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Champion

Variantes Singulier Pluriel
Masculin champion champions

Définitions de « champion »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHAMPION, ONNE, subst.

A.− Subst. masc., HIST. Celui qui combattait en champ clos pour défendre la cause d'une autre personne ou la sienne propre. Un brave, un vaillant champion; il s'offrit à cette dame pour être son champion. Ces champions sont des braves, dont le métier est de se battre pour le compte d'autrui, en combat judiciaire, à l'épée ou au bâton (Faral, La Vie quotidienne au temps de st Louis,1942, p. 77).
P. ext. Combattant de grand mérite. Fam. Tout combattant opposé à un autre. Un grand vieillard (...) qui avait dû, au temps des guerres de Vendée, être un rude champion, un redoutable adversaire des Bleus (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 403).
Expr. proverbiale, fam., iron. C'est un vaillant champion. Un homme peu courageux (cf. Ac. 1798-1878).
Au fig. Celui qui se consacre à la défense d'une cause ou d'une personne, se fait l'incarnation des aspirations, des idées d'un groupe. Louis IX champion infatigable de la justice, de l'opprimé, du faible; personnification sublime de la chevalerie chrétienne dans toute sa pureté (Montalembert, Hist. de ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. LXXX; cf. audacieux ex. 3):
1. Quelque chose de pharamineusement paradoxal et d'éminemment drolatique, c'est de voir ce porcin, ce pignouf, ce muflard, cet ouvreur de portières, aussi bien au physique qu'au moral, se faire le champion de l'art spiritualiste, le chevalier de l'idéal, le lord protecteur des aspirations bleu de ciel, ... E. et J. de Goncourt, Journal,1885, p. 411.
2. Bientôt, il put se mouvoir facilement dans ce monde assez compliqué. Il y devint même une force morale : le champion des femmes auxquelles on manque d'égards, et la bête noire de quelques-uns de ces petits messieurs qu'on voit trop à la suite de certaines beautés. Larbaud, Fermina Marquez,1911, p. 37.
SYNT. Champion de la démocratie, des droits de l'homme, de l'Église, d'une idée, de l'ordre établi, de la royauté; se faire ouvertement le champion de...
B.− Subst. masc. ou fém.
1. SP. Athlète ou équipe qui a remporté la première place dans un concours, une épreuve sportive ou un match organisé pour l'obtention de ce titre. Elle était championne internationale de golf (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 152).P. ext. Athlète de premier ordre représentant son pays (cf. athlète ex. 3) :
3. Je n'ai qu'un tout petit rôle vous savez. Je suis champion du monde de boxe et le jeune premier qui n'est autre que Valmègue me met nokaoute au troisième round et devient à son tour champion du monde. Queneau, Loin de Rueil,1944, p. 173.
SYNT. Un très grand champion; un champion olympique; champion de France, du monde; champion de boxe, de ski; des titres de champion.
JEUX. Champion de bridge, d'échecs.
2. Fam. Personne qui excelle dans une activité, un domaine quelconque. La mère Bertine, championne du battoir et du pilon à beurre (H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 43; cf. aussi athlète ex. 5).
Emploi adj., fam. ou pop. De premier ordre, excellent. Cette fille est championne!; pour faire des gaffes, il est champion.
