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Galoper

Définitions de « galoper »

Trésor de la Langue Française informatisé

GALOPER, verbe

I. − Emploi intrans.
A. − ÉQUITATION
1. [Le suj. désigne un cheval] Aller le galop. Le cheval porte Raimondin, à sa guise. Sans qu'il lui tire la bride ou le conduise, Le cheval galope à travers la boulaie (Moréas, Cantil.,1886, p. 228).Son demi-sang se faisait prier et galopait de trois-quarts, en présentant la hanche (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 184) :
1. ... il paraît, que, lorsque grand-père m'eut installé à califourchon sur le dos de l'animal, un fougueux alezan, et qu'il eut fait claquer son fouet, je ne tombai point de cheval et je réussis à m'agripper je ne sais comment à la crinière de la bête qui galopait ventre à terre. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 219.
P. anal. [Le suj. désigne un animal autre que le cheval] Courir rapidement. Vous vous portez dans le vide tandis que l'éléphant galope (Maurois, Silences Bramble,1918, p. 64).Dans le grenier voisin, des rats galopaient avec un bruit flasque (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 651).
[Le suj. désigne une chose] Se déplacer comme un cheval au galop. Ses chars de guerre qui lui galopaient sur les talons (Nizan, Conspir.,1938, p. 41).
2. P. méton. [Le suj. désigne une pers.] Monter un cheval qui va au galop. Un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 41).Frémissant, il sauta sur son cheval, il galopa, afin de rentrer plus vite à Rognes (Zola, Terre,1887, p. 443).Damien monte à cru sur le cheval, galope jusqu'au bourg (Pourrat, Gaspard,1925, p. 119).
B. − P. anal. et au fig.
1. [Le suj. désigne une pers.; fréquemment avec un compl. de lieu]
a) Se déplacer très vite, courir (rapidement). Un mineur, un vieux, trompant la surveillance, galopa jusqu'à la baraque (Zola, Germinal,1885, p. 1545).Le long du convoi à l'arrêt, un employé galopait, repoussait bruyamment les portières des wagons (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 1, p. 96) :
2. Avant qu'elles soient tout près de la porte, je me précipite au-dehors au milieu d'une folle partie de loup en criant : « Je joue! » comme je crierais « au feu! » et, jusqu'à l'heure où l'on sonne la rentrée, je m'essouffle et je galope, poursuivie et poursuivante, me retenant de penser le plus que je peux. Colette, Cl. école,1900, p. 52.
P. métaph. Le rêve, où je galope, avec des éclats de rire, dans toutes les chambres de mon cerveau (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1911, p. 299).
P. méton. [Le suj. désigne une partie du corps, un instrument] Mes doigts souillés d'encre galopaient sur le papier bleu (Duhamel, Confess. min.,1920, p. 190).Avec une impatience vorace, sa plume, déjà, galope sur le papier (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 696).
Au fig. Galoper après qqc./qqn. Rechercher ardemment. Cf. Dub.
b) Spéc. [Au xixes.] Danser le galop (v. ce mot B 3 a). Desboulleaux se promet de risquer un second galop, s'il trouve une danseuse qui consente à galoper avec lui (Kock, Zizine,1836, p. 31).
2. [Le suj. désigne une chose]
a) P. anal. Aller rapidement. Au centre de longues avenues de chênes où galopait le vent (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Réveillon, 1882, p. 49).Le bruit du choc galope à travers l'eau qui marche (Romains, Vie unan.,1908, p. 103).
b) Au fig. S'emballer, s'exalter. Elle a laissé ma colère galoper (Duhamel, Maîtres,1937, p. 75).Laisser galoper votre imagination (Abellio, Pacifiques,1946, p. 71).
II. − Emploi trans.
A. − [Le suj. désigne un cheval]
1. [Le compl. désigne l'espace parcouru] Aller le galop dans, à travers. Un corps de femme, emporté sur la croupe d'un animal galopant l'espace (Goncourt, Journal,1891, p. 39).Les bourrins galopent la rue des Martyrs (Céline, Mort à crédit,1936, p. 55).
2. [Avec un compl. d'obj. interne] Effectuer (un galop). Elle galope deux sauts de galop vers la ferme, elle coule vers la ferme dans toute sa crinière échevelée (Giono, Gd troupeau,1931, p. 251).
B. − [Le suj. désigne une pers.]
1. [Le compl. désigne un animal] Faire galoper un cheval. Il se détermine enfin à monter lui-même mon cheval turcoman, il le galope à travers la plaine (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 27).
P. anal. Je reste là à galoper sur place ma chaise devant la glace (Claudel, Soulier,1944, 1repart., 2ejournée, 1, p. 995).
2. Au fig., fam., vieilli. [Le compl. désigne une chose] Exécuter, réaliser très rapidement et sans beaucoup d'application. Comme on m'a dit qu'un navire partait demain pour l'Europe, je galope toutes mes dépêches (Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 212).Je vous galope ces quatre lignes (Hugo, Corresp.,1855, p. 224) :
3. ... elle en prenait son parti, allait s'asseoir au piano, d'un petit air décidé, et galopait son rondo, à la diable, bredouillant des passages, à d'autres pataugeant, s'interrompant, tournant la tête, disant avec un sourire : − Ah! je ne me souviens plus... Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 841.
Au part. passé. Il est reçu par elle comme un lavement et n'obtient que deux mots galopés qui prouvent que je suis très-cuit (Bloy, Journal,1903, p. 156).On songeait à la peinture hâtive et galopée de notre temps (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903p. 293).Ça ne ressemblait pas du tout (...) aux petits sermons galopés des vicaires (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 243).
3. Arg. vx. [Le compl. désigne une pers.] Galoper une femme. ,,Lui faire une cour assidue et pressante`` (France 1907).
C. − Au fig., fam. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Tourmenter, presser très vivement. C'est la faim qui les galope, dit Prosper (Zola, Débâcle,1892, p. 431).Malgré la terreur qui le galopait, il se pencha, fasciné, sur ce trou (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 191).Les mains du malade se crispent sur les draps. La peur le galope (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1253).
Au part. passé. Dans la nuit, il fut pris d'une sacrée toux; il était très rouge, galopé par une fièvre de cheval (Zola, Assommoir,1877, p. 696).
REM. 1.
Galopailler, verbe intrans.,rare. ,,Prendre inopinément le galop, généralement pour de courtes périodes`` (St-Riquier-Delp. 1975). Un petit cheval andalou (...) aux mêmes piaffements précieux que la Jaca que je monte ici, qui jamais ne trotte mais galopaille (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 653).
2.
Galope-chopine, subst. masc.,pop., vx. Celui qui se présente dans les bars pour se faire offrir à boire. Il faudrait un thérapeute plus idoine que le galope-chopine qui lui sert d'époux (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 261).Les blasphèmes des galope-chopines de l'extrême-gauche (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 56).
3.
Galopée, subst. fém.,rare. Course précipitée. La galopée des mâles (Zola, Terre,1887, p. 482).Arg. ,,Travail hâtif`` (France 1907).
4.
Galopement, subst. masc.,rare. Action de galoper. Le galopement éperdu des cavaliers (Claudel, Tête d'Or,1901, 2epart., p. 214).
Prononc. et Orth. : [galɔpe], (il) galope [galɔp]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. ca 1140 gualoper « aller le galop » (Gaimar, Histoire des Anglais, éd. A. Bell, 4005); 2. xiiies. [ms.] galoper « courir rapidement » (Renart, éd. E. Martin, branche Ib, 2600); 3. 1655 « faire quelque chose avec précipitation » (Sévigné, Lettre, 19 juillet, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 31); 4. 1830 « danser le galop » (Journ. des Dames et des Modes, 25 févr., 81 ds Fr. Mod. t. 15, p. 135). B. Trans. 1160-74 galoper « faire galoper (un cheval) » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 10973). C. Part. prés. 1. adj. 1832 (phtisie) galopante (Raymond); 2. subst. 1845 galopante « phtisie » (Besch.). Soit, d'apr. FEW t. 17, p. 485b, de l'a. b. frq. *wala hlaupan, composé de *wala « bien », que l'on retrouve dans des mots comme galant*, galvauder*, galibot*,... et de *hlaupan « sauter, courir », cf. got. us-hlaupan « bondir »; a. h. all. *hlaufan, hlaufôn « courir »; m. h. all. loufen; all. laufen « id. ». Soit, d'apr. Knobloch, dér. de galop* (de *wahlaup); dés. -er. Au sens de « danser le galop », dér. de galop* « danse au mouvement très vif »; dés. -er. Au sens de « phtisie galopante », adaptation de l'angl. galloping consumption (1674 ds NED). Fréq. abs. littér. : 728. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 557, b) 1 317; xxes. : a) 1 674, b) 905. Bbg. Quem. DDL t. 2, 12.

