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Accent

Variantes Singulier Pluriel
Masculin accent accents

Définitions de « accent »

Trésor de la Langue Française informatisé

ACCENT, subst. masc.

I.− Terme de ling. ou de gramm. et de mus. servant à désigner différentes caractéristiques d'un système d'expression.
A.− LING., GRAMM.
1. PHON. Augmentation de l'intens. ou élévation de la hauteur de la voix, qui met en relief telle syllabe ou telle articulation d'un mot ou d'un groupe de mots.
a) Accent d'intensité, accent tonique, accent rythmique :
1. La phrase française est composée d'un certain nombre de mots ou de groupes de mots. Chacun de ces mots ou groupes de mots porte sur sa dernière syllabe un accent d'intensité, c'est-à-dire que cette dernière syllabe est dite avec plus de force que les autres. GrammontPrononc.1958, p. 105.
Rem. Le retour plus ou moins rég. de l'accent d'intensité crée le rythme de la phrase fr., d'où l'expr. accent rythmique; l'accent augmente l'intens. du ton, d'où l'expr. accent tonique.
b) Accent d'insistance :
2. ... Il y a parfois dans la phrase française des mots particulièrement importants et d'une certaine dimension, qui, sous l'influence de l'emphase ou de l'émotion, peuvent, à côté de l'accent héréditaire placé sur la finale, en recevoir un autre. Ce nouvel accent d'intensité dit « émotionnel » ou aussi « accent d'insistance » n'est pas moins énergique que l'ancien (...) : il porte d'ordinaire sur la première syllabe du mot qui commence par une consonne, tout en renforçant aussi et en allongeant cette consonne. Bourc.-Bourc.1967, § 9, rem. c, p. 32.
Rem. L'accent d'insistance est appelé, selon les effets qu'on en tire, accent émotionnel, accent intellectuel, accent logique, accent oratoire, etc.
c) Accent de hauteur, accent musical, accent mélodique. Élévation du timbre d'une voyelle ou d'une syllabe au cours de l'émission de la voix :
3. Avant une pause, si le sens est seulement suspendu, le ton s'élève. Si le sens est terminé, le ton s'abaisse, et l'accent musical recule sur l'une des syllabes précédentes (...) Rouss.-Lacl.1927, p. 99.
PRONONC. Manière partic. de placer l'accent, et p. ext., ensemble des traits de prononc. qui s'écartent de la prononc. considérée comme normale et révèlent l'appartenance d'une pers. à un pays, une province, un mil. déterminés :
4. Avec un accent traînard de Parisien il se vante de ses conquêtes. E. Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 50.
5. Les ordres furent transmis aux garçons dans un français dont les hésitations ou l'accent trahissaient tantôt le russe, tantôt l'anglais, tantôt l'allemand, tantôt le hongrois et tantôt un idiome inconnu. L.-P. Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 59.
Syntagmes fréq. : accent allemand, anglais, espagnol...; - berrichon, provençal...; - faubourien, léger -, fort -; - du Midi; avoir un -; parler le français sans -.
2. ORTH. Signe graph. placé au-dessus des éléments vocaliques de base de la transcription.
a) Soit pour en préciser la prononc. (ton en gr., hauteur et quantité en lat., timbre ouvert ou fermé et parfois quantité en fr., etc.). Accent aigu*, accent grave*, accent circonflexe*; voir aussi apex :
6. En grec, en italien, etc., la connaissance des accents (...) est extrêmement importante. Ac.1835.
b) Soit pour marquer des oppos. de sens (différenciation de mots distincts qui sans l'accent auraient la même transcription : a / à, ou / où, du / ), la disparition de certaines lettres autrefois prononcées : âne, < asne, âme < anme, etc.
Rem. Au sens strict, accent ne désigne que les 3 signes fondamentaux communs aux fonctions a et b : aigu, grave, circonflexe; au sens large, il désigne aussi le tréma qui relève de la déf. et de la fonction a.
B.− MUSIQUE
1. Augmentation de l'intens. sonore sur un temps.
