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Accoucher

Définitions de « accoucher »

Trésor de la Langue Française informatisé

ACCOUCHER, verbe trans.

I.− Au propre
A.− Emploi trans. indir. [Le suj. désigne une femme] Accoucher de. Donner naissance à (un enfant) :
1. ... toutes les fois que, dans les naissances annuelles, le nombre des filles est notablement plus grand que celui des garçons, la surabondance des femelles est toujours due à des circonstances débilitantes; ce qui pourrait bien nous indiquer aussi l'origine des plaisanteries qu'on a faites de tout temps au mari dont la femme accouche d'une fille. J.-A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût,1825, p. 73.
2. La sœur de Marcel, après une grossesse des plus inquiétantes, nous a tous alarmés l'an passé en accouchant avant terme (et presque sans souffrances) d'un enfant presque sans vie... à présent, la mère et l'enfant vont très bien. A. Gide, P. Valéry, Correspondance,lettre de A. G. à P. V., juill. 1903, p. 399.
Populaire :
3. Et fut bien contente, la bounne mère, d'avoir fait n'un beau fiston si dégourdi! Ah, ah, ah!... N'était point coumme ec'te femme ed' Maillé-la-Croix, qui accouchit d'un garçon et fut si dépitée d'à cause qu'ell' pensait mett' bas un' fille, qu'ell' s'a mis à pleurnichailler, criant : − « N'en veux point, ma mère : Ar'mettez-le vite! ar'mettez-le! » Ah, ah, ah!... R. Martin du Gard, La Gonfle,1928, III, 1, p. 1223.
Emploi abs. :
4. Comment se conduisent-elles pendant leur grossesse? Accouchent-elles aisément ou difficilement? Ont-elles besoin de secours pour cette opération? Lient-elles le cordon ombilical? Cette opération se fait-elle avant ou après la sortie du placenta? Emmaillottent-elles leurs enfans... Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 1, 1797, p. 183.
5. La princesse avait cru, d'abord, son ignorance simulée. Mais, par des adresses de femme, la tâtant de questions délicates, imprévues, elle avait été étonnée de ses réponses naïves. Elle ne croyait pas, comme Agnès, qu'on accouchât par l'oreille, mais par le déchirement d'une partie qui lui semblait propre à cela, le nombril. Le princesse en rit beaucoup. J. Michelet, Journal,append., 1849-1860, p. 578.
6. On écrit comme on accouche; on ne peut pas s'empêcher de faire l'effort suprême. S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 121.
Rem. 1. La lang. mod. forme habituellement le passé avec l'auxil. avoir : ,,Il y a maintenant trois mois que j'ai accouché de mon dernier enfant...`` (G. de Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, L'Inutile beauté, 1890, p. 1147). Au xixes., l'auxil. être est plus fréq.; en 1810 l'emploi de avoir était considéré comme fautif par les puristes : exe7. Accoucher. Mettre un enfant au monde : Cette femme a accouché dites, cette femme est accouchée. Le chirurgien accouche, la femme est accouchée. Dans le premier cas, le verbe est actif; dans le second, il est neutre, c'est-à-dire, sans régime. E. Molard, Le Mauvais langage corrigé, 1810, p. 7. L'auxil. être se rencontre au xxes., mais est considéré comme littér. : ,,Mon cher Jean, Cécile est accouchée hier d'une fille...`` (R. Martin du Gard, Jean Barois, 1913, p. 306). On peut penser en outre qu'entre avoir et être il y a une nuance d'aspect, le premier exprimant plutôt l'événement comme tel, le second ajoutant une nuance d'achèvement et d'état résultant de l'événement achevé.
