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Plaindre

Définitions de « plaindre »

Trésor de la Langue Française informatisé

PLAINDRE, verbe

I. − Empl. trans.
A. − [Le compl. désigne un être animé] Plaindre qqn
1. Exprimer sa compassion envers quelqu'un. Plaindre qqn sincèrement, du fond de l'âme, du fond du coeur. J'ai appris ce matin, par les feuilles, la mort de MmeViardot. Je plains beaucoup Tourgueneff et vais lui écrire immédiatement (Flaub.,Corresp., 1871, p.232).Je plains de tout mon coeur les garçons nés vingt ans après moi (Green,Journal, 1944, p.165).
Empl. pronom. réciproque. Ils se plaignaient l'un l'autre, tendrement; ils entraient dans un sentiment intime et profond, de leurs communes misères (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p.273).
2. Regretter un être absent, disparu. J'ai vu les femmes plaindre les guerriers morts. Mais c'est nous-mêmes qui les avons trompées! (Saint-Exup.,Citad., 1944, p.508):
1. Les rumeurs du jardin disent qu'il va pleuvoir; Tout tressaille, averti de la prochaine ondée; Et toi qui ne lis plus, sur ton livre accoudée, Plains-tu l'absent aimé qui ne pourra te voir? Desb.-Valm.,Poés. posth., 1859, p.274.
3. [Le compl. est suivi de de + inf. ou plus rarement de + subst.] Plaindre qqn de + compl. donnant le motif.Témoigner de la compassion à quelqu'un au sujet de.
a) Plaindre qqn de + inf.Je plains ces bons sénateurs de s'être associés avec une majorité basse aux méchants pour faire (...) ce qu'il fallait faire (Maine de Biran,Journal, 1814, p.10).Je plains le représentant de la France d'être réduit à ce rien qu'est maintenant le parti de la France à l'étranger (Goncourt,Journal, 1872, p.917).
b) Plaindre qqn de + subst.Je vous plains de tout mon coeur de la perte de votre Élix; je comprends (...) tout ce qu'un enfant si aimable doit vous laisser de regrets à tous (E. de Guérin,Lettres, 1834, p.60).Je te plains bien sincèrement de tes pertes à la Bourse! (Flaub.,Corresp., 1858, p.264).
4. Expr. et loc.
Être à plaindre. Mériter d'être plaint. Je sais ce que c'est que de perdre son mari. J'ai passé par là. Encore étais-je plus à plaindre que vous; M. de Saint-Genis, en mourant, ne me laissait que des dettes et un enfant de quatre ans sur les bras (Becque,Corbeaux, 1882, ii, 1, p.102).
Être plus à plaindre qu'à blâmer:
2. ,,Elle est plus à plaindre qu'à blâmer``, et la gent féminine avait mordu là-dedans comme un affamé dans du pain. Les réserves de pitié dont chacune disposait, elle les avait sacrifiées à la jeune fille. Plus à plaindre qu'à blâmer? La pauvre! Mais bien sûr! Était-ce sa faute si elle aimait Thomas Gourvennec... Queffélec,Recteur, 1944, p.73.
N'être pas à plaindre. Avoir tout ce qu'il faut. Mon père est prêt à passer la terre à mon nom. On doit rien dessus, tu sais. Et sans être des richards, on est en moyens. Celui qui me prendra pour femme sera pas tellement à plaindre (Guèvremont,Survenant, 1945, p.247).
B. − [Le compl. désigne un inanimé] Plaindre qqc.
1. Témoigner de la compassion pour les malheurs d'autrui. D'Épernon doit venir... Ami pur et sincère, Lui seul il plaint mes maux, partage ma colère (Legouvé,Mort Henri IV, 1806, ii, 1, p.361).Que j'ai pitié de vous! Que je plains votre sort! Que je blâme le Roi d'accorder cette mort (Moréas,Iphigénie, 1900, iii, 4, p.102).
2. Vieilli
a) Déplorer quelque chose de pénible. Je suis habitué à ces contretemps qui ne m'atteignent plus. Je plains le sort; et je ne m'en plains pas (Villiers de L'I.-A.,Corresp., 1879, p.261):
3. Je marchais, tête basse et souvent découragé, ne voyant pas l'aimable but, croyant travailler sans fin, fatiguer toujours, ne devinant pas le prix que Dieu me gardait. Je le remercie maintenant, je ne plains plus la fatigue. Michelet,Journal, 1849, p 634.
b) Employer, donner quelque chose à regret, avec parcimonie. Cette lenteur (...) peut fatiguer des ames vives et légères, dont la curiosité impatiente plaint le temps qu'elle donne à ce qui l'intéresse, veut savoir au plus vîte ce qui l'attend, jouir d'une émotion rapide et fugitive, et aussitôt changer d'objet (Marmontel,Essai sur rom., 1799, p.339).Jamais brossée, jamais lavée. On me plaint le cambouis de mes essieux (A. Daudet,Tartarin de T., 1872, p.105).
Ne pas plaindre (l'argent, la dépense). Ne pas regarder à (l'argent, la dépense). S'il était question de cela, de bon coeur, j'y consentirais et voterais ce qu'on voudrait, dût-il m'en coûter ma meilleure coupe de sainfoin: il ne faudrait pas plaindre cette dépense; il y va de tout pour nous (Courier,Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.78).
Mod., région. Le père n'avait rien plaint pour le trousseau: des draps, des chemises, des robes de serge, de quoi vivre jusqu'à cent ans en changeant trois fois le jour (Pourrat,Gaspard, 1925, p.60).
