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Gémir

Définitions de « gémir »

Trésor de la Langue Française informatisé

GÉMIR, verbe

I. − Emploi intrans.
A. −
1. Qqn gémit.Pousser un, des cri(s) étouffé(s) et plaintif(s) exprimant une douleur ou un malaise physique. On me mena coucher, et toute la nuit je ne fis que gémir et soupirer dans mon sommeil (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 299).Elle gémissait à petits coups, comme ça... Heu... heu... c'était de douleur, non, de l'essoufflement plutôt (Bernanos, Crime,1935, p. 779) :
1. Nous entendîmes soudain mon oncle s'agiter et gémir, sa respiration était oppressée et sifflante, on eût dit par moments un râle saccadé et plaintif. Je sautai du lit et m'approchai : son front, ses mains étaient brûlants. Abellio, Pacifiques,1946, p. 336.
P. anal.
a) [Le suj. désigne un oiseau] Émettre un cri plaintif. La tourterelle, la colombe gémit. Le loriot siffle, le ramier gémit, l'hirondelle gazouille (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 170).Les oiseaux émettaient leurs cris, tandis que, faiblement, noirs dans le haut azur, des charognards gémissaient, en planant (Maran, Batouala,1925, p. 34).
b) [Le suj. désigne une chose] Émettre un son continu ou discontinu, assourdi et rappelant une plainte humaine. Les ressorts, les arbres gémissent. Le vent du soir gémit sous ces saules pleureurs (Michaud, Printemps proscrit,1803, p. 104).La poulie gémit comme gémit une vieille girouette quand le vent a longtemps dormi (Saint-Exup., Pt Prince,1943, p. 482) :
2. « Enfin, à la mer. Là seulement on est un peu tranquille. » (...) c'est le bruit des lames qui tapent contre les tôles et les font vibrer. Les chaînes des ancres, dans le puits, se tassent peu à peu avec des heurts sourds, et le navire neuf s'étire, craque, gémit, les cloisons de bois se fendent, la peinture s'écaille. Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 38.
Vieilli, loc. fig. Faire gémir la presse. Faire beaucoup imprimer. Il faut s'indépendantiser, et je n'ai que cet ignoble moyen-là : salir du papier et faire gémir la presse (Balzac, Corresp.,1821, p. 112).
[Le suj. désigne un instrument de mus., une production mus.] Retentir avec l'accent d'une plainte ou en évoquant une plainte humaine. Du matin au soir, retentit le tambour, gémit la flûte des sorciers jeteurs de sorts (Loti, Maroc,1889, p. 13).L'accompagnement gémit, le hautbois se lamente (Pirro, J.-S. Bach,1919, p. 112).Au fig. Mais dans sa douce voix la plaine gémissait Et d'un regret profond l'accent se révélait (M. de Guérin, Poésies,1839, p. 54).En prononçant ces deux mots d'une tristesse sans bornes, il semble qu'on entende gémir le grand cri de désolation de l'humanité à travers les âges et son sanglot infini que jamais rien n'apaise (Bainville, Exilés,1874, p. 3).
2. Rare. Qqn gémit de qqc.[Le compl. prép. désigne un affect] Pousser un, des cri(s) étouffé(s) exprimant un affect très intense. Gémir de plaisir, de volupté. Des rappels brutaux le faisaient se jeter hors de sa couche, gémir de fureur et de douleur, crier, blasphémer (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 475) :
3. ... pendant une représentation du Chapeau de paille d'Italie, j'écoutais les réflexions de deux vieilles dames assises derrière moi. (...) elles étaient fort enthousiastes et gémissaient de bonheur à presque toutes les répliques. Green, Journal,1939, p. 168.
B. − P. ext. [Avec une valeur dépréc.]
1. Qqn gémit.Se plaindre sans cesse. Synon. se lamenter.On est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et (...) on n'a plus qu'à crier, − pas à gémir, non, pas à se plaindre, − à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire (Anouilh, Antig.,1946, p. 166) :
