (Ac. 1835).
B.− Spéc., GRAV., IMPR. ,,Frotton fait de crin pétri et de colle forte en forme de miche enveloppée d'un linge ou d'une peau`` (Chautard 1937).
Rem. Utilisée avant l'invention du rouleau pour encrer les caractères, elle est encore employée en gravure sur bois pour l'encrage des planches.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1268-71 bale « paquet de marchandise, en gén. enveloppé de toile pour le transporter » (E. Boileau, Mestiers, 2ep., XIII, 12, var. dans Gdf. Compl. : Et doivent de l'arivage de chascune bale I. den.); 1680 fig. et péj. (Rich. : Un rimeur de bale. C'est-à-dire, un mechant rimeur). Empr. à l'a.b.frq. *balla, que l'on peut déduire de l'a.h.all. balo, m.h.all. balle, all. mod. Ballen « balle de marchandise »; ces formes sont des var., de déclinaison faible, de l'all. Ball « balle, pelote », de déclinaison forte, remontant lui-même à un germ. primitif *ball-, racine i.-e. *bhel- « souffler, bouffer » (Kluge20, s.v. Ballen; IEW t. 1, pp. 120-121). L'hyp. d'un empr. à l'a. h.all. (Kluge dans Z. rom. Philol., t. 41, p. 678) convient moins bien étant donné le caractère gallo-roman du mot : l'esp. bala, fin xiiies. et l'ital. balla, xives., sont empr. au fr. (Cor.; DEI et Devoto). Le même argument vaut à l'encontre de l'hyp. d'un empr. au germ. antérieurement à l'invasion franque. (Brüch, pp. 66-67).
BBG. − Duch. 1967, passim.Lammens 1890, p. 278.

BALLE4, BALE, BÂLE, subst. fém.

AGRIC., BOT. Pellicule qui enveloppe les grains des Graminées (blé, avoine, maïs, etc.) utilisée notamment pour l'alimentation animale.
Rem. Dans le lang. cour., se dit surtout à propos de l'avoine dont les balles sont préférées à la plume pour les matelas et oreillers des lits d'enfants :
1. ... Sa paille [du blé] était courte, mais son grain était bien nourri. Il a aussi des harmonies négatives avec l'eau par les balles de son épi. Ces balles sont ce que les botanistes appellent calices dans les autres fleurs... Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 54.
2. ... le jeune nourrisson S'endormit dans la paille et la balle et le son, Ses deux genoux pliés sous son ventre charnel. Péguy, Ève,1913, p. 815.
P. ext., région. Menue paille :
3. ... il [le chaulier] la remplit d'eau [une cavité], et la recouvre d'un peu de cette menue paille, de cette balle de blé si légère. J. de La Varende, La Normandie en fleurs,1950, p. 121.
P. métaph. :
4. C'était un navire symbole, qui flottait toujours, mais vers des rives dénudées, des révoltes sans lendemain, mutilées, avortées (...) transportant sa cargaison qui ne nourrirait jamais personne, non pas le blé d'une moisson, mais seulement un « son », une « balle », sans principes vitaux... P. Vialar, La Mort est un commencement,Risques et périls, 1948, p. 115.
Prononc. et Orth. Cf. balle1. Ac. 1798 et 1932 enregistrent uniquement balle. Cf. aussi DG, Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Ac. 1835 consacre à bâle une vedette de renvoi à balle en signalant que ,,les botanistes écrivent plus ordinairement bâle``. Ac. 1878, s.v. balle, renvoie à bale. On trouve les formes bâle et bale à côté de balle dans Littré; la forme bale seule à côté de balle dans Rob. et Pt Rob. Homon. et homogr. : balle1, balle2, balle3. Étymol. et Hist. Ca 1220 agric. « enveloppe des grains de céréales » (Pean Gatineau, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 9851 dans T.-L. : De la balle fesoient coites Et le grain a lor pors donoient), attest. isolée; 1549 bale (Est.). Orig. incertaine. L'existence d'une part, de la forme de l'Ouest bel, bele (Maine et Loire, ALF point 1452 d'apr. Gamillscheg dans Z. rom. Philol., t. 43, p. 563) dont le vocalisme peut représenter un -a- accentué libre, d'autre part des formes bavo, bago, attestées dans le Massif Central et dont le consonantisme représente un traitement local du -l- intervocalique (différent du traitement du -ll-) devenu -v- et -g- (Dauzat dans Fr. mod. t. 21, p. 110), supposent un prototype *bela et non *balla. Gamillscheg (loc. cit., p. 564 et EWFS2) et Dauzat (loc. cit. et Dauzat 1968) attribuent à ce prototype une orig. celt. : *bala serait une forme collective d'un gaul. *balu qui remonterait à la racine i.-e. *bh(e)l- « gonfler, bouffer », élargie en *bh(e)legh- « enfler » qui apparaît dans le gaul. bulga « sac de cuir », le britannique bolc'h « cosse de lin », le kymr. bùl « gousse », v. aussi IEW, p. 120, 125 et 126. Dans cette hyp., la forme en -a- (bale) serait issue des dial. du Sud-Ouest où a- suivi de -l- demeure, d'autre part l'a. fr. baler « vanner » (au fig. ca 1160, B. de Ste Maure, Ducs Normandie, II, 9200, Michel dans Gdf. : Dites lui bien, c'en est la summe. Que ja ne serom mais si home, C'est mais tot escos e balé, N'il a nos sire n'avoé), est à rattacher au mot étudié et différent de l'a. fr. baler (baller*). L'hyp. d'un subst. verbal de l'a. fr. baler « vanner », considéré comme même mot que l'a. fr. baler, baller* « danser » (FEW t. 1, p. 219b et Bl.-W.5), fait difficulté du point de vue phonét., parce que ne pouvant rendre compte des formes dial. énumérées plus haut.
STAT. − Balle 1, 2, 3, 4. Fréq. abs. littér. : 2 313. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 873. b) 4 334; xxes. : a) 3 519, b) 3 799.
BBG. − Dauzat (A.). Balle. Fr. mod. 1953, t. 21, p. 110. − Nysten 1824. − Stimm (H.). Zu gallo-romanisch balaier. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1958, p. 797.