Ne pas plaindre (la fatigue, la peine). Ne pas ménager ses efforts. Le sol est charrié par les pluies. C'est long, mais nécessaire. Ne plains pas ta peine. Et entretiens les fossés de drainage. Cette eau est bonne pour l'étang, non pour le fonds (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p.153):
4. ... une fois qu'il se fut pris, dit-il, à saint Augustin, qu'il eut embrassé son oeuvre vénérable et que, ne plaignant pas la fatigue, il s'y fut plongé et replongé sans relâche depuis le premier jour jusqu'au dernier durant vingt-deux années, alors son étonnement fut grand... Sainte-Beuve,Port-Royal, t.2, 1842, p.128.
II. − Empl. intrans., vieilli. Exhaler des gémissements. Synon. se plaindre.Allé chez Mmede La Renaudie, geignant, plaignant, mais pâlie, aimable et faisant la blessée, ce qui pour moi est une amabilité de plus (Barb. d'Aurev.,Mémor. 2, 1838, p.338):
5. ... Sur la roche pointue aux chèvres familière, Sur le lac, sur l'étang, sur leurs tranquilles eaux, Sur leurs bords émaillés où plaignent les roseaux, Dans le cristal rompu des ruisselets obliques, Il aime à voir trembler tes feux mélancoliques. Moréas,Sylves, 1896, p.219.
III. − Empl. pronom.
A. − Absolument
1. [Le suj. désigne une pers.] Qqn se plaint.Exprimer sa douleur. Il souffre sans se plaindre. Il se plaint pour la moindre chose (Ac.1798-1935).
2. P. anal. [Le suj. désigne une chose] Qqc. se plaint.Faire entendre un son peu modulé, un bruit doux. Il n'entendit plus que très vaguement geindre l'essieu des roues, et les flancs de la diligence qui se plaignaient (A. Daudet,Tartarin de T., 1872, p.104):
6. Le vent faisait chanter les girouettes. Maintenant, elles étaient immobilisées dans son courant qui soufflait toujours du même point de la nuit et elles ne faisaient plus que se plaindre doucement, de temps en temps, d'un petit gémissement régulier. Giono,Que ma joie demeure, 1935, p.372.
B. − Se plaindre + compl.Exprimer son mécontentement par des paroles, des écrits.
1. Se plaindre de + subst.
a) Se plaindre de + n. de pers.Exprimer ses griefs au sujet de quelqu'un. Il me fit les plus ridicules confidences, se plaignant de sa femme, de ses gens, de ses enfants (Balzac,Lys, 1836, p.190).Je me plains de lui parce qu'il aime les courtisans et que ce n'est pas digne d'un homme de sa taille (Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p.346).
b) Se plaindre de + n. de chose.Exprimer son mécontentement au sujet de quelque chose, déplorer quelque chose. Se plaindre du froid. Je ne me plains que de la trop grande rapidité du temps (Crèvecoeur,Voyage, t.1, 1801, p.167).Le paysan ne se plaint point des racines, lorsqu'il défriche; c'est son bonheur de vaincre la terre (Alain,Propos, 1921, p.291).
c) Ne pas se plaindre de.Être assez satisfait au sujet de. J'aurai passé en t'aimant, t'aimer aura été l'histoire de toute ma vie... Je ne me plains certes pas de ce sort (Hugo,Lettres fiancée, 1822, p.161).J'y vis seul, comme à la campagne, dans une grande chambre démeublée que je ne remplis guère avec mon petit bagage, mes quelques livres et ma pauvre personne. Au demeurant, je ne me plains pas de ma solitude (M. de Guérin,Corresp., 1834, p.170).
2. Se plaindre + inf. ou prop.Exprimer ses regrets, son mécontentement au sujet de.
a) Se plaindre de + inf.Je me plains de ne pas avoir de voisinage (...) −Mariez-vous! Vous amènerez votre femme à la Vaucreuse. Elle sera mon amie. Nous voisinerons (R. Bazin,Blé, 1907, p.143).Tu vas être plongé jusqu'au cou dans la politique; tu n'auras plus une minute à toi. Déjà tu te plains de manquer de temps pour ton roman (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.141).
b) Se plaindre que + ind. ou subj.
[Le verbe de la prop. est à l'ind. (l'acte exprimé par le verbe est réel, certain)] Je me plains qu'au mépris de la foi mutuelle, Vous avez des cantons embrassé la querelle (Delavigne,Louis XI, 1832, ii, 11, p.73).Paradis (...) jeta son sac, puis se jeta lui-même à terre, et resta là un bout de temps, assommé, se plaignant qu'il avait les membres sans connaissance et que la semelle de ses pieds lui faisait mal (Barbusse,Feu, 1916, p.210).
Fam. Se plaindre que la mariée est trop belle. V. marié II.
[Le verbe de la prop. est au subj. (l'acte exprimé par le verbe est hyp. ou représente une opinion personnelle plus qu'une réalité)] Je me plains qu'il n'y ait pas assez d'anecdotes, ne croyez pas que ce soit vice de faiseur, mais goût de lecteur (Balzac,Corresp., 1838, p.426).Il se défendit en désespéré, jouant de l'indignation, se plaignant avec hauteur, avec amertume, qu'on se défiât de lui (Rolland,J.-Chr., Antoinette, 1908, p.850).
c) Se plaindre de ce que + ind. ou subj.Déplorer le fait que. Tu te plains aussi de ce que je ne réponds pas à mille questions qui sont dans tes lettres (Staël,Lettres div., 1794, p.627).Tout le monde se plaint de ce que les discussions relatives au socialisme soient généralement fort obscures (Sorel,Réflex. violence, 1908, p.71):
