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Chevalier

Variantes Singulier Pluriel
Masculin chevalier chevaliers
Féminin chevalière chevalières

Définitions de « chevalier »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHEVALIER1, subst. masc.

I.− HISTOIRE
A.− ANTIQ. (en partic. à Rome). Membre de l'ordre équestre intermédiaire entre les patriciens et les plébéiens :
1. ... j'aurais été étouffé sous les rapports et les ordonnances comme Clélie sous les bracelets d'or et les boucliers des chevaliers romains; ... A. Dumas Père, Comment je devins auteur dramatique,1833, introd., p. 29.
B.− Moy. Âge occidental
1. Noble, plus rarement bourgeois, admis dans l'ordre de la chevalerie. Chevalier preux; Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche; armer* qqn chevalier :
2. Balian était le type même du « courtois chevalier » selon l'idéal de notre douzième siècle, prudent et sage autant que vaillant. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 246.
Proverbes. Nul chevalier sans prouesse. Faveurs, femmes et deniers font de vachers chevaliers.
Chevalier du guet. Commandant des Archets du guet qui assurait la garde de nuit dans les grandes villes. Jehan de Harlay, écuyer, garde de l'office de chevalier du guet de nuit de la ville de Paris (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 53).
2. Membre d'un ordre religieux et militaire. Chevalier teutonique; chevalier de Malte, de Rhodes, du Temple.
Chevaliers-banquiers (en parlant des Templiers) :
3. Joinville conseilla de contracter un emprunt auprès des Templiers, puisque l'Ordre faisait ouvertement la banque. Le Commandeur du Temple refusa. Pour respectueux que fût Louis IX des privilèges des ordres, il fut suffoqué. Mandaté par lui, Joinville se rendit sur la maîtresse galère du Temple, où se trouvaient les coffres-forts des chevaliers-banquiers. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 367.
3. Jeune noble se vouant au service d'une dame. Je me suis déclaré le chevalier de la jeune et charmante Délie (Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 2, 1795, p. 205).
Mod., souvent iron. Être le chevalier servant d'une dame. L'entourer d'hommages, de soins assidus :
4. ... il [l'auteur] a tant d'intérêt à faire entendre qu'au moment où l'actrice [Jenny Colon] ignorait l'amour et jusqu'à l'existence du chevalier servant, ... Durry, Gérard de Nerval et le mythe,1956, p. 41.
4. LITT. Héros de roman. Les Chevaliers de la table ronde.
Chevalier errant, c'est-à-dire « itinérant ». Chevalier allant par le monde pour combattre dans les tournois et redresser les torts :
5. ... je n'aimais pas du tout que mon héros servît de modèle au chevalier de la triste figure. (...) Pour m'empêcher de trahir, je fis régner la terreur dans ma tête et dans mon vocabulaire, je pourchassai le mot d'héroïsme et ses succédanés, je refoulai les chevaliers errants,... Sartre, Les Mots,1964, p. 144.
Rem. Encore à une époque plus récente : (Don Quichotte), chevalier à la triste figure. Et Don Quichotte! Le chevalier de la triste figure pense à l'Espagnole, déforme toutes choses (Barrès, Gréco, 1911, p. 141).
C.− [Noblesse d'Ancien Régime] Noble dont le degré est en-dessous de celui du baron :
6. La maison de Cadignan, qui possède le titre de duc de Maufrigneuse pour ses fils aînés, tandis que tous les autres se nomment simplement chevaliers de Cadignan, est une de ces familles exceptionnelles. Balzac, Les Secrets de la princesse de Cadignan,1839, p. 302.
Rem. On rencontre ds la docum. le fém. chevalière aux sens de a) Femme d'un chevalier. P. métaph. La sœur Eustoquie acheva de s'y dessiner en docte héroïne, en chevalière de la grâce (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 165). b) Femme appartenant à un ordre de chevalerie (cf. Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 474). Chevalières de Saint-Jacques de l'Épée.
II.− Moderne
A.− Membre d'un ordre.
1. Membre d'un ordre nobiliaire d'inspiration religieuse. Les chevaliers de Malte.
2. Membre d'un ordre honorifique. Chevalier de la Légion d'honneur, de l'ordre du Mérite. Premier degré de ces ordres :
7. Il [Dufour] se donnait pour lieutenant et chevalier de la Légion d'Honneur. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 216.
Rem. ,,Sans fém. Madame X a été nommée chevalier de la Légion d'Honneur`` (Bonn.-Leis. 1970).
B− Au fig.
1. Celui qui se dévoue à une noble cause :
8. Il [Déroulède] désire une occasion d'être sublime, de se conduire en héros, en martyr, avec noblesse, avec désintéressement, bref en chevalier, et nul doute qu'il ne se conduise ainsi si l'occasion s'en présente. Barrès, Mes cahiers,t. 10, 1913-14, p. 311.
Loc. Se poser en chevalier pour qqn; se faire le chevalier de qqn. Se dévouer pour quelqu'un :
9. ... j'avais là des amis inconnus qui s'entendirent pour conjurer l'orage : entre autres un tanneur à qui j'ai su toujours gré de s'être posé pour moi en chevalier dans cette belle affaire, quoique je ne lui eusse jamais parlé. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 341.
2. Péj. Chevalier d'industrie. Personne qui se livre à des activités peu scrupuleuses, aventurier, escroc :
10. Ces gens de l'hôtellerie et de la limonade manquent de psychologie : ils prennent un chevalier d'industrie avec de faux bijoux à tous les doigts pour un prince authentique... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 77.
Rem. On rencontre également le fém. chevalière d'industrie. Il [le valet] est de moitié avec tous les chevaliers et toutes les chevalières d'industrie (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin; t. 2, 1812, p. 16).
P. anal. Chevalier + compl. introd. par de.Homme dont l'honnêteté est douteuse. Chevalier d'aventure, de fortune, de la lune :
11. ... il est question des deux fils, ces chevaliers du biceps, se battant tous les soirs et mettant en bouillie les gens d'un coup de poing. E. et J. de Goncourt, Journal,1895, p. 779.
III.− [P. anal. de forme ou de couleur] SC. NAT.
A.− Oiseau d'eau au long bec et aux doigts légèrement palmés appartenant à la famille de la bécasse (cf. P. Vialar, L'Homme de chasse, 1961, p. 135).
B.− Poisson aux couleurs vives vivant surtout dans les mers chaudes et appartenant à la famille du saumon.
Rem. Attesté ds Lar. 19e, Lar. Lang. fr. et ds Quillet 1965.
Prononc. et Orth. : [ʃ(ə)valje]. Pour [ə] muet cf. chemin. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 dr. féodal chevaler (Roland, éd. J. Bédier, 359); 1130-40 chevalier (Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 29); spéc. ca 1130 armer quelqu'un a chevalier (Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 332); ca 1170 chevalier errant (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1117); ca 1275 fém. chevaliere « femme de chevalier » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11551); 1690 (Fur. : Chevalier s'est dit [...] de ceux qui ont entrepris de servir & de proteger une Dame); 1762 se faire le chevalier de quelqu'un (Ac.); 1855 fig. se poser en chevalier pour quelqu'un (supra ex. 9); 2. a) 1512 « celui qui reçoit une décoration instituée par un souverain » (Livre des ordonnances des chevaliers de l'ordre du tres chrestien roy de France Louys XI a l'honneur de Sainct Michel ds Chev. Topo-); d'où 1606 désigne un titre de noblesse (Nicot); b) 1538 [d'apr. FEW t. 2, p. 3] 1549 chevalier « membre de certains ordres militaires et religieux » (Est.); ironiquement 1555 chevalier de l'ardente espée (J. Tahureau, 1erDial. du Democritic, p. 18 ds Hug.); 1633 iron. chevaliers de l'industrie (De La Geneste, trad. de Quevedos, Historia de la Vida del Buscón d'apr. FEW, s.v. caballarius, note 3 et Cor., s.v. caballo, note 4); 1713 chevalier d'industrie (Gongam ou l'Homme prodigieux, etc., 2eédition. A Paris, chez Pierre Prault, in-8o, tom. 1er, p. 99 ds Michel); 1732 fém. chevaliere « femme qui appartient à un ordre de chevalerie » (Trév.); 3. 1548 hist. romaine chevalier « citoyen romain, membre de l'ordre équestre » (Ét. de la Planche, trad. des Cinq prem. Liv. des Annales de Tacite, L. III, p. 128 ds Hug.); 4. sc. nat. a) 1555-57 ornith. (Bel[on], 1. 4 ds Rich.); b) 1814 ichtyol. ombre-chevalier (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature, p. 227). Du b. lat. caballarius attesté au sens de « cavalier » dans les gloses (TLL s.v. et Hollyman, p. 130, note 8) puis de « guerrier à cheval » (807 [?] Capitulaire des rois francs ds Nierm.) d'où « homme tenu à fournir certains services avec un cheval » (mil. ixes. ds Mittellat. W. s.v., 2, 11) puis « homme appartenant à l'ordre des chevaliers » (ca 961, ibid., 2, 18), « vassal qui accomplit le service chevaleresque » (fin ixes., Relations des comtes de Foix avec la Catalogne ds Nierm.); v. aussi Hollyman, pp. 129-135. Chevalier d'industrie est la trad. de l'esp. caballero de industria, le mot étant passé du castillan dans toutes les lang. européennes. Au sens 3, chevalier traduit le lat. eques (cf. caballus qui a évincé equus). Voir J. Flori ds Le Moyen Âge, t. 81, 1975, pp. 219-244 et 407-447.
STAT. − Chevalier1 et 2. Fréq. abs. littér. : 4 180. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 10 903, b) 5 961; xxes. : a) 3 526, b) 3 156.
BBG. − Deutschmann. Z. rom. Philol. 1953, t. 69, p. 136. − Gougenheim (G.). De chevalier à cavalier. In : [Mél. Hoepffner (E.)]. Paris, 1949, pp. 117-126. − Goug. Mots t. 1, 1962, p. 165. − Russo (V.). Cavaliers et clerc. Filologia romanza. 1959, t. 6, pp. 305-322; Studi francesi. 1961, t. 5, p. 128.

