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Pendre

Définitions de « pendre »

Trésor de la Langue Française informatisé

PENDRE, verbe

I. − Empl. trans. et pronom.
A. − Qqn pend qqc., qqn (à, sur qqc.)
1. [Le compl. d'obj. dir. (premier) désigne un inanimé concr., un animal (mort), plus rarement une pers.] Accrocher, fixer par le haut ou par un point seulement, à distance du sol ou d'un support, la partie inférieure restant libre. Synon. accrocher, suspendre.Ma capote! Tenez... pendez ma robe de chambre derrière la porte (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p.101).Cette nuit, je regardais, de mon lit, mon pauvre caleçon de laine blanche pendu à la clef de mon armoire à glace (Guitry,Veilleur, 1911, ii, p.14).V. croc ex. 1:
1. Ses yeux [d'un paralysé] se sont fixés, une fois pour toutes, sur le mur, en face du lit, à l'endroit où l'on a pendu le calendrier des postes. Giono,Colline, 1929, p.39.
[Sans compl. second] Je l'ai surpris, un jour, grimpé sur une échelle, en train de pendre un cadre (Duhamel,Terre promise, 1934, p.178).
Pendre la crémaillère*.
Pendre au croc*.
SYNT. Pendre un vêtement à un clou, au porte-manteau, à une patère; pendre un cadre au mur, un jambon au plafond, du linge aux fenêtres, sur une corde, sur un fil; pendre qqn, un animal les pieds en bas; être pendu la tête en bas.
2. En partic. [L'obj. désigne une pers.] Mettre à mort en suspendant par le cou au moyen d'une corde. Pendre un condamné à un gibet, à une potence; pendre des voleurs. Il les faisait pendre par son bourreau ou les pendait lui-même à un grand arbre (Barante,Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.346).Sa sentence, rédigée selon les vieilles formes anglaises, (...) déclare qu'il sera pendu par le cou jusqu'à ce que mort s'ensuive (Mussetds R. des Deux Mondes, 1832, p.776):
2. On a pendu ce monsieur pour je ne sais quel crime, mais comme il était de bonne maison, au lieu de le pendre avec une vulgaire corde de chanvre, on s'est servi d'une corde de soie. Green,Journal, 1944, p.146.
Avec valeur factitive. Faire pendre, condamner à la pendaison. Il approuve hautement le comité de vigilance de la Nouvelle-Orléans qui en 1890 pendit, «à la grande satisfaction de tous les honnêtes gens», des maffiosi acquittés par le jury (Sorel,Réflex. violence, 1908, p.272).
Absol. Infliger le supplice de la pendaison. Pendre et étrangler; être condamné à être pendu. V. gibet ex. de Hugo, Chans. rues et bois, 1865, p.248.
Être pendu haut et court. V. haut1II A 1 a.
Être pendu en effigie*.
Loc. verb. et expr. fam., p.hyperb.
Il ne vaut pas la corde* pour le pendre.
Dire pis que pendre de qqn. V. pis1.
Aller se faire pendre ailleurs. [Surtout à l'impér. ou au subj., en parlant de qqn dont on a à se plaindre mais qu'on ne tient pas à punir soi-même] Je veillerai à votre départ, bandit, et je vous compterai à ce moment-là vingt mille francs. Allez vous faire pendre ailleurs! (Hugo,Misér., t.2, 1862, p.723).Tu vas tout m'avouer: je te donnerai mille roubles et tu iras te faire pendre ailleurs (G. Leroux,Roul. tsar, 1912, p.77).
Allez vous faire pendre! Allez-vous en immédiatement, vous m'agacez! Vézinet [sourd]: Savez-vous où l'on met le tire-bottes? Nonancourt, furieux: Dans la cave... Allez vous faire pendre! (Labiche,Chapeau paille Ital., 1851, iv, 6, p.94).
Que je sois pendu si, je veux être pendu si, (je veux) qu'on me pende si + ind. [Dans la lang. parlée, pour nier énergiquement une éventualité] Synon. au/du diable si...! (v. diable1).Je veux être pendu si j'y comprends qqc. Je ne sais ce que j'ai dit; mais je veux être pendue si j'ai pu vouloir dire autre chose (Sand,Corresp., 1852, p.326).Que je sois pendu si je reviens jamais dans votre maison (Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.74).
Autant, mieux vaudrait être pendu (que de + inf.); j'aimerais mieux être pendu. Tout plutôt que cela, tout plutôt que de. Autant et mieux, ma foi, vaudrait être pendu Que rester enfoui dans ce pays perdu (Gautier,Prem. poés., 1830-45, p.148).Le Vice-roi: Tu verras comme c'est intéressant de l'apprendre. Almagro: J'aime mieux être pendu (Claudel,Soulier, 1929, 3ejournée, 3, p.789).
B. −
1. Empl. pronom.
a) Qqn se pend.Se suicider par pendaison. Se pendre par désespoir; aller se pendre; se pendre dans sa cellule. Un homme seul comme un fou Voudrait se pendre dans sa cave (Jouve,Trag., 1922, p.15).Ils sont là (...) ceux qui sont morts dans la misère et ceux qui se sont pendus parce que tu les ruinais (Sartre,Mouches, 1943, ii, tabl. 1, 2, p.47):
3. bibiane: Dis-lui qu'elle ne l'épouse pas, ou je me tuerai! Je me pendrai dans le grenier où on étend le linge; je me couperai la langue avec les ciseaux, comme on fait aux pigeons. Claudel,Violaine, 1892, I, p.503.