7. Il a l'air d'un homme qui trépigne à côté d'un berceau, en se plaignant de ce que l'enfant qu'on y berce n'est point encore professeur de mathématiques ou général d'armée. J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.384.
d) MÉD. Exposer au médecin les symptômes subjectifs, les maux ou les douleurs que l'on ressent. Se plaindre de douleurs. Les sujets porteurs de varicocèle ne se plaignent en général de rien (...). Très exceptionnellement, certains sujets font état d'une gêne ou d'une pesanteur à la station debout ou à la marche (J. Cohen,Les Stérilités et hypofertilités masculines, 1977, p.174):
8. Il importe (...) d'interroger et d'examiner avec soin toute personne se plaignant de maux de tête tenaces ou répétés dont la cause n'est pas évidente (...). Le médecin consulté pour des céphalées commencera toujours par faire préciser au malade un certain nombre de notions... Quillet Méd.1965, p.336.
e) Absolument
N'avoir pas à se plaindre. Être satisfait, ou se contenter, de sa situation actuelle, de l'état dans lequel on se trouve; estimer ne pas avoir de motifs de récriminations:
9. J'ai trouvé la certitude et le repos, ce qui vaut mieux que toutes les hypothèses. Je me suis mis d'accord avec moi-même, ce qui est bien la plus grande victoire que nous puissions remporter sur l'impossible. Enfin, d'inutile à tous, je deviens utile à quelques-uns (...). Je n'ai donc pas à me plaindre. Ma vie est faite et bien faite selon mes désirs et mes mérites. Fromentin,Dominique, 1863, p.1.
Je ne me plains pas. Je n'éprouve ni regret, ni amertume. Non, je ne me plains pas. J'ai attendu plus de vingt ans refoulant mille désirs de puissance et d'aventure que rien ne pouvait satisfaire, jusqu'au jour où tu es venue pour me donner tout ce que j'adore: l'amour, la beauté et le risque (Jouve,Paulina, 1925, p.107).
3. Se plaindre à + subst.Exposer son mécontentement, ses griefs à quelqu'un qui en est responsable ou est censé pouvoir y remédier. Se plaindre au commissaire. Saint-André est une petite église très riche en marbres et bois (...). Chaire en bois, avec grandes figures de saint Pierre, se plaignant au Sauveur qu'il ne prend rien à la pêche (Michelet,Journal, 1832, p.106).MmeSimons perdit patience. «Je suis anglaise, dit-elle, et l'on ne se moque pas impunément de moi. Je me plaindrai à la légation (...)» (About,Roi mont., 1857, p.60).
REM. 1.
Plaigneur, subst. masc.,rare. Celui qui se plaint, qui a l'habitude de se plaindre. Le jour qu'il protesta [Renan], je faillis m'étouffer de mes rires. Qu'on fasse taire ce plaigneur, disais-je, il va me gâter l'auteur des Dialogues philosophiques (Barrès,Renan,1888,p.XV).
2.
Plaignoter, verbe trans.,rare. Plaindre doucement. En empl. pronom. Pendant ce temps-là, l'enfant se plaignotait comme une souris prise au piège (Céline,Voyage, 1932, p.332).
Prononc. et Orth.: [plε ̃:dʀ ̥], (il) plaint [plε ̃]. Homon. plain, plein. Att. ds Ac. dep.1694. Conjug. v. craindre. Étymol. et Hist.A. 1. Ca 1050 «déplorer la mort de quelqu'un» (Alexis, éd. Chr. Storey, 154, 594); 1656-57 être à plaindre (Pascal, Provinciales, éd. Brunschvicg, V, 320); 1690 n'être pas à plaindre (Fur.); 1672 plaindre qqn de (Mme de Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t.2, p.460); 2. ca 1100 «exprimer par des plaintes les regrets de la perte de quelqu'un» (Roland, éd. J. Bédier, 834); 3. 2emoitié xiiies. «donner, accorder avec parcimonie» (Adam de La Halle, Chansons, éd. J. H. Marshall, IV, 43); 1452 ne pas plaindre sa peine (A. Greban, Mystère de la passion, éd. O. Jodogne, 9199). B. Verbe pronom. 1. ca 1100 «manifester sa peine par des pleurs, des lamentations» (Roland, 915); fin xiiies. soi plaindre que (Trad. du xiiies. d'une charte de 1261, Cart. du val S. Lambert, B. N. l. 10176, fo46d ds Gdf. Compl); 1609 se plaindre de «faire savoir qu'on souffre de quelque chose» (Régnier, Satire XII, éd. G. Raibaud, 154); 1656-57 se plaindre de ce que (Pascal, Lettre au duc de Rouannez, éd. Brunschvicg, VI, 159); 2. 1552 «faire entendre des bruits analogues à des plaintes» (Ronsard, Les Amours, éd. P. Laumonier, IV, 39); 3. 1243 «porter plainte auprès d'une autorité compétente» (Cart. de Montierender, II, fo74 ro, A. Hte Marne ds Gdf. Compl.). Du lat. plangere «frapper», «se frapper la poitrine en signe de douleur, d'exaltation», «se livrer aux transports de la douleur, se lamenter, pleurer quelqu'un, quelque chose». Fréq. abs. littér. Plaindre: 6062. Plaint: 1184. Fréq. rel. littér. Plaindre: xixes.: a) 10584, b) 10073; xxes.: a) 8474, b) 6253. Plaint: xixes.: a) 2058, b) 1738; xxes.: 1795, b) 1263. Bbg. Bambeck (M.). Lexikalisches und Etymologisches. Z. rom. Philol. 1961, t.77, p.326. _ Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.189-191.