Rem. 2. Syntagmes fréq. : a) accoucher d'un garçon, d'une fille (ex. 1); - de son premier enfant (R. Rolland, Beethoven, Les Grandes époques créatrices, t. 2, 1903, p. 570); - d'un enfant mort (H. Queffelec, Le Recteur de l'île de Sein, 1944, p. 38); - de trois jumeaux (G. Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias, 1918, II, 7, p. 909); b) - difficilement; - facilement; - à terme; - avant terme; - sans douleurs (J.-K. Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 264); nouvellement accouchée; heureusement accouchée; c) - au forceps. L'expr. plais. accoucher par l'oreille (ex. 5) est une allus. à une réplique d'Arnolphe dans l'École des femmes (Molière, [1662], Paris, Hachette, 1910, I, 1, p. 170).
B.− Emploi trans. dir. [Le suj. désigne un médecin ou un vétér.; l'obj. désigne une femme ou une femelle] Aider (une femme) à mettre un enfant au monde; aider (un animal) à mettre bas :
8. Malgré leurs croyances opposées, ils s'entendaient parfois sur l'infirmité humaine. Tous deux étaient dans les mêmes secrets : si le prêtre recevait la confession de ces dames, le docteur, depuis trente ans, accouchait les mères et soignait les filles. É. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 362.
9. Mais ceci n'est qu'une des faces de ce brave homme. Une autre c'est l'amour de ses bêtes. Quand une truie va mettre bas, il sollicite la permission de passer la nuit auprès d'elle, il l'accouche, la soigne comme son enfant, pleure lorsqu'on vend les gorets ou qu'on expédie ses cochons à l'abattoir. Aussi ce que tous ces animaux l'adorent! J.-K. Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 155.
10. Pendant ce temps, le vétérinaire a accouché la Nioule. R. Martin du Gard, La Gonfle,1928, II, 2, p. 1229.
II.− Au fig. Produire.
A.− Emploi trans. indir.
1. Emplois métaphys. plais. [Le suj. désigne une chose] :
11. ... la berline accoucha 1) d'un milord gros, court, enluminé et ventru; 2) de deux miss, longues, pâles et rousses; 3) d'une milady paraissant entre le premier et le second degré de la consomption. J.-A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût,1825, p. 363.
12. Avant d'entrer, ils examinèrent l'habitation. Une grande construction carrée et neuve, très haute, semblait avoir accouché, comme la montagne de la fable, d'une toute petite maison blanche blottie à son pied. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, 1880, p. 45.
13. ... plusieurs centaines d'habitants se mettaient à grimper sur les hauteurs pour apercevoir de loin le désert et l'explosion qui devait avoir lieu le 16 à quatre heures du matin. À cinq heures, rien ne s'étant produit, découragés, persuadés que la montagne avait accouché d'une souris, les habitants de Y redescendaient vers la ville. Quelques minutes plus tard, le ciel s'embrasait. Ils avaient manqué le spectacle... B. Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 45.
Rem. Dans les ex. 12, 13, la montagne qui accouche d'une souris est une allus. littér. à une fable de La Fontaine (La Montagne qui accouche, 1. V, [1668], Paris, Hachette, 1883, p. 397) ou à un vers de Boileau (Art poétique, chant III, [1674], Paris, Gallimard, 1966, p. 175) d'apr. l'Art poétique d'Horace (Ad Pis., 139).
2. [Le suj. désigne une pers., l'obj. une production de l'esprit considérée par rapp. au travail pénible nécessaire à son élaboration] Créer :
