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Revenir

Définitions de « revenir »

Trésor de la Langue Française informatisé

REVENIR, verbe

I. − Venir, se manifester de nouveau (quelque part).
A. − [Le suj. désigne un être animé] Sûr qu'on est venu, fit-elle de sa voix aigre. On est venu, et on revient (Bernanos, Crime, 1935, p. 835):
1. Deux, trois années après (...), il a fait sa première réapparition à la Calade et, depuis, il y revient bien régulièrement toutes les années bissextiles... Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 159.
Empl. impers. Si il revient des clients! de quoi alors on aura l'air? Il faut vous reposer plutôt...! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 466).
Rare. [Avec une valeur temporelle] Faire sa réapparition après avoir disparu du cours de l'histoire. Tiens, Michel, si les duchesses revenaient, je pourrais aussi être duchesse (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 268).
B. − [Le suj. désigne qqc. d'inanimé] L'hiver, le printemps revient; expression, formule, terme qui revient souvent sous la plume de qqn. Le soleil revint ensoleiller les places D'une ville marine apparue contremont (Apoll., Alcools, 1913, p. 110).[Les fièvres] revenaient tous les trois ou quatre jours (...) et abattaient le patient (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 114).
[En parlant d'un organe, d'un végétal] Pousser de nouveau, souvent après avoir été coupé. Ses cheveux commencent à revenir (Ac.1835, 1878).Les cieux se sont ouverts, des milliers de fleurs sont revenues sur les prairies de Hollyn (Krüdener, Valérie, 1803, p. 40).
[En parlant de la matière du discours] Être mentionné à plusieurs reprises. Les auteurs grecs et latins reviennent souvent dans ses écrits (Ac.1935).Il y avait principalement un certain duché de Barancy qui revenait dans toutes les conversations (A. Daudet, Jack, t. 1, 1876, p. 152).
Au fig. Revenir sur le tapis. Devenir de nouveau un sujet de conversation. [À la Puerta del Sol] Balmaseda, Cabrera, Palillos et autres chefs de bande plus ou moins importants reviennent à toute minute sur le tapis (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 100).Celui-ci [le répétiteur] allait bientôt faire une période militaire (...). La loi de trois ans, tout naturellement, revint sur le tapis (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 280).
Empl. impers. Les premières dents de cet enfant sont tombées, il lui en revient d'autres (Ac.1835-1935).On ne pourrait seulement pas s'asseoir sur l'herbe; puis, ça ne paraissait pas fini, il reviendrait peut-être une saucée (Zola, Assommoir, 1877, p. 440).Il me revient dans la parole quelque chose de mes pensées du matin sur la jeunesse actuelle (Goncourt, Journal, 1888, p. 894).
II. − Faire retour (à un point de départ).
A. − Qqn revient de qq. part.Synon. rentrer.Revenir de la chasse, de la guerre, de voyage. La femme du monde, qui sort de chez le mari, va à la faute ou en revient (Goncourt, Journal, 1865, p. 215):
2. En revenant du pacage ou avant d'y aller, il portait la pâtée aux cochons, coupait les herbes pour la volaille, retournait les litières, fendait le bois de la cuisine, sarclait au jardin... Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 89.
Des esprits reviennent et, empl. impers., il revient des esprits dans cet endroit. ,,On croit y voir des fantômes, on y entend des bruits que le vulgaire attribue à des esprits`` (Ac. 1798-1935).
Au fig.
(Sembler) revenir de l'autre monde (fam.). Avoir l'air déconcerté, ne pas être au courant d'un fait, d'un événement remarquable arrivé depuis peu (d'apr. Ac. 1798-1935).
Revenir de Pontoise, de Chaillot (dans l'arg. du peuple). ,,Avoir l'air étonné, ahuri; dire des sottises`` (Delvau 1866, p. 339). Revenir du Congo (vx). Ne plus être au fait des modes, des mœurs, de l'opinion. Après une longue révolution, beaucoup de gens semblent revenir du Congo (Boiste 1823, Besch. 1845).
B. − Qqn revient d'un point de départ de qqc., de qqn.[Avec une valeur temporelle] Dominique montait à son cabinet, c'est-à-dire qu'il revenait de vingt-cinq ou trente ans en arrière, et cohabitait pour quelques heures avec son passé (Fromentin, Dominique, 1863, p. 27).
Revenir (d'un état physique ou moral altéré). Se remettre de. Revenir de son évanouissement, d'une maladie. Truguelin, revient de son accablement, comme s'il sortait d'un long sommeil (Guilbert de Pixer., Coelina, 1801, iii, 2, p. 42).Il retourna auprès de Noël qui commençait à revenir de son étourdissement (...). Il le souleva dans ses bras et dit à l'Anaïs: − Ce n'est rien du tout, le voilà qui remue déjà (Aymé, Jument, 1933, p. 300).
Locutions
Ne pas en revenir. Succomber à une grave maladie, ne pas échapper à un grave danger. V. maladie ex. 6.
Revenir de loin. Échapper à de graves dangers. Ses dernières années furent édifiantes, il était revenu de loin (Ac.1935).Il est crevé! (...) − Avec des soins, on revient de loin! (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 38).
Revenir d'un étonnement, d'une frayeur, d'une surprise. Retrouver ses esprits après une émotion violente. V. fou1I B 1 b α ex. de Proust.
Ne pas en revenir, n'en pas revenir. Être saisi d'un profond étonnement. MmeDaudet (...) n'en revenait pas de la bêtise, de l'ignorance, de la prétention de ce monde (Goncourt, Journal, 1894, p. 556):
3. Elle est née souffre-douleur. Elle a repris tout naturellement sa mine habituelle de résignation. Je n'en reviens pas encore qu'une sainte de son acabit se fût mise dans le cas, même à son âge, d'avoir à y renoncer. Hermant, M. de Courpière, 1907, I, 6, p. 7.
Renoncer à quelque chose/à quelqu'un, en ayant souvent conscience de s'être trompé. Plus tard, on revient des femmes (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 249).Involontairement on songerait à l'Alsace. Mais la pensée comme la vue reviennent vite de cette illusion (Vidal de la Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 297).
Revenir (d'une erreur, d'une illusion). Il n'épargna rien pour faire revenir Chépar de ses égaremens honteux (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 30).Il se plaît à revenir, sur leur compte, de ses erreurs passées: − Je ne les aurais jamais crus si démerdards [les gendarmes] (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 227).Souvent au part. passé. Revenu de, revenu de tout. Qui a perdu toutes ses illusions sur quelqu'un/quelque chose, qui y est indifférent. Taine, revenu de Rousseau, voit soudain dans Racine le comble du verbalisme (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p. 61).[P. méton.] Ce sourire dont elle dit qu'il semble revenu de tout (Bernanos, Crime, 1935, p. 849).
Absol. Faire la paix, se remettre d'accord avec quelqu'un. Quand on l'a fâché une fois, c'est pour toujours; il ne revient jamais. On n'a besoin que de lui parler raison, il revient aussitôt (Ac.1798-1935).
C. − Qqn revient (quelque part)
1. Qqn revient à/chez/dans qqc., qqn.Revenir en arrière. Reviens! Reviens! Hélas! Pendant que la souffrance t'éprouve là-bas, elle nous éprouve ici (Hugo, Corresp., 1864, p. 482).Le soir (...) il (...) se retirait dans sa chambre (...), et bientôt, (...) revenait dans le dortoir s'assurer que tout le monde dormait (Billy, Introïbo, 1939, p. 24).
a) MAR. [En parlant d'un navire] Revenir au lof. ,,Reprendre route au plus près après une abatée`` (Merrien 1958). Revenir en relâche. Être obligé de retourner au port par suite de mauvais temps, d'avaries ou pour toute autre raison (d'apr. Gruss 1978). Revenir en route. Reprendre une route après s'en être écarté par suite d'une embardée (d'apr. Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop. et Merrien 1958):
4. Convulsivement, à chaque paroxysme de la tourmente, il [le bateau] girait, loffant, soudain redressé, et puis dès qu'il essayait de « revenir », couché encore, sous une nouvelle gifle du vent, rasant du plat de sa voile la surface flagellée. Chevrillon, Bret. hier, II, 1925, p. 84.
b) [Avec une valeur temporelle] Est-ce qu'il suffit de la jouer [la comédie de la jeunesse] pour revenir à leur âge? (Sartre, Nausée, 1938, p. 153).En venir de nouveau à. Il en revenait à sourire, réconcilié avec lui-même: − Comment, vous n'savez pas? Tout le bourg en a rigolé (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 156).
c) Au fig.
Reprendre (ce qu'on a interrompu, délaissé ou abandonné). Synon. retourner à.Revenir à ses premières amours, à ses études, au pouvoir. La psychologie contemporaine revient de plus en plus à l'idée de Spinosa (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 48).Les fausses richesses font quelquefois effet, par souvenir, au lieu qu'une belle œuvre étonne quand on y revient (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 335).
Revenir à (un sujet de conversation). Je le crois un peu coureur, reprit Madame Boche, en revenant à Lantier, sans le nommer (Zola, Assommoir, 1877, p. 390).Dès que le robinet va comme il faut, il [le marchand de robinets] se moque du reste, (...) c'est par la manière surtout que les opinions diffèrent; (...). Mais je reviens au marchand de robinets. Il se moque de l'opinion, mais non pas tout à fait; car il doit fixer les prix d'après les visages (Alain, Propos, 1921, p. 193).
Loc. Revenir à ses moutons. V. mouton D 3.
Revenir à la charge. Retourner au combat après avoir reculé ou avoir été battu. L'ennemi attaque lui-même à la grenade et revient à la charge une seconde fois à la tranchée de Belfort (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 292).
Au fig. V. charge I B 1.
À tout bon compte revenir. V. compte I B 1.
Ne plus/pas y revenir. Ne plus recommencer à dire ou faire quelque chose. − Ah! ça, devenez-vous voleur sur vos vieux jours (...) Je vas conter cela tout chaud à madame. − Tais-toi, Marion, dit le vieillard en tirant de sa poche deux écus de six francs. Tiens... − Je me tairai, mais n'y revenez pas! (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 636).
Il n'y a pas à y revenir. L'affaire est close, la question est réglée. M. de Talon, inquiet, dépose les bulletins dans l'urne et, chaque fois, frappe de la paume sur la boîte comme pour dire: « Il n'y a pas à y revenir » (Renard, Journal, 1900, p. 580).
En revenir à. Après mille circuits, la théorie en revient, sur la matière et sur la vie, aux toutes premières conceptions des premiers penseurs (Amiel, Journal, 1866, p. 281).J'en reviens toujours à Lochac et à Audiberti; mais l'abondance d'Audiberti m'effraie pour lui (Larbaud, Journal, 1934, p. 294).
En partic. Se retrouver dans l'état physique ou moral dont on jouissait auparavant. Revenir à la santé. Le courant d'air frais que produisait le mouvement rapide du char fit bientôt revenir Tahoser à la vie (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 305).On aura l'occasion de dire comment, sous l'influence de l'opinion revenue à des sentiments plus nuancés, le problème du mode de scrutin et celui de la seconde chambre se posent actuellement (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 97).
