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Troubler

Définitions de « troubler »

Trésor de la Langue Française informatisé

TROUBLER, verbe trans.

I. − [Le compl. désigne un milieu physique]
A. − [Le compl. désigne un liquide]
1. Rendre trouble, altérer la limpidité, la transparence. Troubler l'eau d'un étang; troubler une solution. Lorsque la solution devient trop alcaline (...) il se produit une boue d'un jaune verdâtre qui trouble le bain [de nickelage] (Fontaine, Électrolyse, 1885, p. 63).À cette faculté de changer constamment de couleur (...) le poulpe joint celle de pouvoir troubler l'eau autour de lui lorsqu'il est attaqué par un ennemi (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 429).Empl. pronom. Ce vin est sujet à se troubler (Ac.1935).Quoiqu'elles [les eaux de l'océan] paraissent limpides sur ses rivages, elles se troublent, dans les grandes tempêtes (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 232).Tous [les ballons] sont placés côte à côte dans un lieu où l'air est calme. Après un ou deux jours, les ballons non bouillis se troublent, mais les ballons bouillis restent limpides (J. Rostand, Genèse vie, 1943, p. 112).
2. Agiter, créer un mouvement qui perturbe. Un bassin immense!... Et quelle eau!... Une eau noire, dormante, si parfaitement plane que nulle ride, nulle bulle d'air, n'en troublait la surface (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 39).
B. − [Le compl. désigne un corps transparent] Altérer la transparence par des salissures. Il cessa également de l'emmener au théâtre (...) ses sauts sur la banquette (...) sa manière de troubler la lorgnette en la tripotant (...) l'horripilèrent (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 216).Empl. pronom., littér. L'orchestre est las, les valses meurent, Les flambeaux pâles ont décru, Les miroirs se troublent et pleurent; Les ténèbres seules demeurent, Tous les couples ont disparu (Sully Prudh., Solitudes, 1869, p. 16).
C. − [Le compl. désigne l'œil] Modifier la couleur, l'éclat. Il hésita une seconde, ses lèvres s'agitaient, une lueur jaune troublait ses yeux.Et, je veux que tu me dises, qu'est-ce qu'il t'a fait? (Zola, Bête hum., 1890, p. 20).Son reflet [d'un buvard de cuir], frappant le visage d'Alice, troublait le gris verdissant de ses yeux (Colette, Duo, 1934, p. 8).Empl. pronom. Elle ne montrait son inquiétude que par (...) ses yeux ridés qui se troublaient, quand elle avait fini de lui sourire (R. Bazin, Blé, 1907, p. 50).
D. − [Le compl. désigne un élément naturel, climatique]
1. Altérer la clarté, la luminosité. Troubler l'atmosphère. Le jour tombait peu à peu. Le crépuscule déjà troublait les lointains (Giono, Chant monde, 1934, p. 205).Empl. pronom., vieilli. Devenir gris, nuageux. Le temps, le ciel se trouble. (Dict. xixeet xxes.).
2. Agiter, créer du mouvement. Quelques souffles espacés de vent troublaient seuls l'atmosphère. Ils gagnaient d'arbre en arbre en secouant les feuilles (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 108).
E. − [Le compl. désigne une couleur] La modifier, la rendre moins nette. [Le blanc d'argent] se plie mal à certains mélanges et trouble certaines couleurs (Moreau-Vauthier, Peint., 1913, p. 185).
II. − [Corresp. à trouble2II] Apporter le trouble.
A. − [Le compl. désigne un milieu ou un état social]
1. Susciter des troubles, de l'agitation; altérer l'ordre, dans un groupe organisé. Troubler un État, l'Europe. J'ai été précipité (...) du haut de ma petite fortune. Les événements financiers qui troublent la place de Paris et la mèneront on ne sait où m'ont contraint de m'arrêter (Balzac, Corresp., 1828, p. 336).Cette guerre religieuse troublait et divisait le pays en faisant renaître le délit d'opinion et en créant une catégorie de suspects (Bainville, Hist. fr., t. 2, 1924, p. 249).Part. passé en empl. adj. Qui est marqué par des troubles. Un gouvernement provisoire fait procéder à l'élection au suffrage universel d'une Assemblée Constituante qui, au milieu d'une période troublée (crise des ateliers nationaux, journées de juin) élabore la Constitution du 4 novembre 1848 (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 80).
En partic. Perturber les rapports qui existent entre les membres d'une même famille. Troubler (la paix d')un ménage. Si l'on me donne injustement le tort d'avoir brouillé un jeune ménage, de troubler l'union d'une famille, et de prendre à la fois le père et le gendre, je mériterai ma réputation en les tracassant à ma façon! (Balzac, Cous. Bette, 1847, p. 242).
2. Perturber, compromettre l'état stable, ordonné, d'un groupe social. Troubler l'ordre établi, public, social; troubler la paix sociale, la paix du monde. Le nombre des mendiants augmentait de semaine en semaine (...). Le commissaire de police vint demander poliment s'il n'était pas possible de faire cesser, sur la voie publique, ces rassemblements qui troublaient l'ordre du quartier (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 215).
3. Déranger, interrompre le déroulement normal d'une activité sociale. Troubler un entretien, une conversation, une assemblée, une conférence, une fête, une représentation théâtrale, des festivités. Aucune circulation profane ou mercantile ne devant troubler les cérémonies religieuses, la ville restait interdite, durant ces heures pieuses, aux diligences, aux voitures maraîchères (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 326).Le maire (...) réussit à dire:Nous n'avancerons à rien, si vous troublez la réunion par des discussions locales (Hamp, Champagne, 1909, p. 127).
B. − [Le compl. désigne un état ambiant]