CHEVALIER2, IÈRE, adj. et subst.

A.− Emploi adj., rare
1. Qui rappelle la noblesse et la générosité du chevalier. Avoir une âme chevalière :
1. Toute cette générosité jeune et chevalière promue (...) cette race de grâce, cette race de sainteté si particulière, si chevalière, si généreuse, si libérale, si française. Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo,1910, p. 804.
P. ext. :
2. Ma dernière lettre était du genre cavalier, plutôt que chevalier. À peine fut-elle partie, que j'en eus du remords. Pardonnez-la-moi. Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 1028.
2. Synon. de cavalier2* :
3. Au fond, Gringoire, comme M. Despréaux, était « très peu voluptueux ». Il n'était pas de cette espèce chevalière et mousquetaire qui prend les jeunes filles d'assaut. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 116.
B.− Subst., BIJOUT. Bague à la chevalière ou absol. chevalière. Bague à gros chaton sur lequel sont gravées des armoiries ou des initiales :
4. La Citrouille leva en l'air sa main grasse et molle ornée à l'auriculaire d'une chevalière énorme. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 177.
Prononc. et Orth. : [ʃ(ə)valje], [ʃ(ə)valjε:ʀ]. Le 2eest attesté ds Ac. 1932 au sens de bague. Étymol. et Hist. 1. Adj. 1548 « relatif au chevalier (romain) » Fortune chevalière [Fortuna equestris] (Ét. de la Planche, trad. des Cinq. prem. Liv. des Annales de Tacite, L. iii, p. 128), rare; 1600 « relatif à un chevalier » (Cl. Fauchet, Origines des Chevaliers, à Gilles de Souvré ds Hug.); 2. 1818 redingote à la chevalière (Observateur des modes, II, I, p. 16 ds Fr. mod., t. 20, 1952, p. 300); 1820 bague à la chevalière (Ibid., VI, p. 415, loc. cit.); d'où 1821 subst. chevalière (Ibid., VII, 520, loc. cit.). Même mot que chevalier1*. Fréq. abs. littér. Chevalière : 32. Bbg. Greimas (A.-J.). Nouvelles dat. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 300.

