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Cuir
Sommaire
- Définitions de « cuir »
- Étymologie de « cuir »
- Phonétique de « cuir »
- Fréquence d'apparition du mot « cuir » dans le journal Le Monde
- Citations contenant le mot « cuir »
- Images d'illustration du mot « cuir »
- Traductions du mot « cuir »
- Synonymes de « cuir »
- Combien de points fait le mot cuir au Scrabble ?
Variantes | Singulier | Pluriel |
---|---|---|
Masculin | cuir | cuirs |
Définitions de « cuir »
Trésor de la Langue Française informatisé
CUIR1, subst. masc.
CUIR2, subst. masc.
Défaut de prononciation qui consiste à lier les mots sans raison (plus particulièrement en faisant entendre un « s » pour un « t » à la fin d'un mot, et vice-versa). Faire des cuirs; s'exprimer sans cuirs; parler avec des cuirs. Synon. rare velours :Wiktionnaire
Nom commun - ancien français
cuir \Prononciation ?\ masculin
- Peau (d’homme ou d’animal).
-
(En particulier) Cuir.
-
Et sachiés bien que son escu
Sanloit estre de cuir tané — (L’âtre périlleux, anonyme, manuscrit 1433 français de la BnF)
-
Et sachiés bien que son escu
Nom commun - français
cuir \kɥiʁ\ masculin
-
Peau épaisse de certains animaux.
- L’âne et le mulet ont le cuir extrêmement épais et dur.
-
Peau des animaux, quand elle est séparée de la chair et corroyée.
- Autrefois, nos écorces se vendaient à vil prix, et nos cuirs n’avaient pas une grande valeur ; mais nos écorces et nos cuirs, une fois bonifiés, la rivière nous permit de construire des moulins à tan, il nous vint des tanneurs dont le commerce s’accrut rapidement. — (Honoré de Balzac, Le Médecin de campagne, 1833, édition de 1845, chapitre premier)
- Le cuir est la dépouille d’un gros mammifère (taurin, cheval, chameau, buffle, zébu). […] On distingue globalement les cuirs verts (dépouille brute n’ayant subi aucun traitement), les cuirs secs (dépouille séchée à l’ombre et tendue sur un cadre ou étalée sur une barre), les cuirs salés (dépouille traitée au sel additionné de 0,5% de fluorure de soude, de silicofluorure de soude, de naphtaline ou d’un dénaturant), les cuirs arséniqués (dépouilles immergées dans une solution de 0,5% d’arséniate de soude), les cuirs pickelés (dépouilles traitées avec un mélange de sel et d’acide chlorhydrique). — (Cirad/Gret/MAE, Mémento de l'Agronome, 1 692 p., page 1312, 2002, Paris, France, Cirad/Gret/Ministère des Affaires Étrangères)
- L’écorce de chêne, employée pour le tannage des cuirs, est un élément important de la richesse forestière du département. — (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 173)
- Il choisit avec un soin méticuleux son plus beau caillou, qu’il plaça dans le cuir du lance-pierres, puis, une jambe en avant, l’autre en arrière, le buste cambré, il tendit les élastiques. — (Louis Pergaud, Un sauvetage, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
- Lo…, aidé d’un autre, m’attacha par les poignets et les chevilles avec des lanières de cuir fixées au bois. — (Henri Alleg, La Question, 1957)
-
(Par extension) Objet fabriqué dans une telle peau.
- On l’expulsa de sa jolie cabine,dont le personnage à tête d’oiseau reprit possession, jurant entre ses dents et réemménageant ses cuirs à rasoir, ses tire-bottes d’aluminium, ses brosses, ses miroirs et ses pots de pommade. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 170 de l’édition de 1921)
- Le quartier où tous les dix mètres un grand noir patibulaire vous tendait un paquet de mouchoirs frappé de l’image d'une fille en cuir ou en bikini avec, au dos, le plan d'accès vers un bar à hôtesses. — (Jean-Philippe Depotte, Le chemin des dieux, Éditions Denoël, 2013)
-
(En particulier) (Sport) Ballon de cuir.
- L’appui vidéo a permis de trancher que le cuir avait bel et bien franchi la ligne de justesse. — (Gwenn Lucas, « La France n’a pas forcé son talent pour battre le Honduras (3-0) », Le Soir, juin 2014)
-
Peau de l’homme.