1. Altérer le calme, l'équilibre, l'harmonie. Troubler la sérénité, la majesté d'un lieu; troubler l'ordre de la nature. De pimpantes villas, entre leurs haies taillées (...) témoignent que rien encore n'est venu troubler la quiétude de ce coin encore immunisé, au centre de l'Europe en feu (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 707).Ses yeux s'ouvrirent enfin sur les espaces de la nuit. Aucun souffle, aucun bruit, sinon, parfois, le crépitement étouffé des pierres que le froid réduisait en sable, ne venait troubler la solitude et le silence qui entouraient Janine (Camus, Exil et Roy., 1957, p. 1572).
2. Faire cesser un état stable. Les plus beaux jours d'été sont parfois brusquement troublés par un effroyable orage (Maupass., Dr H. Gloss, 1893, p. 136).Écoutant malgré elle le son de ses pas qui troublait le silence des rues désertes, Florentine fuyait sa terreur (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 321).
III. − [Le compl. désigne une pers., ses facultés]
A. − [Sur le plan physiol.]
1. Déranger une fonction, perturber le fonctionnement normal d'un organe. Écrit une longue note médicale: comment, la tête et la matrice activant les nerfs, ceux-ci troublent la digestion (Michelet, Journal, 1849, p. 3).Tout de suite, Boutan s'occupa de l'enfant, qui allait beaucoup mieux des jambes; mais l'estomac restait troublé, la moindre infraction au régime amenait des complications fâcheuses (Zola, Fécondité, 1899, p. 290).
[Le compl. désigne la vue] Perturber, diminuer l'acuité. Bien des fois mon pied faillit glisser, le vertige troublait ma vue, et j'allais être précipité malgré ma sourde résistance (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 174).La fatigue d'une nuit d'insomnie, me troublait le regard (Camus, Étranger, 1942, p. 1134).Empl. pronom. Synon. se brouiller.Elle ne déjeuna pas: la migraine la faisait trop souffrir (...). Sa vue se troublait; les objets s'éloignaient d'elle; il lui semblait glisser vers un trou (Arland, Ordre, 1929, p. 312).
2. Déranger, perturber le fonctionnement normal des facultés mentales. Troubler la cervelle, la tête; troubler l'attention, la mémoire, la pensée, le jugement. Je lui offris du champagne, et j'en bus, ce qui me troubla les idées (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Divorce, 1888, p. 1100).Le fait de l'avoir trouvée, elle, chez cet homme de mon sang qui me haïssait, suffisait à troubler ma raison (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 94).Empl. pronom. Ce devoir qui s'accomplissait si cruellement était donc arbitraire. (...) Ma raison se troublait et s'égarait devant une pareille situation (Lamart., Nouv. Confid., 1851, p. 219).Elle perdait la mémoire, brouillait les époques (...). Son esprit se troublait (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 192).
[Le compl. désigne le sommeil] Perturber, interrompre. Cauchemar qui trouble le sommeil. Quelques jours plus tard, comme je dormais, ma mère vint m'appeler au milieu de la nuit. (...)Pardonne-moi de venir troubler ton sommeil, me dit-elle (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 335).Je me sens responsable, un peu, de l'argent que vous avez perdu (...). Je ne sais pas si c'est ça qu'on appelle des remords, mais ça commence à me troubler le sommeil (Gide, Faux-monn., 1925, p. 963).
B. − [Sur le plan intellectuel, moral ou affectif]
1. Rendre perplexe, embarrasser. Synon. inquiéter.Ce détail, cette affaire, cette histoire, cette remarque me trouble. L'abbé ne répondit pas tout de suite. La question était de celles qui pouvaient le troubler. Ne se l'était-il pas, malgré lui, posée bien des fois à lui-même? Lui non plus n'imaginait pas facilement le Christ mêlé à la conduite de cette affaire-là [la guerre] (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 266).Empl. pronom. Les finesses de l'Astrée en arrivent à de singulières perversions du sens moral, et personne sans doute ne se troublait de voir l'amoureux sympathique, pour obtenir celle qu'il aime, livrer en pâture sa jeune sœur à un vieillard libidineux (Brasillach, Corneille, 1938, p. 123).
2.
a) Faire naître un état émotif qui altère, perturbe le calme intérieur d'une personne. Regard, lettre, spectacle, souvenir qui trouble; troubler l'âme, le cœur. Je ne veux noter ici que l'émotion de retrouver vivant ce livre de Barbusse [L'Enfer] que je croyais mort, et qui, adolescent, m'avait troublé et même bouleversé (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes, 1958, p. 77):
La première fois que j'entendis cette cantate [32 de Bach], vers 1926, elle me troubla si profondément que j'entrevis la nécessité de changer ma vie entière, mais il fallait que je reste dans le monde. Impossible de dire le rôle que Bach aura joué dans ma vie; c'est lui surtout qui m'a réconcilié à l'idée de mourir. Green, Journal, 1953, p. 204.
Empl. pronom. [Le Père Eudes] a le droit et le devoir de lui parler comme à une chrétienne qui va mourir. Elle n'est pas femme à se troubler pour si peu (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 597).
En partic.
Faire naître une émotion amoureuse, un désir charnel. Synon. séduire.Troubler le cœur, les sens. Ta mère... comme elle était belle! (...) La nudité de son cou, de ses bras et de ses mains me troublait (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 42).Absol. Il sortait de la beauté de cette femme quelque chose d'attractif qui faisait venir à elle; (...) toute sa personne troublait; de suite on se sentait disposé à l'adorer (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 101).