P. hyperb., expr. fam.
Il y a de quoi se pendre. C'est désespérant, exaspérant. Nous venons (...) d'avoir une discussion de trois heures à propos de cinq pages. J'ai fini par me rendre à ses raisons. Mais quelle galère! J'en perds la tête, il y a de quoi se pendre (Flaub.,Corresp., 1853, p.279).
Il aurait mieux fait d'aller se pendre. Il a commis une faute grave, une erreur importante. Il dut attendre près de deux heures. Ça lui rappela le samedi où il était venu décider le partage: (...) ce samedi-là, il aurait mieux fait d'aller se pendre (Zola,Terre, 1887, p.333).
Mieux vaudrait se pendre que de + inf.; je me serais pendu plutôt que de + inf. Tout plutôt que. Quand notre bonheur ne dépend plus de nous, mais du caprice d'une femme, alors tout est perdu; mieux vaudrait se pendre, que d'entrer dans une pareille galère! (Erckm.-Chatr.,Ami Fritz, 1864, p.108).Je me serais pendu plutôt que d'écrire un vaudeville, non par mépris de la vie, mais à cause que je ne saurais rien inventer de divertissant (A. France,Bonnard, 1881, p.496).
b) Qqn se pend à qqc., (fam.) après qqc.
α) Se tenir, s'accrocher à quelque chose, en laissant ses jambes suspendues en l'air sans toucher terre. Synon. se suspendre.Se pendre à une branche, à des anneaux, à une barre fixe, à un trapèze; se pendre par les mains, par les pieds. Depuis quelques jours, il avait imaginé (...) de se pendre après la cloche qui était le signal du déjeuner, du dîner et du souper des élèves (Champfl.,Souffr. profess. Delteil, 1853, p.46).Nous aurons comme les babouins une queue pour nous pendre aux arbres (A. France,Pt Pierre, 1918, p.247):
4. ... la première fois qu'il s'accrocha machinalement à la corde des tours, et qu'il s'y pendit, et qu'il mit la cloche en branle, cela fit à Claude, son père adoptif, l'effet d'un enfant dont la langue se délie et qui commence à parler. Hugo,N.-D. Paris, 1832, p.177.
β) P. hyperb., fam.
Se pendre à, (fam.) après + subst. désignant une pers. ou une partie du corps ou un vêtement.
S'agripper à. Sylvinet revint se pendre aux jupons de sa mère comme un petit enfant (Sand,Pte Fad., 1849, p.38).Puis elle revenait et se pendait à mon épaule, lasse, caressante (Zola,Nouv. contes Ninon, 1874, p.36).Se pendre au cou* de qqn.
Suivre de près et constamment. Synon. ne pas quitter d'une semelle*, être toujours sur les talons* de.Quelques-uns s'étaient improvisés ses officiers et se pendaient après lui en faisant des contorsions (Barrès,Cahiers, t.10, 1913, p.21).
Se pendre aux basques de qqn. V. basque1.
Se pendre à la sonnette, au téléphone (de qqn). Sonner avec insistance, de manière répétée, chez quelqu'un; lui téléphoner sans cesse. Depuis quinze jours, les directeurs se pendent à la sonnette de la prestigieuse Martha (Vogué,Morts, 1899, p.177).
2. À la forme passive, p.hyperb., fam.
a) Qqn est pendu à, après qqn/qqc.
Être agrippé à. Synon. être suspendu à.Sa petite fille était pendue à son cou, assise sur son bras, comme on représente la sainte Vierge portant l'enfant Jésus (Lamart.,Tailleur pierre, 1851, p.546).J'ai du roulis dans les jambes, −disait Giroust, pendu à Charles et tirant sur son bras à chaque enjambée (Goncourt,Ch. Demailly, 1860, p.64).Je trouve le petit en train de pleurer, pendu au cou de ma mère qui essayait de le consoler (Aymé,Jument, 1933, p.58).
Être pendu aux lèvres de qqn (au fig.). Synon. de être suspendu aux lèvres* de qqn.Dominique se remit à rire, tellement il avait conscience de les étonner (...) tous les parents inconnus qu'il trouvait là, qu'il voyait pendus à ses lèvres (Zola,Fécondité, 1899, p.738).
P. anal. Suivre de près et constamment. Il y avait deux petits enfants de quatre à six ans qui allaient et venaient à travers la maison, pendus à son tablier (Lamart.,op.cit., p.529).Ils étaient pendus après mes jupes, et aujourd'hui les voilà qui claquent, qui mendient, qui posent tous pour le désespoir (Zola,Nana, 1880, p.1469).
b) Être pendu à la sonnette de qqn, être pendu au téléphone. Sonner avec insistance et au fig. faire des visites fréquentes; téléphoner longtemps ou très fréquemment. Mais le surlendemain, elle était pendue à la sonnette du poète (Goncourt,Journal, 1896, p.979).Regarde le petit Scali là-haut, il est pendu à son téléphone (Malraux,Espoir, 1937, p.477).Lui, il s'occupe de futilités graves, paresse opiniâtrement, toujours pendu au téléphone (Arnoux,Paris, 1939, p.47).
II. − Empl. intrans. Qqc. pend (à, après, sur qqc.).[Le suj. désigne une chose concr., une partie du corps, plus rarement un corps d'animal ou de pers.]
A. − [Corresp.à supra I A 1]