Wiktionnaire

Nom commun 1 - français

balle \bal\ féminin

  1. Objet sphérique utilisé pour jouer.
    • (Tennis) Une balle de tennis.
    • J’ai joué à la balle avec mon voisin.
  2. Conditionnement de matières premières agricoles comme le foin, le coton ou le chanvre.
    • Une balle de coton.
    • Avec la mécanisation de l’agriculture, la botte de foin cède la place à la balle.
  3. (Par extension) Conditionnement quelconque.
    • Deux équipes de onze personnes se relaient chaque jour pour sélectionner et séparer dans cette masse douze matières premières (aluminium, acier, carton, papier, PET clair, PET foncé, film plastique…). Celles-ci sont ensuite conditionnées dans de grandes balles homogènes pour être recyclées dans des filières spécifiques. — (Thierry Mestayer, L’intelligence artificielle au service du recyclage, Le Monde. Mis en ligne le 14 avril 2019)
  4. (Armement) Projectile d’arme à feu.
    • On entendait incessamment sur le parc de Neuilly grêler les balles à travers les branches avec ce bruit des orages d'été que nous connaissons si bien. — (Louise Michel, La Commune, Paris : P.-V. Stock, 1898, page 219)
    • Notre arsenal se compose du Winchester et du sabre d’ordonnance de notre cavalier d’escorte, d’un fusil de chasse à deux coups, un « idéal » de la manufacture de St-Étienne, […] et d’un bon revolver tirant des balles cal. 450 que je porte à la ceinture. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 45)
    • Depuis l’Argonne de 1914, le chant d’abeilles des balles s’est inscrit dans mes circonvolutions cérébrales comme, dans la cire d’un disque, un refrain prêt à jouer dès le premier tour de manivelle […]. — (Marc Bloch, L’étrange défaite : La déposition d’un vaincu, 1940, FolioHistoire Gallimard, 1990, page 86)
    • – Mon mari est expert en bottes et en pistolets. C’est lui qui m’a appris à charger à double balle. — (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 401)
    • Sus à l’ennemi ! Aurèle sonne le hallali. Tout à l’heure, il pensait rafale de mitraillette, sulfatage, pruneaux. Mais la balle de métal est trop noble : par elle meurent les héros. — (Gilles Rosset, Masculin singulier, René Julliard, 1962, page 202)
    • Un adolescent est retiré de la file. Juste avant qu’une forte détonation venue d’une tour militaire l’envoie bouler sur l’asphalte, la tête broyée par une balle de mitrailleuse. — (Calixte Baniafouna, Devoir de mémoire, L’Harmattan, 2001, page 160)
  5. (Europe) (Familier) Franc, euro, centime ou n’importe quelle unité monétaire courante.
    • T'as pas cent balles?
    • — J'en ai acheté.
      — Combien ?
      — Quarante francs.
      — Quarante balles ! cria Alexandre, c'est exorbitant !
      — Ça ne fait que dix francs chacun.
      — Dix balles ! Dix balles pour du pain ! Tu n'es pas fou, non ?
      — (Robert Merle, Week-end à Zuydcoote, 1949, réédition Le Livre de Poche, page 38)
    • Je me suis payé un nouveau micro… soixante-dix mille balles. C’est pas donné. — (Guy Bedos, Come-back, dans Bête de scène, Éditions Hors Collection, 2004)
    • Entre le type qui se casse le cul et vend trois balles son kilo de tomates, pauvre cageot, et le clampin qui achète quinze balles chez le Champion du coin son kilo de matichas, il y a un mec, un intermédiaire, qui se fait 3x4 = 12, douze balles, grosso, sans se casser le tronc. — (Jean-Pierre Koffel, Dalal mon amour, Marsam, 2007, page 30)
  6. (Baseball) Lancer jugé hors de la zone de prises.
  7. (Jonglerie) Objet de jonglage.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BALLE. n. f.
Sorte de petite pelote ronde, gonflée d'air ou de toute matière élastique, recouverte de drap ou de peau, et servant à jouer à la paume, au jeu de tennis, etc. Balle à peloter. Balle de paume. Prendre la balle au bond, à la volée. Renvoyer la balle. Juger la balle, Prévoir où la balle doit tomber; et, figurément et familièrement, Prévoir quel tour une affaire prendra. En termes de jeu de Paume et de jeu de Tennis, Couper la balle, La frapper avec la raquette inclinée. La balle la perd, la balle la gagne, se dit lorsque celui qui a joué la balle a perdu ou gagné la balle. Jouer à la balle, Lancer une balle à l'aide seulement de la main. Des écoliers qui jouent à la balle. Allez jouer à la balle dans le jardin. Jeu de la balle au pied. Fig. et fam., Prendre la balle au bond, Saisir vivement et à propos une occasion favorable. Fig. et fam., À vous la balle, C'est à vous à dire ou à faire telle chose; c'est vous que cela regarde. Il a tout dit, à vous la balle, C'est à votre tour. Fig. et fam., Quand la balle me viendra, Quand je serai en position favorable pour agir, pour parler. Fig. et fam., Renvoyer la balle, Se décharger sur quelqu'un d'un soin, d'un embarras, d'une affaire. Il se hâta de renvoyer la balle à son collègue. Ils se renvoient la balle. Il signifie aussi Répliquer avec vivacité. Son adversaire lui a bien renvoyé la balle. C'était un plaisir d'entendre causer ces gens d'esprit; ils se renvoyaient la balle. Prov. et fig., Au bon joueur la balle, ou La balle va au joueur, et absolument, La balle au joueur, se dit quand l'occasion de faire quelque chose se présente à celui qui est le plus capable de s'en bien acquitter. On dit dans le même sens La balle cherche le bon joueur. Fig. et pop., Enfant de la balle, Enfant d'un maître de jeu de Paume et, par extension, Toute personne élevée dans la profession de son père. Cet apprenti est enfant de la balle. Il se dit aussi des Projectiles, ordinairement de plomb, dont on charge les armes à feu portatives, comme fusils, carabines, pistolets. Balle de plomb, d'acier. Balle de fusil, de pistolet. Balle conique. Balle explosive. Un moule à balles. Fusil chargé à balle, à balle forcée. Une balle l'atteignit au front. La balle est restée dans les chairs. Il tomba percé de plusieurs balles. Balle morte, Balle qui n'a plus assez de force pour blesser quelqu'un. Balle perdue, Balle tirée au hasard, sans but précis. Fig. et fam., Ce sont balles perdues, Ce sont des efforts inutiles. Balle de calibre, Celle qui est d'une grosseur correspondante au calibre de l'arme. Balles ramées, Deux ou trois balles de plomb jointes ensemble par un fil d'archal tortillé. On se sert peu de balles ramées.

