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Absent

Variantes Singulier Pluriel
Masculin absent absents
Féminin absente absentes

Définitions de « absent »

Trésor de la Langue Française informatisé

ABSENT, ENTE, adj. et subst.

I.− Sens propre
A.− Emploi adjectif
1. Constr. absolue
a) [En parlant d'une pers.] Qui n'est pas présent dans un lieu :
1. Pourquoi, avec nos dix doigts, n'en pouvons-nous pas faire autant? Comment ces lignes, mortes comme celles que nos enfants tracent sur le sable du rivage, peuvent-elles redire les paroles vivantes d'un homme absent ou parti dans l'Ouest? S.-J. de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York,1801, p. 107.
2. Ainsi un nouveau peuple succède au peuple romain absent ou détruit. Les esclaves prennent la place des maîtres, occupent fièrement le forum, et dans ces bizarres saturnales, gouvernent par leurs décrets les Latins, les Italiens qui remplissent les légions. J. Michelet, Histoire romaine,t. 2, 1831, p. 112.
3. O chers êtres absents, on ne vous verra plus Marcher au vert penchant des côteaux chevelus, Disant tout bas de douces choses! V. Hugo, Les Contemplations,t. 2, 1856, p. 424.
Rem. Ds cet ex., absent est appliqué par euphémisme aux morts (cf. absent subst.).
4. L'architecte étant absent, il voulut absolument faire visiter au jeune homme les travaux du calvaire, pour lesquels il se passionnait. É. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 174.
5. Ce fut le moment que choisit le châtelain, absent depuis une quinzaine, pour revenir de Paris et quérir les bons avis du notaire de X... Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 135.
DR. CIVIL. (cf. inf. I B, emploi subst.) :
6. Si le mari est interdit ou absent, le juge peut, en connaissance de cause, autoriser la femme, soit pour ester en jugement, soit pour contracter. Code civil des Français,1804, p. 42.
7. Les exécuteurs testamentaires feront apposer les scellés, s'il y a des héritiers mineurs, interdits ou absens. Code civil des Français,1804p. 187.
b) [En parlant d'une chose] Qui est non présent, manquant ou presque inexistant :
8. De combien de modifications, de degrés de force et de persistance, ne sont-elles donc pas susceptibles, ces habitudes de l'imagination et du sentiment, selon que l'objet est réel ou chimérique, nu ou enveloppé de nuages mystérieux, simple ou varié, absent ou présent, libre de tout obstacle ou environné de résistances!... Maine de Biran, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,1803, p. 106.
9. Il n'a pas assez lu de classiques en sa langue. Pas de rapidité ni de netteté, et il lui manque la faculté de faire voir; le relief est absent, la couleur même a une sorte de teinte grise. G. Flaubert, Correspondance,1853, p. 158.
10. La composition [de ce tableau] est nulle, le dessin rare, la couleur absente. Castagnary, Salons,t. 2, 1877, p. 288.
11. L'amour lui-même, qui selon la parole de Fénelon n'est pas fait pour « aimer », mais pour l'« aimé », l'amour peut être dans certains cas la vague anticipation divinatoire d'un objet absent ou inexistant... V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 241.
2. Constr. prép. Absent de
a) [En parlant d'une pers.]
[Le compl. est un inanimé] Non présent dans un lieu, dans une situation :
12. Bonaparte avait besoin d'être absent des affaires. Il se cacha dans la gloire comme un ange dans le soleil. A. de Vigny, Le Journal d'un poète.1829, p. 898.
13. − Il convenait que je fusse absent de votre mariage. Je me suis fait absent le plus que j'ai pu. J'ai supposé cette blessure pour ne point faire un faux, pour ne pas introduire de nullité dans les actes du mariage, pour être dispensé de signer. V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 659.
