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Tondre

Définitions de « tondre »

Trésor de la Langue Française informatisé

TONDRE, verbe trans.

A. −
1. [Le compl. désigne les poils d'un animal] Couper à ras (le pelage, la toison). Une vieille, tondant la laine d'un mouton, Assise sur un seuil, lui cria: « Dieu t'assiste! » (Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 123).
[Sans compl. prép.] L'idée d'utiliser le poil de l'animal sans le tuer a conduit à tondre la toison: il faut alors résoudre le double problème de faire le fil et de le tisser (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 163).
2. [En parlant d'une pers.] Qqn tond les cheveux à, de qqn. Couper à ras les cheveux d'une personne. Sa tante lui tondait ras les tiffes, avec ses propres ciseaux, ça lui faisait comme du gazon avec une seule touffe en avant (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 168).
Se faire tondre les cheveux. En se faisant tondre les cheveux par les muletiers du train de combat (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 187).
Au fig., fam. Se laisser tondre (la laine sur le dos). Se laisser exploiter, supporter avec patience les vexations. [Les habitants de sa commune] ont toujours mangé du pain, ils se laisseraient tondre volontiers comme jadis, dans la crainte des nouveautés et de l'inconnu de demain (Zola, Vérité, 1902, p. 210).Tondre la laine* sur le dos de qqn. Ah! comme on lui tond la laine sur le dos à cette innocente! (Fabre, Courbezon, 1862, p. 122).
B. −
1. [Le compl. désigne un animal] Dépouiller un animal de son pelage, de sa toison en coupant les poils très ras. Tondre un mulet, un chien. Ils se réveilleraient au chant de l'alouette (...), regarderaient faire le beurre, battre le grain, tondre les moutons (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 14).
Loc. verb., vx. Avoir d'autres chiens à tondre. Avoir mieux à faire (Ds Rob. 1985). Synon. avoir d'autres chats à fouetter (v. chat1II C 3).Chacun tond son chien comme il l'entend (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 5). Chacun agit à sa guise.
2.
a) [Le compl. désigne une pers.] Raser complètement les cheveux de quelqu'un. Empl. pronom. réfl. Il se soutient de mets pleins d'art, Se drogue, se tond, se parfume, Se truffe tant, qu'il meurt trop tard (Laforgue, Complaintes, 1885, p. 147).
En partic. Faire une tonsure à un moine. Quiconque pénètre en ce lieu est fait incontinent moine de l'ordre, sans pour cela qu'on le tonde (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p. 20).
P. anal., fam. Dépouiller quelqu'un complètement. Saccard, bien que ruiné pour le moment, était encore bon à tondre (Zola, Argent, 1891, p. 37).Tondre le contribuable sans qu'il se révolte, voilà tout l'art du grand homme d'État et du grand financier (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 342).
b) Se faire tondre. Se faire raser complètement la tête. L'un avait laissé pousser sa moustache, l'autre l'avait rasée et s'était fait tondre (Proust, Sodome, 1922, p. 989).
P. anal., pop. Se faire tondre au jeu. ,,Se faire dépouiller de son argent`` (Car. Argot 1977).
3. Au fig., fam. Tondre un œuf, tondre sur un œuf. V. œuf I C 3 b ex. de Zola.
C. −