Troubler la conscience de qqn. Y faire naître des inquiétudes morales ou religieuses. Qui de nous peut se croire sans tache? (...) - Si vous avez... dans votre passé... de ces... ces fautes qui troublent notre conscience... ne semblent pas... mériter de pardon (...) le pouvoir m'est donné de vous en absoudre (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1520).Part. passé en empl. adj. Le Père Nicolle, à peine paru, il n'en avait pas fallu davantage pour qu'il enlevât tout un troupeau de consciences troublées, ou seulement capricieuses, peut-être zélées, à des guides peu soucieux qu'on les supplantât (Toulet, J. fille verte, 1918, p. 81).
b) Faire naître en quelqu'un un état émotif, violent qui lui fait perdre ses moyens, son assurance. Synon. démonter, désarçonner, impressionner, intimider.Ce matin-là, tout semblait fait pour le troubler et lui faire perdre la maîtrise de son langage. (...) son désir de liquider l'affaire à tout prix et au plus vite (...) lui faisait trembler les doigts (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 168).On l'avait confronté avec ledit Thévenin seulement pour l'éprouver, vérifier qu'on pouvait le troubler, l'embarrasser, qu'il perdait tout sang-froid (Guéhenno, Jean-Jacques, 1952, p. 260).Empl. pronom. Se troubler facilement. L'orateur lui-même se troubla, commit un lapsus, se reprit, et son intonation hésita, se désunit (Arnoux, Algorithme, 1948, p. 49).
3. Perturber, interrompre le déroulement harmonieux d'un état psychique. Troubler la sérénité, la rêverie, le bonheur de qqn; troubler la paix de l'âme, de la conscience. Nous ne pouvons cependant tolérer ces folies, dit Madame Gérard. Tu affectes envers nous une conduite inouïe. Tu veux nous inquiéter à plaisir, troubler notre tranquillité. Tu n'es sensible à aucune de nos bontés pour toi (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 175).Le jeune homme que je savais qu'elle aimait (...) la trompe (...) et vit avec une autre femme...Pourquoi ne m'as-tu pas parlé plus tôt?lui ai-je demandé.Je craignais de troubler ta joie (Gide, École femmes, 1929, p. 1271).
4. Déranger quelqu'un dans ses occupations, interrompre le cours de ses activités. Synon. gêner, incommoder, perturber.Je comprends ton sentiment, Laurent; mais il ne faut jamais venir ici me troubler dans mon travail, sauf, bien entendu, pour la lettre du Havre (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 141).Le murmure d'une conversation dans la pièce voisine finit par le troubler et il releva la tête avec impatience. Peut-être en se bouchant les oreilles retrouverait-il le silence (Green, Moïra, 1950, p. 52).
C. − DR. CIVIL. Inquiéter une personne dans l'exercice d'un droit. Il a été troublé dans la possession de cette terre, dans la jouissance de sa propriété (Ac. 1835-1935). Si, au contraire, le locataire ou le fermier ont été troublés dans leur jouissance par suite d'une action concernant la propriété du fonds, ils ont droit à une diminution proportionnée sur le prix du bail à loyer ou à ferme, pourvu que le trouble et l'empêchement aient été dénoncés au propriétaire (Code civil, 1804, art. 1726, p. 315).
Prononc. et Orth.: [tʀuble], (il) trouble [tʀubl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « rendre trouble (en parlant des yeux) » (Roland, éd. J. Bédier, 1991); 1119 « obscurcir le ciel » (Philippe de Thaon, Comput, 1896 ds T.-L.); ca 1180 « altérer la clarté, la transparence de l'eau » (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, 2, 11); 2. ca 1155 « faire de l'opposition en provoquant de l'agitation » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 2335); 1160-74 trobler la paiz (Id., Rou, éd. A. J. Holden, III, 5099); 1230 « causer des brouilles dans une famille, un groupe » (Gaidon, 299 ds T.-L.); 1866 troubler l'ordre (public) (Veuillot, Odeurs de Paris, p. 179); 3. xiiies. troubler la joie (de qqn) (Isopet de Lyon, 3426 ds T.- L.); 1671 troubler le sommeil (Boileau, Lutrin, IV ds LittrÉ); 4. 1160-74 « interrompre ou gêner le cours normal de quelque chose » (Wace, Rou, III, 7309); 1641 « interrompre une personne qui parle » (Corneille, Cinna, V, 1); 5. 1409 « inquiéter une personne dans l'exercice d'un droit » (Grands jours de Troyes, A. N. X1a, 9187-88, fo159 vods Gdf. Compl.). B. 1. 1174-76 « priver de lucidité, rendre confus l'esprit, le jugement » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2632); 2. 1530 « déranger quelqu'un, le distraire de ses activités » (Palsgr., p. 763); 3. 1549 « faire perdre son assurance à quelqu'un » (Est.); 4. 1667 « mettre dans le trouble en suscitant une émotion amoureuse » (Racine, Andromaque, I, 1); 1852 troubler les sens (Gautier, Émaux, p. 34); 5. 1668 « rendre perplexe » (Molière, Tartuffe, V, 1). C. Verbe pronom. 1. ca 1220 « devenir trouble (en parlant de l'eau) » (Lai Ombre, 898 ds T.-L.); 2. xives. « éprouver un trouble, une émotion » (La pénitence d'Adam, Ms. cap. 10 ds Du Cange, s.v. parturitio); 1669 « être décontenancé, perdre son sang-froid » (Racine, Britannicus, II, 3). Mot issu après métathèse du r, du lat. pop. turbulare « troubler », dér. de *turbulus « trouble, troublé » (v. trouble1). Fréq. abs. littér.: 3 613. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 720, b) 5 445; xxes.: a) 5 725, b) 4 122.
DÉR.
Troubleur, subst. masc.Celui qui trouble, perturbe, dérange. Synon. perturbateur.Le Sergent: Cet homme m'est suspect. Amis, emmenez-le. Jacquemin: Que l'on m'emmène! et où cela? Le Sergent: Où l'on mène les coureurs de nuit et les troubleurs de sommeil (Dumas père, Tour St-Jacques, 1856, II, 3etabl., 15, p. 245). [tʀublœ:ʀ]. 1resattest. 1261 trobleurs de la paix « qui fomentent des désordres civils » (Serment des bourg. et de l'Univers. de Paris, doc. histor., II, 68 ds Gdf. Compl.), 1671 « importun » (Pomey); de troubler, suff. -eur2*.
BBG.Schuchardt (H.). Rom. Etymologien. II. Sitzungsberichte der Philosophisch-Historischen Classe der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. 1899, n. 3, p. 177, 181. - Thomas (A.). Nouv. Essai 1904, p. 338.

