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Rougir

Définitions de « rougir »

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ROUGIR, verbe

A. − Empl. intrans. Devenir rouge, prendre une teinte rouge.
1. Qqc.2rougit.La pierre [l'escarboucle] pouvait changer de couleur! Noire au début, elle rougissait ensuite, jaunissait, avant que de trouver la véritable blancheur (Caron, Hutin, Alchimistes, 1959, p. 70).
En partic.
[Le suj. désigne un végétal; la couleur rouge est signe de maturité ou de dessèchement] Anton. verdir.Les fraises, les fruits, les vignes rougissent. Les vergers, où déjà rougissait la cerise (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 100).
Qqc.2(se) rougit de qqc.1.Prendre une teinte rouge sous l'effet de la lumière. Le ciel rougit. [Le plus souvent avec un compl.] Le donjon [d'Ellbagen] rougissait du dernier rayon de soleil, lorsque je l'aperçus du grand chemin (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 284).Empl. pronom. passif, rare. Être rougi par. Les montagnes de Jore, les forêts de cèdres des Chéroquoîs, les nuages dans les cieux, les roseaux dans les savanes, les fleuves dans les vallées, se rougissoient des feux du couchant (Chateaubr., Fragm. Génie, 1800, p. 267).
Littér. [Le suj. désigne une chose rouge] Se montrer avec sa couleur rouge. Des maisons de pierre (...) apparaissaient çà et là, entourées de jardins clos par des haies vives déjà effeuillées où rougissait le bouton de l'églantier sauvage (Gautier, Fracasse, 1863, p. 136).Plus d'un corail rougit au loin du jour (Toulet, Contrerimes, 1920, p. 133).
[Le suj. désigne un métal] Devenir rouge au feu et dégager un rayonnement calorifique. Le fer rougit. Et l'hiver, quand le poêle de fonte rougissait et répandait sa lourde puanteur, tous mes sens étaient offensés (A. France, Vie fleur, 1922, p. 412).
2. Qqc.2/qqn2rougit
a) [Le suj. désigne la peau (et p. méton. une pers.)] Devenir rouge sous l'effet d'un élément physique ou physiologique. Anton. blanchir, pâlir.Joues qui rougissent; rougir au soleil, sous l'effet du froid. Elsa qui rougissait et pelait dans d'affreuses souffrances (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 15).
b) [Le suj. désigne le teint (et p. méton. une pers.)] Devenir rouge sous l'effet d'un élément psychologique, d'une vive émotion, en particulier sous l'effet de la confusion, de la honte, de la pudeur. Synon. (fam.) piquer un fard*; anton. blêmir, pâlir.Rougir facilement, souvent. Elle marchait la tête baissée et les bras pendants, les yeux sur les pas de ma mère, et, quand quelqu'un lui adressait un mot, elle rougissait sans savoir de quoi comme une cerise (Lamart., Tailleur pierre, 1851, p. 455).Pascalon (...) rougissait jusqu'aux oreilles lorsqu'on prononçait le nom de la Petite Scheideck devant lui, croyant qu'il s'agissait d'une personne légère dans ses mœurs (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 162).
Rougir de + compl. (indiquant la cause de cet aspect).Rougir de confusion, de fureur, de honte, de plaisir. C'est ainsi que Jarras (...) pâlissait d'horreur et rougissait de colère aux seuls mots de socialisme et de collectivisme (A. France, P. Nozière, 1899, p. 152).
P. méton. [Le suj. désigne un trait du caractère, un sentiment] Qui provoque une coloration rouge de la peau sous l'effet d'une vive émotion. Mathilde baisse son voile; elle sent que les transports de félicité qui remplissent son cœur, vont éclater dans ses yeux, et sa modestie rougit de les laisser voir (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 81).
c) P. méton. [Le suj. désigne une pers.] Avoir honte, éprouver un sentiment de culpabilité.
(Ne pas) rougir de.En fait l'Église rougit de l'Évangile dont en paroles elle se glorifie (Barthds Foi et vie, 1932, p. 423).
(Ne pas) avoir à rougir de.Je n'ai pas à rougir de ce nom, car c'est quasi confesser le nom de Dieu (Montherl., Port-Royal, 1954, p. 1046).
B. − Empl. trans. Rendre rouge, donner une teinte rouge.
1. Qqc.1rougit qqc.2/qqn2
