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Lécher

Variantes Singulier Pluriel
Masculin lécher léchers

Définitions de « lécher »

Trésor de la Langue Française informatisé

LÉCHER, verbe trans.

I. − Qqn lèche qqc.
A. [L'obj. désigne un animé ou un inanimé]
1. Passer la langue sur quelque chose pour nettoyer ou en signe d'attachement.
a) [Le suj. est une pers.] :
1. ... élever laborieusement l'enfant, le coucher gorgé de lait tous les soirs, l'embrasser tous les matins avec le cœur inépuisé de la mère, le lécher sale, le vêtir cent fois des plus belles jaquettes qu'il déchire incessamment... Balzac, Cous. Bette,1846, p. 196.
Emploi pronom.
réfl. [Les femmes au théâtre] tirent d'une sorte de cabinet de toilette portatif appelé minaudière, des accessoires (...) et se lavent, se lèchent, se brossent, se poudrent, se peignent et grimacent dans un miroir (Cocteau, Foyer artistes,1947, p. 5).
réciproque. Ces deux visages se léchaient avec fureur, comme s'ils étaient le sel l'un de l'autre (Giono, Eau vive,1943, p. 326).
réciproque indir. Faut pas les déranger, paraît-il. C'est propre! (...) Ah! oui, ils sont bien trop occupés à se lécher la figure, là-haut! (Zola, Joie de vivre,1884, p. 944).
Au fig., emploi pronom. réfl. indir. Se lécher les babines, les badigoinces, les doigts, les lèvres.
Savourer (un mets) avec un vif plaisir. J'étais bon cuisinier là-bas : te rappelles-tu comme on se léchait les doigts de ma cuisine? Et toi tout le premier, tu en as goûté de mes sauces, et tu ne les méprisais pas, que je crois (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 323).Tu en as mangé une cuisse ce soir... hein? Tu t'en es léché les doigts! (Zola, Germinal,1885, p. 1483).
Se réjouir. Une vengeance d'écolier et sauvage dont il se léchait d'avance les lèvres (France, Chat maigre,1879, p. 224).Vous avez toléré que je me perde (...) − et sans doute vous léchiez-vous les lèvres, là-haut, en pensant que l'âme du pécheur est délectable (Sartre, Mouches,1943, III, 5, p. 75).
b) P. anal. [Le suj. est un animal] Ulysse est de retour, ô spectacle touchant! Son chien le reconnoît, et meurt en le léchant (Delille, Homme des champs,1800, p. 136).Terré au secret de son repaire, le loup haletant lèche ses blessures (Mauriac, Journal 2,1937, p. 197):
2. ... un chien est un ami fidèle; on peut trouver en lui le meilleur des serviteurs, comme on peut voir aussi qu'il se roule sur les cadavres, et que la langue avec laquelle il lèche son maître sent la charogne d'une lieue. Musset, Lorenzaccio,1834, III, 2, p. 190.
Emploi pronom. réfl. Les chats, qui, maigres et ardents, miaulent dans la saison d'amour, ou gras et indolents, se lèchent au soleil d'août (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 138).Les plus fins et les plus propres des animaux [les renards], qui se peignent, qui se lèchent et s'arrangent jusqu'au bout des ongles (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 312).
réfl. indir. Les daims et les cerfs ont recours, dit-on, au dictame, quand ils sont blessés. D'autres animaux se lèchent leurs plaies (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 50).
