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Tabac

Variantes Singulier Pluriel
Masculin tabac tabacs

Définitions de « tabac »

Trésor de la Langue Française informatisé

TABAC1, subst. masc.

A. − BOT. Plante aromatique de la famille des Solanacées, haute et à larges feuilles alternes, contenant un alcaloïde toxique, la nicotine. Synon. vx ou plais. herbe à Nicot.Culture du tabac; champ, plantation de tabac; pied, feuille de tabac; hangar, séchoir à tabac. L'eau de pluie que nous ramassons, il faut que nous en arrosions six plants de tabac dont il est fier et qui ne paient rien à la douane (Claudel, Protée, 1927, I, 3, p. 364).Très importantes cultures de tabac, à fleurs blanches, larges et belles feuilles (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 886).
B. − Produit manufacturé, vendu sous diverses formes, fabriqué à partir des feuilles de tabac séchées et préparées pour fumer, priser ou chiquer. Là, sur une table (...) tous les tabacs connus depuis le tabac jaune de Pétersbourg jusqu'au tabac noir du Sinaï (...) resplendissaient dans les pots de faïence craquelée qu'adorent les Hollandais (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 565).[Il] bourrait sa pipe de merisier. Le tabac belge, le savoureux tabac des Ardennes et de la Semois fleurait bon, à brûler dans ce vieux bois plein de senteurs (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 51).V. blague1ex. 1, cigarette ex. 1, nicotine ex. de Van der Meersch et pipe ex. 2.
SYNT. Tabac blond, brun; tabac corsé, doux, fort, léger, parfumé; tabac anglais, d'Orient, d'Amérique; tabac à pipe, pour la pipe; tabac à fumer, à rouler, à priser, à mâcher, à chiquer; carotte de tabac (v. carotte C 1); tabac gris ou p. ell. du déterminé gris (v. gris II A 3 a); paquet de tabac; odeur de tabac; fumée de tabac refroidie; débit de tabac (v. débit B 1 b); bureau de tabac (v. bureau II C 1); marchand de tabac; tabac (de) caporal ou p. ell. du déterminé caporal (v. caporal B); doigts jaunis par le tabac.
À tabac. Utilisé pour le tabac (à chiquer). Couteau, râpe à tabac. Où l'on met le tabac. Pot à tabac (v. pot I A 1). La blague à tabac où ses doigts cornés trituraient toujours un tas de choses (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 53).
Cave à tabac. Petite boîte carrée, en bois doublé de cuivre étamé, en porcelaine ou en marbre, divisée en compartiments dans lesquels on conservait les différentes espèces de tabac à priser dont on faisait des mélanges (d'apr. Havard 1890).
[En fonction de déterm.] Couleur de tabac, couleur tabac. Brun roux. Dans les parterres du capitaine Mauger, que j'ai vus, tantôt, par-dessus la haie, c'est un véritable désastre, et tout y est couleur de tabac. Les arbres, à travers la campagne, commencent de jaunir et de se dépouiller (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 124).Il était vêtu d'une jaquette couleur tabac, serrée et boutonnée haut (Lacretelle, Hts ponts, t. 3, 1935, p. 98).
En empl. adj. inv. [P. ell. du déterminé] Voyez quel air martial respire ce vénérable membre de la Garde nationale! Avec son habit tabac, son sabre et sa giberne en bandoulière, son fusil sur l'épaule (...) il va affronter les ennemis (...) de la tranquillité publique (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1836, p. 177).
Loc. pop., fam.
(C'est toujours) le même tabac. (C'est toujours) la même chose. Je ne veux pas partir d'ici (...) Ailleurs, ça serait le même tabac (...) Tu penses que ça ne changerait rien (Carco, Homme traqué, 1922, p. 189).Toujours la même histoire. Toujours le même tabac (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 192).Le ch'timi: un cul terreux (...). Le Blondinet: Lambert et lui, c'est le même tabac (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 215).
Du même tabac. Du même genre. (Dict. xxes.).
