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Fruit

Variantes Singulier Pluriel
Masculin fruit fruits

Définitions de « fruit »

Trésor de la Langue Française informatisé

FRUIT1, subst. masc.

I.− Production du végétal qui succède à la fleur.
A.− BOT. Organe végétal, issu du développement de l'ovaire fécondé, qui succède à la fleur et contient les graines nécessaires à la reproduction. « Il y a eu de la fleur, mais pas de fruits; il a fait froid au moment que le fruit commence à se faire et la sève s'est arrêtée » (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1911, p. 281).Chaque fleur se doit de faner pour son fruit (...) celui-ci, s'il ne tombe et meurt, ne saurait assurer des floraisons nouvelles (Gide, Nouv. Nourr.,1935, p. 277).
SYNT. Le fruit du chêne, du frêne; fruit sec (dépourvu de pulpe), charnu; fruit à noyau, à pépin(s).
B.− Spécialement
1. Produit comestible des végétaux que l'on consomme le plus souvent comme dessert. Souvent, le fruit que l'insecte a piqué ou que le bec de l'oiseau a entamé est le plus vermeil et le plus savoureux (Sand, Lélia,1839, p. 364).Des carrés étaient plantés de figuiers, de pêchers, d'amandiers, d'oliviers, de grenadiers et autres arbres à fruit (Gautier, Rom. momie,1858, p. 241):
1. Moi, je taille mes arbres. Je les dirige. Je les pince. Je vois pousser les jeunes boutures, et, quand je mange un fruit à table, je peux dire : « Voilà un fruit que je connais ». Renard, Journal,1892, p. 117.
SYNT. Fruit vert, mûr, pourri; fruits confits, secs (dont on a provoqué la dessication pour les conserver); fruit précoce, tardif; fruit juteux, sucré, acide; cueillir des fruits; fruits de saison; corbeille de fruits; fruits frais, congelés, au sirop, en conserve; fruits déguisés (sorte de petits fours).
Petits fruits (région.). Baies comestibles diverses, comme les airelles, fraises des bois, framboises, groseilles, etc. Nous nous sommes nourris, mes petits camarades et moi, aux « petits fruits », comme les gens de mon pays appellent les myrtilles, les framboises, les airelles et les fraises des bois, les groseilles et les cassis (G. Borgeaud, Le Voyage à l'étranger,Paris et Lausanne, 1974, p. 126).
Vieilli, p. méton., au sing. Dernier service d'un repas et ce qu'on y sert. Servir le fruit (Ac.1932).Synon. usuel dessert.Elle propose (...) pour le fruit, des poires tapées et des noix sèches (Pourrat, Gaspard,1922, p. 160):
2. ... « Demandez au maître d'hôtel s'il a du bon chrétien. − Du bon chrétien? Je ne comprends pas. − Vous voyez bien que nous sommes au fruit, c'est une poire. » Proust, Sodome,1922, p. 1010.
P. compar. Tomber comme un fruit mûr (en parlant d'une chose). Se produire naturellement, sans qu'on ait forcé les circonstances. Ce n'est pas lui qui pose la question, elle s'est posée d'elle-même, elle est sortie toute seule − tombée comme un fruit mûr (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1459).
Au fig., fam.
Fruit sec [P. réf. au fruit qu'on a laissé se dessécher, et qui a perdu sa saveur] Élève qui, faute de réussir au terme de ses études, doit renoncer à la carrière qu'il envisageait. Fruit sec des concours (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 28).Des écrivains scientifiques, fruits secs de l'École Polytechnique (...) discutaient la science actuelle avec un mépris et une certitude que personne ne pouvait combattre (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 89).P. ext. Personne qui a déçu les espoirs qu'on fondait sur elle :
3. stéphan. − Ses tantes l'ont élevé, je lui envoyais les revenus du petit domaine que lui a légué sa mère (...) c'est un fruit sec, pauvre en esprit et en cœur. Si vous lisiez les lettres qu'il m'envoie! On croirait qu'il parle à un domestique. Camus, Possédés,1959, 1repart., 1ertabl., p. 932.
Fruit vert [P. réf. au fruit qui n'est pas arrivé à maturité] Très jeune fille. C'était un cœur de femme encore enfant, ravie À sa mère inconnue en venant à la vie; Fruit vert que mûrissait la prostitution (Lamart., Chute,1838, p. 986).
[P. allus. à la Bible]
[Matthieu, 12, 33] Proverbe. On connaît l'arbre à son fruit. ,,On connaît les personnes à leurs œuvres et les choses à leurs résultats`` (Ac. 1932).
[Genèse, 3, 3] Le fruit de l'arbre de vie. Fruit de l'arbre de la connaissance que Dieu avait défendu à Adam et Ève de manger :
4. ... ouvrez la Bible (...), vous verrez dans ce livre, Dieu interdire à l'homme le fruit de l'arbre de vie, qui communique la science du Bien et du Mal. Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1843.
Au fig. Fruit défendu. Chose d'autant plus désirée qu'elle est interdite. L'attrait du fruit défendu. Les œillères que l'on met aux filles (...) ne font que les émoustiller davantage, en leur inspirant le désir du fruit défendu (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 53):
5. Son inquiétude de femme de quarante ans rôdait autour de l'inquiétude de cette puberté (...). Sans s'en rendre compte, elle lui eût donné le goût du fruit défendu, s'il avait eu besoin qu'on lui en donnât le goût. Montherl., Bestiaires,1926, p. 503.
P. allus. littér. (cf. Verlaine, Poèmes saturn., 1866, p. 82).Le ver est dans le fruit :
6. ... nous serons sûrement victorieux des Boches, nous ne le serons pas des ennemis du dedans, le ver est dans le fruit, il n'y a plus rien à faire, rien à espérer. Green, Journal,1944, p. 154.
2. Au plur., littér. Produits issus de la terre, d'une façon générale :
7. ... un propriétaire a cédé à quelques socialistes un hectare de terrain en pleine campagne. Ils le feront clore, y mettront quelques animaux et, sans travailler, y vivront « des fruits de la terre ». Renard, Journal,1895, p. 271.