14. En revanche, Pascal, absent de l'autre livre, apparaissait dans celui-ci, à titre de curiosité... R. Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 523.
[Le compl. est une pers.] Vieilli. Qui est éloigné, n'est plus mêlé à l'existence de qqn :
15. C'est encore une amitié qui me quitte. Il est marié et, partant, absent de moi, quoi qu'il en dise. G. Flaubert, Correspondance,1846, p. 413.
16. Je regrette d'être absent de vous, car j'aurais joui de votre orgueil si beau. Vous savez que j'aime ce qui est rare, concentré, précieux, cristallin et total et vous pouvez computer ce que je perds à votre éloignement. A. Gide, P. Valéry, Correspondance,Lettre de P. V. à A. G., juin 1891, p. 94.
P. anal. :
17. ... il n'est pas d'écrivain mieux occupé des mots que celui qui se propose à tout instant de les pourchasser, d'être absent d'eux ou bien de les réinventer. Ce serait peu encore : d'établir qu'il les a réinventés, d'apporter les preuves de son innocence. J. Paulhan, Les Fleurs de Tarbes,1941, p. 145.
[Avec, dans la même constr., un compl. de lieu et de pers.] :
18. Inattentive (...) elle [Mmede Burne] devait songer à quelque chose (...) qui l'intéressait encore davantage, ce soir-là, que ses amis. Elle fit des frais cependant mais (...) elle les faisait par devoir (...) visiblement absente d'elle-même et de sa demeure. G. de Maupassant, Notre cœur,1890, p. 314.
19. Elle m'aime pour ce qui me manque. Absent comme je le suis de tout et même de moi, je lui change tout ce qui la tient prisonnière en fumée. J. Bousquet, Traduit du silence,1936, p. 103.
Rem. 1. L'absence traduit soit une non-présence qui est gén. phys. mais qui peut être aussi fictive (ex. 14); l'absent étant celui qui n'est pas mentionné; soit une non-participation (ex. 12). 2. Absent de + subst. animé est proche du sens fig. 1.
b) [En parlant d'une chose] Non présent dans, avec une idée de non-existence :
20. [le noir] est complètement absent des œuvres de Monet qui sont très souvent des effets de clair sur clair,... C. Mauclair, Les Maîtres de l'impressionnisme,1904, p. 29.
B.− Emploi subst. masc. ou fém. Personne absente :
21. Tous les deux crurent que ce qu'ils avoient tant aimé, ne pouvoit être insensible à leur souvenir; ils ne purent concevoir que ces absents si regrettés, toujours vivants dans leurs pensées, eussent entièrement cessé d'être; qu'ils ne se réuniroient jamais à cette autre moitié d'eux-mêmes. F.-R. de Chateaubriand, Essai historique, politique et moral sur les Révolutions,t. 2, 1797, p. 289.
22. L'oubli! Comment ce mot est-il si doux! Il faut compenser l'absence par le souvenir. La mémoire est le miroir où nous regardons les absents. J. Joubert, Pensées, essais, maximes et correspondance, t. 1, 1824, p. 188.
23. Combien de fois, revenant, le soir, des quartiers bruyants avec l'aimable ami, confident trop complice de mes détestables progrès, sur ce Pont-des-arts, alors tout nouveau, où nous nous séparions, je m'écriai en lui désignant l'absente : « ah! c'est elle, c'est elle encore que j'aime le mieux, et qui saurait le mieux aimer! » Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 77.
24. − Le bonheur! C'est le grand absent dont chacun parle comme s'il le connaissait de vue! E.-M. de Vogüe, Les Morts qui parlent,1899, p. 63.
Rem. Par euphémisme on désigne par absents les morts (ex. 21). L'absent peut être un inanimé personnifié (ex. 24). Remarquer la valeur affective du subst.
DR. CIVIL. Juridiquement ,,l'absent est celui qui, éloigné de sa résidence habituelle, a cessé de donner de ses nouvelles depuis un temps assez long pour que son existence soit devenue incertaine. Par opposition à l'absent proprement dit, on qualifie de non-présent celui qui n'est présent ni à son domicile ni à sa résidence, sans que son existence soit incertaine.`` (Dalloz, Nouveau répertoire de droit, 1962, s.v. absence) :