4. Zola (...) continue à gémir; et comme on lui dit qu'il n'a pas à se plaindre, qu'il a fait un assez beau chemin pour un homme qui n'a pas encore ses trente-cinq ans : « Eh bien, voulez-vous que je vous parle, là, du fond du cœur? » s'exclame Zola (...). Je ne serai jamais décoré, je ne serai jamais de l'Académie, je n'aurai jamais une de ces distinctions qui affirment mon talent. Près du public, je serai toujours un paria, oui, un paria! » Goncourt, Journal,1875, p. 1033.
2. [Construit avec un compl. prép.] Se plaindre à propos de (quelque chose).
Gémir de qqc.Elle (...) gémissait du velours qu'elle n'avait pas, du bonheur qui lui manquait, de ses rêves trop hauts, de sa maison trop étroite (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 124).Vous gémissez du moindre malaise, et vous vous moquez de moi s'il m'arrive de me plaindre de quoi que ce soit (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 6, p. 214).
Gémir sur qqc.Le bon paysan ne gémit pas sur les chardons; il les coupe (Alain, Propos,1913, p. 158).Je propose quelque chose pour sortir du marasme, au lieu de continuer à gémir sur ce marasme et sur l'ennui, l'inertie et la sottise de tout (Artaud, Théâtre et double,1938, p. 100) :
5. Elle gémissait tout le jour sur le temps, les événements et les hommes : « On n'aurait rien à manger, si ça continuait comme ça. Il n'y avait presque plus de bon monde. Il n'y avait plus de saisons. Toujours trop d'eau, trop de sécheresse, trop de soleil et trop de vent. » Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 104.
Gémir de ce que + prop.Il me rappela Kean lorsqu'il jouait cette scène de Shakespeare où Richard III gémit de ce qu'une sorcière a jeté un sort sur son bras (Vigny, Journ. poète,1842, p. 1167).Elle, si dure aux plus rudes souffrances, gémissait de ce qu'elle avait dû renifler, assurant que cela lui « plumait le nez », et qu'on ne savait plus où vivre (Proust, Guermantes 1,1920, p. 66).
C. − Vieilli, littér. [Sans valeur dépréc.]
1. Qqn gémit.Éprouver une douleur morale (présentée comme intense). Synon. souffrir.Tel mari semble heureux, qui dans le fond de l'ame, gémit (Collin d'Harl., Vieux célib.,1792, I, 8, p. 25).Il [le philanthrope] gémit en voyant que l'ouvrier, non-seulement ne prévoit pas la vieillesse, mais qu'il ne prévoit pas même les accidens, la maladie, les infirmités (Say, Écon. pol.,1832, p. 377) :
6. ... les décrets de l'Assemblée Nationale seront anéantis, et il ne restera à la nation d'autre fruit de ses longs et pénibles efforts, de ses combats, de ses victoires, que la cruelle nécessité d'obéir en esclave, de gémir en silence, et d'être livrée à ses tyrans. Marat, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 114.
En partic. [Avec un compl. locatif fig.] Gémir sous le poids de qqc. Le peuple gémissait sous la triple tyrannie des rois, des chefs guerriers et des prêtres (Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p. 95).La source unique de tous les maux dont nous cherchons le remède, c'est la servitude dans laquelle le catholicisme gémit (Lamennais, L'Avenir,1830-31, p. 223).
2. [Construit avec un compl. prép.] Ressentir avec douleur.
Gémir de qqc.L'homme moral, l'homme dont la raison est éclairée, gémit de la nécessité de vivre (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 164).
Gémir de + inf., de ce que + prop.Il faut que tu sois bien peu sensible à sa sublimité [de la vertu], pour ne pas gémir de la voir professer par des bouches aussi mensongeres! (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 171) :
7. ... Richard et Lusignan se précipitent à leur rencontre, Philippe-Auguste les suit; Bérengère gémit de ce que la dignité de son sexe et de son rang ne lui permet pas de les accompagner, et de savoir un moment plus tôt si elle va retrouver sa sœur. Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 28.
II. − Emploi trans.
A. − [Le compl. d'obj. désigne une production langagière] Prononcer en se plaignant, d'une manière gémissante. L'une sort du matin et chante avec l'aurore, L'autre gémit le soir un triste et long adieu (Lamart., Harm.,1830, p. 359).On lui passa vivement une guitare, et il gémit une romance intitulée Le Frère de l'Albanaise (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 94) :
