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Plaie

Variantes Singulier Pluriel
Féminin plaie plaies

Définitions de « plaie »

Trésor de la Langue Française informatisé

PLAIE, subst. fém.

A. −
1.
a) PATHOL. Solution de continuité des téguments ou des muqueuses, avec ou sans perte de substance, due à un agent mécanique externe ou à une cause pathologique. Le premier but qu'il se propose d'atteindre en pratiquant la plaie artificielle qu'il substitue à la blessure est de conserver une assez grande quantité de tégumens et de parties molles pour recouvrir les surfaces osseuses (Nélaton, Pathol. chir., t.1, 1844, p.228).Un petit lavage d'intestin, sans pression, avec de l'eau bouillie salée permettra la cicatrisation des petites plaies hémorragiques intestinales (Garcin, Guide vétér., 1944, p.60).V. héliothérapie ex. de Lar. mén.:
1. Une cicatrice définitive se forme. Cette cicatrice est obtenue par la collaboration de deux tissus, le tissu conjonctif qui remplit la plaie, et les cellules épithéliales qui viennent de ses bords. Le tissu conjonctif produit la contraction de la plaie. Carrel, L'Homme, 1935, p.242.
SYNT. Plaie par diérèse, par exérèse; plaie cutanée, muqueuse; plaie contuse, opératoire; plaie artérielle, variqueuse; plaie anfractueuse, irrégulière, pénétrante, profonde, superficielle; plaie par amputation, par morsure; plaie et contusion; examiner une plaie.
b) Usuel. Déchirure, généralement à vif, causée dans les chairs par une blessure, un abcès, une brûlure. Une lionne blessée qui voit saigner sa plaie et la lèche en rugissant (Sand, Lélia, 1833, p.147).Une balle ordinaire peut faire des plaies terribles (Duhamel, Cécile, 1938, p.42):
2. ... elle entendit la mère supérieure lui dire que la novice confiée à sa fraternelle influence s'était fait «par orgueil» une blessure à chaque pied pour imiter les plaies du sauveur. Jouve, Paulina, 1925, p.177.
Loc. Plaie et bosse (vieilli); plaies et bosses. Pour rosser, il vous l'avait rossée. Elle n'était plus que plaies et bosses (Maran, Batouala, 1921, p.74).
P. méton. Bagarre, dispute (violente, sanglante). Ne chercher, rêver que plaies et bosses. Nos lectrices de romans, toujours pressées d'arriver à l'événement, ne nous demandent que plaie et bosse (Sand, Consuelo, t.3, 1842-43, p.257).Turbulent, agressif, batailleur, prompt à tout briser, il ne rêvait que plaies et bosses (Fulcanelli, Demeures philosophales, t.1, 1929, p.106).
P. méton., rare. Plaie cicatrisée. La proportion des traits n'avait point changé et la merveilleuse architecture du front, des orbites et du nez subsistait, mais deux plaies profondes, larges sillons ourlés de blanc, rayaient cette face désormais lamentable (Green, Léviathan, 1952 [1929], p.162 ds Rob., s.v. face).
SYNT. Plaie béante, infectée, purulente, souillée, tuméfiée, vive; plaie à vif, mal cicatrisée; baigner, bander, cautériser, débrider, désinfecter, fermer, fouiller, laver, ouvrir, panser, soigner, tamponner une plaie; une plaie s'avive, se cicatrise, se (re)ferme, guérit, s'infecte, s'ouvre, saigne, suppure, brûle; le sang, le pus (dé)coule d'une plaie; plaie affreuse, horrible; les lèvres d'une plaie; l'inflammation d'une plaie; plaies et ulcères.
2. P. anal.
a) Entaille dans le tronc ou les branches d'un arbre, mettant à nu les parties internes du bois par enlèvement de l'écorce. On doit aussi panser les plaies des arbres meurtris en avivant les bords de la plaie jusqu'à l'écorce saine puis en couvrant la plaie de terre glaise (Bourde, Trav. publ., 1929, p.175).Les plaies jaunes des arbres ébranchés (Pourrat, Gaspard, 1931, p.67).V. érable ex. 2.
b) Littér. Déchirure, trou dans la surface d'un objet. La plaie de la barque était pansée. Cette toile goudronnée s'interposait entre l'intérieur de la cale et les lames du dehors (Hugo, Travaill. mer, 1866, p.387).J'eus l'autorisation de réparer avec du mastic et de la peinture verte les plaies des murs (Billy, Introïbo, 1939, p.33).
B. − Au fig.
1.
a) Rare. Défaut, faute qui entache une personnalité. La vénalité, en effet, c'est là la plaie de Talleyrand, une plaie hideuse, un chancre rongeur et qui envahit le fond (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.12, 1869, p.43).
Porter le fer (rouge) dans la plaie. Dénoncer une faute même si cela doit blesser. Je te semble dure, mais c'est pour ton bien. Il faut porter le fer dans la plaie (Mauriac, Asmodée, 1938, iv, 12, p.169).V. affliger ex. 13.
b) Cause, plus ou moins permanente, de souffrance morale. Synon. blessure, peine, tourment.L'archevêque, ému à la vue des plaies sanglantes de ce coeur déchiré, oublie qu'elle est coupable (Cottin, Mathilde, t.2, 1805, p.66).Notre plaie au fond, c'est l'ambition littéraire insatiable et ulcérée et toutes les amertumes de cette vanité de lettres (Goncourt, Journal, 1864, p.33):
3. Sur le plan de l'amitié, ou sur le plan de la sensualité, les choses sont saines, les plaies, s'il s'en forme, sont nettes. Arrive le coeur, et la plaie gagne, tout se prend. Combien de fois ai-je remarqué cela! Montherl., J. filles, 1936, p.968.
[Constr. avec un compl. prép. de, ou un adj. marquant la spécification] Les blagueurs cachant sous un mot drôle la plaie saignante de leur défaite (Zola, L'OEuvre, 1886, p.310).Porter avec soi la plaie infâme de savoir que l'on ne guérira pas et que rien n'y fait (Claudel, Annonce, 1912, prol., p.22).
En partic., vieilli. Plaie d'argent, plaie financière, p.ell., plaie. Difficulté financière causant un grand souci. Il s'établit (...) dès l'origine de sa gestion, une sorte de malentendu qui (...) ne me permit pas d'entrevoir toute la profondeur de mes plaies commerciales et financières (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.390).Il s'était mis à brasser des affaires, à voyager et à boire à cause de ses grandes inventions et de ses plaies d'argent qui lui turlupinaient l'esprit (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.80).Proverbe. Plaie d'argent n'est pas mortelle. Les problèmes financiers, matériels ne sont pas les plus graves. Si plaie d'argent n'est pas mortelle, elle ne se ferme jamais (Renard, Journal, 1904, p.900).