25. 125. La possession provisoire ne sera qu'un dépôt, qui donnera à ceux qui l'obtiendront, l'administration des biens de l'absent, et qui les rendra comptables envers lui, en cas qu'il reparaisse ou qu'on ait de ses nouvelles. 126. Ceux qui auront obtenu l'envoi provisoire, ou l'époux qui aura opté pour la continuation de la communauté, devront faire procéder à l'inventaire du mobilier et des titres de l'absent, en présence du commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance, ou d'un juge de paix requis par ledit commissaire. Code civil des Français,1804, p. 26.
MILIT. Bon absent ,,jeune homme qui, sans excuse valable, ne s'est pas présenté devant le conseil de révision.`` (Lar. encyclop.).
PROVERBES
Les absents ont (toujours) tort :
26. Les climats ardens consument trop vîte les souvenirs. Les dames y portent dans leurs affections un positif désespérant pour nous autres mélancoliques; c'est là que les absens ont tort, et qu'un chiffonnier sentimental serait bientôt relégué au garde-meuble. V. de Jouy, L'Hermite de la chaussée d'Antin ou Observations sur les mœurs et les usages français au commencement du XIXes.,t. 1, 1811, p. 174.
Les os sont pour les absents :
27. On dit prov. les os sont pour les absens, pour dire que les personnes qui ne se rendent pas à table à l'heure fixe s'exposent à n'avoir que les restes des autres. J.-F. Rolland, Dictionnaire du mauvais langage,1813, p. 2.
II.− Au fig., emploi adj. [En parlant d'une pers., d'une fonction, d'un organe des sens] Qui ne prête aucune attention à une chose ou à une personne qui devrait normalement attirer l'attention; qui révèle ce manque d'attention.
1. Constr. absolue
a) [En parlant d'une pers.] :
28. Le malheureux, complètement bouleversé, laisse sa femme commander le souper et absent, étranger aux choses qui se disent, le front tout pâle, penché sur son assiette, fait tourner machinalement, dans son poing fermé son couteau de table, la lame en l'air. E. et J. de Goncourt, Journal,mai 1878, p. 1235.
Rem. On peut se demander si dans cet ex. absent n'est pas construit avec la prép. à.
29. Vers cette époque, ses amis remarquèrent un changement dans ses manières. Il était souvent distrait, comme absent. Il n'écoutait pas bien ce qu'on lui disait. Il avait l'air absorbé et souriant. Quand on lui faisait remarquer ses distractions, il s'excusait affectueusement. R. Rolland, Jean-Christophe,La Nouvelle journée, 1912, p. 1578.
b) [En parlant d'un organe ou d'une fonction révélateurs d'un comportement psychol.] :
30. ... et l'esprit tout absent, quoique les yeux ouverts, semblait suivre du cœur des songes dans les airs; ... A. de Lamartine, La Chute d'un ange,1838, p. 870.
31. ... impassible, presque hautaine, elle écoutait, sans broncher, les paradoxes les plus monstrueux, souriait, l'air absent, les yeux perdus au loin. J.-K. Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 35.
2. Constr. prép.
a) Absent de + pron. pers. réfl. :
32. Je me remis machinalement à la fenêtre, fort désappointé, et regardant sans voir, comme lorsqu'on a une idée qui vous rend absent de vous-même. R. Toepffer, Nouvelles génevoises,1839, p. 143.
33. La visite eut lieu comme il avait dit; mais j'étais absent de moi-même. Je me laissai conduire et ramener, je traversai les cours, je vis les classes d'étude avec une indifférence absolue pour ces sensations nouvelles. E. Fromentin, Dominique,1863, p. 63.
Rem. Cf. en outre sup. les ex. 18, 19, 27.
b) Absent dans(synon. de absent de).Vieilli :
34. ... il est séparé de l'ensemble des êtres, il n'y a plus de contact; tout existe en vain devant lui, il vit seul, il est absent dans le monde vivant. E. de Sénancour, Obermann,t. 1, 1840, p. 92.
Rem. Dans l'ex. suiv. absent est en constr. absolue, dans votre présence se rapportant à il y a [dans votre présence « malgré votre présence »] :
