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Pisser

Définitions de « pisser »

Trésor de la Langue Française informatisé

PISSER, verbe

A. − Empl. intrans.
1. Vulg. Évacuer l'urine. Synon. uriner, faire pipi* (fam.).Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes, Et me recueille, pour lâcher l'âcre besoin: Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes, Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin, Avec l'assentiment des grands héliotropes (Rimbaud, Poés., 1871, p.87).On se demande comment un taureau noble peut sortir de ces ventres-là, dit l'autre. Regardez cela, quand ça pisse! Une vache pissait en voussant le dos, en raidissant la queue, dans une posture qui déclenchait le rire (Montherl., Bestiaires, 1926, p.488):
1. «J'ai le temps de pisser un coup», pense-t-il. Quand on vient de faire neuf kilomètres à pied, ce n'est pas de l'imprévu, c'est pourquoi il prend son temps. Il y a des gens qui pissent à l'aveuglette, sans bien regarder ce qu'ils font. Un vrai facteur ne peut pas (...). Quand il a fini, Déodat fléchit légèrement les genoux pour se donner du jeu dans le dedans de son pantalon... Aymé, Jument, 1933, p.100.
SYNT. Pisser copieusement, à petits coups, dru, quelques gouttes; pisser droit, de travers; pisser au lit; pisser accroupi, debout; pisser avec difficulté, avec peine; pisser contre, dans, sur qqc., dessus; pisser dans sa culotte; pisser d'angoisse, de fureur, de peur, de rire; aller pisser; avoir besoin, envie de pisser; être en train de pisser; emmener, faire pisser un chien.
Loc. pop., vulg. Laisser pisser (la bête, le mérinos). Ne rien faire, ne rien dire, laisser aller les choses. Synon. laisser courir*.N'était-il pas, lui aussi, candidat au tourniquet? S'en faisait-il une miette? Ils n'avaient qu'à l'imiter et à laisser pisser le mérinos! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.228).−On lui dit? −Oh! ça va, dit Mathieu, laisse pisser (Sartre, Mort ds âme, 1949, p.73).
Prendre comme une envie de pisser. [En parlant d'une idée, d'une décision, d'une impulsion, etc.] Prendre subitement. Je voudrais m'engager... −Une idée qui te traverse toute cuite?... Ah! ben alors! T'y vas rondement!... T'engager?... Où?... Mais pourquoi faire?... T'as tout ton temps mon poulot!... Tu t'en iras avec ta classe! (...) −Ça c'est une lubie, mon lapin... ça te prend comme une envie de pisser!... Mais ça te passera aussi de même!... (Céline, Mort à crédit, 1936, p.691).
Il pleut comme vache qui pisse. V. pleuvoir.
Ne plus se sentir pisser. Tirer une vanité excessive d'un succès; être excessivement content de soi. [Mon acolyte] se sentait pus pisser, d'orgueil d'avoir indiqué un si fameux chopin, et (...) aurait ben pris le commandement (M. Stéphane, Ceux du Trimard, 1928, p.101).
[Pour marquer son mépris, son dédain]
Pisser sur qqn, qqc. Quand on voit ces beaux cieux, par une belle nuit, on est prêt à se déboutonner pour pisser sur la tête de toutes les royautés (Balzac, Corresp., 1830, p.463).Si je suis un chien, ton Dieu n'est qu'une borne; Je lèverai la patte et pisserai dessus (Richepin, Blasphèmes, 1884, p.219).
Pisser dans le dos, au cul, à la raie de qqn. Et moi je vous pisserai dans le dos en buvant le coup de blanc avec le Maréchal! et avec Laval! et avec Andromaque (Aymé, Uranus, 1948, p.225).Il nous méprise, répéta Longin avec une colère lymphatique. Il est là comme au cinéma, ça le fait marrer de voir des types saouls qui débloquent (...). −S'il nous méprise je lui pisse à la raie. Guiccioli se mit à rire: −On te pisse à la raie, répéta-t-il. On te pisse à la raie (Sartre, Mort ds âme, 1949, p.112).
