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Nuit

Définitions de « nuit »

Trésor de la Langue Française informatisé

NUIT, subst. fém.

I. − [Nuit en tant qu'absence de lumière]
A. −
1. Obscurité dans laquelle se trouve plongée la surface de la Terre qui ne reçoit plus, à cause de sa position par rapport au soleil, de lumière solaire. Nuit avancée, épaisse, noire, obscure, opaque, pâle, profonde, tombante, tombée, venue; nuit de pleine lune; nuit sans étoiles, sans lune; à la faveur de la nuit; l'approche, l'entrée, la fin, la tombée de la nuit; c'est la nuit, il fait nuit; la nuit s'achève, s'annonce, s'approche, arrive, avance, monte, tombe, vient. La nuit descend sur l'astre qui se lève (Hugo,Légende,t. 5, 1877, p.1145).Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure (Apoll.,Alcools,1913, p.45).Alors il sentit qu'il ne pouvait pas rentrer comme cela, qu'il fallait tenter encore quelque chose, qu'il fallait épuiser la nuit, et que c'est seulement quand il rentrerait dans le plein jour que la nuit aurait dit non (Montherl.,Célibataires,1934, p.851):
1. Deux compagnies de rouges furent «arrêtées» encore. Raboliot, vers chacune, envoya ses deux coups, le premier sur les perdrix blotties, le second dès l'envol, à un mètre de terre. Une seule bête échappa, que le faisceau suivit longuement, pourchassa aux profondeurs de la nuit. Genevoix,Raboliot,1925, p.257.
À la nuit close*.
Nuit claire. Nuit éclairée par la lune et les étoiles. Le lendemain de l'exécution, il était nuit, mais une nuit des Tropiques, une belle nuit claire et transparente, inondée de la molle clarté de la lune (Sue,Atar-Gull,1831, p.25).
Poét. L'astre, la déesse, le flambeau de la nuit. La lune. Les feux, les flambeaux de la nuit. Les étoiles. Dès qu'il fut reçu que Délos avait donné naissance au soleil, dieu du jour, on en fit, comme de raison, la patrie de la lune, sa soeur, déesse de la nuit (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.288).Mais bientôt s'avançant sans éclat et sans bruit, Le choeur mystérieux des astres de la nuit (Lamart.,Médit.,1820, p.68).
Par allégorie. [Avec ou sans majuscule] La nuit personnifiée. Les cheveux, le front, le regard de la Nuit. On rencontrera (...) des personnages allégoriques: la Renommée, le Temps, la Nuit, la Mort, l'Amitié (Chateaubr.,Natchez,1826, p.104).Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche (Baudel.,Fl. du Mal,1861, p.134).
Proverbe. La nuit, tous les chats sont gris. De nuit, les choses et les êtres se distinguent difficilement.
Rem. La nuit et le jour, le jour et la nuit. V. jour I C rem.
2. P. anal., PEINT., SCULPT. OEuvre d'art représentant cette obscurité ou évoquant une scène ou un paysage de nuit. La Nuit de Michel-Ange:
2. Dans ses estampes, généralement de grand format, et particulièrement dans celles d'après Rembrandt La Ronde de nuit, 1886, tous les procédés sont mis en oeuvre pour concourir à l'effet... Dacier1944, p.118.
Effet de nuit. Effet par lequel un peintre cherche à imiter l'obscurité de la nuit. (Dict. xixeet xxes.). V. supra ex. 2.
Bleu de nuit ou bleu nuit. Bleu foncé. Par les hautes fenêtres d'un bleu de nuit ouvertes sur la lagune, les maillons lunaires qui montaient de l'eau toute proche bougeaient sur les voûtes comme un faible murmure de clarté (Gracq,Syrtes,1951, p.106).Marron, moutarde, bleu nuit, «dans l'incarnat», et cette marée flavescente d'un champ de colza (Vient mai), elles [les étendues monochromes des toiles de Tal-Coat] escortent la marche des heures et des saisons (Matin, Tombée de jour, Proche hiver: aucun titre n'est gratuit) (Le Monde dimanche,30-31 mai 1982, p.8, col. 3-4).
Rem. Dans le domaine des couleurs, nuit renvoie à la couleur noire. Derrière le tribunal, les dames en toilettes claires semblaient de pâles visions aux yeux dévorants, tandis que les robes des nombreux avocats faisaient une grande tache de nuit, qui peu à peu mangeait tout l'espace (Zola, Paris, t.2, 1897, p.137). C'est une véritable beauté, et si peu anglaise! une peau mate, dorée par-ci, par-là; des cheveux couleur de nuit (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.93).
B. − [P. réf. à l'obscurité originelle]
1. [Symbole de destruction (oubli, mort, néant, etc.)] La nuit du chaos; la nuit du tombeau; la nuit éternelle. Ce pauvre Gustave! Il nous manque, il est tombé dans la profonde nuit de la mort! (Krüdener,Valérie,1803, p.214).Ainsi, quand de tels morts sont couchés dans la tombe, En vain l'oubli, nuit sombre où va tout ce qui tombe, Passe sur leur sépulcre où nous nous inclinons (Hugo,Chants crépusc.,1835, p.38).
Nuit et brouillard. ,,Termes employés par les Allemands pour qualifier certains détenus politiques arrêtés pendant la Seconde Guerre mondiale et qui étaient destinés à périr au plus vite et sans laisser de traces dans des camps d'extermination`` (Lar. encyclop.).
2. [Symbole d'ignorance et d'obscurantisme] La nuit des âges, des temps. Cette nation, qui semblait au moment de se dissoudre, recommençait un monde, comme ces peuples sortant de la nuit de la barbarie et de la destruction du moyen âge (Chateaubr.,Mém.,t.2, 1848, p.12).Mon doute, amas de nuit ancienne s'achève En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais Bois mêmes, prouve, hélas! que bien seul je m'offrais Pour triomphe la faute idéale de roses (Mallarmé,Poés.,1898, p.50).
Nuit obscure:
3. Habituée [l'âme] pour un temps à l'éblouissante lumière, elle ne distingue plus rien dans l'ombre. Elle ne se rend pas compte du travail profond qui s'accomplit obscurément en elle. Elle sent qu'elle a beaucoup perdu; elle ne sait pas encore que c'est pour tout gagner. Telle est la «nuit obscure» dont les grands mystiques ont parlé, et qui est peut-être ce qu'il y a de plus significatif, en tout cas de plus instructif, dans le mysticisme chrétien. Bergson,Deux sources,1932, p.245.
3. [Symbole de la condition humaine (destin tragique, esclavage, malheur, impureté, aveuglement, etc.)] Je voudrais qu'elle ne s'effarouchât point de l'amour, que le baiser ne fût pas pour elle le secret des nuits, la chose honteuse, à laquelle il ne faut pas penser, bien que ce soit bon (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p.75).Cette voix que j'ai entendue du fond de la nuit où je suis étroitement enveloppée depuis ma naissance comme dans un voile (Claudel,Père humil.,1920, iii, 2, p.531).