Adj. inv. [En parlant de pers., d'actes] Digne d'admiration. C'est champion, c'est un coup champion (Rob.Suppl.1970).Alors on voyage aussi? Champion, hein, l'Acropole? (Daninos ds Colin1971) :
4. Il [Sandre] me disait : « Le liège, c'est vivant, c'est classique, c'est champion, c'est la vie éternelle... » L. de Vilmorin, Migraine,1959, p. 17.
Rem. Le fém. est inus. sauf en des emplois fam. au sens A. En revanche, il est empl. dans le vocab. des sp. au xxes. sans nuance péjorative.
Prononc. et Orth. : [ʃ ɑ ̃pjɔ ̃], fém. [-pjɔn]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. Champion 1. ca 1100 campiun « celui qui combat en champ clos pour soutenir une cause » (Roland, éd. J. Bédier, 2244); 1130-60 champïon (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 501 ds T.-L.) − av. 1507 (Molinet, Chron., éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. II, p. 313 [année 1492]), devenu ensuite terme hist.; 1704 [en Angleterre] champion du roi (Trév.); 2. p. ext. 1552 « combattant quelconque (pour une cause) » (Est.); 1668 « homme qui combat » (La Fontaine, Fables, I, 13 ds Littré); n'est plus empl. dans la lang. class. que dans le style burlesque (Brunot t. 4, p. 329); 3. 1560 fig. « celui qui défend une pers., une cause » (E. Pasquier, Recherches de la France, 799 ds IGLF); 4. 1877, 14 juill., sports, v. championnat. II. Championne 1. 1558 « femme qui soutient un combat contre qqn » (Des Périers, Nouvelles récréations, 63, éd. L. Lacour, p. 227); 1663 (Molière, L'Étourdi, V, 9), rare; 2. 1803 « femme hardie » (Boiste); 3. 1922 championne à la course (Colette, La Maison de Claudine, p. 50). I du germ. *kampjo « combattant dans un duel judiciaire » (J. Brüch ds Z. rom. Philol., t. 38, 1914-17, pp. 697-698 et t. 40, 1920, pp. 691-695; REW3, no4671; FEW t. 16, p. 299b; Bl.-W.5; Dauzat 1973; v. aussi Diez5, p. 83) par l'intermédiaire du lat. médiév. campio « id. » attesté en 643 ds Mittellat. W. s.v., 132, 30 sous la forme camfio, var. campio, v. aussi Nierm.; le germ. *kampjo (que l'on peut déduire de l'a. h. all. chempf(j)o, m. h. all. kempfe « combattant dans un combat singulier », ags. cempa, a. nord. kappi « combattant », Kluge20, s.v. Kämpfe) est dér. du germ. kamp « lieu du combat », lui-même empr. par les mercenaires germ. au lat. class. campus (champ1*) « lieu du combat », p. méton. « combat » qui au vies. prit le sens de « champ clos du duel judiciaire », Nierm. et de « duel judiciaire », ibid. L'hyp. d'une orig. frq. du fr. (EWFS2; Gam. Rom.2t. 1, p. 278) semble à écarter étant donnée l'apparition relativement tardive du mot dans le domaine franc (ixes., v. Brüch, loc. cit., t. 40, p. 694 et Mittellat. W.). Le syntagme fr. champion du roi est le calque de l'angl. champion of the king 1672 ds NED; un empr. sém. à l'angl. pour 4 (Mack. t. 1, p. 165; Barbier ds Mod. Lang. R., t. 16, 1921, p. 93) est improbable, ce sens attesté dans toutes les lang. européennes, étant facilement dér. des sens précédents. II fém. de I. Fréq. abs. littér. : 376. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 443, b) 396; xxes. : a) 424, b) 753. Bbg. Becker (K.). Sportanglizismen im modernen Französisch. Meisenheim, 1970, p. 24, 25, 94, 333. − Brüch 1913, p. 39. − Goug. Mots t. 1, 1962, p. 62.