1. Être accroché par le haut ou par un point seulement, la partie inférieure restant libre, à distance du sol ou d'un support. Synon. être suspendu.Une caisse après laquelle pendaient les clefs et qui était ouverte (Ponson du Terr.,Rocambole, t.1, 1859, p.690).La cuvette posait sur un linge propre, et plusieurs serviettes immaculées pendaient à l'essuie-main (Martin du G.,Thib., Pénitenc., 1922, p.692).
[Sans compl. second] Au-dessus de la porte d'entrée pend une croix de bois rond (Guèvremont,Survenant, 1945, p.158).
SYNT. Jambon qui pend, lustres qui pendent au plafond; morceau de viande qui pend à un croc, à un crochet; linge qui pend aux fenêtres, sur un fil; feuille, fruit qui pend à une branche; auberge où pend une enseigne; chaîne où pend une médaille; ceinture où pend une arme, une bourse, des clefs; sac, vêtement qui pend à un clou, à une patère, au porte-manteau; bijoux qui pendent aux oreilles de qqn; qqc. pend au bout de, le long de qqc., aux arbres, aux branches, aux fenêtres, aux murs, aux poutres.
2. En partic.
a) [Le suj. désigne une chose longue et souple] Retomber librement, mollement. Synon. baller, flotter, tomber, être pendant.Volant qui pend à, (fam.) après un rideau. Une femme pâle (...) avec (...) de grandes boucles noires qui pendaient le long de ses joues, comme deux oreilles de chien (Flaub.,Éduc. sent., t.1, 1869, p.92):
5. Sur la chaise (...), Edmond et Léonard ont posé leurs cartables, deux sacs (...) qui laissent voir le carton aux coutures; les courroies lâches pendent le long des pieds de la chaise... Genevoix,Raboliot, 1925, p.233.
b) [Le suj. désigne un membre du corps] Retomber souplement ou rigidement. Laisser pendre ses bras (...) le long du corps, ses mains hors du lit, sa tête en arrière; bras, mains, jambes qui pendent. Il avait pris le poignet de Thérèse, qui pendait le long de sa jupe, et le couvrait de baisers (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p.663).
c) [Le suj. désigne une pers., une viande] Être suspendu. Puis elle supplia frère Isambart d'aller (...) chercher une croix (...) et de la tenir dressée devant elle, afin que la croix où Dieu pendit fût (...) offerte à sa vue (A. France,J. d'Arc, t.2, 1908, p.395).Du bois mort géométriquement équarri où pend un cadavre (S. Weil,Pesanteur, 1943, p.93).V. gibet ex. de Sardou et de Hugo, Fin Satan, 1885, p.884.
B. − Parfois péj.
1. [Le suj. désigne un (ou une partie de) vêtement] Descendre trop bas, tomber de manière peu esthétique. Synon. (fam.) pendiller, pendouiller; traîner.Jupe, fil, ourlet qui pend; manteau qui pend jusqu'à terre. Ses chaussettes lui pendaient toujours sur les chevilles (Flaub.,Bouvard, t.2, 1880, p.160).Elle traîne des savates poisseuses et des jupons qui pendent par derrière, miséreux (Colette,Music-hall, 1913, p.200):
6. Devant la porte de l'autre cassine, en face, était assis un enfant de trois ans, tout nu, sauf un lambeau de chemise qui lui pendait des épaules sur les cuisses... Erckm.-Chatr.,Ami Fritz, 1864, p.115.
2. [Le suj. désigne une partie du corps normalement ferme] Être flasque et tombant. Synon. s'affaisser, balloter, retomber.Seins, mamelles qui pendent. Sa face dont les chairs pendaient molles et grimaçantes (Zola,Th. Raquin, 1867, p.178).La chair dévalait de chaque côté du nez et pendait en bajoues (Arland,Ordre, 1929, p.356):
7. Les joues, que retient mal la saillie des pommettes, pendent vers le cou, font au niveau des mâchoires deux poches qui élargissent le bas de la figure... Bernanos,M. Ouine, 1943, p.1540.
3. [Le suj. désigne la langue ou un liquide] Sortir en descendant. Avoir la langue qui pend, la goutte qui pend au nez. Il a la tête trouée. Un long fil de bave et de sang pend de sa bouche (Giono,Gd troupeau, 1931, p.246).Ma mère, la langue lui pendait tellement qu'elle avait du mal à tirer sa quille (Céline,Mort à crédit, 1936, p.150).
Au fig., fam. Ça me/te/lui etc. pend au nez, au bout du nez*.
C. −
1. Vx ou littér. Qqc. pend sur qqc./qqn.Être suspendu au-dessus de; surplomber de façon instable ou menaçante. Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux (Lamart.,Médit., 1820, p.140).
2. Au fig. Complices de la foudre qu'elles alimentent, la ruine et la mort y pendent sur toutes les têtes (Dusaulx,Voy. Barège, t.2, 1796, p.130).Deux grands problèmes pendent sur le monde: la guerre doit disparaître et la conquête doit continuer (Hugo,Nap. le Pt, 1852, p.145).
3.
a) Vx. Être en instance, en jugement. Trois procès, dont un déjà gagné par Rigou, pendaient au tribunal de La Ville-aux-Fayes, entre le général et l'ex-moine (Balzac,Paysans, 1844, p.152).
b) Au fig., littér., rare. Rester en suspens, inachevé. La chose est d'ailleurs commencée, elle pend interrompue, attendant qui la fasse achever (Verlaine,Corresp., t.3, 1887, p.189).L'Ode aux Muses, (...) commencée en 1900, pendit longtemps interrompue. Il [Claudel] ne savait «comment la finir» (Gide,Journal, 1905, p.190).
