La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « devise »

Devise

Variantes Singulier Pluriel
Féminin devise devises

Définitions de « devise »

Trésor de la Langue Française informatisé

DEVISE, subst. fém.

A.− HÉRALD. et usuel
1. HÉRALD. Figure emblématique accompagnée d'une courte formule qui, généralement, s'y rapporte. La devise de Paris; corps de la devise : la figure de la devise; âme de la devise; les paroles de la devise (Ac. 1798-1932). (Quasi-)synon. écusson, emblème.La devise de Louis XIV était un soleil qui éclaire un monde, avec ses mots : Nec pluribus impar (Ac.1798-1932.
P. méton. La formule seule. Synon. légende.Les devises anciennes décorent les portières blasonnées (Bourget, Ét. angl.,1888, p. 241):
1. La grille au-dessus de laquelle les armes, la crosse, le chapeau et la devise étaient sculptés dans la pierre rugueuse du pays, s'ouvrit. Billy, Introïbo,1939, p. 179.
2. P. anal. Courte formule exprimant un sentiment, une pensée, une attitude, un mot d'ordre résumant une règle de conduite ou un idéal. Devise orgueilleuse, patriotique; choisir, mettre une devise; prendre pour devise. Synon. adage, maxime, sentence.Votre devise, votre règle d'or, c'est : ne pas donner. Surtout, avant tout, ne pas donner (Montherl., Celles qu'on prend,1950, I, 1, p. 774):
2. Quelle que soit notre foi politique ou religieuse, nous avons appris, au long de ces quatre années, que la nation est capable de nous unir étroitement dans son amour. Liberté, Égalité, Fraternité... ce n'est plus pour nous une formule vide, écrite sur les murs officiels. Cette devise s'est incarnée de nouveau, elle s'est faite chair et sang... Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 394.
Spécialement
Devise de mirliton. Petits vers imprimés autour d'un mirliton. Je suis allé entendre (...) la messe (...) à Saint-Séverin, (...) sous ces jolis piliers absurdes, qui montent au ciel en devises de mirliton (France, Lys rouge,1894, p. 103).
Devise de bonbons, de papillotes. Petits rébus enfermés dans l'emballage des papillotes. Synon. devinette.Je lui ai marqué sa place [au cousin] à côté de la petite Bertha; ils s'amuseront tous deux à tirer des pétards, puis il s'instruira à lire les devises (Feuillet, Scènes et prov.,1851, p. 138).
B.− ÉCON., FIN.
1. Tout actif financier liquide libellé en monnaie étrangère (d'apr. Tézenas 1972). Liquidités en devises.
2. P. méton., usuel. Monnaie étrangère. Changer, exporter, importer des devises; devise faible, forte; devises étrangères :
3. La salade des devises a d'ailleurs créé parfois des phénomènes assez curieux. Ainsi, ce sont les Français qui ont fait vivre ces dernières années les stations d'hiver autrichiennes. Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 201.
Prononc. et Orth. : [d(ə)vi:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1150-70 « division, séparation » (Jeu d'Adam, 605 ds T.-L.) − 1404 (Denombr. du baill. de Caux, Arch. P 303, fo63 rods Gdf.); 2. a) ca 1160 hérald. « marque distinctive, emblème » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 6911 : N'i a celui qui n'ait devise, Conoissance de mainte guise); 1610 « ensemble composé d'un emblème et d'une sentence » (Béroalde de Verville, Voyage des princes fortunez, p. 700 ds Hug.); b) av. 1560 « la sentence seule » (Du Bellay, Œuvres, VI, 99 : Avec ceste brave devise pour toute consolation, spes et fortuna valete); c) 1668 « formule exprimant une règle de vie, un sentiment, etc. » (La Fontaine, Fables, l. 1, fable 16, 20); 3. 1842 fin. (Mozin-Biber). Déverbal de deviser*. Au sens fin., prob. empr. à l'all. Devise, attesté dans ce sens ca 1830 d'apr. Paul-Betz, en 1833 ds J. et W. Grimm, Deutsches Wörterbuch; en 1800, d'apr. Brockhaus Enzykl., on imprimait des devises sur les formulaires de change, d'où leur dénomination. Fréq. abs. littér. : 654. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 986, b) 873; xxes. : a) 812, b) 982. Bbg. Colón (G.). Un Cambio de perspectíva etimológica Rosicler y su mediato origen francés. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1971, t. 9, no1, pp. 225-227. − Monnot (R.). Les Devises. Vie Lang. 1960, pp. 394-400. − Rabuse (G.). Devise als Ausdruck der Wirtschaftsprache. Der Œsterreichische Betriebswirt. 1961, t. 11, pp. 195-201.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