Wiktionnaire

Adjectif - français

champion masculin

  1. Qui est le meilleur en son genre.
    • Le département champion de la natalité présente dans l’ensemble de notre étude une importance dont je me sens intimidé. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Elle faisait une sauce bolognaise. Pour une petite Alsacienne, elle était champion du côté des sauces ritales. Chipolatas, petits oignons, thym, laurier, vin rouge, elle touillait. — (Claude Darville, La petite mort d'Alsace, Paris : Éditions Fleuve noir, 1975)

Nom commun - français

champion \ʃɑ̃.pjɔ̃\ masculin (pour une femme, on dit : championne)

  1. (Histoire) Autrefois, celui qui livrait en champ clos un combat judiciaire, pour son compte ou celui d'une autre personne.
    • Il s'offrit à cette dame pour être son champion.
    • Les champions prirent chacun de leur côté le champ qu’ils crurent nécessaire, mirent leurs lances en arrêt, et revinrent l’un sur l’autre au galop de leurs chevaux. — (Alexandre Dumas, Othon l’archer, 1839)
  2. Défenseur.
    • Champion de la foi.
    • (Ironique) Il est le champion de toutes les mauvaises causes.
    • D'après mes propres conjectures sur le texte de l'anonyme, auteur du Bellum Hispaniense, et quelques renseignements recueillis dans l'excellente bibliothèque du duc d'Ossuna, je pensais qu'il fallait chercher aux environs de Montilla le lieu mémorable où, pour la dernière fois, César joua quitte ou double contre les champions de la république. — (Prosper Mérimée, Carmen, 1845 ; réédition Pocket, 1990, page 29)
    • Le prince, se remettant peu à peu, et voyant qu’il n’effrayait pas les deux champions ; ayant d’ailleurs dans sa conscience et lisant dans leurs yeux le souvenir du consentement qu’il leur avait donné la veille, s’assit sur le bord de son lit, croisa les bras, et, les regardant d’un air de juge, leur dit encore avec une voix imposante :
      — Mais enfin, qu’avez-vous donc fait ?
      — (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, Michel Lévy frères, 1863)
    • Bientôt, il put se mouvoir facilement dans ce monde assez compliqué. Il y devint même une force morale : le champion des femmes auxquelles on manque d’égards, et la bête noire des quelques-uns de ces petits messieurs qu’on voit trop à la suite de certaines beautés. — (Valery Larbaud, Fermina Márquez, 1911, réédition Le Livre de Poche, pages 41-42)
  3. (Sport) Athlète qui, dans une compétition, a remporté la première place.
    • Je jouai même aussi une exhibition de tennis contre le champion de Panama, que je gagnai malgré mon peu d’entraînement. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Anthony Borden-Smythe. Sue l'appelait Anthony Barbant-Smith, prétendait qu'il descendait de la célèbre famille Barbant, que son père avait barbé toute l'Angleterre et que son grand-père était le fameux champion olympique des barbeurs. — (Rosamunde Pilcher, Retour en Cornouailles, traduit de l'anglais par Claire Beauvillard, Presses de la Cité, 1996)
    • Mais après avoir remporté haut la main le chalenge des glisseurs RGP, te voilà championne WRC de rallye. — (Claude Quelennec, Ada et le nouveau monde, Éditions Le Manuscrit, 2010, page 290)
  4. (Par extension) (Sport) Sportif qui excelle dans sa discipline.
    • Un champion de golf.
  5. (Par antiphrase) Personne idiote ou stupide.
    • C’est un vrai champion celui-là.
  6. (Par antiphrase) Terme utilisé pour apostropher ironiquement une personne dont on se moque.
    • OK, champion, je vais aller t'en chercher, de l'argent. — (David Goudreault, La bête à sa mère, Stanké, 2015, page 48)
  7. (Héraldique) Meuble représentant un combattant à pied dans les armoiries. Il est généralement représenté en armure et armé. Son équipement doit être blasonné. À rapprocher de chevalier, chevalier du Temple et templier.
    • De gueules, à un champion armé de toutes pièces d’argent, tenant une hallebarde d’or, qui est de Brucan de la Fresnaye → voir illustration « armoiries avec un champion »
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHAMPION. n. m.
Celui qui soutenait en champ clos une querelle judiciaire pour son compte ou pour celui d'autrui. Il signifie aussi figurément Défenseur. Champion de la foi. Par ironie, Il est le champion de toutes les mauvaises causes. Par extension, il se dit du Représentant d'une société, d'une région, d'un pays, qui gagne un championnat. Le champion de France a vaincu les autres à la lutte.

Littré (1872-1877)

CHAMPION (chan-pi-on) s. m.
  • 1Celui qui combattait en champ clos.

    Celui qui soutenait en champ clos une querelle judiciaire pour son compte ou pour celui d'autrui. Ceux qui ne pouvaient combattre de leur personne fournissaient des champions.

    En Angleterre, champion du roi, homme armé de toutes pièces, qui entre à cheval dans la grande salle de Westminster, et qui défie par la bouche d'un héraut quiconque oserait contester le droit du roi à la couronne.

