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Abruti
Sommaire
- Définitions de « abruti »
- Étymologie de « abruti »
- Phonétique de « abruti »
- Fréquence d'apparition du mot « abruti » dans le journal Le Monde
- Citations contenant le mot « abruti »
- Traductions du mot « abruti »
- Synonymes de « abruti »
- Antonymes de « abruti »
- Combien de points fait le mot abruti au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | abruti | abrutis |
Féminin | abrutie | abruties |
Définitions de « abruti »
Trésor de la Langue Française informatisé
ABRUTI, IE, part. passé, adj. et subst.
I.− [En parlant d'une pers.; la cause de l'abrutissement est indiquée par un compl. ou par le cont.; emploi princ. part.] Dont les qualités typiquement humaines (physiques, morales et surtout intellectuelles) ont été gravement diminuées :
1. Ce n'étoit plus ces enfants de Brutus, qui maudissoient le grand Pompée pour avoir fait combattre de paisibles éléphants! C'étoient des hommes abrutis par la servitude, aveuglés par l'idolâtrie, et chez qui toute humanité s'étoit éteinte avec le sentiment de la liberté.
F.-R. de Chateaubriand, Les Martyrs ou Le Triomphe de la religion chrétienne,t. 3, 1810, p. 243.
2. ... il se sentait si troublé que, s'il avait essayé de se lever il serait tombé sur place assurément.
Il demeurait immobile, abruti d'étonnement et de souffrance, d'une souffrance naïve et profonde.
G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Petit soldat, 1885, p. 192.
3. ... il [Parent] se sentait étourdi, abruti, fou, comme s'il venait de choir sur la tête.
G. de Maupassant, Monsieur Parent,1885, p. 11.
4. Mais elles ... venaient à nous du fond du café maure, lentement, la tête haute, abruties par l'étourdissant et continuel frappement des tambours funèbres ...
F. Jammes, Le Roman du lièvre,1903, p. 282.
5. Une aristocratie gâteuse, abrutie par les clubs, prostituée aux Américains et aux Juifs, qui, pour prouver son modernisme, s'amuse du rôle insultant qu'on lui prête dans les romans et les pièces à la mode, et fait fête aux insulteurs.
R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 765.
6. Il avale d'un coup le remède sans qu'abrutie de chaleur, Thérèse ait songé à l'avertir qu'il a doublé sa dose habituelle.
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux,1927, p. 238.
7. ... Honoré s'arrêta et l'on fit cercle autour de lui. Il tira la lettre un peu froissée d'être restée trois jours dans sa poche, la déploya sous les yeux du vétérinaire abruti de respect.
M. Aymé, La Jument verte,1933, p. 303.
8. Quand dix hommes vous assomment, la chair abrutie ne réagit plus. On n'est plus que matière.
M. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 93.
9. Tous ces êtres semblaient avoir été pris tellement à l'improviste par les événements, qu'ils se sentaient surtout désaxés, abrutis; effrayés peut-être, sous leur hâblerie; mais résignés, ou bien près de l'être.
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 508.
10. ... cet aspect de bagnards abrutis par la trique et la terreur, qu'ils n'ont pas pu prendre en quelques jours de captivité, qu'ils cachaient sous leurs airs bien cirés.
E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 417.
Rem. a) Les causes de l'abrutissement peuvent être : le bruit (ex. 4), la chaleur excessive (ex. 6), des sévices corporels (ex. 10); une émot. ou un sent. ressentis trop violemment, y compris le respect (ex. 7) ou l'étonnement (ex. 2). On trouve l'adj. abruti en série avec des synon. tels que aveuglé (ex. 1), désaxé (ex. 9) ou même gâteux (ex. 5) et étourdi ou fou (ex. 3). b) L'emploi du mot matière (ex. 8) pour résumer tous les aspects de l'abrutissement atteste que l'image de la bête brute n'est plus spontanément sentie.
II.− Fam. Superlatif de stupide.
Stylistique − Désignant une altération brutale, ou une dégénérescence plus lente de l'esprit, les termes de la fam. abrutir sont fortement dépréc. Cette nuance est particulièrement sensible dans l'emploi du part. passé substantivé abruti, dont la vitalité est très grande dans la lang. parlée comme terme d'injure, dans des expr. souvent exclam. (cf. abruti ex. 16, ainsi que dans des emplois du type ,,espèce d'abruti!``, ,,en voilà un abruti!`` etc.). Parfois, l'apparition de ce terme est liée à l'évocation douloureuse de l'altération qu'il suggère (cf. abruti ex. 2, 4, 6, 8, 10). D'autres fois il est empl. par exagér. ou de façon plaisante (cf. abruti ex. 12). Abruti est attesté dans des dict. d'arg. (cf. H. France 1907, p. 2, qui explique d'une part l'orig. de l'expr. anc. abruti de Chaillot (cf. ex. 15) et qui signale également que le mot désigne dans l'arg. des écoles « un élève assidu qui s'abrutit dans l'étude »). On ne sera pas étonné que les poètes se permettent des écarts plus ou moins poussés par rapport aux usages cour. :
17. Je travaille presque nuit et jour, je vogue en pleine poésie, je suis abruti par l'azur; de là mon silence, cher poète, mais je vous aime.