Faire plaie. Causer une souffrance morale. Toutes ses supériorités firent plaie dans son âme au moment où le froid de la province le saisit (Balzac, Illus. perdues, 1837, p.48).Parfois des intonations retrouvées, des mots familiers (...) toute une manière de dire et de penser, cette ressemblance d'âme et d'allure (...) secouaient Lormerin de la tête aux pieds. Tout cela entrait en lui, faisait plaie dans sa passion rouverte (Maupass., Contes et nouv., t.1, Fini, 1885, p.1021).
Locutions
Jeter, mettre du baume sur une plaie. Apaiser une souffrance morale. Ces arrangements et ce bonheur jetèrent quelque baume sur les plaies de l'émigré (Balzac, Lys, 1836, p.98).
Remuer, (re)tourner le fer (le couteau, le poignard) dans la plaie. V. fer B 2 b αet couteau A 2 d.
Raviver, rouvrir une plaie. Rappeler, faire revivre une douleur passée et à demi oubliée. La vue des lieux où l'on a souffert ravive la plaie (Flaub., Corresp., 1878, p.111).[Le reniement] ravive la plaie ouverte d'une complicité intimement ressentie (Gracq, Syrtes, 1951, p.218).
Toucher (à) une plaie. Découvrir une cause de souffrance morale. Jean sentit bien qu'il avait touché la plaie de cette âme (Maupass., Pierre et Jean, 1888, p.400).L'assourdissement de sa voix, la contraction de son vieux visage, si gai le moment d'avant, le froncement de ses épais sourcils, tout avertissait Marthe qu'elle touchait à une plaie (Bourget, Conflits int., 1925, p.43).
SYNT. Plaie ardente, cuisante, dévorante, incurable, inguérissable, mortelle, ouverte, profonde, saignante, sanglante; plaie intérieure, secrète, sentimentale; plaie de la vie, de l'amour-propre, de l'orgueil; faire une plaie au coeur, au flanc de qqn; avoir une plaie au coeur, au flanc.
2.
a) État de chose, fait, personne, qui est une cause, plus ou moins permanente, de déchéance morale, de malheurs ou de problèmes graves. Synon. fléau.Sonder les plaies de la société. Il dévoile (...) les plaies et les lèpres de cette société russe, de cette civilisation plaquée (Sainte-Beuve, Corresp., 1843, p.163).Les professeurs, cette plaie et cette peste du règne de Louis-Philippe (Goncourt, Journal, 1857, p.390).Cette plaie douloureuse de notre société, qui est l'hostilité entre les classes (Clemenceau, 1874ds Fondateurs 3eRépubl., p.281):
4. ... l'entente savante du plaisir, le scepticisme délicat, l'énervement des sensations, l'inconstance du dilettantisme, ont été les plaies sociales de l'empire romain, et seront en tout autre cas des plaies sociales destinées à ruiner le corps tout entier. Bourget, Essais psychol., 1883, p.16.
[Constr. avec un compl. prép. de marquant la spécification] La plaie de l'esclavage, de la misère, de la prostitution. La grande plaie, la plaie horrible et toujours béante de la propriété (Proudhon, Propriété, 1840, p.279).C'est la plaie des aventuriers qui commence, aventuriers de plume, d'agio, d'affaires, de langue (Goncourt, Journal, 1859, p.626).
Plaies d'Égypte, plaies bibliques. Les dix fléaux dont Dieu frappa l'Égypte pour amener le pharaon à libérer les Israélites, selon la Bible. Les plaies d'Égypte sont en même temps des représailles de sa vengeance [de Yahvé] sur les oppresseurs d'Israël et des marques de sa souveraineté (Théol. cath.t.4, 11920, p.963).
P. anal. Les troupes allemandes avaient amené avec elles toutes les plaies d'Égypte (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.108).
b) P. exagér. Situation, personne, qui est une cause de désagrément, d'ennuis. Les pourboires sont la plaie des États-Unis, et particulièrement de New-York (Morand, New-York, 1930, p.142).Une autre plaie de l'hôtel est le journaliste, autant le dire tout de suite et sans précautions (Fargue, Piéton Paris, 1939, p.197).
Quelle plaie! (fam.) [Exprime l'agacement devant une situation fâcheuse ou une personne insupportable] Alors, elle leva les épaules (...) et elle murmura un: «Quelle plaie!» qui m'eût pleinement édifié sur la nature de ses sentiments, si j'eusse encore conservé quelque illusion à cet égard (Courteline, Boubouroche, Madelon, 1890, iv, p.223).
3. Loc. Mettre le doigt sur la plaie. Indiquer, découvrir la cause précise d'une souffrance morale ou d'un état de fait pénible. Tu as mis le doigt sur la plaie de la France, la fiscalité qui a plus ôté de conquêtes à notre pays que les vexations de la guerre (Balzac, Mais. Nucingen, 1838, p.636).Tu mets le doigt sur la plaie à la fin de ton article. En vérité, on me dévore tout vif (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1927, p.530).
Prononc. et Orth.: [plε]. Homon. plaid1et formes de plaire. Ac. 1694 et 1718: playe; dep. 1740: plaie. Étymol. et Hist.1. Ca 1100 «blessure» (Roland, éd. J. Bédier, 2173); 1563 «lésion sur l'écorce d'un arbre» (B. Palissy, Recepte, 37 ds IGLF); 1653 plaies et bosses (Scarron, Virgile, VIII ds Littré); 1835 mettre le doigt sur la plaie (Ac.); 2. 1176-81 «cicatrice» (Chrétien de Troyes, Chevalier lion, éd. M. Roques, 2904); 3. 1176-81 fig. «blessure de l'amour» (Id., ibid., 1377); 1672 fig. rouvrir les plaies «renouveler une douleur» (Flechier, Oraison fun. Duc. de Montausier, éd. abbé Migne, t.23, 1051); 4. ca 1155 fig. «ce qui porte préjudice» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 540); 1274 les plaies d'Égypte (Grandes chroniques de France, éd. J. Viard, IV, 269); 1798 plaie d'argent peut guérir (Ac.); 1812 plaie d'argent n'est pas mortelle (Mozin-Biber); 5. 1888 une plaie «personne ou chose insupportable» (Courteline, Train 8 h 47, I, 2, p.20). Du lat. plaga «coup, blessure». Fréq. abs. littér.: 1767. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2486, b) 2437; xxes.: a) 2982, b) 2293. Bbg. Thomas (A.). Nouv. Essais, 1904, p.231.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