Wiktionnaire

Verbe - français

troubler \tʁu.ble\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se troubler)

  1. Rendre trouble.
    • Les pluies ont troublé la rivière.
    • Si vous remuez ce vin, vous le troublerez.
    • Troubler l’eau.
    • Ce vin est sujet à se troubler.
  2. Perdre de sa netteté, de sa clarté.
    • Le soleil pâlit au milieu de son cours, et l'azur du ciel, traversé de bandes verdâtres, semble se décomposer dans une lumière louche et troublée. — (François-René de Chateaubriand, Les Martyrs, livre dix-neuvième, volume 2, éd. Le Normant, 1809, p. 239)
  3. Causer une agitation désordonnée.
    • La tempête trouble l’atmosphère.
  4. (En particulier) Perturber une fonction physiologique.
    • Les rêves affreux qui troublent son sommeil.
    • Cela trouble la digestion, les fonctions digestives.
  5. (Figuré) Perturber les sens, la raison et les facultés de l’âme.
    • Troubler le jugement, l’esprit, la mémoire.
    • La peur lui trouble la raison.
    • Le vin lui avait troublé la tête, la cervelle.
  6. (En particulier) Émouvoir.
    • Quant aux « désespoir du peintre », la finesse des petites taches rouges sur le blanc des pétales m'attirait sans que jamais j'aie pu savoir pourquoi leur irréalité me troublait autant. — (Jeannine Burny, Le jour s'en va toujours trop tôt: sur les pas de Maurice Carême, page 13, éditions Racine, 2007)
  7. (En particulier) S’égarer, en parlant de l'esprit.
    • Son esprit se trouble, ses idées se confondent, et il éprouve une sorte d’égarement.
  8. Ôter sa présence d’esprit à quelqu’un.
    • Ne faites pas tant de bruit, vous me troublez.
    • Trop de sévérité de la part du juge peut troubler un prévenu, un accusé.
  9. Inquiéter une personne dans la possession, dans la jouissance de quelque bien.
    • Il a été troublé dans la possession de cette terre, dans la jouissance de sa propriété.
  10. Interrompre d’une manière désagréable.
    • Et puis le silence , ce grand silence qui plane au-dessus des solitudes islandaises , et que trouble seul le sifflement du vent ou le cri des pluviers dorés. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 81)
    • Invisible et sans rien troubler de ma présence, comme un Zeus vêtu d'air aux âges d'innocence, que ne puis-je « inspecter » le grand travail des champs ! — (Paul Fort, Le livre des visions : Vivre en Dieu, éd. 1941, p.23)
    • On peut même couper avec des ciseaux les deux antennes d'un Zygène sans troubler son repas, bien qu'une goutte de sang jaune vienne perler sur la surface de section. — (Paul Portier, La biologie des lépidoptères, Editions P. Lechevalier, 1949, note 1 page 445)
    • Il troubla leur tête-à-tête. — Un accident troubla la fête.
  11. Apporter du trouble, du désordre ; causer de la mésintelligence ; perturber.
    • Ernestine passa trois années chez son maître, sans que rien troublât la paisible uniformité de sa vie. — (Marie-Jeanne Riccoboni, Histoire d’Ernestine, 1762, édition Œuvres complètes de Mme Riccoboni, tome I, Foucault, 1818)
    • L'administration romaine était extrêmement dure pour tout homme qui lui semblait susceptible de troubler la tranquillité publique. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.VI, La moralité de la violence, 1908, p.260)
    • De Bilma, par câble, nous apprenons que la situation se trouble là-bas. Les Toubbou menacent nos positions du Tibesti. — (Louis Alibert, Méhariste, 1917-1918, Éditions Delmas, 1944, page 20)
  12. (Pronominal) Éprouver une émotion, un trouble qui fait qu’on s’embarrasse, qu’on ne sait plus que dire, que faire.
    • Non, François ne se troublait pas. Cette jouvencelle aux yeux de paille mûre, cette blondeur capiteuse de la chevelure, cet arôme violent d'un corps en plein épanouissement, le remarquait-il ? — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 33)
    • L’orateur s’est troublé au milieu de son discours et n’a pu continuer.
    • L’accusé s’est troublé dans son interrogatoire.
    • Il s’est troublé et n’a pu répondre.
  13. (Pronominal) Perdre de sa netteté, de sa précision, en parlant d'un sens ou de la mémoire
    • Sa mémoire se trouble.
    • Mes yeux se troublent.
    • L’ouïe se trouble lorsqu’on injecte de l’air dans l’oreille.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TROUBLER. v. tr.
Rendre trouble. Les pluies ont troublé la rivière. Si vous remuez ce vin, vous le troublerez. Troubler l'eau. Ce vin est sujet à se troubler. Ma vue, mes yeux se troublent, Ma vue s'obscurcit.