14. Penser, rêver, concevoir de belles œuvres est une occupation délicieuse. (...). Celui qui peut dessiner son plan par la parole passe déjà pour un homme extraordinaire. Cette faculté, tous les artistes et les écrivains la possèdent. Mais produire! Mais accoucher! Mais élever laborieusement l'enfant, le coucher gorgé de lait tous les soirs, l'embrasser tous les matins avec le cœur inépuisé de la mère, le lécher sale, le vêtir cent fois des plus belles jaquettes qu'il déchire incessamment. H. de Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 196.
17. Un mot de Mmede Beaulaincourt à Mllede Montijo, poussée dans ses derniers retranchements par l'empereur, quelque temps avant de devenir impératrice, et venant la consulter sur ce qu'elle devait faire. La femme sans préjugés, après avoir réfléchi quelque temps, accouchait de cet axiome : « Mieux vaut un remords qu'un regret ». E. et J. de Goncourt, Journal,janv. 1891, p. 15.
Rem. Ex. de syntagmes : accoucher d'un livre (A. Gide, Les Caves du Vatican, 1914, p. 679); - du modeste petit traité de « vie naturelle » (H. de Monterlant, Pitié pour les femmes, 1936, p. 1084).
B.− Emploi trans. dir. [Le suj. désigne une pers. ou une collectivité hum., l'obj. désigne l'esprit ou une collectivité hum.] :
16. C'est ainsi que les bons maîtres, imitant la sage nature, nous conduisent, par degrés, de l'ombre à la lumière, et accoutument insensiblement nos faibles yeux à fixer la vérité. C'est ainsi que Socrate, accouchant les esprits, crut à la préexistence de ce germe intellectuel que la puissance de son art faisait éclore. Maine de Biran, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,1803, p. 184.
17. Versailles avait le devoir d'accoucher elle aussi les nations dont l'Europe était maintenant enceinte et qui se développaient sans profit en son centre. J. Giraudoux, Bella,1926, p. 8.
18. La Russie est, à cette époque, une nation adolescente accouchée au forceps, depuis un siècle à peine, par un tsar encore assez naïf pour couper lui-même les têtes des révoltés. A. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 187.
Rem. L'expr. accoucher les esprits est un souvenir littér. (c'est la méthode d'enseign. de Socrate, La Maïeutique, cf. Platon, Théètète, 161e); elle est répétée de nombreuses fois avec la var. accoucher les âmes (J.-P. Sartre, La Nausée, 1938, p. 115).
Absol., fam. [Le suj. désigne une pers.] Parler (en faisant effort pour vaincre les obstacles qui s'opposaient à l'expression spontanée) :
19. Parle, parle, tu as la parole, à la fin tu accoucheras. F. Vidocq, Mémoires de Vidocq, chef de la police de sûreté, jusqu'en 1827,t. 4, 1828-1829, p. 249.
20. − Eh! bien, quoi donc? Ça ne te va pas? demanda Sandoz qui le guettait. − Si, si, oh! très bien peint... Seulement... − Allons, accouche. Qu'est-ce qui te chiffonne? − Seulement, c'est ce monsieur, tout habillé, là, au milieu de ces femmes nues... On n'a jamais vu ça. É. Zola, L'Œuvre,1886, p. 48.
21. − Allons, petite frappe! Accouche. Dis-moi ce qui ne va pas. (...). Il répéta sans conviction : − Tout va bien. − Je vois, dit-elle. Tu as quelque chose à me dire mais tu veux que je te fasse accoucher. Il sourit et mit sa tête dans le creux de l'aisselle de Lola. Il respira et dit : − Tu sens bon. Elle haussa les épaules : − Alors? Tu causes ou tu ne causes pas? J.-P. Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 177.