Revenir (à soi) Reprendre ses esprits après s'être évanoui ou avoir été soustrait au monde sensible. La flamme cependant, en me portant sur les joues, m'a fait un peu revenir, mais pas assez pour voir toute l'horreur du spectacle qui m'environnait (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1720).Un jour qu'elle [Esther, la fermière] se promenait dans la campagne, elle rencontra une petite fille évanouie de fatigue, au bord d'un chemin. Elle la fit revenir à elle, lui donna du pain, du lait, lui demanda son nom (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 274).Empl. factitif, région. (Dauphiné, Provence). [Le suj. désigne une pers., une odeur] Faire reprendre ses esprits à (quelqu'un), (lui) faire retrouver ses forces. Elle tomba en défaillance, et il fallut la revenir avec du vinaigre (J. Humbert, Nouv. gloss. genev., 1852, p. 157).Saucisse et la femme de Frédéric II se faisaient revenir le cœur avec de petits verres d'eau-de-vie de noyaux (Giono, Roi sans divertiss., 1947, p. 73).
Retrouver son calme. ,,Prendre de meilleurs sentiments. Après de longs égarements, on peut encore revenir à soi`` (Ac. 1798-1935). Ma mère, qui connaissait cet état nerveux (...) le pinçait fortement pour que ce fût plus vite fini. Alors il revenait à lui-même (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 179).
Revenir à qqn. Entretenir de nouveau avec quelqu'un des relations amicales ou amoureuses, éprouver de nouveau des sentiments d'affection ou d'amitié à son égard:
5. Il crut qu'elle mourait, de remords et de honte, courut à elle. − Mère, mère! Elle l'avait pris dans ses bras (...). Elle ne pouvait réaliser jusqu'à quel point il avait dû se vaincre, se hausser, pour revenir à elle. Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 270.
En partic. Revenir (à Dieu). Retrouver des sentiments de piété. La compassion pour les âmes! Pour les âmes faibles, égarées, pécheresses, et revenant toujours (Dupanloup, Journal, 1863, p. 247).Seigneur, je reviens à toi, parce que je crois que tout est vanité, hors te connaître (Gide, Journal, 1891, p. 27).V. déserter ex. 5.Revenir au giron de l'Église. ,,Rentrer dans le sein de l'Église catholique`` (Ac. 1835-1935).
2. Qqn revient + inf. marquant le but du mouvement.Maupassant (...) entrait ici accompagné d'une charmante femme et ressortait aussitôt, après lui avoir dit qu'il reviendrait la chercher dans une petite demi-heure. Naturellement (...) il ne reparaissait plus (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 248).
3. Qqn revient contre qqc. (dans le domaine du dr.).Revenir par opposition contre une sentence, un jugement, par requête civile contre un arrêt. ,,Se pourvoir en justice contre une sentence, contre un arrêt`` (Ac. 1798-1878). Revenir par des lettres de rescision contre un traité, un contrat (Ac.1798-1878).
P. ext. S'opposer à quelque chose qui a été convenu, décidé. Quel qu'il soit [le prix d'un terrain], il sera un titre contre lequel le sauvage n'osera jamais revenir (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 195).
4. Qqn revient sur qqn/qqc.
a) Qqn revient sur qqn.Retourner en arrière pour retrouver quelqu'un. Au fort d'une discussion on le voyait quelquefois tourner sur lui-même brusquement, faire quelques pas comme s'il allait chercher des objections et revenir sur son adversaire par un mouvement brusque (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 67).
SPORTS (dans une épreuve). Reprendre contact avec le(s) concurrent(s) placé(s) en tête. Cheval revenant sur un autre. Prenant trois longueurs à l'Italien qui revient très fort, mais insuffisamment (L'Auto, 14 août 1933, p. 3 ds Grubb Sports 1937, p. 64).
DR. Revenir sur qqn. ,,Exercer contre quelqu'un une action en garantie`` (Ac. 1798-1878). Vous êtes garant de cette rente; ayez soin qu'elle soit bien payée, sans quoi l'on reviendra sur vous. Si l'on vous dépossède du bien qui vous est échu lors du partage, vous aurez droit de revenir sur vos copartageants (Ac.1798-1878).
b) Qqn revient sur qqc.
Revenir sur ses pas. Revenir en arrière. Synon. faire demi-tour.Jean Valjean (...) s'était engagé dans les rues, faisant le plus de lignes brisées qu'il pouvait, revenant quelquefois brusquement sur ses pas pour s'assurer qu'il n'était point suivi (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 536).Au fig. Renoncer à un projet; adopter de nouveau une première opinion, une première manière de faire. À peine eus-je articulé ces mots que je devinai l'imminence de la grande crise. Je n'avais plus à revenir sur mes pas. La guerre était déclarée (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 44).[En parlant d'un inanimé] Il semble que la vie revienne sur ses pas, que l'homme commence une nouvelle jeunesse (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 250).
Revenir sur l'eau (vieilli). Synon. refaire surface*.Revenir sur l'eau après avoir plongé (Ac.1835-1935).Au fig. [En parlant d'un inanimé] V. eau I A 2 d.Cette mutilation revient toujours sur l'eau, à propos de ce pauvre Renzo. Moi, je trouve cela drôle, d'avoir coupé la tête à tous ces hommes de pierre (Musset, Lorenzaccio, 1834, i, 4, p. 104).
Reprendre, s'entretenir à nouveau (d')un sujet que l'on a momentanément abandonné; en reparler de nouveau. On changea d'entretien. Cécile revint sur ses cousines, dont les goûts la préoccupaient (Zola, Germinal, 1885, p. 1202).Nous avons dû évoquer incidemment la cosmicité de la maison. Mais il nous faudra revenir sur ce caractère (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 44).
Absol., PEINT. Donner une deuxième façon à une même œuvre. Ébaucher les chairs dans l'ombre avec tons chauds (...) et revenir avec des verts (Delacroix, Journal, 1863, p. 434).
SYNT. Revenir sur une affaire, un chapitre, une idée, un point, une question, un sujet; revenir sur sa décision, sa parole, sa promesse.
Revenir sur le passé. Reconsidérer ce qui a été dit ou fait. J'avais du mal à ne pas m'irriter en la voyant revenir ainsi sur le passé (Gide, Symph. pastor., 1919, p. 906).
Revenir sur le compte de qqn. Adopter une nouvelle opinion, favorable ou défavorable, à son sujet. J'en suis bien revenu sur Mazarakis. C'est un rastaquouère comme tous les autres (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 236).V. élogieusement, dér. s.v. élogieux ex. de Goncourt.
Absol. Adhémar: Vous avez donc bien mauvaise opinion de moi? Catherine: J'en avais une assez médiocre, j'en conviens; mais je ne demande qu'à revenir (Augier, Lions, 1870, p. 185).
D. − Qqc. revient (quelque part)
1. Qqc. revient vers/à... qqc./qqn.Anton. s'écarter, s'éloigner de.Lettre revenant à son expéditeur. Le mulet s'arrêta au bord du sentier qui va, serpentant, tournant sans cesse et revenant (...) le long de la montagne droite (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Aub., 1886, p. 1075).Le regard de l'observateur revenait à la photo, fasciné (...); les faces de la photo, elles, n'avaient plus de regard (Malraux, Espoir, 1937, p. 552).V. coronule ex.Revenir sur soi-même. Ce ruisseau revient plusieurs fois sur lui-même (Littré).Un seul courant électrique revenant sur lui-même (A.-M. Ampèreds Ann. chim. et phys., t. 15, 1820, p. 191).
Loc., pop. (Il s'appelle) reviens. ,,Se dit d'un objet que l'on prête et dont on désire le retour`` (Car. Argot 1977).
Empl. impers. Les hélices où il ne revenait pas dans l'axe une portion rectiligne du conducteur, me présentaient en outre les effets d'un conducteur rectiligne égal à l'axe de ces hélices (A.-M. Ampèreds Ann. chim. et phys., t. 15, 1820, p. 176).Sans compter qu'elles [les voitures] se vident et qu'il reviendra la moitié de la moisson sous le râteau (Aymé, Jument, 1933, p. 205).
Absol. Ce mouvement retenu, sinueux, contournant et revenant, qui sépare si fortement la prose de toute poésie et de toute éloquence (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 314).
Spécialement
Rare, vieilli. [En parlant d'un aliment] Augmenter de volume. Lorsque le levain est revenu, mêlez-le à la pâte (...) mettez la pâte dans le moule et laissez-la revenir; lorsque le moule est rempli, faites cuire (Gdes heures cuis. fr., J. Gouffé, 1877, p. 186).
LAIT. [En parlant d'un fromage] Retrouver, dans un endroit humide, après affinage et durcissement, la mollesse de matière qui caractérise le début de sa fabrication. Chaque fromager a sa méthode particulière pour faire revenir le fromage (Ac. Compl.1842, Besch. 1845).
[En parlant d'un vêtement ou d'un produit] Retrouver ses qualités originelles. Ce tricot est bien revenu au lavage (Lar. Lang. fr.).Lorsque les épinards ont été atteints par la gelée, rien n'est plus facile de les utiliser. Il suffit (...) de les faire tremper dans l'eau froide (...). Ils reviennent parfaitement et peuvent être consommés sans inconvénient (Gressent, Potager mod., 1863, pp. 375-376).
MÉTALL. [En parlant d'un acier, d'un alliage] (Faire) subir le revenu. Les ressorts sont confectionnés en acier dur trempé et revenu (Bailleul, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 17).
P. anal. [Pour dorer au mercure, le gratte-bossage effectué,] on portait alors l'objet [à dorer] dans le fourneau servant au recuit (...) pour faire « revenir » la dorure (Gasnier, Dépôts métall., 1927, p. 52).
2. Qqc. revient à (qqn)
a) [En parlant d'un aliment] Provoquer des renvois désagréables. L'ail, l'échalote revient (Ac. 1835-1935). Le boudin que j'ai mangé me revient (Ac.1835, 1878).La poésie des tropiques me dégoûtait. Mon regard, ma pensée sur ces ensembles me revenaient comme du thon (Céline, Voyage, 1932, p. 216).
b) [En parlant d'une information] Venir aux oreilles d'une personne. De différents côtés, des nouvelles de lui me reviennent (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1900, p. 376).
Empl. impers. À Plémobiers, les démêlés de Mgr Duberville et de son clergé se prolongeaient et il nous en revenait des échos (Billy, Introïbo, 1939, p. 103).De tous côtés, il nous revient que les troupes américaines (...) se sont admirablement battues (Gide, Journal, 1943, p. 240).En incise. [Les] autorités allemandes (...), me revient-il, se sont affectées de certains passages [d'un carnet de journal] (Gide, Journal, 1943, p. 207).
c) [En parlant d'un souvenir] Revenir à/dans l'esprit; revenir à la/dans la/en mémoire. En m'éveillant, l'idée du gentleman me revenait encore (Amiel, Journal, 1866, p. 224).Des paroles de son père lui revenaient à mesure en mémoire (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 68).
Empl. impers. Il me revient ce mot échappé à Chateaubriand: « Napoléon! Il écrivait... il écrivait, tenez, comme Balzac! » (Goncourt, Journal, 1864, p. 98).Il lui revint en mémoire que son cahier d'examens de conscience n'était pas à jour (Aymé, Jument, 1933, p. 122).
d) [En parlant d'une faculté ou d'une fonction vitale] En lisant ce que vous dites de mes croquis de passant et d'amateur, je me tiens à quatre pour ne pas être pris de vanité. Heureusement, la raison me revient vite (Hugo, Corresp., 1866, p. 519).Très vite, la lucidité lui revint, entière, avisée même (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1349).
Empl. impers. J'avais trop mal. J'ai un peu fumé. Il m'est revenu un peu de courage (Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 165).
e) [En parlant d'un bien propre] Appartenir légitimement, échoir à quelqu'un (comme avantage ou désavantage). Revenir de droit; rendre à César ce qui revient à César et à Dieu ce qui revient à Dieu; c'est à x que revient la gloire, l'honneur, le mérite de quelque chose. Porel, à qui revient l'idée de faire une pièce du roman [Germinie Lacerteux] (Goncourt, Journal, 1887, p. 665).Cette désignation [le haut] revient à la région où apparaît la tête (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 285).