a) Qqc.1rougit qqc.2[Le compl. désigne un végétal; la couleur rouge est signe de maturité ou de dessèchement] Rougir un fruit. Le premier automne commençait à rougir et à détacher quelques feuilles (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 145).Voici que l'automne a rougi les forêts et sucré les fruits (Toulet, Vers inéd., 1920, p. 54).
Produire une teinte rouge sous l'effet de la lumière. L'aube au ciel rougissait le nuage éclairci (Lamart., Chute, 1838, p. 845).Le couchant qui rougissait les vieux toits couverts en bardeau et qui glissait ses lueurs à travers la forêt de poutres où bouillonnaient les eaux (Balzac, Martyr calv., 1841, p. 72).
Donner la couleur rouge du sang; mêler, tacher, recouvrir de sang. Malheur quand le carnage affreux rougit les fleuves (Hugo, Année terr., 1872, p. 337).La grande dalle sur qui vont les promeneurs et que leur sang rougit les jours d'émeute (Faure, Hist. art, 1912, p. 327).Loc. poét. Rougir ses mains (de sang). ,,Assassiner, exercer des proscriptions sanglantes`` (Ac. 1835-1935).
b) Qqc.1rougit qqc.2/qqn2.[Le compl. désigne la peau sous l'effet d'un élément physique ou physiol.; en partic., le compl. désigne le teint sous l'effet d'un élément psychol., d'une vive émotion, en partic. sous l'effet de la pudeur; p. méton., le compl. désigne une pers.] Le froid, le soleil rougit la peau. Mes reproches l'ont fait rougir (Ac.).La passion rougit leurs faces (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 199).
2. Qqn1rougit qqc.2
a) Empl. pronom. réfl., loc. pop. Se rougir le nez, la trogne. S'enivrer. Synon. pop. se piquer le nez*.Elle prend sa volée Pour se rougir le nez. De la Californie elle revient pompette (Chansons, 1851ds Larchey, Excentr., 1865, p. 219).
b) Tour factitif. [Le compl. désigne un métal] Chauffer au rouge. On fait rougir au feu un fer recourbé (Lavoisier, Traité chim., t. 1, 1789, p. 44).Et elle restait à faire rougir les pincettes, ou regardant la pluie tomber (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 72).
Prononc. et Orth.: [ʀuʒi:ʀ], (il) rougit [ʀuʒi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. 1155 « devenir rouge » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 1165); 2. 1160-74 spéc. « avoir le visage qui rougit, sous l'effet d'un sentiment » (Id., Rou, éd. A. J. Holden, 1580, t. 1, p. 68). B. Trans. ca 1200 « rendre rouge, colorer en rouge » (Raimbert de Paris, Ogier le Danois, 728 [douteux, v. T.-L.]); ca 1360 (H. Capet, 217 ds T.-L.). Dér. de rouge*; dés. -ir. Fréq. abs. littér.: 2 899. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 823, b) 4 390; xxes.: a) 3 943, b) 3 488.
DÉR.
Rougissement, subst. masc.a) Action de rougir, de rendre rouge; résultat de cette action. Synon. rougeur.Rougissement de l'aurore, du fer. Un rougissement fonça la peau jaune de l'homme de grand feu. Mais très vite, il redevint blême et son émotion ne fut plus appréciable qu'aux espacements dans sa parole (Hamp, Champagne, 1909, p. 104).b) Astron. ,,Modification dans la composition de la lumière qui nous arrive d'une étoile en raison de l'absorption sélective des poussières interstellaires, lesquelles laissent passer le rouge mieux que le bleu`` (Muller 1980). Si on se limite à l'étude du rougissement des étoiles situées au voisinage du plan galactique, il est possible d'analyser les fluctuations du rougissement comme on analyse les fluctuations de brillance de la voie lactée, sur la base d'un modèle de nuages discrets de matière interstellaire (Schatzman, Astrophys., 1963, p. 115). [ʀuʒismɑ ̃]. 1resattest. 1516 rugissement « rougeur » (Frere Nicole, Trad. du Liv. des Prouffitz champ. de P. de Crescens, f o38 r o, éd. 1516 ds Gdf.), 1576 rougissement « id. » (P. de Laval, Rimes, ms. de 1576, 37 ds Hug.), attest. isolées, 1793 « action de chauffer au rouge » (Schwan, Nouv. Dict. de la lang. all. et fr. d'apr. FEW t. 10, p. 535a), av. 1891 « fait de devenir rouge, de présenter la couleur rouge » (Th. de Banville ds Guérin 1892); de rougir, suff. -(e)ment1*.
BBG.Quem. DDL t. 15.