4. [Symbole du mal] Une lampe survit au cancer de la nuit (Saint-John Perse,Exil,1942, p.274).
L'ange des nuits. Le démon. Le fils de Dieu n'est ici que le fils de l'homme (...) se demandant si Dieu est mort, si Dieu n'a pas succombé sous l'ange des nuits, et substituant ainsi à la notion de destin celle d'un manichéisme, mais où triomphe enfin le principe mauvais et qui s'achève non par une fin de Satan, mais par une fin de Dieu (Durry,Nerval,1956, p.52).
C. − Obscurité, ténèbres dans lesquelles est plongé un endroit particulier par manque plus ou moins grand de lumière. La nuit d'une cave, d'un corridor, d'une ruelle. Il faisait nuit dans l'écurie quand la cloche sonna le dîner (Châteaubriant,Lourdines,1911, p.259).
Au fig. [Nuit va de l'absence de perception proprement visuelle jusqu'à l'aveuglement du coeur et de l'esprit] La nuit de l'esprit humain. Il marchait au hasard, chancelait et butait, incertain, et les mains un peu en avant, au long des trottoirs inégaux. Il n'était pas encore familiarisé avec la nuit de ses yeux (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.208).Quand aurons-nous fini d'asservir la terre et le ciel à la tristesse du péché? La vraie nuit n'est pas cette nuit charnelle, interprète et complice du désir. Nous avons détourné le monde visible de sa fin véritable, comme au long de notre vie, nous avons fait de toute créature vivante qui intéressait notre coeur (Mauriac,Journal 2,1937, p.117):
4. N'ayez pas peur que cette suite de petits cris éteints et affaiblis qui composent un livre de philosophie nous en apprenne trop sur l'univers pour que nous ne puissions plus y vivre. Dans la nuit où nous sommes tous, le savant se cogne au mur, tandis que l'ignorant reste tranquillement au milieu de la chambre. A. France,Jard. Épicure,Paris, Calmann-Lévy, 1927 [1895], p.431.
II. − [Nuit en tant qu'espace de temps]
A. − Espace de temps qui s'écoule, en un lieu donné de la terre, depuis la disparition de la lumière qui suit le coucher du soleil jusqu'à l'apparition du jour qui précède le lever du soleil.
1. [Expression d'une durée] Jour et nuit, nuit et jour; ni jour ni nuit (v. jour II A); de (toute) la nuit, de nuit, pendant une ou deux nuits; ouvert la nuit; une grande nuit; une nuit courte, entière, longue; la première partie de la nuit, le reste de la nuit. Rarement une nuit entière s'écoulait sans qu'il leur vînt faire, son falot à la main, deux ou trois visites d'amitié (Courteline,Train 8 h 47,1888, 3epart., iii, p.236).Il passa la nuit dans le jardin du petit château qu'habitait le général (Maurois,Silences Bramble,1918, p.153):
5. En vérité, je vous le dis, à moins que vous ne vouliez être surpris par l'ouragan, veillez, veillez sans cesse, prêtez l'oreille à tous les bruits, soyez nuit et jour sur vos gardes, n'ayez ni repos, ni trêve, ni répit, et puis tenez vos malles prêtes, afin de n'avoir plus qu'à les fermer au premier coup de tonnerre qui partira de l'horizon. Sandeau,Mllede La Seiglière,1848, p.222.
Nuit polaire. [Dans les régions polaires] Période pendant laquelle le soleil ne se lève pas au-dessus de l'horizon:
6. Là, ils avaient passé des hivers parmi les Hyperboréens blottis dans leurs huttes sordides, puantes, à peine éclairées, et rythmé avec eux l'interminable nuit polaire par la préparation des engins de pêche, de chasse et de commandement, bois de rennes, mâchoires de rennes et de phoques, os de baleine qu'ils gravaient d'images précises comme les souvenirs de leur vie monotone qui recommençait chaque année avec le retour du soleil pâle. Faure,Hist. art,1912, p.239.
P. anal. Nuit extrêmement froide. En Assyrie (...), le régime des inondations nourricières moins régulier qu'en Égypte, un limon malsain, des nuits polaires, une chaleur atroce dans le jour (Faure,Espr. formes,1927, p.99).
Rem. En dehors de l'expression du temps, il est à remarquer que les adj. qualifiant nuit ont trait aux rigueurs de la température (froide, glacée, glaciale, etc.).
Expr. Il ne passera pas la nuit. [En parlant d'un malade dont l'état désespéré fait craindre qu'il ne puisse pas vivre jusqu'au matin] Le lendemain du jour où il vous écrivit, sa poitrine et sa tête s'embarrassèrent tellement, que le médecin craignit qu'il ne passât pas la nuit (Krüdener,Valérie,1803, p.274).
La nuit porte conseil. Après une bonne nuit, on est mieux à même de prendre une sage décision. Comme la nuit porte conseil Thomas remit au lendemain le fils Le Berre (Queffélec,Recteur,1944, p.185).
En partic.
DR. Espace de temps qui s'étend de 21 heures à 6 heures. Le domicile est inviolable la nuit; en cas de vol, la nuit est une circonstance aggravante (Lar. encyclop.).
ÉCON. TOURISTIQUE. Nuit (d'hôtel). V. nuitée.Le prix de deux nuits. Le fait de ne retenir que les nuits d'hôtel élimine les séjours tels que séjours de famille, en meublé ou de camping qui sont les séjours les plus longs (Tour. Fr.,1960, p.16).
2. [Expression d'un moment, d'une date plus ou moins déterminés] Au début, à la fin, au milieu de la nuit; à la nuit, en pleine nuit; la dernière, la précédente, prochaine nuit; la nuit suivante; la nuit de tel jour, tel mois; par une nuit d'été, d'hiver, etc.; la nuit du Vendredi Saint; une nuit, l'autre nuit. Joséphine, prenez-y garde, une belle nuit, les portes enfoncées, et me voilà (Napoléon ier, Lettres Joséph.,1796, p.60).Dans la nuit d'hier, une tornade avortée; on étouffe (Gide,Voy. Congo,1927, p.758):
7. Depuis cette nuit de Noël où il a parlé avec tant d'audace, le curé de campagne n'a jamais voulu reprendre un entretien auquel il ne pense plus sans un certain embarras. Bernanos,Soleil Satan,1926, p.139.
En partic., HIST. La nuit du 4 Août [1789]. Celle où fut décrétée l'abolition des privilèges.
P. anal.:
8. −En tout cas, dit David, l'affaire est réglée, Roubaix ne travaillera pas. −Même Gayet a voté pour l'arrêt! lui dont l'usine tournait. −C'est magnifique, s'exclama l'abbé Sennevilliers. Une espèce de nuit du 4 août! Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.136.
B. − Espace de temps consacré au sommeil ou à une activité particulière.
1. [Nuit normalement consacrée au sommeil] Nuit sans sommeil; nuit affreuse, pénible, troublée; mauvaise nuit, bonne nuit; je vous souhaite bonne nuit, p.ell. bonne nuit (v. bonsoir); dormir sa nuit, se réveiller la nuit. Jean Valjean se jeta tout habillé sur son lit et ne put fermer l'oeil de la nuit (Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.532):