1. Qqn tond qqc. (gazon, haie). Couper à ras le gazon, une haie. L'entretien des banquettes de sûreté dont les talus sont gazonnés, consiste à arracher les chardons et autres mauvaises herbes, à tondre l'herbe trop haute (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 173).
P. anal. [Le suj. désigne un animal] Brouter. Le soir, elle menait les chèvres de sa mère tondre la berge des chemins (Maurras, Chemin Paradis, 1894, p. 70).
2. TECHNOL. Tondre un textile, une peau. Égaliser la surface de. Tondre les draps, les feutres (Ac. 1798, 1835). Les peaux, d'abord brossées (...) puis mises à sécher à l'étuve, sont ensuite brossées à sec, coupées en lanières et tondues (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 317).
Prononc. et Orth.: [tɔ ̃dʀ], (il) tond [tɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. de formes conjuguées: thon, ton1, 2, 3, 4. Étymol. et Hist. 1. a) α) Ca 1135 tondre le chief en guise de châtiment (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 1947); ca 1165 réfl., en signe de deuil (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 27286); fin xiies. tondre haut « couper par derrière la masse de la chevelure longue de manière à dégager le cou et l'arrière de la tête [cf. M. Roques ds Romania t. 42, p. 142] » (Folie Tristan de Berne, éd. J. Bédier, 154: Haut fu tondu [Tristanz], lonc ot le col. A mervoille sembla bien fol); 1828-29 subst. le Tondu surnom donné à Napoléon par ses soldats (Raban, Marco Saint-Hilaire, Mém. forçat, t. 3, p. 202); 1833 le petit tondu (Balzac, Méd. camp., p. 91); β) 1155 sépc. en signe de cléricature (réelle ou simulée) réfl. mode pers., part. passé adj. (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 8254: Corune fist, halt se tundi; 8255: Cume muines rés e tunduz); de là ca 1165 trans. « faire embrasser à quelqu'un l'état religieux » (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 112); ca 1230 part. passé subst. « clerc » (Péan Gatineau, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 9342); γ) [au Moy. Âge, on tondait ceux que l'on tenait pour dégradés: les fous, les condamnés... cf. ca 1160 Fous deit estre cil qui fous tont proverbe (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 26694); 1174-76 tunduz cumme fous (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 1248)]; de là 1261 je rotroi que l'on me tonde Se... « j'accepte que l'on me tonde [comme un fou], qu'on me tienne pour fou » (Rutebeuf, Renart le Bestourné, 150 ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 543); b) ca 1160 fig. « exploiter, spolier » tondre bien près (Benoit de Ste-Maure, op. cit., 26696); c) ca 1170 faire tundre ses chevols (Rois, II, XIV, 26, éd. E. R. Curtius, p. 84); fin xiies. (Folie Tristan de Berne, 132: Tondre a fait sa bloie crine); 2. a) ca 1170 faire tundre ses brebiz; sun fulc (Rois, I, XXV, 5, p. 49); ca 1200 part. passé adj. cheval tondu (Jean Renart, Escoufle, éd. F. Sweetser, 306); b) 1260 part. passé adj. lainne tondue ou peleiée (Etienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et Fr. Bonnardot, XCII, XI, p. 204); 3. 1174-87 tondre dras (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 5705), v. aussi Doc. hist. industr. drapière, éd. G. Espinasse et H. Pirenne, t. 1, 1909, p. 19; 4. ca 1180 pré tundu (Marie de France, Fables, 94, 11 ds T.