Wiktionnaire

Verbe - français

plaindre \plɛ̃dʁ\ transitif pronominal 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se plaindre)

  1. Prendre en pitié les maux d’autrui, en être touché, témoigner la compassion que l’on éprouve pour quelqu’un.
    • Vraiment, par expérience, je plains le jeune prêtre que l’on envoie, pour ses débuts, évangéliser la Beauce. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Que je le plains, pécheur, en ton heure dernière !
      Les maux les plus affreux sont amassés sur toi;
      Le noir enfer, séjour rempli d'effroi,
      T’attend au bout de la carrière.
      — (Mort du pécheur, dans Félix Dupanloup, Manuel des petits séminaires et des maisons d'éducation chrétienne, p.106, 2e éd., 1844)
    • (Pronominal)Si donc l’histoire récom­pense l’abnégation résignée des hommes qui luttent sans se plaindre et accomplissent sans profit une grande œuvre de l'histoire, comme l'affirme Renan, nous avons une raison nouvelle de croire à l'avènement du socialisme, […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.VII, La morale des producteurs, 1908, p.330)
  2. Employer, donner avec répugnance, à regret, d’une manière insuffisante.
    • Il ne faut pas plaindre sa peine, ses pas, son temps quand il s’agit d’obliger.
    • Il ne plaint pas la dépense, Il dépense volontiers.
    • Verse tout plein,
      Il semble que tu nous le plains.
      — (Jean-Joseph Vadé, La Pipe cassée, chant premier, dans Catéchisme poissard, 1758)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PLAINDRE. (Il se conjugue comme CONTRAINDRE.) v. tr.
Prendre en pitié les maux d'autrui, en être touché, témoigner la compassion que l'on éprouve pour quelqu'un. Plaindre les malheureux. Je plains sa famille. Tout le monde vous plaint. C'est un homme qui mérite qu'on le plaigne. Il est bien à plaindre. Je vous plains de la perte que vous avez faite. Je vous plains d'en être réduit à cette extrémité. Il se dit aussi des Choses. Je plains votre malheur. Il signifie aussi Employer, donner avec répugnance, à regret, d'une manière insuffisante. Il ne faut pas plaindre sa peine, ses pas, son temps quand il s'agit d'obliger. Il ne plaint pas la dépense, Il dépense volontiers.