Rem. Cet emploi est fréq. notamment à l'impér. pour inciter un interlocuteur à dire ce qu'il voudrait cacher.
Stylistique − Au sens propre, accoucher appartient à la lang. méd. et à la lang. cour.; il ne s'applique qu'aux femmes au sens trans. indir. (I A) comme son synon. mettre au monde; le verbe en usage pour les animaux est mettre bas. L'expr. accoucher un animal se rencontre à propos d'une opération effectuée sur les animaux domestiques par un vétér. (cf. ex. 9). Dans l'ex. 3, accoucher est repris par mettre bas, la locutrice étant une paysanne très proche de la nature.
Prononc. − 1. Forme phon. : [akuʃe], j'accouche [ʒakuʃ]. Enq. : /akuʃ/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : accouchant subst. masc. et fém., accouchée subst. fém., accouchement, accoucheur (-euse). Cf. coucher.
Étymol. ET HIST. − 1. 1160-xvies. « se coucher, s'aliter » (Wace, Roman de Rou, III, 9123 ds Keller, Étude descriptive sur le vocab. de Wace, p. 49b : A Roem vint si acocha) [xiiies. loc. accoucher malade (Villehardouin, 89 ds Littré : Mahius de Montmorency accoucha malades, et tant fu agrevés qu'il mourut)]. − (St Gelais, 197 ds Littré : Ci dessous git estendue et couchée Une qu'amour si bien vaincue avoit, Que plusieurs fois elle en fust accouchée; Mais c'estoit mal dont elle relevoit); 1842, Ac. Compl. : vieux lang. Accoucher. Se mettre au lit pour cause de maladie; 2. a) 1165 « s'aliter pour mettre un enfant au monde » (Chrét. de Troyes, Guillaume d'Angleterre, 66, éd. Wilmotte : Mais quant li rois vit aprochier Le terme que dut acouchier, Crient que ne li deüst grever, Se ne l'i laissa plus aler); réfl. s'accoucher de « enfanter » (Id., op. cit., 613, ibid. : De deus enfans, ce saciés bien, S'est anuit me feme acoucie); sens fig. 1674 « créer (une œuvre) » (Molière, Femmes savantes, III, 1 ds Littré : Le sort de ce sonnet a droit de vous toucher; car c'est dans votre cour que j'en viens accoucher); b) 1671 trans. « aider (une femme) à mettre un enfant au monde » (Pomey, Dict. royal : Accoucher une femme : parienti feminae adesse... Je ne t'accoucherai pas si facilement qu'une sage-femme); 3. 1170 1200 acolchier la lance « baisser la lance » (Athis, Ars. 3312, fo84a ds Gdf. : Atys respont, ains est navrez Ou destre flanc, moult a saignié; Mes nous l'avons bien estainchié Et sa plaie moult bien lavee : A nul damage n'est tornee. En accochant le prist la lance, N'i a de mort nulle doutance); 1545 emploi fig. « s'abattre » (Germain Colin à Jehan Bouchet ds les Épitres Familières du Traverseur, 64 ds Hug. : La mer par fois souffle si fort et boult Qu'il n'y a sens qui tout ne s'en farousche Ne si bon cueur qui de peur ne s'acouche); attest. isolées. Dér. de coucher*; préf. a-* (< ad); accoucher au sens de « mettre un enfant au monde », s'est substitué à l'a. fr. gesir d'(un enfant), xiies. (xies. gésir « être couché », puis gésir de [causal]) et à l'a. fr. agesir, xiiies.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 562. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 797, b) 944; xxes. : a) 1052, b) 569.
BBG. − Bar 1960. − Bénac 1956. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Guiraud (P.). Mélanges d'étymologies argotiques et populaires. Cah. Lexicol. 1967, t. 10, no1, p. 8. − Hanse 1949. − Nysten 1814-20. − Thomas 1956.