Littré (1872-1877)

BALLE (ba-l') s. f.
  • 1Petit globe fait de substance élastique, servant à jouer à la paume. Jouer à la balle. Lancer la balle. Les hommes s'occupent à suivre une balle et un lièvre, Pascal, Div. 10.

    Balle au mur, balle en long, balle empoisonnée, noms de divers jeux qui se jouent avec une balle.

    Avoir la balle belle, recevoir une balle qui se présente bien pour être relancée ; et, figurément, avoir une occasion favorable.

    Par extension. La lumière est composée de petites balles qui bondissent sur ce qui est solide, Fontenelle, Mondes, 2e soir.

    Fig. À vous la balle, cela s'adresse à vous, cela vous regarde.

    Se renvoyer la balle, se décharger l'un sur l'autre d'un embarras, et aussi se moquer alternativement de quelqu'un. Le roi ne prit pas son parti [de Chamillart], et le laissa malmener par Bouflers et Harcourt, qui se renvoyaient la balle, Saint-Simon, 232, 99.

    Prendre la balle au bond, profiter d'une occasion favorable.

    Fig. et populairement. Enfant de la balle, enfant d'un maître de jeu de paume, et, par extension, toute personne élevée dans la profession de sa famille. J'étais en quelque sorte enfant de la balle, Rousseau, Conf. IV.

  • 2Petite boule de métal servant à charger une arme à feu. Et d'une main que la balle a meurtrie, [Il] Berce en riant deux petits fils jumeaux, Béranger, Vieux serg. Personne ne réclamera contre la balle qui me percera la poitrine, Chateaubriand, Natch. II, 206.

    Balles ramées, deux ou trois balles de plomb jointes ensemble par un fil d'archal tortillé.

    Ce canon est de huit livres de balle, de douze livres de balle, le boulet de son calibre doit peser huit livres, douze livres.

    Terme de marine. Balle à queue, boulet monté à l'extrémité d'un manche, dont on se sert, après l'avoir préalablement rougi, pour fondre le brai.

    Terme de pêche. Traîner la balle, employer une ligne terminée par une balle ou un boulet.

PROVERBE

Au bon joueur, la balle lui vient, c'est-à-dire un homme habile sait faire tourner en sa faveur les chances fortuites. La balle au bon joueur, Sévigné, 433.

HISTORIQUE

XVIe s. Jouoit à la grosse balle, et la faisoit bondir en l'air autant du pied que du poing, Rabelais, I, 24. Deux cens milliers de poudre, douze mille balles [boulets] et deux mille pionniers, Lanoue, 579. Poltrot disoit à qui le vouloit ouyr, son desir de tuer le Guisard, monstroit des balles fondues exprès, et par là se rendoit ridicule, D'Aubigné, Hist. I, 176. Des basilics [canons] de divers calibres, jusques à 80 livres de balles, D'Aubigné, ib. I, 246. Aiant les reins couppez d'une balle ramée, D'Aubigné, ib. II, 287. La baterie commença donc le lendemain, un coup de laquelle porta une bale artificielle ou autre dans la tour des poudres, qui mit en ruine une partie de la ville, D'Aubigné, ib. III, 523. Bussi commenda au capitaine Bonnet, qui menoit son regiment, de mettre basle en bouche et allumer deux meches, D'Aubigné, ib. II, 183. Une balle ou vessie remplie de vent, Paré, V, 15. Les historiens sont ma droicte balle, ils sont plaisants et aysez, Montaigne, II, 109.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. BALLE.
1Ajoutez : Garder les balles, s'est dit comme garder les manteaux. Et moi, durant ce temps, je garderai les balles ? Corneille, Place Roy. II, 7.
2Ajoutez : Les balles ont été primitivement rondes, comme elles le sont encore dans la plupart des fusils de chasse ; leur forme s'est modifiée, mais elles ont conservé leur nom, malgré l'étymologie. Balle oblongue. Balle évidée.

Terme d'artillerie. Petites sphères en plomb, en fer, ou en fonte qu'on met dans les boîtes à mitraille et dans les obus à balles.

Balle à feu, artifice d'éclairage ; c'est un projectile contenant une composition éclairante.

Balles ramées, deux ou trois balles de plomb jointes ensemble par un fil d'archal tortillé.

