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Haillon

Variantes Singulier Pluriel
Masculin haillon haillons

Définitions de « haillon »

Trésor de la Langue Française informatisé

HAILLON, subst. masc.

A. − Vieux lambeau de toile, d'étoffe. Synon. guenille.Des ânes (...) bridés d'une ficelle et harnachés d'un haillon (Du Camp, Nil,1854, p. 92) :
1. Au-dessus de la tourelle, à l'extrémité d'un long mât, flotte et se déchire au vent un triste haillon blanc et noir. Je trouvais d'abord je ne sais quelle harmonie entre cette ruine de deuil et cette loque funèbre. Mais c'est tout simplement le drapeau prussien. Hugo, Rhin,1842, p. 184.
P. méton.
a) Gén. au plur. Vieil habit usé; vêtement misérable, déchiré, sale. Synon. guenille, loque.C'était une vareuse grise et jaune, usée, rapiécée, un haillon sinistre abandonné au pied d'un arbre (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 12).Les haillons qui la couvraient, ces loques de soie et de laine, grises de poussière, déchiquetées, sordides (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Allouma, 1889, p. 1223).
b) Rare. Personne vêtue de haillons. Si les surveillants les eussent aperçus, ils eussent chassé ces haillons. Les petits pauvres n'entrent pas dans les jardins publics (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 463).Un jour, je fus présenté à une sorte de grand haillon animé, barbu, érudit et très digne, qui logeait précisément sous le pont des Arts (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 77).
Loc. adj. En haillon(s)
a) [En parlant d'une pers.] . Vêtu de haillons. Synon. en guenille(s).Qu'est-ce qu'un berger? Un malheureux en haillons et mourant de faim (Janin, Âne mort,1829, p. 37).
b) [En parlant d'un vêtement] Usé, en pièces. Ce jeune voyageur, les vêtements en haillons (Monod, Sermons,1911, p. 261).
P. métaph. Ces haillons de pierres, dont chaque orage arrachait un lambeau (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 400) :
2. La brume s'était peu à peu dissipée, et tandis qu'un dernier sanglot de cette brise en arrachait le dernier haillon, la barque tout à coup grinça sur le sable. Toulet, Comme une fantaisie,1918, p. 167.
B. − Au fig.
1. Vx ou littér. Personne déchue physiquement ou moralement. Synon. chiffe, guenille, loque.L'aveugle était agenouillé sur quelques brins de paille (...). La commisération, devant ce haillon humain, devait frissonner de dégoût, et l'aumône lui jetait son obole en détournant la tête (Gautier, Fracasse,1863, p. 364).Un prêtre interdit, quelque chose que chacun (...) rejettera du pied, une sorte de haillon humain qu'un mépris inavoué de tous (...) poussera sans pitié vers l'égout (Fabre, Lucifer,1884, p. 169) :
3. Au seuil de la vieillesse, je serai plus vieux que mon âge, sans fortune et sans considération. Tout mon être actuel repousse une pareille vieillesse : je ne veux pas être un haillon social. Balzac, Illus. perdues,1843, p. 699.
En partic. Corps humain envisagé sous son aspect mortel, périssable. Synon. guenille.L'âme rejettera le corps, sombre haillon (Hugo, Art d'être gd-père,1877, p. 82).
2. Reste misérable. Synon. débris, lambeau.Votre lambeau de Charte constitutionnelle, haillon de liberté que vous commencez à respecter (Sand, Indiana,1832, p. 145).Je vous supplie de ne plus traîner encore derrière vous ce haillon de l'affaire marocaine (Jaurès, Eur. incert.,1914, p. 25) :
4. Après tant d'erreurs et d'inconstances, je n'avais à vous offrir que des restes abjects de moi-même, mais vous ne dédaignez pas les restes pourvu qu'il y couve une étincelle. Vous faites comme Lazare, ô mon Dieu, et vous recevez presque avec reconnaissance les miettes de la table du prodigue, les haillons du corps et de l'âme du pécheur! Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 207.
En appos. Les ombres doivent habiter les ruines (...) aux institutions haillons, il faut les palais masures (Hugo, Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 128).
Prononc. et Orth. : [ɑjɔ ̃] init. asp. Var. [ajɔ ̃] init. asp. ds Warn. 1968. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1391 « vieux lambeau d'étoffe » (Registre criminel du Châtelet, II, 276). Soit empr., avec allongement au moyen du suff. -on*, du m. h. all. hadel « chiffon, guenille, lambeau », forme secondaire de hader, de même sens, soit dimin. en -on* de hailles « guenilles », attesté en divers sens dans les dial. dep. le xixes., mais prob. bien plus ancien à en juger d'après son aire d'extension (wallon, champenois, picard ds FEW t. 16, p. 110a) et celle de ses dér. norm. désaillé « usé (en parlant d'un habit) », St Nazaire déheiller « mettre en lambeaux » (v. FEW, loc. cit.), bret. haillevodet « canaille » (v. FEW t. 16, p. 110b, note 1). Hailles est lui-même empr. du m. h. all. hadel (v. ci-dessus), cf. pour la mouillure du l, le subst. nouilles*, de l'all. Nudel. Fréq. abs. littér. : 600. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 892, b) 1 865; xxes. : a) 728, b) 353. Bbg. Sain. Sources t. 2 1972 [1925], pp. 200-201.