-L.); 1636 « élaguer (des arbres) » (Monet, p. 905 a); 5. a) 1526 fig. trouver a tondre sur ung œuf « fabriquer quelque chose de rien, trouver son profit, trouver à rapiner » (Cl. Marot, L'Enfer, 122 ds Œuvres satiriques, éd. C. A. Mayer, p. 59); b) 1611 id. « accuser faussement, trouver à reprendre » (Cotgr.); 6. 1842 p. anal. lettres tondues terme de diplomatique en usage dans les diplômes chancelleries royales mérov., carol. et capétienne (Ac. Compl.). Du lat. vulg. *tondĕre, class. tondēre « tondre, raser, couper; élaguer, émonder; couper (herbe, blé) » fig. « dépouiller » (tondere aliquem auro, Plaute). Dans la lang. médiév. « tonsurer » (vies. ds Blaise Lat. chrét.); part. passé subst. « clerc » (874 ds Nierm.); être tondu était considéré au Moy. Âge comme un signe d'infamie, cf. ca 720 tondere caput, barbam contra legem, délit puni par la Lex Alamannorum; 809 dimidio capite tonderi « poena servorum, latronum » (Ds Du Cange, s.v. tondere). Fréq. abs. littér.: 115.
DÉR. 1.
Tondage, subst. masc.a) Text. Opération par laquelle on égalise les poils de certains tissus. [Le tondage] a pour but d'enlever le duvet formé pendant le foulage et le grattage. Autrefois ce tondage se faisait à la main en étendant le tissu sur une table (R. Thiébaut, Textiles, Paris, Dunod, t. 3, 1959, p. 89).b) Action de tondre le poil de certains animaux. Par le tondage, les animaux sont débarrassés des poils longs et épais qui forment pour l'hiver une sorte de manteau (ZollaAgric.1904). [tɔ ̃da:ʒ]. 1resattest. a) 1303 (Arch. Pas-de-Calais, rouleau no8 ds Gay t. 1, p. 573, s.v. drap), 1337 tondaje de dras (doc. Arch. Tournai ds Gdf.) − 1465, ibid., v. aussi De Poerck t. 2, p. 201, 926, à nouv. en 1832 (Raymond), b) 1845 « tonte des chevaux » (Besch.), Littré note: ,,s'emploie de préférence à tonte* lorsqu'on parle du cheval``; de tondre, suff. -age*. Cf. le synon. m. fr. tontage de draps (1368 ds Gdf.), hapax, dér. d'une anc. forme du part. passé *tonditus, de tondre.
2.
Tondaille, subst. fém.,vx. Époque de la tonte des moutons; fête qui accompagne cette opération. La preuve que la Gothe était une méchante sorcière, c'est que les chèvres des bergères à qui elle parlait souvent tarissaient; leurs brebis perdaient la laine avant la tondaille (Sand, Jeanne, 1844, p. 85). [tɔ ̃dɑj], [-daj]. 1resattest. a) 1500-01 « tonte des bêtes à laine » (Compte des receveurs de l'Hostel-Dieu de Bourges ds Gdf.), b) 1562 « repas à l'occasion de la tonte » (Rabelais, Cinquième livre, XVII, éd. J. Plattard, p. 81: Enfiançailles, espousailles, relevailles, tondailles); de tondre, suff. -aille*.
3.
Tondaison, subst. fém.a) Vx. Tonte des moutons; moment où elle se pratique. (Dict. xixeet xxes.). b) Laine qui provient de la tonte. (Dict. xixeet xxes.). [tɔ ̃dεzɔ ̃], [-de]. Ds Barbeau-Rodhe 1930 durée demi-longue de la voy. de [-de-]. Att. ds Ac. dep. 1798. 1resattest. a) 1284 « époque de la tonte » (doc. Arch. de Tournai ds Gdf. Compl.), b) xiiies. [ms.] « toison » (Benoît de Ste-Maure, Troie, Bibl. nat. fr. 903, fol. 55c ds Gdf.: un mouton Qui d'or out tout la tondison; éd. L. Constans, 768: toison), c) id. [ms. Bibl. mun. Dijon 599] « tonte des bêtes à laine » les tans de tondisons (Règle cistercienne, 489 ds T.-L.), d) 1872 « laine tondue » (Littré); de tondre, suff. -aison*.