2. Accents musicaux. Signes d'accentuation, comme le point*, la virgule*, le petit soufflet* droit, le petit soufflet* couché, etc. (cf. Rougnon 1935).
II.− Gén. au plur. Traits par lesquels se distinguent et se reconnaissent ou un genre (en particulier musical), une œuvre, un passage déterminés, ou leur présentation par une personne ou un instrument déterminés.
A.− [En parlant d'un genre ou d'une œuvre] :
7. ... On entendait de loin en loin quelques accents d'une chanson populaire, et, il faut l'avouer, un peu ignoble, que chantait l'un des reclus. Stendhal, Le Rouge et le noir,t. 1, 1830, p. 139.
8. Que quelquefois encore, sous le ciel d'automne, dans ces derniers beaux jours que les brumes remplissent d'incertitude, assis près de l'eau qui emporte la feuille jaunie, j'entends les accens simples et profonds d'une mélodie primitive. E. de Senancour, Obermann,t. 1, 1840, p. 65.
9. Toi, de même, ne fais pas attention à la manière bizarre dont je chante chacune de ces strophes. Mais, sois persuadé que les accents fondamentaux de la poésie n'en conservent pas moins leur intrinsèque droit sur mon intelligence. Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 286.
10. Un chant étouffé et joyeux se fait entendre dans l'air; on perçoit des échos d'orgue, de luth, d'harmonica, ou bien des voix prononçant des paroles sibyllines. Tout est animé, vivant, sonore, tous les objets parlent et chantent, l'univers s'exprime dans une langue infiniment douce, à laquelle répondent parfois des accents lugubres, glas de la nature, chanson des trépassés, sourdes menaces. A. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 170.
Autres syntagmes : accents frémissants, harmonieux, mélodieux; doux -, longs -, premiers -; - de la chanson, de la Marseillaise, - de la poésie. Synon. air, mélodie, sons.
B.− [En parlant d'un artiste présentant une œuvre] Accents de l'aède, accents du prophète :
11. Entendre cette réponse commencée par la plus déchirante ironie, et terminée par les accents les plus mélodieux dont une femme se soit servie pour peindre l'amour dans son ingénuité, n'était-ce pas aller en un moment du martyre au ciel? H. de Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 279.
C.− Au sing., rare. [En parlant d'un instrument] L'accent du clairon, de la cloche... :
12. Des mots sonnaient avec un accent de clairon : « Patrie, devoir, honneur ». M. Arland, L'Ordre,1929, p. 373.
III.− P. ext. et au fig. dans la lang. cour.
A.− Inflexion particulière de la voix traduisant et permettant de reconnaître comme authentique une émotion, un sentiment :
13. C'est qu'il y avoit dans ces voix champêtres un accent irrésistible de vérité et de conviction. F.-R. de Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 2, 1803, p. 295.
14. J'ai dit que c'était le hasard. Et le procureur a noté avec un accent mauvais : « Ce sera tout pour le moment ». A. Camus, L'Étranger,1942, p. 1186.
15. Je plaide! Vous avez trouvé ce mot. Toutes les fois que je dis quelque chose avec accent et émotion, quelque chose qui me vient du cœur ou des entrailles, pour vous, je plaide! H. de Montherlant, Fils de personne,1943, III, 3, p. 319.
Syntagmes fréq. :
1. Accent + adj., exprimant une émot., un sent. :accent déchirant, sincère, passionné, plaintif, vrai, douloureux, ému, pathétique, désespéré, irrité, ironique...;
2. accent + de + subst., marquant une émot., un sent. :accent de conviction, de vérité, de sincérité, de colère, de désespoir, de détresse, de pitié, de triomphe, de franchise, de passion, de terreur, de tristesse, de joie, de regret, etc.;
3. verbe déclaratif + avec, de + accent :dire qqc. avec un accent de sincérité, répondre avec un accent douloureux, s'écrier avec un accent de colère, prononcer des paroles d'un accent ému...
B.− Ce qui donne ou a du relief; spécificité, originalité :