(C'est) un autre tabac. (C'est) autre chose. J'en repère deux ou trois malabars. Le reste c'est du garçon coiffeur (...) Ça jappe, mais s'il s'agissait de se mettre vraiment au boulot, ça sauterait par la fenêtre. Les malabars, pardon et minute, c'est un tout autre tabac (Giono, Gds chemins, 1951, p. 69).
P. méton.
Parfum obtenu à partir d'extraits de tabac; note de parfum rappelant cette odeur. (Dict. xxes.).
Rare. Moment où l'on fume; fait de fumer. À l'heure du tabac, quand ils commencèrent à boire, ayant fini de manger, ils se mirent, de même que chaque jour, à parler de leur ennui (Maupass., Contes et nouv., t. 2, MlleFifi, 1881, p. 156).
C. − P. méton. Bureau, débit de tabac. Le tabac du coin. Ça ne peut se passer qu'au tabac ou dans l'arrière-boutique du libraire cochon d'à côté (...). L'un des deux procure, à ce qu'on raconte, des mineures qui ont l'air de vendre des fleurs (Céline, Voyage, 1932, p. 596).Je le vis sonner à un immeuble de belle apparence, et entrer. D'un tabac encore ouvert, rue de la Bienfaisance, je pouvais surveiller l'immeuble (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 237).
D. − Au plur. Monopole des tabacs. En France, monopole d'état des tabacs concernant la production, l'importation et la commercialisation des tabacs. Le XIXe, n'en a pas moins vu survivre ou même se créer quelques entreprises gérées par l'État (...). Ainsi les monopoles fiscaux des tabacs ou des allumettes (Chenot, Entr. national., 1956, p. 11).
[Le plus souvent avec une majuscule] Administration du Service d'exploitation industrielle des Tabacs et Allumettes. Contrôleur des tabacs. Ce n'est qu'après des examens, quelquefois renouvelés à plusieurs reprises, qu'on est admis dans les services des douanes, de l'enregistrement, des contributions directes ou indirectes et des tabacs (Vivien, Ét. admin., t. 1, 1859, p. 190).
REM. 1.
-tabac, élém. de compos.
Bar-tabac, bistrot-tabac, café-tabac, subst. masc.Café, bar qui fait bureau de tabac. Le café-tabac constitue avec la poste et la mairie, le troisième et principal pôle attractif de la place (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1029).Cette salade unique, exemplaire, était à 4 F sur le menu de ce bistrot-tabac, à une dizaine de kilomètres au sud de Deauville (L'Express, 18 avr. 1981, p. 51, col. 1).
2.
Tabac-, élém. de compos.
Tabac-journaux, subst. masc.Bureau de tabac où l'on vend également des journaux. Vous savez, aujourd'hui c'est l'école [qui ferme]. Demain, ce sera le tabac-journaux, après le bistrot... La commune va mourir (A. Galan, Le Retour de Rastignac, 1982, p. 35).
3.
Tabaco-, élém. formanttiré du fr. tabac, entrant dans la constr. de subst. fém. dans le domaine de la méd.a)
Tabacomanie. -Abus du tabac. (Dict. xxes.).
b)
Tabacosis. -,,Pneumoconiose causée par l'inhalation de poussières de tabac, observée chez les ouvriers manipulant le tabac`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
Prononc. et Orth.: [taba]. Homon. et homogr. tabac2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1555 cité comme mot indigène, à propos de Haïti Tabaco « instrument à deux tuyaux servant à fumer » (J. Poleur, trad. de Oviedo, Hist. nat. et gen. des Indes, Isles et Terre Ferme de la Grand Mer Oceane [trad. de l'esp.], fol. 71b ds König, p. 190)] 1. 1590 mot esp. cité Tabaco « plante solanée cultivée surtout pour ses feuilles qui sont fumées, prisées ou mâchées après préparation » (J. Th. de Bry, Brieve Hist. de Virginia, p. 16, ibid., p. 191); 1598 id. (R. Regnault Cauxois, trad. de J. de Acosta, Hist. nat. et mor. des Indes, tant Or. qu'Occ. [trad. de l'esp.], fol. 183b, ibid.); 1601-03 tabac (Champlain, Œuvres, Québec, 1870, t. 1, 1, p. 46, ibid.); 1603 id. (Id., Des Sauvages, fol. 9b, ibid.: quantité de Tabac (qui est une herbe dont ils prennent la fumée)); 2. 