35. Mon pauvre ami, il y a quelque chose d'absent dans votre présence qui me la rend plus insupportable que votre absence même. Au moins, le vide sera complet. V. Hugo, Correspondance,1848, p. 494.
c) Absent à.Dans ce cas, ce qui est absent est une notion abstr. :
36. Elle [la grandeur de Rimbaud] éclate à l'instant où, donnant à la révolte le langage le plus étrangement juste qu'elle ait jamais reçu, il dit à la fois son triomphe et son angoisse, la vie absente au monde et le monde inévitable, le cri vers l'impossible et la réalité rugueuse à étreindre, le refus de la morale et la nostalgie irrésistible du devoir. A. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 115.
Prononc. : [ab̭sɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Enq. : /apsã/, -t/.
Étymol. − Corresp. rom. : a. prov. absens; n. prov. absènt, assènt, aussènt; ital. assente; a. esp. absente; esp. ausente; port. absente, ausente; roum. absent. 1296 « qui n'est pas présent » (ds A. Thierry, Monum. de l'hist. du Tiers-État, 1eS., i., 303 ds Barb. Misc. II, p. 94 : Reverent pere Guillaume, par la grace de Dieu eveske d'Amiens, absent...); 1305 « id. » (cité ds Giry, Hist. de Saint-Omer, 449, Delboulle ds Quem. s.v. : Lambert, Bonenfant et Gilles Brot luiz compaignons absens); [ausent, forme pop. 1. 2emoitié du xiies. « qui n'est pas présent » (ms. du xives.) (Vie de Saint Evroult, 3893-3894, texte norm. ds Barb. Misc., II, p. 94 : Quer dan Noël, qui ert abbé, Ausent fu...); 2. xives. « qui manque de (faire une chose), qui est défaillant (pour faire qqc.) », tour le plus souvent négatif, Brun de la Montagne, Richel. 2170, fo51 rods Gdf. : Je croy c'onques nus hons en chemin ne en sentes Ne vit en son vivant II plus belles jouvantes,... L'escu ont enchargié sans faire plus d'atantes, Au porter tout entour ne furent pas ausentes]. Empr. au lat. absēns, -tis (part. prés. pris adj. du verbe abesse) « qui n'est pas présent » dep. Plaute (Rudens, 742 ds TLL s.v., 213, 63; cf. lat. médiév. « id. » ds Mittellat. W. s.v., 64, 39 sq.). Absent forme sav., ausent forme pop. avec vocal. de -b devant consonne; cf. absence et aucence (1318, Cart. de Troarn [Normandie], B. N. I, 10086, fo89 vods Gdf. Compl.), 2 emploi fig. de 1. HIST. − Stab. sém. de ce mot qui s'est enrichi au cours des siècles tout en conservant ses sens anc. sauf 2 considérés auj. comme vx. A.− Adj. 1. En parlant d'animés « qui n'est pas présent, qui est éloigné de » a) Au propre « éloigné d'un lieu », 1reattest. 1296 (cf. étymol. 1); dans l'anc. lang., le mot semble avoir un sens assez large; il connaît une restriction au xviieet xviiies. (Fur. 1690 − Ac. 1798) : « Qui est éloigné du lieu de sa résidence ordinaire ». « Éloigné, séparé de qqn » spéc. dans le vocab. galant (xvieet xviies.); sens disparu : Par le moyen de la nostre amystié Qui veut aussi que la moytié je sente Du deuil qu'aurez d'estre de moy absente. Marot, Élégies, 3 (Hug.). b) Au fig. « distrait, inattentif », emploi toujours vivant : Son esprit est quelquefois absent. Ac. 1798. 2. En parlant d'inanimés « qui manque, inexistant », xviies. mais ne figure pas dans la lexicogr. entre Rich. et Besch. : Dangers absents. Rich. 1680. B.− Subst. (de Nicot 1606 à nos jours) : 1. Lang. jur. : 1752 « celui que l'on ne trouve point et de qui on fait le procès par contumace » (Trév.); ce sens a évolué (cf. sém.). 2. Lang. milit. (cf. sém.). 3. Expr. proverbiales : a) Les os sont pour les absents, de Fur. 1690 au xixes. (cf. sém.); b) Les absents ont toujours tort, de Ac. 1718 à nos jours.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 2 263. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 2 920, b) 3 826; xxes. : a) 2 749, b) 3 420.
BBG. − Barr. 1967. − Bouillet 1859. − Dupin-Lab. 1846. − Réau-Rond. 1951.