2. En partic. [Le suj. est une pers. ou un animal] Passer de petits coups de langue sur un aliment pour le manger. Des chiens, sous l'échafaud, léchaient le sang de la veille (France, Dieux ont soif,1912, p. 179).Pendant que la confiture faisait des bulles dans la grande cuvette en cuivre posée sur une manière de poêle... On me donnait à lécher l'écume des confitures, que je trouvais bien meilleure que la confiture elle-même (Triolet, Prem. accroc.,1945, p. 295).Les hommes en chemises fleuries qui croquaient des hot-dogs ou qui léchaient des glaces (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 522).
3. Loc. verb., fig., fam. Lécher les vitrines. Revoir des banques, St. Mary's Cathedral, retourner au Cannery, magasin en briques ultra-moderne, pour lécher boutiques (E. de Brissac, Ballade américaine, Paris, Stock, 1976, p. 133).
B. − Au fig.
1. Qqn lèche (qqn).Flatter servilement. Elle fut adulée, courtisée, léchée à cause de son faste et du crédit dont elle jouissait auprès de sa fameuse amie (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 109).
Emploi abs. Quand on n'est pas Tibère, on est Trimalcion. L'un rampe, lèche et rit pendant que l'autre opprime (Hugo, Légende, t. 6, 1883, p. 131).
[P. méton. de l'obj.] Lécher le cul du bon Marat (Chénier, Iambes,1794, p. 265).Tout pouvoir a des salaires À jeter aux flatteurs qui lèchent ses genoux (Lamart., Corresp.,1830, p. 86).Nous léchons les bottes des Fritz pour gagner notre bifteck (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 41).
2. Qqn lèche qqc.Achever et polir (un ouvrage) avec un soin excessif. Moi je l'ai vu [le portrait], les avis sont partagés, il y en a qui trouvent que c'est un peu léché, un peu crème fouettée, moi, je le trouve idéal (Proust, Swann,1913, p. 375).
[P. méton. du suj.] Ces infatigables polisseurs dont la lime lèche les porphyres les plus durs! (Balzac, Gaudissart,1834, p. 5).
II. − Qqc. lèche qqc.P. anal., littér. Synon. de effleurer.
A. − [Le suj. est une flamme] Des flammèches montèrent encore, léchèrent le plafond, s'éteignirent dans une lueur saignante de braise (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1487).Un torchon brûle, et la flamme lèche déjà le bois blanc du buffet (Renard, Journal,1901, p. 647).Deux landiers supportent les bûches, dont la flamme lèche les flancs de la marmite (Faral, Vie temps St Louis,1942, p. 157).
B. − P. anal. Des capillaires lèchent les flancs d'un marbre éboulé (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 287).Sans un buisson pour s'abriter (...) du bruit éternel de la mer qui brise, de son écume qui lèche sans relâche le rocher poli (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 109).Un village, parmi les arbres, se mire dans le fleuve. On voit les cyprès et les croix du cimetière par-dessus le mur blanc, que lèche le courant (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 68).
REM. 1. Le verbe a donné lieu à de nombreux dér. notamment au xixes., la plupart sans lendemain. Ainsi : a) [Correspond à lécher I A 1] α)
Léchades, subst. fém. plur.,hapax. Quand il a été trop loin, essayant de désarmer par (...) des léchades de porc à sa femme (Goncourt, Journal,1860, p. 755).
β)
Léchante, adj. fém.,hapax. Des heures de repos, des rapatriements de bête châtiée et léchante (Goncourt, Journal,1858, p. 502).
γ)