Empl. impers. Je vous ai dit (...) qu'il vous reviendrait une cinquantaine de mille francs, il ne vous reviendra pas davantage (Becque, Corbeaux, 1882, 3, 8, p. 188).Je ne dirai pas un mot de plus (...). C'est à Éva qu'il revient de continuer cette scène (Giraudoux, Siegfried, 1928, iii, 2, p. 123).
f) Convenir, plaire. Son humeur me revient fort (Ac. 1835-1935). Il a un air, des manières qui reviennent à tout le monde, qui reviennent fort, qui ne reviennent point (Ac.1835-1935).Un homme simple et bienveillant revient (Nouv. Lar. ill.). C'est un jeune prêtre qui me revient assez (Mérimée, Abbé Aubain, 1847, p. 156).Les matadors (...) disent d'un taureau de cette espèce: « Il a une tête qui ne me revient pas » (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 492).
3. Qqc. revient à (faire) qqc.
a) Se ramener à. Comme si cette localisation d'un progrès dans l'espace ne revenait pas à affirmer que, même en dehors de la conscience, le passé coexiste avec le présent! (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 93).En somme, toute son éloquence revenait à ceci: « Entre Santos Iturria et moi, vous avez choisi (...) » (Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 176).
Locutions
Revenir au même. V. même I B 2.
Revenir à dire. Une pensée qui se contenterait d'exister pour soi (...), aussitôt apparue tomberait à l'inconscience, ce qui revient à dire qu'elle n'existerait pas même pour soi (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 206).
b) Vieilli. Présenter un rapport de conformité, de similitude avec (quelque chose). Cette couleur revient à celle de votre habit (Ac.1835, 1878).Prenez de ces deux objets celui que vous voudrez, l'un revient à l'autre (Ac.1835, 1878).M. de Buffon lui-même paraît le fixer [le temps pendant lequel les animaux nouveau-nés ont besoin de leur mère] à 4 ans pour l'enfant d'un homme social, ce qui revient assez à notre calcul (Laclos, Éduc. femmes, 1803, p. 451).
III. − [Qqc. revient à qqn à tel prix] Une poire qui revient à trois sols est quelquefois vendue dans la capitale jusqu'à des cinq et six francs! (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 40).La vie à l'hôtel revenait beaucoup trop cher (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 116).
Rare. [En parlant d'un être animé] Je suis ta danseuse, ton écurie, ta collection, je te reviens à des prix fous! (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1895, p. 252).[Sans prép. devant la mention du prix] Pension, ferrures, soins: un cheval revient un million par an à son propriétaire (Zitrone, Courses, 1962, p. 294).
IV. − CUIS. [Qqn fait revenir un aliment (dans un récipient)]
A. − Vieilli. Faire revenir de la viande. La mettre en état soit d'être piquée, bardée, avant d'être rôtie, soit de résister à l'altération, en la présentant au feu. Il faut faire revenir ces pigeons, ces poulets sur le gril, sur les charbons, dans l'eau bouillante (Ac.1798-1878).Cette longe de veau n'est pas bien revenue (Ac.1798-1878).
B. − Usuel. Faire revenir de la viande, du poisson, des légumes, des oignons. (Laisser) se colorer plus ou moins fortement, avant la cuisson proprement dite, une volaille, un poisson, un légume dans un corps gras fortement chauffé (d'apr. Courtine, Gastr. 1984). Lapin sauté! cria-t-il (...). Il « tomba la veste », alluma le poêle et fit « revenir » le lapin (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 145).V. aussi cari ex.Absol. (...) Mettez ces légumes dans une casserole avec (...) cinq hectos de beurre; faites revenir d'une couleur rouge (Gdes heures cuis. fr.,J. Gouffé,1877,p. 183).Je connaissais toutes les ragougnasses, toutes les manières de faire « revenir » (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 471).
V. − Fam. ou littér., vieilli. S'en revenir (de).[Le suj. désigne un être animé ou considéré comme tel] Faire retour dans le lieu d'où l'on était parti. Synon. s'en retourner.J'aperçus de loin un grand col bleu, dans une carriole qui s'en revenait bon train vers Plouherzel (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 95).L'amour (...) S'en revient pour chauffer devant le feu qui flambe Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes (Noailles, Cœur innombr., 1901, p. 84).On voyait des familles qui s'en revenaient de la plage (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 28).
REM.
Revenir, subst. masc. sing. à valeur de neutre,vieilli ou littér. a) [Corresp. à supra I B] Cette mort, dans le premier moment, glaça d'effroi tous les cœurs; on appréhenda le revenir du règne de Robespierre (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 137).b) [Corresp. à supra II C 1] Les fenouils m'ont dit: Il t'aime si Follement qu'il est à ta merci: Pour son revenir va t'apprêter. − Les fenouils ne savent que flatter! (Moréas, Pèlerin pass., 1891, p. 35).
Prononc. et Orth.: [ʀ əvniʀ], (il) revient [-vjε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug., v. venir. Étymol. et Hist. I. Venir d'un lieu, d'une situation où l'on a été, dans un lieu, une situation où l'on se trouvait primitivement A. En parlant d'un animé 1. lieu 2emoit. xes. intrans. (St Léger, éd. J. Linskill, 87: Reis Chielperics [...] Presdra sos meis, a lui [Lethgier] s tramist; Cio li mandat que revenist); id. suivi de l'inf. (ibid., 474: Si revenisses ta spuse conforter); id. réfl. (ibid., 285: Cum s'en alat e cum il s'en revint); ca 1200 revenir de + topon. (Guiot de Provins, Bible, 2613 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 91); 1559 impers. [en parlant d'un lieu hanté de spectres] il y revenait des esprits (Amyot, trad. de Plutarque, Hommes illustres, Solon, XIX, éd. G. Walter, t. 1, p. 184); 1580 revenir de l'autre monde (Montaigne, Essais, II, 6, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 377, v. aussi revenant subst.); 2. revenir a a) ca 1050 un sujet momentanément laissé de côté (St Alexis, éd. Chr. Storey, 101: Or revendrai al pedra ed a la medra); b) ca 1200-20 ce qui a été abandonné, une situation passée revenir a la loi paiene (Pseudo-Turpin, I, 1, 6 ds T.-L.); 3. d'un état physique, moral a) revenir de α) ca 1100 revenir de pasmeisuns (Roland, éd. J. Bédier, 2233); ca 1150 empl. abs. « recouvrer ses esprits » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 5920); β) 1377 réfl. s'en revenir « recouvrer la santé (en parlant d'un oiseau) » (Gace de La Buigne, Deduis, 7260 ds T.-L.); 1606 revenir de quelque mal (Nicot); γ) 1377 réfl. s'en revenir « changer d'opinion » (Gace de La Buigne, op. cit., 11997 ds T.-L.); 1647 part. passé revenu de « désabusé de » (Scarron, Don Japhet, III, 4, éd. R. Garapon, p. 62); δ) 1664 n'en pouvoir revenir « être fort surpris » (Molière, Tartuffe, IV, 6); b) revenir a, en déb. xiies. revenir en ses sens « recouvrer ses esprits » (Benedeit, St Brendan, 817 ds T.-L.); 1580 revenuz a eux (Montaigne, op. cit., II, 2, p. 347); c) 1268 trans. « ranimer (une personne), la rappeler à la vie » (Claris et Laris, 17350 ds T.-L.), encore relevé au xvies. (Hug.); à nouv. au xixes. 1890 (A. Daudet, Port-Tarascon, p. 184); 4. d'une occupation ca 1200 revenir de suivi de l'inf. (Bueve de Hantone, I, 7288 ds T.-L.: forestier, Qui revenomes de la forest gaitier); 5. « être en rapport de convenance, être du goût de, plaire » 1310-40 part. prés. adj. « qui plaît » lecieres ... mal revenans (Jean de Condé, Dits et contes, I, 185, 586, ibid.). B. En parlant de choses 1. ca 1050 « retourner d'un lieu au point de départ » (St Alexis, 190: Dreit a Lalice revint li sons edrers); ca 1200 (Guiot de Provins, Chans., IV, 15 ds Œuvres, p. 7: Li mals ke j'ai ne vait mie et revaint); 2. a) ca 1130 « se résumer à, aboutir à » (Li Ver del Juise, 54 ds T.-L.: Li orguelz de cest secle revient a petit pris); ca 1160 (Eneas, 3478, ibid.); b) 1358 « être en rapport d'équivalence; se ramener à, équivaloir à » en parlant de la valeur d'un poids (doc. Arch. Valenciennes ds Gdf. Compl.); 1530 en parlant d'une somme (Palsgr., p. 248b: a combien [...] revient le tout?); 1645 l'un revient à l'autre (C. Oudin, Seconde part. du Tresor des deux lang. fr. et esp., Paris, Sommaville); 1671 tout revient au mesme (Pomey); 3. a) ca 1170 « (d'un état, d'une qualité perdus) être retrouvé » (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, 835: Ore est sa joie revenue); b) 1376 « (d'une chose) retrouver son état, sa qualité perdus » (Modus, 111, 1 ds T.-L.: comment l'en fait revenir une panne ploiee); 4. a) 1261, juin revenir a « échoir à quelqu'un comme profit » (doc. Arch. Tournai ds Gdf. Compl.); b) fin xives. part. prés. adj. « qui fournit un revenu » (Froissart, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, IV, t. 15, p. 239: evesquiet [...] la mieux revenant [...] de toute Angleterre); 1600 « fournir un revenu, rapporter » (O. de Serres, Theatre d'agric., II, Paris, Jamet Métayer, p. 89), v. aussi revenant-bon et revenu; 5. ca 1200 revenir devant (a aucun) « venir en mémoire; causer des regrets » (Poème moral, éd. A. Bayot, 1213); 1230 (Gaidon, 137 ds T.-L.); 6. ca 1256 « provoquer une régurgitation » revenir à le bouche (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 15, 17); 7. a) ca 1393 cuis. réfl. « (d'un mets liquide) diminuer de volume » (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, II, 5, 313, p. 270, 3); b) av. 1558 id. « (d'une viande, d'un poisson) prendre couleur, étant passé au feu » (Mell. de S. Gel., Œuvres poét., p. 84, éd. 1719 ds Gdf. Compl.); 1606 faire revenir (une viande) « l'amollir en la passant sur la braise, ou en la trempant dans de l'eau chaude » (Thresor des trois langues d'apr. FEW t. 10, p. 351b); 1611 (Cotgr.); 1798 faire revenir des légumes dans de la graisse (Ac.); 8. 1671, 18 mai « (d'une rumeur) être dite, rapportée » (Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 1, p. 296). II. Venir ou se manifester à nouveau A. d'une personne 1. ca 1050 « venir une nouvelle fois » (St Alexis, 176: Revint li costre a l'imagine el muster); 2. 1728 revenir sur le compte de (qqn) « quitter l'opinion qu'on avait de quelqu'un » (Allainval, École des bourgeois, III, 1 ds Littré); 3. 1762 revenir sur une affaire « en reparler » (Ac.). B. d'un inanimé 1. ca 1180 « se manifester à nouveau » (Hue de Rotlande, Ipomedon, éd. A. J. Holden, 5174: La nuit revent, le jur s'en vet); 2. ca 1256 spéc. « repousser (en parlant de poils) » (Aldebrandin de Sienne, op. cit., p. 89, 9). Du lat. revenire « revenir » aux sens propre et fig.; au sens de « échoir (d'un bien) » anno 730 ds Nierm. Le sens « ranimer, faire revenir (une personne) à la vie » [I A 3 c] est relevé en a. prov. dès ca 1195 (Arnaut de Mareuil, Poés. lyriques, éd. R. C. Johnston, XVII, 16: revenir lo cor), ainsi que dans la lang. mod. (Mistral), de là, l'empl. du mot par A. Daudet; ce région. connaît un large usage dans le Midi. Fréq. abs. littér.: 27 944. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 34 360, b) 46 726; xxes.: a) 40 231, b) 40 292. Bbg. Baldinger (K.). Vers une sém. mod. Paris, 1984, pp. 136-167. − Pinchon (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, p. 261, 263, 286. − Quem. DDL t. 5, 10, 14, 31. − Sankoff (G.), Thibault (P.). L'Alternance entre les aux. avoir et être en fr. parlé à Montréal. Lang. fr. 1977, n o34, pp. 97-99.