8. Il gémissait tout haut des bribes de phrases : « Gnia plus de respect! Plus de reconnaissance! À quoi bon se décarcasser. Toujours l'ingratitude... » Le paquet bouclé, tant bien que mal, il vint se placer dans l'ouverture de la porte et s'écria d'une voix larmoyante : − Mon cher monsieur, vous me direz quand même au revoir. Duhamel, Combat ombres,1939, p. 95.
P. métaph. Une phrase plaintive (largo sostenuto), est gémie par les violoncelles (Prod'homme, Cycle Berlioz,1896, p. 78).
Rem. On relève une attest. d'emploi pronom. passif. Ce qui se murmure ou se gémit dans les extrêmes de la passion (...), ce sont paroles qui ne se peuvent résoudre en idées claires (Valéry, Variété III, 1936, p. 16).
B. − Rare. [Construit avec une prop. complétive] Dire en se plaignant, d'une manière gémissante. L'été il est là à gémir qu'il va mourir (Giono, Regain,1930, p. 229).Les femmes commencèrent à gémir qu'elles avaient mal aux pieds (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 62).
[Empl. pour introd. un discours direct ou en incise] La voix recommença à gémir : − Grâce! Sire! Je vous jure que c'est Monsieur le cardinal d'Angers qui a fait la trahison, et non pas moi (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 495).Je manque de courage, gémit-il. Je devrais te parler, mais je ne peux pas. J'ai peur de toi (Green, Moïra,1950, p. 82).
Rem. 1. On relève dans la docum. a) Qq. emplois du sens class. Retentir, résonner. Sous les coups redoublés nos cuirasses gémissent; De nos casques d'airain mille flammes jaillissent (Baour-Lormian, Ossian, 1827, p. 106). Écoutons la plage gémir, Le flot qui bat, le ciel qui tonne (Sainte-Beuve, Poésies, 1829, p. 53). b) Diverses constr. prép. α) [Prép. indiquant un but] Je ne forme plus (...) les images douces vers lesquelles j'aurais pu gémir. Le soleil a séché en moi la source des larmes (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 240). Nos deux peuples cherchent passionnément à se rejoindre, gémissent après la paix (Mauriac, Nouv. Bloc-notes, 1961, p. 393). β) [Prép. contre] S'il y avait autant de générosité et de noblesse au monde que de bouches pour gémir contre l'égoïsme et la dépravation! (Mounier, Traité caract., 1946, p. 502). c) Un emploi subst. masc. de gémir. Je pensais (...) de temps en temps à ce gémir de marmouset qu'il m'avait semblé entendre de nuit (Giono, Baumugnes, 1929, p. 106). 2. Les accept. I A et I B supra sont proches des accept. I A et I B de geindre. V. ce mot et la rem. en fin d'article.
Prononc. et Orth. : [ʒemi:ʀ], (il) gémit [zemi]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1170 « exprimer sa peine d'une voix plaintive » (Vie d'Edouard le Confesseur, 1792 ds DEAF, s. v. gemir, 453, 22). Empr. au lat. class.gemere « gémir, se plaindre; déplorer » (d'où l'a. fr. giembre, v. geindre) avec changement de conjugaison. Fréq. abs. littér. : 2 184. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 562, b) 2 356; xxes. : a) 3 590, b) 2 823.
DÉR.
Gémisseur, -euse, adj. et subst.(Celui, celle) qui gémit, se plaint sans cesse. Des estropiés, des gémisseurs, des crieurs (Barbusse, Feu,1916, p. 303).Adj. Qui se manifeste par des gémissements. L'adjointe s'approcha des bancs, harcelée par ce mot crié sur tous les tons, archi-aigus, gémisseurs, rageurs : − Madame! Madame! (Frapié, Maternelle,1904, p. 19).[ʒemisœ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1reattest. 1464 (J. Lagadeuc, Catholicon, éd. Auffret de Quoetqueueran, Bibl. de Quimper ds Gdf. : gémisseur, gemosus), ex. isolé; 1775-76 (Restif de La Bretonne, Paysan perverti d'apr. S. Mercier, Néol., t. 1, 1801, p. 295 : ceux qui prennent le rôle de gémisseur sur les abus), rare, devenu terme de méd. au xixes. (délire des gémisseurs, Littré); du part. prés. de gémir, suff. -eur2*.