9. Allons, Monsieur Bernard, bonsoir et bonne nuit! dit le Marquis en le saluant de la main; que Monsieur votre père vous envoie de là-haut de doux rêves! Sandeau,Mllede La Seiglière,1848, p.162.
Nuit blanche. Nuit que l'on passe sans dormir ou sans pouvoir dormir. La nuit blanche existe. Elle est rare, mais elle existe. Les neuro-psychiatres disent la constater une fois, deux fois, pas plus, chez certains de leurs patients (...). Mais il y a aussi, beaucoup plus fréquente, la pseudo-nuit blanche, celle qui vous fait dire: «Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit», alors que la personne qui partage votre lit vous assure que c'est faux et que vous avez même ronflé légèrement (Madame Figaro,30 mars 1985, p.104, col. 2).
2. [Nuit consacrée à l'amour, au plaisir] Nuit d'amour, de débauche, de noce(s), de plaisir; folles nuits; passer la nuit avec un homme, une femme. Il prétendait passer ses nuits dans le lit des servantes et se vantait d'avoir vu, de ses yeux, la marquise de Chamarante toute nue (Boylesve,Leçon d'amour,1902, p.33):
10. À Andernach, en avril 1941, la Gestapo vint cueillir au lit chez une Allemande, dénoncée par une de ses voisines, un prisonnier qui avait accoutumé d'y passer les nuits... Ambrière,Gdes vac.,1946, p.207.
3. [Nuit consacrée à une occupation, à un travail, etc.] Nuit de garde, de veille; nuit passée à...; passer la nuit à (lire, écrire, etc.). Toutes les nuits passées à pleurer (Murger,Scènes vie boh.,1851, p.294):
11. En 1801, dans une époque qui ne manquait pas d'événements sensationnels, les deux jeunes gens trouvèrent que celui-là était assez important pour qu'ils fissent une nuit de marche. Béguin,Âme romant.,1939, p.102.
MAR. Nuit franche. Nuit pendant laquelle on est dispensé de quart. (Dict. xixeet xxes.).
VÉN. Faire sa nuit. Venir au gagnage (d'apr. Vén. 1974).
C. − De nuit.
1. Qui s'effectue, se déroule la nuit. Garde de nuit; fête, surveillance, vol de nuit:
12. Depuis un an, il y travaillait en bon ouvrier, sobre, silencieux, faisant une semaine le service de jour et une semaine le service de nuit, si exact, que les chefs le citaient en exemple. Zola,Germinal,1885, p.1253.
− Domaines partic.
DR. DU TRAVAIL. Travail de nuit. ,,Le travail de nuit est interdit dans toutes les professions aux femmes et aux enfants`` (Barr. 1974).
RELIG. Office de nuit. V. nocturnal.
2. Qui exerce des fonctions pendant la nuit. Équipe de nuit; gardien de nuit:
13. Et pas un des personnages qu'il fit passer sur la scène, non pas même le veilleur de nuit et le sergent du guet, ne se montra à mes yeux sans y laisser une vive image. A. France,Vie fleur,1922, p.385.
Être de nuit. Assurer un service de nuit. (Dict. xxes.).
3. Qui trouve, la nuit, son utilité, sa fonction, sa raison d'être. Asile de nuit; boîte de nuit; bonnet de nuit; chemise de nuit; sonnette, vase de nuit:
14. Il distinguait l'odeur des rideaux de cretonne, à laquelle se mêlait ce soir une pointe acide, qui lui parut peu agréable tant qu'il l'attribua à la fièvre, mais qu'il respira joyeusement dès qu'il eut aperçu le citron coupé dans une soucoupe sur la table de nuit. Martin du G.,Thib.,Mort père, 1929, p.1323.
4. [En parlant d'animaux, de plantes] Qui a une vie nocturne. Son regard passa par-dessus ma tête, volant et se cognant aux coins de la pièce comme un oiseau de nuit égaré (Vercors,Silence mer,1942, p.72).Quand ils se taisaient, le souffle régulier de la jeune femme était sensible, dans la chambre, aussi léger que le battement d'ailes d'un papillon de nuit (Simenon,Vac. Maigret,1948, p.167).
REM. 1.
Nuitard, subst. masc.,arg. Trieur de courrier travaillant la nuit. Le public est peu informé des conditions matérielles (inconfort, fatigue, salaires) que connaissent les postiers en général et les «nuitards» en particulier (Giraud-Pamart1971, p.165).
2.
Nuiter, verbe intrans.Passer la nuit dans un endroit de fortune. Au début de l'automne Glèse qui s'était marié à la solitude au point de refuser un lit, rue Fichte, avait cru astucieux de nuiter, à la barbe de tout le monde, dans l'une des maisons déjà murées de l'impasse du Coq-Fou (J. Sulivan, Quelque temps de la vie de Jude et Cie,Paris, Stock, 1979, p.53).
Prononc. et Orth.: [nɥi]. Homon. formes de nuire. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xes. la noit «temps qui s'écoule du coucher au lever du soleil» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 193); ca 1050 nuit (Alexis, éd. Chr. Storey, 75); 2emoitié du xes. et noit e di «nuit et jour, continuellement» (St Léger, éd. J. Linskill, 195); ca 1170 nuit e jor (Marie de France, Lais, Yonec, éd. J. Rychner, 222); 2. 1606 passer la nuit (à boire, etc.) (Nicot); 1694 il ne passera pas la nuit «d'un malade qui va mourir» (Ac.); 1774 passer une nuit blanche (MmeDu Deffand, Lettre à H. Walpole, t.IV, p.384 ds Pougens ds Littré); 3. 1160-74 de noit «pendant la nuit» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 3676); 1510 travailler ... de nuyt (P. Gringore, La Coqueluche ds OEuvres, éd. C. d'Héricault et A. de Montaiglon, I, 191); 1959 être de nuit (Rob.); 4. 1655 «plaisir amoureux pris pendant la durée d'une nuit» (Molière, L'Étourdi, IV, 3); 5. 1874 «prix d'une nuit à l'hôtel» (Lar. 19e). B. 1. Fin xes. «obscurité» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 310); 2. 1604 la nuict du tombeau «la mort» (Montchrestien, Aman, éd. P. de Julleville, p.257); 3. 1611 «ténèbres, aveuglement physique et moral» (M. Régnier, Plainte ds OEuvres, éd. G. Raibaud, p.246); 1669 «condition obscure» (Racine, Britannicus, II, 3); 4. 1621 «tableau qui représente une scène de nuit» (R. Francois, Merveilles de nature, 313, 314); 5. 1682 la nuit des tems (La Fontaine, Belphégor ds Contes et Nouv., éd. P. Clarac, II, p.244). Du lat. noctem, acc. de nox «nuit», «repos de la nuit», «obscurité», «nuit éternelle, ténèbres». Fréq. abs. littér.: 38991. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)45059, b)60428; xxes.: a) 64142, b) 56425. Bbg. Angenot (M.). La Nuit du surréel. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1969, t.7, no12, pp.181-196. _ Bellenger (Y.). La Journée et ses moments ds la poésie fr. du 16es. Lille. Paris, 1975, pp.54-56, 277-295, 354-363, 492-503. _ Genette (G.). Le Jour, la nuit. Langages. Paris. 1968, no12, pp.28-42. _ Gilliéron (J.). Pathol. et thérapeutique verbales. Genève-Paris, 1977, pp.8-10. _ Quem. DDL t.13, 15, 16, 21, 22.