Wiktionnaire

Verbe - français

rougir transitif, intransitif ou pronominal 2e groupe (voir la conjugaison)

  1. (Transitif) Rendre rouge ; peindre ou teindre en rouge.
    • On sçait que le colcothar est une substance vitriolique ; ou , pour mieux dire , c'est un véritable vitriol que l’on rougit en le poussant par le feu jusqu'à un certain degré. — (Mémoires de l’Académie des sciences de l’Institut de France, 1753, page 393)
    • Dans l’art de massacrer tu fais vraiment merveille;
      Sauveur, cache tes mains... le sang rougit tes bras !
      — (Charles Bonnet, Entrée triomphale du général Espivent à Marseille, in Le Pilori, Imprimerie coopérative, Genève, 1872)
    • Il y a des engueulades qui rougissent les yeux, bleuissent les joues, crispent les poings, arrachent les cheveux, cassent les œufs, renversent les éventaires, dépoitraillent les matrones, et me remplissent d'une joie pure. — (Jules Vallès, L'Enfant, chapitre 8, Le Siècle, 1878 & Éditions Charpentier, 1879)
    • Un nez grec, comme dessiné par Phidias et réuni par un double arc à des lèvres élégamment sinueuses, spiritualisait son visage de forme ovale, et dont le teint, comparable au tissu des camélias blancs, se rougissait aux joues par de jolis tons roses. — (Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836)
    • (Figuré) Leur sang rougissait la terre.
  2. (Spécialement) Porter à incandescence.
    • Après avoir repassé couteaux et ciseaux, l’étameur fit rougir les casseroles, les passa dans un acide pour les nettoyer ; puis, les ayant chauffées de nouveau, il les posa dans l’étamure , et les arrosa en tous sens avec le métal en fusion ; […]. — (L'étameur, dans Le Magasin pittoresque, volume 51, 1883, page 368)
  3. (Intransitif) Devenir rouge.
    • …je fus amené à goûter tous les mets étranges qui constituaient le repas. Il y avait de la pieuvre crue marinée dans du jus de citron sauvage, de la pieuvre rôtie sur des pierres rougies au feu. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Or, le bruit se répandit bientôt que le juif avait jeté l’hostie dans une cuve d’eau bouillante, à la suite de quoi l’eau aurait rougi sans s’altérer. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
  4. (Intransitif) (Spécialement) (En parlant d’une personne) Avoir la peau du visage qui devient rouge sous l’effet de l'émotion. → voir piquer un soleil
    • On eût dit qu’il rougissait plus par pudeur que par plaisir à l’aspect de la comtesse. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Doña Luz s’aperçut de l’attention avec laquelle ils la regardaient, elle s’arrêta, confuse, et baissa la tête en rougissant encore davantage. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Je ne suis plus moi-même, je le sais bien ; je n’ai plus d’ingénuité, plus d’ignorance, plus d’illusion. J’ai pourtant conservé la faculté de rougir et certes mon sang se jette encore devant les mots énormes pour protéger ma dignité, mais on ne s’en aperçoit guère à cause de mon teint de gras double, de ma bouche au rictus blasé, de mes yeux meurtris. — (Léon Frapié, La maternelle, Librairie Universelle, 1908)
    • Sous l’action d’une pensée indevinable, elle a rougi. J’ai vu l’onde sanguine se propager à son visage ; j’ai vu rayonner son cœur. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • — Pourquoi demandes-tu ça ?
      — Pour rien… Ce n’est pas la peine de rougir
      — Tu n’es pas chic !
      — Pourquoi donc ?
      — Parce que tu sais bien qu’il suffit de prononcer le mot rougir pour que je rougisse.
      — (Georges Simenon, Les Demoiselles de Concarneau, Gallimard, 1936, réédition Folio, page 109)
    • Zaheira ne put s’empêcher de penser qu’elle n’avait jamais vu un homme aussi prodigieusement beau. Elle se sentit rougir. Sa gorge se serra. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans Trois contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
  5. (Intransitif) (Figuré) Avoir honte ; éprouver de la confusion.
    • Le succès n’avait encore récompensé ce rigide et laborieux courage que par de maigres faveurs ; mais il pouvait du moins avouer ses défaillances, et les difficultés qui l’exerçaient à des luttes si vives n’étaient pas de celles dont on rougit. — (Eugène Fromentin, Dominique, L. Hachette et Cie, 1863, réédition Gründ, page 182)
    • Elles n’étaient pas de ces désœuvrées qui proscrivent, comme déshonorant, le saint calus du travail, et n’en rougissaient point. — (Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, Les Demoiselles de Bienfilâtre, dans les Contes cruels, 1883, éd. J. Corti, 1954, volume 1, page 5)
    • Il n’y avait pas la place pour une démarche nouvelle dans cette élection. Sans parti et en se lançant de manière autonome à moins d’un an du scrutin, il n’y a pas de quoi rougir du résultat. — (Cédric Villani, Denis Cosnard, Cédric Villani : « Arrêter la politique ? Pas question, au contraire ! », Le Monde. Mis en ligne le 15 mai 2020)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ROUGIR. v. tr.
Rendre rouge; peindre ou teindre en rouge. Le soleil rougira ces fruits. Rougir la tranche d'un livre. Rougir un plancher, un carrelage. Leur sang rougissait la terre. Ne faire que rougir son eau, Ne boire que très peu de vin avec beaucoup d'eau. Fig., Rougir ses mains de sang, Assassiner, exercer des proscriptions sanglantes.