Wiktionnaire

Verbe - français

gémir \ʒe.miʁ\ intransitif, parfois transitif 2e groupe (voir la conjugaison)

  1. Exprimer sa souffrance d’une voix plaintive et non articulée.
    • Je l’entendis gémir toute la nuit.
    • Il se drapa en vitesse dans son hermine et ouvrit la porte à la volée, ignorant la plainte gémie par son épouse —ah, les femmes ! — (Dave Duncan, Sous une autre lune, 2012)
  2. (Figuré) Se plaindre sous l’excitation de la tyrannie, de l’injustice, du malheur, etc.
    • Gémir sous le joug.
    • Gémir dans l’oppression, dans l’esclavage, dans les fers.
    • La nation avait longtemps gémi sous le poids des impôts.
    • Gémir sous le poids des afflictions.
    • Il gémissait de voir triompher l’injustice.
  3. Pousser un cri languissant et plaintif, en parlant de certains oiseaux.
    • La colombe, la tourterelle gémissent.
  4. (Figuré) (Poétique) Faire entendre quelque bruit, quelque murmure, en parlant de choses inanimées.
    • Le vent gémit dans les forêts.
  5. (En particulier) Se dit des choses qui s’affaissent bruyamment sous le poids, sous la pression d’une autre, ou que l’on suppose ne pouvoir la soutenir qu’avec effort.
    • […] dans la nuit, les pauvres arbres, sous l’effort du vent plus colère, gémissent et craquent. — (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)
    • Il fait gémir les coussins, les coussins gémissent sous le poids de son corps. — La terre gémit sous ses pas.
  6. (Figuré) Par plaisanterie, Faire gémir la presse : Faire beaucoup imprimer. Se dit surtout des écrivains qui sont plus remarquables par leur fécondité que par leur talent.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GÉMIR. v. intr.
Exprimer sa souffrance d'une voix plaintive et non articulée. Je l'entendis gémir toute la nuit. Gémir de douleur. Il se dit figurément des Plaintes qu'excitent la tyrannie, l'injustice, le malheur, etc. Gémir sous le joug. Gémir dans l'oppression, dans l'esclavage, dans les fers. La nation avait longtemps gémi sous le poids des impôts. Gémir sous le poids des afflictions. Il gémissait de voir triompher l'injustice. Il se dit aussi pour exprimer le Cri languissant et plaintif de certains oiseaux. La colombe gémit. La tourterelle gémit. Il se dit quelquefois figurément, surtout en poésie, des Choses inanimées, lorsqu'elles font entendre quelque bruit, quelque murmure. Le vent gémit dans les forêts. Il se dit, particulièrement, des Choses qui s'affaissent sous le poids, sous la pression d'une autre, ou que l'on suppose ne pouvoir la soutenir qu'avec effort. Il fait gémir les coussins, les coussins gémissent sous le poids de son corps. La terre gémit sous ses pas. Fig. et par plaisanterie, Faire gémir la presse, Faire beaucoup imprimer. Il se dit surtout des Écrivains qui sont plus remarquables par leur fécondité que par leur talent.

Littré (1872-1877)

GÉMIR (jé-mir) v. n.
  • 1Exhaler sa souffrance, sa peine, d'une voix plaintive et inarticulée. Mais et les princes et les peuples gémissaient en vain ; en vain Monsieur, en vain le roi même tenait Madame serrée par de si étroits embrassements… la mort plus puissante nous l'enlevait entre ces royales mains, Bossuet, Duch. d'Orl. Vous l'avez vue si souvent gémir devant les autels de son unique protecteur, Bossuet, Reine d'Anglet. Quel tourment de se taire en voyant ce qu'on aime, De l'entendre gémir, de l'affliger soi-même ! Racine, Brit. III, 7. Pleurons et gémissons, mes fidèles compagnes, Racine, Esth. I, 5. Mon frère, ayez pitié d'une sœur égarée Qui brûle, qui gémit, qui meurt désespérée, Voltaire, Zaïre, III, 4. Je pleure mon destin, je gémis sur mon père, Voltaire, Tancr. II, 6.