plaie \Prononciation ?\ féminin

  1. Plaie.

Nom commun - français

plaie \plɛ\ féminin

  1. Lésion du corps provenant soit d’une blessure sanglante ou d’une contusion, soit d’un accident physiologique.
    • Le suc d'une certaine plante appelée par les Caraïbes touloula, et par les Français herbes aux flèches, est, dit-on, le seul remède contre les plaies faites par les flèches empoisonnées avec le suc de mancenilier. — (R. P. Jean-Baptiste Labat, Voyages aux iles françaises de l'Amérique, nouvelle édition d'après celle de 1722, Paris : chez Lefebvre & chez A.-J. Ducollet, 1831, p. 75)
    • […] Marguerite, d’une aiguille d’or à la pointe arrondie, sondait les plaies avec toute la délicatesse et l’habileté que maître Ambroise Paré eût pu déployer en pareille circonstance. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre X)
    • Il est donc conseillé de pratiquer immédiatement un nettoyage rigoureux de la plaie avec un virucide puissant (eau de Javel diluée au 1/10ème par exemple). — (Pharmacologie clinique, page 45, Éditions INSERM, 1989)
    • Les indications des radiographies du crâne sont limitées aux suspicions d’embarrure et aux plaies profondes. — (Philippe Labrune, Urgences pédiatriques, vol.1, Pathologies : clinique, examens, stratégies, gestes, page 1337, ESTEM/De Boeck, 2004)
  2. (Par analogie) Lésion ou ouverture dans l’écorce des arbres.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
  3. Cicatrice.
    • Il racontait ses campagnes et montrait ses plaies.
  4. (Figuré) Ce qui est très préjudiciable à un état, à une famille, à un particulier.
    • Mais quand tout fut fini, les magnats accoururent des quatre coins de la Pologne, en qualité de sauveurs de la patrie. Les sauveurs sont la plaie des révolutions populaires. — (François-Vincent Raspail, De la Pologne — Les deux insurrections, 1839)
    • La mendicité est la plaie de cette ville.
    • Voilà bien la plaie de ce pays.
    • Quelques années de paix suffiront pour guérir les plaies de l’état.
    • Cet enfant est la plaie de sa famille.
  5. Fléau.
    • Les plaies d’Égypte.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PLAIE. n. f.
Lésion du corps provenant soit d'une blessure sanglante ou d'une contusion, soit d'un accident physiologique. Plaie profonde. Plaie infectée. Panser une plaie. On a laissé fermer trop tôt cette plaie. Sa plaie saigne encore. Sa plaie s'est rouverte. Une plaie qui s'envenime. Sa plaie s'est promptement cicatrisée. On a sondé, on a cautérisé la plaie. Rapprocher les lèvres d'une plaie. Tout son corps n'est qu'une plaie. Les plaies de Notre-Seigneur ou Les cinq plaies, Les blessures qui furent faites à JÉSUS-CHRIST, le jour de sa Passion, aux mains, aux pieds et au côté gauche. Fig., Ne rêver que plaies et bosses, Souhaiter qu'il y ait des querelles, des procès, qu'il arrive des malheurs, dans l'espérance d'en tirer profit ou simplement par malignité. Fig., Rouvrir une plaie, Renouveler une douleur. Fig., Les plaies des arbres, Les ouvertures qui se font, qui sont faites à l'écorce des arbres. Prov. et fig., Plaie d'argent n'est pas mortelle se dit en parlant d'une Dépense ou d'une perte fâcheuse, mais qui ne ruine pas et qu'on peut supporter, par comparaison avec d'autres malheurs, qui sont irréparables.

PLAIE se dit aussi des Traces de plaies ou cicatrices. Il racontait ses campagnes et montrait ses plaies. Il se dit aussi, figurément, de Ce qui est très préjudiciable à un État, à une famille, à un particulier. Le désordre des finances est la plaie de cet empire. La mendicité est la plaie de cette ville. Voilà bien la plaie de ce pays. Quelques années de paix suffiront pour guérir les plaies de l'État. Sa plaie saigne encore. Il se dit aussi des Personnes. Cet enfant est la plaie de sa famille. Fig., Mettre le doigt sur la plaie, Indiquer nettement ce qui crée une situation fâcheuse pour un peuple, une famille, un individu. Dans le style de l'Écriture, Les plaies d'Égypte, Les fléaux dont Dieu punit l'endurcissement du Pharaon.

Littré (1872-1877)

PLAIE (plê ; au XVIe siècle, Bèze dit qu'il faut prononcer plai-ie ; plai-ye ou pla-ye est en effet la prononciation ancienne ; car plaie et les autres mots de ce genre sont toujours de deux syllabes) s. f.
  • 1Solution de continuité qui est dans les parties molles du corps, qui communique avec le dehors, et qui est produite soit par une cause externe soit par une cause interne. Il me semble que Jésus-Christ ne laissa toucher que ses plaies après sa résurrection : il ne faut nous unir qu'à ses souffrances, Pascal, Pens. XXV, 8, édit. HAVET. Tout son corps n'est bientôt qu'une plaie, Racine, Phèdre, V, 6. Petits hommes… vous voilà munis d'instruments commodes [armes] qui vous servent à vous faire réciproquement de larges plaies, La Bruyère, XII. Un homme couvert de plaies s'échappa de la maison de son créancier, et parut dans la place : le peuple s'émut à ce spectacle, Montesquieu, Esp. XII, 21.

    Fig. Il [le lièvre], s'enfuit par un trou, Non pas trou, mais trouée, horrible et large plaie Que l'on fit à la pauvre haie, La Fontaine, Fabl. IV, 4.

    Rouvrir une plaie, en écarter les lèvres pour empêcher que les bords ne se cicatrisent avant le fond.

    Fig. Rouvrir une plaie, renouveler une douleur. Suis-je destiné à rouvrir toutes les plaies de votre famille ? Fléchier, Duc de Montausier. La mort de l'un rouvre la plaie que l'autre avait faite, Fénelon, Tél. XX.

    Les plaies de Notre-Seigneur, ou les cinq plaies, les blessures faites à Jésus-Christ le jour de sa passion.

    Fig. Rouvrir les plaies de Jésus-Christ, commettre des péchés qui l'offensent grièvement. Mais que sera-ce quand Jésus-Christ paraîtra lui-même à ces malheureux, quand ils verront celui… dont ils auront rouvert toutes les plaies ? Bossuet, Anne de Gonz.

    Familièrement. Plaies et bosses, coups et blessures. Et qu'au lieu de fêtes et noces, On leur a fait plaies et bosses, Scarron, Virg. VIII.

    Familièrement. Ne demander, ne souhaiter que plaie et bosse, ne chercher, ne souhaiter que querelles, débats, combats, malheurs. L'esprit charitable de souhaiter plaies et bosses à tout le monde est très répandu, Sévigné, 29 déc. 1679. Que dites-vous, ma chère fille, des nouvelles de cette semaine ? nous ne demandons que plaie et bosse ; mais en vérité je trouve que cette fois il y en a trop, Sévigné, 72. Ce qui me fit prendre tant de goût à la profession [de médecin], que je ne demandai plus que plaie et bosse, Lesage, Gil Bl. II, 3.