Wiktionnaire

Adjectif - français

chevalier \ʃə.va.lje\

  1. Noble, chevaleresque.
    • Avoir une âme chevalière.
    • cette race de grâce, cette race de sainteté si particulière, si chevalière, si généreuse, si libérale, si française. — (Charles Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo, 1910)
  2. Cavalier.
    • Au fond, Gringoire, comme M. Despréaux, était « très peu voluptueux ». Il n’était pas de cette espèce chevalière et mousquetaire qui prend les jeunes filles d’assaut. — (Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, Librairie Ollendorff, 1904 (1re éd. 1832), page 79)

Nom commun - ancien français

chevalier masculin

  1. Chevalier, cavalier.
    • Se part di Cordes otout si chevalier. — (Roncevaux, page 31, XIIe siècle)

Nom commun 2 - français

chevalier \ʃ(ə.)va.lje\ masculin

  1. (Ornithologie) Espèce d’oiseau petit échassier limicole appartenant à la famille de la bécasse, au long bec.
    • Le chevalier guignette est un oiseau démonstratif, bien visible, très actif, se déplaçant plus que les deux autres espèces. — (Patrice Christy, William V Clarke, Guide des oiseaux de São Tomé et Príncipe, Éditions Ecofac, 1998, page 48)
  2. (Mycologie) Synonyme de tricholome équestre.

Nom commun 1 - français

chevalier \ʃə.va.lje\ masculin (pour une femme, on peut dire : chevaleresse, chevalière)

  1. (Antiquité) Membre de l’ordre équestre de Rome.
    • Les chevaliers romains avaient un cheval entretenu aux dépens de la République et portaient un anneau d’or pour marque de leur dignité.
    1. (Antiquité) Citoyen athénien qui servait dans la cavalerie.
  2. (Noblesse) Celui qui avait reçu l’ordre de la chevalerie.
    • Au bout de ce temps, il vit apparaître un chevalier armé de toutes pièces au bout du chemin creux. — (Alexandre Dumas, Othon l’archer, 1839)
    • Faveurs, femmes et deniers font de vachers chevaliers.
    • Chevalier teutonique, chevalier de l’ordre de Malte.
    1. Noble de rang inférieur au baron.
      • La maison de Cadignan, qui possède le titre de duc de Maufrigneuse pour ses fils aînés, tandis que tous les autres se nomment simplement chevaliers de Cadignan, est une de ces familles exceptionnelles. — (Honoré de Balzac, Les Secrets de la princesse de Cadignan, 1839)
    2. Jeune noble se vouant au service d’une dame.
      • Chevalier servant.
      • Je me suis déclaré le chevalier de la jeune et charmante Délie. — (Mme de Genlis, Les Chevaliers du Cygne, 1795)
    3. (À notre époque) Membre d’un ordre religieux, militaire ou civil.
      • Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur.
      • La bourgeoisie devait être nombreuse à Auvillar, écrit le docteur Labat, puisque, sous la Restauration, on y comptait une douzaine de chevaliers de Saint-Louis. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
      • Il n’a pas relevé le titre désuet de chevalier (« Je ne le porte pas, parce que ce n’est pas l’usage »), qui sonne désormais léger et un peu libertin, et n’eût certes pas convenu au sérieux mari de Noémi, mais que le voyageur du Grand Tour aurait à la rigueur pu porter. Le chevalier de Lorraine, le chevalier d’Éon, le chevalier de La Barre, le chevalier de Seingalt, le chevalier de Valois, le chevalier Des Touches… Le chevalier Cleenewerck n’eût pas trop mal fait. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 175)
  3. (Figuré) Serviteur, accompagnateur.
    • Il […] se faisait fort de créer, pour le roi et le pape, une armée de quarante-quatre mille dévoués, chevaliers de l’infaillibilité papale, pour exterminer, de concert avec l'Espagne, les Turcs et les jansénistes. — (Jules Michelet, Du prêtre, de la femme, de la famille, 3e édition, Hachette & Paulin, 1845, page 111)
  4. (Héraldique) Meuble représentant un chevalier en armure dans les armoiries. Il est souvent représenté à cheval et toujours en armure. Son équipement (armes, bouclier…) doit être blasonné. À rapprocher de champion, chevalier du Temple et templier.
    • D’azur à un chevalier brandissant une épée, monté sur un cheval galopant, le tout d’argent, qui est de la commune de Pompignan du Tarn-et-Garonne → voir illustration « armoiries avec un chevalier »
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHEVALIER. n. m.
Celui qui avait reçu l'ordre de la chevalerie. Chaque chevalier avait un écuyer. Preux, noble, loyal chevalier. Chevalier félon, discourtois. François Ier fut fait chevalier par le chevalier Bayard. Il fallait être chevalier pour se battre contre un chevalier. Armer quelqu'un chevalier, Le recevoir chevalier. Chevaliers errants, Chevaliers que les poètes du moyen âge dépeignent comme voyageant pour châtier les méchants, protéger les opprimés et soutenir l'honneur et la beauté de leurs dames envers et contre tous. Fig., Être le chevalier d'une dame, Lui être attaché, lui rendre des soins. Fig., Se faire le chevalier de quelqu'un, Prendre sa défense avec chaleur. Fig., Se conduire en vrai chevalier, Montrer de la noblesse et de la courtoisie dans ses procédés. Fig. et fam., Agir en chevalier français, Se conduire suivant les règles de la galanterie française. Fig. et fam., C'est le chevalier de la triste figure, C'est un homme d'aspect malheureux. Il se disait également de Celui qui avait été reçu dans un ordre militaire et religieux. Les chevaliers de l'ordre Teutonique. Les chevaliers de Malte, etc. Il signifie encore Celui qui a été reçu dans une association militaire ou autre, établie par un souverain ou par un État. Chevalier de la Légion d'honneur, du Mérite agricole, Chevalier de la Jarretière, de la Toison d'or. Les chevaliers du Saint-Esprit portaient le cordon bleu. Création, promotion de chevaliers.

CHEVALIER entrait dans toutes sortes d'expressions qui désignaient des fonctions d'un ordre élevé dans l'ancienne France. Chevalier d'honneur, Conseiller d'épée, qui avait séance et voix délibérative dans les cours souveraines. Il se dit encore, dans certaines Cours, du Principal officier qui accompagne une reine ou une princesse de la famille royale quand elles sortent. Chevalier d'honneur de la reine. La charge de chevalier d'honneur. Chevalier du guet, Nom que l'on donnait au commandant d'une compagnie de gardes qui faisaient le guet la nuit dans Paris. Fig., et fam., Chevalier d'industrie, se dit d'un Homme qui vit d'adresse, d'expédients. En parlant des Romains, il se dit de Ceux qui composaient le second des trois ordres de la République. L'ordre des chevaliers. Les chevaliers romains avaient un cheval entretenu aux dépens de la République et portaient un anneau d'or pour marque de leur dignité. Cicéron était né chevalier romain. Il se disait aussi, à Athènes, des Citoyens à qui leur fortune permettait de servir dans la cavalerie et qui formaient une classe distincte. Il se dit encore du Premier grade dans certains ordres honorifiques, Chevalier de la Légion d'honneur.