Wiktionnaire

Nom commun - français

haillon (h aspiré)\a.jɔ̃\ masculin

  1. Vieux lambeau de toile ou d’étoffe, guenille.
    • De grands lambeaux de brumes tout déloquetés, de véritables haillons tissus d’air et d’eau, balayaient le sol. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
    • Enfin, derrière un haillon mal tiré, des ouvrières en chambre cousent à la machine, tandis qu'à un autre étage, un vieillard rafistole avec des ficelles une capote de soldat. — (Francis Carco, L’Amour vénal, chapitre I, Éditions Albin Michel, Paris, 1927, page 9)
    • Et Pierre était si blanc de terreur qu’on eût cru qu’il allait embrenner de peur ses haillons d’apôtre, et que les hommes le prirent en pitié et le tinrent pour fou. — (revue La Société nouvelle, 1890, page 308)
  2. (Par extension) Vêtement usé.
    • […] d’autres avaient des chapeaux et des habillemens[sic] européens, de diverses formes et couleurs, et on devinait aisément que tous les haillons qu’on avait pu se procurer avaient été employés pour la célébration de ce grand jour. — (René Caillié, Voyage à Temboctou et à Jenné, Revue des Deux Mondes, 1830, tome 1)
    • Elle était vêtue de haillons qui, dans leur désordre pittoresque, ne la déparaient nullement. — (George Sand, Jeanne, 1844)
    • […] ; ces malheureux étaient conduits par un homme presque aussi pauvre qu'eux, vêtu d'habits crasseux et chaussé de mocassins. On disait autour de moi que cet homme était un évêque mormon. Un évêque mormon sous ces haillons sordides ! je n'en pouvais croire mes yeux. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 42)
    • Yasmina lui était apparue, svelte et fine sous ses haillons bleus, avec son visage bronzé. — (Isabelle Eberhardt, Yasmina, 1902)
  3. Petite hutte où travaillaient les ouvriers dans une ardoisière.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

HAILLON. (H est aspirée.) n. m.
Vieux lambeau de toile ou d'étoffe. Couvert de haillons, de méchants haillons. Que voulez-vous faire de ces haillons? Haillon de pourpre.

Littré (1872-1877)

HAILLON (ha-llon, ll mouillées, et non ha-yon) s. m.
  • 1Vieux lambeau de toile ou d'étoffe. Quittez à cette heure ces vieux haillons, Vaugelas, Q. C. IV, 1. C'est Timon qui cultive un champ pierreux ; dieux ! comme il est fait, au prix de ce qu'il était autrefois ! le voilà tout crasseux et tout couvert de haillons, Perrot D'Ablancourt, Lucien, Timon. La paresse toujours endormie sera vêtue de haillons, Sacy, Prov. de Salom. XXIII, 20. Il [le Tasse] alla à pied, couvert de haillons, depuis Ferrare jusqu'à Sorrento, dans le royaume de Naples, trouver une sœur qu'il y avait et dont il espérait quelque secours, Voltaire, Ess. poés. ép. ch. 7. Il secouait sous son manteau Un haillon de pourpre en lambeau, Sur sa tête un myrte stérile, Musset, Poés. nouv. Nuit de décembre.

    Par extension. Les pompes du monde que saint Augustin appelle avec raison les haillons du diable, Nicole, Essais, t. III, p. 324, dans POUGENS.

    Fig. Des expressions ignobles dans la bouche d'un grand personnage sont des haillons qui couvrent un roi, La Harpe, Cours de littér. t. VII, p. 87, dans POUGENS.

  • 2 Terme d'ardoisière. Petite hutte où travaillent les ouvriers.

HISTORIQUE

XVe s. Les prisonniers estoient sans chapperon tous nuds testes, chascung ung poure haillon vestus, tous sans chausses ne souliers la plus grande partie, Journal de Paris sous Charles VI et VII, p. 191, dans LACURNE.