Wiktionnaire

Nom commun - français

absent \ap.sɑ̃\ masculin (pour une femme, on dit : absente)

  1. Personne qui n’est pas là, qui ne participe pas.
    • Ni Arsène André, ni Victor Mouria n'étaient à la grand’messe ; c’étaient à peu près les seuls absents et Amélie Bayet se réjouit en soi-même de n’être pas la femme d’un tel mécréant… — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (Droit) Personne non présente au jugement.
    • Les personnes présumées absentes.
    • Les biens que l’absent possédait au jour de sa disparition.
    • Après le jugement de déclaration d'absence, toute personne qui aurait des droits à exercer contre l'absent ne pourra les exercer que contre ceux qui auront été envoyés en possession des biens, ou qui en auront l'administration légale. — (Code civil des Français, Livre Premier - Des Personnes, Titre IV - Des absens)

Adjectif - français

absent masculin

  1. Qui n’est pas là où on l’attend.
    • Notre hôte, absent au moment de notre arrivée, ne tarde pas à paraître et me fait l’accueil auquel je m’attendais de sa part. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 38)
    • Les négociants en ânes qui vivaient hors de chez eux à longueur de temps et étaient absents huit à neuf mois dans l’année ne pouvaient éviter d’avoir une maîtresse quelque part. — (Liu Zhenyun , En un mot comme en mille, traduit du chinois par Isabelle Bijon et Wang Jiann-Yuh, Éditions Gallimard, 2013, chapitre 2)
  2. Qui manque ; qui fait défaut.
    • Dans les dépressions où leur puissance était grande, les prêles ont protégé les roches meubles sous-jacentes, tandis que l’érosion déblayait celles-ci là où cette couverture protectrice était absente ou moins épaisse. — (Bulletin de la Société belge de géologie, de paléontologie et d'hydrologie, volume 57 à 58, 1948, page 620)
  3. (Figuré) Qui est distrait, inattentif.
    • Son esprit est quelquefois absent.
    • Durant toute notre conversation il est resté comme absent.
    • Avoir l’air absent.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ABSENT, ENTE. adj.
Qui est éloigné de sa demeure, de sa résidence ordinaire, ou Qui n'est pas dans le lieu où l'on devait le trouver. Vous avez été longtemps absent. Être absent de Paris. Absent par congé. J'étais absent au moment de l'appel. Il signifie au figuré Qui est distrait, inattentif. Son esprit est quelquefois absent. Durant toute notre conversation il est resté comme absent. Avoir l'air absent. Il est aussi employé comme nom. Tant les absents que les présents. On oublie aisément les absents. Prov., Les absents ont toujours tort. Il s'emploie aussi en termes de Jurisprudence. Les personnes présumées absentes. Les biens que l'absent possédait au jour de sa disparition. Voyez ABSENCE.