Léchotter, verbe trans.Lécher à petits coups répétés. Le chaton court après sa mère, (...) la léchotte, la mordille. (Léautaud, Journ. litt., 5, VIIIds Quem. DDL t. 2).
δ)
Léchouillis, subst. masc.,hapax. Il est né 7 petits cochons, la nuit d'hier ou d'avant-hier. Ils étaient luisants de léchouillis. C'est un mot que je fabrique pour exprimer l'action, sur eux, du groin de la truie (Jammes, Corresp. [avec Gide],1896, p. 76).
b) [Correspond à lécher I B 1]
Léchables, subst. masc. plur.,hapax. L'époque des Lèchements de pieds approchait (...) on faisait des visites aux Léchables (L. Daudet, Morticoles,1894, p. 233).
c) [Correspond à lécher I B 2] α)
Léchoter, verbe trans.,hapax. Un médiocre parmi les médiocres, un employé blond qui (...) léchotait de petits paysages en savon (Bloy, Hist. désobl.,1894, p. 109).
β)
Léchotteries, subst. fém. plur.,hapax. De l'art qui palpite et qui vive, pour Dieu! Et au panier toutes les déesses en carton et toutes les bondieuseries du temps passé! Au panier toutes les léchotteries (...)! (Huysmans, Art mod.,1883, p. 14).
γ)
Léchouiller, verbe trans.,,Lécher minutieusement et sans art`` (Rob. Suppl. 1970).
d) [Correspond à lécher II B]
Léchure, subst. fém.,hapax. Ne touche pas du doigt l'aile de ce papillon. − (...) Rien qu'à la place fauve-noir où glisse (...) ce feu violet, cette léchure de lune (Colette, Naiss. jour,1928, p. 14).
2.
Lèche-, élém. de compos.V. lèche-bottes, lèche-cul, lèchefrite, lèche-vitrine(s) et aussi :a)
Lèche-carreau(x),(Lèche-carreau, Lèche-carreaux) subst. masc.Synon. de lèche-vitrine(s).Voici quelques prix relevés au hasard d'un lèche-carreau (La Croix,25 juin 1969ds Gilb. 1971).
b)
Lèche-doigt(s) (À),(Lèche-doigt , Lèche-doigts ) loc. adv.,littér. et vx. α) En trop petite quantité. Il nous a fait servir d'assez bonnes choses, mais il n'y en avait qu'à lèche-doigts (Ac.). β) [Chez Sainte-Beuve] S'en donner à lèche-doigt (loc. verb.). Prendre un grand plaisir à. Synon. s'en donner à cœur joie.Les savants et les critiques érudits modernes qui ont à en parler [de l'amour] font d'ordinaire les dégoûtés en public, et ils s'en donnent à lèche-doigt dans le cabinet (Nouv. lundis,t. 2, 1862, p. 432).
c)
Lèchemiettes (À), loc. adv.,hapax. Le sentiment de notre fragilité empoisonne chaque désir, jamais un plaisir pur, plus de franche lippée. C'est à lèchemiettes qu'on prend part désormais au banquet de l'existence (Amiel, Journal,1866, p. 264).
d)
Lèche-pied, subst. masc.,littér. Synon. de lèche-bottes.Le lèche-pied se replie dans une rêverie trouble (Arnoux, Solde,1958, p. 37).
Prononc. et Orth. : [leʃe], (il) lèche [lε ʃ]. Conjug. cf. abréger. Ac. 1694 : lescher; 1718 : lecher; dep. 1740 : lécher. Étymol. et Hist. 1. a) 1remoitié du xiies. « passer la langue sur quelque chose » (Psautier Oxford, 71, 9 ds T.-L.); b) ca 1170 « enlever en léchant » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 170); c) 1678 ours mal léché « ours qui n'est pas accompli » (La Fontaine, Fables, XI, 7; v. aussi Id., ibid., VIII, 10); 1694 « enfant difforme et mal fait » (Ac., s.v. ours); 1718 « homme mal fait et grossier » (Ac.); 2. a) début du xives. « flatter quelqu'un » (Ovide moralisé, éd. C. De Boer, XIII, 3289, 3293), attest. isolées; de nouv. 1879 (Cladel, loc. cit.); b) 1798 lécher le cul à qqn (Ac.); c) 1848 lécher les bottes de qqn (Balzac, Cous. Pons, p. 220); 3. a) 1680 léché « exécuté avec un soin minutieux » (Rich.); b) 1690 lécher « exécuter (une œuvre littéraire ou artistique) avec un soin minutieux » (Fur.); 4. 