TROUBLER signifie aussi Causer une agitation désordonnée. La tempête trouble l'atmosphère. Les rêves affreux qui troublent son sommeil. Cela trouble la digestion, les fonctions digestives, Cela empêche que la digestion ne se fasse bien.

TROUBLER se dit figurément, en parlant des Sens et des facultés de l'âme. Troubler les sens. Troubler le jugement, l'esprit, la mémoire. La peur lui trouble la raison. Le vin lui avait troublé la tête, la cervelle. Son esprit se trouble, Ses idées se confondent, il éprouve une sorte d'égarement. Troubler quelqu'un, Lui ôter sa présence d'esprit. Ne faites pas tant de bruit, vous me troublez. Trop de sévérité de la part du juge peut troubler un prévenu, un accusé.

TROUBLER signifie encore Inquiéter une personne dans la possession, dans la jouissance de quelque bien. Il a été troublé dans la possession de cette terre, dans la jouissance de sa propriété. Il signifie aussi Interrompre d'une manière désagréable. Troubler un entretien. Troubler la conversation. Il troubla leur tête-à-tête. Un accident troubla la fête. Il signifie également Apporter du trouble, du désordre; causer de la mésintelligence. Troubler l'ordre. Troubler le repos public, la paix publique. Troubler l'État. Nous étions en paix, il est venu nous troubler.

SE TROUBLER signifie Éprouver une émotion, un trouble qui fait qu'on s'embarrasse, qu'on ne sait plus que dire, que faire. L'orateur s'est troublé au milieu de son discours et n'a pu continuer. L'accusé s'est troublé dans son interrogatoire. Il s'est troublé et n'a pu répondre. Il se trouble aisément. Sa mémoire se trouble, Il n'a plus la mémoire très nette. Le participe passé

TROUBLÉ s'emploie adjectivement. Conscience troublée, Conscience inquiète.

Littré (1872-1877)