[Pour marquer l'inefficacité, l'inutilité d'une action, d'une entreprise] Pisser dans un violon, une clarinette, sur un bec de gaz (pour le faire fleurir) (vieilli). Tu as beau faire l'oeil en coulisse, roucouler et manger tous les soirs la botte, elle se fiche de ta fiole... C'est comme si tu pissais dans un violon (Les Joyeusetés du régiment dsFrance 1907).
Pisser contre le vent, contre la bise (vieilli). Agir en s'exposant délibérément aux conséquences fâcheuses qui peuvent survenir. [Le pauvre diable] avait attrapé une petite maladie de jeune homme. −«Ah! dit Chabassu [le major], en voilà encore un qui a pissé contre le vent!» (Fombeure, Soldat, 1935, p.184).
Proverbe. À pisser contre le vent, on mouille sa chemise. Synon. de quand on crache en l'air, ça vous retombe sur le nez (v. air1II B 4 d).Ce n'est pas la peine de venir m'aboyer que tu décides ci ou bien ça. À pisser contre la bise, tu en seras toujours de mouiller tes sabots (Aymé, Vouivre, 1943, p.132).
Pisser contre le soleil (vieilli). ,,Faire des efforts inutiles, se tourmenter vainement`` (Delvau 1883).
Pisser au, dans le bénitier (vieilli). Avoir un comportement scandaleux pour attirer l'attention sur soi. (Dict. xixes.).
Pisser à l'anglaise (vieilli). Disparaître, s'en aller sans prévenir (généralement pour éviter des désagréments). Synon. filer* à l'anglaise.Une après-midi, sur la place de la Bastille, elle avait demandé à son vieux trois sous pour un petit besoin, et (...) le vieux l'attendait encore. Dans les meilleures compagnies, on appelle ça pisser à l'anglaise (Zola, Assommoir, 1877, p.738).
C'est Jocrisse qui mène les poules pisser (vieilli). [En parlant d'un homme] S'occuper des moindres détails du ménage. (Dict.xixeet xxes.).
Mener les poules pisser. Quitter une occupation, un travail en invoquant un prétexte fallacieux, des raisons peu crédibles. [Gervaise] demandait aux ouvriers si Coupeau n'allait pas sortir, eux qui étaient à la couleur, lui répondirent en blaguant que le camarade venait tout juste de filer (...) pour mener les poules pisser (Zola, Assommoir, 1877, p.762).
2. Fam. [Le subst. désigne un liquide] Couler abondamment. Tout à coup j'ai vu mon sang pisser qui me coulait de la tête et me tombait sur les mains (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.392).
Impers. Il y a Gustave qui a trouvé un tonneau de Bordeaux (...). Il y a mis un coup de baïonnette. On est là-bas à tenir le trou avec le doigt. Ça pisse d'un mètre (Giono, Gd troupeau, 1931, p.132).
Loc. fig. Ça ne pisse pas loin. ,,Ça n'est pas très fort, ça ne va pas loin`` (Rey-Chantr. Expr. 1979).
B. − Empl. trans.
1. Fam. [Le suj. désigne une pers.] Évacuer avec l'urine, par la voie ordinaire des urines. Pisser un calcul, du pus. Ces malades enflaient tout à coup et pissaient le sang (Trousseau, Hôtel-Dieu, 1895, p.175).Cette garce d'anémone (...) affecte un air si tendre et qui vous fait pisser le sang (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p.224).
Vulg. [Le compl. désigne la boisson qui fait uriner] Quand l'accordéon perdait le souffle, les danseurs s'en allaient au zinc avaler la bière qu'ils pissaient toutes les demi-heures (Aymé, Rue sans nom, 1930, p.193).
Locutions
Pisser des lames de rasoir (en travers) (pop., vx). Subir, endurer des désagréments. (Dict.xixes.).