  • 2 Par abus, cicatrice. Il montrait ses plaies, pour rappeler les combats où il s'était trouvé. Ceux-ci, avec de longs services, bien des plaies sur le corps…, La Bruyère, VIII.
  • 3Les plaies des arbres, ouvertures qui se font spontanément ou qui sont faites à l'écorce des arbres par un coup, par une scie, par un instrument tranchant.
  • 4 Fig. Tout ce qui porte préjudice, ou cause de la peine, de l'affliction. Je n'ai besoin de vous dire combien le cœur tendre de la princesse Anne fut profondément blessé par cette mort [de sa sœur] ; mais ce ne fut pas là sa plus grande plaie : maîtresse de ses désirs, elle vit le monde, elle en fut vue, Bossuet, Anne de Gonz. Hérode a commencé à faire cette plaie à leur liberté [des Juifs], Bossuet, Hist. II, 10. Nous sommes demeurés d'accord que nous étions obligés de part et d'autre de travailler à remédier au schisme qui nous sépare et fermer une si grande plaie, Bossuet, Projet de réunion, récit. Que si la faute d'un domestique… avait comme arraché d'une bouche si sage et si circonspecte une parole plutôt sévère que fâcheuse, quel soin ne prenait-elle pas d'adoucir et de guérir la plaie qu'elle avait faite ? Fléchier, Dauphine. Les plaies du cœur sont plus dangereuses que celles de l'esprit, Malebranche, Rech. vér. IV, 8. Lorsqu'elles viennent nous découvrir les plaies de leur conscience, Massillon, Carême, Confess. En réparant les dévastations des Espagnols, elle [la société des jésuites, au Paraguay] a commencé à guérir une des grandes plaies qu'ait encore reçues le genre humain, Montesquieu, Esp. IV, 6. La fameuse révocation de l'édit de Nantes est regardée comme une grande plaie de l'État, Voltaire, Frag. sur l'hist. XVII. Les grandes plaies du corps et de l'âme ne saignent pas à l'instant qu'elles sont faites ; elles n'impriment pas sitôt leurs plus vives douleurs ; la nature se recueille pour en soutenir toute la violence, Rousseau, Ém. V. Tout ce qui pleure, tout ce qui a des plaies fait ses délices [à Jésus-Christ], Chateaubriand, Génie, IV, III, 1.

    Plaie secrète, un mal de l'âme qu'on dissimule. Galérius rougit, et l'habile courtisan vit qu'il avait touché la plaie secrète, Chateaubriand, Mart. XX.

    Fig. Mettre le doigt sur la plaie, indiquer nettement la cause d'un mal.

  • 5 Fig. Blessure faite par l'amour, peine d'amour. Fermer les yeux aux plaies que vous faites, Régnier, Élég. V. De mon frère par là soulage un peu les plaies ; Accorde un faux remède à des douleurs si vraies, Corneille, la Place roy. I, 1. J'ai bien reconnu la profondeur de la plaie que l'amour m'avait faite auprès d'Eucharis, Fénelon, Tél. XXII.
  • 6Il se dit des personnes mêmes qui causent un grand mal, un grand scandale. Vous êtes [vous, grands] établis pour la perte ou pour le salut de plusieurs, des plaies ou des ressources publiques, Massillon, Petit carême, Vices.
  • 7 Terme de l'Écriture. Les plaies d'Égypte, les fléaux dont Dieu punit l'endurcissement de Pharaon.

    Par extension, toute infliction faite par le Seigneur et manifestée par quelque souffrance. Le Seigneur frappa de très grandes plaies Pharaon et sa maison, à cause de Saraï, femme d'Abraham, Sacy, Bible, Genèse, XIII, 17. S'il se trouve une maison frappée de la plaie de la lèpre, celui à qui appartient la maison ira en avertir le prêtre, Sacy, ib. Lévit. XIV, 34, 35.

    PROVERBE

    Plaie d'argent n'est pas mortelle, plaie d'argent peut se guérir, se dit d'une perte d'argent qui peut se réparer, par opposition avec quelque malheur irréparable.

HISTORIQUE

XIe s. Si home fait plaie à altre, Lois de Guill. 11.

XIIe s. Toutes ses plaies commencent à saigner, Ronc. p. 97. De viés [vieux] mesfait novele plaie, Brut, t. I, p. 27, V. 540.

XIIIe s. Perdue avoit la vue par une plaie qu'il avoit eue al chief, Villehardouin, XL. Si but et manga tant comme lui plot, et jut à femme, et sa plaie comencha à foursanner [s'exaspérer], et li feus i feri [et la chaleur s'y mit], Chr. de Rains, p. 80. Et fut la plaie si large que le sanc li venoit du cors aussi comme le bondon d'un tonnel, Joinville, 225.

XVe s. Receut plusieurs playes [blessures] pour luy, Commines, VI, 5.

XVIe s. Playe est solution de continuité recente, sanguinolente, et sans putrefaction, complete ou purulente, faite principalement ès parties molles. - Quelquesfois est appellée playe, quelquesfois ulcere recent ou simplement ulcere, Paré, VII, 1. Mettre l'emplastre près de la playe, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 273.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

PLAIE, s. f. (Chirurgie.) solution de continuité ou division des parties molles, récente & sanglante, faite aux parties molles par quelque cause externe.

Toutes les choses extérieures capables de faire quelque division, peuvent être cause de plaies. Les unes piquent, d’autres tranchent, d’autres confondent, d’autres enfin cautérisent. Par exemple, les plaies faites par une épée, une bayonnette & autres instrumens piquans, sont appellées piquûres. Voyez Piquure. Celles qui sont faites par un sabre, un couteau, qui sont des instrumens tranchans, sont appellées incisions. Les instrumens contondans tels qu’un bâton, une pierre & autres corps durs, orbes, &c. comme éclats de grenades, de bombes, balles de fusil, font des plaies contuses : les déchiremens que cause la morsure des animaux venimeux ou enragés, forment des plaies venimeuses : enfin le feu & toutes les especes d’eau-forte produisent des plaies connues sous le nom de brûlures.

Ces différences de plaies viennent de leur cause : elles different encore par rapport à leur grandeur, à leur figure & à leur direction, & par les parties qui sont intéressées.

Par rapport à la grandeur, à la figure & à la direction, les plaies s’étendent en longueur, en largeur & en profondeur ; elles sont en T, en +, en × ou à lambeaux ; leur direction est droite, oblique ou transversale par rapport à la ligne verticale du corps, ou par rapport à la rectitude des fibres des muscles ; il y en a enfin qui sont accompagnées de perte de substance.