3Moulage à la balle, sorte de moulage. Dans le moulage à la balle, on fait pénétrer avec le pouce dans toutes les cavités, aussi également que possible, de petites balles de pâte que l'on juxtapose et que l'on comprime pour les souder ensemble, P. Poiré, Notions de chimie, p. 192, Paris, 1869.
4 Terme de métallurgie. Synonyme de loupe. Les balles ou loupes peuvent être extraites pour être soumises au cinglage, si c'est du fer forgé qu'on se propose de produire, Journ. offic. 12 mai 1873, p. 3064, 2e col.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

BALLE, s. f. se dit en général de tout corps à qui l’on a donné artistement la figure sphérique, ainsi on dit, une balle de paume, une balle de coton, &c.

* Balle, s. f. (Hist. anc. & gymnast.) instrument dont les anciens se servoient dans la danse appellée sphéristique. Voyez Sphéristique.

Les différens jeux de balle produisoient parmi les anciens différens effets relatifs à la conservation de la santé. Les grands mouvemens que ces jeux occasionnent, les rendent utiles lorsque l’exercice est nécessaire, & que les personnes sont en état de le supporter. Ils donnent de la vigueur, & font allonger les fibres musculeuses & nerveuses ; aussi voit-on qu’entre les jeunes gens, ceux qui y sont exercés, sont communément plus grands, plus forts, & plus alertes que les autres. Voyez Exercice, Gymnastique, Jeu.

Balle, dans l’Art milit. comprend toutes sortes de petites boules ou boulets pour les armes à feu, depuis le canon jusqu’au pistolet. Voyez Boulet, Arme à feu, Canon, &c.

Celles qui servent pour les canons sont de fer ; celles des mousquets, carabines, & pistolets, sont de plomb. On a voulu se servir de balles de fer pour ces armes : mais on a reconnu qu’outre leur légereté qui ne permet pas de tirer juste, elles ont encore le défaut de rayer le canon du fusil.

Il faut remarquer que quoiqu’on dise ordinairement un boulet de canon, on dit aussi qu’une piece de batterie porte 36, 33, ou 24 livres de balle. On dit encore charger le canon à balle, pour dire charger à boulet. (Q)

* Les balles dont on charge les petites armes à feu, se fabriquent de la même maniere que les dragées moulées, mais dans des moules plus grands. Voyez l’article Fonte de la dragée au moule. Il y en a de 26 sortes différentes, numerotées selon la quantité ou le nombre qu’il faut pour faire une livre pesant. La sorte la plus grosse est des huit à la livre ; la sorte suivante est de seize à la livre, & chaque balle pese une once. La plus petite, qui approche beaucoup de la dixieme sorte de dragée, est des 120 à la livre. Voyez la Table à l’article cité.

On appelle balles ramées, deux balles attachées ensemble par un fil de fer ; & balle de calibre, celle qui est de même grosseur que le calibre du fusil.

* Comme il importe aux chasseurs qui ont quelquefois occasion de tirer du poisson dans l’eau, de savoir si les balles y souffrent ou non de la réfraction, je vais rapporter quelques expériences que M. Carré, de l’académie royale des Sciences, a fait faire, & qu’on peut voir dans le recueil de cette académie année 1705. On tira un fusil chargé à balle deux coups dans un bassin de pierre plein d’eau, de deux piés & demi de diametre, profond de seize pouces, sous un angle de 20 degrés & sous celui de 80 : mais le grand effort de l’eau contre les parois du bassin où l’on avoit mis les ais, le dérangerent tellement qu’on ne put savoir si les balles souffroient quelque dérangement dans la direction de leur mouvement. Les expériences réitérées dans des bennes pleines d’eau ont été accompagnées du même inconvénient : elles ont été brisées sur le champ, & ce furent les cerceaux d’en-bas que l’eau fit casser.

On seroit tenté de croire que c’étoit la balle qui faisoit briser les vaisseaux en passant à travers les ais, & non le mouvement de l’eau : mais l’expérience qui suit ne laisse aucun doute que ce ne soit la derniere de ces causes. Un coup fut tiré dans une caisse quarrée d’un pié de haut, & de six pouces d’épaisseur, dont les quatre ais qui faisoient la longueur avoient chacun un pouce d’épaisseur, & les deux bouts en avoient chacun deux, afin d’y bien attacher les autres avec force clous : on avoit rempli ce vaisseau par une petite ouverture ; les ais furent percés par la balle sans en être brisés : mais l’eau s’en tourmenta de maniere qu’elle fit écarter ces ais les uns des autres, & que la caisse fut rompue.

Il fallut donc pour obtenir un résultat exact sur la réfraction, recommencer les expériences dans un bassin de pierre : on en prit un dont la longueur intérieure étoit de trois piés trois pouces, la largeur d’un pié huit pouces, & la profondeur d’un pié & un pouce ; on fit placer à son côté le plus éloigné un ais pour recevoir les balles ; un autre ais vertical & pareil à celui-là occupoit le milieu du bassin ; & au-dessus du côté le plus voisin du tireur, un carton : l’arquebuse étoit arrêtée fixe à huit piés du bassin. La balle a percé le carton : mais elle est tombée applatie, à peu près comme une piece de douze sols, entre le carton & le premier ais. Au second coup, la balle s’est divisée en trois morceaux applatis, sans avoir atteint le premier ais. On a tiré deux autres coups avec une forte charge, sans trouver de balles dans le fond du bassin ni contre les ais : ces balles avoient près de quatre lignes de diametre ; elles étoient faites exprès pour l’arquebuse, & ne pouvoient entrer dans le canon qu’en les poussant avec une baguette de fer.

On a mis dans un réservoir de 10 piés en quarré deux ais paralleles entre eux & à l’horison, & à un pié de distance l’un de l’autre : celui de dessus ne faisant qu’un même plan avec la surface de l’eau, on a tiré deux coups sur cet ais, sous un angle de 30 degrés, avec une égale charge de poudre ; le premier avec une arquebuse dont le canon avoit trois piés deux pouces six lignes de long, & la balle trois lignes de diametre ; le second avec un fusil dont le canon avoit trois piés dix pouces trois lignes de long, & la balle sept lignes de diametre : la grosse balle a percé les deux ais, & traversé par conséquent toute l’étendue de l’eau qui étoit entre eux ; au lieu que la petite n’a percé que l’ais supérieur, & s’est arrêtée applatie sur l’ais inférieur : d’où l’on a conclu que le fusil étoit plus propre pour l’expérience de la réfraction que l’arquebuse.