1629 désigne les feuilles de cette plante préparées pour être fumées (Saint-Amant, Sonnet ds Œuvres, éd. J. Bailbé, t. 1, XLIII, p. 280: Non, je ne trouve point de difference De prendre du tabac, à vivre d'esperance, Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent); spéc. pot à tabac, v. pot; 1697 tabac d'Espagne « tabac de couleur roux clair » (J.-Fr. Regnard, Le Distrait, p. 197), d'où infra 4 et 5; 3. a) 1665 « lieu public où l'on se réunissait pour fumer et boire » (Arrêt du Parlement, 10 janv. ds DG); b) 1769 bureau à tabac « local où l'on vend du tabac » (J.-J. Rousseau, Les Confessions, VIII, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, p. 381); 1794 bureau de tabac (Chamfort, Caract. et anecd., p. 161); 1887 p. ell. tabac (Zola, Terre, p. 54: Tabac, chez Lengaigne [enseigne]; 4. 1733 adj. « brun-roux, de la couleur du tabac » (Inv. après décès du chevalier Roze, éd. Arnaud d'Agnel ds B. du Comité des travaux hist. et sc., 1903, p. 477: un autre habit estamine complect couleur tabac); 1790 tabac d'Espagne désigne une couleur roux clair (doc. ds L. Briollay, Ét. écon. sur le XVIIIes., Les prix en 1790, p. 338); 5. 1791 zool. tabac d'Espagne désigne un papillon aux ailes d'un roux clair (Valm. t. 7, p. 619); 6. [1871 c'est le même tabac « c'est la même chose » (La Sociale ds France 1907)] 1888 le même tabac « la même chose » (d'apr. Esn.); 1901 id. (Bruant). Empr. à l'esp.tabaco, att. dep. la 1remoit. du xvies. au sens 1 et au sens de « cigare » (Las Casas ds Fried.; cf. aussi Oviedo y Valdes, trad. supra 1555, ibid.), lui-même empr. à l'arawak de Cuba et Haïti (König, pp. 190-195; FEW t. 20, pp. 79-80; v. en partic. les nombreux textes esp. anc. cités ds Fried. où tabaco est présenté comme un mot indigène). A remplacé pétun*.
DÉR. 1.
Tabagique, adj.a) Vx. Relatif à la tabagie. (Dict. xixeet xxes.). b) Rare. Relatif au tabac. Le jeune diseur ne vit rien du tout tellement était dense l'épais brouillard tabagique qui séparait comme une cloison de buée la scène de la salle (Galipeaux, Souv., 1931, p. 49).c) Méd., pathol. Relatif au tabagisme, provoqué par le tabagisme. Il ne faut pas confondre l'amblyopie diabétique (...) avec le scotome central tabagique et alcoolique (Le Gendre, dsNouv. Traité Méd.,fasc. 71924, p. 413).Des leucoplasies vraies syphilitiques, le plus souvent en même temps tabagiques (Nicolas, dsNouv. Traité Méd.,fasc. 41925, p. 670). [tabaʒik]. 1resattest. a) 1846 tabachique « qui a rapport au tabac » (Causeries du Tintamarre, 13 sept., in Baudelaire, Œuvres en collaboration, éd. J. Monquet, p. 126 ds Quem. DDL t. 3), 1860 tabagique (E. Fournier, Énigmes des rues de Paris, ch. 10 ds Littré Suppl.), b) 1925 méd., pathol. « qui est provoqué par l'abus du tabac » (Nicolas, loc. cit.); de tabac1, suff. -ique*, la finale ayant subi l'infl. de tabagie*.
2.
Tabagisme, subst. masc.,méd., pathol. Intoxication aiguë ou chronique de nature physiologique et psychique provoquée par l'abus du tabac. Le cancer gastrique frappe essentiellement les hommes autour de la cinquantaine (...). Comme pour tous les cancers son origine est mystérieuse. On a invoqué la possibilité de lésions préexistantes bénignes d'abord puis qui dégénéreraient. Alcoolisme et tabagisme ont été incriminés (Quillet Méd.1965, p. 140). [tabaʒism̭]. 1reattest. 1896 (J. Charcot, in G.-M. Debove et Ch. Achard, Man. de méd., t. 4, p. 635 ds Quem. DDL t. 8); du rad. de tabagique, suff. -isme*.
BBG.Baldinger (K.). Zur Entwicklung der Tabakindustrie und ihrer Terminologie. In: [Mél. Piel (J.-M.)]. Heildelberg, 1969, pp. 30-61. − Hitier (H.), Sabourin (L.). Le Tabac. Paris, 1970, pp. 9-10. − Quem. DDL t. 20 (s.v. tabagique). − Spitzer (L.). Z. fr. Spr. Lit. 1917, t. 44, p. 218, 220. − Wartburg (W. von). Von Fr. Petum und Tabac. In: [Mél. Rosetti (A.)]. Bucuresti, 1966, pp. 1007-1011.