Wiktionnaire

Verbe - français

revenir \ʁə.vniʁ\ ou \ʁə.və.niʁ\ ou \ʁvə.niʁ\ intransitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Venir une autre fois, venir de nouveau.
    • L’avion revient vers nous, plane un moment sur nos têtes, glisse, remonte et, dans une dernière caracole, pique vers son hangar. — (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, pages 203-204)
    • […] je craignais qu’en serrant son argent dans sa bourse il ne nous annonçât qu’il ne reviendrait pas le lendemain. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 39)
    • Ils arrivent par vagues successives à partir de mai pour démarier, puis biner deux fois les betteraves, certains repartent dans leur pays et reviendront au moment de l’arrachage […] — (Françoise Bourquelot, La Main-d’œuvre saisonnière, à cent ans d’intervalle, dans deux secteurs de pointe de l’agriculture française, dans La Moisson des autres : les salariés agricoles aux XIXe et XXe siècles, sous la direction de Ronald H. Hubscher & ‎Jean-Claude Farcy, Créaphis éditions, 1996, page 146)
  2. Reparaître après avoir disparu, arriver, se présenter ou se faire sentir de nouveau.
    • […] je ne voulais pas me faire à l’idée que mon père fût mort, et que plus jamais il ne reviendrait. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
    • Elle s’est éclipsée ; elle est revenue, tiède et savonneuse ; puis, toute fraîche, la figure rosissante, essuyant des gouttelettes d’eau. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Le temps, la beauté, la jeunesse, le plaisir passe et ne revient plus.
    • Cette fête revient tous les ans.
  3. Reparaître après une campagne, un raid, une guerre, en parlant de marins, de soldats.
    • Le sacro-saint règlement et l’esprit de corps furent ainsi respectés, mais Blosseville et son équipage ne revinrent jamais. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
  4. Croître de nouveau, qui repousser après avoir été coupé, arraché, etc.
    • Ces bois que l’on avait coupés reviennent bien.
    • Les plumes reviennent à cet oiseau.
    • Les premières dents de cet enfant sont tombées, il lui en revient d’autres.
  5. (Figuré) Être répété, mentionné fréquemment.
    • Les auteurs grecs et latins reviennent souvent dans ses écrits.
    • Ce mot revient sans cesse sous sa plume.
  6. (Figuré) Être dit, être rapporté.
    • Certains propos tenus sur sa conduite lui revinrent.
    • La même chose me revient de tous côtés.
    • (Impersonnel)Il me revient que vous vous plaignez de moi.
    • (Impersonnel) — Je crains bien, madame, que M. Paul Vence ne vous ait fait à ce sujet beaucoup de mensonges absurdes. Il m’est revenu qu’il allait semant dans les salons que mon cordon est un cordon de sonnette […] — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 107)
  7. Retourner au lieu d’où l’on était parti.
    • Ayant réquisitionné une bicyclette dans une boutique abandonnée, Bert l’enfourcha, et, maintenant en équilibre son chargement pharmaceutique, il revint à l’hôtel-hôpital. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 304 de l’édition de 1921)
    • Résignée, elle mit dans le cabas deux litres vides et s’en fut à l’auberge d’où elle revint bientôt avec le vin […] — (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Après deux jours d’absence, nous revenions à Rockall ramenant une nuée de mouettes qui avaient quitté leur îlot pour nous accompagner […] — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Là nous eûmes un guide, et c’était bien nécessaire, car les tranchées tournaient et revenaient de façon qu’on ne savait plus où était l’ennemi. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 125)
  8. (Figuré) Réintégrer une organisation.
    • Revenir au giron de l’église.
    • Revenir à Dieu.
  9. (Figuré) Redevenir favorable à quelqu’un, reprendre pour lui des sentiments d’amitié, de confiance.
    • La realpolitik, vouée aux gémonies dans les années 1920 et 1930, revint à la mode. — (Arnaud Blin, 1648, la paix de Westphalie ou la naissance de l’Europe politique moderne, Éditions Complexe, 2006, page 190)
    • Tous ses anciens amis lui revinrent.
    • L’opinion commence à lui revenir.
  10. S’en ressouvenir.
    • Cela me revient dans l’esprit, à l’esprit, cela me revient en mémoire, dans la mémoire, à la mémoire.
    • Des souvenirs lui revenaient par bribes. Il se remémorait le bonheur qu’il avait découvert à marcher dans les champs ou à travers les bois. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • (Absolument) — Ce nom ne me revient pas.
    • Cet air me revient sans cesse, et je le chante sans cesse intérieurement.
  11. (Mythologie) Faire un retour de l’au-delà.
    • Il revient des esprits, des esprits reviennent dans cet endroit.
    • Pour moi pauvre bavure,
      Ça n'aurait pas changé grand-chose, mais ça m'aurait fait faire plaisir,
      Sûr ça m'aurait pas fait revenir — (Jehan Jonas, maquette de Bavure, album posthume Bavure, 2010)
  12. (Familier) Persister au goût ou à l’odeur, en parlant de certains aliments qui, lorsqu’on les a mangés, causent des rapports.
    • L’ail, l’échalote revient.
  13. Recommencer à faire ou à dire les mêmes choses que l’on a faites ou dites précédemment.
    • Après un pareil refus, il n’y avait plus à y revenir.
    • C’est bon pour cette fois, mais n’y revenez pas.
    • En somme, il avait promis à Marie Papin de l’épouser. Car il l’avait dit. Il n’y avait pas à revenir là-dessus. — (Georges Simenon, Les Demoiselles de Concarneau, Gallimard, 1936, réédition Folio, page 118)
  14. Reprendre le fil de son discours ou de son raisonnement, après une digression ou une interruption.
    • Revenons maintenant à notre sujet, c’est-à-dire aux enfants de Paris, et occupons-nous des convalescents. — (d’Haussonville, L’Enfance à Paris, 1879, Calmann-Lévy, page 145)
  15. (Figuré) Reparler d’une affaire, d’une matière, la traiter de nouveau.
    • La décision est prise et actée ; nous n’allons pas revenir sans cesse sur cette affaire.
  16. Se rétablir se remettre, être rétabli, être remis dans le même état où l’on était auparavant.
    • Revenir en son premier état.
    • Revenir au bon sens.
    • Revenir à la vie, à la santé.
  17. (Par ellipse) Revenir à soi.
    • Elle se passa les doigts sur les paupières, les yeux reprirent une expression humaine comme si elle revenait d’une pâmoison. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  18. Se rétablir d’une maladie, recouvrer sa santé.
    • Il est bien revenu de sa maladie.
    • (Absolument) — Il revient à vue d’œil.
  19. (Figuré) Reprendre ses esprits.
    • Je ne reviens pas de ma surprise.
    • Revenez de votre étonnement.
    • L’amour est parfois une aventure dont certains n’en reviennent pas d’être revenus. — (Pierre Dac, Les Pensées, Éditions Saint-Germain-des Prés, 1972)
  20. (Parfois) Reprendre le courage que l’on avait perdu.
    • Revenir d’une frayeur.
  21. (Absolument) Reprendre ses esprits à la suite d'un profond étonnement.
    • Je n’en reviens pas !
  22. (Figuré) Abandonner l’opinion dont en était, pour en adopter une autre.
    • Je reviens à l’avis d’un tel.
    • C’est un homme opiniâtre qui ne revient pas, qui ne revient jamais.
    • Je reviens à ma première idée.
    • Je reviendrai peut-être à mon ancien projet.
  23. Se désabuser.
    • Revenir de ses erreurs, de ses opinions, des impressions qu’on a reçues.
    • Je suis bien revenu des doctrines libérales.
    • Depuis quelques mois, j’en suis revenu, de Jacques.
  24. Se corriger, s’amender.
    • Revenir de ses débauches, de ses emportements, des égarements de sa jeunesse.
  25. Changer de sentiments, d’opinion ; se dédire de ce qu’on avait promis.
    • Revenir sur ce qu’on avait dit, sur ce qu’on avait promis, sur ses engagements.
  26. (Par extension) Modifier, en bien ou en mal, son opinion.
    • Oui, l’agonisant est plutôt esprit que matière ; voilà pourquoi, à l’heure suprême, les hommes les plus athées sont revenus aux croyances éternelles et aux vérités de révélation. — (Hubert Lauvergne, Les Forçats, J.-B. Baillière, 1841, édition Jérôme Millon, 1991, page 60)
  27. (Familier) Se réconcilier, s’apaiser.
    • Quand on l’a fâché une fois, c’est pour toujours ; il ne revient jamais.
    • On n’a besoin que de lui parler raison, il revient aussitôt.
  28. Résulter à l’avantage ou au désavantage de quelqu’un, être dévolu.
    • Le profit qui m’en revient est médiocre.
    • Il en reviendra un million à l’état.
    • Cette place lui revient de droit.
    • Il ne lui revient presque rien de la fortune de sa mère.
    • Que vous revient-il, que vous en revient-il de tourmenter de pauvres gens ?
    • Quel honneur, quelle gloire, quel avantage peut-il vous revenir de cette entreprise ?
    • Il ne vous en reviendra que des ennuis, de la honte.
  29. Coûter. — Note : et alors il se joint à la préposition à.
    • Cette ferme, tout compté, tout calculé, me revient à tant. — Ces deux étoffes reviennent au même prix.
  30. Avoir du rapport ; être conforme ou semblable ; équivaloir.
    • Si certains se targuèrent alors de rendre la chose plus « transparente » donc soi-disant plus saine, cela revenait tout de même à leur permettre de faire du renseignement législatif voire d'influencer nos élus. — (Séverine Tessier, Lutter contre la corruption: A la conquête d'un nouveau pouvoir citoyen, Éditions François Bourin, 2015)
    • Cela revient au même — Cela revient à dire que…
  31. (Quelquefois) (Familier) Plaire.
    • Son humeur me revient fort.
    • Ditvrai aussi me revient. C’est-à-dire que le gars lui-même ne me revient pas, mais son souvenir n’est pas près de me sortir de la tête. — (Léo Malet, Du rébecca rue des Rosiers, Robert Laffont, Paris, 1958)
    • La mère d’Ida, quand elle rentre, manifeste bien un peu de surprise de me trouver au chevet de sa fille, mais comme ma bobine semble lui revenir, ça se tasse. — (Léo Malet, Du rébecca rue des Rosiers, Robert Laffont, Paris, 1958)
    • Qu’est-ce que c’est, ce machin ? — C’est une tarte aux myrtilles ! Pourquoi, elle vous revient pas ?— (Alexandre Astier, Kaamelott, Livre I, épisode La Tarte aux myrtilles)
  32. (Cuisine) Passer au feu, dans le beurre, dans la graisse, des mets, pour les préparer en vue de la cuisson.
    • Faire revenir de la viande, des légumes.
    • Les aliments mal revenus font les repas mal partis. — (Pierre Dac, Essais, maximes et conférences)
  33. (Impersonnel) Incomber.
    • Il revient à chaque bureau de cabinet de se doter d’un outil de suivi lui permettant de s’assurer du respect des délais mentionnés dans la présente fiche et d’alerter en temps utile les intervenants à l’origine de retards. — (Secrétariat général du gouvernement et Conseil d’État, Guide de légistique, 3e version, La Documentation française, 2017, ISBN 978-2-11-145578-8 → lire en ligne)
    • C'est à cette dernière qu’était revenu l’honneur de présider la cérémonie du baptême. On me déposa sur ses genoux. — (Neyla Ayssi, Les barbelés ne sont pas toujours le long des murs, Éditions du Panthéon, 2019, chapitre 1)
  34. (Sports hippiques) Rendre la distance.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

REVENIR. v. intr.
Venir une autre fois, de nouveau. Je reviens pour vous dire... Il est revenu vous chercher. Je ne puis vous entendre en ce moment, vous reviendrez tantôt. Il se dit aussi de Certaines choses qui reparaissent après avoir disparu, qui arrivent, se présentent ou se font sentir de nouveau. Le soleil revient sur l'horizon. Les beaux jours sont près de revenir. Le temps, la beauté, la jeunesse, le plaisir passe et ne revient plus. Cette fête revient tous les ans. La fièvre lui est revenue. Il se dit encore des Choses qui croissent de nouveau, qui repoussent après avoir été coupées, arrachées, etc. Ces bois que l'on avait coupés reviennent bien. Les plumes reviennent à cet oiseau. Les premières dents de cet enfant sont tombées, il lui en revient d'autres. Il signifie, au figuré, Être répété, mentionné fréquemment. Les auteurs grecs et latins reviennent souvent dans ses écrits. Ce mot revient sans cesse sous sa plume. Il signifie aussi figurément Être dit, être rapporté. Certains propos tenus sur sa conduite lui revinrent. La même chose me revient de tous côtés. Impersonnellement, Il me revient que vous vous plaignez de moi.