Littré (1872-1877)

CHEVALIER (che-va-lié ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel l's se lie : les che-va-lié-z et leurs dames) s. m.
  • 1Citoyen du deuxième des trois ordres dans la république romaine. Romulus partagea le peuple en patriciens, chevaliers et plébéiens. Ce nom leur fut donné parce que les chevaliers avaient un cheval entretenu aux frais de l'État. À la fin de la république les chevaliers avaient la ferme des revenus publics. Cicéron appartenait à l'ordre des chevaliers.
  • 2Au moyen âge, celui qui avait reçu l'ordre de la chevalerie. Le chevalier se disait miles dans le latin du moyen âge. Des chevaliers français tel est le caractère, Voltaire, Zaïre, II, 3.

    Armer quelqu'un chevalier, le recevoir chevalier, cérémonie dans laquelle on remettait au nouveau chevalier ses armes, ce qui se disait dans l'ancienne langue l'adouber.

    Chevalier errant, chevalier qui allait par le monde se présenter aux tournois, jouter contre tout venant, et ainsi acquérir los et renom. Ferons-nous d'Émile un chevalier errant, un paladin ? Rousseau, Ém. IV.

    Fig. Se faire le chevalier de quelqu'un, prendre sa défense avec chaleur.

    Le chevalier d'une dame, celui qui lui rend des soins assidus.

  • 3Membre d'un ordre religieux et militaire. Les chevaliers du Temple, de Malte.
  • 4Celui qui a obtenu la décoration d'un des ordres institués par un souverain ; et, spécialement, celui qui a le dernier grade dans les ordres qui en comptent plusieurs. Chevalier de la Légion d'honneur.

    Chevalier des ordres du roi, chevalier de Saint-Michel et du Saint-Esprit.

    Chevalier de l'ordre du roi, chevalier de Saint-Michel.

    Chevalier de l'ordre, chevalier du Saint-Esprit.

    Chevalier est un titre de noblesse au-dessous de baron en France, et de baronnet en Angleterre. Votre fils le chevalier.

  • 5Chevalier d'honneur, le principal officier de la maison de la reine ou d'une princesse, chargé de lui donner la main quand elle sort ; et même quelquefois celui qui accompagne une dame, qui lui donne le bras. Si j'avais l'honneur insigne d'être le chevalier d'une aussi charmante femme que madame Gastoul, Ch. de Bernard, la Cinquantaine, § 1.
  • 6Anciennement, chevaliers ès lois, ceux qui avaient obtenu le titre de chevalier à cause de leur capacité dans la jurisprudence. Les chevaliers ès lois prenaient le titre de maîtres.

    Chevalier d'honneur, conseiller d'épée, qui avait séance et voix délibérative dans les cours souveraines.

  • 7Chevalier du guet, commandant d'une compagnie de gardes qui faisaient le guet.
  • 8 Fig. Chevalier d'industrie, homme qui vit d'expédients, escroc. Grand auteur de la confrérie Des chevaliers de l'industrie, Adorable roi de Tunis… En moi, ton pauvre Lazarille… Influe un trait de ta clarté, Le voyage de Sens, V. 93 (Poësies et lettres de M. DASSOUCI, Paris, 1653, petit in-12, p. 139) Vous vous faites nommer monsieur le chevalier, Et vous êtes de ceux dont la chevalerie N'eut jamais à Paris d'ordre que l'industrie, Montfleury, La fille capitaine, I, 8. Je n'ai pas besoin de connaître votre grief contre Laboissière pour savoir que c'est un vrai chevalier d'industrie, Ch. de Bernard, le Gendre, § 10.
  • 9Chevaliers de l'arc ou de l'arquebuse, bourgeois formés en compagnie et s'exerçant au tir de l'arc ou de l'arquebuse. Je l'ai vu cette nuit, ce charmant petit dieu [l'Amour] ; il planait dans les airs ; il était à la tête de toutes les brigades des chevaliers de l'arquebuse, Dancourt, le Prix de l'arquebuse, sc. 5.
  • 10Chevalier s'est dit autrefois au jeu des échecs pour cavalier.
  • 11 Terme de chasse. Petit chevalier, bécasseau.
  • 12Ombre-chevalier, ou, simplement, chevalier, poisson du genre salmone.
  • 13 Au féminin, chevalière, femme qui a le rang de chevalier, ou épouse d'un chevalier. Ce terme n'est guère employé que dans le style badin. Voilà notre famille fort anoblie ; mon capitaine fera aussi ma sœur chevalière ; il lui donnera tantôt l'accolade, Dancourt, les Vacances, sc. 23. Je suis son chevalier, elle est ma chevalière, Dancourt, le Prix de l'arquebuse, sc. 19.

    Fig. Pourvu que seulement La tour hospitalière Où je pendrai mon nid, Ait, vieille chevalière, Un panache de lierre Sur son front de granit, Hugo, Odes, V, 25.

  • 14Bague à la chevalière, ou, simplement, chevalière, anneau large et plat.

PROVERBES

Nul chevalier sans prouesse.

Faveurs, femmes et deniers font de vachers chevaliers.

HISTORIQUE

XIe s. De vasselage [vaillance] fut assez chevaler, Ch. de Rol. III. Sur pailes blancs siedent cil cevaler, ib. VIII. Il nen i a chevaler ne baron…, ib. CLXXIV.

XIIe s. Entrez est à certes li cavaillers Pharo, ot [avec] carres et ot cavalers en la mer, Liber psalmorum, p. 238. [Il] Se part di Cordes otout si chevalier, Ronc. p. 31. Il les regrete com chevavaliers gentis, ib. p. 86. Itel valor doit avoir cheliers, ib. p. 87. Gautiers de Luz fut mout bon chevalier, ib. p. 94. Se je savoie un courtois chivalier, Qui de ses armes fu loués et prisiés, Je l'aimeroie de gré et volontiers, Romancero, p. 71. Dunc enveia li reis à lui ses chevaliers, Th. le mart. 43.