devise \Prononciation ?\ féminin

  1. Division, partage.
    • mettre a devise, mettre en pièces.
  2. Différence, ce qui distingue.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
    1. Livrée, couleur qui distingue.
      • un bracellet esmaillé a sa devise.
    2. (Héraldique) Devise, marque distinctive.
      • De battre et forger de la monnoie au coing de leurs armes, avec divises faictes à plaisir.
      • N’i a celui qui n’ait devise,
        Conoissance de mainte guise.
  3. Testament, partage de ses biens, dernière volonté.
    • Li quens Joffrois del Perche s’acoucha de maladie, et fist sa devise en tel maniere que il commanda.
    1. Gré, souhait, volonté.
      • a devise, à gré.
    2. Dessein, plan.
      • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
  4. Conversation, action de deviser, de parler, propos.
    • Toutes les paroles et les devises et le convenant du messager, comment il avoit esté pris devant Auberoche, et l’estat de la lettre, et la necessité de ceux de dedans furent sçues et rapportées à Bordeaux.
    • Après ces devises je pris congé dudit duc de Milan.
    1. Mention.
      • faire devise, mentionner.
  5. Manière, façon.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)

Nom commun - français

devise \də.viz\ féminin

  1. Figure accompagnée d’une phrase exprimant d’une manière allégorique et brève quelque pensée, quelque sentiment.
    • La devise de Louis XIV était un soleil qui éclaire un monde, avec ces mots : Nec Pluribus Impar.
    • Choisir une devise.
    • On se répétait à Orsenna le défi de sa devise insolente : « Fines transcendant », et on ne manquait guère d’en nuancer l’énoncé d’ironie en se rappelant pour combien de ses membres exilés elle avait pris souvent un sens amèrement concret. — (Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes, José Corti, 1951)
  2. (Héraldique) Sentence qui accompagne les armoiries.
    • "Je charme tout" ! murmura Capestang. La fameuse devise de Marie Touchet, maîtresse de Charles IX, mère du duc d’Angoulême !... — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • Il fit inscrire sa devise parmi celle des combattants, en cachant son visage et son nom, comme la loi l’ordonnait. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, XVII. Les combats, 1748)
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter) → voir illustration « devise sous armoiries »
  3. (Héraldique) Fasce réduite posée en chef.
    • Parti, au premier d’or au dauphin d’azur crêté, barbé, loré, peautré et oreillé de gueules ; au second de gueules aux deux chevrons d’argent surmontés d’une devise du même, qui est de Pusignan dans le Rhône. → voir illustration « armoiries avec devise »
  4. (Par extension) Un ou plusieurs mots exprimant la manière de penser, de sentir, d’agir de quelqu’un.
    • Selon Blanc (2005), la devise de la plante serait : «Je pousse donc je suis.».— (Francis Hallé, La croissance et la ramification des plantes dans Aux origines des plantes, tome 1, collectif sous sa direction, Fayard 2008, page 134)
    • Je suis un spécimen athée, paresseux, assisté, profiteur et pourri, qui aime se reproduire comme des lapins. Je fais partie du Tiers-Con. Ma devise : Se lever pour une canette. — (Stanley Nagel, Tropique de Belgique, Société des Écrivains, 2013, page 7)
  5. (En particulier) Billets de banque de tel ou tel État.
    • Acheter des devises étrangères.
  6. (Économie) (Par extension) Monnaie d’un pays étranger ou non.
    • Une devise forte.
    • Une obligation peut être émise par un État dans sa propre devise - on parle alors d’emprunt d’État - ou une autre devise que la sienne - on parle alors d’obligation souveraine. (Wikipédia, Obligation (finance))
  7. (Finance) Actif financier dont le cours a valeur monétaire.
    • Une devise en or numérique est une monnaie privée utilisée dans des transactions électroniques, gagée sur une quantité équivalente en or conservée dans un endroit sûr. (Wikipédia, Devise en or numérique)
  8. (France, Poitou) Ligne de démarcation entre propriétés.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DEVISE. n. f.
Figure accompagnée d'une phrase exprimant d'une manière allégorique et brève quelque pensée, quelque sentiment. Devise ingénieuse. Graver une devise. Choisir une devise. Il se dit aussi, en termes de Blason, de la Sentence qui accompagne les armoiries. Tous les chevaliers du carrousel portaient chacun une devise. Il a pris telle devise. La devise de Louis XIV était un soleil qui éclaire un monde, avec ces mots : NEC PLURIBUS IMPAR. Le corps de la devise, La figure de la devise. L'âme de la devise, Les paroles de la devise. Il se dit, par extension, d'Un ou de plusieurs mots formant une espèce de sentence qui exprime en quelques mots les manières de penser, de sentir, d'agir de quelqu'un : Plutôt mourir que faillir. Diversité, c'est ma devise. Il se dit spécialement, en termes de Banque, des Billets de banque de tel ou tel État. Acheter des devises étrangères.