16. Je me désole à penser que, plus tard, ma mémoire affaiblie ne saura plus me présenter ma sensation d'aujourd'hui, pourtant si vive, et que celle-ci, perdant toute netteté de contour, tout accent, ne m'apparaîtra plus que pareille à ces médailles dont s'est effacée l'effigie... A. Gide, Journal,Feuillets, 1911, p. 344.
17. Cet instant du jour a pris un accent et une espèce de couleur déterminée qui l'empêchent de fournir un champ d'action à celle de mes pensées que je me tenais prêt à développer. J. Bousquet, Traduit du silence,1935-1936, p. 188.
Loc. Mettre l'accent sur, faire porter l'accent sur... Mettre en relief, faire ressortir, insister sur tel aspect partic. :
18. Je ne puis penser Dieu sans le penser comme recours absolu; et par là je mets l'accent sur cette relation personnelle entre Dieu et moi... G. Marcel, Journal métaphysique,1920, p. 255.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aksɑ ̃]. Enq. : /aksã/. 2. Dér. et composés : accentuable, accentuation, accentuel, accentuer. − Rem. Ac. 1798 écrit encore au plur. les accens, avec ens; Ac. 1835 : les accents.
Étymol. ET HIST. − a) Ca 1220 ling. « intensité donnée à une syllabe relativement aux autres », 1220 emploi métaph. (G. de Coincy, Mir. S. Vierge, éd. Poquet, col. 571, 667 : Si courte chandèle et si briève Que ne porroit pas estre longue Ne par aucent ne par ditongue); 1267-1268 « élévation de la voix sur une syllabe (accent de hauteur) » sens propre (Brunet Latin, Li Livres dou Tresor, 364, éd. Chabaille ds T.-L. : que chascune letre ait son son et chascuns moz son accent et soit entre haut et bas); b) 1549 « signe qui figure l'accent » (R. Estienne, Dict. François-lat. : Accent, Accentus, Tenor. Accent acut, ou eslevé, Accentus acutus. Accent graue, ou bas, Accentus grauis. Accens circunflex, Accentus circunflexus); c) 1559 « inflexions de la voix traduisant les sentiments ou les pensées » (Amyot, Lyc., Œuvres de Plutarque, 4, Paris, 1783-1805 ds Littré : Ses propos estoient belles chansons estans les paroles accompagnées de chants, de gestes et d'accents pleins de douceur et de gravité); d) 1680 « inflexion de voix particulière (à une nation ou aux habitants d'une région) » (Rich. : Accent, s. m. Certaine inflexion de voix [Avoir bon ou mauvais accent]). Empr. au lat. accentus, attest. dep. Quintilien au sens a « accent de hauteur » (Institutio Oratoria, l. 1, ch. 5, § 22 ds TLL s.v., 280, 52 : adhuc, difficilior observatio est per tenores... vel accentus quas graeci π ρ ο σ ω δ ι ́ α ς vocant), l'accent lat. étant devenu seulement vers le ves. d'intensité (Pompeius, Gram. Lat., V, p. 126, 31 et suiv. ds Niedermann, Phon. hist. lat., p. 11 : illa syllaba plus sonat in toto verbo, quae accentum habet); cf. lat. médiév., ca 1276 « accent de hauteur » (Conradus Murensis, Summa de arte prosandi, 6, 6i, p. 443, 25 et suiv. ds Mittellat. W. s.v., 79, 3 : prima distinctio seu pausa... acuto accentu pronunciari debet..., secunda... gravi accentu); au sens c (dér. de a) dep. le iies. (C. Fronto, Epistul. p. 158, 17 N ds TLL s.v., 281, 6 : isti autem tam oratores quam poetae consimile faciunt atque citharoedi solent, unam aliquam vocalem litteram de Henone [?] vel de Aedone multis et variis accentibus [iter]are). Forme aucent (ci-dessus), voir absent (ausent).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 3 714. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 5 322, b) 5 342; xxes. : a) 4 445, b) 5 717.
BBG. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Comte-Pern. 1963. − Dagn. 1965. − Dem. 1802. − Giraud 1956. − Gramm. t. 1 1789. − Lacr. 1963. − Marcel 1938. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Morier 1961. − Nysten 1814-20. − Piéron 1963. − Ritter (E.). Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 339. − Rougnon 1935. − Springh. 1962. − Thomas 1956. − Vachek 1960.