Pisser sa côtelette, des os, des enfants (pop., vx). Accoucher. Elle se marie! (...) en v'là des affaires pour rien! La maison ne nous donnerait seulement pas un radis à nous, si comme Désirée, nous voulions nous offrir le luxe de ne pisser plus tard que des enfants qui seront légitimes! (Huysmans, Soeurs Vatard, 1879, p.327).
PÊCHE. [Empl. à valeur factitive] Pisser des harengs. ,,Laisser les harengs égoutter leur eau et leur huile`` (Baudr. Pêches 1827). Synon. tenir les harengs à la pisse*.
2. Fam. [Le suj. désigne une pers., une partie du corps] Laisser s'écouler (généralement abondamment, un liquide). Bouche qui pisse le sang; seins qui pissent le lait. Jamais je n'oublierai cette équipée avec ce Boche qui me pissait dans le cou un sang chaud, douçâtre, gluant et écoeurant (Cendrars, Main coupée, 1946, p.39):
2. Quand le Corse retira son poing, le nez de l'autodidacte commençait à pisser le sang. (...) le Corse le frappa encore au coin des lèvres. L'autodidacte s'affaissa sur sa chaise et regarda devant lui avec des yeux timides et doux. Le sang coulait de son nez sur ses vêtements. Sartre, Nausée, 1938, p.210.
Pisser de la copie (fam.). Rédiger abondamment (généralement au détriment du style). Pisser de la copie, écrire pour un journal, une revue (Coston, A.B.C. journ., 1952, p.193).
3. P. anal., pop. et fam. [Le suj. désigne un inanimé] Récipient, tonneau qui pisse l'eau. Sa femme de chambre Antonia (...) la déshabilla en riant très-fort de l'égouttement de ses jupes qui pissaient l'eau sur le parquet (Zola, E. Rougon, 1876, p.301).Il brillait un triste soleil d'hiver. Le pavé était gluant (...). Des pannes de brouillard pendaient dans les branches effeuillées des acacias dont chaque épine pissait une lourde goutte d'eau (Cendrars, Homme foudr., 1945, p.220).
Absol. André glissa un coup d'oeil entre deux rideaux mal joints; mais les vitres embuées pissaient, il ne vit rien (Huysmans, En mén., 1881, p.212).Il n'y a qu'à desserrer les dents de ce monsieur (...), et à lui faire avaler une gorgée en pressant le cuir de l'outre. Elle pisse très bien (Jammes, Robinsons, 1925, p.164).
REM.
Pissard, subst. masc. et adj.,pop. (Saint) qui fait pleuvoir. C'est (...) saint Gervais qui a remplacé son confrère Médard comme saint pissard (Larch.1880).Ils sont trente-sept, là-haut, qui font de l'eau. Marche en tête, lance en main, saint Médard, grand pissard (Rolland, C. Breugnon, 1919, p.64).
Prononc. et Orth.: [pise], (il) pisse [pis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1180 [var. ms. xiiie-déb. xives.] intrans. «évacuer l'urine» (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, XIV, 16: sor lui pissa li goupiz); b) ca 1200 pisser sur qqn (pour marquer son mépris) (Bueve de Hantone, éd. A. Stimming, I, 2666: ras pisoit sor vous por vous honir); 1881 pisser au cul (Rigaud, Dict. arg. mod., p.296); c) 1508 (Eloy d'Amerval, Deablerie, éd. Ch.-Fr. Ward, p.119b: j'en pisse dedens mes brayes [...] tant me font rire); 1906 (Musette, Cagayous phil., p.148: y se pissent de rire); d) av. 1564 pisser au bénitier (Calvin, Sermon sur l'ép. aux Corinthiens, 8 [XLIX, 677] ds Hug., s.v. benoistier: pisser au benoistier); e) 1587 mener les poules pisser (Cholières, Apresdisnées, I ds OEuvres, éd. E. Tricotel, t.2, p.51: c'est dommage que vous n'avez nom Jocrisse; je croy qu'il vous feroit fort bon veoir mener les poules pisser); f) 1866 laisser pisser le mérinos (Delvau); g) 1876 il pleut comme vache qui pisse (Lar. 19e, s.v. vache); h) 1883 pisser dans un violon (Fustier, Suppl. dict. Delvau); 