Littré (1872-1877)

DEVISE (de-vi-z') s. f.
  • 1 Terme de blason. Division de quelque pièce honorable de l'écu. Ainsi une fasce qui n'a que le tiers de sa largeur commune est une fasce en devise.

    Division etant le sens propre de ce mot, comme de diviser on passe à l'idée de tracer, dessiner, on arrive au sens qui suit.

  • 2Figure emblématique avec quelque sentence concise qui l'explique. J'ai vu une devise qui me conviendrait assez ; c'est un arbre sec et comme mort, et autour ces paroles : Fin che sol ritorni (jusqu'à ce que le soleil revienne), Sévigné, Lett. 13 déc. 1676. Voilà leurs boucliers, leurs lances, leurs devises, Voltaire, Tancr. III, 1.

    Le corps de la devise, la figure.

    L'âme de la devise, la sentence.

    Les devises des armoiries se mettent dans des listons autour de l'écu, ou en cimier, et quelquefois aux côtés ou au-dessous. Les devises des ordres se mettent sur les colliers.

  • 3Petite phrase, ou sentence qui n'est quelquefois composée que d'un mot, pour signifier quelque qualité qu'on attribue aux choses ou aux personnes. Le trépas vient tout guérir ; Mais ne bougeons d'où nous sommes ; Plutôt souffrir que mourir, C'est la devise des hommes, La Fontaine, Fabl. I, 16. Diversité c'est ma devise, La Fontaine, Pâté. Fais ce que voudras est la devise d'ici, Sévigné, 480. Il prit pour sa devise : malheur est bon à quelque chose, Voltaire, Ingénu, 20. Hier encore ne disiez-vous pas : vivre obscur et près d'elle ? - Aujourd'hui la devise me semble trop champêtre, Ch. de Bernard, un Homme sérieux, § XVIII.

    Devise républicaine, devise de la première république qui était : liberté, fraternité, ou la mort. Liberté, ordre public, était la devise du gouvernement de Louis-Philippe.

    Devise de bonbons, petit papier contenant un dicton en vers ou en prose et dont on enveloppe les bonbons. Les bonbons mêmes qui sont en veloppés dans la devise.