REVENIR signifie encore Retourner au lieu d'où l'on était parti. Il était parti ce matin, il est revenu. Je reviens à vous dans un moment. Partez au plus tôt et ne faites qu'aller et revenir. Il est enfin revenu de ses longs voyages. Revenir au gîte. Revenir sur l'eau après avoir plongé. Revenir sur ses pas, Revenir après s'être éloigné. S'en revenir se dit familièrement dans le même sens. Il s'en est revenu tout courant. Fig., Revenir au giron de l'Église, Rentrer dans le sein de l'Église catholique. Fig., Revenir à Dieu, Se convertir, reprendre des sentiments de piété. Fig., Revenir à quelqu'un, Lui redevenir favorable, reprendre pour lui des sentiments d'amitié, de confiance. Tous ses anciens amis lui revinrent. L'opinion commence à lui revenir. Fig. et fam., Il revient de l'autre monde se dit d'un Homme qui a l'air déconcerté, ahuri. Il se dit aussi d'un Homme qui n'est pas instruit d'un événement public et remarquable, arrivé depuis peu. Il semble qu'il revienne de l'autre monde. Fig. et fam., Revenir de Pontoise se dit d'une Personne qui n'est pas au fait de ce que tout le monde sait, qui s'ébahit de tout ce qu'elle entend. Fig. et fam., Revenir sur l'eau, Rétablir sa fortune, recouvrer du crédit, rentrer en faveur. Fig., Revenir sur le passé, Reparler de ce qui a été dit ou fait, récriminer à ce sujet. Ne revenons pas sur le passé! Cela me revient dans l'esprit, à l'esprit, cela me revient en mémoire, dans la mémoire, à la mémoire, Je m'en ressouviens à l'instant même. Absolument, Ce nom ne me revient pas, Je ne m'en ressouviens plus; Cet air me revient sans cesse, Je le chante sans cesse intérieurement. Il revient des esprits, des esprits reviennent dans cet endroit, On croit y voir des fantômes.

REVENIR se dit familièrement de Certains aliments qui, lorsqu'on les a mangés, causent des rapports. L'ail, l'échalote revient.

REVENIR signifie aussi Recommencer à faire ou à dire les mêmes choses que l'on a faites ou dites précédemment. Après un pareil refus, il n'y avait plus à y revenir. C'est bon pour cette fois, mais n'y revenez pas. Les troupes reviennent à la charge, Après avoir plié, après avoir été battues, elles retournent au combat. Fig., Revenir à la charge. Voyez CHARGE. Je reviens à ce que nous disions, pour en revenir à ce que nous disions se dit quand, après une digression ou une interruption, on reprend le fil de son discours ou de son raisonnement. J'en reviens toujours là, qu'il faut... Je persiste à penser, à déclarer qu'il faut... Fig. et fam., Revenir à ses moutons, Reparler à plusieurs reprises d'une chose dont on est obsédé. Il se dit le plus souvent avec une intention ironique. Il revient toujours à ses moutons. Fig., Revenir sur une matière, sur une affaire, En reparler, la traiter de nouveau.

REVENIR signifie encore Se rétablir se remettre, être rétabli, être remis dans le même état où l'on était auparavant. Revenir en son premier état. Revenir au bon sens. Revenir en laveur auprès du prince. Revenir à la vie, à la santé. Revenir à soi ou simplement Revenir, Reprendre ses esprits après un évanouissement, une faiblesse, etc. Il s'emploie aussi au figuré et signifie Se calmer. La colère l'emporta, mais il revint à soi presque aussitôt. Il signifie encore, figurément, Prendre de meilleurs sentiments. Revenir à soi après de longs égaiements. Revenir d'une maladie, Se rétablir, recouvrer sa santé. Il est bien revenu de sa maladie. On dit absolument, dans le même sens : Il revient à vue d'œil. On dit de même : En revenir, Guérir d'une maladie, n'en pas mourir. Il n'en reviendra pas. Revenir de loin signifie Échapper à quelque grand mal, se tirer de graves erreurs. On le croyait perdu, il est revenu de loin. Ses dernières années furent édifiantes, il était revenu de loin. Ses derniers ouvrages sont aussi judicieux que ses premiers l'étaient peu, il est revenu de loin. Fig., Revenir d'une frayeur, d'un étonnement, d'une surprise, etc., Reprendre ses esprits, reprendre le courage que la frayeur avait ôté, etc. Elle n'est pas encore bien revenue de sa frayeur. Je ne reviens pas de ma surprise. Revenez de votre étonnement. Absolument, Je n'en reviens pas, Je ne reviens pas de mon étonnement.

REVENIR signifie, au figuré, Abandonner l'opinion dont en était, pour en adopter une autre. Je reviens à l'avis d'un tel.. C'est un homme opiniâtre qui ne revient pas, qui ne revient jamais. On dit aussi : Je reviens à ma première idée. Je reviendrai peut-être à mon ancien projet. Revenir de ses erreurs, de ses opinions, des impressions qu'on a reçues, S'en désabuser. On dit dans le même sens : Je suis bien revenu des choses du monde, de ce monde. C est un homme dont je suis bien revenu. Revenir de ses débauches, de ses emportements, des égarements de sa jeunesse, S'en corriger, y renoncer. Revenir sur ce qu'on avait dit, sur ce qu'on avait promis, sur ses engagements, Changer de sentiments, d'opinion; se dédire de ce qu'on avait promis. Revenir sur le compte de quelqu'un, Modifier, en bien ou en mal, l'opinion qu'on avait de quelqu'un. Je suis bien revenu sur son compte.

REVENIR signifie aussi, familièrement, Se réconcilier, s'apaiser. Quand on l'a fâché une fois, c'est pour toujours; il ne revient jamais. On n'a besoin que de lui parler raison, il revient aussitôt.

REVENIR signifie encore Résulter à l'avantage ou au désavantage de quelqu'un, être dévolu. Le profit qui m'en revient est médiocre. Il en reviendra un million à l'État. Il ne lui revient presque rien de la fortune de sa mère. Que vous revient-il, que vous en revient-il de tourmenter de pauvres gens? Quel honneur, quelle gloire, quel avantage peut-il vous revenir de cette entreprise? Il ne vous en reviendra que des ennuis, de la honte. Cette place lui revient de droit. Il signifie aussi Coûter; et alors il se joint à la préposition à. Cette ferme, tout compté, tout calculé, me revient à tant. Ces deux étoffes reviennent au même prix. Il signifie en outre Avoir du rapport, être conforme, semblable. Il ne s'emploie plus en ce sens que dans ces locutions : Cela revient au même; Cela revient à dire que...

REVENIR signifie quelquefois Plaire. Son humeur me revient fort. Il a un air, des manières qui ne me reviennent pas. Il est familier. En termes de Cuisine, il se dit des Mets qu'on fait passer au feu, dans le beurre, dans la graisse, pour les préparer en vue de la cuisson. Faire revenir de la viande, des légumes.

Littré (1872-1877)

REVENIR (re-ve-nir) v. n.

Il se conjugue comme venir.

  • 1Venir une autre fois, de nouveau. Je reviens pour vous dire… Revenez, nous causerons. Souris de revenir, femme d'être en posture [pour les guetter], La Fontaine, Fabl. II, 18. …Le petit enfant qui va, saute et revient, Et joyeux à sa mère offre un caillou qu'il tient, Boileau, Art p. III. Le Temps, d'une aile prompte et d'un vol insensible, Fuit et revient sans cesse à ce palais terrible [des Destins], Voltaire, Henr. VII.

    Revenir à la charge, retourner au combat après avoir été repoussé, battu.

    Fig. Revenir à la charge, réitérer ses instances. Il ne s'embarrassait pas de tous mes chagrins ; il revenait opiniâtrément à la charge, Fénelon, Télém. XII.

  • 2Se rendre au lieu d'où l'on était parti. Non, je ne reviens pas, car je n'ai pas été ; Je ne vais pas aussi, car je suis arrêté, Molière, le Dép. I, 4. M. de la Trousse [prisonnier] reviendra sur sa parole, Sévigné, 216. M. de Sanzei reviendra le jour d'Énoch, d'Élie, de saint Jean-Baptiste, du feu marquis de Piennes et du marquis d'Estrées ; quelle folie de douter de sa mort ! Sévigné, 214. Ah ! si quelques générations, que dis-je ? si quelques années après votre mort vous reveniez, hommes oubliés, au milieu du monde, Bossuet, le Tellier. Deux fois, en grand politique, ce judicieux favori [Mazarin] sut céder au temps et s'éloigner de la cour ; mais, il faut le dire, il y voulait revenir trop tôt, Bossuet, ib. Tel fut cet empereur… Qu'on n'alla jamais voir sans revenir heureux, Boileau, Ép. I. Mithridate revient ; ah ! fortune cruelle ! Racine, Mithr. I, 5. Cette idée [que le soleil plongé dans l'océan reva à son lever par des routes inconnues] ressemble beaucoup à celle du baron de Féneste, qui dit que, si on ne voit pas le soleil quand il revient, c'est qu'il revient de nuit, Voltaire, Dict. phil. Ciel matériel. Il a fait beaucoup d'ouvrages de théologie, et disputé beaucoup sur les usages de la Chine contre les jésuites qui en revenaient, Voltaire, Louis XIV, Écriv. Alexandre. Je sais ce que ferait le sage ; Il ferait à Dresde un voyage… Mais, retenu parles merveilles Qui soumettent à leurs appas Le cœur, les yeux et les oreilles, Le sage ne reviendrait pas, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 97.

    Fig. Hermione elle-même a vu plus de cent fois Cet amant irrité revenir sous ses lois, Racine, Andr. I, 1.

    Revenir de, avec un verbe à l'infinitif, revenir après avoir fait… D'Hacqueville est revenu de poignarder la maréchale de Grammont [lui annoncer la mort de son fils], Sévigné, 15 déc. 1673.

    La maison d'où l'on ne revient pas, le tombeau. Adieu, fragile enfant, échappé de nos bras ; Adieu, dans la maison d'où l'on ne revient pas, Chénier, Sur la mort d'un enfant.

    Revenir du pays où tout le monde va, échapper à une grave maladie. Vous m'apprenez, mademoiselle, que vous revenez du pays où j'irai bientôt ; si j'avais su votre maladie, je vous aurais assurément écrit, Voltaire, Lett. Mlle Clairon, 18 oct. 1767.

    Fig. Revenir au giron de l'Église, rentrer dans le sein de l'Église catholique.

    Revenir sur ses pas, revenir après s'être éloigné. Ne vous éloignez pas ; Peut-être on vous fera revenir sur vos pas, Racine, Baj. II, 4. L'astre du jour a vu ma course vagabonde Jusqu'aux lieux où, cessant d'éclairer nos climats, Il ramène l'année, et revient sur ses pas, Voltaire, Alz. II, 1.

    Fig. Revenir sur ses pas, abandonner un sentiment. Excellents ! admirables [des bonbons à propos desquels Figaro dit d'abord ne pas savoir de quoi on lui parle] ! Oui sans doute, monsieur le barbier, revenez sur vos pas ! vous faites là un joli métier, Beaumarchais, Barbier de Sév. III, 5.

    En un autre sens, revenir sur ses pas, récapituler, résumer. Il faut donc revenir sur nos pas, et fixer nos idées sur des faits incontestables, Barthélemy, Anach. ch. 51.

    Revenir sur l'eau, reparaître à la surface de l'eau.

    Fig. Revenir sur l'eau, rétablir sa fortune, reprendre faveur. Notre bourse est à fond ; et, par un sort nouveau, Notre amour recommence à revenir sur l'eau, Regnard, le Joueur, IV, 13.

    On dit : avoir l'air de revenir de Pontoise, pour avoir l'air étonné mal à propos d'une nouvelle, être ahuri, ne pas comprendre.