Wiktionnaire

Verbe - français

tondre \tɔ̃dʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Couper à ras la laine ou le poil des bêtes.
    • Tondre les brebis, les troupeaux.
    • Tondre un barbet.
  2. (Familier) Couper les cheveux de près avec des ciseaux, avec une tondeuse.
    • Il est nouvellement tondu.
    • Il est tondu de frais.
  3. (En particulier) Raser la tête.
    • Il se tond la boule une fois par semaine.
  4. (En particulier) Faire une tonsure à un moine, un ecclésiastique.
    • Quiconque pénètre en ce lieu est fait incontinent moine de l’ordre, sans pour cela qu’on le tonde […] — (Charles-Augustin Sainte-Beuve, Tableau historique et critique de la poésie française et du théâtre français au XVIe siècle, 1828)
  5. (Par extension) Couper ras de la végétation.
    • Tondre une palissade.
    • Vous ferez épaissir cette palissade en la tondant.
    • Tondre les buis, le gazon.
    • Les brebis ont tondu entièrement ce pré, elles en ont brouté toute l’herbe.
  6. (Par extension) Égaliser une surface.
    • Cette industrie du drap est en effet l'une des plus complexes, et le nombre des opérations nécessaires pour transformer la laine brute en produit fini est très élevé. Il fallait trier la laine, la teindre, la mélanger, la carder, la filer, la tisser, dégraisser le tissu, le fouler, le lainer, le tondre, l'épinceter, et enfin lui donner de l'éclat en le pressant. — (André Maurois, histoire de l'Angleterre, Fayard & Cie, 1937, p.235)
  7. (Figuré) (Familier) Dépouiller quelqu’un de son argent, de ses biens.
    • Tondre quelqu’un.
    • Ces aigrefins l’ont complètement tondu.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TONDRE. (Je tonds, tu tonds, il tond. Je tondais. Je tondis. Je tondrai. Tonds. Que je tonde. Que je tondisse. Tondant. Tondu.) v. tr.
Couper la laine ou le poil aux bêtes. Tondre les brebis, les troupeaux. Tondre un barbet. Fig. et fam., Tondre la brebis de trop près, Mettre des impôts trop lourds sur le peuple. Prov. et fig., Il faut tondre les brebis et non pas les écorcher, Il ne faut pas exiger de quelqu'un plus qu'il ne peut faire. Fig. et fam., Se laisser tondre la laine sur le dos, Supporter patiemment des injustices, des vexations, des exactions. Fig. et fam., Il tondrait sur un œuf se dit d'un Avare qui veut épargner sur les plus petites choses. Tondre le drap, En couper les poils de manière à le rendre plus uni et plus ras. Tondre une palissade, La rendre unie en coupant les feuilles et les branches qui débordent. Vous ferez épaissir cette palissade en la tondant. On dit dans un sens analogue : Tondre les buis, le gazon. Les brebis ont tondu entièrement ce pré, Elles en ont brouté toute l'herbe.

TONDRE se dit familièrement en parlant des Personnes et signifie Couper les cheveux de près avec des ciseaux, avec une tondeuse. Il est nouvellement tondu. Il est tondu de frais. Fig. et fam., Tondre quelqu'un, Lui prendre tout son argent. Ces aigrefins l'ont complètement tondu. Le participe passé

TONDU s'emploie comme adjectif. Prov. et fig., À brebis tondue Dieu mesure le vent, Dieu ne nous envoie pas plus d'épreuves que nous n'en pouvons supporter. Il s'emploie aussi substantivement en parlant des Personnes. Il n'y avait que quatre pelés et un tondu se dit en parlant d'une Réunion peu nombreuse composée de gens de peu d'importance. Il est familier.

Littré (1872-1877)

TONDRE (ton-dr'), je tonds, tu tonds, il tond, nous tondons, vous tondez, ils tondent ; je tondais ; je tondis ; je tondrai ; je tondrais ; tonds, qu'il tonde, tondons, tondez ; que je tonde, que nous tondions ; que je tondisse ; tondant ; tondu v. a.
  • 1Couper la laine ou le poil à certaines bêtes. Tondre un barbet. La chair des bêtes que j'ai fait tuer pour ceux qui tondent mes brebis, Sacy, Bible, Rois, I, XXV, 11.

    Fig. et familièrement. Se laisser tondre la laine sur le dos, souffrir avec patience les vexations.

    Fig. Tondre la brebis de trop près, mettre des impôts trop lourds sur le peuple. La dame d'honneur, se mêlant de la conversation, dit que très souvent ce mot de berger était appliqué aux rois ; qu'on les appelait bergers, parce qu'ils tondent de fort près leur troupeau, Voltaire, Pr. Babyl. 2. Il est vrai qu'on nous tond un peu trop près, en attendant qu'on nous égorge, Mme du Deffant, Lett. à II. Walpole, t. II, p. 269, dans POUGENS.

    On dit dans le même sens : tondre une province. Monsieur l'évêque de Munster, Vous tondez donc votre province ? Voltaire, Ép. 65.