TABAC2, subst. masc.

A. −
1. Arg., pop., vieilli. Bataille, violente bagarre. Garçons! dit le sergent radieux (...) y aura du tabac cette nuit (...) On a surpris le mot des Prussiens (...) Je crois que cette fois nous allons le leur reprendre, ce sacré Bourget! (A. Daudet, Contes lundi, 1873, p. 29).
2.
a) Fam. Passer qqn à tabac. Battre, rouer de coups (quelqu'un qui ne peut pas se défendre). Synon. tabasser.Ils sont accusés tous les cinq d'avoir entraîné le marin Braz, après l'avoir saoulé, de l'avoir « passé à tabac » et dépouillé de l'argent qu'il portait sur lui (Gide, Souv. Cour d'ass., 1913, p. 656).J'avais l'impression de subir un interrogatoire de police; d'un instant à l'autre on allait me sauter dessus et me passer à tabac (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 415).
Passage à tabac. Action de passer quelqu'un à tabac. Synon. tabassage.Les évadés repris couraient à tout le moins la chance d'un sévère passage à tabac (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 228).
b) Arg. des marins. Coup de tabac. Tempête courte et violente. P. métaph., fam. Les bourses qui ont le plus souffert de ce coup de tabac sont aussi celles qui possèdent l'outil informatique le plus performant (Ressources Temps réel, nov. 1987, no35, p. 24, col. 4).
B. − Fam. (Faire) un tabac. Obtenir un grand succès. Le premier long métrage de Frank C. fit un tabac au Festival de Cannes (Le Nouvel Observateur, 8 nov. 1976ds Gilb. 1980).
Prononc. et Orth.: [taba]. Homon. et homogr. tabac1. Étymol. et Hist. 1. 1828-29 arg. f... du tabac à « battre » (Vidocq, Mém., t. 3, p. 189); 1833 repasser du tabac (Borel, Champavert, p. 177); 1836 coquer du tabac à (Vidocq, Voleurs, t. 2, p. 90); 1878-79 trans. passer à tabac (La Petite lune, no34, p. 2); 2. 1859 être dans le tabac « être dans une situation critique » (Larch., p. 105); 3. 1873 tabac « bruit, bagarre » (A. Daudet, loc. cit.); 4. 1901 tabac « applaudissements, succès » (Rossignol, Dict. arg., p. 103); 5. 1918 coup de tabac « mauvaise mer » (Dauzat, Arg. guerre, p. 235). Déverbal de tabasser* croisé avec tabac1* p. plaisant. Voir FEW t. 13, 1, p. 8a et 9a.
STAT. Tabac1 et 2. Fréq. abs. littér.: 1 455. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 495, b) 2 572; xxes.: a) 2 176, b) 2 225.
BBG.Quem. DDL t. 31 (s.v. passage à tabac).