4. Littér., rare. Pendre à. Dépendre de. Vertueuse à ce point? Mais pour ton héritage Nous laisses-tu toujours pendre à son arbitrage? Clinias: Ce qu'elle ordonnera sera bien ordonné (Augier,Ciguë, 1844, p.50).
REM.
Penderet, subst. masc. et adj.,vx. (Arbre) penderet. (Arbre) servant de potence, de gibet. À l'écart (...), un vieux poirier se dresse, âgé peut-être de trois cents ans, et que j'ai lieu de prendre pour un «arbre penderet». Ils commencent à se faire très rares, ces arbres, choisis pour servir de gibet parmi les poiriers sauvages les plus robustes (Barrès,Colline insp., 1913, p.281).
Prononc. et Orth.: [pɑ ̃:dʀ ̥], (il) pend [pɑ ̃]. Homon. (il) pend, pan, paon. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. Fin xes. intrans. «être fixé par le haut» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 327: cortine pend); 2. 1121-34 expr. pendre devant le nez «pendre au nez» (cf. nez); 3. 1172-90 «retomber; descendre trop bas» (Chr. de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 6917: larges oroilles et pandanz); 4. ca 1265 «être en instance» (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, II, 58, 3: tien ta sentence pendant). B. 1. a) fin xes. trans. «crucifier» (Passion, éd. citée, 283); b) ca 1050 «fixer par le haut» (Alexis, éd. Chr. Storey, 144); 2. ca 1100 «mettre à mort en suspendant par le cou» (Roland, éd. J. Bédier, 3953); 3. 1565 fig. (être) pendu aux oreilles de qqn «lui parler sans cesse, avec insistance» (Ronsard, Les nues, 233 ds OEuvres complètes, éd. P. Laumonier, t.13, p.277); 1686 être pendu à «être très attentif à» (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t.3, p.247: on est pendu à la force et à la justesse de ses discours); 1690 être pendu au cou de qqn (Fur.). C. 1. Début xiies. pronom. «se suicider par pendaison» (St Brandan, éd. E. G. R. Waters, 1274); 2. ca 1210 «se suspendre, s'accrocher» (Dolopathos, éd. Ch. Brunet et A. de Montaiglon, 290 ds T.-L., 627, 29); 3. 1553 fig. se pendre au cou de qqn (O. de Magny, Amours, 151: A ton coul [...] Je me pandray); 1800 fig. se pendre à la sonnette de qqn (Mmede Genlis, Les mères rivales, t.1, p.50 ds Pougens cité par Littré: la maréchale se pendit aux sonnettes). Du lat. pop. *pendĕre, lat. class. pendēre «être suspendu, être pendant, flasque; être suspendu (au fig.), attentif; dépendre de; être en suspens, indécis, incertain». Fréq. abs. littér.: 2775. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3423, b) 5691; xxes.: a) 4410, b) 3177.
DÉR. 1.
Pendeur, subst. masc.a) Rare. Homme qui condamne à la pendaison un grand nombre de personnes; bourreau. Il entonna: Si l'on pendoit tous les voleurs Qui volent sur la terre, Il resteroit moins de pendeurs Que de vin dans mon verre (Balzac,Annette, t.1, 1824, p.168).C'était ce sauvage maréchal de Candale, ce pendeur, ce brûleur, ce bourreau, qui avait commandé la charge de Cérisoles (Bourget,Pastels, 1889, p.148).Un tsar que les socialistes français n'appellent plus autrement que (...) pendeur et déportateur (Lénine,Que faire?[trad.], 1933, p.416).b) Mar. ,,Synonyme peu usité de pantoire`` (Gruss 1978). [La] vergue [de hunier fixe] (...) est soutenue par une jambe de force appelée pendeur, reposant à sa partie inférieure dans une crapaudine (Galopin,Lang. mar., 1925, p.62).c) Pêche mar. Ouvrier qui suspend les harengs à fumer. (Ds Baudr. Pêches 1827). [pɑ ̃doe:ʀ]. Att. ds Ac. 1878. 1resattest. a) fin xiiies. pendeur «bourreau, celui qui pend» (Hystoire Job, éd. J. Gildea, 1807), b) 1573 mar. penteur «sorte de cordage» (Dupuys), 1677 pendeur (F. Dassié, Archit. navale, p.86 ds Fr. mod. t.26, p.55); de pendre, suff. -eur2*; au sens b cf. pantoire.
2.
Pendoir, subst. masc.,bouch., charcut. Corde ou crochet servant à suspendre la viande. Synon. croc, esse. (Dict.xixeet xxes.);p.méton. ,,Lieu où l'on accroche (où l'on pend) les carcasses des porcs en vue de la vente`` (Chaud. 1970). [pɑ ̃dwa:ʀ]. 1resattest.a) 1272 pentoir «lieu où l'on pend les draps pour les faire sécher» (Livre rouge, t.I, fo10 vo, Arch. de la ville d'Eu ds Gdf., s.v. pendoir), b) 1294 pendoir «objet servant à porter des clefs» (Deshaisnes, Doc. hist. art Flandres, t.1, p.83: pendoir de clef), c) α) 1419 pendouer «ce qui sert à suspendre un animal qu'on veut dépouiller» ([Arch. nat.] JJ 172, p[ièce] 9 ds La Curne: un pendouer à pendre bestes), β) 1680 pendoir (Rich.: Pendoir [...] C'est un morceau de corde pour pendre le lard); de pendre, suff. -oir*; cf. le lat. médiév. penditorium «perche à laquelle on pend les draps pour les faire sécher» (1182 Charte de commune accordée par Philippe-Auguste à la ville de Beauvais ds Ordonnances des Rois de France, t.7, p.624, § 14).
BBG. Quem. DDL t.13. _Thomas (A.) Nouv. Essais, p.29.