Wiktionnaire

Adjectif - français

nuit \nɥi\ invariable

  1. Désigne une couleur bleu profond tirant légèrement sur le violet. #0F056B
    • Bleu nuit.

Nom commun - français

nuit \nɥi\ féminin

  1. Période quotidienne durant laquelle le soleil est sous notre horizon et qu'il fait noir.
    • Nous avions mis trois jours à l’œuvre, Varsovie n’eut besoin que d’une nuit, de la nuit du 29 novembre 1830! — (François-Vincent Raspail, De la Pologne — Les deux insurrections, 1839)
    • Mme, M. et Mlle Chapoulot étaient éveillés, ne pouvaient plus se rendormir, et faisaient observer que la journée était assez longue pour répéter les musiques de théâtre, et que, dans une maison du Marais, on ne devait pas toucher du forté pendant la nuit — (Honoré de Balzac, Le Cousin Pons, 1847)
    • Le baromètre a baissé terriblement pendant la nuit et la matinée. Je m’attends à du gros temps. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
  2. (Par extension) Obscurité, ténèbres.
    • […] dans la nuit, les pauvres arbres, sous l’effort du vent plus colère, gémissent et craquent. — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • […] je vis tragiquement émerger de la nuit une étonnante masure en ruines à un étage, aux persiennes vermoulues et closes. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Je monte sur le pont et aperçois dans la nuit très noire les nombreuses lumières d’un vapeur qui s’éloigne. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • D’une lucarne, dans le haut du mur, je voyais la nuit s’éclaircir. J’entendis un coq chanter […] — (Henri Alleg, La Question, 1957)
    • Il entra dans la grotte et se trouva alors dans une nuit profonde.
  3. Symbole de destruction, d’oubli, de mort, de néant.
    • La nuit éternelle.
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Littré (1872-1877)

