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Arlequin

Variantes Singulier Pluriel
Masculin arlequin arlequins
Féminin arlequine arlequines

Définitions de « arlequin »

Trésor de la Langue Française informatisé

ARLEQUIN, INE, subst.

A.− Personnage comique de la scène italienne, célèbre par son costume fait de pièces triangulaires de toutes couleurs, son masque noir et son sabre de bois; p. méton. personne reproduisant le type et/ou le costume de ce personnage. Jouer les arlequins; être vêtu, déguisé en arlequin (Ac. 1835-1932) :
1. La métamorphose galante la foule masquée des hommes et des femmes se promène, va et vient en chantant. Il y a surtout loups et faütes à la vénitienne, dominos, mais aussi un matamore, un capitan, une arlequine, une colombine, pierrots, pierrettes, apothicaires, médecins, etc., tout cela grouille et s'agite en chantant. Il faut que ce soit très animé. Le charlatan appelle la foule ou arrache des dents... Apollinaire, Casanova,1918, II, p. 988.
SYNT. Habit, manteau, masque d'arlequin.
,,Danse de caractère propre au personnage que l'on nomme Arlequin`` (Ac. Compl. 1842). ,,Air sur lequel on exécute cette danse.`` (Besch. 1845).
B.− Au fig.
1. Fam. [En parlant d'une pers.] Bouffon; homme changeant fréquemment d'attitude, d'opinion (surtout en politique) :
2. − « Voyez-vous, cette niaise, conclut-il [Cadignan] tout haut, la voyez-vous qui croit sur parole un jean-foutre de renégat, un marchand de phrases, la pire espèce d'arlequin! Il en fera de toi comme de ses électeurs, ma fille! Bonne amie d'un député, fichtre! » − Riez toujours, dit Mouchette, on a vu pis. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 90.
2. [En parlant d'un animal] Oiseau aux couleurs variées :
3. ... en surnommant cet arlequin le sept-couleurs les indigènes entendent signifier que cet oiseau est un arc-en-ciel, un être qui vit de la lumière, une rosée, un esprit, un souffle, une palpitation porte-bonheur... Cendrars, Le Lotissement du ciel,1949, p. 17.
3. [En parlant d'un inanimé] Tout ensemble formé d'éléments de couleurs variées, d'éléments triangulaires, d'éléments disparates. Habit d'arlequin. ,,Ouvrage fait de morceaux pris de différents auteurs.`` (Ac. 1835-1932) ou simplement arlequin, fam.
Spéc., emploi en appos. ,,Qui est bigarré ou fait de différents morceaux, comme l'habit d'arlequin. Courte-pointe arlequin`` (Lar. 19e). Habit arlequin (Nouv. Lar. ill.). ,,À losanges de couleur. Bas arlequin`` (Pt Rob.) :
4. ... une réunion de toutes les bigarrures noires, grises et blanches, de toutes les communautés et de toutes les variétés possibles; ce qu'on pourrait appeler, si un pareil accouplement de mots était permis, une sorte de couvent-arlequin. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 595.
Rem. Mot inv. s'il est employé adj., selon Lar. 19e, Guérin 1892 (qui donnent le syntagme édifices arlequin attesté chez Hugo) et Nouv. Lar. ill., variable lorsqu'il fonctionne subst. (cf. Hugo, Le Rhin, 1842, p. 91 : édifices-arlequins).
4. Argot
a) Forçat à casaque mi-rouge, mi-brune, aux manches mi-jaunes, mi-vertes (cf. M. Alhoy, Les Bagnes, Rochefort, 1830, p. 80).
b) Joueur de football, à maillot multicolore (cf. Esn. 1966).
c) ,,Reliefs des grands restaurants, mis en vente au rabais.`` (Sandry-Carr. 1963) :
5. C'est une bijoutière ou marchande d'arlequins. (...) ces plats sont composés de pièces et de morceaux assemblés au hasard, absolument comme l'habit du citoyen de Bergame. Privat d'Anglemont (Mont. 1967).
Rem. Terme passé dans la lang. pop. et pouvant s'employer aussi, par plaisant., dans un cont. de nature pol. (cf. Lar. 19e).
C.− Emplois techn.