Wiktionnaire

Verbe - français

pendre \pɑ̃dʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se pendre)

  1. Attacher une chose, une personne ou un animal en haut par une de ses parties, de manière qu’elle ne touche pas en bas.
    • Une cage à serins était pendue au plafond ; les oiseaux avaient été emportés, mais la mangeoire était pleine de chenevis. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Pendre de la viande au croc. — Pendre un lièvre par les pattes de derrière.
    • (Pronominal)Se pendre par les mains à un arbre.
  2. Attacher à la potence, pour le mettre à mort, en parlant de quelqu’un.
    • Il approuve hautement le comité de vigilance de la Nouvelle-Orléans qui en 1890 pendit, « à la grande satisfaction de tous les honnêtes gens », des maffiosi acquittés par le jury. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre VI, La moralité de la violence, 1908, page 256)
    • Les preuves de ces affirmations sont en somme beaucoup plus probantes que celles qui font pendre la plupart des criminels. — (H. G. Wells, L'histoire de Plattner, dans L’Ile de l’Æpyornis, traduit de l’anglais par Michel Laurent, Paris : Albin Michel, 1929, page 71)
    • La comtesse fit incarcérer le meurtrier et, après jugement, celui-ci fut pendu. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • On s’injuriait à table. On injuriait même le supérieur, homme emporté mais faible. On lui rappelait à l’occasion que son père avait été pendu. — (Jean Fournée, Bourg-Achard, dans Aspects du monachisme en Normandie, J. Vrin, 1979, page 133)
  3. (Intransitif) Être suspendu.
    • Parmi les montres qui pendaient à la devanture de M. Goulden, il s’en trouvait une toute petite, quelque chose de tout à fait joli. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • À la bride et au mors arabe on ajoute, aux grandes occasions, une large bande frontale ornée de franges et un gros gland pendant au cou du cheval. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 85)
    • […], il était vêtu dans le genre boy-scout ; un couteau pourvu de nombreuses lames et probablement de peu d'utilité, une boussole, un sifflet, etc… pendaient à sa ceinture ; […]. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • De l'autre côté de la chaussée, le poste de police dont le drapeau pendait obliquement, comme une loque, mal éclairé par la lanterne, avait un air peu engageant. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • En fermant les yeux, Jeanne revoit cette boutique minuscule où s'entassent les jarres d’huile et les sacs de farine, où pendent, au plafond, des balais et des brosses, des salamis et des cordes à sauter. — (Jean-Michel Olivier, Notre Dame du Fort-Barreau : récit, éditions L'Âge d'Homme, 2008, page 30)
  4. (Intransitif) Tomber, descendre trop bas.
    • Votre robe pend d’un côté.
    • Renouez ce cordon qui pend.
    • Les joues lui pendent, Ses joues sont flasques et tombantes.
  5. (Pronominal) (réfléchi) Se donner la mort, s’étrangler en se suspendant par le cou ; se suicider par pendaison.
    • Une autre fatalité pesait sur les Rabalan : ils se suicidaient. Depuis cent ans, on ne connaissait pas un seul Rabalan qui fût mort, comme tout le monde, dans son lit, de mort naturelle. Ceux-ci se pendaient, ceux-là se noyaient ; […]. — (Octave Mirbeau, Rabalan,)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PENDRE. (Je pends, tu pends, il pend; nous pendons, vous pendez, ils pendent. Je pendais. Je pendis. J'ai pendu. Je pendrai. Pends; pendons, pendez. Que je pende. Que je pendisse. Pendant.) v. tr.
Attacher une chose en haut par une de ses parties, de manière qu'elle ne touche point en bas. Pendre de la viande au croc. Pendre des raisins au plafond. Fig., Pendre la crémaillère, Célébrer son installation dans un nouveau logement. Fig. et fam., Avoir la langue bien pendue, Avoir une grande facilité de parole. Fig., Pendre son épée au croc s'est dit autrefois pour signifier Renoncer à la guerre.

PENDRE se dit aussi des Personnes et des animaux. Pendre un lièvre par les pattes de derrière. Se pendre par les mains à un arbre. Cet enfant est toujours pendu au cou de sa mère, de sa nourrice, Il l'embrasse continuellement. Fig. et fam., Être toujours pendu aux basques de quelqu'un, Le suivre partout. Fig. et fam., Être toujours pendu à la sonnette de quelqu'un, Lui faire des visites trop fréquentes. Fig. et fam., Être toujours pendu au téléphone, Se servir constamment du téléphone.

PENDRE signifie particulièrement Attacher quelqu'un à la potence, pour le mettre à mort. Pendre et étrangler. Il a été pendu en effigie. Il fut condamné à être pendu. Fam., Je veux être pendu si je consens à ce qu'on exige de moi, si l'on m'y rattrape, si j'ai compris un mot de son discours. Être pendu haut et court, Être exécuté à la potence. Fam., Cet homme ne vaut pas la corde pour le pendre, Il ne vaut rien. Fam., Dire pis que pendre de quelqu'un, Dire de lui toute sorte de mal. Prov. et fig., Sitôt pris, sitôt pendu se dit pour exprimer une prompte décision.

SE PENDRE signifie Se donner la mort, s'étrangler en se suspendant par le cou. De désespoir il se pendit. Il y a de quoi se pendre se dit, par exagération, en parlant d'un Événement désagréable. On dit plutôt : Il n'y a pas de quoi se pendre, Cela n'a pas beaucoup d'importance. Aller se faire pendre ailleurs se dit en parlant d'une Personne qu'on néglige de punir soi-même et qu'on laisse à d'autres le soin de châtier. On l'a prié d'aller se faire pendre ailleurs.

PENDRE est aussi intransitif et signifie Être suspendu. Un grand sabre pendait à sa ceinture. Des lustres pendent au plafond. Des fruits pendent à l'arbre. Cela lui pend au nez, Cet ennui, ce désagrément risque fort de lui arriver.

PENDRE, intransitif, signifie encore Tomber, descendre trop bas. Votre robe pend d'un côté. Renouez ce cordon qui pend. Les joues lui pendent, Ses joues sont flasques et tombantes. Le participe passé s'emploie aussi substantivement. Un pendu. Fig., Il ne faut pas parler de corde dans la maison d'un pendu, Il ne faut pas parler de certaines choses qui peuvent être reprochées à ceux devant qui l'on parle et pourraient sembler une allusion. Fig., Il a de la corde de pendu dans sa poche se dit, par allusion à une superstition, d'un Homme qui gagne beaucoup, qui gagne toujours au jeu, qui a de la chance, qui réussit dans toutes ses entreprises. Fig., Être sec comme pendu, Être extrêmement maigre.