La différence des plaies qui vient des parties où elles se trouvent, exige bien des considérations. Les plaies sont aux extrémités ou au tronc : celles-ci peuvent arriver à la tête, ou au col, ou à la poitrine ou au bas ventre ; elles peuvent pénétrer jusqu’aux parties internes, ou se borner aux parties extérieures : celles des extrémités, ou celles qui ne sont qu’aux parties externes du tronc, peuvent intéresser les tégumens, les muscles, les tendons, les vaisseaux, les glandes, les articulations, &c.

Toutes ces différences ne sont qu’accidentelles. Celles qui sont essentielles, consistent dans la simplicité des plaies, dans leur composition & dans leur complication.

La plaie simple n’est qu’une solution de continuité des parties molles faite par quelque cause externe, & qui ne demande que la réunion. Voyez Réunion.

La plaie composée est celle qui se trouve jointe à quelqu’autre indisposition qui ne demande pas un traitement différent de celui de la plaie simple. Telle est, par exemple, une plaie faite aux parties molles par un instrument tranchant, qui en la divisant, a aussi divisé les os.

La plaie compliquée est celle qui se trouve jointe à quelqu’autre indisposition, ou à laquelle il survient des accidens qui demandent un traitement différent de celui de la plaie simple.

La plaie est compliquée avec la cause, ou avec quelque maladie, ou avec quelque accident.

Lorsque l’instrument qui a fait la plaie, est resté dans la partie blessée, la plaie est compliquée avec sa cause. Voyez Tumeur par la présence des corps étrangers.

Si quelque apostème survient à la partie blessée, ou qu’il y ait fracture, en même tems la plaie est compliquée avec maladie.

Enfin la douleur, l’hémoragie, la convulsion, la paralysie, l’inflammation, la fievre, le dévoiement, le reflux de matiere purulente, sont des complications accidentelles des plaies. Voyez ces mots.

La douleur, la convulsion, l’inflammation & la fievre viennent assez ordinairement de la division imparfaite de quelques parties aponévrotiques, nerveuses ou tendineuses : le moyen le plus efficace pour faire cesser ces accidens, consiste à débrider les étranglemens formés par le tiraillement des fibres de ces parties.

Le reflux des matieres purulentes, soit qu’on le regarde comme un vrai retour des matieres épanchées, soit qu’il vienne de l’érétisme ou retrécissement des orifices des vaisseaux, qui empêche les sucs de s’échapper ; ce reflux, dis-je, peut être occasionné par l’exposition d’une plaie à l’air, par le mauvais régime, par les passions de l’ame, par l’application des remedes qui ne conviennent pas à l’état de la plaie, par un pansement dur & peu méthodique. Voyez Bourdonnet.

Les signes qui caractérisent le reflux des matieres purulentes, sont la diminution de la suppuration, l’affaissement des bords de la plaie, sa pâleur, la mauvaise qualité du pus trop liquide ou trop épais, jaune & de mauvaise odeur, les frissons irréguliers suivis de fievre & de sueur froide, la petitesse du pouls, enfin les symptomes d’un dépôt à la tête, à la poitrine ou au foie. Voyez Dépot, Delitescence, Metastase.

Les signes des plaies peuvent être divisés en commémoratifs, en diagnostics & en prognostics.

Les signes commémoratifs des plaies sont les circonstances qui ont accompagné la blessure lorsqu’elle a été faite, comme la situation du blessé, & celle de la personne ou de la chose qui l’a blessé ; la grosseur & la figure de l’instrument qui a fait la plaie.

Les signes diagnostics des plaies sont sensuels ou rationels. Par la vûe on reconnoît la grandeur extérieure d’une plaie, & si elle est avec perte ou sans perte de substance ; par le toucher, soit avec le doigt, soit avec la sonde, on en découvre la direction, la profondeur & la pénétration ; par l’odorat on sent les excrémens qui peuvent sortir par les plaies de certaines parties ; par le goût on peut s’assurer de la qualité des liqueurs qui sortent de certaines plaies.

Les sens ne font pas toujours appercevoir ce qu’il y a à connoître sur une plaie ; la raison nous fait juger qu’une plaie s’étend jusqu’à certains endroits, par la lésion de l’action d’une certaine partie, par la situation de la plaie & de la douleur, par les excrémens qui sortent de la plaie, ou qui ne s’évacuent pas comme à l’ordinaire. Avec des connoissances anatomiques on trouvera très-facilement dans les plaies l’application de toutes ces choses.

Les signes prognostics des plaies se tirent des parties où elles sont situées, de leur cause, & de leur différence essentielle.

En considérant les parties où les plaies se trouvent, on les regarde comme légeres, ou comme graves, ou comme mortelles. Les plaies légeres sont celles de la peau, de la graisse, & des muscles ; elles ne demandent que la réunion, lorsque d’ailleurs elles ne sont point compliquées d’accidens. Voyez Réunion.

Les plaies graves sont celles des parties membraneuses, tendineuses, aponévrotiques, & en particulier celles des articulations. Le succès de leur cure est quelquefois douteux, à cause des accidens dont elles sont souvent accompagnées.

On appelle plaies mortelles celles des gros vaisseaux & des parties intérieures, quoique certaines puissent guérir. On entrera dans un plus grand détail du prognostic des plaies des parties intérieures, en parlant des plaies en particulier.

Les plaies faites par instrument tranchant sont moins fâcheuses que celles qui sont faites par un instrument piquant ; celles qui sont faites par un instrument contondant sont plus fâcheuses que celles qui sont faites par un instrument tranchant ou piquant. Les plaies simples ne sont point dangereuses, les composées le sont davantage ; mais les compliquées sont toujours fâcheuses, plus ou moins, suivant la nature de la complication.

On distingue quatre états ou tems dans la durée des plaies. Le premier est celui où elle saigne ; le second est celui où elle suppure ; le troisieme est celui où se fait la régénération des chairs ; & le quatrieme est celui où se fait la cicatrice.

La cure des plaies consiste dans la réunion des parties divisées par les moyens dont on traite au mot Réunion. Mais lorsqu’une plaie est avec une perte de substance si considérable qu’on ne peut en rapprocher les levres, on fait suppurer légérement cette plaie dans le premier & dans le second tems avec des suppuratifs doux ; dans le troisieme tems, on la déterge avec des sarcotiques ; enfin, dans le quatrieme tems, on la desseche & on la cicatrise avec les dessicatifs & les cicatrisans.