P. anal. Fruits de mer. Crustacés, coquillages comestibles provenant de la mer. Les chercheurs de fruits de mer trouvent [l'oursin]. Ils le coupent en quatre et le mangent cru, comme l'huître (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 257).
C.− P. anal., littér. Enfant par rapport à sa mère, avant sa naissance ou quand il vient de naître. Le fruit de l'hymen; le fruit d'un amour illégitime (cf. entrailles A 2).« M. de Chamery, votre père (...) était mon parent éloigné (...), nous nous aimions, et il m'épousa. Vous fûtes le premier fruit de notre amour ... » (Ponson du Terr., Rocambole,t. 4, 1859, p. 23):
8. ... tu t'es livrée (...) à ce chien errant avec ce fruit d'un autre dans ton sein, et (...) le premier éveil de la vie de mon enfant se mêlait au soubresaut de la mère, toute piquée du délice d'un double adultère? Claudel, Part. midi,1949, III, p. 1135.
II.−
A.− P. ext., littér.
1. Profit, avantage que l'on retire de quelque chose. Recueillir le fruit de ses efforts; jouir du fruit (des fruits) de son travail :
9. ... si je généralise encore plus le mot fruit [it. ds le texte], comme on fait dans le sens métaphorique, en disant, par exemple, que la science est le fruit du travail, que les découvertes sont le fruit de la réflexion, ce mot fruit ne renferme plus que l'idée d'être produit par un être quelconque... Destutt de Tr., Idéol. 11801, p. 108.
Loc. adv. Avec fruit, sans fruit. Avec, sans profit. Étudier avec fruit un auteur; consulter avec fruit une étude. Ce livre (...), je l'ai lu, et avec d'autant plus de fruit, qu'il est écrit dans ma langue (Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 164).
P. métaph. ou au fig. Faire du/son fruit, porter des/ses fruits. Obtenir du succès, des résultats heureux. L'amoureux s'aperçut enfin que sa patience allait porter ses fruits (Gobineau, Pléiades,1874, p. 328).Elle n'a pas cessé de faire son fruit, la vieille doctrine de l'union des contraires, formulée par Héraclite, par Hippocrate (Montherl., Olymp.,1924, p. 308):
10. Quand le roi d'Espagne fut mort, les réformes de Colbert avaient porté leur fruit, la France avait des finances saines, une armée, les moyens de sa politique. Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 238.
2. Résultat bon ou mauvais, effet de quelque chose. Les fruits de l'expérience. L'éloquence est un fruit des révolutions; elle y croît spontanément et sans culture (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 108):
11. Mes pensées pourront vous paraître étranges, mais elles sont le fruit des réflexions que m'ont inspirées les catastrophes de nos quarante dernières années. Balzac, Méd. camp.,1833, p. 151.
B.− Au plur., DROIT. Revenu régulier que fournit un bien à intervalles périodiques, sans altération ni appauvrissement de sa substance. Les fruits civils sont les loyers des maisons, les intérêts des sommes exigibles, les arrérages des rentes (Code civil,1804, art. 584, p. 108):
12. ... l'usufruitier d'un domaine recueille, pendant toute la durée de l'usufruit, les fruits naturels ou industriels de la terre, ceux qu'elle produit spontanément et ceux qu'en obtient la culture... Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 164.
Fruits pendants par branches ou par racines. Fruits des arbres qui ne sont pas encore cueillis, récoltes sur pied (cf. Code civil, 1804, art. 585, p. 108).
P. anal., au sing. Ce que rapporte une activité ou un bien. La courtisane qui vivait au théâtre du fruit de ses débauches (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 525).Le fruit de ses économies, placé d'abord avantageusement, lui a été remboursé en papier (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 95):
13. Qui ne sait que la certitude de jouir du fruit de ses terres, de ses capitaux, de son labeur, ne soit le plus puissant encouragement qu'on puisse trouver à les faire valoir? Say, Écon. pol.,1832, p. 133.
REM. 1.
Fruitarien, ienne, adj.[En parlant d'un régime alimentaire] Qui ne comporte que des fruits. Il n'est pas impossible d'imaginer des régimes fruitariens à peu près équilibrés (Boulay, Arboric. et prod. fruit.,1961, p. 12).
2.
Fruitarisme, subst. masc.Doctrine selon laquelle l'homme pourrait ne s'alimenter que de fruits (cf. Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 274).
Prononc. et Orth. : [fʀ ɥi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) xes. fruit esperitiel (St Léger, éd. J. Linskill, 215); b) 1120-50 « bénéfice, produit tiré de quelque chose » (Gd mal fist Adam, I, 88 ds T.-L.); c) ca 1165 « enfant considéré comme le produit de la génération » (B. de Ste-Maure, Troie, 22936 ds T.-L.); 2. ca 1165 « production de la plante apparaissant après la fleur » (Id., ibid., 1161); 3. av. 1798 fruits de mer (J. Casanova [trad. de l'ital.], Histoire de ma vie, XI, 271 ds Fr. mod. t. 42, p. 281). Empr. au lat. class. fructus (dér. de frui « jouir de ») « usage, possession; rapport, revenu, avantage; fruits des arbres et de la terre »; les sens 1 a et c viennent du lat. chrét. (v. Blaise); sens 3 prob. calque de l'ital. frutti di mare (Redi, xviies. ds Batt.). Fréq. abs. littér. : 6 310. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 11 805, b) 7 057; xxes. : a) 8 608, b) 7 802.
DÉR.
Fruitage, subst. masc.,vx. Toute sorte de fruits comestibles. Des fruitages en terrines débordantes à l'œil, mais au fond largement pourvu de feuilles de rhubarbe (Guèvremont, Survenant,1945, p. 168). [fʀ ɥita:ʒ]. 1reattest., 1remoitié xives. collectif de fruit (Dit des Paintres ds Jubinal, Nouv. recueil de contes, dits, fabliaux, t. 2, p. 97); de fruit1, suff. -age*.
BBG. − Arveiller (R.). Fr. mod. 1974, t. 42, p. 281. − Darm. 1877, p. 128. − Ducháček (O.). Déficiences du lex. Ét. rom. Brno. 1974, no7, pp. 15-16. − Quem. DDL t. 8 (s.v. fruitarien); 13. − Zopfi (F.). Zeugnisse alter Zweisprachigkeit im Glarnerland. Vox rom. 1952, t. 12, p. 305.