Wiktionnaire

Nom commun - français

accent \ak.sɑ̃\ masculin

  1. (Grammaire) Élévation de la voix sur une syllabe, dans un mot, modification de la voix dans la durée ou dans le ton des syllabes et des mots.
    • Mettre l’accent sur un mot que l’on veut faire valoir.
    • Accent grammatical ou prosodique : celui dont la grammaire, dont la prosodie fixe les règles.
    • C'est donc dire qu'en italien, la position de l'accent est distinctive. On parlera alors d'accent libre, puisque sa position varie d'un mot à l'autre, par rapport à un accent fixe. Comme en français. — (Anne-Marie Beaudouin-Bégin, La langue affranchie, se raccommoder avec l’évolution linguistique, Québec, Éditions Somme toute, 2017, page 35)
  2. (Linguistique) Lorsqu’il s’agit seulement de l’élévation de la voix sur une des syllabes du mot, on le nomme « accent tonique ».
    • En grec, en italien, etc., la connaissance des accents (de l’accent) est extrêmement importante.
    • Déplacer l’accent.
  3. Intonation qui convient à l’expression des divers sentiments.
    • « Madame, prononça-t-elle avec un accent d’adorable dignité, vous êtes la mère du roi qui représente la justice. J’en appelle à vous de la contrainte qui m’est faite. » — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • Et elle me bombarde, d’une voix mauvaise, avec un accent crapuleux, d’une bordée d’injures grasses. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 159)
    • Les accents de la passion.
    • Des accents plaintifs.
    • L’accent de la nature, de la sincérité.
    • (et, par extension, il peut s’appliquer aux divers genres littéraires) L’accent oratoire.
  4. (Phonétique) Inflexions de voix ou de prononciations particulières à une nation ou aux habitants de certaines provinces.
    • Mordi, Monsieur, dit-il avec cet horrible accent de la montagne qui ferait au premier mot reconnaître un Piémontais entre cent étrangers, ne sommes-nous pas ici près du Louvre ? — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre IV)
    • Leur aspect eût suffi à les différencier des autres habitants du village ; mais dès qu’ils parlaient le fossé semblait s’élargir encore et les paroles qui sortaient de leur bouche sonnaient comme des mots d’une langue étrangère. Ils n’avaient pas la lenteur de diction canadienne, ni cet accent indéfinissable qui n’est pas l’accent d’une quelconque province française, mais seulement un accent paysan, en quoi les parlers différents des émigrants d’autrefois se sont confondus. Ils employaient des expressions et des tournures de phrases que l’on n’entend point au pays de Québec, même dans les villes, et qui aux hommes simples assemblés là paraissaient recherchées et pleines de raffinement. — (Louis Hémon, Maria Chapdelaine, J.-A. LeFebvre, Montréal, 1916)
    • Il parlait couramment anglais, mais avec un fort accent tudesque, qu’on remarquait spécialement dans la prononciation des lettres v et b ; il adoucissait ses th jusqu’à faire entendre le son dz très doux, et il articulait le nom supposé de Bert avec un bruit de détonation : Pouteraidge. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 153 de l’édition de 1921)
    • Il chante d’un air enivré, lampe son verre, me remercie et s’aperçoit, à un certain accent dont je n’arrive pas à me débarrasser, que nous ne sommes pas de la même race. — (Xavier de Hauteclocque, La tragédie brune, Nouvelle Revue Critique, 1934, page 82)
    • Il me poussa devant lui et, d’un coup de pied, me jeta à terre. « Tu ne vois pas qu’il est groggy, dit l’autre avec un accent de France : fous-lui la paix ! » — (Henri Alleg, La Question, 1957)
    • Il était resté fièrement Catalan, et sa langue roulait les r comme un ruisseau roule des graviers.