2. ca 1225 trans. «évacuer avec l'urine» (Pean Gatineau, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 6074: pissa sanc); 3. a) 1552 intrans. «laisser s'écouler, faire jaillir un liquide» (E. Gautier, Construction de l'hôtel de ville de Loches, p.29: fera pisser chacune fontene); 1556 trans. «laisser s'écouler, faire jaillir» (Ronsard, Second l. des hymnes. Pollux et Castor, 442 ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.8, p.313: Luy fist pisser le sang du nez et de la bouche); 1611 intrans. «s'écouler, jaillir» (Cotgr.: le laict pisse); 1877 (Zola, Assommoir, p.397: l'eau [...] pissa par-dessous sa robe); b) 1967 intrans. «pleuvoir» (Aragon, Blanche, I, 1, p.13 ds Rob. Suppl.); 4. 1776 pêche pisser les harengs (Duhamel du Monceau, Traité gén. des pêches, t.2, p.411 ds FEW t.8, p.593a); 5. 1866 fam. pisser de la copie (Delvau, p.89). D'un lat. pop. *pissiare «uriner», d'orig. onomat. (FEW t.8, pp.594-595). Fréq. abs. littér.: 263. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 59, b) 522; xxes.: a) 352, b) 577.
DÉR. 1.
Pissement, subst. masc.,méd., rare. a) Action d'uriner. (Dict.xixeet xxes.). b) Pissement de sang. Émission de sang mélangé à l'urine. Synon. hématurie.Si le sang est pur, (...) le pissement de sang est reconnu et signalé par ceux qui entourent le malade (Trousseau, Hôtel-Dieu, 1895, p.169). [pismɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. 1resattest. a) 1565 «action de pisser» (S. de Vallambert, Cinq livres de la manière de nourrir et gouverner les enfans, 353 ds FEW t.8, p.590), b) 1588 pissement du sang (Joubert, Pharmacopée, p.238 ds Gdf.), 1765 pissement de pus (Encyclop. t.17, p.512a); de pisser, suff. -ment1*.
2.
Pissette, subst. fém.a) Appareil de laboratoire (de forme sphérique, cylindrique ou conique) contenant de l'eau pouvant être évacuée en jet pour laver les ustensiles, les filtres ou pour rassembler les précipités. Pissette à eau distillée. Pissettes à eau froide toutes montées en verre ordinaire (Catal. instrum. lab.[Prolabo], 1932, p.249).b) Arg. α) ,,Lance à incendie`` (Car. Argot 1977). β) ,,Lave-glace (dans les automobiles)`` (Car. Argot 1977). c) ,,Pénis, organe sexuel mâle`` (Richesses Québec 1982, p.1801). [pisεt]. 1reattest. 1838 (Ann. de chim. et de phys., t.LXVIII, p.222 ds Fonds Barbier: Nouvelle pissette, par A. Levol); de pisser, suff. -ette (-et*).
3.
Pissoir, subst. masc.,fam. ou région. (Nord et Nord-Est). Urinoir. Synon. pissotière (fam.).Au fond de l'allée principale, une baraque en planches, que des voyageurs, plusieurs fois, ont dû prendre pour un pissoir, si j'en crois l'odeur, et où se lisent de salopes exclamations germaniques (Bloy, Journal, 1899, p.343).D'où sors-tu? − De prison. Oui, pour avoir posé une enseigne où on lisait: pissoir, sur une statue immonde de Bismarck. Mon cher, c'était à s'y tromper (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.342). [piswa:ʀ]. Att. ds Ac. 1694-1878. 1resattest. a) α) 1489 adj. pot pissoir «pot de chambre» (Compte de l'exéc. test. de Jehenne Boulette, Arch. Tournai ds Gdf.), 1555 subst. pissoir (B. Aneau, Trésor de Evonime Philiatre, p.15, ibid.), β) 1803 «baquet pour pisser» (Boiste), b) 1546 pissouoir «endroit où l'on pisse» (Rabelais, Tiers livre, chap. XV, éd. M. A. Screech, p.119), 1588 pissoir (Montaigne, Essais, III, 10, éd. Villey-Saulnier, p.1022); de pisser, suff. -oir*.
BBG.Nigra (C.). Note etimologiche e lexicali. Z. rom. Philol. 1904, t.28, p.646-647. _ Quem. DDL t.7, 19, 20, 23.