FRUIT2, subst. masc.

TECHNOL., vieilli. Diminution d'épaisseur qu'on donne à un mur à mesure qu'on l'élève, sur la face extérieure uniquement. Donner du fruit à une muraille. Il ne faut pas élever le mur tout à fait à plomb, il faut lui donner un peu de fruit, il faut qu'il ait un peu de fruit (Ac.1835, 1878).
Prononc. et Orth. : [fʀ ɥi]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1576 frid, frit (Vigen., Comm. de Cesar, Annot., p. 182 ds Gdf.); 1676 donner du fruit à une muraille (Félibien). Frid, frit déverbal de effriter2« amenuiser », altéré en fruit sous l'infl. de fruit1*. Bbg. Archit. 1972, p. 73.

Wiktionnaire

Nom commun - ancien français

fruit \Prononciation ?\ masculin

  1. Fruit.
  2. (Figuré) Fruit, enfant.
    • Dieu fait ele comme haés
      Que fruit doner ne me volés
      — (Robert le Diable, manuscrit 25516 français de la BnF, fol. 174r. Manuscrit de 1275-1290.)

Nom commun - français

fruit \fʁɥi\ masculin

  1. (Botanique) Partie d’une plante produite après la floraison et contenant une ou plusieurs graines.
    • Le fruit nommé cul-de-chien, nèfle d'Allemagne, est astringent avant sa maturité ; lorsqu'il a molli sur la paille c'est un aliment fort agréable ; par la fermentation ou en fait une espèce de cidre. — (Édouard Adolphe Duchesne, Répertoire des plantes utiles et des plantes vénéneuses du globe, Paris, Jules Renouard, 1836, page 249)
    • Le sucre de raisin que l'on appelle aussi glucose, se rencontre dans les fruits sucrés qui présentent en même temps une saveur acide, comme les raisins, les groseilles, etc. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 120)
    • Et pourtant les figuiers s'obstinent à pousser spontanément parmi les gravats et je me gorge, sans rien payer, de leurs fruits cramoisis. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • La tomate est un fruit au sens botanique mais un légume au sens culinaire.
    • La fraise et la pomme ne sont pas de vrais fruits.
    • Le fruit du noyer, du chêne, de l’orme, du frêne, etc. Il se dit aussi de ces sortes de productions qui servent à la nourriture de l’homme.
  2. (En particulier) (Cuisine) Produit végétal sucré utilisé essentiellement comme dessert ou utilisé en cuisine pour préparer des desserts ou des préparations alimentaires sucrées (par opposition aux légumes).
    • La banane, la cerise, la pomme et la fraise sont des fruits.
  3. (Par extension) (Désuet) Dessert, tout ce qu’on sert au dernier service de table, après les viandes et entremets (dans ce sens,le mot n’a pas de pluriel).
    • Servir le fruit.
    • Il en est au fruit.
  4. (Droit) Produits ou revenus d’une terre, d’un immeuble, d’un fonds quelconque ou d’une charge.
    • Le baillistre, aussi bien que le gardien, n’administre pas pour le compte du mineur, mais pour son propre compte : il a la jouissance du fief dont il fait les fruits siens, civils ou naturels. — (Gabriel Lepointe, La Famille dans l’Ancien droit, Montchrestien, 1947 ; 5e édition, 1956, page 228)
    • C’est une maxime de droit, que tout possesseur de bonne foi fait les fruits siens.
    • Rendre compte des fruits.
    • Restitution de fruits.
    • Les fruits échus.
    • Les fruits, profits et émoluments d’une charge.
    • Fruits naturels, les productions spontanées d’une terre, d’un fonds, comme le foin, le bois, le croît des animaux.
    • Fruits industriels, les productions qu’on obtient par la culture, comme le blé, le vin, etc.
    • Fruits civils, le loyer des maisons, les baux à ferme, les intérêts des sommes exigibles, etc.
    • Fruits pendants par les racines, par racines, Les blés, les raisins, et généralement tous les fruits, lorsqu’ils sont encore sur pied.
    • Les fruits pendants par les racines font partie du fonds.
    • On ne peut saisir les fruits pendants par racine qu’après telle époque.
  5. (Soutenu) Enfant, par rapport à sa mère ou une union.
    • Assis moi-même sous l’arbre, tenant ma bien-aimée sur mes genoux, et réchauffant ses pieds nus entre mes mains, j’étais plus heureux que la nouvelle épouse qui sent pour la première fois son fruit tressaillir dans son sein. — (François-René de Chateaubriand, Atala, ou Les Amours de deux sauvages dans le désert)
    • Elles s’enfuient ensuite vers leur demeure inexpugnable, portant dans leurs seins les fruits d’unions brutales et sans volupté. — (Renée Dunan, Ces Dames de Lesbos, 1928)
  6. (Figuré) Utilité, profit ou avantage qu’on retire de quelque chose.
    • Les syndicats peuvent être fort utilement employés à faire de la propagande électorale ; il faut, pour les utiliser avec fruit, une certaine adresse, mais les politi­ciens ne manquent pas de légèreté de main. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre V, La grève générale politique, 1908, page 207)
    • […], et cette année a vu éclore les fruits de projets longuement mûris et discutés, ainsi que d’autres partenariats plus rapidement conclus. — (Adrienne Alix, Lettre de la présidente, dans le Rapport annuel 2010 de Wikimédia France)
    • Cette législation, a-t-il souligné, est le fruit d’un compromis qui a pris en compte les inquiétudes des partisans d’un contrôle des armes et les défenseurs du port d’arme. — (Le Monde.fr avec Reuters, Le gouverneur de Floride signe la loi sur le contrôle des armes, Le Monde. Mis en ligne le 9 mars 2018)
    • Il s'est mis en frais pour la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV; il n'a épargné aucun soin; et voilà que, pour fruit de ses peines, M. de La Beaumelle fait imprimer sous main une édition subreptice à Francfort, ville impériale, malgré le privilège de l'empereur, dont Walther est en possession. — (Voltaire, Lettre n° 27, à M. Roques, d’avril 1752, dans « Correspondance générale », tome 4, dans les Œuvres de Voltaire, Paris : chez P. Pourrat frères, 1839, page 50)
  7. (Figuré) Effet ou résultat d’une cause, soit bonne, soit mauvaise.
    • Comme en un concert d'instruments, on n'oit pas un luth, une épinette et la flûte, on oit une harmonie en globe, l'assemblage et le fruit de tout cet amas. — (Montaigne, Essais, Livre III, chapitre VIII, 1592)
    • Si ces modèles se sont largement répandus, ce n’est pas le fruit du hasard, mais la conséquence directe des révélations d’Edward Snowden sur la surveillance massive pratiquée par la NSA et ses épigones. — (Amaelle Guiton, Terrorisme : Macron en marche contre la cryptographie, Libération. Mis en ligne le 10 avril 2017)
    • Les grandes découvertes sont le fruit d’une longue patience.
    • Ces mesures imprudentes ne tardèrent pas à porter leur fruit.
    • La méthode a fait ses preuves: les cas enregistrés dans les CHSLD de la Mauricie au printemps ont nettement diminué après l’implantation de la stratégie. «Il a fallu inventer la recette. Tout ce qu’on fait aujourd’hui est vraiment le fruit du travail qui a été fait», a-t-elle affirmé. — (Patricia Hélie, Le savoir d'une infectiologue de la Mauricie exporté, Le Journal de Montréal, 18 novembre 2020)
  8. (Architecture) Non-verticalité du côté extérieur d'une muraille, le côté intérieur étant vertical (la muraille étant ainsi plus épaisse en bas qu'en haut ; beaucoup plus rarement, la muraille s’épaissit en montant, et l’on parle de contre-fruit.)
    • Nous calculerons d’abord les dimensions de la base inférieure ; elles sont commandées par le fruit, c’est-à-dire par l’inclinaison donnée aux maçonneries pour assurer leur solidité. — (Antoine Dominique Eysséric et Joseph Casimir Pascal, Géométrie, Delagrave, 1880, page 288)
  9. (Argot polytechnicien) Personne qui ne remplit pas ou mal une fonction qu’elle occupe, et par extension, personne inutile, incapable, maladroite voire plus généralement imbécile.
    • Le respo matos est vraiment un fruit cette année, tout est toujours en bazar dans le local.
    • N’essaie pas de faire affaire avec eux, il n’y a que des fruits dans ce binet.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FRUIT. n. m.
Production des végétaux qui succède à la fleur et qui sert à leur reproduction. Le fruit du noyer, du chêne, de l'orme, du frêne, etc. Il se dit aussi de ces Sortes de productions qui servent à la nourriture de l'homme. Fruit vert. Fruit mûr. Fruit sec. Fruit précoce. Fruit hâtif. Fruit tardif. Fruit à noyau. Fruit à pépin. Fruit gâté, pourri. Cet arbre porte de bon fruit. Cueillir du fruit. Cueillir le fruit en sa saison. Les fruits de la saison. Une corbeille de fruits. Fruit de l'arrière-saison. Il ne vit presque que de fruits. Conserver des fruits. Fruits secs. Fruits à l'eau-de-vie. Avoir un goût de fruit. Sentir son fruit. Fruits d'été, fruits d'automne, fruits d'hiver. On adresse des prières à Dieu pour la conservation des fruits de la terre. Fig., On connaît l'arbre à son fruit, par son fruit, On connaît les personnes à leurs œuvres et les choses à leurs résultats. Fig. et fam., Le fruit défendu, se dit par allusion à la désobéissance du premier homme. L'attrait du fruit défendu, Le penchant que nous avons à désirer ce qui nous est défendu. Fig. et fam., Fruit sec, se dit des Jeunes gens qui, au terme d'études mal faites, et dont ils n'ont tiré nul profit, ont échoué aux épreuves finales, aux examens de sortie.

FRUIT désigne aussi le Dessert, tout ce qu'on sert au dernier service de table, après les viandes et entremets; et, dans ce sens, il n'a point de pluriel. Servir le fruit. Il en est au fruit. Dans ce sens, il vieillit. Il se dit, en termes de Jurisprudence, des Produits, des revenus d'une terre, d'un immeuble, d'un fonds quelconque, d'une charge. Avoir l'usage des fruits d'une terre. Percevoir les fruits. C'est une maxime de droit, que tout possesseur de bonne foi fait les fruits siens. Rendre compte des fruits. Restitution de fruits. Les fruits échus. Les fruits, profits et émoluments d'une charge. Fruits naturels, Les productions spontanées d'une terre, d'un fonds, comme le foin, le bois, le croît des animaux. Fruits industriels, Les productions qu'on obtient par la culture, comme le blé, le vin, etc. Fruits civils, Le loyer des maisons, les baux à ferme, les intérêts des sommes exigibles, etc. Fruits pendants par les racines, par racines, Les blés, les raisins, et généralement tous les fruits, lorsqu'ils sont encore sur pied. Les fruits pendants par les racines font partie du fonds. On ne peut saisir les fruits pendants par racine qu'après telle époque. Il se dit, par extension, de l'Enfant qu'une femme porte dans ses flancs, ou qu'elle vient de mettre au monde. Dans ce sens, il n'a point de pluriel. Dès qu'une femme s'est délivrée de son fruit. On dit de même, en parlant d'une Mère, Le fruit de ses entrailles. Il se dit aussi, dans le style élevé, des Enfants déjà nés, et dans ce sens il reçoit le pluriel. Il est le seul fruit de leur union. Le fruit d'un amour illégitime. Les fruits de cet hymen. Il signifie encore figurément utilité, profit, avantage qu'on retire de quelque chose. Je n'ai tiré aucun fruit de cette affaire. Je n'en ai point encore recueilli le fruit. J'en ai perdu tout le fruit. Beaucoup de peine et peu de fruit. Le fruit de ses travaux, de ses veilles. Travailler avec fruit. Lire un ouvrage avec fruit. On dit, au pluriel, dans un sens analogue, Les fruits d'un travail, d'une industrie, etc. Il signifie également Effet, résultat d'une cause, soit bonne, soit mauvaise. C'est un fruit de votre piété. C'est un fruit de vos soins. Les fruits de l'expérience. Les grandes découvertes sont le fruit d'une longue patience. Ces mesures imprudentes ne tardèrent pas à porter leur fruit.