- Rien de très précis, mais un peu comme ces effluves électriques qui vous chatouillent le cuir, avant l'orage, et font se redresser à rebrousse poil la toison intime des ménesses. — (Marcel-Étienne Grancher, Ce mec est contagieux, éditions Champs fleuris, Lyon, 1951, chapitre 1)
- Et il semblait vouloir s’arracher les cheveux. Il se les serait bien tous tirés du cuir sans que je l’en empêchasse. Mais il s’arrêta de lui-même avant de s’être fait grand mal. — (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, réédition Le Livre de Poche, 1967, page 59)
-
(Linguistique) Procédé de langage qui consiste à lier les mots entre eux avec un \t\ qui ne fait partie d’aucun mot. Lorsqu’il s’agit d’un \z\ on parle de velours.
- — Ça n’en aura pas moins été un gniaf qui sera entré ici le premier, comme un sorbonniot, et que toute la valetaille de bureau ou d’office aura salué ! Nous aurons introduit le cuir dans le Conservatoire de la langue française, et flanqué un coup de pied au derrière de la tradition ! — (Jules Vallès, L’Insurgé, G. Charpentier, 1908)
- Pied était pié au moyen âge, le d étant une pure graphie rétablie par la Renaissance : la prononciation pyé t à tèr (pied-à-terre) est donc un cuir légitimé. — (Albert Dauzat, Phonétique et grammaire historiques de la langue française, Larousse, 1950, page 115)
- (sens plus large? à préciser ou à vérifier) Comme elle n’avait aucune instruction et avait peur de faire des fautes de français, elle prononçait exprès d’une manière confuse, pensant que si elle lâchait un cuir il serait estompé d’un tel vague qu’on ne pourrait le distinguer avec certitude, de sorte que sa conversation n’était qu’un graillonnement indistinct duquel émergeaient de temps à autre les rares vocables dont elle se sentait sûre. — (Marcel Proust, Du côté de chez Swann, 1913)
-
(Cuisine) Friandise constituée d’une purée ou d’une compote de fruit séchée.
- Après avoir disposé votre purée au déshydrateur, s’il vous reste du jus, vous pourrez après quelques heures de séchage, le verser sur vos cuirs pour obtenir une surface plus lisse et un cuir plus consistant. — (Tom Press Magazine, Tom Press éditions, n° 13, avril-mai 2016, page 8)
Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
Peau épaisse de certains animaux. L'âne et le mulet ont le cuir extrêmement épais et dur. Il se dit plus ordinairement de la Peau des animaux, quand elle est séparée de la chair et corroyée. Cuir de vache. Cuir cru. Préparer, apprêter, passer, tanner des cuirs. Cuir de Russie. Cuir bouilli. Voyez BOUILLI. Cuir à rasoir, Bande de cuir préparée pour donner le fil aux rasoirs. Il se dit quelquefois de la Peau de l'homme. Des sérosités qui s'amassent entre cuir et chair, Sous la peau. Le cuir chevelu, La peau du crâne qui porte les cheveux. Il se dit aussi populairement d'un Vice de langage qui consiste à lier les mots entre eux d'une façon vicieuse. Faire un cuir, des cuirs.
Littré (1872-1877)
-
1Peau épaisse de certains animaux. L'épaisseur du cuir qui couvre l'éléphant.
Terme d'anatomie. Cuir chevelu, la peau qui recouvre le crâne et où naissent les cheveux.
-
2Peau des animaux séparée de la chair et corroyée. Cuir de vache.
Les cuirs, fruit unique des courses des boucaniers, avaient été le premier objet d'exportation de St-Domingue
, Raynal, Hist. phil. XIII, 35.Nos cuirs dorés, où il n'entre pas la moindre parcelle d'or, montrent que nous savons au moins, dans certains arts, imiter la sage économie de la nature
, Bonnet, Palingén. phil. 11e part. ch. 4.Par plaisanterie, un orfévre en cuir, un savetier.
Cuir bouilli, cuir cuit et préparé qu'on emploie sous diverses formes.
Un visage de cuir bouilli, visage de mauvaise couleur.