ROUGIR est aussi intransitif et signifie Devenir rouge. Les cerises rougissent, commencent à rougir. Les écrevisses rougissent en cuisant. Faire rougir un fer dans le feu. Il se dit aussi des Personnes. Cette jeune fille rougit aussitôt qu'on lui parle, Elle répondit en rougissant. Rougir de honte, de pudeur. Rougir de colère. Mes reproches l'ont fait rougir. Il s'emploie également au figuré et signifie Avoir honte, éprouver de la confusion. Il a fait ce qu'il devait, il n'a pas sujet de rougir. Il devrait rougir de sa mauvaise conduite. Il rougit d'avoir un tel fils. Vous me faites rougir. Le participe passé

ROUGI s'emploie adjectivement. De l'eau rougie, De l'eau où il n'y a que peu de vin.

Littré (1872-1877)

ROUGIR (rou-jir) v. a.
  • 1Rendre rouge, peindre ou teindre en rouge. Rougir une porte. Ils rougissent le mors d'une sanglante écume, Racine, Phèdre, V, 6. Jamais le sang humain n'a rougi cette terre, Fénelon, Tél. VIII. Je découvrais au loin la mer de l'Archipel avec toutes ses îles ; le soleil couchant rougissait les côtes de Zea, Chateaubriand, Itin. part. 1.

    Ne faire que rougir son eau, mêler à beaucoup d'eau peu de vin.

    Donner une façon aux cuirs en leur appliquant un rouge composé de bois de Brésil et de chaux.

  • 2 Fig. Rougir ses mains de sang, tuer quelqu'un.

    Par extension, exercer des proscriptions sanglantes.

  • 3 V. n. Devenir rouge. Songe aux fleuves de sang où ton bras s'est baigné, De combien ont rougi les champs de Macédoine, Combien en a versé la défaite d'Antoine, Corneille, Cinna, IV, 3. À peine son sang coule et fait rougir la terre…, Racine, Iph. V, 6. Le cuivre et le fer rougissent longtemps avant de fondre, Brisson, Traité de phys. t. II, p. 248. Les cerises commençaient à rougir, et déjà dans les bois on pouvait cueillir des fraises, Genlis, Veillées du château t. I, p. 446, dans POUGENS.

    Faire rougir un fer au feu.