    Fig. Revenir de Poitiers, s'est dit pour mentir, à la suite de la pièce de Corneille, le Menteur, où le menteur est un jeune homme qui arrive de la faculté de droit de Poitiers. De sorte qu'aujourd'hui presque en tous les quartiers On dit, quand quelqu'un ment, qu'il revient de Poitiers, Corneille, Suite du Ment. I, 3.

    S'il revenait au monde, se dit pour exprimer ce qui arriverait si un mort reparaissait parmi les vivants. Si Luther et Calvin revenaient au monde, ils ne feraient pas plus de bruit que les scotistes et les thomistes, Voltaire, Pol. et lég. la Voix du sage. Que dirait Archimède, s'il revenait à Syracuse ? mais que diraient les Trajan et les Antonin, s'ils revenaient à Rome ? Voltaire, Lett. Hamilton, 17 juin 1773.

    Fig. Il revient de l'autre monde, se dit d'un homme qui ne sait pas les nouvelles, les événements récents que tout le monde connaît.

  • 3S'en revenir, retourner au lieu d'où l'on était parti. Il s'en est revenu par le plus court chemin. Je m'en revins en France par la Pologne, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg. Vie de l'aut.
  • 4Revenir sur soi-même, se dit des choses sinueuses qui se replient. Ce ruisseau revient plusieurs fois sur lui-même.
  • 5Avoir lieu, ou se faire sentir de nouveau, se présenter de nouveau. C'est un besoin qui revient tous les jours. Mon trouble se dissipe, et ma raison revient, Corneille, Cinna, I, 4. Du moment qu'il l'a vue, Ses troubles ont cessé, sa joie est revenue, Corneille, Sophon. II, 1. On espère que son rang [de l'évêque de Laon] pourra revenir [pour être fait cardinal], Sévigné, 1er mars 1672. Quand tout cédait à Louis, et que nous crûmes voir revenir le temps des miracles, où les murailles tombaient au bruit des trompettes, Bossuet, Mar.-Thér. La santé de M. le maréchal d'Harcourt revient, depuis qu'il se repose, Maintenon, Lett. au duc de Noailles, 2 août 1710. Il passe les jours, ces jours qui échappent et qui ne reviennent plus, à verser du grain [à des oiseaux], La Bruyère, XIII. Quand une fois l'autorité violente est méprisée, il n'en reste plus assez à personne pour la faire revenir, Montesquieu, Lett. pers. 80. Ces temps [des persécutions religieuses] ne reviendront plus, je le crois, mes frères ; mais c'est afin qu'ils ne reviennent plus qu'il faut en rappeler souvent la mémoire, Voltaire, Phil. Homélie 5. Le temps arriva où l'on célébrait une grande fête, qui revenait tous les cinq ans, Voltaire, Zadig, 5. Les ans, les mois, les jours, par une sage loi, Tout revient ; mais le jour ne revient pas pour moi [Milton aveugle], Delille, Parad. perdu, III.

    La parole lui est revenue, se dit d'un malade qui avait perdu la parole, et qui recommence à parler.

    Revenir sur la tête, retomber sur la tête. Tout ce qu'il [l'homme] fait et dit reviendra sur sa tête, Corneille, Imit. III, 24.

  • 6Croître de nouveau, repousser. Ses cheveux, ses ongles reviennent. Ces bois que l'on avait coupés reviennent bien. Les premières dents de cet enfant sont tombées ; il lui en revient d'autres.
  • 7En parlant des esprits, des morts, des âmes, sortir de la tombe et apparaître. Le peuple s'est mis dans la tête que son âme revient la nuit tout en feu dans l'église, qu'il erre, qu'il jure, qu'il menace ; et là-dessus ils veulent jeter le corps à la voirie, Sévigné, 142. Ce doit être sans doute un esprit qui revient, Th. Corneille, D. Bertr. de Cig. III, 6. On raconte aux enfants que les morts reviennent la nuit sous des figures hideuses ; tout cela n'aboutit qu'à rendre une âme faible et timide, Fénelon, t. XVII, p. 12. D'où vient que les humains, malgré l'arrêt du sort, Reviennent à mes yeux du séjour de la mort ? Voltaire, Sémir. III, 2.

    Impersonnellement. Il y revient des lutins lutinants…, Regnard, Ret. impr. 13.

    Impersonnellement et absolument. On prétend qu'il revient dans ce château, on prétend que des esprits y apparaissent.

  • 8En parlant des aliments, causer des rapports. L'ail revient. Le boudin que j'ai mangé me revient.
  • 9S'offrir de nouveau à l'esprit. Ces coups de bâton me reviennent au cœur ; je ne saurais les digérer, Molière, Méd. malgré lui, I, 5. Et puis cette Providence me revient ; car, sans cela, on n'aurait jamais fait à retourner sur le passé, Sévigné, 24 juill. 1689. Les douceurs célestes qu'elle avait goûtées sous les ailes de Sainte-Fare, étaient revenues dans son esprit, Bossuet, Anne de Gonz. Monime, qu'en tes mains mon père avait laissée, Avec tous ses attraits revint en ma pensée, Racine, Mithr. I, 1. Mille choses de lui maintenant me reviennent, Qui véritablement engagent et préviennent, Piron, Métrom. II, 6.

    Cela me revient dans l'esprit, à l'esprit, cela me revient en mémoire, dans la mémoire, à la mémoire, je m'en ressouviens à l'instant même.

    Absolument. Ce nom ne me revient point, je ne m'en ressouviens plus. C'était dans un village de la Manche dont le nom ne me revient pas, Comte de Caylus, Œuv. t. XII, p. 99, dans POUGENS.

    Ce mot me reviendra, je le retrouverai dans ma mémoire. Pour être de votre académie, il ne faut que plaire à deux hommes, M. de Sacy et M. Quatremère de Quincy, et, je crois, encore à un troisième dont le nom me reviendra, Courier, Lett. à l'Acad. des inscr.

    Revenir se dit en ce sens avec un infinitif. Hélas ! l'état horrible où le ciel me l'offrit [Joas], Revient à tout moment effrayer mon esprit, Racine, Ath. I, 2. Du temps… Où de nos attentats la mesure passée Revient avec horreur effrayer la pensée, Voltaire, Olymp. I, 2.

  • 10Faire retour, revenir en la possession. On vante beaucoup la pierre précieuse attachée à l'anneau de Polycrate, tyran de Samos, qu'il jeta dans la mer, et qui lui revint par un bonheur fort singulier, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. XI, 1re part. p. 78, dans POUGENS. L'emploi me reviendra ; je le donnerai à un autre pour le même prix, Lesage, Turcaret, III, 8. Recommencer à dire, à faire. Et toujours Xipharès revient vous traverser, Racine, Mithr. II, 1. Le refus de ma mère fut si absolu, et ses résolutions étaient toujours si fermes, qu'il n'y avait pas à y revenir, Duclos, Œuv. t. X, p. 52.

    Y revenir, faire quelque chose qui excite plainte ou blâme. Qu'il y revienne de sa vie, Disait l'autre, il aura son tour, La Fontaine, Tabl. Quoi ! ma cousine, vous y revenez, Destouches, Fausse Agnès, III, 11. Mon petit ami, cela va fort bien, mais n'y revenez plus, Rousseau, Ém. II.

  • 11Revenir sur, s'occuper de… à nouvelles reprises. En faisant successivement ses études, on ne fait que revenir continuellement sur un même fond d'idées, Condillac, Œuv. t. V, p. 138. Le peintre revient sur son travail, et le corrige tant qu'il lui plaît, Diderot, Observ. sur la sculpt. Œuv. t. XV, p. 309, dans POUGENS.

    Revenir sur une matière, sur une affaire, en reparler, la traiter de nouveau.

    Revenir sur soi, faire des réflexions sur ce qu'on est, sur ce qu'on fait. Que peut-on attendre de précis de celui qui n'a aucune habitude de réfléchir et de revenir sur lui-même ? Diderot, Lett. sur les aveugles.

  • 12Revenir sur, changer de langage, de sentiment. Il revient sur ce qu'il a dit.

    Revenir sur ses engagements, les rompre.

    Revenir sur le compte de quelqu'un, quitter l'opinion qu'on avait de quelqu'un pour en prendre une autre. Je savais bien que vous reviendriez sur son compte, D'Allainval, École des Bourgeois, III, 1.

    Terme de palais. Revenir sur quelqu'un, exercer contre lui une action en garantie.

    Terme de procédure. Revenir par opposition contre un jugement, par requête civile contre un arrêt, se pourvoir en justice contre un jugement, contre un arrêt. Revenir par voie de rescision contre un traité, contre un contrat. Pour les traités contre lesquels on est tenté de revenir par des raisons de jurisprudence particulière, il faut observer trois choses, Fénelon, t. XXII, p. 293. N'y a-t-il pas moyen de revenir contre cet acte-là, monsieur Turcaret ? Lesage, Turcaret, IV, 8.

  • 13Revenir à, reprendre à. Je reviens à ma première idée. Chacun a son défaut, où toujours il revient, La Fontaine, Fabl. III, 7. Lui-même [Bérenger] avait été élevé dans cette foi [à la présence réelle] ; après l'avoir changée, il y était revenu par deux fois, Bossuet, 1re instr. part. 30. Je suis revenu plus d'une fois à cette remarque, et je ne pouvais trop y revenir, pour qu'on ne prît pas le change sur le genre et le but de mon travail, Bonnet, Paling. XX, 3.

    Revenir à son sujet, le reprendre après une digression. Revenons à Despréaux ; il sut se procurer à la cour une protection plus puissante que celle du duc de Montausier, celle de Louis XIV lui-même, D'Alembert, Eloges, Despréaux.

    Je reviens à ce que nous disions, pour en revenir à ce que nous disions, au sujet dont il était question, se dit quand, après une digression ou une interruption, l'on reprend son sujet.

    J'en reviens toujours là, qu'il faut…, je persiste à penser, je prétends qu'il faut… Et j'en reviens à dire qu'il y a des sortes de devoirs dont on ne peut se dispenser sans une grossièreté pleine d'ingratitude, Sévigné, 306. Dieu le conserve, il faut toujours en revenir là, Sévigné, 555. J'en reviens toujours à cette Providence, qui nous a rangés comme il lui a plu, Sévigné, 19 juin 1680. Vous en revenez toujours à vouloir que je vous charge de pratiques, Bossuet, Lett. Corn. 9.

    Revenir à ses moutons, voy. MOUTON.

    Revenir à l'avis de quelqu'un, quitter l'avis qu'on a pour se ranger à l'avis de quelqu'un. Tout le monde revint à son avis, et la paix fut acceptée, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 476, dans POUGENS.

  • 14Revenir à, reprendre ce que l'on avait quitté. Quand on a une fois détruit l'autorité, on n'y peut plus revenir : on aura éternellement contre eux [les protestants] le même droit qu'ils ont usurpé contre l'Église lorsqu'ils l'ont quittée, Bossuet, 1re instr. past. 19. Ennemi du tumulte et des embarras, il [Héraclide] revint des affaires publiques à l'étude de la philosophie, Diderot, Opin. des anc. phil. Héracl.

    Revenir à, réussir à. Telle autre femme à qui le désordre manque pour mortifier son mari, y revient par sa noblesse…, La Bruyère, III.

    Revenir à la vie, recommencer à vivre, après une grave maladie, de violents chagrins, etc.

  • 15Revenir à soi, ou, simplement, revenir, reprendre ses esprits. Elle revient enfin ; Clothon pour l'amour d'elle Laisse à Pyrame ouvrir sa mourante prunelle, La Fontaine, Fill. de Minée. Elle [la princesse de Conti] est sans pouls et sans parole ; on la martyrise pour la faire revenir, Sévigné, 3 fév. 1672. Encore un coup, vivez et revenez à vous, Racine, Esth. II, 7. Cela me fit revenir, je repris mes sens, Voltaire, Candide, 8.

    Familièrement. Le vin, les liqueurs, etc. font revenir le cœur, le vin, les liqueurs, etc. réparent, rétablissent les forces.