V. Hugo, Correspondance, 1855, p. 205.
18. ... quelque chose comme un oiseau remue un peu à son ventre serein comme un monceau de tripe! Autour, dort un fouillis de meubles abrutis dans des haillons de crasse et sur de sales ventres; des escabeaux, crapauds étranges, sont blottis aux coins noirs : des buffets ont des gueules de chantres...
A. Rimbaud, Poésies, Accroupissements, 1871, p. 93.
A.− Emploi adj. [En parlant d'une pers. ou de l'aspect notamment du visage d'une pers.] :
11. ... il paraît que le vent tourne à la bêtise générale. Avec ça je deviens aussi de jour en jour plus stupide et plus abruti.
G. Flaubert, Correspondance,1842, p. 12.
12. ... vous savez que je suis un grand-père vrai, c'est-à-dire abruti et imbécile d'adoration pour ces chers petits êtres qui commencent quand nous finissons.
V. Hugo, Correspondance,1873, p. 344.
13. Moi, j'étais transportée, et quelquefois je lui disais : « Voyons Rimbaud, dites, tout de même, vous ne trouvez pas cela beau; » Mais lui ne me disait rien et il me regardait de son œil abruti.
P. Claudel, Partage de midi,version pour la scène, I. 1949, p. 1069.
Rem. Dans l'ex. 12 abruti et imbécile sont hyperboliques et mélioratifs. Le mot est habituellement péj., et s'associe fréquemment à stupide (ex. 11).
B.− Emploi subst. Personne tout à fait stupide :
14. ... discours grossiers, communs, remplis de clichés, mais toujours pleins d'à-propos, de convenance avec l'intelligence des abrutis auxquels il parle, discours du bon enfant de Paul de Koch devenu homme d'État.
E. et J. de Goncourt, Journal,août 1864, p. 67.
15. Chaillot (ahuri, abruti de). Celui qu'un rien étonne, sorte d'idiot.
L. Rigaud, Dictionnaire du jargon parisien,L'Argot ancien et moderne, 1878, p. 76.
16. ... − abruti! C'est malin ce que tu as inventé là! de faire endosser ton chèque par un maladroit qui n'a même pas de passeport et que je vais devoir tenir à l'œil.
A. Gide, Les Caves du vatican,1914, p. 807.
Rem. En constr. exclam. (ex. 16), abruti est, suiv. le ton ou le cont., plus ou moins fortement injurieux; précédé de espèce de, l'injure devient vulg.
Prononc. : [abʀyti]. Enq. : /abʀyti/.
Étymol. ET HIST. − Part. passé de abrutir, adjectivé et substantivé dep. Besch.; l'emploi subst. est considéré comme fam. (cf. H. France 1907, s.v. : abruti, élève assidu qui s'abrutit dans l'étude; arg. des écoles) ou injurieux.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 424. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 249, b) 698; xxes. : a) 897, b) 676.
Wiktionnaire
Adjectif - ancien français
abruti \Prononciation ?\ masculin
- Variante de abroti.
Nom commun - français
abruti \a.bʁy.ti\ masculin (pour une femme, on dit : abrutie)
-
(Familier) Personne complètement stupide.
- C'était probablement vrai ce que disaient les prompteurs, que nous étions des abrutis, autrement dit, des bébêtes ou des babaches, toujours disposés à gober n'importe quoi. — (José Herbert, Les chiens de Pavlov: Une vision déjantée de la société, chez l'auteur, 2016)
- Y’a pas de mal à se moquer des abrutis. Ils sont là pour ça, non ? — (Francis Veber, Le Dîner de cons, 1998, réplique dite par Thierry Lhermitte)
-
Robotnik est un génie
Le Hérisson est un abruti. — (Les Aventures de Sonic, épisode 11 (1993–1996)) -
Tous les quarts d’heure,
Un paon siffleur
Nous traite de péquenots, de vendus, d’abrutis,
De vieux débris
Et j’en oublie. — (Les Frères Jacques, chanson « La gavotte des bâtons blancs »)
Adjectif - français
abruti \a.bʁy.ti\
-
Physiquement, moralement ou intellectuellement diminué par le bruit, la chaleur, la fatigue, etc.