1. CHASSE. ,,Canot léger, monoplace, à fond plat, pour la chasse au gibier d'eau.`` (Burn. 1970) :
6. Ils s'adressèrent au sieur Charles Thiéry, possesseur d'un petit batelet, le priant de le mettre à leur disposition pour traverser la rivière [...] Il les fit bien installer dans l'arlequin, leur recommandant par-dessus tout de ne faire aucun mouvement. Gazette des tribunaux,23 juill. 1874, p. 701, 3ecol. (Littré).
2. MINÉR. ,,Opale remarquable par la vivacité et la variété de ses couleurs.`` (Nouv. Lar. ill.).
3. THÉÂTRE. Draperie, manteau d'arlequin, ou simplement manteau. ,,Ce sont les deux panneaux qui, lorsque le rideau est levé, servent de cadre au décor, à droite et à gauche, tout à fait à l'avant-scène, et dont la peinture, généralement, imite une draperie rouge relevée sur les côtés.`` (H. Genin, Le Lang. des planches, 1911, p. 47).
4. ZOOL. ,,Le nom d'Arlequin a été donné à plusieurs animaux remarquables par la bigarrure de leurs couleurs.`` (Bouillet 1859).
a) Subst. fém. ,,Mollusque du genre cypræa ou porcelaine.`` (Nouv. Lar. ill.).
b) ENTOMOL. (Grand) arlequin de Cayenne :
7. L'arlequin de la Guyane, faucheur gigantesque, armé d'antennes démesurées et de prodigieuses jambes, pour courir par les obstacles innombrables d'herbes hautes, l'arlequin est marqueté sur fond jaune de virgules noires, d'inexplicables hiéroglyphes, être doublement étrange, doublement énigmatique. J. Michelet, L'Insecte,1857, p. 160.
c) ICHTYOL. ,,Vairon ou véron... appelé aussi Arlequin ... Des bandelettes noirâtres descendent de la région dorsale vers les flancs.`` (H. Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 210).
d) ORNITHOLOGIE
,,Espèce de colibri, petit oiseau destructeur de mouches, qui a dans son plumage du bleu, du cendré, du brun et du jaune.`` (Lar. 19e).
,,Oiseau aquatique de la famille des Chevaliers.`` (Burn. 1970).
PRONONC. : [aʀləkε ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1160-85 mesniee Hellequin « suite, escorte de Hellequin » nom donné à un cortège fantastique de cavaliers maudits, condamnés à une chevauchée nocturne sans fin, la chevauchée sauvage » (Chr. de Troyes, Philomena, 192, éd. C. de Boer ds T.-L. s.v. maisniee : Avuec c'iert [Philomena] si-tres-bone ovriere D'ovrer une porpre vermoille Qu'an tot le mont n'ot sa paroille, Un dïaspre ou un baudequin Nes la mesniee Hellequin Seüst ele an un drap portreire); 1262 la maisnïe Hellekin attestée au théâtre (A. de La Halle, Jeu de la Feuillée, éd. E. Langlois ds T.-L.); le syntagme maisnie Hellequin est encore attesté en 1495 (Romant de Richart filz de Robert le Diable d'apr. Flasdieck, Harlekin, germanischer Mythos in romanischer Wandlung ds Anglia t. 61 [59], 1937, p. 243); Hellequin figure encore ds Encyclop. t. 8; b) début xiiies. p. ext. subst. masc. halequin « génie malfaisant » (Chevalier au cygne, 6247, Reiff. ds Gdf., s.v. hellequin : Et ly roys des Taffurs, o lui sy halequin) − xve-xvies., Songe doré de la Pucelle, ibid.; 2. 1585 Harlequin désigne un personnage de théâtre (Histoire plaisante des Faicts et Gestes de Harlequin Commedien Italien Contenant ses songes et visions, sa descente aux enfers pour en tirer la mère Cardine..., À Paris, par Didier Millot, 1585 d'apr. Driesen, Der Ursprung des Harlekin, 1904, p. 249 et 252 : Harlequin s'en allant lui fait mille gambades Mille saults, mille bons et mille bonnetades); 1680 p. réf. à l'habit de ce personnage habit d'Arlequin se dit de qqc. qui est composé de pièces disparates (Mmede Sévigné, Lettres à Mmede Grignan ds Dict. hist. Ac. fr.); 1762 un arlequin « un opportuniste » (J.