NUIT (nui ; le t se lie : travailler nui-t et jour, une nui-t obscure ; au pluriel, l's se lie : des nui-z obscures) s. f.
  • 1L'espace de temps qui suit le crépuscule du soir, jusqu'au crépuscule du matin. Il fait nuit. Il se fait nuit. À nuit tombante. Tout obscure qu'elle est, la nuit a beaucoup d'yeux, Et n'a pas pu cacher votre forfait aux cieux, Rotrou, Vencesl. V, 4. Soit lorsque le soleil rentre dans sa carrière, Et que, n'étant plus nuit, il n'est pas encor jour, La Fontaine, Fabl. X, 14. Que vos chevaux [les chevaux de la Nuit], par vous au petit pas réduits, D'une nuit si délicieuse Fassent la plus longue des nuits, Molière, Amph. Prol. Cette nuit en longueur me semble sans pareille ; Il faut, depuis le temps que je suis en chemin, Ou que mon maître ait pris le soir pour le matin, Ou que trop tard au lit le blond Phébus sommeille Pour avoir trop pris de son vin, Molière, ib. I, 2. Ô nuit ! ô trahison, dont la double noirceur Passe tout…, Th. Corneille, Ariane, V, 3. Ô nuit désastreuse, ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! Bossuet, Duch. d'Orl. Ô gémissements, ô cris de la nuit, pénétrant les nues, perçant jusqu'à Dieu ! Bossuet, Bourgoing. Que l'on voit peu de ces veuves qui passent les jours et les nuits dans la prière ! Bossuet, Anne de Gonz. À la nuit qu'il fallut passer en présence de l'ennemi, le duc d'Enghien reposa le dernier, Bossuet, Louis de Bourbon. Les nuits, plus tristes encore que les jours, ôtent à M. de Montausier la douceur de la compagnie, et ne lui donnent pas celle du repos, Fléchier, Duc de Mont. Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle, Racine, Andr. III, 8. Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée, Racine, Bérén. I, 5. Et ce vainqueur, suivant de près sa renommée, Hier avec la nuit arriva dans l'armée, Racine, Iphig. I, 1. C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit ; Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée, Racine, Ath. II, 5. Et le jour a trois fois chassé la nuit obscure Depuis que votre corps languit sans nourriture, Racine, Phèdre, I, 3. La beauté du jour est comme une beauté blonde qui a plus de brillant ; mais la beauté de la nuit est une beauté brune qui est plus touchante, Fontenelle, Mondes, 1er soir. J'étais las, attendant chez moi votre retour, Qu'on fit du jour la nuit et de la nuit le jour, Regnard, Joueur, I, 7. On jouait [chez la duchesse du Maine] des comédies, ou l'on en répétait tous les jours : on songea aussi à mettre les nuits en œuvre par des divertissements qui leur fussent appropriés ; c'est ce qu'on appela les grandes nuits, Staal, Mém. t. I, p. 264. Déjà la nuit plus sombre Couvre ce grand dessein du secret de son ombre, Voltaire, Alz. IV, 3. On comptait encore par nuits, et de là vient qu'en Angleterre on dit encore sept nuits pour signifier une semaine, et quatorze nuits pour deux semaines, Voltaire, Mœurs, 19. La nuit effraye naturellement les hommes, et quelquefois les animaux ; la raison, les connaissances, l'esprit, le courage délivrent peu de gens de ce tribut, Rousseau, Ém. II. La nuit dérobe les formes, donne de l'horreur aux bruits ; ne fût-ce que celui d'une feuille, au fond d'une forêt, il met l'imagination en jeu, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 260, dans POUGENS. Les nuits presque toujours belles entre les tropiques, Bougainville, Voy. t. II, p. 107, dans POUGENS. C'est un beau spectacle que celui des nuits de Jupiter, où l'on peut voir à la fois quatre lunes sur un même horizon ; mais ce spectacle n'est rien en comparaison de celui des nuits de Saturne…, Bailly, Hist. astr. mod. t. II, p. 399. Il n'y a personne qui n'ait été frappé de la beauté du spectacle de la nuit ; la vue, encore fatiguée de la lumière du jour, erre sur la voûte céleste, et s'y repose avec complaisance, Bailly, Hist. astr. anc. p. 23. Le magnifique spectacle qui rend les nuits des peuples septentrionaux plus ravissantes que nos beaux jours, Sennebier, Ess. sur l'art d'observ. t. II, p. 249 dans POUGENS. Tout se couvre à mes yeux d'un voile de langueur : Des jours amers, des nuits plus amères encore, Chénier, Élég. X. Et sur un lit oisif, consumé de langueur, D'une nuit solitaire accuser la longueur, Chénier, ib. XXXIV. Ces belles nuits des tropiques où l'on prend une si grande idée de la nature et de son auteur, Staël, Corinne, XIX, 3. La nuit a ralenti les heures ; Le sommeil s'étend sur Paris, Béranger, Rossignols. La nuit arrive alors, une nuit de seize heures ; mais sur cette neige qui couvre tout, on ne sait où s'arrêter, où s'asseoir, où se reposer [dans la retraite de Russie], Ségur, Hist. de Nap. IX, 11. Cependant la nuit marche, et sur l'abîme immense Tous ces mondes flottants gravitent en silence, Lamartine, Méd. II, 8. Alors ces globes d'or, ces îles de lumière, Que cherche par instinct la rêveuse paupière, Jaillissent par milliers… sur les pas de la nuit, Lamartine, ib. Pourquoi balancez-vous vos fronts que l'aube essuie, Forêts qui tressaillez avant l'heure du bruit ? Pourquoi de vos rameaux répandez-vous en pluie Ces pleurs silencieux dont vous baigna la nuit ? Lamartine, Harm. I, 3. Poëte, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse, Balance le zéphyr dans son voile odorant, Musset, Nuit de mai. Un an après, il était nuit, J'étais à genoux près du lit Où venait de mourir mon père, Musset, Nuit de décembre.

    La nuit, pendant la nuit ; cette nuit, la nuit qui va venir ou qui vient de s'écouler. On reposait la nuit, on dormait tout le jour, Boileau, Lutr. II. Les vents nous auraient-ils exaucés cette nuit ? Racine, Iph. I, 1.

    Fig. Je ne m'en relèverai pas la nuit, c'est-à-dire c'est une chose dont je ne me soucie guère.

    Nuit close, nuit fermée, le moment où la nuit est devenue complète. On la voit, à nuit fermée, entrer seule dans de petites rues, Patru, Plaidoyer 11, dans RICHELET.

    Oiseaux de nuit, les oiseaux de proie que le jour incommode et qui chassent à la tombée de la nuit.

    La nuit tombe tout à coup, c'est-à-dire le crépuscule ne dure guère.

    Se mettre à la nuit, s'exposer à être surpris par la nuit.

    Bon soir et bonne nuit, ou je vous souhaite une bonne nuit, se dit en prenant congé, le soir, des personnes avec qui l'on vit en familiarité.

    Nuit blanche, nuit passée dans l'insomnie. J'ai passé une nuit blanche, Mme du Deffant, Lettre à H. Walpole, t. IV, p. 384, dans POUGENS. Êtes-vous reposé, mon cher Persée [Klinglin], de la nuit blanche que nous avons passée ensemble ? Correspondance du général Klinglin, I, 462.

    Une bonne nuit, une nuit pendant laquelle on dort bien dans son lit. Passer une bonne nuit. Son état est toujours bien fâcheux ; depuis quelques jours cependant il a de meilleures nuits, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 22 octob. 1768.

    Une mauvaise nuit, une nuit pendant laquelle on ne dort pas, en raison de souffrances physiques ou morales. Passer une mauvaise nuit. Il [Charles le Téméraire] m'a voulu du mal, et m'a fait à Péronne Passer trois de ces nuits qu'avec peine on pardonne, Delavigne, Louis XI, III, 13.

    On dit dans le même sens : bien passer, mal passer la nuit.

    On dit d'un malade : Comment a-t-il passé la nuit ? c'est-à-dire a-t-il eu une bonne, une mauvaise nuit ?