      Je l'imitais, pour faire rire mon frère Paul. Nous pensions en effet que l'accent provençal était le seul accent français véritable, puisque c'était celui de notre père, examinateur au certificat d'études, et que les
      r de l'oncle Jules n'étaient que le signe extérieur d'une infirmité cachée. — (Marcel Pagnol, La gloire de mon père, 1957, collection Le Livre de Poche, page 71)
    • Oui, j'ai gardé l'accent
      qu'on attrape en naissant
      du côté de Marseille.
      C'est l'accent du clocher,
      la Noël des bergers
      dans la nuit des merveilles.
      C'est l'orgueil provençal,
      la gloire de Mistral,
      C'est l'accent de Mireille !
      — (Gaston Bonheur, extrait des paroles de la chanson J'ai gardé l'accent, 1968)
    • La fille aux grosses joues tenait par la main un petit roux dont l'accent était celui des Français d'Algérie. — (Patrick Modiano, Une jeunesse, Gallimard, collection Folio, 1981, page 128)
  5. (Musique) Courte augmentation de l’intensité sonore.
    • On entendait vers Noisseville des hourras et des accents lointains d’une musique allemande. — (Paul et Victor Margueritte, Le Désastre, p.168, 86e éd., Plon-Nourrit & Cie)
    • Tous les hommes, […], écoutaient nonchalamment, sans y prêter grande attention, un mauvais phonographe, aux accents métalliques. Du pavillon sonore sortaient des paroles qui serrèrent le cœur de Bert d’une angoisse nostalgique […]. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 385 de l’édition de 1921)
  6. (Typographie) Signe spécial qui se met sur une syllabe, soit pour faire connaître la prononciation de la voyelle, soit pour distinguer le sens d’un mot d’avec celui d’un autre mot qui s’écrit de même.
    • Plus on supprimera d’accents circonflexes, plus on retirera de grâce zéphyrienne à notre langue. — (Bernard Pivot, La Mémoire n’en fait qu’à sa tête, 2017)
  7. (Figuré) Élément qui donne une impression, une ambiance.
    • Le drame qui se joue actuellement a des accents faustiens. — (Cécile Boutelet, Werner Baumann, Monsanto à tout prix, Le Monde. Mis en ligne le 23 avril 2019)
    • Même si on ne partage pas l’optimisme de l’économiste américain Jeremy Rifkin, qui annonce la troisième révolution industrielle avec des accents de devin, on constate néanmoins que les compagnies pétrolières ne sont plus à la fête, malgré leurs plantureux profits. — (Jean-Michel Bezat, « Dans un monde en pleine transition énergétique, les pétroliers sont prudents et les investisseurs réticents », Le Monde. Mis en ligne le 17 octobre 2019)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ACCENT. n. m.
T. de Grammaire. Élévation de la voix sur une syllabe, dans un mot, Modification de la voix dans la durée ou dans le ton des syllabes et des mots. Mettre l'accent sur un mot que l'on veut faire valoir. Accent grammatical ou prosodique, Celui dont la grammaire, dont la prosodie fixe les règles. Lorsqu'il s'agit seulement de l'élévation de la voix sur une des syllabes du mot, on le nomme Accent tonique. Il se dit d'une manière plus générale de l'Intonation qui convient à l'expression des divers sentiments. Les accents de la passion. Des accents plaintifs. L'accent de la nature, de la sincérité. Et par suite il peut s'appliquer aux divers genres littéraires. L'accent oratoire. Il se dit absolument de l'Accent tonique et des Syllabes mêmes sur lesquelles porte cet accent. En grec, en italien, etc., la connaissance des accents, de l'accent est extrêmement importante. Déplacer l'accent. Il se dit aussi des Inflexions de voix particulières à une nation, aux habitants de certaines provinces. Accent national. Accent anglais, italien. Accent gascon. Accent normand, provençal. On connaît à son accent de quelle province il est. En ce sens il s'emploie quelquefois absolument. Il a de l'accent. Il a perdu, il a conservé son accent.