1826 « effleurer (en parlant de flammes) » (Chateaubr., Natchez, p. 135); 5. 1959 lécher les vitrines (Rob.). De l'a. b. frq. *lekkôn « lécher », cf. le m. néerl. licken, lecken, a. h. all. lecchōn, all. lecken « id. ». Cf. aussi lecator = gulosus (v. lécheur) dans les gloses attribuées à Isidore de Séville (CGL t. 5, p. 602, 51). La loc. ours mal léché fait allusion à la légende antique (déjà rappelée par Rabelais, Tiers Livre, XLII, éd. M. A. Screech, pp. 285-288 et La Fontaine, Œuvres, éd. H. Régnier, t. 2, pp. 257-258, note 2) selon laquelle les ours naissent informes et que leurs mères les façonnent en les léchant. Fréq. abs. littér. : 491. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 553, b) 627; xxes. : a) 954, b) 706.
DÉR. 1.
Léchage, subst. masc.a) Action de lécher. La voûte [de ces fours] est (...) très peu incurvée dans le sens transversal afin d'augmenter le léchage du bain par la flamme et d'accroître le rayonnement (Barnérias, Aciéries,1934, p. 31).Ces effusions dévoyées, (...) ces léchages de museau (Morand, Extrav.,1936, p. 20).Loc. vulg. Léchage de cul. Action de flatter servilement; résultat de cette action. C'est depuis que la république existe que s'est développé cet asservissement, ce léchage-du-cul de l'étranger (Goncourt, Journal,1894, p. 514).Loc. fam. Faire du léchage de vitrine(s). Synon. de faire du lèche-vitrine(s). (Ds Rob. Suppl. 1970, Lexis 1975).b) Au fig. Action de mettre un soin extrême (pour finir une œuvre ou un ouvrage). Envoyez-moi encore d'autres photographies (...) je vous y examine, avec une loupe, pour retrouver, sur chacune, malgré le léchage des retouches, les lumières travaillées, un peu de votre être secret! (Colette, Vagab.,1910, p. 252).[leʃa:ʒ]. 1resattest. a) 1894 « action de flatter » (Goncourt, loc. cit.); b) 1907 « action d'effleurer (en parlant d'un courant d'air, etc.) » (Périsse, Automob., p. 156); c) 1910 « action d'exécuter avec un soin minutieux » (Colette, loc. cit.); d) 1925 « action de lécher (Serre ds Nouv. Traité Méd. fasc. 4, p. 17); de lécher, suff. -age*.
2.
Lécherie, subst. fém.a) Action de lécher. Des tendresses, des câlineries, une voluptueuse lècherie de mère chatte (A. Daudet, Sapho,1884, p. 136).b) Fam. Gourmandise. (Ds Rob., Lar. Lang. fr., Lexis 1975). c) Démonstration exagérée de tendresse. Pour embrasser son fils (...) il lui fallait des circonstances extraordinaires. « Dans la famille, nous n'aimons pas les lécheries », disait-elle volontiers (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 36).[leʃ ʀi]. [lε-] ds Lar. Lang. fr. (infl. de lèche). 1resattest. a) 1155 « luxure » (Wace, Brut, 10745 ds T.-L.); b) 1178 « extrême gourmandise » (Renart, éd. M. Roques, XII, 13233); c) 1785 « action de lécher » (Sade, Les 120 journées de Sodome, part. 1, t. 1, p. 129 ds Quem. DDL t. 14); de lécher, suff. -erie*.
BBG. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 299. - Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 298, 433. - Walt. 1885, p. 73.