SE PLAINDRE signifie Se lamenter. Il a souffert de grandes douleurs sans se plaindre. Il se plaint pour la moindre chose. Il aime à se plaindre et à être plaint. Il signifie aussi Témoigner son mécontentement de quelque chose, du mécontentement contre quelqu'un. Il se plaint fort de vous et du mauvais accueil que vous lui avez fait. Tout le monde croit être en droit de se plaindre de la fortune. Il se plaint qu'on l'ait calomnié. Il signifie, en termes de Jurisprudence et de Police, Porter plainte. Il est allé se plaindre au commissaire.

Littré (1872-1877)

PLAINDRE (plin-dr'), je plains, tu plains, il plaint, nous plaignons, vous plaignez, ils plaignent ; je plaignais, nous plaignions ; je plaignis ; je plaindrai ; je plaindrais ; plains, qu'il plaigne, plaignons ; que je plaigne, que nous plaignions ; que je plaignisse ; plaignant ; plaint v. a.
  • 1Témoigner un sentiment de chagrin pour les peines d'autrui ou de soi-même. Plaindre les malheureux n'est pas contre la concupiscence [l'ensemble des mauvais penchants] ; au contraire, on est bien aise d'avoir à rendre ce témoignage d'amitié, et à s'attirer la réputation de tendresse sans rien donner, Pascal, Pensées, VI, 34, éd. HAVET. Ceux qui admiraient sa fermeté [de Mme de Montausier malade] perdirent la leur ; ceux qui la plaignaient paraissaient presque les seuls à plaindre, Fléchier, Mme de Mont. Fidèle dans leurs disgrâces [de ses amis], il osa les louer et les servir en des temps où les autres n'osaient presque pas les plaindre, Fléchier, Duc de Mont. Je plaindrais le cardinal de Rohan, si je pouvais plaindre un homme qui a l'honneur d'être la victime de son zèle pour la vérité, Maintenon, Lettre à Mme de Caylus, 10 janvier 1718. Je plains les malheureux depuis que je le suis ; et je sens que mon cœur s'intéresse pour cet homme, sans savoir pourquoi, Fénelon, Tél. XXIV. J'ai vu Bolingbroke rongé de chagrins et de rage ; et Pope, qu'il engagea à mettre en vers cette mauvaise plaisanterie [Tout est bien], était un des hommes les plus à plaindre que j'aie jamais connus, Voltaire, Princ. d'act. XVI. On croit être plaint quand on est écouté, Graffigny, Lett. péruv. v.

    Témoigner de la compassion au sujet de. Je vous plains bien de vos méchantes compagnies, Sévigné, 6 janv. 1672. Je vous ai souvent plainte de la vie ennuyeuse que vous menez depuis huit ans, Maintenon, Lett. à Mme de Ventadour, 20 avril 1712. Tous sont contents d'eux-mêmes et de leur esprit, et l'on ne veut pas dire qu'ils en soient entièrement dénués ; mais on les plaint de ce peu qu'ils en ont, et, ce qui est pire, on en souffre, La Bruyère, V.

    Plaindre de, avec le verbe à l'infinitif. Je te plains de tomber dans ses mains redoutables, Racine, Athal. II, 5.

    Être à plaindre, mériter d'être plaint. Atys, que vous seriez à plaindre Si vous saviez tous vos malheurs ! Quinault, Atys, I, 6. Non, il n'est homme à plaindre ici que le méchant, Collin D'Harleville, Optimiste, V, 11.

    Vous êtes bien à plaindre, bien digne de compassion. Mme de la Fayette m'a mandé qu'elle allait vous écrire, mais que la migraine l'en empêche : elle est fort à plaindre de ce mal, Sévigné, 76.

    Se dit souvent ironiquement. On vous envoie en province avec une belle place ; vous êtes bien à plaindre !