    Fig. et familièrement. Tondre quelqu'un, l'attraper, le tromper. Ceux qui nous chicanent, nous nous efforçons de les tondre, et nous ne les épargnons point, Molière, G. Dand. II, 1. Ces moutons à deux pieds qui contemplent les hommes d'État dans une lourde stupéfaction, et, s'étonnant de se voir tondre si lestement, se regardent et se disent : Voilà de fiers hommes ! et que nous sommes bien tondus ! Georges Sand, Lettres d'un voyageur, VIII.

    Absolument et fig. Il tondrait sur un œuf, se dit d'un homme très avare qui veut épargner les plus petites choses. Ils font de grandes et belles actions, et cependant ils tondraient sur un œuf, Mme D'Épinay, Mém. t. III, p. 121.

    Tondre sur tout, tirer de l'argent de qui que ce soit et de quoi que ce soit. Il faut tondre sur tout, Régnier, Sat. XII.

  • 2 Familièrement. Couper les cheveux de près. Il est tondu de frais.

    Tondre un homme, le faire moine. Je n'ai point oublié ces ciseaux que vous montriez à tout le monde, disant que vous les portiez pour me tondre, Fénelon, Dial. des morts mod. (Henri III, la duchesse de Montpensier.) La crainte qu'il [Louis le Débonnaire] en eut [de ses ennemis] le détermina à faire tondre ses frères, Montesquieu, Esp. XXXI, 20.

    Je veux qu'on me tonde, je veux être tondu, si je fais cela, se dit par une sorte d'imprécation pour affirmer qu'on ne fera pas ce dont il s'agit ; locution née de l'ignominie qu'il y avait autrefois à être tondu.

    Fig. Il a été tondu sur le peigne, et, plus ordinairement, il a été tondu, son avis n'a pas été suivi, il a échoué dans ses prétentions (locution qui vieillit et qui provenait aussi de la dégradation infligée aux gens qu'on faisait moines malgré eux). Il y est venu pour tâcher de soutenir sa thèse ; lui et sa cabale antimoniale y ont été tondus, Patin, Nouv. lett. t. II, p. 170, dans POUGENS. Sans toi j'étais tondu, je le dois avouer ; J'aurais reçu sans doute un affront effroyable, Hauteroche, Souper mal appr. sc. 10. Que M. de Grignan se garde bien du monsieur [de dire monsieur à un maréchal, au lieu de lui dire monseigneur] ; il ferait mal sa cour ; le roi s'en est expliqué ; il sera tondu, Sévigné, 19 août 1675. Il [Jurieu] a produit diverses causes de récusation contre M. Piélat et même des dépositions de témoins ; mais il a été tondu : le consistoire les a déclarées nulles, Bayle, Lett. 24 août 1691.

  • 3Tondre des draps, des feutres, en couper les poils pour les rendre unis, ras.
  • 4Tondre une haie, couper les branches qui débordent.

    On dit à peu près dans le même sens : tondre les buis, le gazon, etc.

    Par extension. Pour en former l'emplacement [du nid], elle se contente de tondre à fleur de terre un petit rond dans l'herbe, qui bientôt se flétrit à l'entour par la chaleur de la couveuse, Buffon, Ois. t. XV, p. 83.

  • 5Il se dit de l'action des animaux qui broutent l'herbe. Les brebis ont tondu ce pré. Je tondis de ce pré la largeur de ma langue, La Fontaine, Fabl. VII, 1.
  • 6 Terme de construction. Enlever une faible épaisseur du parement de la pierre.

HISTORIQUE

XIIe s. Li clers porte sun merc en sum le chief adès, Tunduz est cumme fous e de luins e de près, Th. le mart. 30. Cum ço oïd David, el desert, que Nabal fist tundre sun fulc [troupeau], Rois, p. 96. Une feiz par an fist tundre ses chevals [ses cheveux], quant sa chevelure li fud à grevance, ib. 171.

