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Fleuve

Variantes Singulier Pluriel
Masculin fleuve fleuves

Définitions de « fleuve »

Trésor de la Langue Française informatisé

FLEUVE, subst. masc.

A.− Cours d'eau important, généralement caractérisé par une très grande longueur et largeur, un débit abondant, des affluents nombreux, et qui se jette le plus souvent dans la mer. Fleuve rapide, tranquille; embouchure, lit, source du fleuve. Le fleuve entre ses rives de terre croulante (...) coule d'une fuite rapide, égale et monotone (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 294).Ces grands fleuves représentent, suivant les conditions diverses de leur régime, de leur pente, de la composition de leurs eaux, de l'origine de leurs troubles, autant de types divers d'énergies naturelles (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 50):
1. ... au carrefour de trois vallées qui lui apportent leur liquide tribut, (...) l'humble cours d'eau se transforme en petite rivière. La géographie lui a déjà imposé son nom de fleuve, l'illustre nom qu'il gardera pour porter les imposants bateaux de mer et résister à l'impétueux effort des mascarets. Mais il n'est encore qu'un fleuve adolescent... Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 52.
SYNT. a) Fleuve élargi, immense; fleuve débordé, encaissé, invisible, souterrain; fleuve jaune, noir, rouge. b) Beau, long, vaste fleuve. c) Berge(s), bras, bruit, coude(s), courant, cours, détour(s), eau(x), grondement, passage, rivage(s), rive(s), roseaux, surface, vallée du fleuve. d) Le fleuve charrie, descend, s'écoule, emporte, monte, roule, serpente. e) Border, franchir (à la nage), longer, passer, remonter, traverser le fleuve. f) Se jeter, plonger dans le fleuve; descendre au/jusqu'au/vers le fleuve. g) Au(x) bord(s)/au-dessus/au fil/au long/au milieu/au travers/au voisinage du fleuve; de l'autre côté du fleuve; sur les bords du fleuve.
B.− Spécialement
1. MYTH. GR.
a) Dieu fleuve ou, p. ell., Fleuve. Divinité du fleuve, symbole de puissance, de fécondité, etc. Au commencement, leurs dieux [des Grecs] ne sont que les forces élémentaires et profondes de l'univers, (...) les Fleuves ruisselants, le Jupiter pluvieux, l'Hercule Soleil (Taine, Philos. art,t. 2, 1865, p. 346).
P. ext., HIST. DE L'ART (sculpt., peint.). Figure allégorique représentant cette divinité, généralement sous la forme d'un homme mûr, vigoureux, portant une longue barbe, une couronne de plantes aquatiques et parfois des cornes de taureau, couché sur des roseaux, s'appuyant sur une urne d'où l'eau s'épanche et tenant un aviron dans la main. La grotte où le lierre Met une barbe verte au vieux fleuve de pierre! (Hugo, Voix intér.,1837, p. 313).En appos. avec une valeur adj. C'était un torse d'après l'antique, une espèce de Père Fleuve, qui n'avait plus ni bras, ni tête, mais il était plein de force et de vie (Ramuz, A. Pache,1911, p. 64).
Au fig. Barbe de fleuve. ,,Barbe longue et bien fournie`` (Ac. 1932). Un solide gaillard, d'une quarantaine d'années, grosse figure colorée, la tête ronde, le poil roux, une barbe de fleuve, le cou et la voix de taureau (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1281).
b) Fleuve des Enfers, des morts. Fleuve que les défunts étaient supposés franchir pour se rendre au séjour des morts. Les rêves profonds s'ouvrent comme des arches Au-dessus du funèbre et sourd fleuve des âges Où notre nef d'exil s'engouffre à toutes voiles (Ch. Guérin, Cœur solit.,1904, p. 63):