XIIIe s. Grans chevaliers ne va mie seus [seul], Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 74. Trois ans [il] fu chevaliers, pleins fu de courtoisie, Berte, II. Que Aleman estoient chevalier de haut prix, ib. v. Chevaliers ne bourgeois, vilains ne païsant, ib. CVII. Il dist qu'à Pentecoste chevaliers [il] les fera, ib. CVIII. Chevaliers de plaiz et d'assises, Qui par vos faites vos justices Sans jugement aucunes foiz, Cuidiezvos toz jors ensi faire ? Rutebeuf, 119. Nis se li peres estoit chevaliers et il espousoit une serve, si seroient tuit li enfant serf qu'il aroit de li, Beaumanoir, XLV, 15. Et je dis au connestable que je seroie son chevalier, et il m'en mercia moult, Joinville, 227. Quant je reving à ma nef, je mis en ma petite barge un escuier que je fiz chevalier, Joinville, 214.

XIVe s. Et pour ce les chevaliers semblent estre fors et avoir la vertu requise en batailles, Oresme, Eth. 84.

XVe s. Et mirent tantost et incontinent grand foison de clercs en œuvre pour assembler chevaliers et escuyers de tous costés, Froissart, II, III, 77. Si elle te eust mené ainsy que doit mener chevalier errant son varlet, lequel il ne doit trop plaindre de ses travaulx, ne trop louer de ses bons services, ne trop enrichir devant la fin, Perceforest, t. II, f° 101. Chevalier sans espée n'est que femme sans quenoille, ib. t. IV, f° 157.

XVIe s. La jeune vigne sera labourée de cette sorte d'œuvre appellée houer ou fousser à chevalier ; ce mot de chevalier vient de ce que le travailleur assemble la terre entre ses jambes, se faisant un relevement sur lequel il se treuve comme à cheval ; plus belle et plus utile œuvre est le double-chevalier, qui…, De Serres, 169. Les chevaliers [pièce aux échecs] sont mes escrits et vers, Qui font un saut aux autres tant divers, Saint-Gelais, 80. Chevaliers et gendarmes, brigands, Leroux de Lincy, Proverbes, t. II, p. 74. Faveurs, femmes et deniers Font de vachiers chevaliers, Leroux de Lincy, ib. Hier vacher, huy chevalier, Leroux de Lincy, ib. Nul chevalier sans prouesse, Leroux de Lincy, ib. On appeloit communement messieurs de Bayard, de la Crotte et le capitaine Frontailles, chevaliers sans peur et sans reproche ; qualité certes très belle et des plus belles du monde à qui l'a merité porter, voire plus que tous les noms des seigneuries du monde, Brantôme, Cap. fr. t. I, p. 126, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHEVALIER. Ajoutez :
15Chevalier était un titre qui se donnait souvent aux cadets de bonne maison. C'est un homme de vingt-huit ans, intime ami de Monsieur de Tulle, qui s'en va avec lui ; nous le voulions nommer le chevalier Mascaron ; mais je crois qu'il surpassera son aîné, Sévigné, 6 mai 1672.
16Nom donné aux cloutiers. Les chevaliers sont tenus de rendre un certain nombre de clous par kilogramme de fer employé, l'Opin. nationale, 30 mai 1876, 3e p. 4e col.
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Encyclopédie, 1re édition (1751)

CHEVALIER, s. m. (Hist. anc.) nom que les Romains donnoient au second ordre de la république. On sait que l’état de Rome étoit partagé en trois corps. Les patriciens qui étoient proprement les peres de la patrie, c’est à-peu-près ce que signifie leur nom : ils avoient aussi le nom de sénateurs, parce qu’ils formoient le corps du sénat, qui étoit composé des anciens de leur ordre. Les chevaliers venoient ensuite, & formoient le second corps de l’état : il y en avoit un grand nombre, ils faisoient la force des armées Romaines, & ne combattoient qu’à cheval ; c’est d’où ils tirent leur nom, soit Latin, soit François. Ils parvenoient quelquefois à la dignité de sénateurs, & la république leur donnoit & entretenoit pour le service militaire un cheval tout équipé : mais dans les derniers tems de la république ils s’en dispenserent, & devinrent publicains, c’est-à-dire fermiers des impôts. La marque de leur ordre étoit une robe à bandes de pourpre, peu différente de celle des sénateurs, & au doigt un anneau d’or, avec une figure ou un emblème gravé sur une pierre sinon précieuse, du moins de quelque prix. On sait qu’Annibal ayant vaincu les Romains, envoya plusieurs boisseaux de ces anneaux ; & c’est des pierres qu’on y employoit, que nous sont venues toutes ces pierres gravées, qui sont aujourd’hui l’ornement des cabinets des antiquaires. A chaque lustre, les censeurs passoient en revûe les chevaliers en les appellant chacun par leur nom ; & s’ils n’avoient pas le revenu marqué par la loi pour tenir leur rang, equester census, que quelques-uns fixent à dix mille écus, ou s’ils menoient une conduite peu reglée, les censeurs les rayoient du catalogue des chevaliers, leur ôtoient le cheval, & les faisoient passer à l’ordre des plébéiens : on les cassoit aussi, mais pour un tems, lorsque par négligence leurs chevaux paroissoient en mauvais état. Sous les empereurs, l’ordre équestre déchut peu-à-peu ; & le rang de chevaliers ayant été accordé par les empereurs à toutes sortes de personnes, & même à des affranchis, on ne le regarda plus comme une marque d’honneur. Ovide, Ciceron, Atticus, étoient chevaliers.

Chevalier, (Hist. mod.) signifie proprement une personne élevée ou par dignité ou par attribution au-dessus du rang de gentilhomme. Voyez Gentilhomme & Noblesse.

La chevalerie étoit autrefois le premier degré d’honneur dans les armées ; on la donnoit avec beaucoup de cérémonies à ceux qui s’étoient distingués par quelqu’exploit signalé. On disoit autrefois adouber un chevalier, pour dire adopter un chevalier, parce qu’il étoit réputé adopté en quelque façon fils de celui qui le faisoit chevalier. Voyez Adoption.