-J. Rousseau, Émile, II ds Littré). Harlequin, issu du syntagme maisnie Hellequin, introduit de manière isolée dans la litt. théâtrale par Adam de la Halle, désigne un être malfaisant, le diable (supra 1). Entre 1571 et 1580, un zanni*, paysan bouffon de la commedia dell'arte, donne à Paris une nouvelle interprétation de son personnage en empruntant au Hellequin fr. son nom, son comportement, d'où harlequin qui désigne en 1585 ce nouveau type de comédien, résultat de la contamination entre le hellequin « démon » de tradition fr. et le zanni, personnage comique de Venise et de Bergame (supra 2; v. H. Flasdieck, op. cit., p. 257; O. Driesen, op. cit., pp. 194-204; les comptes rendus de ces deux études respectivement par E. Richter ds Z. fr. Spr. Lit., t. 62, pp. 502-05 et par R. Mahrenholtz, ibid., t. 272, pp. 63-65, v. aussi Wind, pp. 50-53 et Dauzat, Ling. fr., pp. 191-192); ce mot est empr. par l'ital. arlecchino (d'où les formes fr. en ar-) et les autres langues européennes. Hellequin est d'orig. anglo-norm. : en 1127-36 Orderic Vital, moine de St Evroult (Orne) désigne le cortège sauvage par familia Herlechini (Flasdieck, op. cit., p. 253); en 1175, Pierre de Blois, chancelier de l'archevêque de Canterbury fustige ds Ad Sacellos Aulicos regis Anglorum les courtisans de Henry II (Flasdieck, op. cit., p. 250), les qualifiant de : martyres saeculi, mundi professores, discipuli curiae, milites Herlewini; de même en 1187-1192-93, Gautier Map, familier du même roi compare, ds De nugis curialium, les courtisans à la suite de Herla rex antiquissimorum Britonum (ibid.). D'après Flasdieck, p. 325 et 329, ce Herla rex représente un vieil anglais *Her(e)la cyning (m. angl. *Herle king, auquel correspond l'a. h. all. Herilo, nom du roi Herilo) qui remonte à un plus anc. * χarila(n) « chef de l'armée » qui serait une appellation du dieu Wodan (v. aussi Brandl ds Arch. St. n. Spr., t. 172, pp. 235-236) et dont il faut rapprocher le nom du peuple germain des Harii cité par Tacite (Germania, 43 ds Forc.). Au contraire, M. Delbouille ds Bull. de la Soc. de lang. et de litt. wallonnes, t. 69, pp. 123-131 suggère que le choix du nom de Herla, peut-être création individuelle et arbitraire, a pu être déterminé par l'existence de la famille de mots à rad. herl- impliquant les notions de « tapage » et de « vagabondage » (a. fr. harele « tumulte », herler « faire du tapage », herle « tumulte, tocsin », mots rangés par FEW t. 16, pp. 148-152, s.v. a. bas frq. *hara « par ici »). Une nouv. hyp. proposée par D. Bugeanu, v. infra bbg., (all. Karl désignant un vieux balourd > tch. Karlik ,,nain`` > ital. Karlekino) paraît encore insuffisamment fondée.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 100.
BBG. − Ac.-Gastr. 1962. − Barb. Misc. 15 1936-38, pp. 211-217. − Bouillet 1859. − Bugeanu (D.). Étymol. fr. R. roum. de ling. 1971, t. 16, pp. 53-62. [Cr. Tuaillon (G.). R. Ling. rom. 1972, t. 36, no143/144, pp. 412-413]. − Charrencey (Comte de). [Ét. de diverses étymol. de mots fr.]. Mém. de la Soc. des Antiquaires de Fr. 1911, t. 10, pp. 205-206. − Dauzat Ling. fr. 1946, pp. 191-193. − DLF 17e. − Duval 1959. − Éd. 1967. − Flasdieck (H. M.). Harlekin. Germanischer Mythos in rom. Wandlung. Anglia. 1937, t. 61, pp. 225-340. − Flasdieck (H. M.). Harlekin. Sprachkunde. 1938, no3, pp. 2-5. − Günther (V.), Wartburg (W. von). Das Angelsächsische Element im fr. Wortschatz. In : [Mél. Flasdieck (H. M.)]. Heidelberg, 1960, p. 125. − Kemna 1901, pp. 104-105. − Larch. 1880. − Leloir 1961. − Michel 1856. − Mont. 1967. − Privat-Foc. 1870. − Sain. Lang. par. 1920, p. 225. − Sar. 1920, pp. 10-11. − Spitzer (L.). A New Spanish etymological dictionary. Mod. Lang. Notes. 1956, t. 71, p. 279 (s.v. arlote). − Wexler (P. J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, p. 209. − Wind 1928, p. 38, 50, 123.