Littré (1872-1877)

ABSENT (a-bsan, san-t', ou, suivant la prononciation réelle, a-psan) adj.
  • 1Qui n'est pas présent. Être absent. Absent par congé. Vous avez été longtemps absent. C'est donc ainsi qu'absent vous m'avez obéi, Molière, Éc. des f. II, 2. Absent comme présent, il voyait le fond des cœurs, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 381. Faut-il l'exhorter beaucoup et le solliciter de penser à la personne dont il est épris ? que dis-je, peut-il même n'y penser pas et l'oublier ? Tout absente qu'elle est, il ne la perd, en quelque manière, jamais de vue, et elle lui est toujours présente, Bourdaloue, t. II, p. 52. Présente, je vous fuis ; absente, je vous trouve, Racine, Ph. II, 2.
  • 2Avec de et un nom de lieu. Absent de Paris. Il est depuis longtemps absent de chez lui. Absente de la cour, je n'ai pas dû penser, Seigneur, qu'en l'art de feindre il fallût m'exercer, Racine, Brit. II, 3. De ce même rivage absent depuis un mois, Racine, Iph. II, 1.
  • 3Avec de et un nom de personne. Quand j'ai été absent de Camille, je veux lui rendre compte de ce que j'ai pu voir, Montesquieu, Temple de Gnide, 5. être absent de quelqu'un, Voiture, II, 168. Tant de jours ennuyeux, Que je m'en vais passer absent de vos beaux yeux, Montreuil, II, 71. Et qu'un rival absent de vos divins appas, Molière, D. Garcie, I, 3. Absent de vous, je vous vois, vous entends, Fontenelle, X, 468.
  • 4En parlant des choses. Les choses absentes sortent de la mémoire. La fausseté des plaisirs présents et l'ignorance des plaisirs absents.
  • 5Distrait, inattentif. Son esprit est parfois absent.
  • 6Subst. Souvenez-vous d'un absent. Défendre les absents. Mesdames, ne parlez pas mal d'une absente, des absentes. Et ce vieux droit d'aînesse est souvent si puissant Que, pour remplir un trône, il rappelle un absent, Corneille, Nic. IV, 3.
  • 7 En termes de droit, se dit des personnes absentes dont on n'a point reçu de nouvelles depuis un certain temps et dont on ne connaît pas la résidence actuelle.
  • 8Proverbe. Les absents ont tort, on néglige les intérêts des personnes absentes.

    Absent ne se met qu'après son substantif.

HISTORIQUE

XIVe s. Ils n'estoient pas absens pour creinte, Bercheure, f. 36.

XVIe s. Nul heur, nul bien ne me contente, Absent de ma divinité, François I.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

ABSENT adj. en Droit, signifie en général, quiconque est éloigné de son domicile.

Absent, en matiere de prescription, se dit de celui qui est dans une autre Province que celle où est le possesseur de son héritage. Voyez Prescription & Présent.

Les absens qui le sont pour l’intérêt de l’Etat, sont réputés présens, quoties de commodis eorum agitur.

Lorsqu’il s’agit de faire le partage d’une succession où un absent a intérêt, il faut distinguer s’il y a une certitude probable qu’il soit vivant, ou si la probabilité au contraire est qu’il soit mort. Dans le premier cas il n’y a qu’à le faire assigner à son dernier domicile, pour faire ordonner avec lui qu’il sera procédé au partage. Dans l’autre cas, ses co-héritiers partageront entre-eux la succession, mais en donnant caution pour la part de l’absent. Mais la mort ne se présume pas sans de fortes conjectures ; & s’il reste quelque probabilité qu’il puisse être vivant, on lui réserve sa part dans le partage, & on en laisse l’administration à son héritier présomptif, lequel aussi est obligé de donner caution. (H)

Lorsque M. Nicolas Bernoulli, neveu des célebres Jacques & Jean Bernoulli, soûtint à Bâle en 1709 sa these de Docteur en Droit ; comme il étoit grand Géometre, aussi-bien que Jurisconsulte, il ne put s’empêcher de choisir une matiere qui admît de la Géométrie. Il prit donc pour sujet de sa these de usu artis conjectandi in Jure, c’est-à-dire, de l’application du calcul des probabilités aux matieres de Jurisprudence, & le troisieme chapitre de cette these traite du tems où un absent doit être réputé pour mort. Selon lui il doit être censé tel, lorsqu’il y a deux fois plus à parier qu’il est mort que vivant. Supposons donc un homme parti de son pays à l’âge de vingt ans, & voyons suivant la théorie de M. Bernoulli, en quel tems il peut être censé mort.