On a attaché au-dessus du bassin de pierre qu’on a décrit plus haut, un fusil sur deux appuis fixes, dont l’un étoit à cinq & l’autre à sept piés de distance du bassin : on l’a assûré & rendu immobile sur ces appuis : il faisoit avec l’horison, ou la surface de l’eau ou du bassin, un angle de vingt degrés ; il étoit chargé du poids de trois deniers vingt grains de poudre, avec une balle de sept lignes de diametre, qui pesoit dix-sept deniers six grains. La balle a percé le carton, le premier ais, & s’est arrêtée dans le second : on a vuidé l’eau, & les centres des trois trous se sont trouvés exactement dans la même direction.

La même expérience réitérée a donné la même chose : en augmentant la charge, on a remarqué que la balle entroit moins ; & chassée par sept deniers six grains de poudre, elle s’est applatie d’un côté, & a peu frappé l’ais du milieu.

Chassée de l’arquebuse avec la même charge, elle s’est divisée en deux parties, chacune inégalement applatie, sans avoir touché l’ais du milieu. Chassée de la même arme avec la moitié de la charge, elle n’a point atteint l’ais du milieu, & n’a perdu que peu de sa sphéricité.

Une balle de sept lignes poussée avec une forte charge dans un réservoir de 40 piés de diametre, profond de six piés, contre un linge parallelement étendu à la surface de l’eau, à deux piés de profondeur, est restée sur ce linge applatie, mais fort inégalement.

La balle de même calibre, chassée de la même arme avec un tiers de poudre de plus, s’est divisée en plusieurs petits morceaux de la grosseur d’une lentille, & diversement figurés.

La balle tirée perpendiculairement à la surface de l’eau, s’est applatie assez régulierement.

Quand on tire dans l’eau, il s’en éleve une quantité plus ou moins grande, & plus ou moins haut, selon la charge : quand la charge est forte, l’eau s’éleve jusqu’à vingt piés.

La balle de sept lignes chassée par quatre deniers de poudre ou environ, entre assez avant dans l’eau sans perdre de sa sphéricité ; chassée par huit deniers de poudre, elle en perd la moitié ; par douze deniers, elle la perd entierement ; & par seize, elle se divise en plusieurs parties.

D’où il s’ensuit 1°. que la commotion communiquée à l’eau par la balle est très-considérable ; en effet si l’on tire sur une riviere, on en sentira le rivage ébranlé sous ses piés : 2°. que plus la charge est forte, moins la balle fait de progrès dans l’eau : 3°. qu’il n’y a point de réfraction sensible : 4°. par conséquent qu’il ne faut tirer dans l’eau, ni au-dessous ni au-dessus de l’objet qu’on veut atteindre : 5°. qu’il ne faut employer qu’une petite charge.

Mais on sait qu’une balle qui passe à-travers un morceau de bois mobile sur des gonds, & fort épais, ne se défigure presque pas, & ne lui communique aucune impulsion ; tandis qu’il est constant par les expériences qui précedent, qu’elle s’applatit sur l’eau, & occasionne une grande commotion à tout le rivage. D’où vient, peut-on demander, la difference de ces phénomenes ? l’eau seroit-elle plus difficile à diviser que le bois ?

Voici comment je pense qu’on pourroit répondre à cette objection : qu’un corps mû ne communique du mouvement, au moins de translation, à un autre, qu’autant que cet autre lui résiste ou s’oppose à son mouvement. Ayez un corps, même mou, rendez-le résistant, & aussi-tôt vous lui communiquerez beaucoup de mouvement, & à tout ce qui l’environnera. Si vous enfoncez doucement un bâton dans l’eau, vous la diviserez sans peine, & presque sans l’agiter ; si vous la frappez avec impétuosité, vous donnez lieu à son élasticité, & en même tems à sa résistance ; vous lui communiquez beaucoup de mouvement, mais vous ne la divisez pas : voilà pour le corps fluide. Quant au corps solide, ce corps solide ne peut résister à la balle qui vient le frapper, que par l’adhésion de ses parties : si l’adhésion de ces parties n’est rien relativement à la vîtesse de la balle qui le vient frapper, il est évident qu’il ne peut être mû d’un mouvement de translation, parce que rien ne résiste à la balle. Qu’on suppose une porte ouverte percée d’un trou couvert d’une toile d’araignée ; si j’applique mon doigt contre les endroits solides de la porte, ces endroits résistant à son impulsion, la porte tournera sur les gonds & se fermera : mais elle restera immobile avec quelque vîtesse que je porte mon doigt contre elle, si je l’applique contre la toile d’araignée : or tout le tissu de la porte devient toile d’araignée, relativement à la vîtesse d’une balle chassée par un fusil ; & l’adhésion des parties n’est pas assez grande pour donner lieu à l’élasticité.

Mais on pourra demander encore pourquoi l’élasticité de l’eau frappée avec vîtesse a plûtôt lieu, quoique ses molécules n’ayent presqu’aucune adhérence entr’elles, que l’élasticité du bois dont les molécules tiennent les unes aux autres très-fortement. Il faut, je croi, recourir ici à la densité, à la constitution particuliere des corps ; & de ces deux causes, la derniere & la principale nous est malheureusement très-peu connue.

Balle à feu, est dans l’Artillerie, un amas d’artifice de figure ronde ou ovale de différentes grosseurs, qui se jette à la main ou avec le mortier.