Littré (1872-1877)

PENDRE (pan-dr'), je pends, tu pends, il pend, nous pendons, vous pendez, ils pendent ; je pendais ; je pendis ; je pendrai ; je pendrais ; pends, pendons ; que je pende, que nous pendions ; que je pendisse ; pendant, pendu v. a.
  • 1Attacher un objet en haut, de manière qu'il ne touche point à la terre. Pendre un lièvre par les pattes. Écoutez-moi, mes frères, pendez cette tête [d'Holopherne] en haut de nos murailles, Sacy, Bible, Judith, XIV, 1. Absalon fut pendu par les cheveux et percé de trois dards, Voltaire, Candide, 30. La tour hospitalière Où je pendrai mon nid, Hugo, Odes, V, 25.

    Fig. Pendre au croc, voy. CROC 2.

  • 2Attacher quelqu'un à la potence ou à tout autre endroit, pour l'étrangler. Prenez tous les princes du peuple et pendez-les en plein jour, afin que ma fureur ne tombe point sur Israël, Sacy, Bible, Nomb. XXV, 4. Ils [les Germains] pendaient les traîtres et noyaient les poltrons : c'étaient, chez eux, les seuls crimes qui fussent publics, Montesquieu, Espr. XXX, 19. Les juges du comté de Valois firent le procès à un taureau qui avait tué un homme d'un coup de corne, et le condamnèrent à être pendu ; la sentence fut confirmée par arrêt du parlement le 7 février 1314, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. V, p. 399, dans POUGENS. Un des Omer disait qu'il ne mourrait pas content qu'il n'ait vu pendre un philosophe ; je peux l'assurer que ce ne sera pas moi qui lui donnerai ce plaisir, Voltaire, Lett. Mme d'Argental, novembre 1764. On a vu pendre dans une ville très riche une fille de dix-huit ans d'une rare beauté ; quel était son crime ? elle avait pris dix-huit serviettes à une cabaretière, qui ne lui payait pas ses gages, Voltaire, Pol. et lég. Prix de la just. et de l'hum. 2. On avait toujours soin de les pendre [les Juifs] entre deux chiens, lorsqu'ils étaient condamnés, Voltaire, Mœurs, 103. On ne pouvait pas avoir été plus mal pendu que je ne l'avais été : l'exécuteur des hautes œuvres de la sainte inquisition brûlait à la vérité les gens à merveille, mais il n'était pas accoutumé à pendre, Voltaire, Cand. 28. Le comte : Sa probité ? - Figaro : Tout juste autant qu'il en faut pour n'être point pendu, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 4.

    Pendre haut et court, pendre à quelque chose d'élevé et avec une corde courte. C'est qu'on pende aux créneaux haut et court le corsaire, La Fontaine, Fianc.

    Absolument. Les rigueurs s'adoucissent ; à force d'avoir pendu, on ne pendra plus, Sévigné, 3 nov. 1675.

    Chez les anciens, pendre à la croix, attacher à la croix, crucifier. Le Fils de Dieu a été pendu à la croix, Bossuet, Serm. Exalt. de la croix, préamb.

    Dire pis que pendre de quelqu'un, en dire outrageusement du mal (locution dont on rend compte en rétablissant ainsi les ellipses : dire d'un homme plus de mal qu'il n'en faudrait pour le faire pendre). À qui en avez-vous, ma bonne, de dire pis que pendre à votre esprit, si beau et si bon ? Sévigné, 5 juin 1680. Pour écrire pis que pendre à madame sa cousine, Hamilton, Gramm. 8.

    Cet homme ne vaut pas le pendre, ne vaut pas la corde pour le pendre, c'est un misérable.

    Je veux être pendu si…, locution familière qui s'emploie pour affirmer d'une manière péremptoire. Je veux être pendu si je vous aime, Molière, F. sav. I, 4.

    Dans le même sens. On me pendrait plutôt, Je suis trop partisan de la douce paresse, Boissy, Sage étourdi, III, 3.

    Autant vaudrait être pendu que d'avoir fait cela, se dit en parlant d'une action blâmable ou d'un ouvrage mal fait.

  • 3 V. n. Être suspendu. On voyait tout ensemble les fleurs du printemps qui naissaient sous les pas, avec les plus riches fruits de l'automne qui pendaient des arbres, Fénelon, Tél. XIX. Son bras droit pend bien et bien négligemment, Diderot, Salon de 1765, Œuvr. t. XIII, p. 339. Quelques ossements ou de petits ouvrages d'or, selon les rangs, pendaient à leur nez et à leurs oreilles [des Mexicains], Raynal, Hist. phil. VI, 12. Il [le Seigneur] sait pourquoi flottent les mondes ; Il sait pourquoi coulent les ondes, Pourquoi les cieux pendent sur nous, Lamartine, Méd. II, 4.

    Fig. Être toujours pendu aux côtés ou à la ceinture de quelqu'un, le suivre partout.

    Cet enfant est toujours pendu au cou de sa mère, il l'embrasse sans cesse.

    Être pendu aux oreilles de quelqu'un, lui parler sans cesse de quelque chose. Mme de Montrevel est enragée : après avoir été pendue un mois aux oreilles du roi et de Quanto [Mme de Montespan]…, Sévigné, 4 sept. 1675.

  • 4 Fig. Être menaçant. Un pressentiment et une espèce de prédiction du malheur qui pendait sur sa tête, Rollin, Traité des Ét. III, 1.