Cuir cru, vert ou en vert, cuir qui n'a reçu aucune préparation.
Cuir plaque, cuir tanné et corroyé dans son tan.
Cuir à l'orge, cuir qu'on fait fermenter dans une pâte d'orge.
Cuir à œuvre, cuir mince des petits bœufs.
Cuir de Valachie, cuir préparé dans un passement d'orge.
Cuir en triple, cuir pelé et rincé.
Cuir de Transylvanie, cuir préparé à la farine de seigle.
Cuir de poule, cuir qui sert à faire des gants.
Cuir de Russie ou de Roussi, cuir de vache préparé en Russie. La locution cuir de Russie est la seule correcte ; cuir de Roussi en est une vieille corruption.
Ses souliers étaient si couverts de rubans, qu'il ne m'est pas possible de vous dire s'ils étaient de roussi, de vache d'Angleterre ou de maroquin,
Récit en prose et en vers de la farce des précieuses, Paris, 1660.Cuir de Russie est aussi la peau de phoque tannée avec l'écorce du bouleau noir.
- 3Cuir à rasoir, ou, simplement, cuir, bande de cuir tendue sur une palette pour donner le fil aux rasoirs.
-
4 Familièrement, la peau.
Le beau corps, le beau cuir !
La Fontaine, Roi Cand.C'est bien le cuir plus doux !
La Fontaine, Berc.Une grosse Aricie [l'Aricie de la Phèdre de Racine], au cuir rouge, aux crins blonds, N'est là que pour montrer deux énormes tetons, Que malgré sa froideur Hippolyte idolâtre
, Deshoulières, Poésies, t. II, p. 219, dans LACURNE.Entre cuir et chair, sous la peau.
Fig. et familièrement. Pester entre cuir et chair, s'impatienter sans oser le faire paraître.
- 5Cuir de laine, épaisse et forte étoffe croisée.
-
6Cuir des arbres, le rhacodion xylostome.
Cuir de montagne, cuir fossile, asbeste.
PROVERBE
Faire du cuir d'autrui large courroie, se dit de ceux qui sont libéraux du bien d'autrui.
HISTORIQUE
XIe s. En [pour cela, pour servir son roi] doit hom perdre et du quir et du peil
, Ch. de Rol. LXXVII. Dur [ils] ont le quir ensement come fer
, ib. CCXXXV.
XIIe s. Sur l'espaule senestre l'espée li cula, Le mantel e les dras tresqu'al cuir encisa, E le braz maistre Edward près tut en dous colpa
, Th. le mart. 150. Coustume est de mecine, ke ele la chalor des entrailhes trait par defors el cuir, et de ce dont ele navret par defors sanet ele par dedens
, Job, 489. Un cuir boli [sorte d'armure] a en son dos gité, Par desore ot un clavain afautré
, De Laborde, Émaux, p. 239.
XIIIe s. La carre du roi Phyon fut de cuir d'elephant bouilli, dont le tabernacle et la marcelle fu peint à collors et à vernis
, De Laborde, ib. Si garnissiez si vos chasteax De perrieres, de mangoneax ; Si faites cuir et verge atraire, Fer et merrien por engin faire
, Partonop. Ms. de St-Germain, f° 168, dans LACURNE. Qui cuir voit tailler, Corroies demande, Ce dit li vilains
, Prov. du vilain, Ms. de St-Germ. f° 74, dans LACURNE. Ouvrier de cuir bouilli
, Liv. des mét. 164. Au mains ne puet il pas tout perdre, S'il se devoit au cuir aerdre
, la Rose, 10824. Uns Turs i mist la sele, qui fu à or vernis, Moult fu riches li frains qu'il li a el chief mis ; Son poitral li laça qui fu de cuir bolis
, Ch. d'Ant. IV, 189. S'il y a sanc dont cuirs soit perchiés, li bateres doit estre pris…
, Beaumanoir, XXX, 17. Les veines petites entre cuir et chair
, Alebrand, f° 13.