Maniere la plus usitée pour faire des balles à feu. L’on se sert pour faire des balles à feu d’une livre de salpetre, d’un quarteron de fleur de soufre, deux onces de poussier broyé passé par le tamis de soie, & mêlé avec l’huile de pétrole ou huile de lin ; il faut en faire de petites boules de la grosseur d’une balle, les percer quand elles seront humides, y mettre de la corde d’amorce en travers, les passer quatre à quatre ou deux à deux, & les rouler dans le poussier vif, après quoi cela prend feu.

Autre maniere pour faire les balles à feu, qui peuvent s’exécuter dans les mortiers. Il faut avoir un porte-feu d’un pié & demi ou de deux piés de longueur, suivant la grosseur dont on voudra faire la balle, sur un pouce on un pouce & demi de diametre, lequel sera chargé d’une composition que l’on aura faite avec deux livres de salpetre, une livre de soufre,& demi-livre de poudre ; le tout bien pilé séparément, le passer dans un tamis bien fin, & après mêler le tout ensemble autant qu’il se pourra.

En cas que le feu soit trop lent, on y ajoûtera un peu de poudre pilée ; & s’il brûle trop vîte, on y ajoûtera un peu de salpetre pour le faire durer davantage. Le milieu de la balle sera un petit sac rempli de même composition. Les porte-feux seront passés au-travers de ce sac ; & par-dessus, pour couvrir la balle, on mettra de gros copeaux avec de la filasse, que l’on fera tremper dans un grand chaudron ou chaudiere, dans laquelle on mettra 6 à 7 livres d’huile de lin, & autant d’huile de térébenthine, avec 8 ou 9 livres de goudron ou poix que l’on fera chauffer doucement, & qu’on remuera bien souvent ; & lorsque le tout sera bien lié, l’on fera tremper dans la chaudiere la filasse & les copeaux, que l’on mettra à part pour les faire sécher à demi ; & après on fera tremper aussi de la vieille toile bien grossiere, qui servira pour envelopper la balle. Il faut avoir du soufre pilé sans être passé au tamis, & du salpetre, & en jetter sur la toile, comme aussi sur la filasse & les copeaux à part, pour que le feu soit plus clair. Il faut observer qu’il faut mettre de tems en tems du fil de fer autour de la matiere qu’on mettra dans la boule pour la faire tenir, & ne la pas trop presser, parce que le feu seroit trop lent. Quand la matiere est un peu mouvante, la flamme en est plus grande. Si l’on veut davantage presser le feu, il faut prendre trois livres de poudre pilée, une livre de charbon pilé, mêler le tout ensemble, & après l’étendre sur une table, & faire rouler la balle sur cette matiere lorsqu’elle sera garnie de copeaux & de filasse, & après l’on mettra la toile par-dessus ; ou si l’on ne veut pas se servir de toile pour la derniere enveloppe, l’on peut y faire une petite caisse de bois d’enveloppe léger ; le tout dépend de la conduite de l’officier qui s’en doit servir ; il peut se corriger à la premiere ou seconde balle qu’il fera joüer.

Autre maniere de composition de balles à feu qui se jettent avec le mortier, rapportée dans le Bombardier François de M. Belidor. Pour composer ces sortes de balles il faut 30 livres de poudre, 5 livres de poix blanche ou résine, 10 livres de poix noire, 2 livres de suif de mouton, 2 livres d’étoupes, 4 grenades chargées, 4 cordes pour les montans, grosses environ comme le doigt, longues chacune de 6 piés & demi ; 6 brasses de corde de la grosseur du petit doigt, & de la toile pour un sac de 11 pouces de diametre, sur 22 pouces de hauteur.

Il faut faire fondre la poix dans une chaudiere ou marmite de fer ; & lorsqu’elle sera fondue, y jetter les deux livres de suif de mouton, que l’on aura eu soin de faire bien hacher : le tout bien incorporé ensemble, on le remuera de tems en tems avec la spatule de fer, & l’on en ôtera avec l’écumoire les corps étrangers. On retire cette chaudicre de dessus le feu pour la porter la plus chaude qu’il se peut, auprès d’une autre chaudiere de fer, que l’on aura fait enterrer de façon qu’il y ait un glacis autour d’environ six pouces, pour que la composition que l’on verse doucement dans cette autre chaudiere, ne s’écarte pas. Il faudra échauffer la chaudiere enterrée avec un peu de braise, de façon qu’on la puisse toucher de la main, & la bien nettoyer avec un sac à terre pour qu’il ne reste point de feu. Ensuite on y verse la composition, sur laquelle on répand peu à peu les trente livres de poudre, en faisant remuer toûjours avec deux spatules ou pelles de fer rondes. Cette poudre bien mêlée avec la composition, on y met l’étoupe par petits morceaux, faisant toûjours remuer à force de bras pour qu’elle s’imbibe parfaitement ; après quoi on formera la balle à feu. Pour cela on noue les quatre cordes ensemble dans leur milieu, ce qui forme huit montans ; on pose le culot du sac sur le nœud ; on met dans le fond environ un tiers de la composition, sur laquelle on met encore deux grenades, que l’on couvrira d’un autre tiers de composition. On lie ensuite le sac avec une ficelle par le haut à dix huit pouces ou environ de longueur ; puis on rassemble les huit montans, qu’on lie au-dessus du sac avec une autre ficelle, observant que le sac soit toûjours bien droit & bien à-plomb sur son culot, que les montans soient également distans les uns des autres le long du sac. Ces précautions prises, on cordelle la balle à feu, fermant le culot comme celui d’un panier ; on continue jusqu’à la moitié de la hauteur de la balle, observant de bien tirer les montans à mesure que l’on monte les travers, qui doivent être distans de deux pouces les uns des autres. On lie les montans à demeure avec de la ficelle, & on continue de cordeler jusqu’en haut, serrant les montans également, afin qu’ils restent droits autant qu’il se pourra, & bien partagés.