Une chose essentielle dans la cure des plaies est d’éloigner les accidens qui pourroient empêcher la nature de procurer la guérison de la plaie : on met la partie dans une situation qui favorise le retour des liqueurs, & l’on garantit la plaie & la partie des impressions de l’air par l’appareil & les médicamens convenables. La saignée & le régime empêchent l’engorgement & l’embarras des liqueurs aux environs de la plaie ; enfin, on remédie aux accidens par l’usage des remedes convenables à leur espece.

Des plaies en particulier. Les plaies sont divisées par rapport aux parties où elles arrivent, en celles de la tête, du col, de la poitrine, du ventre, & des extrémités.

Des plaies de tête. Les plaies de la tête different entr’elles en ce que les unes sont faites aux parties contenantes, & les autres aux parties contenues.

Celles de la peau du crâne sont avec division ou sans division. Les premieres sont l’effet de l’action d’un instrument tranchant ou piquant. Celles qui sont sans division forment une tumeur qu’on appelle vulgairement bosse, elles sont faites avec des instrumens contondans. Voyez Contusion.

Les plaies faites au péricrâne par des instrumens tranchans simples, sont ordinairement simples comme celles qui sont faites à la peau par les mêmes instrumens. Mais celles qui sont faites par un instrument contondant ou piquant, sont quelquefois suivies d’accidens fort violens.

La contusion du péricrâne s’annonce par les signes suivans : une douleur fort vive, mais extérieure ; l’assoupissement du malade qui se réveille néanmoins quand on le touche à quelque endroit de la tête, & sur-tout à celui où il a reçu le coup ; la rougeur du visage ; le gonflement & la tension œdémateuse, & quelquefois inflammatoire de toute la tête, qui s’étendent jusqu’aux paupieres, mais qui se bornent aux attaches des muscles frontaux & occipitaux, & dont les oreilles sont exemptes.

Tous ces symptômes que la fievre accompagne, sont des signes de l’inflammation du péricrâne, & des effets consécutifs de la contusion que cette membrane a soufferte. Ces accidens consécutifs doivent être très-exactement discernés ; car s’ils ne venoient point de l’affection du péricrâne, ils indiqueroient l’opération du trépan, quand même il n’y auroit point de fracture au crâne. Voyez l’article Trépaner, où nous exposons les cas douteux qui déterminent à faire ou à éviter cette opération.

On prévient l’inflammation du péricrâne par la saignée & par le régime ; & l’on remédie à l’inflammation par une incision qu’on fait à cette membrane dans toute l’étendue de la contusion, en observant d’en scarifier les bords, & de couper plus de cette membrane que de la peau, pour éviter le tiraillement. Par ces moyens on dégorge les vaisseaux, on détend cette membrane, & on rétablit la circulation du sang dans son état naturel.

Les blessures au crâne par un instrument piquant, de quelque façon qu’elles aient été faites, n’ont pas de noms particuliers ; mais celles qui sont produites par un instrument tranchant ont trois noms, selon la maniere dont l’instrument a été porté sur la partie. Voyez écopé, diacopé & Apokeparnismos.

Les instrumens contondans, portés avec violence sur le crâne, peuvent produire la contusion, l’enfoncement, la fente, & l’enfonçure.

La contusion proprement dite est l’affaissement des fibres osseuses, qui par la violence du coup se sont approchées.

L’enfoncement est l’affaissement de la premiere table sur la seconde, ou de toutes les deux ensemble sur la dure-mere. Cela arrive principalement au crâne des enfans dont les os sont mols, & peuvent enfoncer comme un pot d’étain frappé par un coup violent.

La fente n’est qu’une simple division qui est quelquefois imperceptible. Voyez Trichismos. La fente se fait quelquefois à un autre endroit du crâne que celui où le coup a porté. Voyez Contre-fissure.

L’enfonçure est un affaissement de plusieurs pieces du crâne qui a été faussé.

Les principaux effets que les coups violens puissent produire sont la commotion & la compression. La commotion est toujours un accident primitif ; il n’indique pas l’opération du trépan. Voyez Commotion & Trépaner. La compression est tantôt un accident primitif, & tantôt un accident consécutif. Celle qui vient du déplacement des os est du premier genre ; mais celle qui est l’effet de l’épanchement du sang ou de quelque autre liqueur sur la dure-mere, entre cette membrane & la pie-mere, entre celle-ci & le cerveau, ou dans la propre substance de ce viscere, est un accident consécutif qui exige l’opération du trépan. L’inflammation des méninges par la contusion du péricrâne, est aussi une cause de la compression du cerveau ; mais l’assoupissement léthargique consécutif, signe de toute compression, se dissipe bien-tôt quand il vient du vice du péricrâne, lorsqu’on a débridé cette membrane comme nous l’avons dit plus haut. Il faut lire sur cette matiere les ouvrages des maîtres de l’art : tels que Berengarius Carpensis, de fracturâ cranii ; le traité des plaies de la tête de M. Rohault, &c. & principalement les mémoires qui traitent de cette matiere, dans le premier volume de l’académie royale de Chirurgie.

Les signes diagnostics des fractures du crâne sont quelquefois soumis aux sens, quand ces fractures se font voir ; lorsque les os frappés rendent un son obscur tel que celui d’un pot félé (ce signe est équivoque) ; mais principalement lorsqu’on rencontre avec le doigt ou avec la sonde quelque inégalité, qu’on juge bien n’avoir pas été formée par les arteres dans le tems que les os étoient encore mous.

Si les sens n’apperçoivent aucune marque de fracture, la raison peut suppléer à leur défaut, en s’informant des circonstances qui ont accompagné la blessure, en examinant les endroits du crâne qui ont été frappés, & en faisant attention aux accidens qui surviennent.

Les signes prognostics des plaies de tête se tirent de l’instrument qui a fait la blessure, de la partie blessée, des symptômes & des accidens. En général, les grandes fractures des os du crâne sont moins fâcheuses que les fortes contusions. La commotion est ce qu’il y a de plus à craindre ; on y remédie par le régime & les saignées.

Les plaies de la langue méritent une considération particuliere : on en parle au mot Réunion.

Des plaies de la poitrine. Les causes des plaies de poitrine sont les mêmes que celles des autres parties.

Les plaies de poitrine sont pénétrantes ou non-pénétrantes. Ce que nous avons dit des plaies en général donne une idée suffisante de ces dernieres.

Au sujet des plaies pénétrantes, il faut examiner si le coup qui les a fait n’a percé qu’un côté, ou s’il a traversé jusqu’à l’autre. Elles peuvent être sans lésion des parties renfermées, auquel cas elles sont simples ; ou avec lésion de quelques-unes de ces parties, & alors elles peuvent être compliquées d’épanchement ou d’inflammation. Le corps qui a fait la plaie reste quelquefois engagé dans les chairs ou dans les os, ou tombe dans la cavité de la poitrine. On a vû aussi les parties contenues dans le bas-ventre former hernie dans la poitrine, en passant par l’ouverture d’une plaie de cette partie qui avoit percé le diaphragme & pénétroit dans le ventre.