    N'être pas à plaindre, être dans une condition où l'on ne doit pas être plaint. Il y a beaucoup de jolies sottes, beaucoup de jolies friponnes ; vous avez épousé beauté, bonté et esprit ; vous n'êtes pas à plaindre, Voltaire, Lett. Saurin, oct. 1761. Ainsi elle n'était sûrement pas à plaindre, quoiqu'elle se plaignît toujours, Rousseau, Conf. X.

  • 2En parlant des choses pour lesquelles on témoigne sa pitié. …ô qu'il est doux de plaindre Le sort d'un ennemi quand il n'est plus à craindre ! Corneille, Pomp. V, 1. Ne plaignons plus ses disgrâces, qui font maintenant sa félicité [dans le paradis], Bossuet, Reine d'Anglet. La vieillesse… Toujours plaint le présent et vante le passé, Boileau, Art p. III. Je révoque des lois dont j'ai plaint la rigueur, Racine, Phèdre, II, 2. Votre sort est à plaindre, je l'avoue, Massillon, Carême, Voc.

    Plaindre quelque chose, exprimer des plaintes de la perte, de la privation de quelque chose. Ce triste et fier honneur m'émeut sans m'ébranler ; J'aime ce qu'il me donne, et je plains ce qu'il m'ôte, Corneille, Hor. II, 3.

    Plaindre que, se montrer fâché que. Il [mon fils] m'en avait parlé le premier… plaignant et regrettant, tout comme nous, que M. le chevalier ne conduisît pas ses premières années [du jeune Grignan], Sévigné, 22 janv. 1690.

  • 3Employer à regret, donner avec répugnance et parcimonie. Sachant très bien qu'en amour comme en guerre On ne doit plaindre un métal qui fait tout, La Fontaine, Coupe. Je crois que mon fils ne plaindrait pas de plus gros gages pour avoir un vrai bon cuisinier, Sévigné, 26 févr. 1685. Que mon âme, en ce jour de joie et d'opulence, D'un superbe convoi plaindrait peu la dépense ! Boileau, Ép. V. On ne plaint pas son argent pour voir un opéra-comique, et on le plaindra pour avoir des aqueducs, Voltaire, Lett. de Parcieux, 17 juill. 1767.

    Se plaindre une chose, s'en passer par avarice. Celui qui amasse injustement des richesses en se plaignant sa propre vie, les amasse pour d'autres, Sacy, Bible, Ecclésiast. XIV, 4. Il ne lui manque aucune de ces curieuses bagatelles que l'on porte sur soi ; et il ne se plaint non plus toute sorte de parure qu'un jeune homme qui a épousé une riche vieille, La Bruyère, II. Oh ! la belle leçon pour la plupart des pères ! Ils se plaignent souvent les choses nécessaires ; Pour qui ? pour des ingrats, pour des extravagants…, Destouches, Dissip. I, 7.

    Regretter. Vous avez peut-être regret de m'avoir fait ce bien-là sans y penser ; ne me le plaignez point, aimable Léonore, Scarron, Rom. com. I, 13. Et on plaindra à ces gens-là des grandeurs dont ils font un si bon usage ! Sévigné, 597. Si votre main gauche plaint ce que donne votre main droite, Fléchier, III, 468. Chacun a bien fait son devoir, ne plaignons point quelques moments de trouble, Beaumarchais, Mère coup. V, 8.

    Plaindre sa peine, travailler mollement et sans se donner véritablement de la peine. Tout le mal qu'on dit d'elle [de la langue française] n'est vrai qu'entre les mains d'un homme sans génie ou qui plaint sa peine, D'Olivet, Prosod. franç. V, 1.

    Il ne plaint pas sa peine, ses peines, il est obligeant, actif.

  • 4 V. n. Pousser des plaintes, des gémissements. C'est fait de moi, quoi que je fasse ; J'ai beau plaindre et beau soupirer…, Malherbe, V, 5. Et Cléone et le roi s'y jettent pour l'éteindre [le feu] : Mais, ô nouveau sujet de pleurer et de plaindre, Ce feu saisit le roi ; ce prince en un moment Se trouve enveloppé du même embrasement, Corneille, Méd. V, 1.
  • 5Se plaindre, V. réfl. Se lamenter. Et quiconque se plaint cherche à se consoler, Corneille, Pomp. V, 1. Qu'avons-nous à nous plaindre, lorsqu'il ne plaît pas à Dieu de nous écouter ? Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 90. Mais l'amour qui se plaint le plus N'est pas toujours le plus à plaindre, Quinault, Phaéton, II, 4. La pauvre Fanchon s'est plainte de beaucoup de maux de tête tout le matin, Racine, Lett. XXV, à son fils.