Wiktionnaire

Verbe - français

accoucher \a.ku.ʃe\ 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Intransitif) Mettre au monde un enfant.
    • Agustina accoucha seule au-delà des faubourgs de Cádiz, Andalucía, berceau de ce mythe, près du cap de Trafalgar où cet hijo de puta de Nelson mit la pâtée à la flotte franco-espagnole — ce qui n'a rien à voir avec notre histoire, passons. — (François Coupry, L'œil du gitan: roman, Éditions du Rocher, 2000, p. 10)
    • Pour Annie Bureau-Roger, gynécologue, « une femme dans sa globalité, c'est une femme qui accouche, qui se contracepte, qui fait l’amour, qui fait des IVG et qu'on soigne ; l’IVG fait partie de la vie. » — (Maud Gelly, Avortement et contraception dans les études médicales: une formation inadaptée, Éditions de L'Harmattan, 2006, p. 24)
  2. (Transitif) Aider une femme à accoucher.
    • C’est ce chirurgien, c’est cette sage-femme qui l’a accouchée.
    • Elle s’est accouchée elle-même.
  3. (Intransitif) (Figuré) Faire arriver à terme, finir quelque chose, un ouvrage.
    • Mardi 9 octobre, à l’issue d’une journée marathon de plus de treize heures de discussions et pas moins de trois tours de négociations serrées, les vingt-huit ministres de l’environnement de l’Union européenne (UE), réunis à Luxembourg pour un Conseil crucial, ont accouché, dans la douleur, d’un compromis sur les normes d’émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui s’appliqueront aux voitures commercialisées à partir de 2020. — (Cécile Ducourtieux, Stéphane Mandard, Accord a minima de l’UE sur les réductions d’émissions de CO2 des voitures, Le Monde. Mis en ligne le 10 octobre 2018)
    • Cette impossibilité presque structurelle de la démocratie technique – à part quelques initiatives isolées – accouchera sans doute plus probablement d’une éternelle régulation par le haut, comme l’explique Kara Swisher (@karaswisher) dans le New York Times. — (Mais où va le Web ?, Peut-on rendre la technologie morale ?, 23 octobre 2018 → lire en ligne)
    • Une trilogie charnière compliquée à accoucher, le récit d’adolescents en proie à des maladies qui les coupent de la société et les conduisent à une certaine excentricité et à une forme de réclusion. — (Pauline Croquet, « L’Île aux chiens », l’œuvre de Wes Anderson, adaptée par un maître du manga, Le Monde. Mis en ligne le 20 avril 2019)
  4. (Intransitif) (Figuré) (Familier) Avouer, finir par dire quelque chose.
    • Alors, Raymond ? Accouchez ! Qu'est-ce que cette bande de soviets à la solde de Moscou nous a encore concocté ? — (Anne Lecap, Quand la révolte gronde, Éditions Flammarion, 2011, chap.13)
  5. (Pronominal) (Figuré) (Familier) Arriver à l'existence.
    • L'humain s'accouche par la venue au langage. — (Bruno Chenu, Disciples d'Emmaüs, Bayard, Paris, 2003, p. 123)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ACCOUCHER. v. intr.
Mettre un enfant au monde. Elle est accouchée. Accoucher heureusement. Elle est accouchée d'un garçon, d'une fille, de deux jumeaux. Accoucher à terme, avant terme. Accoucher d'un enfant mort. Elle a accouché très courageusement. Elle s'est accouchée elle-même. Il est aussi transitif et signifie Aider une femme à accoucher. C'est ce chirurgien, c'est cette sage-femme qui l'a accouchée. Il se dit figurément en parlant de l'Esprit et des conceptions de l'esprit. J'ai eu bien de la peine à accoucher de cet ouvrage. Accoucher d'un projet, d'une idée. Socrate disait qu'il faisait l'office de sage-femme, qu'il faisait accoucher les esprits.

Littré (1872-1877)

ACCOUCHER (a-kou-ché)
  • 1 V. n. Mettre au monde. Accoucher à terme, avant terme. Elle est accouchée de deux jumeaux. Et la triste Émilie est morte en accouchant, Corneille, Sert. V, 2. Que ses parents et ses voisins l'avaient vue grosse de la fille dont elle avait accouché, Vertot, Rév. rom. V, 60. Elle vient d'accoucher d'un garçon, Sévigné, 3.
  • 2 Fig. et dans le style badin ou critique. L'un enfante des volumes, l'autre accouche d'épigrammes. Que votre esprit accouche enfin de ce que… Le sort de ce sonnet a droit de vous toucher ; Car c'est dans votre cour que j'en viens d'accoucher, Molière, F. sav. III, 1. Mais enfin j'accouche d'un dessein Qui passera l'effort de tout le genre humain, Regnard, Lég. IV, 2. Monsieur avait accouché de projets toute la nuit, Retz, III, 176. Si quelquefois il n'enfantait pas heureusement ses idées, du moins il savait faire accoucher heureusement ses auditeurs des vérités cachées qui étaient en eux, Desfont. Éloge de Renau.
  • 3S'expliquer. Parlez, accouchez enfin, et voyons ce qui vous inquiète. Le roi insistant, il fallut bien accoucher, et Chamillart lui dit que…, Saint-Simon, 105, 120.
  • 4 V. a. Aider une femme à accoucher. Accoucher une femme. Ce chirurgien accouche bien.

REMARQUE

Accoucher, v. n. se conjugue avec être quand il s'agit d'exprimer l'état, et avec avoir quand il s'agit d'exprimer l'acte : Elle est accouchée depuis un mois ; Elle a accouché heureusement. Loc. vic. : Elle a accouché d'hier. Dites : Elle est accouchée d'hier.