2. Mourir, c'est vraiment partir et l'on ne part bien, courageusement, nettement, qu'en suivant le fil de l'eau, le courant du large fleuve. Tous les fleuves rejoignent le Fleuve des morts (...). Si l'on veut bien restituer à leur niveau primitif toutes les valeurs inconscientes accumulées autour des funérailles par l'image du voyage sur l'eau, on comprendra mieux la signification du fleuve des enfers et toutes les légendes de la funèbre traversée. Bachelard, L'eau et les rêves,Paris, Libr. Corti, 1942, pp. 102-104.
2. RELIG. JUDÉO-CHRÉT.
a) Les (quatre) fleuves du Paradis. Fleuves arrosant l'Éden, selon les premiers chapitres de la Genèse. Les quatre fleuves du Paradis terrestre de la Bible juive (P. Leroux, Humanité,t. 2, 1840, p. 346).Il n'y a qu'une douleur, c'est d'avoir perdu le Jardin de Volupté, et il n'y a qu'une espérance ou qu'un désir qui est de le retrouver (...). Napoléon à Tilsitt et l'immonde ivrogne ramassé dans le ruisseau ont exactement la même soif. Il leur faut l'eau des Quatre Fleuves du Paradis (Bloy, Journal,1905, p. 273).La Rédemption tout entière vers nous comme un vase qui s'incline, Les Cinq Fleuves du Paradis, Toute l'inondation sur nous de la préférence divine (Claudel, Poèmes guerre,1915, p. 534).
b) Fleuves de Babylone. [P. allus. au début du Psaume 137] Symbole d'exil et de tristesse.
C.− P. anal., dans des emplois souvent métaph. [L'adj. ou le compl. déterminatif désigne un liquide, une matière plus ou moins fluide, souple, ou un ensemble de choses, d'êtres en mouvement] Ce qui coule, s'épanche en abondance. Fleuve de boue, de feu, de lait, d'or, de sang; fleuve d'hommes. Mais ce qui frappait en lui, c'était sa barbe, une barbe de prophète, invraisemblable, un fleuve, un ruissellement, un Niagara de barbe (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 307).Denise et ma Delphine, qui pleurent toutes les deux leurs fleuves de larmes à gros bouillons; et moi, bête, avec elles. Je ne vois pas distinctement ce que j'écris, tant mes yeux se mouillent (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 172).Paris fut là. Augustin, son père et leur valise s'écoulèrent dans un fleuve humain, composé du ruissellement de tous ces hommes et de bien d'autres (...). Des gens savaient leur chemin dans ces remous, presque tous (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 151):
3. Une chaleur que je n'ai jamais ressentie circule en mon être. Le sang, ce liquide porteur de la vie, humecte ma poitrine. Je sens ce fleuve bienfaisant suivre dans tous mes membres son cours aimable et taciturne. Renan, Drames philos.,Eau Jouvence, 1881, p. 517.
D.− Au fig. [Le compl. déterminatif désigne une chose abstr.] Ce qui suit un cours régulier, paisible; ce qui se développe continûment, avec ampleur. Fleuve d'éloquence, d'oubli, de paix. Dans les prodigalités du rêve, les mains ouvertes, laissant couler sur les misérables un fleuve de richesse, un débordement de bien-être (Zola, Rêve,1888, p. 199).Ces ruisseaux si lourdement chargés de sable et de bois mort ont encombré la langue française : il suffirait de les dessécher ou de les dériver pour rendre au large fleuve toute sa pureté, toute sa force et toute sa transparence (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 134).La continuité de grandes œuvres, le fleuve qui coule à pleins bords sans jamais tarir (Green, Journal,1949, p. 319).V. aussi avenir ex. 24 :