XIVe s. Une courroye de cuir de lyon, sans nulle ferrure
, De Laborde, Émaux, p. 241. Une ceinture de cuir de lioun, harnessé d'or od camaeux
, De Laborde, ib. p. 240. Deux escrins de cuir boulli que il fit à la royne, l'un pour une nef d'argent, et l'autre pour un charriot d'argent qui porte une nef
, De Laborde, ib. p. 239. Un livre en un fourrel de quir bouli
, De Laborde, ib. Un livre couvert de cuir rouge à empreintes
, De Laborde, ib. p. 240.
XVe s. Un estuy de cuir noir, où il a quatre compas d'argent
, De Laborde, ib. Un grant livre couvert de cuir vermeil et empraint de plusieurs fers
, De Laborde, ib. Le service de la chappelle du Roy, couvert de cuir rouge marqueté
, De Laborde, ib. Jamais mestier aprendre ne voudray ; Car ces ouvriers ont trop courbes les dos ; Je voy qu'ils n'ont que le cuir et les os
, Deschamps, Poésies mss. f° 238, dans LACURNE. Lors s'affiche es estriers dont les couroyes estoient de cuir de soye
, Perceforest, t. II, f° 46.
XVIe s. Un de ces venerables coupeurs de cuir [bourse]
, Despériers, Contes, LXXXIII. L'epiderme, le vray cuir, le pannicule charneux meslé avec la gresse
, Paré, I, 2. Un bonnet de cuir bouilli
, Paré, VIII, 22. On gardera ceste composition bien enveloppée dedans un cuir
, Paré, XXIV, 8. Le fin cuir transparent qui trahit sous la peau Mainte veine en serpent…
, D'Aubigné, Tragiques, liv. III. Il ne faut pas toujours estre chaussé ainsi : Il faut qu'il ait souvent la botte de Roussi, Et l'esperon aux pieds, encore qu'il ne pense Que de passer le jour à l'entour d'une danse
, Discours sur la mode, en 1613.
Encyclopédie, 1re édition (1751)
CUIR fossile, (Hist. nat. Minéral.) aluta montana, corium fossile, C’est une espece d’amiante fort légere : les fibres ou filets qui composent cette pierre font flexibles, & s’entrelacent de maniere qu’ils forment comme des feuillets. M. Wallerius en distingue deux variétés ; la premiere est le cuir fossile grossier ; la seconde est le cuir fossile fin : ce dernier est composé de feuillets fort minces qui le font ressembler à du papier gris, ce qui fait qu’on le nomme aussi papier fossile (papyrus montana). Voyez la minéralogie de Wallerius, tome I. pag. 266 & suiv. (—)
Cuir, s. m. (Tanneur.) c’est la peau des animaux différemment préparée, suivant les divers usages qu’on en veut faire. Voyez Peau & Tanner.
Les cuirs ont divers noms, qu’ils prennent ou de l’état actuel où ils sont, ou de leurs différentes especes, qualité, & apprêts.
Cuir corroyé, est un cuir qui après avoir été pelé, coudré, & tanné, a passé par les mains du corroyeur, qui lui a donné les dernieres préparations, pour le disposer à être employé par ceux qui le mettent en usage. Voyez Corroyer.
Cuir verd ou crud, est celui qui n’a reçû aucune préparation, étant encore tel qu’il a été levé par le boucher de dessus le corps de l’animal. Voyez Boucher.
Cuir salé, est un cuir verd qu’on a salé avec du sel marin & de l’alun, ou avec du salpetre, pour empêcher qu’il ne se corrompe, soit en le gardant trop long-tems dans les caves, soit en le transportant dans les tanneries éloignées pendant les grandes chaleurs.
Cuirs secs à poils ; ce sont pour l’ordinaire des peaux de bœufs, de vaches, ou de bufles, qu’on nous apporte de l’Amérique. Voyez Bufle & Boucannier.
Cuir tanné, est un cuir verd, ou salé, ou sec, dont on fait tomber le poil dans le plain par le moyen de la chaux détrempée avec de l’eau, & qui a été mis ensuite dans la fosse au tan. Voyez Tanner.
Cuir plaqué, est un cuir fort ou gros cuir, qui après avoir été tanné a été séché à l’air, & nettoyé dans son tan.
Les Tanneurs mettent ces sortes de cuirs dans des lieux ni trop humides ni trop secs, bien étendus & empilés les uns sur les autres, avec de grosses pierres ou poids par-dessus pour les bien redresser & applatir ; & c’est cette derniere façon qui leur a fait donner le nom de cuirs plaqués.