  • 4En sculpture, la devise est un ornement en bas-relief, qui est composé de figures et de paroles

HISTORIQUE

XIe s. Si'n face la justice [qu'il en fasse la justice] à la primere devise [façon], Lois de Guill. 5. Sire, ce dist Girarz, or oez [oyez] ma devise [discours]…, Sax. XXIII. En dous [deux] ordres de gent est faite saint iglise ; Del pueple e del clergié, ele est faite e asise, E par dreit aünie [réunie] est en ceste divise, Th. le mart. 79.

XIIIe s. Se ele est d'amour esprise, Malement lui est membré [souvenu] Comment j'ai à sa devise Sans nul contredit esté, Aub. de Sezanne, Romanc. p. 126. Lors parlerent li evesques et li clergiés au peuple, et leur monstrerent qu'il fussent confès et feïst chascuns d'aus [eux] sa devise, Villehardouin, LXX. Li quens Joffrois del Perche s'acoucha de maladie, et fist sa devise [testament] en tel maniere que il commanda…, Villehardouin, XXIX. La maladie li enforsa si durement qu'il fist sa devise [partage] et departi ce qu'il devoit porter outre mer à ses homes, Villehardouin, XXII. Blanche [elle] fu et vermeille et plaisans à devise, Berte, VI. Afublé un mantel, grant en fut la devise [l'ornement], ib. XXX. Maintenant li vilain se lieve, Si a fait tout à sa devise, Ren. 5295. Tant ai oï de vous bien dire, Que metre veil tout à devise Cuer et cors en vostre servise, la Rose, 1927. S'ainsinc fust qu'aucuns la haist, Si cuit-ge [je pense] que de ceus feïst Ses amis par son biau servise ; Et por ce ot-ele à devise L'amor des povres et des riches, ib. 1152. Bonnes [bornes] si sont unes choses, qui sont fichées en la devise d'une chose, comme pierres ou pex [pieux], et fet chascun certain par où son heritage vet, Liv. de just. 149. Li baillis ne pot fere bonnage [bornage] ne devise de l'iretage son segneur vers autrui, Beaumanoir, 44. J'entent de bonnes [bornes] qui ont fet devises de lonc tans, Beaumanoir, XXX, 27.

XVe s. Si fit on la devise pourvoir et appareiller de tout ce qu'il falloit, si honorablement comme à telle damoiselle, qui devoit estre roine d'Angleterre, afferoit, Froissart, I, I, 46. Toutes les paroles et les devises et le convenant du messager, comment il avoit esté pris devant Auberoche, et l'estat de la lettre, et la necessité de ceux de dedans furent sçues et rapportées à Bordeaux, Froissart, I, I, 229. Ha ! dit Philippe, vous me comptez trop de devises ; ce sera trop tard ; allez, allez à nostre logis, Froissart, II, II, 185. Après ces devises [propos] je pris congé dudit duc de Milan, Commines, VIII, 12.

XVIe s. La tierce nauf pour divise [devise] avoyt ung beau et profond hanap de pourcelaine, Rabelais, Pant. IV, 1. Ce de quoy plus il s'esmerveilla, fut la multitude des lumieres et flambeaux suspendus en l'air et esclairans de tous costez, si ingenieusement ordonnez et disposez à devises les uns en rond, les autres en quarré, que…, Amyot, Anton. 32. Les devises [propos] de Pythagoras, et les enseignemens de Platon, ou les preceptes de Chilon, Amyot, Comment lire les poëtes, 55. De battre et forger de la monnoie au coing de leurs armes, avec divises faictes à plaisir, Carloix, VI, 9. …Que ses messagers ont esté blessez par gens vestus à ma devise, Du Bellay, M. 487, etc.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DEVISE. - ÉTYM. Ajoutez : " L'origine du mot devise est trop curieuse pour n'être pas indiquée. Le sens de ce mot est purement héraldique : une fasce divisée, c'est-à-dire réduite à la moitié de sa largeur (une fasce en devise). Comme c'est sur une fasce de ce genre que se place la légende qui se joint quelquefois à une armoirie, le nom de devise a passé à la légende elle-même. Et les bandes de papier sur lesquelles sont imprimées les devises des confiseurs, ont encore exactement la forme de fasces divisées, " BERTHOUD, Journ. de Genève, 3 déc. 1874.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

DEVISE, s. f. (Belles-lettres) est une métaphore, qui représente un objet par un autre avec lequel il a de la ressemblance.