Les signes diagnostics des plaies de poitrine font connoître si la plaie est pénétrante, si les parties contenues sont lésées, quelles sont les parties lésées, & s’il y a épanchement.

L’emphysème qui se forme autour d’une plaie (Voyez Emphysème), l’air & le sang qui en sortent, l’introduction de la sonde dans la poitrine, font connoître que cette plaie est pénétrante : mais l’impossibilité d’introduire la sonde ne prouve pas toujours que la plaie ne pénetre pas. La direction oblique de la plaie, le changement de position des muscles, le gonflement des levres de la plaie, du sang caillé, un corps étranger, ou quelque partie arrêtée dans le trajet de la plaie, sont des obstacles à l’introduction de la sonde. Il faut s’abstenir de sonder les plaies de poitrine, car la sonde ne peut découvrir que la pénétration, sans faire connoître s’il y a quelque partie lésée : or la simple pénétration d’une plaie ne la rend pas fâcheuse. Le danger des plaies pénétrantes consiste dans la lésion des parties intérieures, lésion qui occasionne l’épanchement ou l’inflammation ; & ce ne sont que les symptômes qui nous font connoître ces accidens.

Les signes de la lésion du poumon sont la grande difficulté de respirer, la sortie d’un sang vermeil & écumeux, le crachement de sang, la douleur intérieure que le blessé sent en respirant, la fievre, &c.

Les plaies du cœur & des gros vaisseaux sont toujours suivies d’une mort ordinairement subite, mais retardée quelquefois par quelques circonstances. Un petit caillot de sang, l’instrument resté dans la plaie, la situation de la plaie derriere une des valvules du cœur, &c. ont quelquefois prolongé la vie des personnes blessées au cœur ou aux gros vaisseaux. On en a vû vivre quelques jours, quoique les ventricules fussent percés de part en part.

Les signes des plaies du diaphragme sont différens, suivant la différence des endroits de cette partie qui peuvent être blessés. La difficulté de respirer, la toux, la douleur violente, la situation & la direction de la plaie, la fievre, &c. fournissent les signes des plaies du corps charnu du diaphragme. La phrénésie, le ris sardonique, les défaillances, le hoquet, &c. sont les signes des plaies du centre aponévrotique de cette partie.

Nous avons détaillé les signes de l’épanchement au mot Empyème, parce que ce mot signifie également la collection de la matiere, & l’opération qui convient pour donner issue aux matieres épanchées. Voyez Empyème.

Le prognostic des plaies de poitrine se tire des accidens. Le danger consiste dans l’inflammation & dans l’épanchement. On remédie à l’inflammation par les saignées & le régime (Voyez Inflammation, Pleurésie, Péripneumonie), & on évacue les matieres épanchées par l’opération de l’empyème. Nous ne parlons pas de la cure des plaies du cœur & des gros vaisseaux, parce qu’elles dispensent de l’usage de tout remede.

L’ouverture de l’artère intercostale est un accident assez grave des plaies de poitrine : nous en avons parlé à l’article Ligature.

Des plaies du bas-ventre. Les causes des plaies du bas-ventre sont les mêmes que celles des plaies de poitrine.

Les plaies du bas-ventre different les unes des autres par rapport aux régions où elles se trouvent, & aux parties qu’elles intéressent : on les distingue encore en celles qui ne sont pas pénétrantes, & en celles qui le sont.

Les plaies pénétrantes dans la capacité de l’abdomen different entr’elles, en ce que les unes sont avec lésion des parties contenues, & les autres sans lésion ; les unes avec issue, & les autres sans issue desdites parties. Celles qui sont avec issue des parties peuvent être avec étranglement des parties sorties : l’instrument perdu dans la cavité, engagé dans les chairs, ou enclavé dans les os, complique certaines plaies de bas-ventre.

Les signes diagnostics des plaies de l’abdomen font connoître si elles sont pénétrantes, & quelle est la partie lésée.

La sortie de l’épiploon ou de l’intestin par la plaie, la différente largeur de l’instrument comparée avec celle de la plaie, l’introduction du doigt dans la plaie si son étendue le permet, ou celle d’une sonde, en font connoître la pénétration. Pour sonder le blessé, il faut le mettre dans une situation semblable à celle où il étoit quand il a reçu le coup. Il faut se rappeller ici ce que nous avons dit de l’introduction de la sonde pour les plaies de la poitrine. Les mêmes obstacles se présentent pour les plaies du bas-ventre, & l’usage de la sonde n’y est pas plus utile ; les symptômes suffisent pour nous faire juger des uns & des autres.

La difficulté de respirer, la petitesse & la dureté du pouls, son intermission, la pâleur & la rougeur du visage, la tension & les douleurs de ventre, l’amertume & la secheresse de la bouche, le froid des extrémités, la suppression de l’urine, les nausées, les vomissemens, &c. sont les symptômes de la lésion de quelques parties intérieures du bas-ventre.

La situation & la direction de la plaie, la situation de la douleur, celle où étoit le blessé, ou celui qui a blessé lorsque la plaie a été faite, la distension de l’estomac & des intestins par les alimens, & celle de la vessie par l’urine, leur affaissement au moment de la blessure, donnent lieu de conjecturer quelle est la partie offensée.

La sortie d’une grande quantité de sang assez vermeil, & une douleur piquante qui s’etend jusqu’au cartilage xiphoïde, font connoître la lésion du foie ; la sortie d’une moindre quantité de sang que l’on dit devoir être fort noire, est un signe de la lésion de la ratte : le hoquet, les vomissemens, les sueurs, les froid des extrémités, & l’issue des alimens dénotent la lésion de l’estomac : la sortie de la bile est un signe bien certain de la lésion de la vésicule du fiel : les nausées, les fréquentes foiblesses, des inquiétudes continuelles, une douleur extrème, une soif insupportable, & principalement la sortie d’une substance blanchâtre & chyleuse, font connoître la lésion des intestins grèles : la sortie des matieres fécales, annoncent la lésion des gros boyaux : la difficulté d’uriner, le mélange d’un sang avec l’urine, ou la sortie d’un sang par l’urethre, & une douleur à la verge, font connoître que les reins, ou les ureteres, ou la vessie sont attaqués.

Il faut remarque que quand les intestins sont blessés, il sort quelquefois par l’anus un sang plus ou moins fluide & plus ou moins rouge.

S’il vient des intestins grèles il est de la couleur du caffé ; s’il vient de l’iléon ou du commencement du colon, il est caillé, & on rend fluide celui qui vient de l’extrémité du colon ou du rectum.

Le prognostic des plaies du bas-ventre se tire de la partie blessée, de la grandeur de la division, des symptômes & des accidens qui surviennent.