Cuir coudré, ou cuir passé en coudrement ; c’est un cuir de vache, de cheval, ou de veau, qu’on a étendu dans une cuve où l’on a jetté de l’eau chaude & & du tan par-dessus, pour le rougir ou coudrer, & pour lui donner le grain.
On ne donne cet apprêt au cuir qu’après l’avoir fait passer par le plain, & avant de le mettre dans la fosse avec le tan. Voyez le diction. du Comm.
Cuir fort ; ce sont de gros cuirs tels que ceux de bœufs, vaches, original, & autres qui ont été préparés dans le plain avec la chaux, & ensuite dans la fosse avec le tan. On les appelle forts, pour les distinguer des autres cuirs plus foibles, comme ceux de veaux, de moutons, d’agneaux, de chevres, & autres semblables.
Les cuirs de vaches tannés en fort, sont ceux qu’on n’a pas passés en coudrement, mais qui ont été tannés à la maniere des cuirs forts. Voyez Tanner.
Cuir doré ; on appelle ainsi une espece de tapisserie faite de cuir, où sont représentées en relief diverses sortes de grotesques relevées d’or, d’argent, de vermillon, ou de différentes autres couleurs.
Cette tapisserie est composée de plusieurs peaux de mouton passées en basanne, coupées en feuilles quarrées, qu’on a cousues les unes avec les autres après leur avoir donné une nouvelle préparation, qui les a disposées à recevoir le relief, l’or, l’argent, les couleurs, & le vernis dont les ouvriers les enrichissent.
Les lieux de France où il se fabrique le plus de tapisserie de cuir doré, sont Paris, Lyon, & Avignon ; il en vient aussi beaucoup de Flandres, qui se manufacturent presque toutes à Lille, à Bruxelles, à Anvers, & à Malines ; celles de cette derniere ville sont les plus estimées de toutes.
Plusieurs prétendent que les premieres tapisseries de cuir doré qui ont parû en France venoient d’Espagne, & que ce sont les Espagnols qui en ont inventé la fabrique : cependant il ne s’en voit plus en France de leur manufacture, soit qu’ils ayent discontinué, ou qu’ils l’ayent transportée en Flandre. Dictionn. du Comm.
Cuir de poule, (Gantier.) peau très-mince dont ces ouvriers font des gants de femme.
Cuir de Hongrie, (Hongrieur.) c’est une espece de cuir qui tire son nom des Hongrois, qui seuls avoient autrefois le secret de le préparer.
Il n’y a pas long-tems que l’on connoît en France la maniere de préparer le cuir de Hongrie. On prétend que ce fut Henri IV. qui en établit la premiere manufacture ; pour cet effet il envoya en Hongrie un tanneur fort habile nommé Roze, qui ayant decouvert le secret, revint en France, où il fabriqua cette espece de cuir avec beaucoup de succès.
Maniere de fabriquer les cuirs d’Hongrie. Toutes sortes de cuirs de bœufs, de vaches, de chevaux, & de veaux, sont propres à recevoir cet apprêt ; mais il s’en fabrique plus de ceux de bœufs que d’autres. Les peaux de bœufs étant arrivées de la boucherie, on en coupe les cornes, & on les fend en deux bandes de la tête à la queue ; après quoi on les écharne sur un chevalet avec un instrument appellé une faux, qui est emmanché par un bout, en prenant bien garde de ne point enlever la fleur du cuir. Voyez la figure 6. Planche de l’Hongrieur. Ensuite on les jette dans la riviere pour y être rincés, dans laquelle néanmoins elles ne doivent pas séjourner long-tems, de crainte que le gravier ne s’y attache. On les retourne de tems en tems avec une longue pince de fer, afin d’en ôter le plus gros du sang qui peut y être resté, & en même tems d’humecter le poil. Après les avoir tirés de la riviere, on les étend cinq ou six à la fois sur un chevalet, le côté de la chair en-dessous, & alors on en rase le poil avec une faux que l’on a soin d’éguiser de tems en tems avec le queux : cela fait, on les rejette encore dans la riviere, où on les laisse boire pendant deux jours plus ou moins, selon le tems, afin d’en faire sortir tout le reste du sang. Cette opération s’appelle désaigner ; ensuite on les tire de l’eau, on les roule, & dans cet état on les met égoutter sur un banc pendant un tems suffisant, & jusqu’à ce qu’il n’en sorte plus d’eau.