    Activement et poétiquement. Voilà ce qui fait honte ou ce qui fait frémir ; Gémissement que Job oublia de gémir, Lamartine, Rép. aux adieux de W. Scott.

  • 2 Par extension, se plaindre sous un poids qui accable. D'un peuple sans vigueur et presque inanimé Qui gémissait sous l'or dont il était armé, Racine, Alex. II, 2. Déjà la pythonisse, errante, échevelée, Sous le pouvoir du dieu gémissait accablée, Chénier M. J. Œdipe-roi, III, 4.

    Fig. L'Italie gémissait sous les armes des Lombards, Bossuet, Hist. I, 11. Mais je laissais gémir la vertu soupçonnée, Racine, Phèd. v, 7. J'ai fait taire les lois et gémir l'innocence, Racine, Esth. III, 1. Le royaume gémissait sous la tyrannie, Fénelon, Tél. XII. Le juste gémit dans l'indigence, Massillon, Carême, Prospér. Des pécheurs qui gémissent sous le poids de leurs chaînes, Massillon, Carême, Mélange. J'ai fait, jusqu'au moment qui me plonge au cercueil, Gémir l'humanité du poids de mon orgueil, Voltaire, Alz. v, 7.

  • 3Être péniblement ou désagréablement affecté de quelque chose. Evrard a beau gémir du repas déserté, Boileau, Lutr. v. Alexandre le sait, Taxile en a gémi, Racine, Alex. v, 3. Il y a vingt ans qu'ils font gémir tous les gens de bien, Fénelon, Tél. XI. Mais ne crois pas non plus que le mien [cœur] s'avilisse à souffrir des rigueurs, à gémir d'un caprice, Voltaire, Zaïre, III, 6. Il craint de lui parler, il gémit de se taire, Voltaire, Brutus, III, 2. Il gémissait d'être obligé d'acheter sa sûreté par des soumissions, Raynal, Hist. phil. IV, 11. Il faut gémir sur le sort de l'humanité, qui ne permet pas qu'un seul homme ait à la fois tous les talents et toutes les vertus, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 17 août 1771.
  • 4Il se dit du cri de certains oiseaux. La colombe gémit. La tourterelle gémit. Je criais vers vous comme le petit de l'hirondelle, je gémissais comme la colombe, Sacy, Bible, Isaïe, XXXVIII, 14.

    Activement et poétiquement. L'oreille n'entend rien qu'une vague plaintive, Ou la voix des zéphirs, Ou les sons cadencés que gémit Philomèle, Lamartine, Méd. II, 24.

  • 5 Par analogie, il se dit des choses qui font entendre une sorte de murmure. On se menace, on court, l'air gémit, le fer brille, Racine, Iphig. v, 5. La rive au loin gémit blanchissante d'écume, Racine, ib. v, 6. Les marteaux faisaient gémir les cavernes de la terre, Fénelon, Tél. II. Quand l'aquilon fait gémir les troncs des vieux arbres, Fénelon, ib. XVII. La terre au loin gémit, le jour fuit, le ciel gronde, Voltaire, Henr. VIII. Eh ! seigneur, est-ce vous dont la voix lamentable A fait gémir ces murs d'accents si douloureux ? Lemercier, Frédég. et Br. IV, 5.
  • 6S'affaisser, en parlant des choses qui reçoivent un poids, une pression considérable. La frêle nacelle gémit, Quand Aenéas dedans s'y mit, Scarron, Virg. VI. Et son corps, ramassé dans sa courte grosseur, Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur, Boileau, Lutr. I. L'enclume qui gémissait sous les coups redoublés, Fénelon, Tél. XI. La mer gémissait sous le nombre et sous la grandeur énorme de nos navires, Massillon, Or. fun. Louis le Grand.