    Fig. et familièrement. Autant lui en pend à l'oreille, au nez, à l'œil, c'est-à-dire il pourra lui en arriver autant. Que notre ami Noailles prenne garde à lui ; on dit qu'il lui en pend autant à l'œil, Sévigné, 9 mars 1672.

    On a dit aussi : pendre devant les yeux. Ne vous en moquez pas, monseigneur ; autant vous en pend devant les yeux, Voiture, Lett. 186.

  • 5 Fig. Être en jugement. Le procès pend et pendra de la sorte Encor longtemps, comme l'on peut juger, La Fontaine, Gageure. C'était au Châtelet que pendait cette affaire, Boursault, Merc. gal. V, 7. Nous eûmes peine à entendre un arrêt si injuste, et qui statuait sur ce qui ne pendait point en question, Saint-Simon, 36, 162.
  • 6Descendre trop bas, tomber trop bas. Votre robe pend d'un côté.

    Les joues lui pendent, ses joues sont flasques.

  • 7Se pendre, v. réfl. Se suspendre à quelque chose. Le galant fait le mort, et du haut d'un plancher Se pend la tête en bas, La Fontaine, Fabl. III, 18.

    Se pendre à la sonnette, sonner avec beaucoup de force et de continuité. La maréchale se pendit aux sonnettes, pour demander à grands cris de l'eau de fleur d'orange, Genlis, Mères riv. t. I, p. 50, dans POUGENS.

    Fig. Se pendre à l'oreille de quelqu'un, lui parler constamment dans l'oreille. M. de Rohan, qui la trouve belle [Mlle de Lannion] dès l'année passée, s'est pendu à son oreille d'une si étrange façon…, Sévigné, 26 août 1671.

  • 8Se donner la mort en se suspendant par le cou pour s'étrangler. Monime, détachant le diadème d'autour de sa tête, l'attacha à son cou et s'y pendit, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. X, p. 100, dans POUGENS.

    Par exagération. Il y a de quoi se pendre, se dit en parlant d'un événement qui accable. Et si, par un malheur, j'en avais fait autant, Je m'irais, de regret, pendre tout à l'instant, Molière, Mis. I, 1. Et si je n'avais M. de la Rochefoucauld et M. d'Hacqueville pour me consoler, je me pendrais de trouver encore en moi cette faiblesse [le goût des romans], Sévigné, 67.

    Après cela il faut se pendre, se dit quand on a manqué une belle occasion.

    Je ne m'en pendrai pas, se dit en parlant d'un mécompte auquel on attache peu d'importance. Tout est manqué ; je ne m'en pendrai pas, Picard, Deux Philibert, III, 1.

PROVERBES

Par compagnie on se fait pendre, voy. COMPAGNIE.

Les grands voleurs pendent les petits.

REMARQUE

Pendre, v. n. se conjugue avec l'auxiliaire avoir : Ce linge a longtemps pendu à la fenêtre. Quand il se construit avec l'auxiliaire être, il se confond avec le passif de pendre, verbe actif : Le linge est depuis longtemps pendu à la fenêtre.

HISTORIQUE

XIe s. Cil gonfanon sur les helmes lur pendent, Ch. de Rol. CCXIV. Assez est dreiz que Guenes seit pendut, ib. CCLXXXVIII. Va, les pend touz à l'arbre de mal fust, ib. CCXC.

XIIe s. Vous porterez ma chartre où li seax [sceau] d'or pant, Sax. XX. E les enfanchunetz pendre as meres as piz [aux seins], Th. le mart. 65. Achitofel vint à sa cited e a sa maisun, e ordenad ses choses, si se pendid, Rois, p. 184.

XIIIe s. Autretel vous est pendans Devant les ex ; ja, se vous m'en creiés, En tel peril vo vie ne metriés, Bibl. des ch. 4e série, t. V, p. 350. À l'essart [champ défriché] vint plus que le pas, Mès il ne set qu'à l'oil li pent, Ren. 16078. Autel [autant] lor pent devant le nés, Baudouin de Condé, t. I, p. 251. Il tenoit très bien justice, ne ne pendoit pas les maufaiteurs à son braoel [ceinturon il ne faisait pas sa societé des malfaiteurs], si comme font orendroit [présentement] li mauvais prince, Chron. de Rains, p. 2. D'un maillet qui là pent, [elle] a sus l'huis assené, Berte, XLV. Neis [même] au larron que l'en veut pendre Fait-ele [l'espérance] adès merci atendre, la Rose, 26. 47. Adonc li mescheans li conte Son grant damage et sa grant honte, Et par sa parole se pent [porte sa condamnation], ib. 16745. Et tex manieres de sergans [serviteurs] doivent estre plus haut pendu qu'autre larron, Beaumanoir, XXXI, 9.

XIVe s. Car à ce fait ici doivent prince et baron Avoir certain conseil et bonne avision : Car autant lor en pent au nez ou au menton Guesclin. 10565. Que savez-vous que il vous pent, Bielle dame, devant vos ieuls [il s'agit du haut de chausse que l'abbesse avait mis par mégarde sur sa tête en place de couvre-chef] ? Jean de Condé, p. 174.