  • 2 Par extension, tout homme qui combat sur un champ de bataille. Les seuls champions qui pussent tenir devant les chevaliers de France étaient les chevaliers d'Angleterre, Chateaubriand, Génie, IV, V, 4.

    Par plaisanterie, tout homme qui se bat. Tandis que coups de poing trottaient, Et que nos champions songeaient à se défendre, La Fontaine, Fabl. I, 13. Aussitôt contre Évrard vingt champions s'élancent, Boileau, Lutrin, V.

    Ironiquement, c'est un vaillant champion, c'est un homme peu courageux.

    Molière a employé ce mot au féminin : Tous venaient sur mes pas, hors les deux championnes, Qui du combat encor remettant leurs personnes…, l'Étour. V, 14.

  • 3 Fig. Défenseur. Il fut un des plus fermes champions de la foi.

HISTORIQUE

XIe s. Contre paiens [il] fut tout tens campiuns, Ch. de Rol. CLXIII.

XIIe s. Amors tençon et bataille Vers son champion a prise, dans HOLLAND, p. 228. Charles i a son champion mené, Ronc. 190. Le rei [il] i ad trové od ses privez druguns, Evesques, e abez, e cuntes, e baruns ; Tuz suls entra en champ cumme bons champiuns, Th. le mart. 38. Il eslit par tut les bons champiuns e la forte bachelerie, Rois, 52.

XIIIe s. Li sires touz puissans fu champions à nos ancessours contre Pharaon, Psautier, f° 182. Il resamble le mauvais campion qui se claime vaincu sans mehanier, Bibl des chartes, 4e série, t. V, p. 324. Trois champions sont moult failli Et bien ont deservi à batre, S'il ne pueent le quart abatre, la Rose, 19960. Et li aucun louoient campions en tele maniere que il se devoient combatre en toutes quereles qu'il aroient à fere, Beaumanoir, XXXVIII, 15. Mais deboutés seroit de son tesmoynage et li campions aroit le poing copé, se le [la] bataille estoit par campion, Beaumanoir, VI, 16. En sa main tint l'espée o le poing [poignée] de laiton, Son escu embracié à loi de campion ; Iluecques se deffent à guise de lion, Ch. d'Ant. VIII, 1440. Oh com glorieux champion, J. de Meung, Tr. 1178.

XIVe s. Et aussi comme un champion bien aprins contre un ignorant ou ydiot, Oresme, Eth. 85. Et se aucun veult monstrer à un autre comment champions se doivent combattre, Oresme, ib. 62.

XVe s. Ha ! noble contrée de François ! ce n'est mie de maintenant que tes vaillans champions se monstrent hardis et fiers entre toutes les nations du monde, Bouciq. I, 24.

XVIe s. Le champion et la championne furent tout un temps à se battre si vertueusement que…, Despériers, Contes, LXV.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

CHAMPION, s. m. (Hist. mod.) signifie proprement une personne qui entreprend un combat pour un autre, quoiqu’on applique aussi ce nom à celui qui combat pour sa propre cause. Voyez Combat.

Hottoman définit le champion ; certator pro alio datus in duello, à campo dictus, qui circus erat, decertantibus definitus : de là vient aussi le mot de champ de bataille.

Du Cange observe que les champions dans la signification propre, étoient ceux qui se battoient pour d’autres ; lesquels étant obligés selon la coûtume d’accepter le duel, avoient pourtant une excuse légitime pour s’en dispenser, comme de caducité, de jeunesse, ou d’infirmité : il ajoûte, que c’étoit le plus souvent des mercénaires qu’on loüoit à prix d’argent, & qui dès-lors passoient pour infames.

Quelquefois cependant le vassal, en vertu de son fief & des conditions de l’hommage, devenoit champion de son seigneur, dès que ce dernier le demandoit.

Des auteurs soûtiennent que toutes personnes étoient reçues à servir de champions, excepté les parricides & ceux qui étoient accusés de crimes très-odieux. Les clercs, les chanoines, les religieux, les femmes mêmes étoient obligées de fournir des champions pour prouver leur innocence.