XVIe s. Il fault rebrosser ce sot haillon qui cache nos mœurs ; ils envoyent leur conscience au bordel et tiennent leur contenance en regle, Montaigne, III, 314.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

HAILLON, s. m. l’h s’aspire & les ll se mouillent, terme proscrit du style noble, & qui dans ses différentes acceptions, exprime des choses basses. Au simple on entend par ce mot, un vêtement usé, déchiré ; un vieux morceau d’étoffe ; un lambeau de drap ou de toile souillé, mal-propre. Au figuré, il signifie un enfant couvert de guenilles, sale, dégoûtant ; il est aussi en certaines provinces, le cri de la populace dans le tems des vendanges.

Un gouvernement sage & éclairé sait mettre à profit les choses qui paroissent les moins propres à l’utilité générale.

Ces haillons, ces vieux lambeaux de toile tant méprisés, relégués dans les greniers ou jettés dans les rues, connus vulgairement sous les noms de drapeaux, chiffons, peilles, drilles, pates, fournissent une occupation utile à plusieurs milliers de sujets ; ils sont l’aliment de plusieurs manufactures considérables, la matiere premiere de tous nos papiers, & forment, par l’industrie des ouvriers, une branche de Commerce. Voyez l’article Papeterie.

Depuis long-tems l’exportation de ces matieres étoit prohibée ; l’objet en a paru assez intéressant pour déterminer dans ces derniers tems le ministere à en défendre même les amas à quatre lieues près des côtes maritimes & des frontieres du royaume, à peine de confiscation & d’amende. L’arrêt du conseil qui porte ces dernieres défenses, est du 18 Mars 1755. Article de M. Durival le cadet.

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Étymologie de « haillon »

Anc. haut allem. hadil, lambeau. Coquillart, Droits nouveaux, a dit haillonnerie.

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(1391) Dérivé[1] en -on, soit de l’ancien français hailles (« guenilles ») → voir guenille et guenillon, soit du vieux haut allemand hadel → voir Hader et hadr ; hadel donne le féminin haille comme Nudel donne nouille. L’emprunt est ancien étant donné l’aire d’extension dans les patois wallon, champenois et picard alors que le normand a désaillé (« usé (en parlant d'un habit) »), déheiller (« mettre en lambeaux »), le breton a haillevodet (« gueux, canaille »)
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Phonétique du mot « haillon »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
haillon ajɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « haillon » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « haillon »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « haillon »

  • Le prodigue et l'avare aboutissent aux mêmes haillons.
    Victor Hugo — Faits et croyances
  • Un homme qui va en haillons, mais possède au moins un demi-hectare de terre rouge est plus riche que celui qui n'a que de l'argent.
    Ngugi wa Thiong`o — Enfant, ne pleure pas
  • Mieux vaut en haillons que tout nu.
    Proverbe guadeloupéen
  • Les haillons de la misère couvrent la vertu, le manteau de la fortune cache le vice.
    Théognis de Mégare
  • Tuer les nuances c'est tuer la liberté, l'appétit de créer, l'amour, le bonheur. C'est déchirer la trame étincelante de la vie et la changer en haillon.
    Paul Guth — Lettres à votre fils qui en a ras-le-bol
  • Sous les haillons sont les louis d’or.
    Proverbe français
  • Il y a deux misères, celle des haillons et celle de la grandeur.
    Agustin Gomez-Arcos — Ana non
  • Les haillons de la misère couvrent la vertu, le manteau de la fortune cache le vice.
    Théognis de Mégare
  • Un homme qui va en haillons, mais possède au moins un demi-hectare de terre rouge est plus riche que celui qui n'a que de l'argent.
    Ngugi wa Thiong`o — Enfant, ne pleure pas
  • Tuer les nuances c'est tuer la liberté, l'appétit de créer, l'amour, le bonheur. C'est déchirer la trame étincelante de la vie et la changer en haillon.
    Paul Guth — Lettres à votre fils qui en a ras-le-bol
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Images d'illustration du mot « haillon »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « haillon »

Langue Traduction
Anglais hatchet
Espagnol harapiento
Italien cencioso
Allemand zottig
Chinois 衣衫agged
Arabe ممزق
Portugais esfarrapado
Russe оборванный
Japonais ボロボロ
Basque zarpail
Corse stracciatu
Source : Google Translate API

Synonymes de « haillon »

Source : synonymes de haillon sur lebonsynonyme.fr

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Haillon

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