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

tabac \ta.ba\ masculin

  1. (Populaire) Violente bataille, rixe, bagarre.
    • Il va y avoir du tabac ce soir !
    • « Garçons ! dit le sergent en rentrant, radieux… y aura du tabac, cette nuit… On a surpris le mot des Prussiens… Je crois que cette fois nous allons le leur reprendre, ce sacré Bourget ! » — (Alphonse Daudet, L’enfant espion, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, collection Le Livre de Poche, 1974, page 28)
  2. (Familier) (Art) Gros Succès.
    • Mais tu sais, ça n’est pas pour me vanter, mais j’ai eu un tabac ! […] Toutes mes camarades en bavaient ! […] Du coup je tiens le bel engagement pour la saison d’hiver !... — (André Mycho, Gil Blas, 6 juillet 1913, page 3)
    • Un jour, à l’Éden de la rue d’Avron, j’avais eu un tel « tabac » que le directeur […] — (Juliette Lermina-Flandre, Comoedia, 7 décembre 1923, page 3)
    • Alors, ma foi, les applaudissements continuant, je repasse et dis : la Complainte ou « la Berceuse pour un Pas-de-Chance ». Alors gros, gros tabac. Je reviens saluer et disparaît. — (Jehan Rictus, Journal quotidien, cahier 151, 23 mars 1933, page 166)

Nom commun 1 - français

tabac \ta.ba\ masculin

  1. (Botanique) Plante herbacée du genre botanique Nicotiana de la famille des Solanacées, originaire des Amériques, qui est cultivée pour ses grandes feuilles dont on extrait le tabac à fumer, priser ou à chiquer.
    • Mais cette perte a été largement compensée par l’extension des plantations de tabac (…) et par le rendement actuel de l’industrie résinière. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Parfois, des produits étaient placés à côté d’une représentation de la fabrication, comme la carte d’affaires de Benjamin Pearkes de Worcester, qui montrait des feuilles de tabac en train d’être séchées, emballées et moulue.— (Stobart Jon, « Sucre et épices. Achat de produits exotiques au XVIIIe siècle en Angleterre », Histoire urbaine, 2011/1 (n° 30), p. 127-146. DOI : 10.3917/rhu.030.0127. URL : https://www-cairn-info.wikipedialibrary.idm.oclc.org/revue-histoire-urbaine-2011-1-page-127.htm)
  2. Préparation obtenue par séchage et légère fermentation des feuilles de cette plante.
    • La fumée du tabac donne à beaucoup d’hommes des dispositions de charme, de sérénité ; beaucoup pensent qu’elle les aide à mieux accomplir leurs travaux intellectuels. Le tabac ne contient pas seulement une série de sels nuisibles ; il contient encore un alcaloïde toxique, la nicotine, qui entraîne déjà des phénomènes d’intoxication chez les personnes qui fument peu, et des troubles plus marqués encore chez les grands fumeurs. — (Dr A. Lorand, traduit par Dr Bory La Vieillesse, moyens de la prévenir et de la combattre, Paris, 1911, page 255-256)
    • Comme elle tire sa tabatière, Tantôt lui demande une prise ; c’est du tabac à la menthe. — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • Il fut reconnu, plus tard, que les tabacs de Morlaix étaient mal travaillés et qu’aux ateliers royaux de cette ville, la mouillade des feuilles était faite avec de l’eau de mer très sale, puisée dans le port vaseux. — (Étienne Dupont, Le Vieux Saint-Malo : Les Corsaires chez eux, Édouard Champion, 1929, page 121)
    • Je regarde ses petites mains fines, ses doigts agiles qui plongent dans un large bocal contenant du tabac… c’est un mélange que papa a préparé lui-même et dans lequel on a dispersé quelques morceaux de carotte crue pour empêcher qu’il se dessèche… — (Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, 1983, collection Folio, page 151)
    • Chiquant du tabac et recrachant entre ses dents gâtées des jets de salive marron, son père explosa de colère, […]. — (Catherine Fourgeau, Dobadjo : la première épouse, L’Harmattan, 2000, page 239)
    • Ici on fume sans filtre, sans Tampax comme disent les puristes, la règle est de rechercher le contact direct de la langue sur le tabac noir qui décape les bronches, à condition de cloper vraiment, de ne pas crapoter comme les gonzesses […]. — (Philippe Delepierre, Sous les pavés l'orage, éditions Liana Levi, 2008, page 145)
  3. Fait de fumer le tabac ; tabagie.
    • J’ai pris une résolution : demain, j’arrête le tabac.
  4. Couleur brun roux. #9F551E
    • Hélène sourit, baissa ses paupières ornées de longs cils couleur tabac […] — (Georges Duhamel, Chronique des Pasquier, III, V)
    • […] ou l'obséquieux valet personnel en kurta tabac qui semblait glisser sur des vérins hydrauliques et se courbait en de respectueux namastés dès qu'il le croisait. — (Elizabeth Tchoungui, Bamako climax, Éditions Plon, 2010, p. 122)
  5. Abrégé pour bar-tabac ou bureau de tabac.
    • Après leur numéro, les acrobates s’étaient installés au tabac où il avaient fixé rendez-vous au manager des girls. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Derrière moi les catalpas, Saint-Médard et la Mouffetard ; en face, le tabac Mirbel ; à droite, le marchand de couleurs, tout cela très assoupi, mais bien en ordre. — (Jacques Perret (1901-1992), le Caporal épinglé, Gallimard, 1947, 502 pages, chapitre « Rue de la Clef, Paris, cinquième [arrondissement] » (dernier chapitre), page 498)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