4. ... ma vie avait une direction. Elle n'était plus éparse comme un troupeau sans loi, mais ramassée, orientée. Un fleuve, et non plus un marécage. Un chant grave et plein, après des clameurs discordantes. Duhamel, Confess. min.,1920, p. 191.
En partic. (gén. avec des connotations philos.). Fleuve de l'éternité, du temps, de la vie. Au bord du fleuve du temps, Narcisse s'est arrêté. Fatale et illusoire rivière où les années passent et s'écoulent (Gide, Traité Narcisse,1891, p. 3).Ni jour ni nuit. Un temps uniforme, coulant comme un fleuve d'éternité (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 96):
5. Le courant passe donc, traversant les générations humaines, se subdivisant en individus (...). Ainsi se créent sans cesse des âmes, qui cependant, en un certain sens, préexistaient. Elles ne sont pas autre chose que les ruisselets entre lesquels se partage le grand fleuve de la vie, coulant à travers le corps de l'humanité. Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 270.
Spéc. [P. réf. à Héraclite (Fragment 9 Diels, trad. Battistini ds Lar. des citat. fr. et étr., 1975, p. 628) : On ne peut descendre deux fois dans le même fleuve] Héraclite avait, toute sa vie durant, soutenu contre les Éléates l'universelle mobilité et pour la rendre plus sensible, il défiait le baigneur de se plonger deux fois dans le même fleuve (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 78).
En appos. avec une valeur adj. Roman-fleuve. Roman caractérisé par sa longueur, ses nombreux personnages, ses vastes thèmes, etc. Honoré d'Urfé commença de faire paraître à Paris, en 1607, la première partie de cet interminable et doux roman [l'Astrée], ancêtre paresseux des romans-fleuves (Brasillach, Corneille,1938, p. 81):
6. C'est une étrange illusion que de croire qu'un romancier se rapproche de la vie en multipliant le nombre de ses héros. Sur le seul trottoir de gauche, entre la Madeleine et le Café de la Paix, il passe, en une heure, infiniment plus de créatures que vous n'en pourriez peindre dans le plus torrentiel des romans-fleuves (...). Les plus grands ouvrages périssent aussi aisément que les plus légers. (...) même les contemporains ne sont pas impressionnés, autant qu'on le pourrait croire, par la masse d'un livre. Je songe à tel roman-fleuve qui roule ses flots à pleins bords, depuis dix ans dans une solitude inviolée. Mauriac, Journal 1,1934, pp. 93-94.
Rem. Gilb. 1971 et Dict. 2 1971 soulignent la fréq. des créations néologiques faites sur le modèle de roman-fleuve : discours-fleuve, film-fleuve, etc.
Prononc. et Orth. : [flœ:v]. Enq. : /fløv/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Mil. xiies. (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, XCII, 3 : Li fluive leverent [levaverunt flumina]); 2. 1641 désigne ce qui est répandu en abondance (Corneille, Cinna, IV, 2 : Songe aux fleuves de sang où ton bras s'est baigné); 3. fig. 1680 désigne ce qui s'écoule régulièrement (Mmede Sévigné, Lettres, éd. Monmerque, VII, p. 124 : toute cette fameuse auberge, tout ce concours de monde me paroît, quoi que vous disiez, un fleuve qui entraîne tout). Empr. au lat. class. fluvius « fleuve ». Fréq. abs. littér. : 5 012. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 358, b) 7 343; xxes. : a) 6 219, b) 5 654. Bbg. Foulet (L.). Fleuve et rivière. Rom. Philol. 1948/49, t. 2, pp. 285-297. − Gougenheim (G.). Lang. pop. et lang. savante en anc. fr. Paris, 1947. − Schmidt (H.-J.), Muller (C.). [Fleuve/rivière]. Praxis. 1975, t. 22, pp. 103-104.