On pratiquoit plusieurs cérémonies différentes pour la création d’un chevalier : les principales étoient le soufflet, & l’application d’une épée sur l’épaule ; ensuite on lui ceignoit le baudrier, l’épée, & les éperons dorés, & les autres ornemens militaires, après quoi, étant armé chevalier, on le conduisoit en cérémonie à l’église.

Les chevaliers portoient des manteaux d’honneur fendus par la droite, rattachés d’une agraffe sur l’épaule, afin d’avoir le bras libre pour combattre. Vers le xv. siecle il s’introduisit en France des chevaliers en lois, comme il y en avoit en armes ; leurs manteaux & leurs qualités étoient très-différentes. On appelloit un chevalier d’armes, messire ou monseigneur, & le chevalier de loi n’avoit que le titre de maître un tel. Les premiers portoient la cote d’armes armoiriée de leur blason, & les autres une robe fourrée de vaire, & le bonnet de même.

Il falloit être chevalier pour armer un chevalier : ainsi François I. fut armé chevalier avant la bataille de Marignan par le chevalier Bayard, qu’on appelloit le chevalier sans peur & sans reproche.

Cambden a décrit en peu de mots la façon dont on fait un chevalier en Angleterre : Qui equestrem dignitatem suscipit, dit-il, flexis genibus leviter in humero percutitur ; princeps his verbis affatur : Sus vel sois chevalier au nom de Dieu, surge vel sis eques in nomine Dei ; cela doit s’entendre des chevaliers-bacheliers, qui sont en Angleterre l’ordre de chevalerie le plus bas, quoiqu’il soit le plus ancien.

Souvent la création des chevaliers exigeoit plus de cérémonies, & en leur donnant chaque piece de leur armure, on leur faisoit entendre que tout y étoit mystérieux, & par là on les avertissoit de leur devoir. Chamberlain dit qu’en Angleterre, lorsqu’un chevalier est condamné à mort, on lui ôte sa ceinture & son épée, on lui coupe ses éperons avec une petite hache, on lui arrache son gantelet, & l’on biffe ses armes. Pierre de Beloy dit que l’ancienne coûtume en France pour la dégradation d’un chevalier, étoit de l’armer de pié-en-cap comme s’il eût dû combattre, & de le faire monter sur un échaffaud, où le héraut le déclaroit traitre, vilain, & déloyal. Après que le roi ou le grand-maître de l’ordre avoit prononcé la condamnation, on jettoit le chevalier attaché à une corde sur le carreau, & on le conduisoit à l’église en chantant le pseaume 108. qui est plein de malédictions, puis on le mettoit en prison pour être puni selon les lois. La maniere de révoquer l’ordre de chevalerie aujourd’hui en usage, est de retirer à l’accusé le collier ou la marque de l’ordre, que l’on remet ensuite entre les mains du thrésorier de cet ordre.

La qualité de chevalier s’avilit avec le tems par le grand nombre qu’on en fit. On prétend que Charles V. ou, selon d’autres, Charles VI. en créa cinq cents en un seul jour : ce fut pour cette raison qu’on institua de nouveaux ordres de chevalerie, pour distinguer les gens selon leur mérite. Pour les différens ordres de chevalerie en Angleterre, voyez les artic. Bachelier, Banneret, Baronet, Bains, Jarretiere, &c.

Chevalier s’entend aussi d’une personne admise dans quelqu’ordre, soit purement militaire, soit militaire & religieux tout ensemble, institué par quelque roi ou prince, avec certaines marques d’honneur & de distinction. Tels sont les chevaliers de la jarretiere, de l’éléphant, du saint-Esprit, de Malthe, &c. Voyez-les sous les articles Jarretiere, &c.

Chevalier errant, prétendu ordre de chevalerie, dont tous les vieux romans parlent amplement.

C’étoient des braves qui couroient le monde pour chercher des avantures, redresser les torts, délivrer des princesses, & qui saisissoient toutes les occasions de signaler leur valeur.

Cette bravoure romanesque des anciens chevaliers étoit autrefois la chimere des Espagnols, chez qui il n’y avoit point de cavalier qui n’eût sa dame, dont il devoit mériter l’estime par quelqu’action héroïque. Le duc d’Albe lui même, tout grave & tout sévere qu’il étoit, avoit, dit-on, voüé la conquête du Portugal à une jeune beauté. L’admirable roman de dom Quichotte est une critique fine & de cette manie, & de celle des auteurs Espagnols à décrire les avantures incroyables des chevaliers errans.

Il ne faut pas croire cependant que les chevaliers errans se voüassent simplement à une dame qu’ils respectoient ou qu’ils affectionnoient : dans leur premiere origine c’étoit des gentilshommes distingués qui s’étoient proposés la sureté & la tranquillité publique ; ce qui a rapport à l’état de la noblesse sous la troisieme race. Comme les anciens gouverneurs de provinces avoient usurpé leurs gouvernemens en titre de duché pour les grandes provinces, & de comté pour de moindres, ce qui a formé les grands vassaux de la couronne ; de même les gentilshommes des provinces voulurent usurper à titre d’indépendance les domaines dont ils étoient pourvûs, ou qu’ils avoient reçûs de leurs peres. Alors ils firent fortifier des châteaux dans l’étendue de leurs terres, & là ils s’occupoient, comme des brigands, à voler & enlever les voyageurs dans les grands chemins ; & quand ils trouvoient des dames, ils regardoient leur prise comme un double avantage. Ce desordre donna lieu à d’autres gentilshommes de détruire ces brigandages : ils couroient donc les campagnes pour procurer aux voyageurs la sûreté des chemins. Ils prenoient même les châteaux de ces brigands, où on prétendoit que les dames qu’on y trouvoit étoient enchantées, parce qu’elles n’en pouvoient sortir. Depuis on a fait par galanterie, ce qui d’abord s’étoit fait par nécessité. Voilà quelle fut l’origine des chevaliers errans, sur lesquels nous avons tant de romans.

Chevalier-maréchal, est un officier du palais des rois d’Angleterre, qui prend connoissance des délits qui se commettent dans l’enceinte du palais ou de la maison royale, & des actes ou contrats qu’on y passe, lorsque quelqu’un de la maison y est intéressé.

Chevaliers de la province, ou Chevaliers du parlement, ce sont en Angleterre deux gentilshomme riches & de réputation, qui sont élus en vertu d’un ordre du roi, in pleno comitatu, par ceux des bourgeois de chaque province qui payent quarante schelins par an de taxe sur la valeur de leurs terres, pour être les représentatifs de cette province dans le parlement.