TABAC. (On ne prononce pas le C.) n. m.
Plante de la famille des Solanées, originaire d'Amérique, dont on prépare la feuille de diverses manières pour fumer, priser ou chiquer. La culture du tabac. Il se dit aussi de la Feuille même, une fois préparée. Une carotte de tabac. Tabac à fumer. Fumer une pipe de tabac. Mâcher du tabac. Tabac à priser. Prendre, priser du tabac. Une prise de tabac. Une chique de tabac. Râper du tabac. Tabac d'Espagne. Tabac de Virginie. Tabac d'Orient. Un paquet de tabac. Tabac de la régie. La manufacture des tabacs. Marchand de tabac. Débit de tabac, bureau de tabac. Pot à tabac, Pot servant à renfermer du tabac. Il se dit figurément et familièrement d'une Personne grosse et courte sur jambes. Elliptiquement, Être employé dans les tabacs, Être employé dans l'administration des tabacs.

TABAC se dit encore, par extension, d'une Couleur brun roux. Par apposition, Une étoffe tabac.

Littré (1872-1877)

TABAC (ta-ba ; au plur. des ta-bâ ; le c se lie : du ta-ba-k à priser) s. m.
  • 1Genre de la famille des solanées.

    Nom vulgaire et spécifique de la nicotiane tabac (solanées), servant aussi à désigner quelques autres espèces, telle que la nicotiane paniculée. Il arrive des malheurs même aux noms attachés aux plantes, témoin la nicotiane, qui ne s'appelle plus que tabac, Fontenelle, Morin. On a surtout cultivé le tabac dans cette province [la Virginie] et dans le Maryland ; c'est un commerce immense, et un nouveau besoin artificiel, Voltaire, Mœurs, 153. Le tabac demande une terre médiocrement forte, mais grasse, unie, profonde, et qui ne soit pas trop exposée aux inondations, Raynal, Hist. phil. XVIII, 9.

    Huile de tabac et huile volatile de tabac, nom donné parfois à la nicotianine.