Wiktionnaire

Adjectif - français

fleuve

  1. (Figuré) Qui dure très longtemps, sur le modèle de roman-fleuve.
    • Un roman fleuve ; un discours fleuve.
    • Pour la première fois depuis l’ouverture de ce procès fleuve le 23 septembre, la salle d’audience est comble pour écouter la lanceuse d’alerte, témoin le plus attendu des six mois de débats prévus. — (Le Monde avec AFP, « Pourquoi je tique ? Ça tient à deux petites choses » : au procès du Mediator, le récit d’Irène Frachon, Le Monde. Mis en ligne le 16 octobre 2019)

Nom commun - français

fleuve \flœv\ masculin

  1. (Géographie) Cours d’eau qui se jette généralement dans la mer ou dans l’océan à son embouchure.
    • Le débit, le régime d'un fleuve.
    • Quatre grands fleuves, ayant leurs sources dans les mêmes montagnes, divisaient ces régions immenses : le fleuve Saint-Laurent qui se perd à l’est dans le golfe de son nom, la rivière de l’Ouest qui porte ses eaux à des mers inconnues, le fleuve Bourbon qui se précipite du midi au nord dans la baie d’Hudson, et le Meschacebé qui tombe du nord au midi dans le golfe du Mexique. — (François-René de Chateaubriand, Atala, ou Les Amours de deux sauvages dans le désert)
    • Au réveil, dans les premières blancheurs de l’aube apparaît un fleuve qui tourne sous ses fumées matinales, […]. — (Hippolyte Taine, Voyage en Italie, volume 2, 1866)
    • Cette Mersey, comme la Tamise, n’est qu’une insignifiante rivière, indigne du nom de fleuve, bien qu’elle se jette à la mer. — (Jules Verne, Une ville flottante, Chapitre I)
    • Le succès, déjà, hésitait, lorsque, des montagnes, la Piave, fleuve appauvri, devint soudain un effroyable torrent, emportant les ponts, les bacs, les chaînes de bateaux formant routes de convoi. Vingt régiments, en quelques heures, furent bloqués, adossés au fleuve. — (Jacques Mortane, La Guerre des Ailes : Leur dernier vol, Éditions Baudinière, 1931, page 15)
    • Les grands fleuves, qui n'avaient pas assez de pente pour descendre à la mer, erraient çà et là, comme incertains de la voie à suivre, et croupissaient en grandes flaques stagnantes sur les sables de la côte. — (Edmondo de Amicis, La Hollande, 1878)
  2. (Figuré) (Par analogie) Flot puissant et ininterrompu de personnes ou de choses.
    • Tandis que le lugubre fleuve d'hommes, sinuant à travers les routes encaissées, précipitait vers Pontarlier le débordement de ses vagues, […]. — (Paul Margueritte et Victor Margueritte, Les Tronçons du glaive, 1900)
  3. (Mythologie) Divinité qui préside aux fleuves, et qu’on représente ordinairement sous la figure de vieillard à longue barbe couché sur des roseaux, appuyé sur une urne, la tête ceinte d’une couronne de joncs.
    • Les îles grandissent peu à peu et s'entourent d'une large ceinture de roches tapissées de mousses noirâtres ou de longs fucus bruns qui pendent à leurs flancs comme les roseaux de marbre dont les sculpteurs du dernier siècle ornaient leurs statues de fleuves. — (Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau, L’Archipel de Chausey, souvenirs d’un Naturaliste, Revue des Deux Mondes, tome 30, 1842)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FLEUVE. n. m.
Grand cours d'eau qui d'ordinaire porte ses eaux et conserve son nom jusqu'à la mer. Fleuve profond, rapide, impétueux. Fleuve navigable. Le bord, la rive d'un fleuve. Les eaux d'un fleuve. Le courant du fleuve. Le canal, le lit, le cours d'un fleuve. L'embouchure d'un fleuve. Traverser, passer un fleuve à gué. Il se dit, en termes de Mythologie, des Divinités qui président aux fleuves, et qu'on représente ordinairement sous la figure de vieillards à longue barbe couchés sur des roseaux, appuyés sur une urne, la tête ceinte d'une couronne de joncs. Le peintre, le sculpteur a donné à ce fleuve des formes colossales. Les attributs d'un fleuve. Fig., Une barbe de fleuve, Une barbe longue et bien fournie.

Littré (1872-1877)