Littré (1872-1877)

FRUIT (frui ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des frui-z excellents) s. m.
  • 1Produit des végétaux qui provient de l'évolution de la fleur et qui contient les graines. Fruit pulpeux. Fruit sec, fruit qui n'a point de pulpe. Pendant l'hiver, l'arbre mort et l'arbre vivant paraissent égaux ; ils sont tous deux sans fruits et sans feuilles, Bossuet, 2e sermon, Providence, 1.

    Terme de botanique. Tout ovaire fécondé et accru.

    Fruit multiple (syncarpe de quelques auteurs), le fruit résultant de plusieurs ovaires qui, renfermés dans une même fleur, mais distincts avant la fécondation, sont soudés à leur maturité.

  • 2Il se dit particulièrement des productions des arbres fruitiers. Fruit à noyau. Des fruits juteux. Il en est de même de la plupart de nos fruits ; leurs noms montrent encore qu'ils nous viennent d'Asie et d'Afrique, Fleury, Mœurs des Israélites, tit. VII, 2e part. p. 73, dans POUGENS. Il fait naître et mûrir les fruits ; Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits, Racine, Athal. I, 4. Des fruits d'une couleur vermeille descendaient en forme de grappe à la portée de ma main, Buffon, l'Homme. M. Hales, dans sa Statique des végétaux, rapporte plusieurs expériences qu'il a tentées pour essayer de changer le goût naturel des fruits, et leur communiquer celui de quelques liqueurs spiritueuses et de diverses infusions odoriférantes, Bonnet, Us. feuilles plant. 5e mém. Je te donne des fruits, une tente, un chameau ; Voilà tous mes trésors, c'est là notre richesse, Ducis, Abuf. I, 3. Les fruits se sèchent-ils sur nos lèvres arides ? Delavigne, Paria, II, 5. Alors qu'entre la vie et la mort incertaine, Comme un fruit par son poids détaché du rameau, Notre âme est suspendue et tremble à chaque haleine Sur la nuit du tombeau, Lamartine, Méd. II, 22.

    Fruits d'été, fruits d'automne, fruits d'hiver, les fruits qui se mangent en été, en automne, en hiver.

    Fruits rouges, les fraises, framboises, cerises, groseilles.

    Les quatre fruits, nom qu'on donne à des fruits qu'on mélange ordinairement pour les servir. Quatre fruits rouges, les fraises, les cerises, les groseilles et les framboises. Quatre fruits jaunes, l'orange, le citron, la bigarade et le cédrat.

    Terme de pharmacie. Les quatre fruits, les dattes privées de noyaux, les jujubes, les figues, et les raisins ou les pruneaux secs ; on en fait une tisane pectorale.

    Fruits légumiers, nom donné aux melons, aubergines, tomates, courges, etc.

    Fruits sauvages ou des forêts, les glands, faînes, châtaignes, etc.

    Mettre à fruit, tailler un arbre de manière qu'il rapporte du fruit. Les cultivateurs savent assez que, pour mettre à fruit un arbre trop vigoureux, il ne faut que l'affaiblir, et il est plus d'un moyen de procurer cet affaiblissement, Bonnet, Contempl. nat. X, 27.

    Fruit à pain, fruit du jacquier cultivé.

    Fruits d'or, les fruits d'un jaune d'or. Vois sous tant de fruits d'or ces orangers plier, Desfontaines.

    Fig. La mort, ennemie des fruits que nous promettait la princesse, les a ravagés dans la fleur, Bossuet, Duch. d'Orl. De peur de s'amollir par la tendresse [auprès du dauphin, fils de Louis XIV], il emprunta l'autorité du roi ; de peur de rebuter par l'austérité des préceptes, il prit les entrailles du père ; et par ce juste tempérament il avançait en lui les fruits de la raison et corrigeait les défauts de l'âge, Fléchier, Duc de Mont.

    Le fruit défendu, le fruit auquel Dieu avait défendu dans le paradis terrestre qu'Adam et ève touchassent. Il [saint Grégoire de Nazianze] dit que nous avons goûté en Adam le fruit défendu ; qu'en lui nous avons violé la loi de Dieu, et qu'aussi nous avons été chassés en lui du paradis, Bossuet, Déf. de la trad. et des saints Pères, VIII, 32.

    Fig. Le fruit défendu, ce qu'on ne peut désirer que témérairement ou indûment, et qu'on désire précisément parce qu'on en est privé. On a du goût pour le fruit défendu.

    Fig. C'est du fruit nouveau, c'est une chose nouvelle, inattendue. Voilà du fruit nouveau ; quel démon favorable Vous rend l'accueil si doux et l'humeur si traitable ? Regnard, Fol. am. II, 1.

    Fig. C'est du fruit nouveau de vous voir, se dit familièrement à une personne qu'il y a longtemps qu'on n'a vue. Voici milord Houzey votre frère, c'est du fruit nouveau, Boissy, Français à Londres, sc. 5.

    Fruits secs, fruits que l'on fait sécher et que l'on conserve.

    Fig. Fruit sec, expression servant à désigner des jeunes gens qui n'ont pas satisfait complétement aux examens de sortie d'une école fournissant des sujets pour les services publics. Ce maréchal des logis d'artillerie est un fruit sec de l'école polytechnique ; et son cousin sergent d'infanterie était un fruit sec de Saint-Cyr. Ce capitaine au long cours est un fruit sec de l'école navale. Cette appellation vient de l'école polytechnique, où un jeune homme de Tours qui travaillait peu fut interpellé par ses camarades pour savoir quelles étaient ses intentions s'il n'était pas classé. Il répondit : " Je ferai comme mon père le commerce des fruits secs. " Et en effet, ce fut son lot, Legoarant

  • 3Le dessert, tout ce qu'on sert au dernier service de table, après les viandes et les entremets. Servir le fruit. Il mangea à son fruit beaucoup de raisin muscat, Journal de la santé du roi [Louis XIV], p. 289. Il se lève avant le fruit et prend congé de la compagnie, La Bruyère, XI. Vous gronderez mal à propos un serviteur, si vous voulez qu'il ait dressé un fruit plus promptement qu'il n'est possible, Fénelon, t. XVII, p. 95. Qu'on mette au bas de chaque lettre par apostille que le rôt sera de chez la Guerbois, le vin de Darboulin, le fruit de la rue des Lombards, Dancourt, Déroute du Pharaon, sc. 2. Il n'importe pas que le czar se soit enivré et qu'il ait coupé quelques têtes au fruit, il importe de connaître un pays qui a vaincu les Suédois et les Turcs, Voltaire, Lett. d'Argental, 19 août 1757.

    En cet emploi, il n'a point de pluriel.

    Fruit monté, fruit de dessert décoré avec des cristaux, des figures de sucre, etc.

  • 4 Au plur. Les productions de la terre, les récoltes. Les fruits de la terre. De quelque détour que l'on se serve pour convertir l'argent en denrées ou les denrées en argent, il faut toujours que tout revienne aux fruits de la terre et aux animaux qu'elle nourrit, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. I, p. 101, dans POUGENS. On voit partout dans Homère des rois et des princes vivant des fruits de leurs terres et de leurs troupeaux, Fleury, Mœurs des Israélites, titre VI, 2e part. p. 54, dans POUGENS.

    Fruits pendants par les racines, par racines, les blés, et généralement tous les fruits lorsqu'ils sont encore sur pied. Fruits pendants par branches, les fruits non encore détachés de l'arbre. Les fruits naturels et industriels, pendants par branches et par racines au moment où l'usufruit est ouvert, appartiennent à l'usufruitier, Code Napol. art. 585.

    Fig. Ici [dans l'île de Cypre] la terre ne porte pour fruit que du poison, l'air qu'on respire est empesté, Fénelon, Tél. IV.

  • 5 Terme de jurisprudence. Les produits, les revenus d'une terre, d'un fonds, d'une charge. Avoir l'usage des fruits d'une terre. Les fruits et émoluments d'une charge.

    Fruits naturels, les productions spontanées d'un fonds, comme le foin, le bois, le croît des animaux.

    Fruits industriels, ceux qu'on obtient par la culture, comme le blé, le vin.

    Fruits civils, les loyers et revenus, les intérêts d'un fonds.

  • 6 Par assimilation, l'enfant par rapport à sa mère, quand il est encore dans le sein maternel ou qu'il vient de naître (emploi dans lequel il n'a pas de pluriel). Elle porte en ses flancs un fruit de cet amour, Corneille, Sertor. III, 4. Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni, Sacy, Bible, Év. St Luc, I, 42. La veuve lui envoya dire sous main que, s'il voulait lui promettre de l'épouser quand il serait roi, elle ferait périr son fruit, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 512, dans POUGENS.