Wiktionnaire

Verbe - français

pisser \pi.se\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Populaire) (Vulgaire) Uriner.
    • Joséphine […] pissa dans ses jupes de détresse en remarquant l’altération des traits du Pape à cette apostrophe véhémente. — (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Enfin on vint. « Qu’est-ce que tu veux ? » Je voulais uriner. « Pisse sur toi », me répondit-on de derrière la cloison. — (Henri Alleg, La Question, 1957)
    • Si je ne vieillis pas, gamin, c’est que je bois la sève des bouleaux au printemps. Ça dépure, ça fait pisser par pintes. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • L’oncle regarda le ciel, et décréta :
      « Il ne pleuvra pas et ce temps est parfait pour la chasse ! »
      Lili me fit un clin d’œil, et me dit à voix basse :
      « S’il fallait qu’il boive tout ce qui va tomber, il pisserait jusqu’à la Noël ! »
      — (Marcel Pagnol, Le château de ma mère, 1958, collection Le Livre de Poche, page 59.)
    • Et puis, des fois, quand ils ont bien bu, ils pissent dans la source. Une fois, ils avaient mis un écriteau : « Nous avons pissé dans la source ! » — (Marcel Pagnol, Le château de ma mère, 1958, collection Le Livre de Poche, pages 32-33)
    • Je pris l'habitude, à l'imitation des goumiers et des bellahs, d'aller pisser accroupi, à flanc de dune, pour parer au risque de m'humidifier le saroual par vent tourbillonnant et parce qu'en terre d'Islam, ce besoin est à satisfaire discrètement. — (Robert Le Roy, Méhariste au Niger: souvenirs sahariens, Éditions Karthala, 1997, page 76)
  2. (Populaire) Couler abondamment.
    • Puis c'est le printemps et tu as beau colmater de ton mieux toutes les fissures de ta hutte de terre, quand il pleut, l'eau te pisse sur la tête. — (Mordecai Richler, Solomon Gursky, traduit de l'anglais (Canada) par Lori Saint-Martin & Paul Gagné, Éditions du Sous-sol, 2016, chap.7)
    • Il gémissait mais il n'avait pas perdu connaissance. Il pissait un sang pas possible. — (Antoine Bello, Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet, 2010 ; édition Folio, 2012, p. 169)
    • Le carter s'était encore rompu sous les assauts de chocs impitoyables, et l’huile pissait de plus belle, marquant le sable de pustules noirâtres. — (Virgile Charlot, Tropique du Bayanda : Une épopée africaine, éd. Arthaud, 2012)
  3. (Familier) (Péjoratif) Produire abondamment des choses médiocres.
    • Cadeno avait fait merveille. Ce qu'il ignorait, il l'inventait. Se prétendant l'ami des princesses et des starlettes, il pissait de la copie à propos de leurs infidélités et de leurs travers. — (Christian Jacq, Crime academy, vol.6 :Les enquêtes de l'inspecteur Higgins, J Éditions, 2012, p.74)
    • Ils peuvent se réjouir, tous ces journalistes qui annoncent de fausses nouvelles. […]. Ils font la course au sensationnel et pissent de la ligne pour remplir du papier. C'est tout. — (Jérémy Vandurme, Jusqu'à ce que la mort nous sépare..., Auteur lulu (Lulu.com), 2011, page 180)
    • Il ne voulait pas de vaches noir et blanc, de celles qui pissent le lait, les Holstein : en Normandie, on a des normandes ! — (Patrick Herman & ‎José Bové, Numéro d'écrou 20671 U: lettres au détenu Joseph Bové, Atalante, 2003, page 99)
    • Certes, le vin français "pissait" deux à trois fois plus que le vin espagnol, riche en sucres et en alcool, mais ce n'était guère là un signe de qualité. — (Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale. Les relations franco-espagnole de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale, Éditions L'Harmattan, 2010, chap.17, p.14)
  4. (France) (Familier) (Jeux) Poser une carte d’atout, à défaut de pouvoir enchérir ou monter, plus faible qu’une carte d’atout posée par un joueur précédent.
    • Le joueur suivant doit revenir à la couleur demandée ; s'il n'en a pas, il est obligé de monter en Atout (de surcouper en mettant un Atout d'un numéro supérieur) ; s'il ne peut monter, il « pisse » un Atout plus faible ; sans Atout, il se défaussera avec n'importe quelle carte. — (Dominique Michele, Le Livre des jeux de cartes: Règles et astuces de 32 jeux indispensables, Éditions Fetjaine, 2011, chap.29 : le Tarot)
    • Cela permet de faire pisser à l’atout les autres joueurs, obligés de dévoiler certains arguments pour répondre. — (Jakez ar Vagerez, L’Héritage Spirituel, tome 2, page 130, Publibook, 2001)
  5. (Transitif) Évacuer en urinant.
    • Trois mois après le malade pissa un calcul d’acide urique qu'on jugea le noyau d'une pierre plus volumineuse qui avait été usée et dissoute. — (Dr Petit, Traitement médical des calculs urinaires par les eaux de Vichy, dans Revue Médicale française & étrangère, juin 1838, en collection dans l’Encyclographie des sciences médicales, Bruxelles, 1838, p.107)
  6. (Transitif) Laisser s’écouler, en général abondamment.
    • La nuit, il réparait son vieux fourgon qui pissait l’huile de partout, puis il partait avant le lever du jour pour Rungis. — (Margot D. Marguerite, La vieille dame qui ne voulait pas mourir avant de l'avoir refait, La Manufacture de livres - 12/21, 2017)
    • Bref, nous avions fini le litre, assis sur une grosse souche, avec la fameuse couverture pendue aux branches, qui pissait l’eau comme une gouttière. — (Georges Bernanos, Nouvelle Histoire de Mouchette, Plon, 1936)
  7. (Québec) (Désuet) Avoir peur. → voir pissou
    • Et Zéphirin montra le poing à Narcisse, qui de son côté écumait.
      — Fais pas de bêtises, grommela Narcisse.
      — Ah! tu pisses, reprit le bedeau d'un ton dédaigneux.
      — Tu crés? Alors, viens derrière la grange et j'men vas t'montrer ce que c'est qu'un Canayen qui a du poil aux pattes.
      — (Rodolphe Girard, Marie Calumet, Montréal, 1904, ch. XII)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PISSER. v. intr.
Uriner, évacuer l'urine. Avoir envie de pisser. Un enfant qui pisse au lit. Il est trivial.