Il étoit nécessaire autrefois que ces chevaliers des provinces fussent milites gladio cincti, & même l’ordre du roi pour les élire est encore conçû en ces termes ; mais aujourd’hui l’usage autorise l’élection de simples écuyers pour remplir cette charge.

Chaque chevalier de province, ou membre de la chambre des communes, doit avoir au moins cinq cents livres sterling de rente : à la rigueur c’est à la province qu’ils représentent à payer tous leurs frais ; mais aujourd’hui il arrive rarement qu’on l’exige. Voyez Parlement. (G) (a)

Chevalier du bain, (Hist. mod. d’Angl.) ordre militaire en Angleterre. On a déjà donné sur cet ordre, au mot Bain, un détail instructif, auquel nous n’ajoûterons que peu de lignes.

Il est singulier qu’on ignore le tems de l’institution de cet ordre de chevalerie, qui fut en honneur au moins depuis Henri IV. jusqu’au tems de Charles II. & qui depuis ce prince fut entierement négligé, & presque oublié jusqu’en 1725, que le roi Georges I. le ressuscita par une création de trente-six nouveaux chevaliers. La cérémonie fut somptueuse ; elle coûta plus de trente mille livres sterling au roi, & quatre ou cinq cents à chaque chevalier. Le duc de Montauge en fut nommé grand-maître, & cette dignité lui valut sept à huit mille pieces. Le chevalier Robert Walpole, dès-lors regardé comme premier ministre, porta l’étendart. Le roi pour concilier plus de faveur à cet ordre ressuscité, déclara qu’il seroit comme la pepiniere des chevaliers de la jarretiere. Mais les desirs, les intentions, les volontés des rois, ne sont guere mieux réalisées après leur mort que celles des particuliers. Art. communiqué par M. le chevalier de Jaucourt.

Chevalier baronet, (Hist. mod. d’Angl.) classe de nobles en Angleterre, entre les barons & les simples chevaliers. Voyez le mot Baronet, & ajoûtez-y le détail suivant.

La prodigalité de Jacques I. le mettant toûjours à l’étroit, il eut enfin recours en 1614 à un projet formé par le comte de Salisbury : c’étoit de créer des chevaliers baronets, qui faisoient un corps de noblesse mitoyen entre les barons & les chevaliers ordinaires. Le nombre en fut d’abord fixé à deux cents ; mais le roi n’en fit que cent à la premiere promotion, suivant Rapin Thoiras, & seulement dix-neuf, suivant Tindal.

Dans les actes de justice on devoit ajoûter aux titres de ces chevaliers, celui de baronet, avec le nom de sire, & leurs femmes devoient être qualifiées de lady. Leur place à l’armée fut établie au gros près de l’étendart du roi, pour la défense de sa personne. Afin de donner quelque couleur à cette nouvelle institution, les patentes porterent qu’ils entretiendroient chacun 30 soldats en Irlande pendant trois ans, à raison de huit sous par jour pour chaque soldat, ou qu’ils payeroient mille quatre-vingt-quinze livres sterling, & que le roi se chargeroit d’entretenir ces troupes en Irlande. Aussi est-ce la coûtume pour ceux qui depuis ce tems-là ont été reçus à cet ordre, d’avoir une quittance endossée à leurs lettres patentes de la même somme de mille quatre-vingt-quinze livres sterling, destinée au même usage ; & faute d’un pareil endossement, plusieurs baronets furent obligés, sous le regne de Charles II. de payer cette somme de mille quatre-vingt-quinze livres sterling. Voyez Tindal. Art. communiqué par M. le chevalier de Jaucourt.

Chevalier. (Jurisp.) Nous avons en cette matiere à parler de plusieurs sortes de chevaliers ; savoir, les chevaliers du guet, les chevaliers d’honneur, & les chevaliers ès lois.

Chevalier du guet est un officier d’épée préposé à la garde de la ville avec un certain nombre d’hommes à pié & à cheval. Le guet n’étoit autrefois en faction que la nuit, c’est pourquoi le chevalier du guet étoit appellé præfectus vigilum. Présentement à Paris une partie du guet monte aussi la garde le jour. Le chevalier du guet de Paris étoit établi dès le tems de S. Louis ; il avoit voix délibérative lorsqu’on jugeoit les prisonniers pris par sa compagnie, suivant une déclaration du 27 Novembre 1643. Cet office a été supprimé ; celui qui est présentement à la tête du guet a le titre de commandant.

On avoit aussi créé en 1631 & 1633 des offices de chevalier du guet dans toutes les grandes villes ; mais ils ont été supprimés en 1669, à l’exception de ceux qui étoient créés plus anciennement, tels que celui de Lyon.

Chevalier d’honneur, est un officier d’épée qui a rang, séance, & voix délibérative dans certaines compagnies de justice : il y en a dans quelques cours supérieures, dans les bureaux des finances, & dans les présidiaux : ils ne peuvent assister au jugement des procès criminels qu’ils ne soient gradués. Voyez les édits, déclarations, & arrêts indiqués dans Brillon, au mot chevalier, n. 5.

Chevalier de justice, est un titre que prennent certains chevaliers, pour signifier qu’ils n’ont point été dispensés des preuves de noblesse.

Chevalier ès lois, étoit un officier de justice auquel le roi conféroit le titre de chevalier. On distinguoit autrefois ces chevaliers des chevaliers d’armes. Guillaume Flotte chancelier de France, Guillaume Bertrand, Jean du Chastelier, Simon de Bucy premier président du parlement, Pierre de Senniville, tous nommés en 1340 dans une déclaration de Philippe de Valois pour le privilége de l’université de Paris, sont qualifiés chevaliers en lois.

Froissard, liv. I. ch. lxxvij. dit pareillement que Simon de Bucy étoit chevalier en lois. Il donne aussi la même qualité à Renaud de Sens.

Plusieurs chanceliers & autres magistrats furent faits chevaliers.