Pour faire une bonne devise, il faut chercher une image étrangere qui donne lieu à une comparaison juste, & c’est par-là qu’on doit juger de sa vérité ou de sa fausseté. Les devises sont vraies, quand elles contiennent une similitude métaphorique, & qu’elles se peuvent réduire en comparaison ; elles sont fausses quand cela leur manque.

La devise est un composé de figures & de paroles. On a donné à la figure le nom de corps, & aux paroles celui d’ame, parce que comme le corps & l’ame joints ensemble font un composé naturel, certaines figures & certaines paroles étant unies, font une devise. On dit certaines figures & certaines paroles ; car toutes sortes de figures & toutes sortes de paroles n’y sont pas propres, & il faut observer exactement quelles sont les conditions des unes & des autres. Voici celles qui regardent les figures & les corps.

Les figures qui entrent dans la composition de la devise, ne doivent avoir rien de monstrueux ni d’irrégulier, rien qui soit contre la nature des choses ou contre l’opinion commune des hommes, comme seroient des ailes attachées à un animal qui n’en a point, un astre détaché du ciel ; car la devise étant essentiellement une métaphore & un symbole naturel, elle doit être fondée sur quelque chose de connu & de certain, & non pas sur le hasard ou sur l’imagination.

Le corps humain ne doit point entrer dans les devises ; car la devise étant essentiellement une similitude, sa fin est de montrer la proportion qu’il y a entre l’homme & la figure sur quoi la similitude est fondée : or ce seroit comparer l’homme avec soi-même, que de prendre un corps humain pour sujet de similitude, puisqu’en quelqu’état & sous quelqu’habit que ce corps humain paroisse, c’est toûjours un homme.

D’ailleurs la similitude dont il s’agit doit être ingénieuse ; or il ne faut pas faire de grands efforts d’esprit pour trouver quelque convenance entre un homme & un homme. Il y a plus de subtilité à trouver un rapport juste & une ressemblance parfaite entre deux objets éloignés, comme entre un homme & une fleur ; d’ailleurs la ressemblance dont il s’agit n’est pas une ressemblance simple, mais métaphorique : d’où il s’ensuit que quand la figure humaine pourroit être le fondement d’une belle comparaison, on ne devroit pas la recevoir, ne pouvant être le fondement d’une véritable métaphore ; car la métaphore ne se fait que quand on transporte une signification de son lieu propre à un sujet étranger, ce qui ne se peut faire à l’égard de l’action d’un homme & de celle d’un autre homme, tous deux étant de même espece & dans le même ordre.

Les vrais corps des devises se doivent prendre de la nature & des arts. La nature fournit à l’esprit tous les êtres sensibles qui ont des propriétés particulieres, comme sont les astres, les météores, les fleurs, les animaux. Les arts nous présentent leurs ouvrages & leurs instrumens, par exemple un miroir, un cadran solaire, un compas, une équerre ; car quoique ces sortes de choses ne soient pas naturelles, à prendre ce mot dans sa propre signification, elles ont des propriétés réelles & véritables, qui peuvent servir de fondement à des similitudes & à des comparaisons.

Il faut que le corps de la devise soit noble & agréable à la vûe ; car la devise ayant été instituée pour déclarer un dessein héroïque, & étant de son essence une métaphore, une figure basse & difforme ne lui convient pas.

Ce n’est pas encore assez que la figure soit noble & agréable, il faut de plus qu’elle soit connue, & qu’elle se fasse même reconnoître dès qu’on la voit, car un objet inconnu ne touche point.

Le mot ou l’ame de la devise doit être proportionné à la figure ; car l’un & l’autre devant faire un composé semblable en quelque façon à celui que la matiere & la forme font ensemble, il est nécessaire qu’il y ait de la proportion entre l’un & l’autre, à-peu-près comme il y en a entre la matiere & la forme. Cette proportion demande que le mot convienne au corps dont il est l’ame, & qu’il lui convienne de sorte qu’il ne puisse convenir à une autre figure, non plus que l’ame de l’homme ne peut convenir au corps du lion.