    Détruire, défaire son fruit, se faire avorter.

    L'enfant déjà né, par rapport au père et à la mère ; en cet emploi il reçoit le pluriel. Enghien, de son hymen [de Condé] le seul et digne fruit, Boileau, Ép. IV. [Ces femmes qui] prenant en dégoût les fruits nés de leurs flancs, Boileau, Sat. X. Je vis moi-même alors le fruit de leurs amours, Racine, Iphig. V, 6. Rome… ne reconnaît point les fruits illégitimes Qui naissent d'un hymen contraire à ses maximes, Racine, Bérén. II, 2. N'êtes-vous pas ici sur la montagne sainte Où le père des Juifs [Abraham] sur son fils innocent Leva sans murmurer un bras obéissant, Et mit sur un bûcher ce fruit de sa vieillesse ? Racine, Athal. IV, 5. Hélas ! ce dernier fruit de leur foi conjugale…, Voltaire, Orphel. I, 1. C'est alors que ma paupière Vous vit pâlir et mourir, Tendres fruits qu'à la lumière Dieu n'a pas laissés mûrir ! Lamartine, Harm. II, 1.

    Fig. Allez, partez, mes vers, dernier fruit de ma veine, Boileau, Ép. X.

  • 7 Fig. Avantage, profit. Aussi bien quand je serais aussi éloquent que vous dites, je n'en voudrais pas tirer de plus grand fruit que de gagner en votre âme la place que je connais par là que j'y ai déjà, Voiture, Lett. 37. Voyez quel prompt remède on y peut apporter, Et quel fruit nous aurons de la violenter, Corneille, Sert. IV, 3. Votre sévérité, sans produire aucun fruit, Seigneur, jusqu'à présent a fait beaucoup de bruit, Corneille, Cinna, IV, 4. Quelque fruit que par là j'espère de cueillir, Corneille, ib. III, 3. Mais quel fruit pensez-vous en pouvoir recueillir ? Corneille, Sertor. IV, 2. Car, au nom des dieux, je vous prie Quel fruit de ce labeur pensez-vous recueillir ? La Fontaine, Fabl. VIII, 11. Quelque bien de mon père et le fruit de mes peines, Molière, l'Ét. IV, 1. J'ai peur que son voyage en cette ville ne produise peu de fruit, Molière, le Fest. I, 1. Je lui laisse la liberté de jouir, durant quelques jours, du fruit de son bienfait, Molière, ib. III, 6. Ai-je enfin disposé du fruit de leurs exploits ? Racine, Andr. I, 2. Quel fruit te promets-tu de ta coupable audace ? Racine, Mithr. V, 1. Voici le temps, seigneur, où vous devez attendre Le fruit de tant de sang qu'ils [les Romains] vous ont vu répandre, Racine, Bérén. I, 3. Laisse-moi des périls dont j'attends tout le fruit, Racine, Andr. III, 1. Contre tous les poisons soigneux de me défendre, J'ai perdu tout le fruit que j'en pouvais attendre, Racine, Mithr. V, 4. Pour tout le fruit enfin d'une illustre victoire… Je ne lui demandais que l'honneur d'être à vous, Racine, Iphig. II, 6. Hélas ! du crime affreux dont la honte me suit, Jamais mon triste cœur n'a recueilli le fruit, Racine, Phèd. IV, 6. Souvent on tire plus de fruit de ses fautes que de ses belles actions, Fénelon, Tél. XXII. A-t-il gardé pour lui le fruit de ses conquêtes ? Voltaire, M. de Cés. III, 8. Il fut difficile alors de décider lequel avait acquis le plus d'honneur, ou de Condé victorieux, ou de Turenne qui lui avait arraché le fruit de sa victoire, Voltaire, Louis XIV, 5.

    On dit, au pluriel, dans un sens analogue, les fruits d'un travail, d'une industrie. On commence à goûter ici les fruits de la paix, Bossuet, Lett. 205.

    Sans fruit, inutilement. Pour ne pas souffrir qu'il me soit reproché Qu'un soldat indigent m'ait sans fruit approché, Rotrou, Bélis. I, 2. N'allez pas sur des vers sans fruit vous consumer, Boileau, Art p. I. Souffrez-vous que sans fruit Joad laisse égorger Vous, son fils, tout ce peuple ? Racine, Athal. V, 2. Je lui laissai sans fruit consumer sa tendresse, Racine, Brit. IV, 2.

    Avec fruit, utilement. Il a lu avec fruit les auteurs classiques.

  • 8Le résultat, l'effet de quelque chose, en bien ou en mal. Quoi ! vous voulez quitter le fruit de tant de peines ! Corneille, Cinna, IV, 3. Sa modération durant quarante années était le fruit d'une sagesse consommée, Bossuet, le Tellier. La conversion du monde était le fruit de sa croix [de Jésus], Bossuet, Hist. II, 11. Écoutons saint Paul, qui nous en marque [de l'orgueil] les fruits par ces paroles : les fruits de la chair, dit-il, et sous ce nom il comprend l'orgueil, sont les inimitiés, les disputes…, Bossuet, Concupisc. 16. Un des fruits qu'elle produisit fut la servitude où tomba l'Église, Bossuet, Var. V, § 8. Et peut-être pour fruit d'un téméraire amour Exposer votre nom au mépris de sa cour, Racine, Mithr. III, 1. Et les arrêts du sort Veulent que ce bonheur soit un fruit de ma mort, Racine, Iphig. V, 2. Les soupçons importuns Sont d'un second hymen les fruits les plus communs, Racine, Phèd. II, 5. Le fruit des guerres civiles de Rome a été l'esclavage, et celui des troubles d'Angleterre la liberté, Voltaire, Dict. phil. Parlem. d'Anglet. Qu'on cesse de livrer aux flammes, au pillage, Ces archives de lois, ce vaste amas d'écrits, Tous ces fruits du génie, objets de vos mépris, Voltaire, Orphel. II, 5.
  • 9Dans le langage de l'Église, effets avantageux obtenus par la pénitence, par les exhortations, les prédications, etc. Il crut que je pourrais faire fruit en écrivant, Pascal, Prov. 8. Pourquoi m'arrêter, messieurs, à vous raconter le fruit qu'il a fait dans la ville de Thessalonique ? Bossuet, Panég. St Paul, 2. Dieu leur fera sentir du fruit de la conduite épiscopale, Bossuet, Lett. abb. 45. Le renfort qu'il envoya [en Angleterre] produisit de nouveaux fruits, Bossuet, Hist. I, 11. Le grand fruit que faisait parmi les gentils la prédication de l'Évangile, Bossuet, Hist. II, 10. Des ministres plus saints, plus habiles et plus capables de faire du fruit, Massillon, Confér. Zèle contre les scandales.
  • 10 Terme d'architecture. Fruits, les ornements de sculpture qui représentent des fruits naturels.

HISTORIQUE

XIIIe s. Li chien i vienent à grant bruit, Qui du sanglier veulent le fruit, Partonopeus, ms. de St-Germ. f° 126, dans LACURNE. La royne qui pois [puis] porta le noble fruit [le noble enfant], Berte, XXXVI. Et dusques à tant que le [la] terre voz sera assise et que vous en serez en le [la] saizine, puis-je fere les fruis miens, comme de mon heritage, Beaumanoir, IX, 7. Pais, pascienche, carités, Joie, fois et humilités, Bontés, aumosnes, penitenche, Sens, douchours [douceur], pités et scienche, Chou [ce] est li fruis selon la letre Ki l'ame puet en gloire metre, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 65.

XVe s. Pourquoi je vous prie que laissions telles paroles qui ne peuvent porter fruit, Monstrelet, liv. I, ch. 2. On est amé tant qu'on fait fruit [qu'on est utile], Deschamps, Poésies mss. f° 16. Il y a trois fois trop de gens Qui happent le fruit et la fleur, Deschamps, ib. f° 294. Tant garde-on fruict qu'il se pourrist, Villon, Ball. On voit souvent issir de belle fleur fruit crochu, et, affin que vous sachez pour quoy et par quelle raison ma mere, qui si très belle estoit, apporta fruit si bossu…, Perceforest, t. I, f° 74. Pour ce dist le sage : le bon fruit vient de bonne ente, et ainsi du contraire, ib. t. I, f° 32. Qui desire le fruit, à peu d'occasion il jette l'œil, ib. t. VI, f° 88.