Cette coûtume de décider les différends par un combat, est venue originairement du nord ; elle passa de-là en Allemagne, les Saxons la porterent en Angleterre, & elle s’établit insensiblement dans le reste de l’Europe, sur-tout chez les nations militaires, & qui faisoient leur principale occupation des armes. Voyez Duel.

Lorsqu’on avoit choisi deux champions pour décider de la vérité ou de la fausseté d’une accusation, il falloit avant qu’ils en vinssent aux mains, qu’il intervînt sentence pour autoriser le combat. Quand le juge l’avoit prononcée, l’accusé jettoit un gage (d’ordinaire c’étoit un gant) ; ce gage de bataille étoit relevé par l’accusateur : après quoi on les mettoit l’un & l’autre sous une garde sûre jusqu’au jour marqué pour le combat. Voy. Gage & Gantelet.

Si dans l’intervalle l’un des deux prenoit la fuite, il étoit déclaré infame, & convaincu d’avoir commis le crime qu’on lui imputoit ; l’accusé, non plus que l’accusateur, n’obtenoit la permission de s’en tenir là, qu’en satisfaisant le seigneur pour la confiscation qu’il auroit dû avoir des effets du vaincu, si le combat avoit eu lieu.

Avant que les champions entrassent dans la lice, on leur rasoit la tête, & ils faisoient serment qu’ils croyoient que les personnes dont ils soûtenoient la cause, avoient raison, & qu’ils les défendroient de toutes leurs forces. Leurs armes étoient une épée & un bouclier. Quelques-uns disent qu’en Angleterre c’étoit le bâton & le bouclier. Lorsque les combats se faisoient à cheval, on armoit les combattans de toutes pieces ; les armes étoient bénites par un prêtre avec beaucoup de cérémonies ; chacun des combattans juroit qu’il n’avoit point de charmes sur lui ; & pour s’animer, l’action commençoit par des injures réciproques ; puis les champions en venoient aux mains au son des trompettes : après qu’ils s’étoient donnés le nombre de coups marqués dans le cartel, les juges du combat jettoient une baguette, pour avertir les champions que le combat étoit fini : s’il duroit jusqu’à la nuit, ou qu’il finît avec un avantage égal des deux côtés, l’accusé étoit alors réputé vainqueur ; la peine du vaincu étoit celle que les lois portoient contre le crime dont il étoit question : si le crime méritoit la mort, le vaincu étoit desarmé, traîné hors du champ, & exécuté aussi-tôt, ainsi que la partie dont il soûtenoit la cause : s’il avoit combattu pour une femme, on la brûloit. Voyez Duel. (G) (a)

C’est un spectacle curieux, dit l’illustre auteur de l’Esprit des Lois, de voir ce monstrueux usage du combat judiciaire réduit en principes, & de trouver le corps d’une jurisprudence si singuliere. Les hommes, dans le fond raisonnables, soûmettoient à des regles leurs préjugés même. Rien n’étoit plus contraire au bon sens que le combat judiciaire ; mais ce point une fois posé, l’exécution s’en fit avec une certaine prudence. L’auteur célebre que nous venons de citer, entre à ce sujet dans un détail très-curieux sur les regles de ces combats, qu’on pourroit appeller le code des homicides ; mais ce qui est encore plus précieux, ce sont les réflexions philosophiques qu’il fait sur ce sujet. La loi Salique, dit-il, n’admettoit point l’usage des preuves négatives, c’est-à-dire, qu’elle obligeoit également l’accusateur & l’accusé de prouver : aussi ne permettoit-elle pas le combat judiciaire. Au contraire, la loi des Francs ripuaires admettant l’usage des preuves négatives, il semble qu’il ne restoit d’autre ressource à un guerrier sur le point d’être confondu par une simple assertion ou négation, que d’offrir le combat à son adversaire pour venger son honneur.

L’auteur cherche dans les mœurs des anciens Germains la raison de cet usage si bisarre, qui fait dépendre l’innocence du hasard d’un combat. Chez ces peuples indépendans, les familles se faisoient guerre pour des meurtres, des vols, des injures, comme elles se la font encore chez les peuples libres du nouveau monde. On modifia cette coûtume, en assujettissant cette guerre à des regles. Tacite dit que chez les Germains les nations mêmes vuidoient souvent leurs querelles par des combats singuliers.

