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Absorbé

Définitions de « absorbé »

Trésor de la Langue Française informatisé

ABSORBÉ, ÉE, part. passé et adj.

I.− Qui est ou a été bu (cf. absorber, sém. I) :
1. Les quantités de chaleur, alternativement absorbées ou restituées par un corps qui passe de l'état solide ou liquide à l'état liquide ou gazeux, ou réciproquement, ont aussi une signification mécanique : ... Ch. Renouvier, Essais de critique générale,3eessai, 1864, p. 61.
2. J'avais plus de plaisir les soirs où un navire absorbé et fluidifié par l'horizon apparaissait tellement de la même couleur que lui, ainsi que dans une toile impressionniste, qu'il semblait aussi de la même matière, ... M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 805.
3. ... car il ne faut peut-être qu'un regard, qu'une larme, pour que tout l'immonde d'une vie humaine soit recouvert, absorbé, consumé dans l'éternel amour. F. Mauriac, Journal1, 1934, p. 59.
4. Et maintenant tu es mêlée, absorbée dans cet océan de substance spirituelle! M. Guérin, Journal intime ou le Cahier vert,1935, p. 227.
5. Et les chiens comprenaient, s'élançaient, disparaissaient en quatre bonds, fondus, absorbés dans les ténèbres et la pluie. M. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 64.
6. À contempler la nuit, je ne vois rien, n'aime rien. Je demeure immobile, figé, absorbé en elle. G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 192.
II.− Fig. Qui a l'esprit tout entier occupé ou profondément attentif à quelque chose (cf. absorber, sém. II et III) :
7. Nous ne parlions plus; absorbés, plongés dans le dernier degré de consternation et de faiblesse, nous marchions lentement vers ce que nous croyions être le nord-est, lorsque M. Herman tout-à-coup s'écria : − « Nous ne sommes pas loin d'une plantation; nous sommes sauvés... » J. de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York,t. 2, 1801, p. 53.
8. Pendant qu'il parloit, Richard observoit Malek Adhel, assis à la même place où il venoit de voir sa sœur un moment auparavant. Pâle, immobile comme elle, absorbé de même par une seule idée qui l'empêchoit de voir et d'entendre, et frappé d'une ressemblance si marquée, il ne put s'empêcher de s'écrier : « Non, je ne vis jamais un pareil amour! » MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 197.
9. ... tu ne connais pas ce supplice singulier d'appliquer violemment son imagination à mille choses différentes et indifférentes quand notre être tout entier est invinciblement absorbé dans un seul souvenir et dans une seule pensée. V. Hugo, Lettres à la fiancée,1822, p. 193.
10. Brisé par la douleur, absorbé dans un état quasi cataleptique, il ne cessait de contempler la figure fascinatrice de Pons, dont les lignes s'épuraient par l'effet du repos absolu de la mort. H. de Balzac, Le Cousin Pons,1848, p. 277.
11. Nous restâmes là longtemps sans parler, accablés, énervés, vaincus, absorbés peut-être dans le regret de notre action, effrayés de ses conséquences et désespérés de notre faiblesse. M. Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 78.
12. Pendant une heure, la jeune fille demeura repliée sur elle-même et absorbée en son rêve. P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole, les drames de Paris,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 353.
13. Jean Valjean posa son coude sur la pomme du chevet du lit et son front sur sa main, et se mit à contempler Fantine immobile et étendue. Il demeura ainsi, absorbé, muet, et ne songeant évidemment plus à aucune chose de cette vie. V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 355.
14. La mort de son fils lui avait donné un grand coup sur la tête, et elle était tombée comme assommée. Elle demeurait des heures entières, tranquille et inerte, absorbée au fond du néant de son désespoir; ... É. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 89.
15. Il me paraît absorbé, perdu par la politique! G. Flaubert, Correspondance,1872, p. 23.
16. C'était une passion de son corps, un ravissement du satin de sa peau et de la ligne souple de sa taille, qui la tenait sérieuse, attentive, absorbée dans un amour d'elle-même. É. Zola, Nana,1880, p. 1269.
17. ... sur l'herbe des îles, les yeux au fond de ses yeux, il restait en extase des journées, absorbé par elle, vidé de son cœur et de son sang. É. Zola, L'Œuvre,1886, p. 161.
18. Dans la chambre la plus incommode du premier étage, celle où il gèle en hiver, où l'on rôtit en été, papa s'enferme farouchement, absorbé, aveuglé et sourd aux bruits du monde, pour... ah! voilà vous n'avez pas lu parce qu'il ne sera jamais terminé, son grand travail sur la malacologie du Fresnois, ... Colette, Claudine à l'école,1900, p. 38.
19. « C'était un spectacle frappant de le voir dans son laboratoire, pensif, triste, absorbé, ne se permettant pas une distraction, pas un sourire... » M. Barrès, Mes cahiers,t. 10, janv.-avr. 1914, p. 257.
20. À la vérité, elle les prosterne, elle aussi, devant la majesté divine, mais sans les accabler, mais, pour les redresser aussitôt, oublieux d'eux-mêmes, ravis, absorbés par l'être divin, encore plus admirable que terrible. H. Bremond, Hist. littéraire du sentiment religieux en France,t. 3, 1921, p. 124.
21. Le sujet, absorbé dans sa prière, totalement insensible aux choses du monde extérieur, se serait élevé doucement à plusieurs pieds au-dessus du sol. A. Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 173.
Rem. 2 attitudes se dessinent dans l'emploi fig. révélant 2 moments de la vie psychol.; l'être est : soit tourné vers l'extérieur, occupé par un intérêt immédiat (l'intérêt du moment) (cf. ex. 15 et 17); soit totalement centré sur soi, dans un effort d'attention volontaire de concentration, cherchant p. ex. la solution d'un probl. sc. (cf. ex. 18 et 19); ou au contraire replié sur soi par la douleur, provoquée le plus souvent par un événement extérieur dram. (mort...) (cf. ex. 10 et 14); l'attitude mystique de contemplation est le seul cont. où l'on ne trouve pas de coloration affective négative (cf. ex. 20 et 21). Absorbé évoque donc les attitudes essentielles d'un être, tourné vers soi, dominé par la douleur ou la tristesse, indifférent au monde extérieur, présentant comme conséquence de cet état d'esprit une attitude extérieure caractéristique (état immobile, sourd, muet, cataleptique).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 384. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 088, b) 2 119; xxes. : a) 2 332, b) 1 803.
BBG. − Fromh.-King 1968.