TROUBLER (trou-blé) v. a.
  • 1Causer une agitation désordonnée. Souvent un bruit confus trouble ce noir séjour, Brébeuf, Phars. III. Irai-je dans une ode, en phrases de Malherbe, Troubler dans ses roseaux le Danube superbe ? Boileau, Sat. IX. Jamais l'air n'est troublé de ses gémissements, Racine, Esth. II, 9. Sa voix redoutable Trouble les enfers, Rousseau J.-B. Cant. Circé.
  • 2Causer des guerres, des émotions populaires, etc. Troubler un royaume. Cette Hélène qui trouble et l'Europe et l'Asie, Racine, Iphig. IV, 4. On l'appelait [Philippe II, roi d'Espagne] le démon du midi, parce qu'il troublait toute l'Europe, au midi de laquelle l'Espagne est située, Voltaire, Henr. III, notes. Charles-Quint oublia absolument le théâtre où il avait joué un si grand personnage, et le monde, qu'il avait troublé, parce qu'il sentait bien dans son affaiblissement qu'il ne pouvait le troubler davantage, Voltaire, Ann. emp. Charles-Quint, 1556. Les premiers qui troublent un État travaillent toujours, sans le savoir, pour d'autres que pour eux, Voltaire, Dict. phil. Platon.
  • 3Causer de la brouillerie, de la mésintelligence. Nous étions en paix, il nous est venu troubler. Troubler une famille.
  • 4Causer de l'agitation dans l'âme, dans l'esprit. Approche-t-il du but, quitte-t-il ce séjour, Rien ne trouble sa fin ; c'est le soir d'un beau jour, La Fontaine, Phil. et Bauc. On ne parle que de voyages ; et nous-mêmes… nous prenons des mesures pour Provence et Bretagne ; cette séparation me trouble et m'afflige plus que je ne puis vous le dire, Sévigné, à Guitaut, 20 avr. 1683. Sainte Thérèse, n'étant troublée d'aucune passion, Fléchier, Panég. Ste Thér. Quel sujet inconnu vous trouble et vous altère ? Boileau, Sat. III. Détestant ses rigueurs, rabaissant ses attraits, Je défiais ses yeux de me troubler jamais, Racine, Andr. I, 1. Je me plais bien davantage à troubler les consciences qu'à les rendre tranquilles, Lesage, Diable boit. 3. Je vois avec autant de plaisir que de surprise que cette secousse [la guerre contre les Turcs] ne trouble point l'âme de ce grand homme qu'on appelle Catherine, Voltaire, Lett. Voronzof, 26 févr. 1769. Je ne songe qu'à mourir, et mon heure approche ; mais ne la troublez pas par des reproches injustes et par des duretés, Voltaire, Lett. au roi de Pr. 21 avr. 1760.
  • 5Il se dit des sens et des facultés de l'âme. Cela lui a troublé la mémoire. Il faut que ce matin, à force de trop boire, Il se soit troublé le cerveau, Molière, Amph. II, 1. Moi ! dit-il, qu'à mon âge, écolier tout nouveau, J'aille pour un lutrin me troubler le cerveau ! Boileau, Lutr. IV. On crut que la Bastille m'avait troublé la tête, Marmontel, Mém. VI.
  • 6Déranger. Son caractère doux [d'un médecin], circonspect, modéré, et peut-être même un peu timide le rendait fort attentif à écouter la nature, à ne la pas troubler par des remèdes sous prétexte de l'aider, Fontenelle, Geoffroy. L'ordre des matières a fait que j'ai troublé l'ordre des temps, Montesquieu, Esp. XXXI, 16. Les ambitieux firent venir à Rome des villes et des nations entières pour troubler les suffrages, ou se les faire donner, Montesquieu, Rom. 9. L'ordre de succession ayant été établi en conséquence d'une loi politique, un citoyen ne devait pas le troubler par une volonté particulière, Montesquieu, Esp. XXVII, 1.

    Cela trouble la digestion, les fonctions digestives, cela empêche que la digestion ne se fasse bien.

  • 7Il se dit, dans un sens analogue, des personnes qu'on interrompt, dérange d'une manière inopportune. Saint Antoine, de qui est cette belle sentence, lorsqu'il voyait venir le soleil et qu'il s'écriait dans la ferveur de son esprit : ô soleil, pourquoi me troubles-tu ? Bossuet, Ét. d'orais. v, 12. Empêchez qu'en ces lieux on me vienne troubler, Quinault, Phaéth. I, 4. Roxane : Mais qui vient me parler ? Que veut-on ? - Zatime : Pardonnez si j'ose vous troubler, Racine, Bajaz. III, 7, 8. Ne me troublez pas, lui cria-t-il [Crébillon], je suis dans un moment intéressant ; je vais faire pendre un ministre fripon, et chasser un ministre imbécile, D'Alembert, Éloges, Crébillon. Et leurs pas, ébranlant les arches colossales, Troublent les morts couchés sous le pavé des salles, Hugo, Ballades, la Ronde du Sabbat.

    Interrompre quelqu'un quand il parle. Prête, sans me troubler, l'oreille à mes discours, D'aucun mot, d'aucun cri n'en interromps le cours, Corneille, Cinna, v, 1. Mais je demande au moins que, pour grâce dernière, Jusqu'à la fin, seigneur, vous m'entendiez parler, Et que surtout Aman n'ose point me troubler, Racine, Esth. III, 4.