Wiktionnaire

Nom commun - français

lécher \le.ʃe\ masculin

  1. (Franche-Comté) Supplément alimentaire que l’on donne aux vaches lors de la traite.
    • Dans les fermes, on en saupoudre le fourrage, ou plus souvent ce qu’on appelle le lécher, c’est-à-dire un composé de racines fourragères, de débris de jardinage, d’herbes, de fenasse, de son, de pommes de terre. Ce mélange, haché et cuit, est servi tiède aux vaches qui en sont très-friandes. — (Demesmay, Question du sel, dans Journal des économistes, vol.25, 1850, page 45)
    • […], et quand elle rentrait dans la chambre surchauffée du poêle où se mariaient des odeurs complexes de tourteaux broyés et de racines cuites pour le lécher des vaches, Finaud la regardait d’un œil mi-interrogateur, mi-narquois, […]. — (Louis Pergaud, Le retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)

Verbe - français

lécher \le.ʃe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Passer la langue sur quelque chose.
    • Le chien lèche son maître. — Un chat qui se lèche. — Les chiens guérissent leurs plaies en les léchant.
  2. (En particulier) Le faire par gourmandise ou par caresse.
    • Lécher un plat. — Quand les chats ont mangé de quelque chose qu’ils trouvent bon, ils se lèchent les barbes.
    • S’en lécher les babines.
    • Même délire erratique pour Sophie. Elle léchait et se faisait lécher. Elle doigtait et se faisait doigter. Sans trop savoir qui elle astiquait et qui l’astiquait. D’ailleurs elle s’en foutait. — (Pierre Lucas, Police des mœurs, n° 190 : Hamster dame, éd. Vauvenargues, 2014, chapitre 28)
  3. (Figuré) Finir un ouvrage avec un soin excessif et minutieux.
    • Ce peintre a le tort de lécher, de trop lécher ses tableaux. — Cet ouvrage est trop léché.
  4. (Familier) Flatter excessivement, cirer les pompes.
  5. Effleurer, en parlant de flammes ou des vagues, souvent comparées à des langues.
    • Les flammèches montent et lèchent le gril. — Les vagues lèchent le rocher.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

LÉCHER. v. tr.
Passer la langue sur quelque chose par gourmandise ou par caresse. Lécher un plat. Quand les chats ont mangé de quelque chose qu'ils trouvent bon, ils se lèchent les barbes, ils s'en lèchent les barbes. Les chiens guérissent leurs plaies en les léchant. Par extension, Le chien lèche son maître. Un chat qui se lèche. Fig. et fam., Un ours mal léché, Un homme mal élevé, grossier. Fam., On s'en lèche les doigts, c'est à s'en lécher les doigts, Cela est excellent à manger. Il signifie figurément, Finir un ouvrage avec un soin excessif et minutieux. Ce peintre a le tort de lécher, de trop lécher ses tableaux. Cet ouvrage est trop léché. Dans cette acception, il est familier.

À LÈCHE-DOIGTS, loc. adv. et fam. On l'emploie en parlant de Choses qui se mangent, et qui sont offertes en trop petite quantité. Il nous a fait servir d'assez bonnes choses, mais il n'y en avait qu'à lèche-doigts.

Littré (1872-1877)

LÉCHER (lé-ché. La syllabe lé prend un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette : je lèche, excepté au futur et au conditionnel : je lécherai, je lécherais) v. a.
  • 1Passer la langue sur quelque chose. Lécher un plat. En ce lieu où les chiens ont léché le sang de Naboth [injustement lapidé comme criminel et blasphémateur], ils lécheront ton sang, Bossuet, Polit. VIII, 2, 4. Les lions venaient le flatter et lécher ses pieds, Fénelon, Tél. II. Outre les cérémonies qui leur étaient communes avec les Grecs, ils avaient encore ceci de particulier, que les deux parties qui contractaient se faisaient des incisions aux bras et léchaient mutuellement leur sang, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. VIII, p. 102, dans POUGENS. Il [Virgile] avait coutume de se comparer à l'ours, qui, de grossiers et difformes que sont ses petits en naissant, ne vient à bout de les rendre supportables qu'à force de les lécher, Rollin, ib. liv. XXVII, ch. I, art. 2, § 2. Le chien meurt en léchant le maître qu'il chérit, Voltaire, Disc. 4. Il [le duc de Russie] conduisait le tribut à pied devant l'ambassadeur tartare, se prosternait à ses pieds, lui présentait du lait à boire ; et, s'il en tombait sur le cou du cheval de l'ambassadeur, le prince était obligé de le lécher, Voltaire, Mœurs, 119.

    Familièrement. On s'en lèche les doigts, c'est à s'en lécher les doigts, se dit de quelque chose excellent à manger.

    Fig. Il n'a qu'à s'en lécher les barbes, se dit de celui qu'on sèvre de quelque avantage auquel il prétendait ; image sans doute empruntée au chat.