HISTORIQUE

XIIIe s. Mahius de Montmorency accoucha malades, et tant fu agrevés qu'il morut, Villehardouin, 89. Li quens del Perche s'acoucha de maladie, Villehardouin, 29. La comtesse Marie si acoucha d'une fille, Villehardouin, 180. Novellement est acouchée, à chascun [petit] donoit sa bouchée, Ren. 363. Et pour les dites maladies [j'] acouchai au lit malade en la mi careme, Joinville, 237. Car trois jours devant ce que elle acouchast, lui vinrent les nouvelles que li rois estoit pris, Joinville, 252. Et avint antre ces entrefates que la reïne fust preste d'acouchier ; et lo jor devant que ele acouchast…, Merlin, f° 68, recto.

XIVe s. Si le [Piètre] leva de fons [fut sa marraine] la roÿne jolie, Qui d'une fille estoit à ce temps acouchie, Guesclin, 8621.

XVe s. Après advint que celle dame fut enceinte, et le dit roi, son mari, accoucha malade au lict de la mort, Froissart, I, I, 49. L'abbesse, qui belle et jeune et en bon point lors estoit, nagueres s'acouche malade, Louis XI, Nouv. 21. Advint qu'elle fut malade et au lit de la mort acouchée, Louis XI, Nouv. 51. Là accoucha malade messire Henry de Bar en une ville que on nomme Trevise, Bouc. I, 27.

XVIe s. Ci dessous git estendue et couchée, Une qu'amour si bien vaincue avoit, Que plusieurs fois elle en fust accouchée ; Mais c'estoit mal dont elle relevoit, Saint-Gelais, 197. …où les femmes s'accouchent sans plainte et sans effroy, Montaigne, I, 113. Une montagne fut quelque fois en travail d'enfant, et puis enfin elle s'accoucha d'une souris, Amyot, Agés. 63. Elle s'accoucha en la prison d'un beau fils que…, Amyot, Dion, 72.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ACCOUCHER, v. n. enfanter. Accoucher heureusement. Elle a accouché en tel endroit. Elle est accouchée. Accoucher à terme. Accoucher d’un enfant mort. (L)

Accoucher, v. adj. aider à une femme à accoucher. C’est cette Sage-femme qui a accouché une telle dame. Elle accouche bien. Un Chirurgien accouche mieux qu’une Sage-Femme. (L)

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Étymologie de « accoucher »

Bourguig. écouchai ; picard, acouker. On voit par l'historique que accoucher ou s'accoucher signifie proprement se coucher, s'aliter ; ce n'est que peu à peu qu'il a pris le sens exclusif de se mettre au lit pour enfanter. De à et coucher.

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(XIIIe siècle) Dérivé d’a- et de coucher. À la fin du XIIe siècle, accoucher signifiait « se coucher ».
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Phonétique du mot « accoucher »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
accoucher akuʃe

Évolution historique de l’usage du mot « accoucher »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « accoucher »