  • 8Faire perdre la présence d'esprit, la mémoire. Ne faites pas tant de bruit, vous me troublez. Trop de sévérité de la part d'un juge peut troubler un accusé. Dans les audiences vulgaires, l'un, toujours précipité, vous trouble l'esprit, l'autre vous ferme le cœur, Bossuet, le Tellier. Ton auguste présence Troublant par trop d'éclat sa timide éloquence, Boileau, Lutr. VI.
  • 9Interrompre, empêcher. Troubler un entretien. Carthage étant détruite, Antiochus défait, Rien de nos volontés ne peut troubler l'effet, Corneille, Nicom. III, 2. Rien ne manquait au festin ; Mais quelqu'un troubla la fête, Pendant qu'ils étaient en train, La Fontaine, Fabl. I, 9. Sans que personne ait troublé ce consentement si universel et si paisible, durant sept ou huit siècles, Pascal, Prov. XVII. Une perte de sang très opiniâtre et très désobligeante, dont ses prospérités [de Mme de Fontanges] sont troublées, Sévigné, 26 avr. 1680. Cessez, princes, de troubler par vos prétentions le projet de ce mariage ; que l'amour, qui semble aussi le vouloir troubler, cède lui-même, Bossuet, Mar.-Thér. Au plus haut point de sa gloire, sa joie [de Mazarin] est troublée par la triste apparition de la mort, Bossuet, le Tellier. Quel chagrin, lui dit-il, trouble votre sommeil ? Boileau, Lutr. IV. Un effroyable cri, sorti du fond des flots, Des airs en ce moment a troublé le repos, Racine, Phèdre, v, 6. Et nous, dont cette femme impie et meurtrière A souillé les regards et troublé la prière, Racine, Ath. II, 8. Après avoir si longtemps troublé le repos du monde entier, ne sauriez-vous me laisser le mien ? Fénelon, Dial. des morts mod. (Charles-Quint, un jeune moine). Croyez-moi, monsieur, ne troublons point le repos des morts, Lamotte, Matr. d'Eph. sc. 8. Un vieillard qui succombe au poids de ses années, Peut-il troubler ici vos belles destinées ? Lamotte, Zaïre, III, 6. Il [le pic] n'a que des cris sauvages, dont l'accent plaintif, en troublant le silence des bois, semble exprimer ses efforts et sa peine, Buffon, Ois. t. XIII, p. 3.
  • 10Inquiéter. N'est-ce pas leur rendre service à elles-mêmes que de les troubler dans leurs prétentions ? Picard, Filles à marier, II, 1.

    Troubler la retraite d'un corps de troupe, l'attaquer quand il se retire et rendre sa retraite difficile et périlleuse. Un défilé qu'il devait passer était occupé par des bataillons retranchés qui offraient de ne pas troubler sa retraite, s'il consentait à relâcher les prisonniers qu'il avait faits, Raynal, Hist. phil. x, 10.

    En jurisprudence, inquiéter une personne dans la possession d'un bien. Il a été troublé dans la possession de ce domaine.

  • 11En parlant des liquides, rendre trouble. Troubler l'eau. Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? La Fontaine, Fabl. I, 10.

    Fig. Troubler l'eau, causer de la division, brouiller les affaires, exciter de la mésintelligence.

    Fig. On dirait qu'il ne sait pas troubler l'eau, se dit d'une personne qui paraît simple, mais qui ne l'est pas. Voyez-vous bien ce petit prestolet-là [l'abbé de Bissy] qui ne semble pas savoir l'eau troubler ? c'est une ambition effrénée, Saint-Simon, 99, 58.

    Altérer la transparence. Troubler l'air. Sortez, ombres, sortez de la nuit éternelle ; Voyez le jour pour le troubler, Quinault, Thés. III, 7.

  • 12 V. n. Exciter des troubles, se soulever (emploi qui a vieilli). De passion pour moi deux sultanes troublèrent ; Deux autres, pour me voir, du sérail s'échappèrent, Corneille, l'Illus. com. II, 2.
  • 13Se troubler, v. réfl. Éprouver une grande agitation de l'âme, de l'esprit. Le coquin, tout ivre qu'il était, reconnut bientôt son maître, et se troubla si fort en le voyant, que Destin ne douta plus de la trahison qu'il lui avait faite, Scarron, Rom. com. II, 13. Anne regarde, sans se troubler, toutes les approches de la mort, Bossuet, Mar.-Thér. Je t'aimais ; et je sens que, malgré ton offense, Mes entrailles pour toi se troublent par avance, Bossuet, Phèdre, IV, 3. Et de quel soin, seigneur, vous allez-vous troubler ? Bossuet, Bérén. III, 4.

    Fig. À ces cris, Jérusalem redoubla ses pleurs, les voûtes du temple s'ébranlèrent, le Jourdain se troubla, Fléchier, Turenne.

  • 14Cesser d'être résolu, ferme. À son approche Balas se troubla : son beau-père Philométor se déclara contre lui, Bossuet, Hist. I, 10. De l'heureux Bajazet les gardes se troublèrent, Racine, Bajaz. I, 1.
  • 15Éprouver une émotion, un trouble qui fait qu'on s'embarrasse, qu'on ne sait plus que dire, que répondre. Tu te troubles ?… je vois qu'on m'a dit vrai : tu es un fripon ! Lesage, Crispin rival, 14. Je me troublai, lorsqu'il fallut le réciter, au point de n'en pouvoir dire un seul mot, Rousseau, Conf. VIII.

    On dit dans un sens analogue : Sa mémoire se trouble.

  • 16Devenir trouble. Cette chute donna aux eaux une agitation extrême ; elles se troublèrent de fond en comble, Saussure, Voy. Alpes, t. II, p. 40, dans POUGENS. Comme une eau pure et calme commence à se troubler aux approches de l'orage, Rousseau, Hél. II, 15.