    Fig. et familièrement. Faire gémir la presse, faire beaucoup imprimer ; locution métaphorique tirée de l'ancienne presse à bras qui faisait entendre une espèce de gémissement quand on tirait le barreau.

HISTORIQUE

XIIe s. Rapelat il à la remembrance ceaz [ceux] d'Epheson, cant il, ploranz et gemanz, les comandat à Deu, Job, p. 476.

XIIIe s. Enfer tressue, enfer fremit, Enfer dolose, enfer gemit, Quant perdu a la grant goulée Qu'avoit jà prise et engoulée, Rutebeuf, Théoph.

XIVe s. Et mon pechié cy gemirai Amerement, dans BURGUY, Gramm. t. II, p. 261.

XVIe s. La tourterelle en gemit et en mene Semblable dueil : et j'accorde à leurs chants, Marot, III, 298. Ayant tant de malheurs gemy profondement, Du Bellay, J. VI, 63, verso. Comme pigeons, qui bec à bec gemissent leur amour, Yver, p. 639. Ils hurlent comme les loups, ils gemissent comme les ours, ils rugissent comme lions, Paré, Animaux, 25.

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Étymologie de « gémir »

(Vers 1170) Du latin gemere (« gémir »).
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Berry, gemer ; provenç. gemir : portug. gemer ; ital. gemere ; du latin gemĕre. La formation régulière est geindre (voy. ce mot) ou l'italien gémere. Gémir, remontant aux premiers temps de la langue, suppose un changement de conjugaison, de la 3e en 4e. La très-ancienne langue ne le conjuguait pas comme les verbes en iscere, témoin gemant de gementem ; mais dès le XIIIe siècle il était conjugué comme un verbe en iscere.

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Phonétique du mot « gémir »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
gémir ʒemir

Évolution historique de l’usage du mot « gémir »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « gémir »