XIIIe s. Tout tes chaviaus [tonds tes cheveux], si va al roi, Tes vestemens change por haire, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 19. Onques Tristans, qui fu à force Tundus come fous por Yseut, Lai de l'ombre. Devant que li dras soit tondus, Liv. des mét. 133. Et si dist on un proverbe que cil qui à une fois escorche, deus ne trois ne tont, Beaumanoir, XLV, 37. Diex les confonde, Qui sires est de tout le monde ! Et je r'otroi que l'en me tonde, Se maus n'en vient, Rutebeuf, 202.

XIVe s. … Se li sires ne tont Bien sovent ses subjès et puis tont et retont, Girart de Ross. v. 1147. Mais aussi grant journée paie Chevaus tondus, c'est chose vraie, Souvent que chieus [celui] à lons cheviaus, Jean de Condé, t. III, p. 34.

XVe s. Pour ce cisme [schisme] est tout le monde perdu ; Guerre en descent entre foibles et fors ; En grant peril en sont prestre et tondu, Deschamps, Poésies mss. f° 248.

XVIe s. Et dont pour vray le moindre et le plus neuf Trouveroit bien à tondre sur un œuf, Marot, I, 249. Sans estre raiz ne tondu, Incontinent on le fait moyne, Marot, I, 188. Les clercs, en tondant un touppet de cheveux, monstrent qu'ils se sont desmis de l'abondance des biens terriens, Calvin, Instit. 1181. Lui et tous ceux qui debatirent ce temporisement furent tondus, pour user du terme de ce temps, D'Aubigné, Hist. III, 149. Averti de Romme qu'on devoit tondre le roi à la fin des estats, D'Aubigné, ib. III, 190. Ce qui est rais ne se peut tondre, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 260. Nous usons encore d'une signification de ce mot tondre contre celuy qui a perdu sa brigue, ou est descheu de son entreprise, quand nous disons qu'il a esté tondu de sa brigue ou de son entreprise, Pasquier, Rech. VIII, p. 676, dans LACURNE. Toutesfois fut le pré tondu, Cotgrave

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Étymologie de « tondre »

Wallon, toud ; provenç. tondre ; cat. tondrer ; espagn. tundir ; ital. tondere, du lat. tondere. Le français et le provençal viennent d'une accentuation barbare, tondère.

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Du latin tondere (« tondre »).
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Phonétique du mot « tondre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tondre tɔ̃dr

Fréquence d'apparition du mot « tondre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tondre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tondre »

  • Et ils se sont organisés pour rendre le quotidien plus divertissant que tondre les pelouses et récolter les fruits du jardin. Musée éphémère d’objets soviétiques retrouvé dans les greniers, spectacles amateurs, promenades champêtres à la découverte de la flore… Autant d’activités organisées par et pour les « datchniki ».
    Metro — Privés de plages étrangères, les Moscovites retrouvent des loisirs d'antan
  • Méfiez vous grrrrr un jour une personne viendra vous tondre de a a z en novembre et vous rigolerez moins
    midilibre.fr — Occitanie : qui en veut à l'âne albinos Pompon, retrouvé dans son pré, tondu ? - midilibre.fr
  • Mieux vaut tondre l'agneau Que le pourceau.
    Proverbe français
  • Enfin un rêve qui se réalise. Je commence ma petite entreprise de coupe d’herbe, peut-on lire dans la publication. Il indique s’exercer à tondre le gazon chez sa grand-mère depuis l’été dernier.
    Radio-Canada.ca — Un jeune autiste de 12 ans veut tondre votre gazon | Radio-Canada.ca
  • Si l'herbe est plus verte dans le jardin de ton voisin, laisse-le s'emmerder à la tondre.
    Fred Allen

Traductions du mot « tondre »

Langue Traduction
Anglais mow
Espagnol cortar
Italien falciare
Allemand mähen
Chinois
Arabe جز
Portugais cortar
Russe косить
Japonais 刈る
Basque mow
Corse sega
Source : Google Translate API

Synonymes de « tondre »

Source : synonymes de tondre sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot tondre au Scrabble ?

Nombre de points du mot tondre au scrabble : 7 points

Tondre

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