  • 4 Familièrement. Devenir cardinal. Deux ans après avoir rougi de la sorte, il [l'archevêque de Rouen] fut chancelier de l'ordre par la mort de Cheverny, Saint-Simon, 121, 76.
  • 5Les yeux rougissent, ils deviennent rouges pour avoir pleuré. Mme de Vins s'attendrit en parlant de la bonté de votre cœur, et tous nos yeux rougirent, Sévigné, 394. Il me fit croire que les yeux me rougissaient d'un tel souvenir, Sévigné, 414.
  • 6Il se dit des personnes. Et dans un même instant par un effet contraire Leur front pâlir d'horreur et rougir de colère, Corneille, Cinna, I, 3. Elle rougit, et n'en fut que plus belle, La Fontaine, Confid. Elle rougissait de tout, sans rien faire dont elle eût à rougir, Hamilton, Gramm. 9. La décence est une autre gêne pour les poëtes comiques ; une mère veut pouvoir mener sa fille au spectacle, sans avoir à rougir pour elle, si elle est innocente ; et sans la voir rougir, si elle ne l'est pas, Marmontel, Œuv. t. IX, p. 402. Malheureusement, ne rougit pas qui veut, Genlis, Ad. et Th. t. II, p. 173, dans POUGENS. Nous avons regardé Mlle Aline, qui a rougi jusqu'aux oreilles, Genlis, Théât. d'éduc. la Lingère, I, 5. Plus d'une fois Sa Majesté rougit jusqu'au blanc des yeux, Loménie de Brienne, Mém. inéd. t. II, p. 42, dans POUGENS. Vous mentirez pour moi, je rougirai pour vous, Delille, Conversat. II.
  • 7 Fig. Avoir honte, confusion. Dans les affaires pressantes, les particuliers et les républiques vouaient à Vénus des courtisanes, et la république ne rougissait pas d'attribuer son salut aux prières qu'elles faisaient à leur déesse, Bossuet, Hist. II, 5. La vie de celui dont je viens vous entretenir a été telle par sa grâce [de Dieu], que je ne rougirai point de la célébrer en présence de ses saints autels et au milieu de son église, Bossuet, Bourgoing. Si tu ne rougis pas de pécher, rougis au moins de ne pas rougir en péchant, Bourdaloue, Exhort. sur la flagellat. de J. C. t. II, p. 83. Il fuyait les acclamations populaires, il rougissait de ses victoires, il venait recevoir des éloges comme on vient faire des apologies, Fléchier, Turenne. Si l'homme savait rougir de soi, quels crimes, non-seulement cachés mais publics et connus, ne s'épargnerait-il pas ? La Bruyère, XI. Que dira la postérité, lorsqu'il lui faudra rougir de la honte de ses pères ? Montesquieu, Lett. pers. 146. J'ai une pension du roi, je rougirais de la recevoir tant qu'il y aura des officiers qui souffriront, Voltaire, Lett. Thiriot, 31 janv. 1761. Pourquoi des malhonnêtes gens rougiraient-ils de l'être, quand on ne rougit pas de leur faire accueil ? Duclos, Consid. mœurs, 4.

    Fig. Ses instructions [d'un prédicateur] ne rougissent pas de sa conduite, Massillon, Carême, Mélange. Notre raison rougit tout bas de la faiblesse de nos penchants, Massillon, Carême, Pécheresse.

    Absolument. Mais, pour moi, dont le front trop aisément rougit, Ma bouche a déjà peur de t'en avoir trop dit, Boileau, Sat. X. N'osez-vous sans rougir être père un moment ? Racine, Iphig. II, 2.

    Faire rougir, couvrir de confusion. Qui ne nous touche point ne nous fait point rougir, Corneille, Hor. V, 3. Adieu ; ce mot lâché me fait rougir de honte, Corneille, Cid, V, 1. Il pourrait faire rougir la Sorbonne, si les corps rougissaient, Voltaire, Lett. Damilaville, 10 avril 1767.

HISTORIQUE

XIIe s. Par les escuz ù l'or rugist, Se passent les grans fers d'acier, Benoit de Sainte-Maure, II, 5266. Car um veïst le sanc el blanc cervel rouir, Le cervel ensement el vermeil sanc blanchir, Th. le mart. 151. D'ire et de mautalent [il] roigit come cerise, Sax. XXIII. Li uns rouir, altres palir, Rou, V. 13146.

XIIIe s. Tybers, qui gardoit l'huis, de paour en rougi, Berte, LXXXIX. Cil aient honte et s'en rogissent, Qui por mes dolors s'esjoissent, Psaumes, dans Liber psalm. p. 284.