    Poétiquement. Sous les fougueux coursiers l'onde écume et se plaint, Boileau, Épît. IV.

  • 6Témoigner des regrets, du mécontentement. Mais donnons quelque chose à Rome qui se plaint, Corneille, Nicom. IV, 3. Et si vous vous plaignez de moi, Je ne sais pas de bonne foi, Ce qu'il faut pour vous satisfaire, Molière, Amph. II, 2. Gardons-nous bien de nous plaindre des gens dont nous devons nous louer, Sévigné, 247. Je le plains plus que je ne m'en plains, Maintenon, Lett. à d'Aubigné, 2 sept. 1681. Quand vous me haïriez, je ne m'en plaindrais pas, Racine, Phèdre, II, 5. Il est souvent plus utile de quitter les grands que de s'en plaindre, La Bruyère, IX.

    Se plaindre que, avec l'indicatif (le sens est que l'acte exprimé par le verbe à l'indicatif n'a rien d'hypothétique). La mouche, en ce commun besoin, Se plaint qu'elle agit seule et qu'elle a tout le soin, La Fontaine, Fabl. VII, 9. Elle se plaint que vous avez fini le premier un commerce qui lui faisait un grand plaisir, Sévigné, 7 sept. 1689. Nous nous sommes plaints que la mort, ennemie des fruits que nous promettait la princesse, les a ravagés dans la fleur, Bossuet, Duch. d'Orl. Parlez ; Phèdre se plaint que je suis outragé, Racine, Phèdre, III, 5. Vous vous plaignez que votre ennemi vous a décrié en secret et en public, Massillon, Carême, Pardon.

    Se plaindre que, avec le subjonctif (le sens est que l'acte exprimé par le verbe au subjonctif est hypothétique). Combien de fois ne s'est-on pas plaint que les affaires n'eussent ni règle ni fin ! Bossuet, le Tell. Vous-même, monsieur, pouvez-vous vous plaindre qu'on n'ait pas rendu justice à votre dialogue de l'amour et de l'amitié ? Boileau, Lett. à Ch. Perrault. Quelques-uns ont pris l'intérêt de Narcisse, et se sont plaints que j'en eusse fait un très méchant homme, Racine, Brit. Préf.

    Se plaindre de ce que. Ces hérésiarques se sont-ils plaints de ce qu'on leur imposait ce qu'ils ne disaient pas ? Pascal, Lettre de Nic. au P. Annat.

  • 7Former une plainte en justice. Il est allé se plaindre au commissaire.
  • 8Témoigner de la compassion l'un pour l'autre. Comme ceux qui courent le même péril se plaignent les uns les autres par une expérience sensible de leurs communes disgrâces, Bossuet, 1er serm. Nativité, 2.

    Témoigner de la compassion pour soi-même. Il plaignait ceux qui l'aimaient, beaucoup plus qu'il ne se plaignait lui-même, Voltaire, l'Ingénu, 10.

HISTORIQUE

XIe s. Plainums ansemble le doel [deuil] de nostre ami, St Alexis, XXX. Jamais n'ert [ne sera] jur que Charles ne se pleigne, Ch. de Rol. LXXI. Pleindre poons [nous pouvons] France douce la belle, ib. CXXVI.

XIIe s. Et quant je plus plaing et souspir…, Couci, XVIII. À tort s'en plaint li uns, puisque l'autre s'en loue, Sax. XVII. Mult me plaig de ses hummes, sainz Thomas respundié [répondit], Qui nos iglises tienent à force e à pechié, Th. le mart. 142.

XIIIe s. Cil fu durement plains et plorés de Guillaume son frere et des autres barons, Villehardouin, CXI. Et furent mout destroit et irié, et mout durement se plaintrent de ceux qui la mellée avoient faite de l'empereur Baudoin et du marchis de Montferrat, Villehardouin, CXIX. Et se li sires ne veut faire ceste requeste et li parchonier s'en plaignent au sovrain, li sovrains le doit fere fere, Beaumanoir, XXII, 8. Le roy ne requist ne ne prist onques aide [impôt] des siens barons, ne à ses chevaliers, n'à ses hommes, ne à ses bones villes dont en [on] se plainsist, Joinville, 207. Il ne muet pas de sens [il n'a pas de sens] celui ki plaint Peine et travail ki li ert [sera] avantage, Mätzner, p. 23.

XIVe s. Et se j'ai vostre argent, ne me le plaindés jà ; Car si tost que je l'ai, li taverniers l'ara, Baud. de Seb. VIII, 921.