  • 2Nom des différentes préparations que l'on fait subir aux feuilles séchées de cette plante, pour les usages qui consistent à en introduire la poudre dans les fosses nasales, à les mâcher, ou à les brûler afin d'en aspirer la fumée. C'est la passion des honnêtes gens ; et qui vit sans tabac n'est pas digne de vivre, Molière, Fest. I, 1. On n'attend pas même qu'on en [tabac] demande, et l'on court au-devant du souhait des gens ; tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d'honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent, Molière, ib. Le tabac est divin, il n'est rien qui l'égale, Th. Corneille, Festin de Pierre, I, 1. Nous défendons à tous ecclésiastiques de faire coutume d'user du tabac en poudre, notamment et en tous cas dans les églises, pour exterminer cette indécence scandaleuse de la maison de Dieu, Bossuet, Ordonn. synodale, 1698. [Une femme qui] Fait même à ses amants, trop faibles d'estomac, Redouter ses baisers pleins d'ail et de tabac ? Boileau, Sat. X. Sa Majesté… voulant prévenir les accidents du feu qui pourraient arriver si les officiers mariniers, matelots et soldats qui y servent avaient la liberté de prendre du tabac en fumée, veut et ordonne que tout officier marinier, matelot ou soldat… soit privé d'un mois de solde et mis aux fers pendant huit jours, Ordre du roi, 1681, dans JAL. Il soutint, sous la présidence de M. Fagon, premier médecin, une thèse contre le tabac, dont le style et l'érudition furent généralement admirés et les préceptes fort peu suivis, Fontenelle, Berger. Eh bien, monsieur, boire et prendre du tabac, c'est ce qui fait aujourd'hui le mérite de la plupart des jeunes gens, Dancourt, Chev. à la mode, I, 5. Toujours barbouillée de tabac : on ne la prendrait pas pour une femme de province, Lesage, Turcaret, IV, 2. La première ferme de tabac fut en France de trois cent mille livres par an ; elle est aujourd'hui de seize millions, Voltaire, Mœurs, 153. La plante à laquelle l'usage semble avoir fixé le nom de tabac, fut apportée en France dès le règne de François II par Jean Nicot, ambassadeur de France auprès de Sébastien, roi de Portugal : insensiblement sa vertu fut connue et séduisit ; il en entrait assez considérablement dans le royaume en 1629, pour attirer l'attention du gouvernement ; une déclaration du mois de décembre soumit le petun, car alors il s'appelait ainsi, à payer 30 sols par livre de droits à son entrée dans le royaume, Forbonnais, Financ. de la France, t. I, p. 213. C'est au principe âcre, principe très voisin des huiles, que le tabac doit ses propriétés, Thenard, Traité de chim. t. III, p. 395, dans POUGENS.

    Tabac du régent, tabac à priser préparé avec des aromates.

    Tabac d'Espagne, tabac à priser parfumé.

    Tabac combustible, celui qui supporte, sans s'éteindre, le plus grand intervalle de temps entre deux bouffées consécutives. Tabac incombustible, celui qui s'éteint aussitôt qu'il a été allumé ou un instant après.

    Familièrement. Je n'en donnerais pas une prise de tabac, une pipe de tabac, je n'en fais aucun cas.

    Fig. et populairement, tomber dans le tabac, tomber dans la détresse.

  • 3Les tabacs, manufacture et administration des tabacs. Par là, tout s'aplanit dans la littérature… un jeune homme, dans les lettres, avance, fait son chemin, comme dans les sels et les tabacs, Courier, à MM. de l'Académie.
  • 4Il s'est dit pour tabagie. [Lesdits lieutenants généraux de police] auront la visite des halles, foires et marchés, des hôtelleries, auberges, maisons garnies, cabarets, cafés, tabacs et autres lieux publics, Brillon, Dict. des arrêts, Édit, oct. 1699, t. V, p. 186.
  • 5Faux tabac, la nicotiane rustique.
  • 6Tabac des montagnes ou des Vosges, nom vulgaire de l'arnica.

    Tabac marron, espèce de morelle.

  • 7Tabac d'Espagne, nom vulgaire d'un papillon, l'argyne paphie, lépidoptères diurnes de Fabricius, Europe.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TABAC.
2Ajoutez :

Tabac de caporal, tabac caporal, tabac à fumer ordinaire.

5Faux tabac, la nicotiane rustique. Ajoutez : Dit aussi tabac rustique, tabac femelle, tabac du Mexique ; on le cultive avec succès dans les départements du sud-ouest ; c'est l'espèce la moins délicate (nicotiana rustica, L.).

Tabac des Savoyards, nom vulgaire de l'arnica des montagnes.