Wiktionnaire

Adjectif - français

absorbé \ap.sɔʁ.be\

  1. Qualifie une personne profondément appliquée à quelque chose.
    • Le commissaire.— En vérité, monsieur Punèz, je pense que vous êtes absorbé par l’amour ou que j’ai trop auguré de votre intelligence. — (Georges Courteline, Le commissaire est bon enfant, 1899)
    • Nora Blume fixait ses ongles, absorbée. Elle les comparait à ceux parsemés de brillants de Madame Hermani. — (Claudia Quadri, Joue, Nora Blume, traduit de l'italien (Suisse) par Danielle Benzonelli, Éditions Plaisir de Lire, 2018, chapitre 6)
    • Il est entièrement absorbé dans l’étude des mathématiques.
    • Il était absorbé dans ses réflexions.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ABSORBER. v. tr.
Faire pénétrer en soi, s'assimiler. Les sables, les terres sèches et légères absorbent les eaux de la pluie en un moment. Absorber de la nourriture. Les pluies s'absorbent dans les sables. Il se dit dans un sens analogue en parlant des Couleurs, des sons, des odeurs, des saveurs. Le noir absorbe la lumière. Une voix faible est absorbée dans un grand chœur de musique. L'odeur de la tubéreuse absorbe l'odeur de la plupart des autres fleurs. Il se dit aussi des Corps qui ont la faculté de pomper les fluides placés à leur portée. Les branches gourmandes absorbent la nourriture destinée au reste de l'arbre. Les fluides sont absorbés par les vaisseaux lymphatiques. La membrane muqueuse du poumon absorbe l'oxygène de l'air, dans l'acte de la respiration. L'éponge absorbe l'eau.