Quand les cuirs ont été bien désaignés & égouttés, on les alune, c’est-à-dire que l’on fait bouillir dans de l’eau trois livres d’alun & cinq livres de sel par peau, dans une chaudiere (fig. 7.) qui peut bien contenir douze seaux, d’où on en tire deux seaux que l’on met dans une baignoire, où un ouvrier presque nud foule trois cuirs à la fois pendant une heure, dans lequel tems on renouvelle l’eau quatre fois ; après quoi on retire les cuirs de la baignoire, on les couche pliés en quatre la chair en-dehors dans une cuve. On fait la même opération aux autres peaux ; & lorsque toute la fonte est faite, & toutes les peaux ainsi étalées dans la cuve, on jette cette eau alunée par-dessus les cuirs ; ce qui s’appelle mettre les cuirs en retraite pour prendre de la nourriture.
Le lendemain on les retient & change de cuve, après quoi on fait réchauffer la même eau & on les y trempe pendant trois ou quatre jours l’été, & plus pendant l’hyver ; on les refoule de nouveau, & le lendemain on les met égoutter & sécher à l’air pendus par la culée. Cette opération faite, on les detire ; & quand ils sont à moitié secs, on les dresse, c’est-à-dire que l’on les passe à la baguette (Voyez Baguette & la fig. 5.), après quoi on les met en pile.
Il ne s’agit plus pour lors que de les mettre en suif ; pour cet effet on les roule encore avec la baguette de fleur & de chair, c’est-à-dire des deux côtés, & on les étend sur des perches GGG dans une étuve, pour les préparer à prendre ce suif. Dans cet état on les met sur une table bien étalés, & on les frotte de suif chaud avec un guippon, beaucoup sur la chair, & légerement sur la fleur ; chaque peau prend environ sept à huit livres de suif. On reporte les peaux suiffrées sur une autre table, où on les empile jusqu’à ce que la même opération ait été faite à tous les cuirs. Voyez la fig. 1. Cela fait, deux ouvriers (fig. 3. & 4.) les tiennent suspendus les uns après les autres au-dessus d’une grille de fer C, sous laquelle il y a des charbons allumés, afin que la chaleur fasse pénétrer le suif dans le cuir ; ensuite on les remet à l’étuve pendant une demi-heure, toûjours la chair en-dessus, après quoi on les met sécher sur des perches. Le lendemain l’ouvrier y applique sa marque, les pese, & en marque le poids.
Les instrumens dont se servent les Hongrieurs pour la fabrique du cuir d’Hongrie, sont une broüette pour porter les peaux à la riviere & les en rapporter ; un couteau ordinaire pour en ôter les cornes ; un chevalet & une faux emmanchée d’un manche de bois ; un queux pour aiguiser la faux ; un banc pour les égoutter ; une chaudiere pour faire bouillir le suif ; des seaux pour en puiser l’eau ; une baignoire pour fouler les cuirs ; des cuves pour leur faire prendre nourriture ; des perches pour les étendre ; la baguette E pour les couler ; une table pour les suiffrer ; une grille de fer pour leur faire prendre le suif ; un guippon pour y appliquer le suif ; & un fourneau pour faire chauffer l’alun & le suif. Voyez chacun de ces articles à leur lettre.
Cuirs de balles, termes d’Imprimeur, ce sont des peaux de mouton crues dont la laine a été séparée, & qui sont préparés pour l’usage des Imprimeries. On taille dans ces peaux des coupons d’environ deux piés & demi de circonférence, lesquels servent à monter les balles. On a soin de les entretenir humides, au moyen d’une autre peau de cette espece qui les double, & que l’on appelle doublure. Voyez Balles & Laine.
Cuir (monnoie de), Commerce : l’histoire est remplie de faits où les évenemens & les occasions pressantes ont forcé des princes, des généraux d’armées, ou des gouverneurs, de faire frapper des monnoies de cuir.