  • Je ne veux ni gémir sur le passé qui n'est plus, ni rêver follement de l'avenir qui n'est pas. Le devoir de l'homme se concentre sur un point, l'action du moment présent. De Cardinal Mercier , 
  • Gémir, pleurer, prier, est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler, Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. Alfred, comte de Vigny, Les Destinées, la Mort du loup
  • Quand les vieillards croient gémir sur leur temps, ils se trompent ; ils ne gémissent que sur leur âge. De Victor Hugo / Faits et croyances , 
  • Ne pas prévoir, c'est déjà gémir. De Léonard de Vinci , 
  • Il faut gémir, mais en cadence. De Jules Renard / Journal , 
  • Pour entrevoir l’essentiel, il ne faut exercer aucun métier. Rester toute la journée allongé, et gémir... De Emil Michel Cioran , 
  • Le sot qui sent sa sottise n'est déjà plus si sot, mais le paresseux peut connaître sa paresse, en gémir, et le rester. De Jules Renard / Journal - Juillet 1905 , 
  • Si la pauvreté fait gémir l'homme, il bâille dans l'opulence. Quand la fortune nous exempte du travail, la nature nous accable du temps. De Antoine de Rivarol / De l'homme intellectuel et moral , 
  • Un clip audio dans lequel Johnny Depp aurait pu être entendu gémir sur un jet privé a été joué pendant son procès en diffamation. News 24, Procès en diffamation contre Johnny Depp: sortie audio d'une «star hollywoodienne gémissant dans un avion privé» | Actualités Ents & Arts - News 24
  • Les urgentistes n’ont rien trouvé, mais Barbara et Nathan sont toujours inquiets car Léon pleure beaucoup. Paniquée, Barbara accepte l’aide du docteur Merle, qui entend le bébé gémir au bar du Mistral. Le pédiatre trouve le mal de Léon qui n’est autre qu’une poussée dentaire. De son côté, Léo fait le portrait de l’homme qui a soi-disant massacré le vélo de Nathan. Cet homme est connu des services de police, ce qui ne rassure pas Léo… Stars Actu, Plus belle la vie : ce soir, Anémone craque devant Estelle (résumé + vidéo de l'épisode 4060 PBLV du 10 juillet 2020) - Stars Actu
  • Le jeune homme commencera par s'excuser, avant de gémir en appelant sa grand-mère à l'aide, disant "je ne peux plus respirer". Douze minutes plus tard, il était inconscient, "victime d'un arrêt cardiaque", selon le chef de la police de Tucson, Chris Magnus, qui a remis sa démission mercredi soir. RTL.fr, États-Unis : un jeune meurt pendant son arrestation, le chef de la police veut démissionner
  • "Le Refuge des Orphelins - Stéphane Lamart" se mobilise contre la décision de justice qui a été rendue au sujet du chien Spike. Ce sont les voisins qui ont donné l'alerte, réveillés par le chien en train de gémir : il était attaché à une souche par une chaîne très courte l'empêchant de se coucher et entravé par des colliers Serflex. Sur réquisition, la gendarmerie de Rozay-en-Brie, en Seine-et-Marne, est venue retirer le chien. Il a été emmené chez le vétérinaire qui a constaté différentes blessures. Spike a ensuite été confié à l'association de Stéphane Lamart et il est alors arrivé au refuge d'Aunay, le 5 mars. Puis le jugement a été rendu et la magistrate a statué en faveur du propriétaire, obligeant l'association à rendre Spike à ses propriétaires, le mardi 9 juin. Stéphane Lamart a fait appel. Mais il faudra attendre novembre. Précision : la magistrate a statué en faveur des propriétaires car elle n'a pas considéré les faits comme de la maltraitance, le chien étant nourri et abreuvé convenablement et vacciné. Mais les propriétaires ont reçu un rappel à la loi. lamanchelibre.fr, Aunay-sur-Odon. Chien en détresse : un refuge mobilisé pour le secourir
  • Devant ce phénomène inédit, ce n’était pas la peine d’en rajouter, de pleurer, de gémir. Il y a plus mal loti que moi, ça aurait été indécent de ma part de me mettre en avant. Dans cette période, je me suis appliqué à rester auprès de mes équipes, à les rassurer. À prendre les bonnes mesures au bon moment pour pouvoir leur dire : "On va s’en sortir, on sera au rendez-vous, on va repartir ensemble." J’ai gardé un seul objectif en tête : être prêt. Que la qualité soit immédiatement au rendez-vous, dans chaque établissement qu’on rouvre. midilibre.fr, Pierre Gagnaire rouvre sa table nîmoise : "Ceux qui ont un déficit de notoriété vont morfler" - midilibre.fr
  • Selon les témoignages, ce 15 juin dans un champ de cacao, Emmanuel était en plein d'exercice de décollage pour le septième ciel lorsque sa nièce s'est mise à gémir bruyamment. Il n’aura jamais le temps de profiter des bons et longs moments avec sa dulcinée car, il sera surpris par quelques agriculteurs qui passaient non loin de leur lieu de plaisir qui n'était d'autre qu'un champ de cacao. camer.be, CAMEROUN :: Trahi par des gémissements, les passants découvrent un couple en plein ébats :: CAMEROON
  • Je ne veux ni gémir sur le passé qui n'est plus, ni rêver follement de l'avenir qui n'est pas. Le devoir de l'homme se concentre sur un point, l'action du moment présent. De Cardinal Mercier , 
  • Gémir, pleurer, prier, est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler, Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. Alfred, comte de Vigny, Les Destinées, la Mort du loup
  • Quand les vieillards croient gémir sur leur temps, ils se trompent ; ils ne gémissent que sur leur âge. De Victor Hugo / Faits et croyances , 
  • Ne pas prévoir, c'est déjà gémir. De Léonard de Vinci , 
  • Il faut gémir, mais en cadence. De Jules Renard / Journal , 

Traductions du mot « gémir »

Langue Traduction
Anglais moan
Espagnol gemido
Italien gemito
Allemand stöhnen
Chinois 呻吟
Arabe تأوه
Portugais gemido
Russe стон
Japonais うめき声
Basque gimen
Corse gemite
Source : Google Translate API

Synonymes de « gémir »

Source : synonymes de gémir sur lebonsynonyme.fr

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Gémir

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