Les plaies non pénétrantes qui piquent les aponévroses des muscles obliques, & traversent les intersections tendineuses des muscles droits, sont accompagnées d’accidens fort graves, qui ne cessent que par les incisions & les débridemens, comme nous l’avons dit aux plaies de tête par la lésion du péricrâne, & il y a des plaies qui pénetrent dans le bas-ventre, qui le percent même de part-en-part, lesquelles ne sont suivies d’aucun accident.

Les plaies des parties contenues ne sont fâcheuses que par l’inflammation & par l’épanchement.

Les grandes plaies du foie, de la ratte, de l’estomac, des intestins, des reins, des ureteres, de la vessie, de la matrice, sont mortelles, mais elles ne le sont pas toujours ; l’épanchement de la bile, de l’urine, & des matieres stercorales dans la capacité du bas-ventre, attirent fort promptement une inflammation gangreneuse aux intestins : les plaies des gros vaisseaux & les grandes plaies des visceres sont mortelles par l’épanchement du sang.

On prévient ou on calme l’inflammation dans les plaies du bas-ventre par le régime, les saignées, les fomentations émollientes, &c.

Les plaies avec issue des parties intérieures, demandent qu’on fasse la réduction de ces parties : l’épiploon & les intestins sont pour l’ordinaire les seules parties qui sont à la suite des plaies du bas-ventre ; quelquefois elles sortent ensemble & quelquefois séparément. Quand l’épiploon se trouve altéré, si la portion est considérable on en fait la ligature dans la partie saine, on retranche la partie gâtée, & on a soin de tenir le fil assez long pour qu’après la réduction il pende un bout de la ligature en dehors : lorsque l’épiploon & l’intestin sont sortis ensemble, & qu’ils ne sont point endommagés, on les réduit en observant de faire rentrer le premier celui qui est sorti le dernier.

Quand il est impossible de faire la réduction des parties, parce que la plaie forme un étranglement qui fait tomber les parties en mortification, on range les parties en les tirant doucement vers l’angle de la plaie opposée à celui où on doit l’aggrandir ; on les couvre d’une compresse trempée dans du vin chaud ; on glisse une sonde cannelée, ou la sonde aîlée (Voyez Sonde, & les Pl.) le long des parties jusque dans le bas-ventre ; on coule un bistouri dans la cannelure pour étendre la plaie, afin de pouvoir faire la réduction des parties, on fait ensuite l’opération de la gastroraphie. Voyez Gastroraphie & Suture.

Lorsque l’épiploon & les intestins sont bléssés, il faut examiner l’étendue & la situation de la lésion : si l’épiploon n’est que légerement blessé, & dans la partie membraneuse, il faut le réduire : s’il est blessé dans ses bandes graisseuses, & que quelques-uns de ses vaisseaux sanguins soient ouverts, on fait ligature de cette partie au-dessus de l’ouverture du vaisseau, & on le coupe au-dessous de la ligature. Voyez Ligature de l’épiploon.

Si l’intestin n’est que légerement blessé, on le réduit : si la blessure est grande, on recommande d’arrêter à la plaie des parties contenantes l’extrémité du boyau qui répond à l’estomac, ce qui se fait par trois points d’éguille qui partagent la circonférence de l’intestin en trois parties égales ; il reste en cet endroit un anus artificiel. Quand les plaies des intestins sont moyennes, on propose la suture du pelletier, c’est-à-dire de coudre les deux levres de la plaie du boyau comme les Pelletiers cousent leurs peaux. Ceux qui conseillent cette suture disent qu’il faut observer de tenir les bouts du fil qui a servi à la suture, assez longs pour pouvoir approcher l’intestin du bord interne de la plaie des parties contenantes, afin de lui faire contracter adhérence dans cet endroit, & de pouvoir retirer le fil après la réunion des parties divisées. Sur la suture des intestins & du bas-ventre, voyez Suture.

Quand l’estomac & les intestins grèles sont blessés, on ne fait prendre au malade des alimens qu’en très-petite quantité, & souvent même que des bouillons nourrissans en lavemens : quand les gros intestins sont blessés, on ne doit point donner de lavemens.

Nous parlerons plus amplement des plaies. & surtout de celles des extrémités, au mot Suture, sur les plaies des arteres. Voyez Anévrisme.

Les plaies d’armes à feu mériteroient un article assez étendu, si les bornes où nous sommes réduits le permettoient : ce sont des plaies contuses, dont les grands accidens viennent du déchirement imparfait des parties membraneuses & tendineuses aponévrotiques, &c. Quand on débride bien ces plaies, on en fait cesser ordinairement les accidens : on les met en suppuration comme les ulceres afin d’en faire tomber les chairs meurtries & contuses ; on les panse ensuite comme des plaies ordinaires : on fait usage avec beaucoup de succès des saignées, des cataplasmes, & autres moyens capables de relâcher les parties tendues, &c. Voyez le Traité des plaies d’armes à feu par Paré, par M. le Dran, par M. Desport, & autres, & les Mémoires de l’académie royale de Chirurgie. Nous avons parlé de l’extraction des corps étrangers au mot Corps étranger, Extraction. (Y)

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Étymologie de « plaie »

Du latin plaga (« coup », « blessure », « plaie », « calamité »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Provenç. plaga, plagua, playa ; espagn. llaga ; portug. chaga ; ital. piaga ; du lat. plāga ; du grec πλήγη, coup, de πλήσσειν, frapper. De plaie l'ancienne langue avait fait le verbe plaier.

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Phonétique du mot « plaie »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
plaie plɛ

Fréquence d'apparition du mot « plaie » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « plaie »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « plaie »

  • La grande plaie de l'Humanité, c'est le conformisme.
    Auguste Lumière
  • Débander l’arc ne guérit pas la plaie.
    Proverbe français
  • Le méchant remue le couteau dans la plaie, la brute y plante en plus la fourchette.
    Anonyme
  • La vérité ? Un coup de couteau qui peut débrider parfois une plaie, crever un abcès.
    Henri Duvernois — Beauté
  • Qui laisse une trace, laisse une plaie.
    Henri Michaux — Face au verrous
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    Mode in Textile — Des bandages pour révolutionner le traitement des plaies chroniques
  • Le travail est la plaie des classes qui boivent.
    Oscar Wilde
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Images d'illustration du mot « plaie »

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Traductions du mot « plaie »

Langue Traduction
Anglais wound
Espagnol herida
Italien ferita
Allemand wunde
Chinois 伤口
Arabe جرح
Portugais ferida
Russe рана
Japonais 創傷
Basque zauria
Corse ferita
Source : Google Translate API

Synonymes de « plaie »

Source : synonymes de plaie sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot plaie au scrabble : 7 points

Plaie

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