Jacques de Beauquemar premier président du parlement de Roüen, fut fait chevalier par Charles IX. le 26 Septembre 1566. Voyez le traité de la noblesse par de Laroque, chap. cv. (A)

Chevalier, s. m. (Ornit.) pluvialis major. Ald. limosa venetorum. Gesn. oiseau aquatique qui pese sept onces : il a quinze ou seize pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’au bout des pattes ; l’envergure est d’environ vingt-deux pouces ; le bec est mince, & de couleur noire, à l’exception de l’angle de la piece inférieure qui est rouge ; il a deux pouces & demi de longueur. Le sommet de la tête, la face supérieure du cou, le dessus des ailes, les épaules, & la partie antérieure du dos, sont de couleur brune mêlée de couleur cendrée ou blanchâtre : les bords des plumes du sommet de la tête sont blancs, & le milieu est noir : le croupion & le dessous de l’oiseau sont blancs. Il y a vingt-six grandes plumes brunes dans les ailes ; les cinq premieres sont d’un brun foncé, & leurs barbes intérieures sont parsemées de points blanchâtres ; les dernieres grandes plumes sont de couleur moins foncée, & ont de petites taches blanches : la queue a environ trois pouces de longueur ; elle est composée de douze plumes sur lesquelles il y a des bandes transversales & ondoyantes, alternativement brunes & blanches. Les pattes sont fort longues, & dégarnies de plumes jusqu’à deux pouces au-dessus de la premiere articulation ; leur couleur est mêlée de verd, & de couleur livide : le doigt postérieur est petit ; les ongles sont noirs, & le doigt extérieur est uni au doigt du milieu à sa naissance.

On a donné le nom de chevalier aux piés verts à cet oiseau, à cause de la couleur de ses piés ; il y en a un autre que l’on a nommé le chevalier aux piés rouges, parce qu’il a les piés d’un jaune rougeâtre : son bec est un peu plus court que celui du premier ; son cou & sa tête sont d’un brun cendré ; il a une ligne blanche au-dessus des yeux ; au reste ces deux oiseaux se ressemblent. Willughby, ornith.

Selon Belon, le chevalier, calidris, a été ainsi nommé parce qu’il a les jambes fort longues, & qu’il paroît aussi haut monté qu’un cavalier. On en distingue deux sortes, le rouge & le noir : le premier est appellé chevalier rouge, ou chevalier aux piés rouges, parce qu’il a les pattes de cette couleur & le bec, à l’exception du dessus qui est noirâtre : il a le ventre blanc ; les plumes de la tête & du cou, celles qui sont sous les ailes & sous le croupion, sont de couleur cendrée : la racine des plumes de cet oiseau est noire ; il a deux taches de la même couleur sur les tempes, & une blanche sur les sourcils : les doigts de devant sont joints par une membrane, & celui de derriere est petit. Cet oiseau ayant le corps fort petit en comparaison de la longueur de ses jambes, il ne faut pas s’étonner s’il court fort legerement. On le trouve dans les prairies, & sur le bord des rivieres & des étangs ; il se met ordinairement dans l’eau jusqu’aux cuisses. Cet oiseau est excellent à manger ; c’est un des meilleurs oiseaux de riviere.

Le chevalier noir a dès sa naissance les pattes noires & le bec, excepté auprès de la tête ; la partie de la piece supérieure qui y touche est rougeâtre ; son plumage a aussi plus de noir ; le corps est d’une couleur cendrée noirâtre. Belon, hist. de la nat. des oiseaux, liv. IV.

Willughby soupçonne que ces deux sortes de chevaliers pourroient bien être le mâle & la femelle de la même espece, & que dans ce cas le chevalier aux piés rouges seroit la femelle. Voyez Oiseau. (I)

Chevalier, (Jeu.) c’est le nom d’une piece aux échecs. Voyez Echecs.

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Étymologie de « chevalier »

Cheval ; bourguig. chevôlai ; provenç. cavallier, cavayer ; espagn. caballero ; portug. cavalleiro ; ital. cavaliere.

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(Nom 1, adjectif) (XIIe siècle)[1] Du latin caballarius (« palefrenier », « écuyer »), dérivé de caballus (« cheval »). Le sens concret de « homme à cheval » est repris par cavalier emprunté à l’italien.
(Nom 2) (XVIe siècle)[1] Même mot adapté à l’ornithologie.
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Phonétique du mot « chevalier »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
chevalier ʃœvalje

Fréquence d'apparition du mot « chevalier » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « chevalier »

  • Un romancier est un preux chevalier qui à force d'affronter ses fantômes apprend à distinguer les causes d'envergure des farces qui finissent en queue de poisson.
    Marc Gendron — Le Noir et le blanc
  • C'est le mariage qui fait le pouvoir : le chevalier ne convoite une femme que pour les richesses qu'elle peut lui apporter et celui qui réussit un bon mariage se hausse au rang des puissants.
    Georges Duby — Entretien avec Antoine de Gaudemar - Octobre 1984
  • Chaque chevalier parle de ses armes.
    Proverbe français
  • Le cheval, comme chacun sait, est la part la plus importante du chevalier.
    Jean Giraudoux — Ondine
  • Si nos armées n'étaient faites que de chevaliers qui combattent par choix et par liberté, quelle plus grande beauté humaine pourrait-il y avoir que la guerre ?
    Robert Brasillach — Comme le temps passe
  • Un romancier est un preux chevalier qui à force d'affronter ses fantômes apprend à distinguer les causes d'envergure des farces qui finissent en queue de poisson.
    De Marc Gendron / Le Noir et le blanc
  • Le cheval, comme chacun sait, est la part la plus importante du chevalier.
    De Jean Giraudoux / Ondine
  • Chaque chevalier parle de ses armes.
    De Proverbe français
  • C'est le mariage qui fait le pouvoir : le chevalier ne convoite une femme que pour les richesses qu'elle peut lui apporter et celui qui réussit un bon mariage se hausse au rang des puissants.
    De Georges Duby / Entretien avec Antoine de Gaudemar - Octobre 1984
  • Si nos armées n'étaient faites que de chevaliers qui combattent par choix et par liberté, quelle plus grande beauté humaine pourrait-il y avoir que la guerre ?
    De Robert Brasillach / Comme le temps passe

Images d'illustration du mot « chevalier »

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Traductions du mot « chevalier »

Langue Traduction
Anglais knight
Espagnol caballero
Italien cavaliere
Allemand ritter
Portugais cavaleiro
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Synonymes de « chevalier »

Source : synonymes de chevalier sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « chevalier »

Combien de points fait le mot chevalier au Scrabble ?

Nombre de points du mot chevalier au scrabble : 17 points

Chevalier

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