Cette preuve par le combat avoit quelque raison fondée sur l’expérience. Dans une nation uniquement guerriere, la poltronnerie suppose d’autres vices qui l’accompagnent ordinairement, comme la fourberie & la fraude.

La jurisprudence du combat judiciaire, & en général des épreuves, ne demandant pas beaucoup d’étude, fut une des causes de l’oubli des lois saliques, des lois Romaines, & des lois capitulaires : elle est aussi l’origine du point d’honneur & de la fureur de notre nation pour les duels, de l’ancienne chevalerie, & de la galanterie. Voyez l’ouvrage que nous abrégeons, liv. XXVIII. ch. xiij. & suiv. (O)

Champion du Roi, (Hist. mod. d’Angl.) chevalier qui, après le couronnement du roi d’Angleterre, entre à cheval, armé de toutes pieces, dans la salle de Westminster, jette le gant par terre, & présente un cartel à quiconque oseroit nier que le nouveau prince soit légitime roi d’Angleterre.

C’est en 1377, dans la cérémonie du couronnement de Richard II. ce prince déposé dans la suite pour avoir voulu se mettre au-dessus des lois, que l’histoire d’Angleterre fait mention pour la premiere fois d’un champion qui alla se présenter, armé de toutes pieces, dans la salle de Westminster où le roi mangeoit : & qui ayant jetté son gantelet terre, défia tous ceux qui voudroient disputer au roi ses justes droits sur la couronne.

On ignore l’origine de cette coûtume, qui s’est conservée jusqu’à présent ; mais il est certain qu’elle est plus ancienne que le couronnement de Richard II. puisque le chevalier Jean Dimmock, qui fit alors l’office de champion, y fut admis en vertu d’un droit attaché à une terre qu’il possédoit dans le comté de Lincoln, savoir le manoir de Scrivelby, qu’il avoit du chef de sa femme. Voyez Rapin, tom. III. Walsingham, & Froissard. Cet article est de M. le chevalier de Jaucourt.

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Étymologie de « champion »

Provenç. campion ; espagn. campeon ; portug. campeao, ital. campione ; bas-lat. campio. de campus, champ du combat.

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(XIIe siècle) Du germanique kampjo, (« combattant dans un duel judiciaire »), dérivé de kamp, (« champ de bataille »), d'origine latine.
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Phonétique du mot « champion »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
champion ʃɑ̃pjɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « champion » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « champion »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « champion »

  • Je suis un guerrier et un insatisfait permanent, c’est ça l’apanage du champion.
    André Panza
  • Garde la tête haute ; conduis-toi en champion.
    Paul Bryant
  • La plupart des athlètes acceptent le règlement tel quel ; le champion joue au chat et à la souris avec.
    Anonyme
  • Ce n’est pas en rassemblant un borgne et un paralytique qu’on fait un champion de cross.
    Charles Pasqua
  • Etre le champion de la liberté est et a été la mission historique de la France.
    Louis Kossuth — Souvenirs et écrits de mon exil
  • Le sportif rêve son rêve, le champion le vit.
    Anonyme
  • Il n’y a que le champion qui compte ; une troisième place c’est quelque chose d’inachevé.
    Bruno Marie Rose
  • Le champion, élément fabuleux dans le paysage moderne, est un héros qui ne parvient pas à devenir un personnage.
    Antoine Blondin — Le Monde - 12 Octobre 1968
  • De toutes les valeurs humaines, celle d'un champion peut seule être goûtée universellement.
    François Mauriac — Mauriac avant Mauriac
  • Le champion tire les leçons du passé, concrétise le présent, pense le futur.
    Luis Fernandez
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Images d'illustration du mot « champion »

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Traductions du mot « champion »

Langue Traduction
Anglais champion
Espagnol campeón
Italien campione
Allemand champion
Portugais campeão
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Synonymes de « champion »

Source : synonymes de champion sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot champion au Scrabble ?

Nombre de points du mot champion au scrabble : 17 points

Champion

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