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Étymologie de « tabac »

Picard, toubake ; espagn. tabaco ; ital. tabacco ; angl. tobacco ; allem. tabak, tobak, tubak. Les messagers que Christophe Colomb envoya dans l'île de Guahani, qu'il nomma San-Salvador, racontèrent qu'ils avaient rencontré plusieurs naturels qui tenaient en main un petit tison d'herbes dont ils aspiraient la fumée ; l'herbe brûlée se nommait cohiba, et le tison était appelé tabaco ; on a pris la partie pour le tout, et ce dernier mot seul a prévalu, Maxime du Camp, Revue des Deux-Mondes, 1868, 1er août, p. 709. La prononciation a varié quelque temps entre tabac et tobac ; et Colletet, dans ses épigrammes, a dit : Autant vaut prendre du tobac Dans une pipe parfumée.

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(Nom 1) (Date à préciser) De l’espagnol tabaco qui est soit issu de l’arabe طُبَاق, ṭubāq, soit un emprunt au taïno. Pendant le XVIe siècle, le mot espagnol est emprunté tel quel en français en concurrence avec pétun, issu du tupi. Dès le début du XVIIe, la forme tabac s’impose.
(Nom 2) (XIXe siècle) Déverbal de tabasser, dérivé d'un radical tab (→ voir taper) qui en fait peu ou prou l’équivalent de tapage ; comparez, à ce titre, la dérivation en \ɡ\ de tabac dans les formes tabagique, tabagisme qui a pu jouer un rôle dans l'assimilation du dérivé de tabasser avec la plante américaine.
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Phonétique du mot « tabac »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
tabac taba

Fréquence d'apparition du mot « tabac » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « tabac »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « tabac »

  • Avec le tabac et l’alcool, l’administration est la plus grande blanchisseuse d’argent sale de notre époque.
    Philippe Bouvard
  • Le chasseur à l'affût, de temps en temps, interrompt la poursuite pour chiquer son tabac.
    Ahmadou Kourouma — En Attendant le vote des bêtes sauvages
  • Le tabac est une plante assez prisée qui ne manque pas de chique mais qu’on prend assez souvent à la blague.
    Anonyme — Académie de l’humour
  • Le tabac, c’est mauvais pour l’état général mais, pour l’Etat en particulier, excellent pour le coffre.
    Roland Bacri
  • Ce qui est terrible avec les gens qui cessent de fumer, c’est qu’ils remplacent tout de suite le tabac par la vantardise.
    Anonyme
  • Vous avez parfaitement le droit de dire à un fumeur qu'il fume trop s'il fume votre tabac.
    Sacha Guitry
  • La nouvelle réglementation limitant l'importation de tabac est-elle contraire au droit européen ?
    Libération.fr — «Tant qu’il sera marié à Ivanka, Jared Kushner aura les faveurs de Trump» - Libération
  • La limitation d'achat de tabac à l'étranger va t-elle pousser les fumeurs alsaciens à se replier vers les buralistes français ? Pour beaucoup la réponse est non, pas de changement d'habitude, mais plus d'aller-retour à la frontière allemande.
    France Bleu — Les alsaciens prêts à multiplier les trajets en Allemagne face à la limitation d'achat de tabac à l'étranger
  • Non, je ne trouve point beaucoup de différence De prendre du tabac à vivre d'espérance, Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent.
    Marc Antoine Girard, sieur de Saint-Amant — Sonnet, Assis sur un fagot
  • Après avoir mené leur enquête depuis le mois de février 2020, les agents des douanes de Boulogne-sur-Mer ont obtenu, le 26 juin dernier, une ordonnance d’un juge afin de perquisitionner le domicile d’un homme âgé de 54 ans habitant le Portel. Le suspect était en effet soupçonné de revendre de manière illicite, sur les réseaux sociaux, du tabac acheté à bas prix en Belgique et au Luxembourg.
    Pas-de-Calais : Les douaniers démantèlent un important trafic de tabac
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Traductions du mot « tabac »

Langue Traduction
Anglais tobacco
Espagnol tabaco
Italien tabacco
Allemand tabak
Chinois 烟草
Arabe التبغ
Portugais tabaco
Russe табак
Japonais タバコ
Basque tabakoa
Corse tabaccu
Source : Google Translate API

Synonymes de « tabac »

Source : synonymes de tabac sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot tabac au Scrabble ?

Nombre de points du mot tabac au scrabble : 9 points

Tabac

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