XVIe s. Exiger dismes de bois, foins, herbes et toutes grosses bestes à cornes, moutons, brebis, agneaux, laines, pourceaux, veaux, oisons et autres semblables fruicts, Nouv. coust. gén. t. II, p. 194. C'est merveille du fruict que chascun y faict, Montaigne, I, 194. Ils mangeoient, comme nous, le fruict à l'issue de la table, Montaigne, I, 372.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. FRUIT. Ajoutez :
11Fruits en grains, fruits chargés sans emballage dans les bateaux. Ces fruits vont arriver [au Mail à Paris] dans quelques jours, les uns jetés pêle-mêle et sans aucun emballage dans des bateaux qui en contiennent chacun de six à dix mille kilogrammes ; c'est ce qu'on appelle les fruits en grains ; les autres, soigneusement empaquetés dans des paniers que se disputeront tous les restaurateurs de Paris, Journ. offic. 20 oct. 1875, p. 8764, 1re col.
12Fruits de mer (de l'ital. frutti di mare), nom donné aux oursins, moules et autres coquillages que l'on vend au tas, à Naples et ailleurs. Puis nous allions déjeuner à l'île Saint-Georges avec des rougets de l'Adriatique, des fruits de mer, du raisin et un pot de vin de Chypre, Th. Gautier, Monit. univ. 22 juin 1868.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

FRUIT, s. m. (Gram.) On appelle en général du nom de fruits, tout ce que la terre produit pour la nourriture des hommes & des animaux : ainsi les grains, les herbes, les légumes, sont des fruits.

Les fruits en particulier sont la production des arbres fruitiers, & la conclusion des opérations de la nature qu’elle nous avoit fait entrevoir en nous donnant les fleurs : ce n’est d’abord qu’un bouton, qu’un œil ; ensuite vient une branche, une fleur, enfin un fruit, qui par le moyen d’une graine, d’un pepin, d’un noyau, d’une amande, perpétue son espece à l’infini.

On remarque dans les fruits les mêmes parties essentielles que dans les plantes, savoir les peaux & membranes, les pulpes ou chairs, & les fibres ou corps ligneux.

Les arbres à fruit distingués d’avec les plantes à fruit, se divisent en fruits à pepins, à noyau, à coquille, & à cosse épineuse.

Ceux à pepins ont plusieurs fleurs, & un pepin formant un bouton, peut avoir 9 à 10 fruits à chaque bouton. Ils sont composés de quatre parties, la peau, la pulpe, les fibres, & la capsule, Voyez tous ces mots à leur article. Les orangers, les citrons, & les raisins ont des pores plus remplis de liqueur, mais ce sont toûjours des fruits à pepins.

Les fruits à noyau viennent seuls à chaque bouton, & ont les mêmes parties que ceux à pepins : quant au noyau, il vient de la pulpe qui se coagule ; cinq grosses fibres s’étendent sur la surface du noyau, dont une entre dans son corps pour y nourrir l’amande qui y est suspendue par ses peaux.

Ceux à coquille n’ont que trois parties : la robbe, la coquille, & la moëlle ; un grand nombre de fibres entrent par la base dans la coquille ; une de ces fibres nourrit la graine, passe dans le centre de la base, & va jusqu’à la pointe de la coquille à laquelle les peaux de l’amande sont attachées.

Les fruits à cosse épineuse, tels que les châtaigniers & les marrons d’Inde, viennent seuls ou plusieurs ensemble ; ils sont eux-mêmes la racine qui les reproduit.

Les plantes à fruits sont les melons, les courges, les citrouilles, les concombres, les coloquintes, les bonnets de prêtre. Ces fruits ont une écorce ou peau chargée de verrues, ou de parties galeuses ; on trouve dans leur pulpe des loges remplies de semences, avec des amandes ; plusieurs fibres sont répandues dans toute l’étendue du fruit.

Les fruits par rapport à leur chair, sont cassans ou fondans.

On distingue encore les fruits d’été d’avec ceux d’hyver ; les fruits précoces d’avec les tardifs ; nous avons encore les fruits rouges.

Il y a de grosses semences, comme les marrons d’Inde, les châtaigniers, les amandes, les noisettes, les faînes, les noix, les glands, que l’on appelle fruits, parce qu’ils sont agréables au goût. (K)

Fruit, (Botan.) M. Linnæus distingue dans les fruits trois parties principales, qui sont le péricarpe, la semence, & le receptacle.

Le péricarpe, pericarpium, est formé par le germe ; il grossit & il renferme les petites semences ou graines, mais il ne se trouve pas dans tous les fruits. Il y a huit especes de péricarpes : savoir la capsule, la coque, la silique, la gousse, le fruit à noyau, la pomme ou le fruit à pepin, la baie, & le cone. La capsule, capsula, est composée de plusieurs panneaux secs & élastiques, qui s’ouvrent le plus souvent par leur sommité lorsqu’ils sont mûrs, & qui renferment des graines dans une seule loge ou dans plusieurs ; d’où viennent les dénominations des capsules uniloculaires & multiloculaires. La coque, conceptaculum, ne differe de la capsule qu’en ce que ses panneaux sont mous. La silique, siliqua, est composée de deux panneaux qui s’ouvrent d’un bout à l’autre, & qui sont séparés par une cloison membraneuse à laquelle les petites semences sont attachées chacune par un cordon ombilical. La gousse, legumen, est un péricarpe oblong a deux cosses assemblées en-dessus & en-dessous par une suture longitudinale ; les semences sont attachées alternativement au limbe supérieur de chacune de ces cosses. Le fruit à noyau, drupa, est composé d’une pulpe charnue, molle & succulente, qui renferme un noyau. La pomme ou fruit à pepin, pomum, a une pulpe charnue, au milieu de laquelle les semences se trouvent dans des enveloppes membraneuses. La baie, bacca, a une pulpe succulente qui renferme les semences. Le cone, strobilus, est composé de plusieurs écailles appliquées les unes contre les autres, & contournées par le haut.

Il y a deux sortes de semences, la graine & la noix. La noix, nux, est presqu’aussi dure qu’un os, & renferme la véritable semence. La graine, semen, est le corps de la semence ; elle a différentes figures, & on voit des graines qui ont une couronne. La couronne, corona, est simple, ou disposée en aigrette. L’aigrette, pappus, est composée de rayons simples ou de rayons branchus comme une plume. Ces rayons simples ou branchus tiennent à un pédicule, ou sortent immédiatement de la graine.

Le receptacle ou placenta, receptaculum, est la partie qui soûtient la fleur ou le fruit, ou tous les deux ensemble ; il y en a de différentes figures. Floræ par. Prodromus, pag. 44. & suiv. (I)

Maniere d’avoir de beaux fruits, (Jard.) Pour avoir de beaux fruits, il faut détacher d’un arbre quelques boutons lorsqu’ils ne font que noüer ; le mois de Mai est le vrai tems de cette opération pour les pêches & abricots ; & celui de Juin & de Juillet pour les poires d’hyver & d’automne. On les détache du trochet où il y en a plusieurs, en les coupant avec des ciseaux par le milieu de la queue, & sur-tout ceux qui sont serrés, comme les plus sujets à se pourrir. Les poires d’été, telles que la robine, la cassolette, le rousselet, ne se détachent point ; elles ne se nuisent point l’une à l’autre, ainsi que les prunes, parce qu’elles sont médiocrement grosses ; quand le fruit est presque mûr, ôtez des feuilles tout-autour pour lui donner de la couleur & le faire mûrir. Cette pratique usitée à l’égard des pêchers, convient aussi à plusieurs poires, telles que le bon chrétien d’hyver, l’inconnue chéneau, &c.

Plusieurs se servent d’une seringue faite en arrosoir à pomme, pour leur jetter de l’eau, ou les frottent dans le grand soleil, ce qui certainement leur donne de la couleur, mais diminue leur bonté, à ce qu’on prétend. (K)

Fruit verreux, (Hist. nat.) c’est le nom qu’on donne au fruit qui a été attaqué, habité, rongé, mangé par des vers, chenilles, fausses chenilles, ou autres insectes.