ACCENT se dit aussi d'un Signe spécial qui se met sur une syllabe, soit pour faire connaître la prononciation de la voyelle, soit pour distinguer le sens d'un mot d'avec celui d'un autre mot qui s'écrit de même. Nous avons en français trois accents : l'accent aigu ( ' ), l'accent grave ( ` ) et l'accent circonflexe ( ^ ), On met l'accent aigu sur un é, pour marquer que c'est un é fermé, et qu'il doit être prononcé comme dans ces mots, Santé, charité. On met l'accent grave sur un è ouvert, comme dans Procès, succès; on le met aussi sur à, préposition, pour le distinguer de a, troisième personne du singulier du présent de l'indicatif du verbe Avoir; on le met également sur là, adverbe, pour le distinguer de la, article, et sur où, adverbe, pour le distinguer de ou, conjonction. On met un accent circonflexe sur les voyelles longues où il indique ordinairement la suppression d'une voyelle ou d'une consonne qui figuraient anciennement, comme dans Âge, rôle (Aage, roole); Âne, fête, tête, gîte, côte (Asne, feste, teste, giste, coste).

Littré (1872-1877)

ACCENT (a-ksan ; ne prononcez pas a-san comme font les méridionaux) s. m.
  • 1 Terme de grammaire. Élévation de la voix sur une syllabe dans un mot, c'est-à-dire intensité donnée à une syllabe relativement aux autres : cela s'appelle accent tonique.
  • 2Inflexions particulières à une nation, aux habitants de certaines provinces. Accent anglais, italien. Accent gascon. On connaît à son accent de quelle province il est. L'air de cour est contagieux ; il se prend à Versailles, comme l'accent normand à Rouen ou à Falaise, La Bruyère, 8. L'accent du pays où l'on est né demeure dans l'esprit et dans le cœur, comme dans le langage, La Rochefoucauld, Réflex. 342.
  • 3 Absolument. Prononciation des personnes de province par rapport au parler de la capitale. Pour bien parler il ne faut pas avoir d'accent ; cette phrase veut dire qu'il faut donner l'accent consacré par le bon usage parmi ceux qui parlent bien. Il a perdu, conservé son accent.
  • 4Accent oratoire ou pathétique, inflexion de la voix par rapport aux sentiments ou aux pensées. Je trouve qu'il prend toujours l'accent le plus convenable à son sujet. Il avait dans les morceaux pathétiques un accent de tristesse. J. J. Rousseau a fait confusion entre l'accent oratoire et l'accent proprement dit, en écrivant : Se piquer de n'avoir point d'accent, c'est se piquer d'ôter aux phrases leur énergie, Ém. I.
  • 5Langage, chant, dans le style élevé et la poésie. Les accents de la passion, de la colère. De tristes accents. J'entends vos divins accents. Écoute les accents de sa mourante voix, Corneille, Médée, V, 8. Ce sont les accents de la nature qui causent ce plaisir : c'est la plus douce de toutes les voix, Montesquieu, Esprit, XXVI, 4. Ces accents de la mort sont la voix de Ninus, Voltaire, Sém. I, 3. Son aspect, ses accents Ont fait trembler mon bras, ont fait frémir mes sens, Voltaire, Oreste, IV, 5. Aux accents de l'airain sonnant, les homicides…, Chénier M. J. Ch. IX, V, 2. … des clairons les belliqueux accents Pour la première fois font tressaillir mes sens, Delavigne, Paria, I, 1. Enfin sa bouche flétrie Ose prendre un noble accent, Béranger, Judas.
  • 6Petite marque qui se met sur une syllabe, soit pour en indiquer la prononciation, soit pour la caractériser grammaticalement.

REMARQUE

La grammaire française a trois espèces d'accents : l'accent aigu, l'accent grave, l'accent circonflexe.

1. L'accent aigu se met sur tous les é fermés qui terminent la syllabe, ou qui sont seulement suivis d'un s, signe du pluriel : bonté, vérité, assemblée, les procédés, les prés émaillés. Mais on écrira sans accent l'e fermé de nez, de berger, parce qu'ici ce n'est point l'e qui termine la syllabe.