    Fig. Il [Corbinelli] a fait une épître contre les loueurs excessifs : elle fait revenir le cœur, Sévigné, 6 juillet 1676.

    Revenir à soi, prendre de meilleurs sentiments, sortir d'erreur. Sans qu'une si longue captivité les fasse revenir à eux [les Juifs], Bossuet, Hist. II, 10. L'âme, délivrée par ces réflexions de la captivité des sens, et détachée de son corps par la mortification, est enfin revenue à elle-même, Bossuet, la Vallière. D'où pouvez-vous savoir si la honte même de voir sa faute publique ne l'a pas fait revenir à lui ? Massillon, Carême, Médis.

    Revenir à soi signifie aussi se calmer. Il eut un vif emportement, mais il revint à lui presque aussitôt.

  • 16Revenir en, dans, se rétablir, être rétabli dans l'état où l'on était auparavant. Revenir en état de grâce. Revenir en faveur auprès du prince. J'espère que quelque jour vous reviendrez dans ce bon sens qui était si agréable et si droit, Sévigné, à Bussy, 9 juin 1669.
  • 17Revenir d'une maladie, guérir d'une maladie, s'en rétablir. Il est bien revenu de sa maladie. Je vis hier Mme de Verneuil, qui est revenue de Verneuil et de la mort, Sévigné, 1er avr. 1672.

    Fig. L'aimable comédie, avec lui [Molière mort] terrassée, En vain d'un coup si rude espéra revenir, Boileau, Ép. VII.

    Absolument. Il revient à vue d'œil. Mon visage, depuis quinze jours, est quasi tout revenu, Sévigné, 8 mars 1676.

    En revenir, même sens. On est persuadé que Langlade en reviendra, Sévigné, 456. Sa tête est frappée d'une manière effrayante ; il croit qu'il n'en reviendra pas, Genlis, Vœux témér. t. III, p. 200, dans POUGENS.

    En revenir, échapper à quelque danger. C'est un miracle qu'il en soit revenu [de la bataille de Senef, où son escadron fut exposé huit heures durant au feu de l'ennemi], Sévigné, 5 sept. 1674.

    Il en est revenu d'une belle, il a été dans un grand danger et il en est échappé.

    Revenir de, se dit aussi de peines morales. Si mon cœur se livre et se trompe, je n'en reviendrai de mes jours, Rousseau, Ém. V.

    Revenir de loin, échapper à quelque grand mal. Nous avons ri de ce que vous avez dit d'elle [Mme de Coulanges très malade], et de la Garde [manquant de faire un mauvais mariage], comparant l'extrémité où ils ont été tous deux, et d'où ils sont revenus : cela fait voir que la sagesse revient de loin, comme la jeunesse, Sévigné, 326. Elle [l'âme pénitente] est revenue de bien loin, Bossuet, la Vallière. J'admire les gens qui disent : la maison d'Autriche va être bien puissante ; la France ne pourra résister ; eh, messieurs, un archiduc vous a pris Amiens ; Charles-Quint a été à Compiègne ; Henri V d'Angleterre a été couronné à Paris ; allez, allez, on revient de loin, Voltaire, Lett. Choiseul, 13 juill. 1761.

    La jeunesse revient de loin, les jeunes gens guérissent souvent même des maladies les plus dangereuses, ou fig. la jeunesse peut revenir de grandes erreurs, de grands égarements.

  • 18Revenir d'un état moral quelconque, sortir de cet état et reprendre ses esprits. C'est ce qui jette dans toutes les facultés de mon âme une terreur dont je ne puis revenir, Bourdaloue, Serm. 19e dim. après la Pentec. Dominic. IV, p. 201. Mais lorsque, revenant de mon trouble funeste, J'admirais sa douceur, son air noble et modeste…, Racine, Athal. II, 5. Télémaque, écoutant ce discours, était comme un homme qui revient d'un profond sommeil, Fénelon, Tél. XXII. Dès qu'il fut un peu revenu de son étonnement, Hamilton, Gramm. 9.

    Absolument. Je n'en reviens pas, je suis fort surpris. Voilà, je vous l'avoue, un abominable homme ; Je n'en puis revenir, et tout ceci m'assomme, Molière, Tart. IV, 6. Il y a ici un religieux italien, homme d'esprit et de mérite, qui ne revient point de cette atrocité, D'Alembert, Lett. à Volt. 16 juill. 1766.

  • 19Revenir de, changer ses mœurs, ses opinions, sa conduite, ses sentiments. Je suis revenue, grâce au ciel, de toutes mes folles pensées, Molière, Festin, IV, 9. Toujours de ma colère on me voit revenir, Molière, l'Ét. IV, 1. Il m'a forcé de revenir de cet injuste jugement, Sévigné, 539. On remarque que c'était [le manichéisme] une de celles [sectes] dont on revenait le plus difficilement, Bossuet, Var. XI, 278. Luther était revenu des excès qui lui faisaient dire que la présence de Dieu mettait le libre arbitre en poudre dans toutes les créatures, Bossuet, ib. III, 18. L'âme [pénitente] se dépouille des choses extérieures ; elle revient de son égarement, Bossuet, la Vallière. On veut jouer, et c'est un principe qu'on a tellement posé dans le système de sa vie que nulle considération n'en fera jamais revenir, Bourdaloue, 3e dim. après Pâq. Dominic. t. II, p. 96. Puisque je l'ai jugé, je n'en reviendrai point, Racine, Plaid. III, 4. Plutôt que d'avouer qu'on s'est trompé, et que de se donner la peine de revenir de son erreur, il faut se laisser tromper toute la vie, Fénelon, Tél. XII. Quand on a une fois conçu dans le monde une opinion des gens, on n'en saurait revenir, Fontenelle, à Lucien. Avec le tact le plus fin qu'il soit possible d'avoir, avec la plus profonde connaissance des hommes, il se laisse abuser quelquefois, et n'en revient pas, Rousseau, Confess. XI. Molière, par les chefs-d'œuvre comiques qu'il avait osé écrire en prose, avait forcé le public à revenir d'une prévention [sur la comédie en vers] si contraire à son propre plaisir, D'Alembert, Éloges, Lamotte. Se dégoûter de, se désabuser de. Je suis bien revenu des choses de ce monde. Ces compliments de main, ces rudes embrassades, Ces saluts qui font peur, ces bonjours à gourmades, Ne reviendrez-vous point de toutes ces façons ? Quinault, Mère coq. I, 3. Je suis revenu des femmes ; dans la prévention où je suis contre elles, aucune jamais ne deviendra la mienne, Lesage, Estev. Gonz. 44.
  • 20Revenir à quelqu'un, lui redevenir favorable, reprendre pour lui des sentiments d'amitié, d'amour, de confiance. Je ne puis penser qu'elle [la fortune] vous ait entièrement abandonné, et c'est assez qu'elle soit femme pour croire qu'elle ne vous peut haïr, et qu'elle reviendra bientôt à vous, Voiture, Lett. 65. Et tant que je serai maîtresse de ma foi, Je me dois toute à lui, s'il revient tout à moi, Corneille, Sertor. I, 3. Je savais que le peuple revenait à nous, mais je n'ignorais pas qu'il n'y était point revenu, Retz, Mém. t. II, liv. III, p. 106, dans POUGENS. Mme la comtesse de Soissons demandait si elle ne pourrait point faire revenir [par des sortiléges] un amant qui l'avait quittée, Sévigné, 31 janv. 1680. Il [Louis XIV] ne trouvait guère de femmes qui lui résistassent, et revenait toujours à celle [la Vallière] qui par sa douceur…, Voltaire, Louis XIV, 26. Les hommes auraient beau revenir à moi, ils ne me retrouveraient plus, Rousseau, 1re promen. Duclos, ravi de voir d'Alembert revenir à lui, Marmontel, Mém. VII.

    Revenir à Dieu, se convertir, reprendre des sentiments de piété. La nécessité de revenir à Dieu, les conséquences de ce retour, le prix infini du salut, Bourdaloue, Purif. de la Vierge, Myst. t. II, p. 282.

    Revenir pour, reprendre du goût pour. Je suis bien aise que vous reveniez pour ma fille ; demandez à M. de Corbinelli combien elle est jolie, Sévigné, à Bussy, 6 juill. 1670.

  • 21 Absolument. Revenir, renoncer à une opinion qu'on avait. C'est un homme opiniâtre qui ne revient point, qui ne revient jamais. Esprit roide, incapable de revenir quand il avait une fois pris un parti, Anquetil, Ligue, I, 43.

    S'apaiser, se réconcilier. Je reviens la première, parce que je suis de bon naturel, Sévigné, à Bussy, 6 juin, 1668. Ma sœur est vive, agissante, gaie, décidée, prompte à s'offenser, lente à revenir, Diderot, Lett. à Mlle Voland, 31 juill. 1759. Il était aussi prompt à revenir qu'à s'offenser, D'Alembert, Éloges, Marivaux.

    Il se dit des sentiments d'affection qui reviennent. N'espérez pas faire revenir un mari par les plaintes, les chagrins et les reproches, Maintenon, Avis à la Duch. de Bourg. Lett. t. III, p. 206, dans POUGENS.

    Il se dit du public qui renonce à un sentiment défavorable contre quelqu'un ou quelque chose. Molière… sachant qu'il faut ménager les hommes quand ils ont tort [l'insuccès de l'Avare], donna au public le temps de revenir, et ne rejoua l'Avare qu'un an après, Voltaire, Vie de Molière. Si vous avez fait cette démarche, elle contribuera à faire revenir le public, Voltaire, Lett. Morangiés, 30 oct. 1772.

    Se convertir, se tourner vers Dieu. Vous y admirerez avec consolation, jusqu'où va la bonté de Dieu envers un pécheur qui revient, Massillon, Carême, Prodigue.

  • 22Être mentionné fréquemment. Les vaudois et les albigeois et Jean Wiclef et Jean Huss et tous les autres de cette sorte reviennent partout dans les nouvelles interprétations [des protestants] comme de fidèles témoins de la vérité persécutée par la bête, Bossuet, Var. XIII, 37.
  • 23S'ajuster avec, convenir à. Voici une stance… qui revient merveilleusement bien à ce qu'on pourrait dire de l'état où se trouve M. le surintendant [Fouquet], Sévigné, 1664, t. I, p. 483, édit. RÉGNIER. Ayez toujours avec vous un homme saint dont l'âme revienne à la vôtre, et qui vous aide à vous redresser, Bossuet, Polit. X, IV, 9. Si la vie est misérable, elle est pénible à supporter ; si elle est heureuse, il est horrible de la perdre ; l'un revient à l'autre, La Bruyère, XI.

    On dit dans le même sens : cela revient au même. Ne reviendrait-il pas au même de renoncer à toute hauteur et à toute fierté ? La Bruyère, XI. Lisette : Elle m'a dit de vous prier de ne point vous obstiner à l'aimer. - Le comte : Non plus qu'à la voir, sans doute ? - Lisette : Mais je crois que cela revient au même, Marivaux, Sec. surpr. de l'am. III, 4. Je comptais mourir en servant l'État ; et, mort ou aveugle, cela revient au même, Marmontel, Bélis. I.

    Cela ne revient à rien, cela n'a pas le sens commun. Le duc d'Orléans nous tint des propos qui ne revenaient à rien, et qui étaient ordinaires quand il était mécontent, Saint-Simon, 271, 160.