    Ce malade ne passera pas la nuit, c'est-à-dire il mourra dans la nuit.

    Passer la nuit à étudier, à jouer, à danser, à boire, etc. étudier, jouer, etc. pendant toute la nuit.

    Absolument. Passer la nuit, veiller hors de son lit. [Les paysans] forcés de passer les nuits dans leurs fèves et leurs pois avec des chaudrons, des tambours, des sonnettes pour écarter les sangliers, Rousseau, Confess. X.

    Il y a autant à dire que du jour à la nuit, c'est-à-dire la différence est extrême.

    Il ne dort pas toute la nuit, se dit d'un homme qui a du souci, des affaires qui le font veiller.

    Nuit sacrée, dans les dates des manuscrits, la veille de Pâques.

    Fig. Faire un trou à la nuit, voy. TROU.

  • 2Dans le langage poétique ou élevé. Les feux de la nuit, les étoiles. Figurez-vous une nuit tranquille et belle, qui dans un ciel net et pur étale tous ses feux, Bossuet, Élévat. sur myst. XVII, 3.

    L'astre des nuits, la reine des nuits, la lune. Le soleil a cédé l'empire à la pâle reine des nuits, Lamartine, Médit. I, 21.

    Les voiles de la nuit, l'obscurité de la nuit.

  • 3Bonnet de nuit, coiffure de nuit, bonnet, linge dont on se couvre la tête pour dormir. Chez certaines femmes, les mœurs de parade et les mœurs négligées sont aussi différentes que la coiffure de jour et la coiffure de nuit, Dufresny, Double veuvage, I, 10.

    Familièrement. Triste comme un bonnet de nuit, très triste, très sombre.

    Chemise de nuit, chemise que l'on met le soir en se couchant, et que l'on quitte le jour.

    Table de nuit, table que l'on place à côté de son lit pour divers besoins.

    Pot de nuit, vase que l'on a près de soi pendant la nuit pour satisfaire aux besoins naturels.

    Sac de nuit, sac dans lequel on emporte ce qui est nécessaire dans un voyage, surtout pour la nuit.

  • 4 Terme de peinture. Effet de nuit, scène où l'on ne voit point d'autres clairs ni d'autres reflets que ceux qui paraissent venir de la lueur de la lune, d'une bougie, d'une lampe, ou d'une lanterne.

    Une nuit, un tableau qui représente un effet de nuit. Une nuit du Corrége.

  • 5 Terme de mythologie. Déesse qui préside à la nuit, et qui était figurée avec un voile semé d'étoiles, portée sur un char et traînée par des chevaux noirs (on met une majuscule). Tout beau ! charmante Nuit, daignez vous arrêter ; Il est certain secours que de vous on désire ; Et j'ai deux mots à vous dire De la part de Jupiter, Molière, Amphytr. Prologue. Mais la Nuit aussitôt de ses ailes affreuses Couvre des Bourguignons les campagnes vineuses, Boileau, Lutr. III. Ah ! Nuit, si tant de fois, dans les bras de l'amour, Je t'admis aux plaisirs que je cachais au jour, Boileau, ib. II.
  • 6 Fig. Les faveurs d'une femme. Ils achetèrent de leur vie une nuit de Cléopâtre, Rousseau, Ém. IV.
  • 7Nuit d'un cheval, en termes d'auberge, le foin, la paille qu'on lui donne pendant la nuit.

    Terme de pêche. Harengs d'une nuit, ceux qui ont été pris la nuit du jour où on les livre.

    Terme de vénerie. Faire sa nuit dans un lieu, y repaître, s'y reposer, en parlant d'un animal.

    Défaire la nuit d'une bête, la rencontrer dans l'endroit où elle a fait sa nuit.

    On dit aussi que le faucon se perche pour faire sa nuit.

  • 8Une obscurité quelconque. Mais jusque dans la nuit de mes sacrés déserts…, Boileau, Lutr. VI. Mais quelle épaisse nuit tout à coup m'environne ? Racine, Andr. V, 5. Nous fûmes enveloppés dans une nuit profonde, Fénelon, Tél. I.

    Fig. La nuit des temps, les temps reculés dont les traditions sont effacées. Tous les siècles à venir N'auront point de nuit assez noire Pour en cacher le souvenir, Malherbe, IV, 5. La communion se perd dans la nuit des temps, Chateaubriand, Génie, I, I, 7.

  • 9La nuit du tombeau, ou des tombeaux, la nuit du cercueil, la nuit éternelle, la nuit infernale, c'est-à-dire la mort, le séjour de la mort. Avant que je te suive en la nuit du tombeau, Rotrou, Antig. V, 8. Et tomber avec moi dans la nuit du cercueil, Rotrou, Vencesl. V, 2. Sans me plaindre du sort, je cesserai de vivre, Si ce doux espoir peut me suivre Dans l'affreuse nuit du tombeau, Quinault, Arm. I, 11. Fuyons dans la nuit infernale, Racine, Phèdre, IV, 6. Filles d'enfer… Venez-vous m'enlever dans l'éternelle nuit ? Racine, Andr. V, 5. Qu'est-ce donc que des jours pour valoir qu'on les pleure ? Un soleil, un soleil, une heure et puis une heure, Celle qui vient ressemble à celle qui s'enfuit ; Ce qu'une nous apporte, une autre nous l'enlève : Travail, repos, douleur, et quelquefois un rêve, Voilà le jour, puis vient la nuit, Lamartine, Méd. II, 5.

    On dit dans le même sens : nuit sans matin, nuit sans réveil, nuit noire. Punis ces malheureux d'une nuit sans matin, Racan, Psaume 3. Voyez la consolation Que vous auriez dans la nuit noire, Lorsque vous saurez la façon Dont vous aurait traité l'histoire, Voltaire, Ép. 20.

    L'éternelle nuit, se dit aussi de la damnation éternelle. Si la nuit de la mort m'eût privé de lumière, Je n'aurais pas la peur d'une éternelle nuit, Malherbe, I, 4.