XVe s. Quand il sçut que les François chevauchoient, qui ardoient le pays, et ouït les poures gens pleurer, crier et plaindre le leur, si en eut grant pitié, Froissart, I, I, 111. Les aucuns sages [princes] se sont bien sceu servir des plus apparans [clercs pour conseillers], et les chercher sans y rien plaindre, Commines, II, b. Parler à quelque amy, et hardiment plaindre ses douleurs, Commines, V, 5. Le noble roy de France le plaint [plaignit] et regretta [du Guesclin], comme Charlemagne fit son neveu Roland, Mém. sur du Guesclin. p. 546, dans LACURNE.

XVIe s. L'un va plaignant ses gras bœufs delaisser, Marot, I, 311. Ne plain donc point de laisser mere et pere, Marot, IV, 290. L'un se plainct qu'il luy fault…, Montaigne, I, 79. Le duc René plainsit aussi la mort du duc de Bourgoigne, Montaigne, I, 268. Je plaignois les malades beaucoup plus que je ne me treuve à plaindre moy mesme, Montaigne, II, 52. Je plains le temps que met Platon à ces longues interlocutions, Montaigne, II, 107. On ne plaind jamais ce qu'on n'a jamais eu, Montaigne, IV, 363. Il est fort vieil ; mais au demourant il n'a que plaindre en luy [il est ingambe, sans infirmité], Amyot, Caton, 50. Dieu ne la plaint [la sagesse] à personne qui la luy demande avec fermeté de vive foy, Amyot, Moral. Épît. Il se plaignoit alors de saine teste, comme on dit en commun proverbe, H. Estienne, Apol. d'Hér. p. 218, dans LACURNE. Assez demande qui se plaind, Cotgrave Femme se plaind, femme se deult, femme est malade quand elle veut, Cotgrave Tel est plein qui se plaind, Cotgrave

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Étymologie de « plaindre »

Du latin plangĕre (« se lamenter »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Wallon, plaind ; Berry, plainer, se plainer ; prov. planher, plagner, plaigner, plaingner, planger, plainer, planer ; anc. cat. planger ; ital. piangere ; du lat. plangere, plaindre, proprement frapper avec bruit, battre, puis se battre soi-même par douleur ; c'est la racine nasalisée plag, qui se trouve dans plaga, plaie (voy. ce mot).

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Phonétique du mot « plaindre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
plaindre plɛ̃dr

Fréquence d'apparition du mot « plaindre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « plaindre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « plaindre »

  • Tu m’en veux de ne pas plaindre ce garçon ? Mais, Fani, les souffrances d’un amoureux ne sont qu’un miroir aux alouettes, une des éternelles tactiques de la séduction, et la moins noble. Je ne dis pas qu’elles soient feintes, je dis seulement qu’un homme qui ne sait pas les dissimuler n’est pas digne d’être plaint.
    Zoé Oldenbourg — Réveillés de la vie
  • Celui qui offre son dos ne doit pas se plaindre des coups qu'il endure.
    Proverbe russe
  • Ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté.
    Jean de La Bruyère — Caractères
  • Pourquoi se plaindre du manque de goût quand on ne fait rien pour éduquer l’Ïil ?
    Paul Signac
  • Ô soupirs ! Ô respect ! Oh qu'il est doux de plaindre Le sort d'un ennemi quand il n'est plus à craindre !
    Pierre Corneille — La Mort de Pompée, V, 1, Cornélie
  • Se plaindre de sentir des ennuis et des peines, C'est se plaindre d'être un homme et non arbre ou rocher.
    Jean Bertaut — Cantique
  • Se plaindre de mourir, c’est se plaindre d’être homme.
    Jean de Rotrou — Saint Genest
  • Les hommes ont inventé le langage pour leur satisfaire leur envie de se plaindre.
    Lily Tomlin
  • On ne devrait jamais se plaindre ; il y a toujours pire.
    Jacques Chardonne — Propos comme ça
  • Ceux qui ne votent pas perdent le droit de se plaindre.
    Hillary Clinton — Campagne électorale 2000
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Traductions du mot « plaindre »

Langue Traduction
Anglais complain
Espagnol quejar
Italien lamentarsi
Allemand beschweren
Chinois 抱怨
Arabe تذمر
Portugais reclamar
Russe пожаловаться
Japonais 文句を言う
Basque kexatu
Corse lagnà
Source : Google Translate API

Synonymes de « plaindre »

Source : synonymes de plaindre sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot plaindre au scrabble : 11 points

Plaindre

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