  • 24Il se dit des sommes d'argent qu'on retire de quelque chose. Le commandeur : Sais-tu ce qui te revient du bien de ta mère ? - Saint-Albin : Je n'y ai jamais pensé, et je ne veux pas le savoir, Diderot, Père de famille, II, 8. Je suis bien certain qu'il ne revient rien au roi de ces retranchements-là, Collé, Part. de chasse de Henri IV, I, 2.
  • 25Résulter à l'avantage, au désavantage de quelqu'un. Que te reviendrait-il de m'enlever mon nom, Et peux-tu faire enfin, quand tu serais démon, Que je ne sois pas moi, que je ne sois Sosie ? Molière, Amph. I, 2. Nous avons ici, madame, un ballet qui nous revient, que nous ne devons pas laisser perdre, Molière, Bourg. gent. V, 2. Que ne lui promit-on point dans ces besoins ? mais quel fruit lui en revint-il, sinon de connaître par expérience le faible des grands politiques… ? Bossuet, Anne de Gonz. Quel fruit me reviendra d'un aveu téméraire ? Racine, Bérén. I, 2. Tant qu'il ne doit nous revenir aucun dommage de nos infidélités par leur légèreté, nous ne craignons pas de lui déplaire [au Seigneur], Massillon, Carême, Tiéd. 1. Il ne revient rien au genre humain de cent batailles données ; mais les grands hommes dont je vous parle [Poussin, Descartes, Bossuet, etc.] ont préparé des plaisirs purs et durables aux hommes, Voltaire, Lett. Thiriot, 15 juill. 1735. La petite personne m'accable d'amitiés dont je ne suis pas la dupe, et dont je ne prends pour moi que ce qui m'en revient, Rousseau, Ém. V.

    Être de reste ou de profit. Il nous revient beaucoup de temps et de papier, puisque nous ne parlerons plus de cette pauvre jambe [malade], Sévigné, 14 fév. 1685.

  • 26Être dit, être rapporté. Voici ce qu'il dit tout de suite à Bayard, et qui me revint ensuite, Sévigné, 289. Il faut faire en sorte que cela lui revienne par divers endroits, Bossuet, Lett. quiét. 353. Je ne vous y parle point des nouvelles publiques ; elles vous reviennent de tous côtés, Maintenon, Lett. au cardin. de Noailles, 25 nov. 1700. Comptez que tout revient, et qu'on ne peut trop veiller sur ses paroles, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 15 juill. 1674.

    Impersonnellement. Il nous revient ici que vous perdez tout ce que vous jouez l'un et l'autre, Sévigné, 55. Il me revient que vous dites tout à l'abbé Têtu, Maintenon, Lett. à l'abbé Gobelin, 27 juin 1676. Quand il vous est revenu certains discours tenus en votre absence, Massillon, Carême, Médis. Il m'est revenu qu'on vend dans votre ville de Paris une petite brochure…, Voltaire, Lett. d'Alembert, 28 sept. 1763. Il lui était revenu des propos sur M. Badoulard, Picard, Noce sans mariage, I, 2.

  • 27Plaire. Cette logique-là ne me revient point, Molière, Bourg. gent. II, 6. Si le maître vous revient, le valet ne me revient pas moins, et je souhaiterais que notre mariage se pût faire à l'ombre du leur, Molière, ib. III, 7. Si ce mari ne plaît pas à cette femme, si cette femme ne revient pas à ce mari, ils n'en sont pas moins liés ensemble, Bourdaloue, 2e dim. après l'Épiphan. Dominic. t. I, p. 82. J'étais poli à tout le monde, mais tout le monde ne me revenait pas, Saint-Simon, 108, 157. Je ne la connais pas ; mais j'aime son minois, Et mon air lui revient, à ce que j'aperçois, Destouches, Homme sing. II, 2. Une espèce de voyageur qui avait l'air d'arriver à l'instant ; il ne m'est pas revenu du tout cet homme-là, Picard, Duhautcours, III, 6.

    Absolument. Je n'étais jamais de son avis, je le brusquais volontiers ; il y a des gens qui ne reviennent point, Marivaux, Pays. parv. part. 4.

  • 28Coûter. Cet habit me revient à tant.

    Ces deux sommes réunies reviennent à celle de…, elles font ensemble la somme de…

  • 29 Terme de cuisine. Faire revenir de la viande, lui faire prendre de la couleur en la mettant dans un vase sur le feu avec du beurre. Fais revenir aussi ces oiseaux de rivière, Et pique promptement ces pigeons de volière, Baron, École des pères, III, 6.

    On dit aussi : faire revenir des légumes dans de la graisse, dans du beurre.

  • 30Se dit des fromages qui, après avoir été affinés et durcis, sont placés dans des endroits humides pour s'y amollir.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire être.

    PROVERBE

    À tout bon compte revenir, il ne faut point craindre de recompter, même après un compte bien fait.

SYNONYME

REVENIR, RETOURNER. On revient au lieu d'où l'on était parti On retourne au lieu où l'on était allé. On revient dans sa patrie : on retourne dans son exil.

HISTORIQUE

Xe s. Revenir, Fragment de Valenc. p. 467.

XIe s. Li quens [le comte] Rollans revient de pasmeisuns, Ch. de Rol. CLXIII.

XIIe s. Quant il revint [d'évanouissement], [il] garda vers orient, Ronc. p. 100. Lors lui revint et vigors et membrance, ib. p. 146. Puiz que mes cuers ne s'en veut revenir, De vous, dame, pour qui il m'a guerpi, Couci, IX. Car s'il [mon cœur] revient à moi, a-il failli, ib. Commencement de douce saison belle Que je voi revenir, ib. XVIII. Jà n'en revanra pieds [homme] se nous estiens cent, Sax. XX.

XIIIe s. Revenez là à moi, mout vous convient haster, Berte, XVII. À Bertain [je] revenrai [dans mon récit] qui ert [était] au bois ramu, ib. XXIV. Por çou que tos jors i a flors, L'apele on l'arbre d'amors ; L'une revient quant l'autre ciet [tombe], Fl. et Bl. 2047. Cil qui sunt en religion… ne poent pas revenir au siecle, Beaumanoir, LVI, 1. Et revendons à nostre matiere et disons ainsi…, Joinville, 205. Je leur diz le vendredi : Seigneurs, je m'en voiz [vais] outremer, et je ne scé se je revendré, Joinville, 208. Lors la royne sa mere oy dire que la parole li estoit revenue [au jeune Louis IX], et elle en fist si grant joie comme elle pot plus, Joinville, ib. Li noevismes [neuvième] offices [de l'amitié] est à faire tost sa priere [de l'ami] ; Salemons dit : ne di pas à ton ami : va et revien demain, Latini, Trésor, p. 430. Et ne convient mie tant mangier com li saveurs de le [la] viande lor reviegne à le [la] bouche, Alebrand, f° 4.

XIVe s. Et pour ce l'incontinent après la passion ou temptacion s'en revient de legier, Oresme, Eth. 213.

XVe s. Or me veux je taire de monseigneur Jean de Hainaut, jusques à tant que point sera, et revenrai au jeune roi Edouard d'Angleterre, Froissart, I, I, 27. Quand revendra [viendra] le temps por mi, Que par amours porai amer, Froissart. Espinette amour Il se revenoit tousjours à la fin à ce qui luy estoit necessaire, Commines, III, 11.

XVIe s. Il y trouvera advertissement, pour soy moderer en prosperité, et reconfort pour se revenir et soustenir en adversité, Amyot, Préf. IV, 29. Romulus commenceoit desjà à se revenir du coup qu'il avoit receu, et vouloit retourner au combat, Amyot, Rom. 28. L'on disoit qu'il y revenoit des esprits, Amyot, Solon, 19. Quelques uns se resveillerent en sursault, et revenans à soy prirent les armes, Amyot, Cam. 42. Leur remonstrant que les arbres taillez et couppez revenoient en peu de temps, Amyot, Péric. 62. Soudain qu'il apperceut qu'ilz se repentoient du tort qu'ilz luy avoient fait, il se revint aussi, Amyot, Alc. et Cor. 4. Il n'en revint pas à chaque soudard plus de unze drachmes d'argent, Amyot, P.-Aem. 49. Force pasturages, taillis et bois revenans, Amyot, Caton, 45. Et comme on voit un haranc sur la grille Se revenir, et un chappon en mue, Ainsi j'engraisse…, Saint-Gelais, 94. Leur ayant faict revenir le courage par cette honte, Montaigne, I, 55. Il jure qu'il faulsist revenir à la premiere façon, Montaigne, I, 100. Un paon et deux faisands revenoient à cent ducats, Montaigne, I, 393. Estant revenus à eulx, ils en transissent d'estonnement les premiers, Montaigne, II, 22. Il tomba en esvanouissement ; on le feit revenir, Montaigne, II, 129. Je me harpe avec si grande faim aux accointances qui reviennent à mon goust…, Montaigne, III, 278. À la proportion de ces ossements, leur stature revenoit à 20 palmes, Montaigne, IV, 25. C'est assez parlé des fruits qui reviennent de la concorde domestique, Lanoue, 47. Tout bien conté, il revient autant d'inconveniens, que de profits, de tels voyages, Lanoue, 126. Il lui laissa pour le bastiment du temple cent mille talens d'or et un million de talens d'argent : ce qui revient à six vingts millions d'escus, selon la supputation de Budée, Lanoue, 475. N'estimant y avoir beaucoup de contrées où les terres reviennent [rapportent] gueres davantage, De Serres, 89. Et vous, thym, anis et melisse, Vous soyez les bien revenus, Ronsard, 498.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

REVENIR. Ajoutez :
32 Substantivement. Le revenir, l'action de revenir. On appréhende le revenir du règne de Robespierre, Chateaubriand, Mém. d'outre-tombe (éd. de Bruxelles), t. II, mort du duc d'Enghien.

REMARQUE

1. Construction de s'en revenir avec y : Je m'en suis venu vers son logis, estimant bien qu'il ne faudrait pas de s'y en revenir, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne. S'en revenir s'emploie comme s'en venir (voy. Y 2, 5, 6 et 7).

2. On dit : Je ne reviens point de cet événement, pour j'en demeure étonné (voy. REVENIR, n° 19). Mais peut-on dire avec que : Je ne reviens point qu'il en soit ainsi ? Ce qui suscite le doute, c'est le de qui manque, et l'on dirait lourdement, mais correctement : Je ne reviens point de ce qu'il en soit ainsi. Mais c'est ici la même question que pour informer (voy. INFORMER au Supplément), où le de a été supprimé et le que employé par de bons auteurs. On acceptera donc cette phrase du Temps, 12 févr. 1877, 2e page, 6e col. : On ne revient pas [au Vatican] que, dans Rome même, il se soit parlé des choses hiératiques romaines avec cette allure entièrement dégagée, comme s'il se fût agi du hiératisme turc ou indien.

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Étymologie de « revenir »

Picard, renir, venir ; wallon, rivni ; Berry, arvenir ; provenç. et espagn. revenir ; ital. rivenire ; du lat. revenire, de re, et venire, venir.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(Xe siècle) De re- et venir.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « revenir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
revenir rǝvnir

Fréquence d'apparition du mot « revenir » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « revenir »

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Citations contenant le mot « revenir »

  • L’opportunité est prompte à s’enfuir, mais longue à revenir.
    Hazrat Ali
  • Tendre vers l'achevé, c'est revenir à son point de départ.
    Colette
  • Ne pas pouvoir revenir en arrière est une forme de progression.
    Frédéric Dard
  • Si la réincarnation existe, j’aimerais revenir en selle de vélo pour dames.
    Jim Mac Mahon — Rolling Stone
  • L’industrie automobile française peut-elle revenir en France ?
    Le Monde.fr — Un apéro avec Tom Rivoire : « Je me suis fait virer du lycée. Normal »
  • Les absents ont toujours tort de revenir.
    Jules Renard — Journal
  • Une fois qu'on a goûté au futur on ne peut pas revenir en arrière.
    Paul Auster — Moon Palace
  • Je reviendrai.
    Douglas MacArthur — Déclaration du 13 mars 1942
  • A quoi bon aller au ciel, puisqu'il faudra ensuite revenir sur terre ?
    Les Purana — Vishnou-Purana
  • Quand la curiosité est satisfaite, on délaisse l'objet. Sans y revenir.
    Robert Blondin — 7ème de solitude ouest
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Traductions du mot « revenir »

Langue Traduction
Anglais come back
Espagnol volver
Italien ritorno
Allemand komm zurück
Chinois 回来
Arabe عد
Portugais volte
Russe вернись
Japonais 戻って
Basque bueltatu
Corse ritornu
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Synonymes de « revenir »

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