2. L'accent grave se met sur tous les è ouverts qui terminent la syllabe : pèle, règle, prophète, il mène ; ou qui sont suivis d'un s qui achève le mot : procès, succès, décès, après. Exceptions : ces, les, mes, tes, ses… j'appelle, terre, coquette. En effet, dans ces trois derniers mots, le redoublement de la consonne donne à la voyelle un son ouvert et rend inutile l'accent grave. Il faut remarquer que l'è est toujours ouvert lorsqu'il termine la syllabe et qu'il est suivi d'une consonne et d'un e muet : il espère, il pèse, modèle. Sont exceptées les phrases interrogatives : aimé-je, dussé-je, veillé-je, etc. où l'e est fermé comme dans bonté. On a excepté aussi, du moins pour l'écriture, sacrilége, sortilége, collége, qu'on écrit par un accent aigu ; mais la prononciation usuelle met un accent grave et dit comme s'il y avait sacrilège, sortilège, collège. C'est un cas où l'Académie devrait intervenir. Dans plusieurs mots l'accent grave ne sert que de distinction grammaticale : à préposition et il a ; des article partitif et dès préposition ; adverbe de lieu et ou conjonction ; adverbe de lieu et la article féminin.

3. L'accent circonflexe s'emploie : 1° lorsque la voyelle est longue, et surtout lorsqu'il y a suppression de lettre, comme dans les mots âge, bâiller, tête, épître, côte ; 2° sur l'avant-dernier e de quelques mots en ême, comme extrême, blême ; 3° sur l'i des verbes en aître, en oître, dans tous les temps où i est suivi de t : naître, paraître, accroître, il naît, il paraîtra, nous accroîtrons ; 4° sur o qui précède les finales le, me, ne, comme dans pôle, rôle, dôme, fantôme, trône. On en fait également usage à la première et à la deuxième personne du pluriel du prétérit défini de l'indicatif, et à la troisième personne du singulier de l'imparfait du subjonctif : nous aimâmes, vous aimâtes, vous reçûtes, qu'il fût, qu'il eût, qu'il aimât, qu'il reçût. Dans cet emploi l'accent circonflexe indique la suppression d'une lettre ou la longueur de la voyelle comme dans lâche, apôtre ; tantôt il indique seulement la longueur de la syllabe, sans suppression de lettre, comme dans pôle, trône ; tantôt enfin il indique seulement la suppression d'une lettre sans que la voyelle soit allongée, comme dans hôpital, où l'o n'est pas long. Dans certains cas, l'accent circonflexe ne sert non plus que de distinction grammaticale : du, article composé pour de le, et , participe passé du verbe devoir, anciennement deu ; tu, pronom personnel, et , participe passé du verbe taire, anciennement teu ; sur, préposition, et sûr, adjectif, anciennement seur. Ces accents, qui servent de signes dans l'écriture, sont très différents dans le grec et dans le français, qui pourtant les a pris du grec. Les accents aigu, grave et circonflexe, dans le grec, servent uniquement à noter la syllabe qui a l'accent tonique, et désignent des nuances de cette intonation. En français, l'accent tantôt dénote la prononciation de quelques voyelles, tantôt indique la suppression d'une lettre, tantôt est employé à distinguer l'un de l'autre deux mots qui, ayant des acceptions très différentes, s'écrivent, sauf cet accent, de même.

Il y a, comme on voit, quatre sortes d'accents qu'il ne faut pas confondre, et que l'on confond souvent : 1° l'accent tonique, qui est l'élévation de la voix sur une syllabe d'un mot : dans donne, l'accent tonique est sur la pénultième ; dans amour, il est sur la dernière. Dans la langue française l'accent tonique n'occupe jamais que l'une de ces deux places. Dans le latin, l'accent tonique est en général sur la pénultième syllabe, si cette syllabe est longue, et sur l'antépénultième, si la pénultième est brève. C'est l'accent latin qui a déterminé la forme des mots français d'origine. La syllabe qui avait l'accent en latin l'a conservé en français : présbȳter, prêtre, frágīlis, frêle, ánīma, âme. Le français, quoi qu'on en ait dit, a un accent très marqué : l'accent, en chaque mot, se trouve sur la dernière syllabe, si elle n'est pas terminée par un e muet, et sur l'avant-dernière, si la dernière est terminée par un e muet Dans le parler, les mots non accentués s'appuient sur les mots accentués et ne font qu'un avec eux ; ainsi dans ce vers tout monosyllabique de Racine : Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur ; il y a cinq accents, un sur jour, un sur pas, un sur pur, un sur fond et un cinquième sur cœur, de sorte que pour l'oreille il n'y a vraiment que cinq mots. Le vers français, comme le vers italien, anglais ou allemand, est fondé sur l'accent aussi bien que sur le nombre des syllabes. Dans le vers alexandrin, il faut deux accents : l'un à la sixième syllabe, et l'autre à la douzième ; dans les vers de dix syllabes, il en faut deux aussi : l'un à la quatrième et l'autre à la dixième syllabe. 2° L'accent provincial, qui est l'intonation propre à chaque province et différente de l'intonation du bon parler de Paris, prise pour règle. 3° L'accent oratoire, qui est l'inflexion donnée aux mots conformément aux affections de l'âme de celui qui parle ou qui lit. 4° L'accent, signe grammatical servant dans l'orthographe à différents usages.