XIVe s. Ceulx qui ont verconde rougissent, et ceulx qui ont paour de mort pallissent, Oresme, Éth. 138.

XVe s. Yeulx rougis, plains de piteux pleurs, Orléans, Bal. 88. Tant chauffe on le fer qu'il rougist, Villon, Ballade.

XVIe s. Ne rougissant non plus d'estre rencontré en cela, que si on l'eust trouvé plantant des aulx, Montaigne, II, 351. J'en ai rougi pour vous, quand l'acier de mes vers Burinoit votre histoire aux yeux de l'univers, D'Aubigné, Tragiques, princes.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ROUGIR. Ajoutez :
8 S. m. Le rougir, action de devenir rouge. La nature veut que les plus forts connaissent qu'ils ne le sont pas assez pour lui résister ; le rougir est du nombre de ces infirmités, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « rougir »

Verbe dérivé de rouge, avec le suffixe -ir, faisait rogir en ancien français.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Rouge 1 ; wallon, rogi ; norm. faire rouir des oignons, les faire cuire dans le beurre roux ; provenç. rogir. L'ancienne langue avait le verbe roujoier, roujeier, présenter des teintes rouges.

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Phonétique du mot « rougir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
rougir ruʒir

Fréquence d'apparition du mot « rougir » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « rougir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « rougir »

  • Il faut rougir de commettre des fautes et non de les avouer.
    Voltaire
  • Nous n'avons pas à rougir de nos larmes, elles sont une pluie sur la poussière de la terre qui recouvre nos cœurs endurcis.
    Charles Dickens — De grandes espérances
  • Journal intime. Relation quotidienne de cette part de l'existence que l'on peut se confier à soi-même sans avoir à en rougir.
    Ambrose Bierce — Le Dictionnaire du diable
  • Combien il vaut mieux souffrir de l'oppression de ses ennemis que rougir des excès de ses alliés.
    Benjamin Constant — De la liberté chez les modernes
  • Ah ! voici le poignard qui du sang de son maître S'est souillé lâchement : il en rougit, le traître !
    Théophile de Viau — Pyrame et Thisbé, V, 2, Thisbé
  • Faites en sorte que l'enfant que vous étiez n'ait pas à rougir de l'adulte que vous êtes aujourd'hui.
    Jesus Hermida
  • Il faut être tel que l'on n'ait pas à rougir devant soi-même.
    Baltasar Gracian y Morales
  • Onzième joueur le plus impactant du Championnat d’Europe au niveau des statistiques, Drvn n’a pas à rougir de ses premières brasses dans l’une des compétitions internationales les plus relevées de la discipline. Alors qu’il est le seul à avoir autant joué avec Iana, il faudra le surveiller de près à l’avenir, notamment pour sa polyvalence souris en main.
    Millenium — Esport - Rainbow Six Siege : Les révélations du Stage 1 de l’European League - Millenium
  • Cette publicité sortie à la fin des années 90 posait la question statutaire et éminemment importante pour l'industrie de la voiture, les notions de luxe et d'espace qui seraient intimement liées... 30 ans après, quand on sait qu'il faut attendre au moins 3 mois entre le moment où le vélo Tamboite est commandé et le moment où il est livré. Quand on se rend compte que ce qui nous manque le plus dans nos vies quotidiennes, c'est le temps, le temps de prendre son temps. On peut se dire, sans rougir, que le vrai luxe, n'est pas l'espace (qui s'achète) mais le temps (que l'on prend).
    Weelz.fr — [Néo-Rétro] Maison Tamboite, un vélo Made in Paris en villégiature ⋆ Weelz.fr
  • Il vaut mieux faire rougir une femme que de la faire rire.
    Alphonse Karr
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Traductions du mot « rougir »

Langue Traduction
Anglais to blush
Espagnol ruborizarse
Italien arrossire
Allemand erröten
Chinois 脸红
Arabe ليحمر
Portugais corar
Russe краснеть
Japonais 赤面する
Basque hausteko
Corse rossa
Source : Google Translate API

Synonymes de « rougir »

Source : synonymes de rougir sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « rougir »

Combien de points fait le mot rougir au Scrabble ?

Nombre de points du mot rougir au scrabble : 7 points

Rougir

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