Cette balle à feu qui doit avoir la forme d’un œuf étant faite, on fait un anneau avec le reste des montans ; on les lie avec de la ficelle pour pouvoir y passer un levier, pour la tremper dans une chaudiere où est pareille composition que celle des tourteaux, pour la goudronner de tous côtés ; après quoi on la met dans de l’eau pour la refroidir : on perce ensuite deux trous auprès de l’anneau avec une cheville de bois d’environ un pouce de diametre & de cinq à six pouces de profondeur, observant que ces deux chevilles puissent se joindre en un point. On a soin de bien graisser les chevilles qui doivent rester dans la balle jusqu’à ce que l’on veuille l’exécuter, afin qu’alors on puisse les retirer aisément. On remplit les trous qu’elles laissent, avec de la composition pareille à celle des fusées de bombe, observant de la battre avec une machine de cuivre ou de bois, crainte d’accident : mais lorsque l’on ne veut pas garder longtems la balle à feu, on charge les fusées de suite au moment qu’elle est froide, de la façon qu’il est dit ; on les coeffe avec de la cire préparée, y mettant à chacune un petit bout de ficelle pour les reconnoître au besoin. La balle à feu s’exécute dans le mortier comme la bombe. Les bombardiers mettent le feu en même tems aux fusées ; & lorsqu’on les voit bien allumées, on met le feu au mortier.

Quand on se sert de balles à feu pour découvrir les travailleurs de l’ennemi, il faut faire ensorte de pointer le canon de maniere qu’elles ne montent point fort haut, de crainte qu’elles ne s’enterrent. Elles servent aussi pour mettre le feu dans les magasins à fourage, de même que dans les maisons ; & en ce cas, on donne au mortier le degré d’élévation nécessaire pour que la balle tombe sur les toîts comme la bombe, & qu’elle les perce. On peut mettre dans la balle à feu avec les grenades, des bouts de canon de fusils, de pistolets remplis de poudre & de balles. Les grenades y sont mises pour écarter ceux qui voudroient l’éteindre.

On peut encore mettre dans la balle à feu une bombe de six pouces au lieu de grenades. On place pour cet effet environ un tiers de composition au fond du sac, sur laquelle on pose un tourteau goudronné, ensuite la bombe la fusée en bas. On peut mettre aussi dans la balle à feu quatre lits de tourteaux & de grenades avec fusées.

Composition de balles à feu qu’on jette avec la main. Il faut prendre six livres de soufre tamisé, autant de poulverin, autant de salpetre, & autant de crystal minéral, une livre & demie de camfre, trois quarterons de vif-argent, une livre & demie de colophane, trois livres d’huile de pétrole, six onces de gomme Arabique, une livre & demie de sel ammoniac, & une demi-pinte d’esprit-de-vin. On fait dissoudre le camfre dans l’esprit-de-vin, la gomme dans un peu d’eau ; après quoi on y met de l’esprit-de-vin, on mêle bien ensemble le soufre, le poulverin, le salpetre, le crystal minéral, & la colophane, humectant de tems en tems cette composition avec le camfre dissous, la gomme & l’huile de pétrole.

Après que tout a été mis en pâte & bien mêlé à force de bras, on en fait des pelotes qui pesent environ quatre livres. On partage le vif-argent en autant de parties égales qu’on a fait de pelotes. On perce chacune de ces pelotes de plusieurs petits trous avec une cheville de bois graissée ; on y met cette partie de vif-argent, puis on resserre les trous ; on enveloppe la pelote avec un peu de filasse & de l’étoupe, & du papier gris que l’on entortille avec du gros fil : on la trempe dans le goudron, ensuite on la couvre d’une grosse toile, que l’on trempe une seconde fois dans le goudron ; après quoi on la trempe dans l’eau ; on y fait un trou avec une cheville de bois graissée qui ne passe pas le centre de la pelote, & on le remplit de la composition des fusées à bombes. On se sert de ces sortes de balles à feu pour éclairer un terrein occupé par l’ennemi. S. Remy. (Q)

Balle luisante, chez les Artificiers ; on appelle ainsi une espece d’artifice semblable aux étoiles, & qui n’en differe que par la composition, la grosseur, & la couleur du feu. Voici la maniere de le faire.

Prenez six onces de soufre, deux onces d’antimoine crud ; de salpetre, de colophane, & de charbon, de chacun quatre onces : ou bien de salpetre, de colophane, de charbon, de chacun deux onces ; & d’antimoine, de soufre & de poix noire, de chacun une once.

Après avoir bien pilé ces matieres, on les fera fondre dans un vaisseau de cuivre ou de terre vernissée, dans lequel on jettera des étoupes de chanvre ou de lin autant qu’il en faudra pour absorber toute la matiere fondue ; pendant qu’elle se refroidira, on en fera des pelotons de la grosseur qu’on voudra, & on les amorcera de pâte de poudre écrasée, dans laquelle on les roulera, ou on les enveloppera de coton d’étoupille : il faut cependant prendre garde de ne pas faire ces balles si grosses qu’elles ne puissent être totalement consommées en retombant du pot d’une fusée volante, crainte qu’elles ne retombent en feu sur les spectateurs, ou sur des maisons où elles pourroient mettre le feu.

Balles d’Imprimerie ; ce sont deux morceaux de bois creusés, surmontés d’un manche aussi de bois, parfaitement ressemblant à un entonnoir. Le creaux de cet instrument se remplit de laine bien nette & bien cardée, laquelle y est maintenue par deux cuirs apprêtés & attachés avec de petits clous tout autour de la bouche de l’entonnoir ; c’est avec ces deux ustenciles que l’on empreint d’encre la forme. Voyez Planche IV. A qui représente les deux balles posées l’une sur l’autre sur les chevilles de la presse.