Wiktionnaire

Nom commun - français

arlequin \aʁ.lə.kɛ̃\ masculin

  1. Personnage légendaire maléfique.
    • Harlequin, Hellequin, Hielekin, Hölle-Koenig : j’oïe la mesnie Hielekin, mainte kloquète sonnant… À l’époque où les juges de Bailleul interrogeaient Thomas, Arlequin n’était plus sur les tréteaux de la foire qu’un personnage traditionnel de la Comédie Italienne, amusant les badauds par ses bonds, ses saillies, et les moulinets de sa longue batte. Mais son collant à losanges jaunes et rouges avait été autrefois un habit de flammes ; son masque noir celui du prince des Ténèbres. Cet Arlequin honni des prédicateurs qui tonnaient contre les indécences du théâtre avait été dans l’Europe des temps païens l’émule du Roi des Aulnes et du lointain Cavalier Thrace : au milieu des abois et des hennissements, par monts et par vaux, à travers les landes et les marécages, il avait dirigé la Chevauchée Infernale dont chaque nuit dure cent ans. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 70)
  2. Personnage de la comédie italienne, qui a été introduit sur le théâtre français et dont le vêtement est formé de pièces de diverses couleurs.
    • Il joue les arlequins avec une supériorité incontestable; aucun acteur n’a dans cet emploi autant de souplesse, de grâces, de vivacité et d’intelligence. — (Fabien Pillet, 1801, La nouvelle lorgnette de spectacles)
    • On voyait encore il y a quelques années à cette procession, un homme déguisé en arlequin, que les Colonais appelaient Gekenbenchen, & qui devait danser continuellement devant le vénérable. — (Alexandre-Louis-Bertrand Robineau, dit de Beaunoir, 1792, Voyage sur le Rhin, depuis Mayence jusqu’à Dusseldorf, Volume 1)
    • Puis c’est un Arlequin d’une obscénité inattendue, dont le costume collant et versicolore laisse, çà et là, par quelques losanges vides, apparaître un peu de chair. Il brandit vers nous une batte qui a l’air d’un symbole ithyphallique, ou d’une palette à croupiers. — (Paul-Jean Toulet, Mon Amie Nane, 1922)
  3. Homme qui change d’opinion à tout moment.
  4. Objet fait d’éléments de couleurs variées, surtout d’éléments triangulaires.
    • Au fond, on aperçoit un lit recouvert d’une courtepointe arlequin, formée d’une multitude de morceaux d’étoffes de toute espèce et de toute couleur. — (Eugène Sue, Les Mystères de Paris, 1843)
  5. (Ichtyologie) Vairon.
    • Qui ne connaît le Vairon ? le petit Poisson […] tout paré au printemps des plus magnifiques couleurs bleues et rouges ; couleurs qui lui ont valu dans certaines parties de la France, et notamment en Lorraine, le nom de Gendarme, ailleurs celui d’Arlequin. — (Émile Blanchard, Les poissons des eaux douces de la France, J.-B. Baillière, 1866, page 410)
  6. (Zootechnie) Désigne la robe d’un chien bigarrée ou le plumage d’un pigeon bigarré.
    • La robe du Berger de Beauce est arlequin lorsqu’elle est d’un bleu bigarré marqué de fauve.
  7. (Zootechnie) Synonyme de japonais (race de lapins).
  8. (Ornithologie) Genre de canard plongeur au plumage bigarré et vivement coloré dont il n'existe qu'une seule espèce, l'arlequin plongeur (Histrionicus, histrionicus). → voir arlequin plongeur
  9. (Argot) (1829) Rogatons, assortiment de restes provenant de tables bourgeoises ou de grands restaurants, vendus à des consommateurs peu fortunés. (Par extension) Plat cuisiné avec ces restes.
    • Voici la mère Maillard : c’est une bijoutière ou marchande d’arlequins. Je ne sais pas trop l’origine du mot bijoutier, mais l’arlequin vient de ce que ses plats sont composés de pièces et de morceaux assemblés au hasard, absolument comme l’habit du citoyen de Bergame . — (Alexandre Privât d’Anglemont, Paris anecdote, 1854)
    • On appelle arlequin de petits tas de viandes mélangées que l’on vend à la balle pour les chats, pour les chiens et pour les pauvres. Ce sont des débris recueillis sur les assiettes chez les restaurateurs et chez les riches. — (Eugène-François Vidocq, Mémoires de Vidocq, chef de la police de Sûreté, jusqu’en 1827)
    • Elle tombait aux arlequins, dans les gargotes borgnes, où, pour un sou, elle avait des tas d’arêtes de poisson mêlées à des rognures de rôti gâté. — (Émile Zola, L’Assommoir, page 508)
    • La recette de l’arlequin est un jeu d’enfant : il s’agit de réaliser une potée froide avec des ingrédients indéterminés, qui changent selon les jours, dont le mélange s’avère toujours inédit et qui donne à chaque fois une saveur différente. C’est le plat du hasard par excellence et de la nécessité par contrainte. — (Éric Mension-Rigau, Historia no 802 d’octobre 2013)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ARLEQUIN. n. m.
Personnage de la comédie italienne, qui a été introduit sur notre théâtre et dont le vêtement est formé de pièces de diverses couleurs. Jouer les arlequins. Être vêtu, déguisé en arlequin. Fig. et fam., C'est un arlequin, se dit d'un Homme qui change d'opinion à tout moment. Fig. et fam., Un habit d'arlequin, Un tout composé de parties disparates, un ouvrage fait de morceaux pris de différents auteurs. Il se dit aussi, dans la langue populaire, d'un Assortiment de divers restes d'aliments qu'achètent les pauvres.