PISSER est quelquefois transitif, comme dans ces phrases : Pisser le sang. Il pisse du pus.

Littré (1872-1877)

PISSER (pi-sé) v. n.
  • 1Uriner. À faux titre insolents et sans fruit hasardeux, Pissant au benoistier [bénitier] afin qu'on parle d'eux, Régnier, Sat. II. Passant par où quelqu'un des leurs a pissé, ils [les chiens] s'arrêtent tout court pour faire le même, La Mothe le Vayer, Dial. d'Orat. Tubero, t. I, p. 287, dans POUGENS. Le père de l'évêque de Langres, mort en 1642, faisait souvent arrêter le carosse de Louis XIII ; il lui disait : Sire, vous ne voulez pas qu'on crève, faites donc arrêter, s'il vous plaît, et il descendait pour pisser, Saint-Simon, 32, 119. Je me souviens d'avoir une fois pissé dans la marmite d'une de nos voisines, Rousseau, Conf. I. Puisses-tu pisser comme tu payes, goutte à goutte ! Galiani, Correspond. t. I, p. 140, dans POUGENS. Elle confia à l'une que l'autre avait dit qu'elle n'était point jolie, à celle-ci que celle-là l'accusait d'avoir pissé au lit, Comte de Caylus, Jeannette, Œuvr. t. IX, p. 438, dans POUGENS. On lui parle [à l'empereur Napoléon Ier] de moi à tout moment ; qu'est-ce que je veux ? être son ministre à Paris ? à en juger par ce qu'il a vu l'autre jour de moi, je n'y serais pas longtemps : je périrais à la peine avant la fin du mois ; il y a déjà tué Portalis, Crétet et jusqu'à Treilhard, qui pourtant avait la vie dure ; il ne pouvait plus pisser, ni les autres non plus, Beugnot, Mémoires, t. I, p. 393, ch. 12.

    Fig. Il semble en leurs discours hautains et généreux Que le cheval volant [Pégase] n'ait pissé que pour eux, Régnier, Sat. IX.

    Mener les poules pisser, voy. POULE.

    Grossièrement. On dit qu'on pissera sur la fosse de quelqu'un, pour signifier qu'on lui survivra et qu'on fera quelque chose qu'il a empêché durant sa vie.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 2 V. a. Pisser le sang, rendre le sang par les urines.

    Grossièrement. Pisser des os, accoucher.

  • 3 Terme de pêche. Pisser des harengs, voy. PISSE.