XVIe s. Aux saules verts nos harpes nous pend smes, Marot, IV, 334. Certes mon cas pendoit [tenait] à peu de chose, Marot, V, 4. Autant m'en pendoit à l'aureille, Montaigne, I, 77. Seneque a les opinions saines, et pend du bon party aux affaires romaines, Montaigne, IV, 62. Et quand le fait est grief, la confiscation d'une partie des biens ou la mort y pendent, Lanoue, 256. Faictes sçavoir à madame toutes nouvelles de son fils, en la delivrance et santé duquel pend sa vie et consolacion, Marguerite de Navarre, Lett. 25. Et plusieurs autres qui ne vallent pas le pendre, ny les nommer, Particularités concern. l'assass. du duc de Guyse, Chalons 1589, p. 39. Il redoutoit le danger qui pendoit de leur temerité, se doubtant bien que…, Amyot, Cicéron, 23. Qui a à pendre n'a pas à noyer, Pasquier, Recherches, VIII, p. 714, dans LACURNE. Ou rendre, ou pendre, ou mort d'enfer attendre, Cotgrave Qui plus qu'il n'a vaillant despent, il fait la corde à quoy se pend, Cotgrave Auroient besoin d'avoir ordinairement tels officiers pendus à leur queue, s'il est licite d'user icy de cette façon commune de parler, H. Estienne, Apol. d'Hérod. p. 231, dans LACURNE. J'en prins quinze ou seize, lesquels je fis tous pendre, sans despendre papier ny encre, Montluc, liv. V. Harambure, pendez-vous de ne vous estre trouvé près de moi en un combat que nous avons eu contre les ennemis, où nous avons fait rage, Henri IV, Lett. du 13 juin 1595.

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Étymologie de « pendre »

Wallon, peind ; prov. pendre ; cat. pendrer ; esp. pender ; ital. pendere ; du lat. Pendēre ou pendere, qui se rapportent l'un à l'autre comme jacĕre et jacēre. Les langues romanes ont toutes pris pendĕre, et délaissé pendēre. Quant à la locution pendre à l'œil, Génin émit la conjecture qu'elle provenait du conte où l'abbesse arrive avec un vêtement masculin sur la tête ; sur quoi on lui demande ce qui lui pend là devant les yeux. Son argumentation péchait, en ce qu'il croyait la locution du XVIe siècle, tandis qu'elle est bien plus ancienne comme on peut voir par l'historique. Toutefois il est probable qu'ayant tort dans la forme, il a raison dans le fond. En effet la locution est aussi bien pendre devant les yeux que pendre à l'œil ; ce qui va bien avec le conte ; puis ce conte lui-même, avec la locution, est cité par un auteur du commencement du XIVe siècle : dès lors rien n'empêche de penser que le conte remonte plus baut, et que c'est de là en définitive que la locution provient.

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Du moyen français pendre, de l’ancien français pendre, du latin pendere (« pendre, être suspendu »).
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Phonétique du mot « pendre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
pendre pɑ̃dr

Fréquence d'apparition du mot « pendre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « pendre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « pendre »

  • Il ne vaut pas la corde pour le pendre.
    Proverbe français
  • Se marier c’est le destin, Se pendre aussi.
    John Heywood
  • Tu peux te faire pendre aussi bien pour un mouton que pour un agneau.
    Proverbe australien
  • Il pleut des cordes... C'est un temps à se pendre.
    Patrick Sébastien — Carnet de notes
  • Pourvu qu’on ait la santé ! On peut toujours se pendre après.
    Proverbe yiddish
  • À son retour du travail, vers 23 h, à son domicile du pays malouin, une dispute avec son mari a dégénéré, motivée par la jalousie. Portable confisqué, empoignade, elle raconte qu’il l’a traînée au sol, après lui avoir passé une corde autour du cou « pour la pendre » à l’escalier. La victime s’échappe mais est rattrapée par son agresseur qui la menace de mort à plusieurs reprises. Il se saisit d’un couteau et lui entaille un doigt.
    Le Telegramme — Il frappe sa femme, tente de la pendre et lui entaille un doigt : neuf mois de prison ferme - Saint-Malo - Le Télégramme
  • Elle se trouve dans la rue du Marché-Vieux qui était, au Moyen Âge, l’artère la plus commerçante de la ville. Sa fenêtre tripartite est ornée de chapiteaux sur lesquels sont sculptées des têtes. Une légende raconte l’histoire d’un homme, cordier de son métier, qui avaient deux filles très jolies. Un jour, il quitta sa demeure pour s’en aller vendre ses cordes et revint chez lui plus tôt que prévu. Il surprit ses filles en compagnie de deux garçons. Très en colère, il pendit aussitôt les deux galants. Mais l’un de ces garçons était le fils d’un seigneur lequel, à son tour, fit pendre le père des jeunes filles.
    Patrimoine culturel | [L'énigme du patrimoine] Les légendes de la “Maison des trois pendus” à Crémieu
  • Je peux dire que c’est une image très durable mais c’est une fausseté totale, c’est frauduleux, ce n’est pas vrai. Je ne pense pas que pendre un chien sans défense pesant trois livres par une fenêtre ne soit pas mon idée du plaisir, bien que mon sens de l’humour soit plutôt biaisé.
    JAPANFM — Amber Heard dit que Johnny Depp a fait pendre son chien par la fenêtre d’une voiture – JAPANFM
  • Bravo Cohen d'avoir imaginé et porté ce projet dont Moudenc disait pique pendre mais qu'il a récupéré après son élection de 2014. Il n y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis... mais changer d'avis ne fait pas de vous un gros malin non plus ;-). 6 ans... Ça va être long. Et ça va en faire des pots de peintures verte.
    ladepeche.fr — Téléphérique à Toulouse : un deuxième pylône va sortir de terre - ladepeche.fr
  • Tous les hommes cherchent le bonheur, même ceux qui vont de pendre.
    Blaise Pascal — Pensées
Voir toutes les citations du mot « pendre » →

Traductions du mot « pendre »

Langue Traduction
Anglais hang
Espagnol colgar
Italien appendere
Allemand aufhängen
Chinois
Arabe شنق
Portugais aguentar
Russe вешать
Japonais ハング
Basque delta
Corse appiccà
Source : Google Translate API

Synonymes de « pendre »

Source : synonymes de pendre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « pendre »

Combien de points fait le mot pendre au Scrabble ?

Nombre de points du mot pendre au scrabble : 9 points

Pendre

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