Les insectes qui se trouvent dans les fruits mûrs ou non mûrs de nos arbres fruitiers, dans les poires, les pommes, les prunes, les cerises, &c. sont généralement nommés des vers, & par cette raison on appelle les fruits où ils sont logés, des fruits verreux ; mais s’il y a de ces insectes qui sont des vers, c’est-à-dire qui se doivent transformer en mouches, ou en scarabées, il y en a, & en grand nombre, qui deviennent de vraies chenilles, de fausses chenilles, &c. Les prunes, par exemple, sont très-sujettes à être verreuses, par une espece de fausse chenille qui croît dans leur intérieur.

Les années où il y a le moins de fruit, sont celles où l’on se persuade qu’il y en a le plus de verreux, & on ne manque pas de s’en plaindre. Quoique la quantité des vers & des chenilles ne soit pas plus grande dans ces années stériles en fruits que dans des années abondantes ; si elle est la même, si la cause qui a fait périr les fruits, n’a point diminué le nombre des mouches & des papillons, dont les petits doivent croître dans les fruits, le nombre des vers & des chenilles des fruits doit paroître plus grand, quoiqu’il ne le soit pas réellement ; il l’est proportionnellement à la quantité des fruits de cette année.

Il y a telles especes de fruits, de cerises, par exemple, où l’on trouve communément l’insecte logé dans l’intérieur, & tel autre fruit, comme la poire, où on le rencontre rarement, parce qu’il en est sorti avant qu’on la cueille. De plus, il y a tels insectes qui dénichent de bonne heure du fruit, & tels autres qui y font un très-long séjour.

Les chenilles des pommes, des poires, des prunes, & de divers autres fruits, ne s’y tiennent que tant qu’elles ont besoin de manger, & elles les quittant quand le tems où elles doivent se transformer en chrysalides approche. Lorsque le fruit verreux tombe, ou est prêt à tomber, la chenille en est ordinairement sortie, ou est prête à en sortir.

Quand cette chenille a pris tout son accroissement, quand le tems de sa métamorphose approche, on voit quelque part sur le fruit un petit tas de grains rougeâtres ou noirs ; il n’est personne qui n’ait vû cent fois ces petits tas de grains, dont nous parlons, sur des pommes, sur des poires, & sur plusieurs autres de ces fruits, qu’on appelle verreux ; c’est même ce qui fait connoître qu’ils le sont. Dans d’autres, au lieu de ces petits tas de grains, on voit un petit trou bordé de noirâtre ; les grains sont tombés alors, & l’ouverture par laquelle ils sont sortis de l’intérieur du fruit, est à découvert. Or on demande quelle est la cause de cette bordure externe, & de cet amas le grains rougeâtres ou noirs qu’on trouve presque toûjours dans l’intérieur des fruits verreux. Les Physiciens répondent que cette bordure & ces grains ne sont autre chose que des excrémens de la chenille ; ordinairement les excrémens restent dans le fruit où l’insecte a séjourné, mais quelquefois il s’en trouve des tas au-dehors ; ce dernier cas arrive lorsque la chenille qui s’est tenue vers le centre du fruit, s’ouvre un chemin jusqu’à sa circonférence ; alors elle entretient ce chemin ouvert, & vient pendant quelques jours de suite jetter ses excrémens à l’endroit où le trou se termine. (D. J.)

Fruit, (art de conserver le) Economie rustiq. Une maniere de conserver les fruits toute l’année sans les gâter, a été communiquée par le chevalier Southwell, comme il suit. Prenez du salpetre une livre, bol ammoniac deux livres, du sable ordinaire bien net quatre livres : mêlez le tout ensemble, ensuite cueillez votre fruit de toute espece avant son entiere maturité, & avec la queue de chaque fruit ; mettez ce fruit régulierement & symmétriquement un par un, dans un grand vaisseau de verre large par le haut ; fermez la bouche du vaisseau d’un papier huilé ; portez ce vaisseau dans un lieu sec ; placez-le dans une caisse garnie de la même matiere préparée, qui ait quatre pouces d’épaisseur ; remplissez le reste de la caisse de la susdite préparation, & qu’elle couvre de deux pouces l’extrémité du vaisseau : alors on pourra tirer le fruit au bout de l’an, aussi beau que quand on l’a enterré. Nous indiquerons une autre méthode générale pour la conservation du fruit au mot Poire. Voyez l’article Frulen. (D. J.)

Fruits secs, (Economie rustiq.) c’est le nom qu’on donne aux fruits à noyau & à pepins, que l’on fait sécher au four ou au soleil, comme prunes, cerises, pêches, abricots, poires, pommes, figues, & raisins.

Toutes sortes de prunes peuvent être séchées ; on les cueille dans leur entiere maturité, on les range sur des claies, on les met au four lorsque le pain en est tiré : on les tourne, on les change de place, & on les serre après qu’elles sont refroidies ; c’est la même méthode par rapport aux cerises.

Pour secher les pêches, on les cueille d’ordinaire à l’arbre, on les porte au four pour les amortir, ensuite on les fend promptement avec un couteau : on en ôte le noyau, on les applatit sur une table, on les reporte au four ; & lorsqu’on juge qu’elles sont assez séchées, on les retire, on les applatit encore, & on les conserve dans un lieu sec.

Pour les abricots, on les cueille lorsqu’ils sont bien mûrs ; & au lieu de les ouvrir comme les pêches pour en ôter le noyau, on se contente de repousser le noyau par l’endroit de la queue, qui lui sert de sortie. Les abricots restant ainsi entiers, on les applatit seulement sans les ouvrir, & on les seche comme les pêches.

Pour faire sécher les poires, on les coupe en quartiers, on les pelle, & on les porte au four ; ou bien, sans qu’il soit besoin de les couper, on les pelle entieres, observant d’y laisser les queues : ensuite on les fait bouillir dans quelque vaisseau avec de l’eau : alors on se sert de leur peau pour les tremper dans leur jus ; cela fait, on les tire de leur jus, puis on les met au four sur des claies, de la même maniere qu’on se conduit pour les prunes.

Les pommes, à la différence des poires, se sechent sans être pelées, en les coupant par la moitié après leur avoir ôté le trognon ; on les fait bouillir afin d’en tirer le jus, & y tremper celles qu’on destine pour sécher.

Les raisins secs, & sur-tout les muscats, sont très agréables à manger. On les met au four sur une claie pour les faire sécher, en prenant garde que la chaleur du four ne soit trop âpre, & en observant de tourner les raisins de tems en tems, afin qu’ils sechent également.

Les figues dont on a parlé ailleurs, se sechent comme les prunes. Le commerce de tous les fruits secs est considérable pour les pays chauds ; & on comprend dans la liste des fruits secs les amandes, les avelines, les capres même, & les olives, quoique ces deux derniers se conservent dans de la saumure. (D. J.)

Fruits, (Diete.) les auteurs tant anciens que modernes, qui ont écrit sur les alimens, nous ont donné sur les propriétés communes des fruits, des généralités si vagues, qu’on ne peut puiser dans ces ouvrages aucune connoissance positive sur cette matiere. Lemery les a bannies très-sagement de son traité des alimens, qu’il commence presque par un chapitre particulier sur les fraises.

En effet nous ne connoissons guere d’autres qualités communes entre plusieurs especes de fruits, que la qualité très-énergique d’aliment végétal (voyez Muqueux & Nourrissant). Une pomme, une amande, une figue, une châtaigne, une olive, se ressemblent aussi peu qu’un fruit quelconque, & une racine ou une feuille ; & les especes qui paroissent les plus analogues entr’elles, sont réellement distinctes par des propriétés médicinales très-différentes. C’est ainsi que l’abricot est regardé par tous les Medecins comme sujet à causer des dyssenteries, des coliques, des fievres intermittentes, &c. & que la pêche est au contraire regardée comme très-saine.

La division que les anciens avoient faite des fruits en fruits d’été, ὡραῖοι, horæi, & fruits d’automne, est on ne peut pas plus mal entendue, plus incomplete, & fondée sur des prétentions plus précaires. Une poire fondante d’été ressemble parfaitement à une poire fondante d’automne ; & deux fruits d’été, savoir une cerise & une amande, sont absolument différens. La circonstance d’être peu durables ou de pouvoir être conservés long-tems, par laquelle les deux branches de leur division étoient spécifiées, ne fait rien aux propriétés diététiques des fruits, & ne peut convenir qu’aux fruits aqueux & pulpeux.