Suivant les tables données par M. Deparcieux de l’Académie Royale des Sciences, de 814 personnes vivantes à l’âge de 20 ans, il n’en reste à l’âge de 72 ans que 271, qui sont à peu près le tiers de 814 ; donc il en est mort les deux tiers depuis 20 jusqu’à 72 ; c’est-à-dire en 52 ans ; donc au bout de 52 ans il y a deux fois plus à parier pour la mort que pour la vie d’un homme qui s’absente & qui disparoît à 20 ans. J’ai choisi ici la table de M. Deparcieux, & je l’ai préférée à celle dont M. Bernoulli paroît s’être servi, me contentant d’y appliquer son raisonnement : mais je crois notre calcul trop fort en cette occasion à un certain égard, & trop foible à un autre ; car 1°. d’un côté la table de M. Deparcieux a été faite sur des Rentiers de tontines qui, comme il le remarque lui-même, vivent ordinairement plus que les autres, parce que l’on ne met ordinairement à la tontine que quand on est assez bien constitué pour se flater d’une longue vie. Au contraire, il y a à parier qu’un homme qui est absent, & qui depuis long-tems n’a donné de ses nouvelles à sa famille, est au moins dans le malheur ou dans l’indigence, qui joints à la fatigue des voyages ne peuvent guere manquer d’abréger les jours. 2°. D’un autre côté je ne vois pas qu’il suffise pour qu’un homme soit censé mort, qu’il y ait seulement deux contre un à parier qu’il l’est, surtout dans le cas dont il s’agit. Car lorsqu’il est question de disposer des biens d’un homme, & de le dépouiller sans autre motif que sa longue absence, la loi doit toûjours supposer sa mort certaine. Ce principe me paroît si évident & si juste, que si la table de M. Deparcieux n’étoit pas faite sur des gens qui vivent ordinairement plus long-tems que les autres, je croirois que l’absent ne doit être censé mort que dans le tems où il ne reste plus aucune des 814 personnes âgées de vingt ans, c’est-à-dire à 93 ans. Mais comme la table de M. Deparcieux seroit dans ce cas trop favorable aux absens, on pourra ce me semble faire une compensation, en prenant l’année où il ne reste que le quart des 814 personnes, c’est-à-dire environ 75 ans. Cette question seroit plus facile à décider si on avoit des tables de mortalité des voyageurs : mais ces tables nous manquent encore, parce qu’elles sont très-difficiles, & peut-être impossibles dans l’exécution.

M. de Buffon a donné à la fin du troisieme volume de son Histoire Naturelle, des tables de la durée de la vie plus exactes & plus commodes que celles de M. Deparcieux, pour résoudre le problème dont il s’agit, parce qu’elles ont été faites pour tous les hommes sans distinction, & non pour les Rentiers seulement. Cependant ces tables seroient peut-être encore un peu trop favorables aux voyageurs, qui doivent généralement vivre moins que les autres hommes : c’est pourquoi au lieu d’y prendre les comme nous avons fait dans les tables de M. Deparcieux, il seroit bon de ne prendre que les , ou peut-être les . Le calcul en est aisé à faire ; il nous suffit d’avoir indiqué la méthode. (O)