HISTORIQUE

XVIe s. Ses propos estoient belles chansons, estans les paroles accompagnées de chants, de gestes et d'accents pleins de douceur et de gravité, Amyot, Lyc. 4.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ACCENT. - HIST. XVIe s. Ajoutez : L'accent ou ton en prononciation est une loi ou regle certaine pour elever ou abaisser la prononciation d'une chacune syllabe, Meigret, dans LIVET, la Gramm. franç. p. 104.

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Étymologie de « accent »

Provenç. accent ; espagn. acento ; ital. accento ; d'accentus, de ad, à, et cantus, chant (voy. CHANT).

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(1265)[3] Apparaît la première fois dans Li livres dou tresor, de Brunetto Latini[3]. Du latin accentus (« intonation, son, ton »)[3][4]. Le Grand Robert le fait venir de l’ancien français aucent (1220) sans préciser le sens d’aucent[1], qui signifie « conte, récit » selon Godefroy[2]. Le mot décrit à l’origine les intonations de voix dans la parole puis les sons d’un instrument[4]. Il désigne les signes graphiques dès (1549)[1], puis les inflexions de la voix en (1559)[1] et enfin les différentes prononciations d’un lieu en (1680)[1].
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Phonétique du mot « accent »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
accent aksɑ̃

Fréquence d'apparition du mot « accent » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « accent »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « accent »

  • Dieu donne à la franchise, à la fidélité, à la droiture un accent qui ne peut être ni contrefait, ni méconnu.
    Joseph de Maistre — Du pape
  • La mer a partout la même vois grondeuse, grave, solennelle. Nos rivières chantent, murmurent, babillent, et elles ont toutes un accent différent.
    Alexandre Pothey — La Muette
  • Les scientifiques, dans une démocratie, doivent influencer les décideurs en mettant l'accent sur la gravité de certains problèmes.
    Trinh Xuan Thuan — Entretiens avec Colette Mesnage
  • Le contentement se lit dans les yeux, dans le maintien, dans l'accent, dans la démarche, et semble se communiquer à celui qui l'aperçoit.
    Jean-Jacques Rousseau — Rêveries du Promeneur solitaire
  • Rien n'intrigue davantage d'un certain langage, et l'accent qu'on met dedans.
    Victor-Lévy Beaulieu — L'Héritage
  • Tenez dans la vie un seul monologue mais mettez l'accent sur un mot sans cesse différent.
    Stanislaw Jerzy Lec — Nouvelles pensées échevelées
  • L'accent du pays où l'on est né demeure dans l'esprit et dans le cœur, comme dans le langage.
    François, duc de La Rochefoucauld — Maximes
  • L'infini n'a pas d'accent.
    Anonyme — Slogan - Mai 1968
  • L'innocence prend toujours l'accent violent de la candeur.
    Régis Tremblay — Le Voyeur fidèle
  • La tournure et la démarche ont autant d'accent que la parole.
    Madame de Girardin — Lettres parisiennes
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Traductions du mot « accent »

Langue Traduction
Anglais focus
Espagnol hincapié
Italien accento
Allemand schwerpunkt
Portugais sotaque
Source : Google Translate API

Synonymes de « accent »

Source : synonymes de accent sur lebonsynonyme.fr

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Accent

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