Les propriétés diététiques des fruits varient encore même dans chaque espece selon qu’on les mange dans différens degrés de maturité, frais ou séchés, vieux ou récents, cruds, cuits ou confits, seuls ou assaisonnés avec un peu de sucre, de sel, &c.

Pour toutes ces raisons, nous ne nous arrêterons pas plus long-tems sur ce sujet, & nous reserverons pour les articles particuliers ce que l’on sait de positif sur l’usage de chaque fruit. Voyez ces articles.

Nous rappellerons seulement en deux mots l’observation généralement connue des mauvais effets des fruits verds, que les femmes, les enfans & les estomacs malades appetent par une dépravation de goût, qu’on doit regarder comme vraiment maladive.

Nous ferons encore une observation sur l’usage des fruits en général : c’est que l’opinion commune qui les fait regarder comme une source très ordinaire des maladies épidémiques qui regnent souvent en automne ; que cette opinion, dis-je, n’est vraissemblablement qu’une erreur populaire. On a observé que ces maladies n’avoient été ni plus communes, ni plus dangereuses pendant certaines années qui avoient été très-abondantes en fruits de toute espece.

Ce fait important mérite cependant d’être encore éclairci par de nouvelles observations. (b)

Fruits, (Jurisprud.) ce terme dans sa signification propre ne s’entend que des émolumens qui naissent & renaissent du corps d’une chose, comme les fruits de la terre. Cependant on donne aussi le nom de fruits à certains émolumens qui ne proviennent pas de la chose même, mais qui sont dûs à cause de la chose, tels que les fruits civils.

Les fruits d’un héritage appartiennent au propriétaire, quand même il ne les auroit pas ensemencés : nam omnes fructus jure soli, non jure seminis, percipiuntur ; l. 25. ff. de usuris ; mais il doit rendre les labours & semences.

Le possesseur de bonne foi fait les fruits siens, c’est-à-dire gagne les fruits consumés ; il est seulement obligé de rendre ceux qui sont encore extans, au lieu que le possesseur de mauvaise foi est obligé de rendre même ceux qu’il a perçûs & consumés.

On distingue plusieurs sortes de fruits, savoir :

Fruits ameublis, c’est-à-dire qui sont devenus meubles, soit par la séparation qui en a été faite du fonds, soit après le tems de leur maturité, auquel cas quelques coûtumes les réputent meubles.

Fruits annuels, sont ceux qui se reproduisent chaque année, à la différence des fruits casuels, qui ne viennent qu’extraordinairement.

Fruits artificiels, sont la même chose que les fruits industriaux ; ils sont opposés aux fruits naturels : voyez la loi 22. au code, lib. III. tit. xxxij. On les appelle plus communément fruits industriaux.

Fruits casuels, sont ceux qui n’échéent qu’extraordinairement & par des évenemens imprévûs : tels sont les droits seigneuriaux dûs pour les mutations par succession, vente, ou autrement.

Fruits civils, sont des émolumens que la loi a assimilé à certains égards aux fruits naturels ; de ce nombre sont les loyers des maisons & héritages, les arrérages de rente, les intérêts, & autres profits annuels qui proviennent de la convention des parties ou de la loi ; les fruits casuels sont aussi des fruits civils.

Fruits consumés, sont ceux que le possesseur a perçûs & employés à son usage.

Fruits décimables, sont ceux sujets à la dixme. Voyez Décimable & Dixme.

Fruits échûs, sont des fruits civils dont le droit est acquis à quelqu’un, soit au propriétaire, usufruitier, fermier, ou autre possesseur.

Fruits étroussés : on appelle ainsi dans quelques provinces les fruits adjugés en justice ; étrousse signifie adjudication.

Fruits extans, sont ceux qui subsistent encore, & ne sont pas consumés.

Fruits industriaux, sont ceux que la nature seule ne produit pas, mais qui demandent de la culture & autres soins, comme les blés, & autres grains, le vin, &c. Voyez fruits naturels.

Fruits insolites, sont ceux que l’on ne fait pas venir ordinairement dans le pays, ce qui est relatif à l’usage : car ce qui est insolite dans un lieu ne l’est pas dans un autre ; par exemple, le ritz est un fruit insolite aux environs de Paris : il ne l’est pas en Provence.

Fruits naturels, sont ceux que la nature seule produit, & qui ne demandent aucune culture, comme le foin, le bois.

Fruits ordinaires, sont les fruits annuels ; ils sont opposés aux fruits casuels.

Fruits pendans par les racines, sont ceux qui ne sont pas encore séparés du fonds ; ils sont communément réputés immeubles, excepté dans quelques coûtumes, qui les réputent meubles après le tems de leur maturité, comme celle de Normandie, art. 488.

Fruits perçûs, sont ceux que le propriétaire ou possesseur a recueillis ; il ne faut pas confondre les fruits perçûs avec les fruits consumés. Voyez ci-dev. fruits consumés.

Fruits siens, sont ceux que le possesseur gagne en vertu du droit ou possession qu’il a. Le possesseur de bonne foi fait les fruits siens ; le seigneur dominant qui a fait le fief de son vassal par faute d’homme, droits, & devoirs non faits & non payés, fait les fruits siens pendant la main-mise.

Au digeste lib. XXII. tit. j. le traité de fructibus per jo. copum. Voyez la bibliotheque de Jouet, & les décisions de la Peirere, au mot fruits. (A)

Fruit, en Architecture, c’est une petite diminution de bas en-haut d’un mur, qui cause par dehors une inclinaison peu sensible, le dedans étant à-plomb : & contre-fruit, c’est l’effet contraire. On donne quelquefois du contre-fruit en-dedans, aux murs, quand ils portent des souches de cheminée, afin qu’ils puissent mieux résister à la charge par le double fruit.

Fruits, ornemens de Sculpture, qui imitent les fruits, & dont on fait des festons, des guirlandes, & des chûtes dans la décoration des bâtimens.

Il s’en voit de fort beaux à la frise composite de la cour du louvre. (P)

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Étymologie de « fruit »

Berry, fru, frut ; bourguign. fru ; provenç. frug, frut ; catal. fruyt ; espagn. fruto ; ital. frutto ; du lat. fructus, fruit, de frui, jouir.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin fructus qui a dès l’époque latine les différents sens que l’on lui connait aujourd’hui. Participe passé de fruor.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « fruit »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
fruit frµi

Fréquence d'apparition du mot « fruit » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « fruit »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « fruit »

  • Les jours sont des fruits et notre rôle est de les manger.
    Jean Giono
  • La charité est souvent un fruit de l’orgueil.
    Alfonso Di Lernia
  • Quand le fruit est mûr, il tombe.
    Proverbe québécois
  • Le tumulte est le fruit du combat.
    Sagesse celte
  • Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous.
    Paul Verlaine — Romances sans paroles, Green , Messein
  • Tout poème naît d'un germe, d'abord obscur, qu'il faut rendre lumineux pour qu'il produise des fruits de lumière.
    René Daumal — Poésie noire et poésie blanche, Gallimard
  • Laissez le fruit mûrir au fond de son loisir Et sans que le pourrisse un brusque repentir.
    Jules Supervielle — Le Forçat innocent, Supplique , Gallimard
  • Comme le fruit se fond en jouissance, Comme en délice il change son absence Dans une bouche où sa forme se meurt […].
    Paul Valéry — Charmes, le Cimetière marin Gallimard
  • Ce que nous recherchons, c'est le fruit défendu. Sans lui, le Paradis n'est pas pour nous le Paradis.
    Aleksandr Sergueïevitch Pouchkine — Eugène Onéguine, VIII, 27
  • On contient sa mort comme le fruit son noyau.
    Rainer Maria Rilke
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Images d'illustration du mot « fruit »

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Traductions du mot « fruit »

Langue Traduction
Anglais fruit
Espagnol fruta
Italien frutta
Allemand obst
Chinois 水果
Arabe فاكهة
Portugais fruta
Russe фрукты
Japonais フルーツ
Basque fruta
Corse fruttu
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Synonymes de « fruit »

Source : synonymes de fruit sur lebonsynonyme.fr

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Fruit

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