  • 10 Fig. Obscurité qui, par une cause interne, physique ou morale, se répand sur la vue. D'une soudaine nuit ses beaux yeux sont couverts, Voltaire, Henr. IX.
  • 11 Fig. Ténèbres de l'esprit ou du cœur. Mes beaux jours sont voilés d'une effroyable nuit, Régnier, Plaintes. J'aime mieux croire que c'est qu'il ne peut y avoir de nuit dans votre esprit, et qu'étant, comme il est, une source de clarté, les ténèbres qui appesantissent les autres ne lui peuvent nuire, Voiture, Lett. 61. Ainsi loin du vrai jour par toi toujours conduit, L'homme ne sortit plus de son épaisse nuit, Boileau, Sat. XI. Dieu d'Israël, dissipe enfin cette ombre… Quand sera le voile arraché Qui sur tout l'univers jette une nuit si sombre ? Racine, Esth. II, 9.

    La nuit de l'ignorance, se dit des époques ou des pays privés de connaissances, de lumières.

  • 12 Fig. Ce qui cache, enveloppe comme ferait la nuit. Et pouvez-vous, seigneur, souhaiter qu'une fille… Qui, dans l'obscurité, nourrissant sa douleur, S'est fait une vertu conforme à son malheur, Passe subitement de cette nuit profonde Dans un rang qui l'expose aux yeux de tout le monde ? Racine, Brit. II, 3. De la nuit du silence un secret peut sortir, Voltaire, Mérope, I, 4. Réaumur, dont la main si savante et si sûre A percé tant de fois la nuit de la nature, Voltaire, Disc 4e.
  • 13De nuit, loc. adv. Pendant la nuit. Mais serais-tu fille à travailler de nuit ? Regnard, Sérénade, 20.
  • 14Nuit et jour, ou jour et nuit, loc. adv. Sans cesse. Elle [la mort] lui fut [à le Tellier malade] nuit et jour toujours présente ; car il ne connaissait plus le sommeil, Bossuet, le Tellier.

    Ni jour ni nuit, jamais. Tant de jets d'eau qui ne se taisaient ni jour ni nuit, Bossuet, Louis de Bourbon.

PROVERBES

La nuit tous les chats sont gris, c'est-à-dire il est aisé de se méprendre, de ne pas reconnaître ceux à qui l'on parle ; et aussi on ne connaît, pendant la nuit, si une personne est belle ou laide.

La nuit porte conseil, c'est-à-dire il est prudent de se donner le temps de réfléchir. Il sera demain jour, et la nuit porte avis, Corneille, Ment. III, 8.

HISTORIQUE

XIe s. Icele noit [ils] n'ont onques escalgaite [sentinelle], Ch. de Rol. CLXXVIII [Que] Nuls ne reçoit [reçoive] hom ultre treis nuis, si…, Lois de Guill. 46.

XIIe s. Va s'en li jors, si vient la nuiz serie, Ronc. 33. Grans fu li dex [deuil] la nuit en Roncevaux, ib. 149. Et gesir mainte nuit au vent et à l'orage, Sax. XXVI. Mais à dame de valor Doit on penser nuit et jor, Couci, I. Tant requist nuit et jor la mere al creatur, Qu'ele li tramesist santé de sa dolur, Th. le mart. 94. Ainceis [avant] fu neire nuit que il eüst supé, ib. 48.

XIIIe s. La nuit après souper, quand vint à l'enserir…, Berte, XII. Et la nuis estoit mout et hideuse et oscure, ib. XLII. Dont se departirent à une avesprée de l'ost, et chevauchierent toute nuit, Villehardouin, XCIX. Quant ce vendra [viendra] qu'il sera nuis, la Rose, 2433. …li plusors songent de nuitz Maintes choses couvertement, Que l'en voit puis apertement, ib. 18. Les Sarrazins à pié entroient toutes les nuiz en l'ost, et occioient les gens là où ils les trouvoient dormans, Joinville, 218.

XIVe s. Le [la]nuit saint Phelippe et saint Jaqueme, c'on dist le nuit de may, Du Cange, nox.

XVe s. Jacqueville et ses souldoiers… viendrent un jour, de nuict, entre onze et douze heures au soir, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1413. Vous qui tournez lumiere en obscurté, Et qui voulez du jour faire la nuit, Deschamps, Ballade, Vie dissipée. Survint l'entrée de la nuyt, Commines, I, 4. Ung champ, jouste les terres du lieu de Vernet devers nuit [le couchant], les terres dudit Bonnel devers midi, Du Cange, nox.

XVIe s. Di moy l'amant qui, nouant [nageant] en la mer, Alloit, de nuict, les nopces consommer ; Et le nocturne embrassement receu, Qui d'Aurora ne fut onc apperceu, Marot, IV, 103. On appelle ceste plante herbe de la nuict, parce que ses fleurs demeurent espanouies durant la nuict et la matinée, jusques à ce que le soleil ait frappé dessus quelque peu, De Serres, 576. Il estoit nuict fermée, et les hommes lassez Dessus la plume oisive avoient les yeux pressez, Ronsard, 794. La nuict n'a point de honte, et elle couvre beaucoup d'imperfections et poltronneries, Brantôme, Marignan. Qui ne rent son cens à jour, il doit cinq sols d'amende ; qui ne rent rente dedans les nuits [nuit était le terme auquel les rentes expiraient], il doit soixante sols d'amende, Anc. coust. d'Orléans, p. 468, dans LACURNE.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

NUIT. Ajoutez : - REM. Toute nuit pour toute la nuit, voy. TOUT, Rem. 7.

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Étymologie de « nuit »

Wallon, nute, neit ; bourg. neu ; picard, neuit ; angoumois, neut ; provenç noit, noich, nuoit, nuot, nueh, nuh ; cat. nit ; esp. noche ; port. noite ; ital. notte ; du latin noctem ; all. Nacht ; goth. naths ; angl. night ; russe, notch ; sanscr. naktā. M. Ad. Regnier, Idiome des Védas, p. 120, pense que naktā se rattache à la racine naj, avoir honte, et signifie, comme l'autre participe nagna, la nue, latin nuda ; il fait remarquer l'analogie entre l'allemand Nacht, nuit, et nackt, nu.