FLEUVE (fleu-v') s. m.
  • 1Grand cours d'eau auquel plusieurs rivières servent d'affluents et qui conserve ordinairement son nom jusqu'à la mer. De même que ces fleuves tant vantés demeurent sans nom et sans gloire, mêlés dans l'Océan avec les rivières les plus inconnues, Bossuet, Duch. d'Orl. Ce n'est pas s'opposer à un fleuve que de faire des levées, que d'élever des quais sur ses rives, pour empêcher qu'il ne déborde et ne perde ses eaux dans la campagne, Bossuet, Sermons, Vêture, Mlle de Bouillon, 1. Ainsi commençait une vie dont les suites devaient être si glorieuses, semblables à ces fleuves qui s'étendent à mesure qu'ils s'éloignent de leur source et qui portent enfin partout où ils coulent la commodité et l'abondance, Fléchier, Turenne. Les fleuves se font presque toujours leur lit, Fontenelle, Guglielmini. Des fleuves d'une largeur immense, tels que l'Amazone, la Plata, l'Orénoque, roulant à grands flots leurs vagues écumantes et se débordant en toute liberté, semblent menacer la terre d'un envahissement et faire effort pour l'occuper tout entière, Buffon, Ois. t. XIV, p. 42, dans POUGENS. Les plus grands fleuves de l'Europe sont le Volga qui a environ 650 lieues de cours depuis Reschow jusqu'à Astracan sur la mer Caspienne ; le Danube dont le cours est d'environ 450 lieues depuis les montagnes de Suisse jusqu'à la mer Noire ; le Don…, Buffon, Hist. nat. Preuv. Théorie terr. Œuv. t. II, p. 66, dans POUGENS. Tous les fleuves diminuent de jour en jour, parce que tous les jours les montagnes s'abaissent, Buffon, ib. p. 156. Il y a dans l'ancien continent environ quatre cent trente fleuves qui tombent immédiatement dans l'Océan ou dans la Méditerranée et la mer Noire, Buffon, ib. p. 27. C'est autour de leurs faîtes [des montagnes] que s'assemblent les nuages et les neiges, qui de là se répandant sans cesse, forment tous les fleuves et toutes les fontaines, dont on a si longtemps et si faussement attribué la source à la mer, Voltaire, Physique, Singul. de la nat. 10. Les cantons les plus riches de Hollande ont continuellement le spectacle effrayant de fleuves suspendus à vingt et trente pieds au-dessus du sol, Cuvier, Rév. p. 160. Pour la première fois les eaux de ce fleuve moscovite [le Borysthène] allaient porter une armée française et réfléchir nos armes victorieuses, Ségur, Hist. de Nap. VI, 1.
  • 2Il se dit quelquefois, en poésie, pour désigner une rivière quelconque, pourvu cependant que cette rivière soit donnée dans le moment comme grande.
  • 3 Fig. Ce qui abonde et coule comme fait un fleuve. Songe aux fleuves de sang où ton bras s'est baigné, Corneille, Cinna, IV, 2. Je te plongerai dans un fleuve de délices, Fénelon, Tél. IV.

    Un fleuve d'éloquence, de poésie, une éloquence, une poésie qui coule avec l'abondance et la grandeur d'un fleuve.

  • 4 Poétiquement. Le fleuve de la vie, le cours de la vie. On ne jette point l'ancre dans le fleuve de la vie, Bernardin de Saint-Pierre, Chaum. ind. Il nous faut, dans son cours, Remonter flots à flots le long fleuve des jours, Lamartine, Méd. I, 28.

    Le fleuve de l'éternité, le temps considéré dans son mouvement éternel. Ce n'est qu'en remontant le fleuve de l'éternité que je puis essayer de parvenir à sa source, Voltaire, Princip. d'action, chap. 3.

  • 5 Terme de mythologie. Divinité qui préside à un fleuve. Les attributs d'un fleuve. Absente, quand le fleuve a reçu nos présents, Elle n'a point offert les vœux que notre zèle Adresse chaque jour à ses flots bienfaisants, Delavigne, Paria, II, 6.

    Familièrement. Ruisseler comme un fleuve, dégoutter d'eau, de pluie.

    Terme de sculpture, de peinture ou de théâtre. Personnage allégorique représentant la divinité d'un fleuve et revêtu d'un costume de convention, surtout dans les anciens ballets, dont les sujets étaient le plus souvent mythologiques. Dans des chaconnes et gavottes, J'ai vu des Fleuves sautillants ; J'ai vu danser deux Matelottes, Trois Jeux, six Plaisirs et deux Vents, Panard, Description de l'opéra.

HISTORIQUE

XIIe s. De tote vertut fait à esgardeir li fluives del oevre, se il vient purs fors de la fontaine de la pense [pensée], Job, p. 447.

XIIIe s. De l'autre part, ce m'est avis, Court uns flueves de pa radis, Qui Eufrates est apelés, Fl. et Bl. v. 2007.

XVIe s. On dit en françois trois FFF mauvais voisins, fleuve, fort, frere, Des Accords, Bigarr. p. 159, dans LACURNE.