HISTORIQUE

XIIIe s. Li bues [le bœuf] de ses cornes le boute [le lion malade] ; Et sor li pissa li goupiz [le renard], Marie de France, Fable 15.

XVe s. Ils le guettoient de si près que à peine pouvoit il aller pisser, Froissart, I, I, 311. Et y eut pluseurs autres grandes parolles dites entre eulx ; entre lesquelles le suppliant envoya pisser icellui homme, Du Cange, pissare.

XVIe s. Toutesfois à la verité on ne doit dire pisser le sang, quand il sort de la verge pur, mais se doit dire emission de sang, Paré, XV, 52. Il y avoit aux carrefours à Rome des vaisseaux et demycuves pour y apprester à pisser aux passants, Montaigne, I, 372. Les bonnes gens pour cela ne pisseront pas plus roide, Cotgrave Par tous les champs esquelz ils pissent [les moutons de Dindenault], le blé y prouvient comme si Dieu y eust pissé, Rabelais, IV, 7.

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Étymologie de « pisser »

(Ca. 1180) Du moyen français pisser[1], de l’ancien français pisser[2], pissier, d’une forme en latin populaire[1] *pissiare[1], d’une onomatopée[1].
Cognat de l’italien[2] pisciare, l’occitan pissar, l’anglais piss, le catalan pixar, l’espagnol pishar, l’allemand pissen. Le verbe est absent des langues celtiques et il est difficile de le relier au latin pitissare, pytissare (« cracher »).
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Wallon, pihi ; prov. pissar ; cat. pixar ; ital. picciare ; valaque, pisà ; allem. pissen ; suéd. pissa ; angl. to piss. On ne connaît pas l'origine de ce mot. Diez remarque qu'il n'est pas indigène sur le sol germanique ; il le croit d'origine romane, et il incline à penser qu'il provient d'une onomatopée ; ce qui est vraisemblable.

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Phonétique du mot « pisser »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
pisser pise

Fréquence d'apparition du mot « pisser » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « pisser »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « pisser »

  • Si les chiens, au lieu de couiner tout le temps, pleuraient franchement, ils pisseraient moins souvent et seraient moins chiants.
    José Artur
  • Expliquer une allusion culturelle, c’est comme pisser sur un ver luisant : ça l’éteint.
    François Cavanna — Le saviez-vous ?
  • Le seul tourment qu’on ne puisse pas oublier en se livrant à la boisson, c’est l’envie de pisser.
    François Cavanna — Le saviez-vous ?
  • A pisser contre le vent, on mouille sa chemise.
    Proverbe français
  • Le comble du racisme ? Pisser sur Jacob sans pisser sur Delafon !
    José Artur
  • Rien ne sert de pisser si on n'en a pas envie.
    Pierre Dac
  • ossau se montre lui aussi dubitatif : « Bizarre, mon épouse me dit de changer d'endroit pour pisser parce que ça flingue le gazon... »
    Terre-net — Les lecteurs de Terre-net pas tous prêts à utiliser l'urine comme engrais
  • Au programme de la matinée, une « pisserie » géante, à laquelle 45 volontaires, hommes, femmes, jeunes, moins jeunes, sont venus participer. Objectif du groupe : « Déceler le taux de glyphosate dans les urines », résume Thomas, adhérent de Pig BZH. Avant de rappeler que neuf « pisseries » similaires ont déjà été organisées dans le Finistère ; 22 sur toute la Bretagne.
    Le Telegramme — Le Télégramme - Concarneau - Glyphosate. Pisser avant de porter plainte
  • Pourquoi est-ce qu'on a envie de pisser toutes les fois qu'on vient de trouver la bonne position pour dormir ?
    Boris Vian
  • En politique vaut mieux participer qu'être parti pisser.
    Gustave Parking
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Traductions du mot « pisser »

Langue Traduction
Anglais piss
Espagnol orinar
Italien pisciare
Allemand piss
Chinois 小便
Arabe شخ
Portugais xixi
Russe ссать
Japonais 小便
Basque piss
Corse piscià
Source : Google Translate API

Synonymes de « pisser »

Source : synonymes de pisser sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot pisser au Scrabble ?

Nombre de points du mot pisser au scrabble : 8 points

Pisser

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