    Perdre sa transparence. Le temps commence à se troubler.

  • 17Ma vue se trouble, mes yeux se troublent, ma vue s'obscurcit. À ce mot de témérité, Idoménée changea de visage, ses yeux se troublèrent : il rougit ; et peu s'en fallut qu'il n'interrompît Mentor pour lui témoigner son ressentiment, Fénelon, Tél. XI.

    Fig. Son esprit se trouble, ses idées se confondent, il éprouve une sorte d'égarement.

HISTORIQUE

XIe s. Tant a saigné, li oil [les yeux] l sunt trublet, Ch. de Rol. CXLVII.

XIIe s. Li nostre Deus refuge e vertu, ajuere [aide] es tribulations chi truverent nus mult, Liber psalm. p. 61. Moult fu granz la parole, et troblée la corz [cour], Sax. XXVII. Ne puet en lui diables de nulle part entrer ; Fait l'out de grant richesce e del païs jeter ; Par sa char le voleit e par son sanc trubler, Th. le mart. 64. Mis peres ad la terre trublée e la victorie desturbée, Rois, 49. Une gent se cumbaterad encuntre altre, kar Deu les trublerad tuz, en tute anguisse, ib. 301.

XIIIe s. Et prendoit [Richard] proies es paysans, et tourbloit si le pays, qu'on n'i semoit ne ahanoit [labourait] nient, Chr. de Rains, p. 73.

XIVe s. Adonques il contendent avecques eulz, et est l'amisté turblée, Oresme, Éth. 258. Et quant li temps de parturir ou d'enfanter approucha, elle [Eve] se commença à tourbler, Du Cange, parturitio.

XVe s. M'a telement tourblet [desservi] devers le roy, Froissart, I, 6, édit. LUCE. La royne Jehanne acouça d'une fille ; de quoi li plus del royaume en furent durement tourblé et courouciet, Froissart, I, 42.

XVIe s. Le ciel, les elemens alors tous se troublerent, De ce grand univers les fondemens tremblerent, Desportes, Œuvres chrestiennes, Sonnets, 16. Le consul ne se troubla point autrement de ceste nouvelle, Amyot, Publ. 27. Leur ayant le mal troublé le sens, ilz se mutinerent contre luy, Amyot, Péric. 66. De peur que nous ne troublissions toutes choses par nostre folie et temerité, Calvin, Instit. 567. L'ame troublée de plusieurs diverses alarmes, Montaigne, I, 96. Aulcuns tiennent que cela trouble la cervelle tendre des enfants de…, Montaigne, I, 195. Les yeulx me troublent à monter vers une grande lumiere, Montaigne, I, 224. Il se troubla du cerveau comme font touts les hommes qui…, Montaigne, II, 278. Les peuples, tous esmeus commençoient à troubler, D'Aubigné, les Trag. IV.

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Étymologie de « troubler »

Avec métathèse du \r\, du latin populaire *turbulare[1] diminutif de turbare (« agiter, troubler ») → voir trouble et turbulent.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Trouble 1 ; bourguig. troblai.

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Phonétique du mot « troubler »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
troubler truble

Fréquence d'apparition du mot « troubler » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « troubler »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « troubler »

  • L'eau, liquide si impur, qu'une seule goutte suffit pour troubler l'absinthe.
    Alfred Jarry
  • Sache souffrir. Mais ne dis rien qui puisse troubler la souffrance des autres.
    Léon-Paul Fargue — Poèmes, Gallimard
  • La poésie introduit juste ce qu'il faut de silence pour troubler le vacarme.
    Alain Veinstein — Cent quarante signes
  • L’art n’est pas fait pour troubler l’ordre public, mais les esprits.
    Didier Le Pêcheur — Les Hommes immobiles
  • Il y a des gens qui augmentent votre solitude en venant la troubler.
    Sacha Guitry
  • Il en est de l’amitié comme de la pureté ; la moindre flétrissure suffit à en troubler la transparence.
    Francesco Alberoni — L’Amitié
  • De quoi meurt cet enfant ? Dût la réponse troubler, il meurt aussi de nos silences.
    Thierry Wolton
  • Il suffit d’un atome pour troubler l’oeil de l’esprit.
    William Shakespeare — Hamlet
  • La mission de l'écrivain, c'est de troubler les agonies.
    Jean Dutourd — L'école des jocrisses
  • Tout était en place pour accueillir les nombreux compétiteurs venus de 73 départements et de 26 nations du 22 au 24 mai 2020. La pandémie est venue troubler la grande fête sportive reportant les épreuves au mois d’octobre 2020 le Trail de Haute-Provence.
    Forcalquier : A J-3 mois du Trail de Haute-Provence - Haute Provence Info
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Traductions du mot « troubler »

Langue Traduction
Anglais to disrupt
Espagnol para interrumpir
Italien interrompere
Allemand zu stören
Chinois 破坏
Arabe لتعطيل
Portugais perturbar
Russe нарушать
Japonais 混乱させる
Basque eten
Corse per sbattà
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Synonymes de « troubler »

Source : synonymes de troubler sur lebonsynonyme.fr

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Troubler

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