* D’ailleurs la solution de ce problème suppose une autre théorie sur la probabilité morale des événemens que celle qu’on a suivie jusqu’à présent. En attendant que nous exposions à l’article Probabilité cette théorie nouvelle qui est de M. de Buffon, nous allons mettre le lecteur en état de se satisfaire lui-même sur la question présente des absens reputés pour morts, en lui indiquant les principes qu’il pourroit suivre. Il est constant que quand il s’agit de décider par une supposition du bien-être d’un homme qui n’a contre lui que son absence, il faut avoir la plus grande certitude morale possible que la supposition est vraie. Mais comment avoir cette plus grande certitude morale possible ? où prendre ce maximum ? comment le déterminer ? Voici comment M. de Buffon veut qu’on s’y prenne, & l’on ne peut douter que son idée ne soit très-ingénieuse, & ne donne la solution d’un grand nombre de questions embarrassantes, telles que celles du problème sur la somme que doit parier à croix ou pile un joüeur A contre un joüeur B qui lui donneroit un écu, si lui B amenoit pile du premier coup ; deux écus, si lui B amenoit encore pile au second coup ; quatre écus, si lui B amenoit encore pile au troisieme, & ainsi de suite : car il est évident que la mise de A doit être déterminée sur la plus grande certitude morale possible que l’on puisse avoir que B ne passera pas un certain nombre de coups ; ce qui fait rentrer la question dans le fini, & lui donne des limites. Mais on aura dans le cas de l’absent la plus grande certitude morale possible de sa mort, ou d’un évenement en général, par celui où un nombre d’hommes seroit assez grand pour qu’aucun ne craignît le plus grand malheur, qui devroit cependant arriver infailliblement à un d’entre-eux. Exemple : prenons dix mille hommes de même âge, de même santé, &c. parmi lesquels il en doit certainement mourir un aujourd’hui : si ce nombre n’est pas encore assez grand pour délivrer entierement de la crainte de la mort chacun d’eux, prenons-en vingt. Dans cette derniere supposition, le cas où l’on auroit la plus grande certitude morale possible qu’un homme seroit mort, ce seroit celui ou de ces vingt mille hommes vivans, quand il s’est absenté, il n’en resteroit plus qu’un.

Voilà la route qu’on doit suivre ici & dans toutes autres conjonctures pareilles, où l’humanité semble exiger la supposition la plus favorable.

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Étymologie de « absent »

Provenç. absens ; catal. absent ; espagn. ausente ; ital. assente ; de absens, de abs, indiquant éloignement, et de ens, étant, participe inusité du verbe sum, je suis (voy. ESSENCE).

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Du latin absens.
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Phonétique du mot « absent »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
absent ɛbsœnt

Fréquence d'apparition du mot « absent » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « absent »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « absent »

  • La folie, ce n'est pas la confusion, c'est un palmier qui donne des dattes sans noyau, c'est une brûlure qui ne fait pas mal, c'est le baiser de l'absent.
    Tahar Ben Jelloun — L'Auberge des pauvres
  • Ce qui est passé a fui ; ce que tu espères est absent ; mais le présent est à toi.
    Proverbe arabe
  • Le deuil est une convalescence. Le repos de l'être absent devient notre propre repos. Il y a de la contagion dans la mort.
    Robert Baillie
  • L'amour n'est il pas essentiellement une quête de l'absent, de l'ailleurs, une poursuite dont paradoxalement, le succès coïncide avec l'échec ?
    Marc-André Poissant — Journal de nuit
  • Les brebis s'égarent quand le maître est absent.
    Érasme — Adages
  • Une façon de se faire remarquer est d’être absent.
    Alessandro Morandotti
  • On ne peut pas tresser la tête d'un absent.
    Proverbe malien
  • Il n'est rien de si absent que la présence d'esprit.
    Antoine de Rivarol — Rivaroliana
  • L'absent s'éloigne chaque jour.
    Proverbe japonais
  • Quand un père, absent toute la journée, rentre à six heures du soir, ses enfants profitent de son humeur mais pas de son enseignement.
    Robert Bly
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Images d'illustration du mot « absent »

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Traductions du mot « absent »

Langue Traduction
Anglais absent
Espagnol ausente
Italien assente
Allemand abwesend
Portugais ausente
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Synonymes de « absent »

Source : synonymes de absent sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « absent »

Combien de points fait le mot absent au Scrabble ?

Nombre de points du mot absent au scrabble : 8 points

Absent

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