    Fig. Lécher l'ours, consumer beaucoup de temps à quelque chose. Que le juge se hâte ; N'a-t-il point assez léché l'ours ? La Fontaine, Fabl. I, 21.

    Fig. Lécher la poussière, s'humilier extrêmement. On a regardé en face l'idole devant laquelle on avait léché la poussière, Voltaire, Dial. XXIV, 14.

    Absolument. Il [le cheval] tire quelquefois la langue pour lécher, mais moins fréquemment que le bœuf, qui lèche beaucoup plus que le cheval, et qui cependant est moins sensible aux caresses, Buffon, Quadrup. t. I, p. 125.

  • 2Les plombiers disent que les flammes lèchent bien la chaudière lorsqu'elles l'enveloppent.

    Par extension. Des langues de feu livides et mouvantes léchaient la voûte du ciel, Chateaubriand, Natch. liv. II.

  • 3Fig. Terme de peinture. Finir son ouvrage avec un soin extrême et minutieux. Ce peintre lèche trop ses ouvrages.

    Il se dit des ouvrages d'esprit, dans un sens analogue. Il ne faut pas lécher ses écrits au point de les énerver.

  • 4Se lécher, v. réfl. Passer sa langue sur soi. Les taureaux, les vaches et les bœufs sont fort sujets à se lécher, surtout dans les temps qu'ils sont en plein repos, Buffon, Quadrup. t. I, p. 217.
  • 5A lèche-doigts ou doigt, loc. adv. En se léchant les doigts de quelque chose, par le plaisir qu'on y trouve. [Il] s'en donne à cœur-joie et à lèche-doigt, Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, t. I, p. 54, Veuillot.

    Particulièrement. En petites quantités, de manière qu'on puisse seulement s'en lécher les doigts, en parlant de choses qui se mangent. Ce plat est bon, mais il n'y en a qu'à lèche-doigts.

    Fig. Depuis son mariage, le duc de Noailles la voyait [Mme de Maintenon] quand il voulait, son père avec ménagement, sa mère fort à lèche-doigt, Saint-Simon, 414, 192. Les critiques vous servent de la coloquinte à pleines corbeilles et sans mélange, pour le miel vous ne l'aurez qu'à lèche-doigt, Lett. d'un Savoyard, dans DESFONTAINES.

  • 6Populairement et bassement. Un lèche-cul, un vil flatteur, un homme trop soumis.

HISTORIQUE

XIIe s. Devant lui carrunt [tomberont] li Ethiopien, e li enemi de lui la terre lecherunt, Liber psalm. p. 94. Pur co [ce], à cel lieu que chiens lechierent le sang Naboth, il lecherunt le tuen, Rois, p. 332.

XIIIe s. Mès à tel morsel itel leche, Chaz [le chat] set bien quels barbes il leche, Ren. 8577. Faulse vielle… Qui me cuida par ses doctrines Faire leschier miel sor espines…, ib. 13194.

XVe s. Haa, Blanor, dit le chevalier, la pucelle qui a feinct d'estre vostre dame par amours, nous a deceu tous deux ; car, s'elle fust telle comme elle disoit, bien nous eust franchement delivrez ; mais, comme il me semble, elle nous a faict lescher miel sur espines, Perceforest, t. VI, f° 24.

XVIe s. Ces corps solides et polis venants à se leicher et frotter l'un à l'aultre en roulant, Montaigne, I, 106. Leicher seulement un subject et l'efflorer, Montaigne, I, 376. Et [le flot] la lichant [la terre], se joue à l'entour du rivage, Ronsard, 663. Et tous les poissons lubriques, comme anguilles, congres, lamproies, ainsi nommées vulgairement parce qu'elles lichent les pierres, Traité de l'entretennement de santé de Prosper Calonius, traduit en 1553, dans JAUBERT. Il prolonge nostre languissante vie d'un peu de panade qu'il nous donne à leche-doigts, Sat. Ménippée, Harangue de M. d'Aubrai. Je vous en veux à vous, bastards ou degeneres, Lasches cœurs, qui lechez le sang frais de vos peres Sur les pieds des tueurs, D'Aubigné, Tragiques, 7.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