On coupoit un morceau de cuir noir en cercle, & on passoit au centre une espece de clou d’or ou d’argent, & au lieu de le river, on le frappoit au marteau à l’opposition de la tête avec un poinçon à fleur-de-lis, & l’on attachoit un prix selon les occurrences à cette espece de monnoie.
On en trouve dans les cabinets des curieux. Il y en eut de frappées sous Louis IX. le royaume ayant été épuisé alors d’argent par les malheurs qui suivirent l’entreprise de la Terre-Sainte. Voyez Croisade.
Cuir à rasoir, (Perruq.) est une bande de cuir préparé, appliquée sur un morceau de bois qui lui sert de manche, & à l’aide de laquelle on donne le fil aux rasoirs, & on en adoucit le tranchant en les frottant dessus, après qu’ils ont été repassés sur la pierre.
On fait à présent de ces sortes de cuirs qui sont quarrés, & ont quatre faces moins unies les unes que les autres, sur lesquelles on passe successivement le rasoir, en commençant par la surface la moins polie, & finissant par la plus douce, afin d’adoucir le rasoir par degrés.
Étymologie de « cuir »
Génev. cuer, couer (l'r sonne) ; wallon, cûr ; namurois, cû ; provenc. cuer, cur ; anc. catal. cuyr ; espagn. cuero ; ital. cuojo ; du latin corium ; grec, χόριον.
- (1080) quir (Chanson de Roland). Du latin cŏrĭum (« peau (cuir, robe) des animaux » ; « peau de l’homme ») [1].
Phonétique du mot « cuir »
Mot | Phonétique (Alphabet Phonétique International) | Prononciation |
---|---|---|
cuir | kµir |
Fréquence d'apparition du mot « cuir » dans le journal Le Monde
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Citations contenant le mot « cuir »
-
Nous ne sommes pas sur cette terre pour filtrer des boissons et faire cuire des aliments, mais pour contribuer au perfectionnement de notre âme.
Sénèque -
Pauvre, celui qui fait cuire la cognée et du fer en attendant le bouillon.
Proverbe arabe -
Parler ne fait cuire le riz.
Proverbe chinois -
Pourquoi s'embêter à faire cuire les plateaux-télé ? Je les suce congelés.
Woody Allen -
Il a ainsi indiqué avoir été frappé et avoir reçu plusieurs coups de couteau. Il présentait en effet trois plaies peu profondes au niveau du cuir chevelu mais son pronostic vital n’était pas engagé.
Faits-divers - Justice | Grenoble : blessé au cuir chevelu par des coups de couteau -
Comme tout, il ne faut pas abuser des lavages de cheveux, au risque de déséquilibrer le PH, et d’entraîner des douleurs cutanées. En effet, un nettoyage (trop) régulier, risque d’assécher le cuir chevelu et de provoquer une desquamation, telle que la dermatite séborrhéique (un état chronique d'inflammation). Conseils de pro : Préférer laver les cheveux 1 à 2 fois par semaine. En prime, ce « sevrage » évitera aux cheveux de graisser davantage.
Marie France, magazine féminin — 12 raisons qui expliquent pourquoi nos cheveux et notre cuir chevelu souffrent -
Je me suis marié parce que ça donnait le droit à un costume pur laine et des chaussures en cuir : voilà où ça mène l’élégance.
Michel Audiard — Carambolages -
La préservation de la santé vaut mieux qu'une cuirasse.
Hakim Meysari — Les Premiers Poètes persans -
Dans un même pot, on ne peut pas cuire deux plats différents.
Proverbe chinois -
Pour faire des chaussures, il ne suffit pas d'avoir du cuir et un marteau.
Geiler de Kaysersberg
Images d'illustration du mot « cuir »
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Traductions du mot « cuir »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | leather |
Espagnol | cuero |
Italien | pelle |
Allemand | leder |
Chinois | 皮革 |
Arabe | جلد |
Portugais | couro |
Russe | натуральная кожа |
Japonais | レザー |
Basque | larruzko |
Corse | coghju |
Synonymes de « cuir »
Source : synonymes de cuir sur lebonsynonyme.frCombien de points fait le mot cuir au Scrabble ?
Nombre de points du mot cuir au scrabble : 6 points