ABSORBER, au figuré, signifie Consumer entièrement, et, en ce sens, il se dit principalement en parlant des biens, des richesses, de l'argent. Les procès ont absorbé tout son bien. Les frais ont absorbé la meilleure partie de la succession. Tout passe et s'absorbe dans l'éternité. Cette lecture absorbera trop de temps. Il signifie aussi Attirer à soi en entier. Cet orateur avait tellement absorbé l'attention qu'il n'y en eut plus pour les autres. Cette scène absorbe tout l'intérêt de la pièce. Ses nouvelles fonctions l'absorbent tout entier. Le participe passé

ABSORBÉ, ÉE, se dit d'une Personne profondément appliquée à quelque chose. Il est entièrement absorbé dans l'étude des mathématiques. Il était absorbé dans ses réflexions. Être tout absorbé en Dieu, Être dans une méditation continuelle des choses de Dieu. Absolument, Il est tout absorbé.

Littré (1872-1877)

ABSORBÉ (ap-sor-bé, bée) part. passé.
  • 1Poison absorbé. Pluies avidement absorbées par la terre.
  • 2Biens absorbés par les procès, en procès.
  • 3Au figuré. Absorbé par les affaires, absorbé par une grande douleur, absorbé dans ses réflexions. Je suis absorbé dans la composition. Mais ce n'est là qu'une faible voix absorbée, pour ainsi dire, par le bruit formidable de la multitude, Massillon, Profession religieuse, Sermon. Absorbé dans ses spéculations, il devait naturellement être et indifférent pour les affaires et incapable de les traiter, Fontenelle, Newton. La volonté est absorbée en Dieu, Pascal, édit. Cousin. Quand je considère la petite durée de ma vie absorbée dans l'éternité, Pascal, ib.
  • 4 Absolument. Qui ne prête pas attention aux choses du dehors. Voyez-le ; il est tout absorbé.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « absorbé »

Du participe passé du verbe « absorber ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « absorbé »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
absorbé absɔrbe

Fréquence d'apparition du mot « absorbé » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « absorbé »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « absorbé »

  • Fort de ses trois ans d’expérience, Franck pense qu’il existe des conducteurs sérieux, même parmi les noirs. A… est aussi de cet avis, bien entendu. Elle s’est abstenue de parler pendant la discussion sur la résistance comparée des machines, mais la question des chauffeurs motive de sa part une intervention assez longue et catégorique. Il se peut d’ailleurs qu’elle ait raison. Dans ce cas, Franck devrait avoir raison aussi. Tous les deux parlent maintenant du roman que A… est en train de lire, dont l’action se déroule en Afrique. L’héroïne ne supporte pas le climat tropical (comme Christiane). La chaleur semble même produire chez elle de véritables crises :“C’est mental, surtout, ces choses-là”, dit Franck. Il fait ensuite une allusion, peu claire pour celui qui n’a pas feuilleté le livre, à la conduite du mari. Sa phrase se termine par “savoir la prendre” ou “savoir l’apprendre”, sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude de qui il s’agit, ou de quoi. Franck regarde A…, qui regarde Franck. Elle lui adresse un sourire rapide, vite absorbé par la pénombre. Elle a compris, puisqu’elle connaît l’histoire. Non, ses traits n’ont pas bougé. Leur immobilité n’est pas si récente : les lèvres sont restées figées depuis ses dernières paroles. Le sourire fugitif ne devait être qu’un reflet de la lampe, ou l’ombre d’un papillon. Du reste, elle n’était déjà plus tournée vers Franck, à ce moment-là. Elle venait de ramener la tête dans l’axe de la table et regardait droit devant soi, en direction du mur nu, où une tache noirâtre marque l’emplacement du mille-pattes écrasé la semaine dernière, au début du mois, le mois précédent peut-être, ou plus tard. Le visage de Franck, presque à contre-jour, ne livre pas la moindre expression. Le boy fait son entrée pour ôter les assiettes. A… lui demande, comme d’habitude, de servir le café sur la terrasse. Là, l’obscurité est totale. Personne ne parle plus. Le bruit des criquets a cessé.
    Alain Robbe-Grillet — La Jalousie

Traductions du mot « absorbé »

Langue Traduction
Anglais absorbed
Espagnol absorbido
Italien assorbito
Allemand absorbiert
Chinois 吸收
Arabe يمتص
Portugais absorvido
Russe поглощен
Japonais 吸収された
Basque xurgatu
Corse assorbita
Source : Google Translate API

Antonymes de « absorbé »

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Absorbé

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