Il ne faut cependant pas que le mot ait un sens achevé, & la raison est que devant faire un composé avec la figure, il doit être nécessairement partie, & par conséquent ne pas signifier tout, ni avoir le sens entier qu’ont le mot & le corps étant joints ensemble ; car la signification qui fait la forme & l’esprit de la devise, résulte de la signification du corps & celle des paroles. La signification du corps prise séparément, est imparfaite, celle des paroles l’est aussi ; mais la signification qui résulte de l’un & de l’autre, est entiere : c’est ce qui fait qu’une des plus essentielles qualités du mot doit être de ne rien énoncer qui ne se puisse vérifier dans la figure.

Ce sont-là à-peu-près les principes dont il ne faut pas s’écarter pour faire une bonne devise ; ils sont extraits du livre du P. Bouhours, intitulé, Entretiens d’Ariste & d’Eugene, où cette matiere est traitée fort au long, & dans lequel on trouvera un très-grand nombre de devises composées suivant ces principes : ils sont beaucoup plus étendus dans cet ouvrage qu’ils ne sont ici, mais on croit en avoir rapporté les plus essentiels.

Wikisource - licence Creative Commons attribution partage dans les mêmes conditions 3.0

Étymologie de « devise »

Voy. DEVIS ; Berry, devise, subterfuge, discours ; wallon, divize, propos ; provenç. devisa ; espagn. et ital. divisa.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

(XIIe siècle) Déverbal sans suffixe de deviser[1].
Au sens financier, sans doute un emprunt à l’allemand Devise[1], attesté dans ce sens vers 1830, du fait qu’on imprimait des devises sur les formulaires de change, d’où leur dénomination. Mais l’ancien français devise a pu produire ce sens : De battre et forger de la monnoie au coing de leurs armes, avec divises faictes à plaisir. — (CARL., VI, 9, cité par Littré)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « devise »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
devise dœviz

Fréquence d'apparition du mot « devise » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « devise »

  • Ayez pour devise : amour, humanité et service du prochain.
    Swâmi Râmdâs
  • Etre gentil, compréhensif mais ferme est la devise que tout homme devrait adopter en se mariant.
    Barbara Cartland
  • Ma devise : une bonne sieste et au lit.
    Jean-Jacques Peroni — Les carnets d'un malfaisant
  • La devise de notre monde contemporain c'est omnia illico (tout, tout de suite).
    Gustave Thibon
  • Courtes lettres et longues amitiés, tel est ma devise.
    Voltaire
  • Ma devise, c'est : il faut se recréer, pour recréer !
    Jean-Claude Van Damme
  • Plutôt souffrir que mourir, C'est la devise des hommes.
    Jean de La Fontaine — Fables, la Mort et le Bûcheron
  • Je n'ai pas de devise. On m'accuserait d'en trafiquer.
    Francis Blanche
  • Ma devise est : exister, c'est insister !
    Johnny Hallyday
  • Le dinar va flamber par rapport aux autres devises …a condition de travailler dur. C’est là le problème tout ça tout le monde le sait tu n’as rien inventer
    Dzair Daily — Algérie : Voici pourquoi le Dinar va flamber face aux devises (Euro)
Voir toutes les citations du mot « devise » →

Images d'illustration du mot « devise »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « devise »

Langue Traduction
Anglais currency
Espagnol lema
Italien motto
Allemand motto
Chinois 座右铭
Arabe شعار
Portugais lema
Russe девиз
Japonais モットー
Basque lema
Corse mottu
Source : Google Translate API

Synonymes de « devise »

Source : synonymes de devise sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « devise »

Combien de points fait le mot devise au Scrabble ?

Nombre de points du mot devise au scrabble : 10 points

Devise

Retour au sommaire ➦

Partager