Littré (1872-1877)

ARLEQUIN (ar-le-kin) s. m.
  • 1Personnage de la comédie italienne, dont le costume est fait de pièces de toutes couleurs.

    Par extension, un habit d'arlequin, un tout formé de parties disparates.

  • 2 Familièrement, c'est un arlequin, se dit d'un homme qui n'a pas de principes arrêtés, qui change d'opinion à tout moment. Nos arlequins de toute espèce imitent le beau pour le dégrader, Rousseau, Ém. II.
  • 3 Populairement, débris de repas, et surtout débris de viandes, ainsi dit parce que ce plat, que l'on vend pour la nourriture des animaux domestiques et que les pauvres ne dédaignent pas, est composé de morceaux assemblés au hasard.
  • 4 En termes de zoologie, se dit de plusieurs animaux remarquables par la bigarrure de leurs couleurs.

HISTORIQUE

XIIIe s. À sa siele et à ses lorains Ot cinc cent cloketes au mains [moins], Ki demenoient tel tintin Con li maisnie hierlekin, Ren. t. IV, p. 146. Je cuids que c'estoit Hellequin Et tuit li autre sa mesnie Qui le suivent toute enragie, Roman de Fauvel. Avec eux avoient hellequines, Qui avoient cointises fines, Roman de Fauvel. Par eux [les avocats] ont perdu heritage Et desfait maint bon mariage Et mal fait por un pot de vin ; Il s'entrepoilent com mastin ; C'est la mesnie hellequin, Le mariage des filles au diable. Il vit que c'estoit ung roi qui avoit avec lui grant compaignie de toutes gens, et les apeloit en la mesgnie hennequin en commun langage, Chronique de Normandie, II, p. 337.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ARLEQUIN. Ajoutez :

5Sorte de bateau à une seule place, avec un affût à la proue, pour une lourde canardière. Ils s'adressèrent au sieur Charles Thiéry, possesseur d'un petit batelet, le priant de le mettre à leur disposition pour traverser la rivière [la Saône, en face de Châtenoy-en-Bresse]… il les fit bien installer dans l'arlequin, leur recommandant par-dessus tout de ne faire aucun mouvement, Gaz. des Trib. 23 juill. 1874, p. 701, 3e col.