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Du moyen français nuit, nuict, de l’ancien français nuit, noit (c. 980), du latin nŏctem accusatif singulier de nox (« nuit »), de l’indo-européen commun *nókʷts[1]. Cognat de l’italien notte, de l’espagnol noche, du portugais noite ; également apparenté à l’anglais night, à l’allemand Nacht, au suédois natt.
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Phonétique du mot « nuit »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
nuit nµi

Fréquence d'apparition du mot « nuit » dans le journal Le Monde

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Évolution historique de l’usage du mot « nuit »

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Citations contenant le mot « nuit »

  • Femme nue, femme noireVêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux.Et voilà qu’au cœur de l’Été et de Midi, je te découvre Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle.Femme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTam-tam sculpté, tam-tam tendu qui grondes sous les doigts du VainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée.Femme nue, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peauDélices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’ÉternelAvant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
    Léopold Sédar Senghor —  Chants d’ombre
  • J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens.
    Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
  • Va-t’en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t’en je déteste les larbins de l’ordre et les hannetons de l’espérance. Va-t’en mauvais gris-gris, punaise de moinillon. Puis je me tournais vers des paradis pour lui et les siens perdus, plus calme que la face d’une femme qui ment, et là, bercé par les effluves d’une pensée jamais lasse je nourrissais le vent, je délaçais les montres et j’entendais monter de l’autre côté du désastre, un fleuve de tourterelles et de trèfles de la savane que je porte toujours dans mes profondeurs à hauteur inverse du vingtième étage des maisons les plus insolentes et par précaution contre la force putréfiante des ambiances crépusculaires, arpentée nuit et jour d’un sacré soleil vénérien.
    Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal
  • Au bout du petit matin, une autre petite maison qui sent très mauvais dans une rue très étroite, une maison minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri des dizaines de rats et la turbulence de mes six frères et sœurs, une petite maison cruelle dont l’intransigeance affole nos fins de mois et mon père fantasque grignoté d’une seule misère, je n’ai jamais su laquelle, qu’une imprévisible sorcellerie assoupit en mélancolique tendresse ou exalte en hautes flammes de colère; et ma mère dont les jambes pour notre faim inlassable pédalent, pédalent de jour, de nuit, je suis même réveillé la nuit par ces jambes inlassables qui pédalent la nuit et la morsure âpre dans la chair molle de la nuit d’une Singer que ma mère pédale, pédale pour notre faim et de jour et de nuit.
    Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal
  • Femme nue, femme noireVétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beautéJ’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeuxEt voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigleFemme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’AiméeFemme noire, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or rongent ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’EternelAvant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.
    Léopold Sédar Senghor — « Femme noire »
  • Tu es sur le point de commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si une nuit d’hiver un voyageur. Détends-­toi. Recueille-­toi. Chasse toute autre pensée de ton esprit. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague. Il vaut mieux fermer la porte ; là-­bas la télévision est toujours allumée. Dis-­le tout de suite aux autres : « Non, non, je ne veux pas regarder la télévision. » Lève la voix, sinon ils ne t’entendront pas  : « Je suis en train de lire ! Je ne veux pas être dérangé. » Il se peut qu’ils ne t’aient pas entendu avec tout ce bazar ; dis-­le à haute voix, crie  : « Je vais commencer le nouveau roman d’Italo Calvino ! » Ou si tu ne veux pas, ne le dis pas ; espérons qu’ils te laissent tranquille.
    Italo Calvino — Si une nuit d’hiver un voyageur
  • Anton Voyl n’arrivait pas à dormir. Il alluma. Son Jaz marquait minuit vingt. Il poussa un profond soupir, s’assit dans son lit, s’appuyant sur son polochon. Il prit un roman, il l’ouvrit, il lut; mais il n’y saisissait qu’un imbroglio confus, il butait à tout instant sur un mot dont il ignorait la signification.Il abandonna son roman sur son lit. Il alla à son lavabo; il mouilla un gant qu’il passa sur son front, sur son cou.Son pouls battait trop fort. Il avait chaud. Il ouvrit son vasistas, scruta la nuit. Il faisait doux. Un bruit indistinct montait du faubourg. Un carillon, plus lourd qu’un glas, plus sourd qu’un tocsin, plus profond qu’un bourdon, non loin, sonna trois coups. Du canal Saint-Martin, un clapotis plaintif signalait un chaland qui passait.Sur l’abattant du vasistas, un animal au thorax indigo, à l’aiguillon safran, ni un cafard, ni un charançon, mais plutôt un artison, s’avançait, traînant un brin d’alfa. Il s’approcha, voulant l’aplatir d’un coup vif, mais l’animal prit son vol, disparaissant dans la nuit avant qu’il ait pu l’assaillir.
    Georges Perec — La Disparition
  • Je me rendis à l’armoire à pharmacie, m’équipai pour la fin de cette nuit de Noël et pour la fin de tout. Je me jetai encore sur le lit, les yeux morts rivés au plafond. Noël, oui. Il sentait le sapin, celui-là. Le sapin gluant de résine des cercueils à bas prix.
    René Fallet — Y a-t-il un docteur dans la salle ?
  • Attys Attys Attys charmant et débrailléC’est ton nom qu’en la nuit les elfes ont raillé
    Guillaume Apollinaire — Le vent nocturne
  • Oh, je voudrais tant que tu te souviennes,Des jours heureux quand nous étions amis,Dans ce temps-là, la vie était plus belle,Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui.Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,Tu vois je n’ai pas oublié.Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,Les souvenirs et les regrets aussi,Et le vent du nord les emporte,Dans la nuit froide de l’oubli.Tu vois, je n’ai pas oublié,La chanson que tu me chantais.C’est une chanson, qui nous ressemble,Toi qui m’aimais, moi qui t’aimais.Nous vivions, tous les deux ensemble,Toi qui m’aimais, moi qui t’aimais.Et la vie sépare ceux qui s’aiment,Tout doucement, sans faire de bruit.Et la mer efface sur le sable,Les pas des amants désunis.Nous vivions, tous les deux ensemble,Toi qui m’aimais, moi qui t’aimais.Et la vie sépare ceux qui s’aiment,Tout doucement, sans faire de bruit.Et la mer efface sur le sableLes pas des amants désunis…
    Jacques Prévert — « Les Feuilles mortes »
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Traductions du mot « nuit »

Langue Traduction
Anglais night
Espagnol noche
Italien notte
Allemand nacht
Chinois 夜晚
Arabe ليلة
Portugais noite
Russe ночь
Japonais
Basque gaua
Corse notte
Source : Google Translate API

Antonymes de « nuit »

Combien de points fait le mot nuit au Scrabble ?

Nombre de points du mot nuit au scrabble : 4 points

Nuit

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