- Ils étaient là au milieu des malades, vieux hors d’âge, jeunes enfants pleurant dans les bras de leur mère, femmes à l’air hagard, abruties de douleur, jeunes hommes mal rasés au teint de cire. — (Gabriel Privat, De vie, de mort, d’amour, éd. Artège Jeunesse, 2016)
- À force de concentration, Beryl parvient à écarter l’idée qu’il l’a effectivement approchée, qu’il a pu la toucher tandis qu’elle était couchée, abrutie par les drogues qu’il a recommencé à mettre dans ses rations. — (Elie Darco, Inséparables, éd. Magnard Jeunesse, 2017)
- […], en sorte que lui, Chaunes, avait-il dit, doublement rattaché à Velles, du côté de son père où ne se voyait qu’une cohorte innombrable d’immuables paysans abrutis de travail et davantage encore probablement que les bêtes de somme qui tiraient devant eux depuis toujours les mêmes charrues dans les mêmes champs, […]. — (Jean-Paul Goux, La commémoration, Éditions Actes Sud, 2017)
-
(Familier) Bête ; stupide ; inconscient.
- Louis XVI n’était pas précisément tel qu’on s’était attaché à le peindre pour l’avilir : ce n’était ni l’imbécile abruti qu’on exposait au mépris du peuple, ni l’honnête homme bon et sensible que préconisaient ses amis. — (« Notices historiques sur la Révolution », dans Mémoires de Mme Roland, éditées par J. Ravenel, vol.1, Paris : chez Auguste Durand, 1840, p. 286)
- Cet homme, sans chaperon et sans veste, au regard abruti, à la barbe et aux sourcils tachetés de plâtre, c’était son père! — (Saintine, Une maitresse de Louis XIII, Paris : Librairie de L. Hachette & Cie, 1858, p. 78)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
ABRUTIR. v. tr.
Rendre stupide comme une bête brute. Le vin pris avec excès abrutit les hommes, abrutit l'esprit.
S'ABRUTIR signifie Devenir stupide comme une bête brute. Cet homme s'abrutit. Familièrement, On l'a abruti de travail. Le participe passé s'emploie aussi comme nom : Un abruti.
Rendre stupide comme une bête brute. Le vin pris avec excès abrutit les hommes, abrutit l'esprit.
S'ABRUTIR signifie Devenir stupide comme une bête brute. Cet homme s'abrutit. Familièrement, On l'a abruti de travail. Le participe passé s'emploie aussi comme nom : Un abruti.
Littré (1872-1877)
ABRUTI (a-bru-ti, tie) part. passé.
- Homme abruti. Nations abruties par l'ignorance et la misère. Enfant abruti par les mauvais traitements.
Claude était comme abruti
, Diderot, Essai sur Cl.Eh ! le peuple romain, dès longtemps abruti, De sa grandeur première a perdu la mémoire
, Legouvé, Ep. et Néron, I, 3.Le genre humain abruti ne pouvait plus s'élever aux choses intellectuelles
, Bossuet, Hist. II, 166.
Étymologie de « abruti »
- (1845) Participé passé de abrutir.
Phonétique du mot « abruti »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
abruti | abryti |
Fréquence d'apparition du mot « abruti » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Citations contenant le mot « abruti »
-
L'abruti est peu recherché mais par contre très répandu. On en trouve un peu partout sur les cinq continents qui évoluent librement parmi des gens qui se trouvent intelligents.
Pierre Perret -
Rien de plus tragique que l'état d'âme de celui qui sait par-dessus tout qu'il n'y a rien de plus abrutissant que de se prendre au sérieux...
Jean-Marie Poupart — Que le diable emporte le titre -
Nous savions que la publicité ciblait les imbéciles. Je découvre que ça marche aussi auprès des abrutis profonds.
Philippe Geluck — Le docteur G. fait le point -
La condition d'un peuple abruti est pire que celle d'un peuple brute.
Denis Diderot — Lettre sur le commerce de la librairie -
La télévision rend intelligent les gens qui n’ont pas accès à la culture et abrutit ceux qui se croient cultivés.
Umberto Eco -
La presse est une école d'abrutissement parce qu'elle dispense de penser.
Gustave Flaubert — Correspondance -
L'abrutissement est l'état le plus proche de l'innocence.
Rosa Montero — Le Territoire des Barbares -
Si, en effet, Internet a beaucoup à offrir à qui sait ce qu’il cherche, le même Internet est tout aussi capable de compléter l’abrutissement de ceux et celles qui y naviguent sans boussole.
Laurent Laplante — Ignorant par abus d’information -
Tous les abrutis devraient avoir écrit sur leur carte de visite qu’ils sont des abrutis. Comme ça, on saurait à qui l’on s’adresse.
Paulo Coelho — Le Zahir -
Chaque livre d'histoire en se fermant fait le même bruit : "abrutis".
Louis Scutenaire — Mes inscriptions IV
Traductions du mot « abruti »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | jackass |
Espagnol | tonto |
Italien | stupido |
Allemand | narr |
Portugais | estúpido |
Synonymes de « abruti »
Source : synonymes de abruti sur lebonsynonyme.frAntonymes de « abruti »
Combien de points fait le mot abruti au Scrabble ?
Nombre de points du mot abruti au scrabble : 8 points