REMARQUE

On trouve harlequin avec h aspirée. Tandis que l'autre s'évertue à faire ici le harlequin, Saint-Amant, Passage de Gibraltar. Mme de Sévigné mettait aussi une h qu'elle aspirait : On contait hier au soir… que harlequin…, Sévigné, éd. Regnier, t. II, p. 323.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Encyclopédie, 1re édition (1751)

ARLEQUIN, s. m. (Littérat.) personnage qui, dans la Comédie italienne, fait le rôle de bouffon pour divertir le peuple par ses plaisanteries. Nous l’avons introduit sur nos théatres, & il y joue un des principaux rôles dans les pieces que l’on représente sur le Théatre italien.

Quelques-uns prétendent que ce nom doit son origine à un fameux comédien italien, qui vint à Paris sous le regne d’Henri III. & que comme il fréquentoit familierement dans la maison du président de Harlai, qui lui avoit accordé ses bonnes graces, ses camarades l’appelloient par dérision ou par envie harlequino, le petit de Harlai : mais cette histoire a tout l’air d’une fable, quand on fait attention au caractere d’Achilles de Harlai, qui, aussi-bien que les autres magistrats de ce tems-là, ne s’avilissoit point à recevoir chez lui des baladins. Voyez Comédie. (G)

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Étymologie de « arlequin »

Ital. arlecchino ; espagn. arlequin. Ménage dit : « Sous le règne de Henri III, il vint à Paris une troupe de comédiens italiens, parmi lesquels il y avoit un jeune homme fort dispos, qui hantoit chez M. de Harlay de Chanvalon, d'où il fut appelé par ses compagnons Harlequino, à la mode des Italiens qui donnent souvent le nom des maîtres aux valets, et celui des patrons aux clients. J'ai ouï dire cette particularité à M. Guyet, qui m'a dit l'avoir apprise de Harlequin même au second voyage qu'il fit en France au commencement du règne de Louis XIII. » Génin, au contraire, pense que hellequin, herlequin et même arlequin (car un auteur du XVIe siècle qui a écrit en latin et que cite Ménage, dit Harlequini familiam, ce qui est la maisnie Hellequin) est le même que l'arlequin italien ; que le diable Alichino dans l'Enfer de Dante, chant XXX, tire son nom de là ; et que ce personnage infernal, hantant les campagnes à grand bruit avec sa bande ou maisnie, entra assez avant dans le langage familier pour devenir aussi un personnage de théâtre. L'opinion de Génin est la plus probable ; mais, pour qu'elle fût sûre, il faudrait des textes italiens qui servissent d'intermédiaires. Le dictionnaire de la Crusca ne cite pour arlecchino qu'un texte de la fin du XVIIe siècle. On trouve arlequin (écrit harlequin) dans Duverdier, auteur français de la fin du XVIe siècle.

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Arlequin (Paul Cézanne)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « arlequin »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
arlequin arlœkɛ̃

Évolution historique de l’usage du mot « arlequin »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « arlequin »

  • L'homme a dans le corps un habit d'arlequin : son âme. De Xavier Forneret / Sans titre , 
  • L'habit d'un arlequin n'est pas plus varié dans ses nuances que ne l'est l'esprit humain dans ses folies. De Gustave Flaubert , 
  • L'homme a dans le corps un habit d'arlequin : son âme. De Xavier Forneret / Sans titre , 
  • L'habit d'un arlequin n'est pas plus varié dans ses nuances que ne l'est l'esprit humain dans ses folies. De Gustave Flaubert , 

Traductions du mot « arlequin »

Langue Traduction
Anglais harlequin
Espagnol arlequín
Italien arlecchino
Allemand harlekin
Chinois 丑角
Arabe مهرج
Portugais arlequim
Russe арлекин
Japonais 道化師
Basque arlekin
Corse arlequin
Source : Google Translate API

Synonymes de « arlequin »

Source : synonymes de arlequin sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot arlequin au Scrabble ?

Nombre de points du mot arlequin au scrabble : 17 points

Arlequin

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