  • Bébés : facile à faire, difficile d’en accoucher. De Anonyme , 
  • Si les hommes devaient accoucher, aucun ne dépasserait jamais le premier enfant. De Lady Diana / The Observer , 
  • Le temps est une femme qui ne cesse d’accoucher obstinément, furieusement, vicieusement. De Dominique Rolin / Le Futur immédiat , 
  • Quand les hommes accoucheront, les femmes penseront. De Hector Talvart / Conjectures et nouvelles conjectures , 
  • Si cela peut sembler inimaginable d'accoucher d'un bébé aussi "gros" pour de nombreuses futures mamans, Emma Fearon, elle, a l'habitude. Sa première fille, Aria (3 ans), pesait 4,5 kilos à la naissance. Ensuite, elle a donné naissance à Amelia (27 mois), pesant 4 kilos. Un "petit" bébé vis-à-vis de sa grande sœur ! Pourtant, elle aussi reste au-dessus de la moyenne nationale, qui est de 3,3 kilos à la naissance pour une fille, et de 3,4 kilos pour un garçon, selon la NHS. "Les sages-femmes n'étaient pas inquiètes pour le poids [d'Atticus] - elles pensaient toutes les deux que le corps ne produirait pas un bébé dont on ne peut pas accoucher et m'encourageaient, même si aucune d'entre nous ne pensait qu'il serait si grand", se souvient cette mère de famille. Magicmaman.com, Une femme accouche à domicile d'un bébé de plus de 5 kilos ! - Magicmaman.com
  • C'est une tendance qui croît de plus en plus : accoucher dans la douleur sans péridurale. « Une pression supplémentaire sur les femmes » estime la gynécologue et obstétricienne Odile Buisson. Charlie Hebdo, Accouchement : la souffrance, c'est tendance - Charlie Hebdo
  • Les naissances, en France, restent ultra-médicalisées, avec 82 % de péridurales, 20,2 % de césariennes, 20 % d’épisio… Mais de nouvelles méthodes, plus douces, se développent… et l’autohypnose gagne du terrain ! Découvrez l'Hypnonaissance, pour accoucher zen ! PARENTS.fr, Accoucher avec la méthode de l'HypnoNaissance ®, c'est tendance | PARENTS.fr
  • «J’étais dans un état d’esprit positif, avant qu’on m’apprenne que je ne pourrais pas accoucher à la maison. On m’avait dit que ça se pouvait que j’accouche seul, sans la présence de mon conjoint, mon fils et ma sœur. Les nouvelles dans les médias étaient négatives et changeaient souvent. Ça commençait à me stresser», avoue cette dernière. L'Éclaireur Progrès, Elle accouche avec une sage-femme pendant la COVID-19 - L'Éclaireur Progrès
  • Il y a quelques heures, les internautes se demandaient si Hillary n’était pas sur le point d’accoucher. En route vers la maternité, elle s’est absentée des réseaux sociaux durant plusieurs heures. Face aux interrogations, celle qui a eu des problèmes de santé lors de sa grossesse a donné de ses nouvelles et a fait le point sur Snapchat: « Je n’ai toujours pas accouché. En en fait on est allé à la maternité cette nuit parce que toute la soirée on ne sentait pas bouger le bébé. Vers 2h du matin on s’est inquiété donc on a été à la maternité (…) Ils ont fait un monitoring et ils ont vu que le coeur du bébé battait très bien. Ils m’ont aussi fait un contrôle du col et ça y est il est ouvert (…) Le travail commence. Tout va bien. Ce n’est qu’une question de temps. Je pense que cette semaine nous serons trois, quatre avec petite perle » Star 24, Hillary sur le point d'accoucher : elle a eu un grosse frayeur !
  • Joanie Guillemette devait accoucher à Saint-Jean-sur-le-Richelieu, mais ses plans ont changé abruptement: au début du mois de mai, elle a dû donner naissance en zone chaude, dans une unité des naissances dédiée à la COVID-19 à l’hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil. Le Journal de Montréal, Accoucher en étant atteinte de la COVID-19 | JDM
  • Bébés : facile à faire, difficile d’en accoucher. De Anonyme , 
  • Si les hommes devaient accoucher, aucun ne dépasserait jamais le premier enfant. De Lady Diana / The Observer , 
  • Le temps est une femme qui ne cesse d’accoucher obstinément, furieusement, vicieusement. De Dominique Rolin / Le Futur immédiat , 
  • Quand les hommes accoucheront, les femmes penseront. De Hector Talvart / Conjectures et nouvelles conjectures , 
  • "Les sages-femmes n'étaient pas inquiètes pour le poids [d'Atticus] - elles pensaient toutes les deux que le corps ne produirait pas un bébé dont on ne peut pas accoucher et m'encourageaient, même si aucune d'entre nous ne pensait qu'il serait si grand", se souvient cette mère de famille. Magicmaman.com, Une femme accouche à domicile d'un bébé de plus de 5 kilos ! - Magicmaman.com

Images d'illustration du mot « accoucher »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « accoucher »

Langue Traduction
Anglais give birth
Espagnol dar a luz
Italien partorire
Allemand gebären
Portugais dar à luz
Source : Google Translate API

Synonymes de « accoucher »

Source : synonymes de accoucher sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot accoucher au Scrabble ?

Nombre de points du mot accoucher au scrabble : 18 points

Accoucher

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