Balles teigneuses, terme d’Imprimerie. Lorsque les cuirs neufs refusent l’encre, faute de n’avoir pas été assez corroyés, ce qui fait paroître sur les balles des taches noires & blanches, on dit que ces balles sont teigneuses. Pour remédier à ce défaut, l’on est contraint de démonter & corroyer de nouveau les cuirs, de les saupoudrer même de cendre pour imbiber le trop d’humidité dont ils se trouvent surchargés en quelques endroits. Les balles peuvent encore devenir teigneuses si la laine de dedans sort par les bords ; car alors il se forme une espece de duvet, qui se mêle avec l’encre, & introduit sur la forme nombre d’ordures qui emplissent l’œil de la lettre.

Balle, chez les Paumiers ; c’est un corps sphérique fait de chiffons de laine couverts de drap blanc d’environ deux pouces & demi, ou trois pouces au plus de diametre, dont on se sert pour joüer à la paume : il doit être bien rond & bien ficelé. Les statuts des Paumiers ordonnent qu’il soit couvert de drap neuf, & qu’il pese en tout dix-neuf estelins. L’estelin vaut la vingtieme partie d’une once. Pour faire la balle, il faut avoir du chiffon, une masse de bois & l’instrument appellé bilboquet. On prend du chiffon, on en forme un peloton que l’on ficelle, on le bat dans le bilboquet, afin de noyer la corde dans l’étoffe dont il est fait. Quand il a la grosseur convenable, on le revêt de drap blanc : on le finit ensuite sur le bilboquet, où on le remet pour abattre la couture de son vêtement, & la balle est faite. Voyez Paumier, Bilboquet, & la figure de cet instrument dans la Planche du Paumier.

Balle, terme de Commerce ; on appelle ainsi certaine quantité de marchandises enveloppées ou empaquetées dans de la toile avec plusieurs tours de corde bien serrés par-dessus, après les avoir bien garnies de paille pour empêcher qu’elles ne se brisent ou ne se gâtent par l’injure du tems.

On dit une balle d’épicerie, de livres, de papier, de fil, &c. & l’on met sur les balles des marques & numeros, afin que les marchands à qui elles sont envoyées puissent les reconnoître.

Une balle de coton filé est ordinairement de trois ou quatre cents pesant. Une balle de soie crue pese quatre cents. Une balle de grosse toile est de trois, trois & demie ou quatre pieces.

Selon M. Chambers, une balle de laine en Angleterre est la valeur de la charge d’un cheval, & contient deux cents quarante livres de poids.

Vendre des marchandises sous cordes en balles ou en balles sous cordes, c’est les vendre en gros sans échantillon & sans les déballer.

On appelle marchandises de balle certaines quincailleries & autres ouvrages qui viennent de certains pays, particulierement de Forès, & qui sont ordinairement fabriqués par de mauvais ouvriers.

Une balle de dés est un petit paquet en papier, qui contient une ou plusieurs douzaines de dés à joüer.

On nomme porte-balles les petits merciers qui vont par la campagne, & qui portent sur leur dos des balles de menue mercerie. (G)

* Balle, (Œconomie rustiq.) c’est la pellicule qui enveloppe le grain, & que les fléaux, le van & le crible en détachent. Les laboureurs l’appellent menue paille. On la mêle avec l’avoine des chevaux ; on la donne en bûvée aux vaches ; elle peut nourrir toutes sortes de bestiaux ; elle fait mûrir les fruits & les conserve, & l’on en couvre la glace & la neige que l’on réserve pour l’été.

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Étymologie de « balle »

Espagn. bala ; ital. palla ; de l'ancien haut-allem. balla, palla ; allem. moderne, Ball ; angl. ball ; anc. scandinave, böllr. Le mot est celtique aussi : gaélique, ball.

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(Nom 1) (1534)[1] De l’italien balla[1] variante de palla[2] et apparenté au suivant.
(Nom 2) (XIIIe siècle)[1] De l’ancien bas vieux-francique *bala (« ballot »)[3].
(Nom 3) (XIIIe siècle)[1] Du gaulois *balu[1] apparenté à bulga (« sac de cuir »), à l’espagnol bálago d’origine celtibère[4].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « balle »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
balle bal

Fréquence d'apparition du mot « balle » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « balle »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « balle »

  • Le secret pour gagner : une action après l'autre, une balle après l'autre, un match après l'autre, une saison après l'autre.
    Luis Fernandez
  • Je fais du badminton, mais avec une balle en or pour me donner envie de la rattraper !
    Nabilla Benattia — Journal du Dimanche - 15
  • Il faut prendre la balle au bond.
    Proverbe français
  • Un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil.
    Abraham Lincoln — Discours
  • C'est toujours le joueur le plus mauvais qui a la balle.
    Loi de Murphy
  • - Le jour où je serai trop âgée, je me tirerai une balle dans la tempe. - Feu
    Jean Forain — Paris - 1901
  • Il y a un message de justice dans chaque balle que je tire.
    Jorge Rebelo — Poème d'un militant
  • Les caddies sont les enfants de la balle. Ramasser les pourboires est le souci des caddies. Ramasser les balles, le cadet de leurs soucis.
    Albert Willemetz
  • Manager seulement pour le profit revient à jouer au tennis en regardant le tableau des résultats plutôt que la balle.
    Ivan Lendl
  • À chaque coup de balle, prends les confettis du stade, et celles des champions.
    Camille — Allez, allez, allez
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Images d'illustration du mot « balle »

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Traductions du mot « balle »

Langue Traduction
Anglais ball
Espagnol bala
Italien proiettile
Allemand kugel
Portugais bala
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Synonymes de « balle »

Source : synonymes de balle sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot balle au Scrabble ?

Nombre de points du mot balle au scrabble : 7 points

Balle

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