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Étymologie de « fleuve »

Provenç. fluvi ; ital. fluvio ; du lat. fluvius, de fluere, couler. L'ancien français avait aussi flum qui représente le latin flumen.

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(XIIe siècle) Du moyen français fleuve, de l’ancien français flueve, fluive, floeve, fluie, du latin fluvius (« courant, flot, cours d’eau »). A remplacé l’ancien français flun, flum, du latin flumen (« flot, courant »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « fleuve »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
fleuve flœv

Fréquence d'apparition du mot « fleuve » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « fleuve »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « fleuve »

  • La Loire, un grand fleuve de sable quelquefois mouillé.
    Jules Renard
  • Ce soir, nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde de notre désespoir. Nous ne pouvons même plus penser. Les paroles s’échappent de nos bouches tordues, et, lorsque nous rions, les passants se retournent, effrayés, et rentrent chez eux précipitamment.On ne sait pas nous mépriser.« Nous pensons aux lueurs des bars, aux bals grotesques dans ces maisons en ruines où nous laissions le jour. Mais rien n’est plus désolant que cette lumière qui coule doucement sur les toits à cinq heures du matin. Les rues s’écartent silencieusement et les boulevards s’animent: un promeneur attardé sourit près de nous. Il n’a pas vu nos yeux pleins de vertiges et il passe doucement. Ce sont les bruits des voitures de laitiers qui font s’envoler notre torpeur et les oiseaux montent au ciel chercher une divine nourriture.Aujourd’hui encore( mais quand donc finira cette vie limitée) nous irons retrouver les amis, et nous boirons les mêmes vins. On nous verra encore aux terrasses des cafés.Il est loin, celui qui sait nous rendre cette gaieté bondissante. Il laisse s’écouler les jours poudreux et il n’écoute plus ce que nous disons.  » Est-ce que vous avez oublié nos voix enveloppées d’affections et nos gestes merveilleux? Les animaux des pays libres et des mers délaissées ne vous tourmentent-ils plus? Je vois encore ces luttes et ces outrages rouges qui nous étranglaient. Mon cher ami, pourquoi ne voulez-vous plus rien dire de vos souvenirs étanches? L’air dont hier encore nous gonflions nos poumons devient irrespirable. Il n’y a plus qu’à regarder droit devant soi, ou à fermer les yeux: si nous tournions la tête, le vertige ramperait jusqu’à nous.Itinéraires interrompus et tous les voyages terminés, est-ce que vraiment nous pouvons les avouer ? Les paysages abondants nous ont laisser un goût amer sur les lèvres. Notre prison est construite en livres aimés, mais nous ne pouvons plus nous évader, à cause de toutes ces odeurs passionnés qui nous endorment.
    André Breton et Philippe Soupault —  Les Champs magnétiques
  • Quand le bateau est au milieu du fleuve, il est bien tard pour réparer l’avarie.
    Proverbe chinois
  • Celui qui ne sait pas manoeuvrer un bateau déteste les méandres du fleuve.
    Proverbe chinois
  • En suivant le fleuve, on parvient à la mer.
    Plaute
  • Le fleuve le plus large, on le passe à la source.
    Publius Syrus — Sentences
  • La source désapprouve presque toujours l’itinéraire du fleuve.
    Jean Cocteau — Le Rappel à l’ordre
  • L’homme est un fleuve, la femme est un lac.
    Proverbe kurde
  • En amont de Pont-l’Evêque, de collines verdoyantes en fromageries et de pommeraies en châteaux, ce fleuve côtier et sa vallée recèlent tous les trésors normands.
    Le Monde.fr — Voyage au fil de la Touques, le fleuve made in Normandie
  • La littérature est un fleuve.
    Frank Conroy
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Traductions du mot « fleuve »

Langue Traduction
Anglais river
Espagnol río
Italien fiume
Allemand fluss
Chinois
Arabe نهر
Portugais rio
Russe река
Japonais
Basque river
Corse fiumicciu
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Synonymes de « fleuve »

Source : synonymes de fleuve sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot fleuve au Scrabble ?

Nombre de points du mot fleuve au scrabble : 12 points

Fleuve

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