LÉCHER. Ajoutez :

PROVERBE

Il n'est pas gras de lécher les murs, c'est-à-dire s'il est gras, c'est qu'il se nourrit bien.
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Étymologie de « lécher »

Berry, licher, lèche-doigt, la moindre parcelle : il a mangé toute sa soupe et n'en a pas laissé lèche-doigt ; picard, léker ; bourguig. lochai ; wallon, lèchî ; provenç. lecar, lechar ; ital. leccare ; du germanique : anc. h. allem. lecchôn ; anglo-sax. liccian ; angl. to lick ; allem. lecken ; comparez le celtique (irlandais) ligh, lécher, le lat. lingere, le grec λείχειν, et le sanscrit lih.

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(1100-1125) En ancien français lechier, du vieux-francique *lekkōn « lécher », attesté au dixième siècle et continué par le flamand lekken, limbourgeois lekke, apparenté à l’allemand lecken. La variante *likkōn, continuée par le néerlandais normé likken, a donné la variante lichier en ancien français.
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Phonétique du mot « lécher »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
lécher leʃe

Fréquence d'apparition du mot « lécher » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « lécher »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « lécher »

  • Personne ne tire le miel sans se lécher les doigts.
    Proverbe malinké
  • Quand tu sauras te lécher le coude, tu pourras sauter par-dessus tes genoux.
    Mulla Nasreddin
  • Qui peut lécher peut mordre, et qui peut embrasser peut étouffer.
    Alfred de Musset
  • Un ancien policier d’Hawaï a comparu devant les juges, après avoir humilié un sans-abri en lui demandant de lécher un urinoir. L’accusé a plaidé coupable et présenté ses excuses à sa victime.
    Ayant forcé un sans-abri à lécher un urinoir, ce policier écope de 4 ans de prison - Sputnik France
  • Evialis présente le nouveau produit de sa gamme minérale Osvior : Bac'osvior. Il s'agit d'un bloc à lécher de 75 kg.
    Web-agri — Bac'osvior : des blocs à lécher pour grand troupeau laitier et allaitant
  • Embrasser une femme qui fume, c’est comme lécher un cendrier !
    Alain Remi
  • En même temps, on va pas se mentir, il y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Effectivement, pour sa première apparition depuis 2017, Shin Megami Tensei V nous fait lécher l’assiette pour nous faire une idée du goût de la sauce. Pas de gameplay, pas de phases de combat, pas non plus d’éléments scénaristiques… Enfin, si, un vite fait. Une fois encore, on y découvre un jeune adulte qui se voit offrir par un démon le pouvoir de changer les choses dans une Tokyo dévastée.
    New Game Plus — Shin Megami Tensei V - Double dose de démons sur Nintendo Switch
  • Embrasser n'est pas lécher… 
    Vanity Fair — Famille royale d'Angleterre : Quand la scandaleuse Sarah Ferguson se faisait lécher les orteils (et choquait le Royaume-Uni)
  • Embrasser sur la bouche une personne de sexe différent est aussi dégoûtant pour moi que lécher un crapaud ou un serpent.
    Eulodia Brighton — God for ever
  • Qui peut lécher peut mordre, et qui peut embrasser peut étouffer.
    Alfred de Musset
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Images d'illustration du mot « lécher »

⚠️ Ces images proviennent de Unsplash et n'illustrent pas toujours parfaitement le mot en question.

Traductions du mot « lécher »

Langue Traduction
Anglais lick
Espagnol lamer
Italien leccare
Allemand lecken
Chinois
Arabe لعق
Portugais lamber
Russe облизывание
Japonais なめる
Basque lick
Corse lampara
Source : Google Translate API

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Nombre de points du mot lécher au scrabble : 10 points

Lécher

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