Wiktionnaire

Verbe - français

galoper \ɡa.lɔ.pe\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Aller le galop.
    • Un cheval qui galope bien, qui galope sur le bon pied.
  2. (Par extension) Être sur une monture, dans un attelage qui va le galop.
    • Nous admirions des choses nouvelles […] Des cavaliers à burnous flottant galopaient sur des chevaux merveilleux. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, p. 112)
  3. (Figuré) (Familier) Faire beaucoup de démarches, courir beaucoup pour quelque affaire.
    • Il a galopé par tout Paris pour cette affaire.
  4. (Populaire) Marcher, parler ou lire avec précipitation.
    • Pourquoi galoper ainsi ? Lisez plus posément.

galoper transitif

  1. (Rare) Faire courir au galop, en parlant du cheval.
    • On le citait partout et en toutes occasions, soit qu’il galopât son cob irlandais, le matin au Bois ; soit qu’il menât son attelage russe, l’après-midi […] — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Gavinard)
  2. (Figuré) Tourmenter violemment.
    • Les deux mâtins le galopèrent, tandis que Friquette, attachée à son camarade, lui faisait sentir sa dent aiguë. — (Nicolas Rétif de la Bretonne, Monsieur Nicolas, 1796), bibliothèque de la Pléiade, Tome 1, p. 100.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GALOPER. v. intr.
Aller le galop. Un cheval qui galope bien, qui galope sur le bon pied. Par extension, Nous avons galopé tout le temps du voyage. Il signifie, figurément et familièrement, Faire beaucoup de démarches, courir beaucoup pour quelque affaire. Il a galopé par tout Paris pour cette affaire. Il se dit aussi, très familièrement, d'une Personne qui marche, qui parle ou qui lit avec précipitation. Pourquoi galoper ainsi? lisez plus posément.

Littré (1872-1877)

GALOPER (ga-lo-pé)
  • 1 V. n. Aller le galop. Ce cheval galope bien. Un cheval écossais qu'il avait emmené avec lui, et qui, comme les chevaux de ce pays, galopait en gravissant les hauteurs, Staël, Corinne, I, 2.

    Un cheval galope sur le bon pied quand il lève la jambe droite de devant la première ; sur le mauvais pied, quand il lève le pied gauche de devant le premier ; il galope près du tapis quand il lève très peu les jambes de devant en galopant. Il serait bon d'exercer les chevaux à galoper alternativement sur le pied gauche aussi bien que sur le droit, Buffon, Quadr. t. I, p. 36, dans POUGENS.

  • 2Il se dit du cavalier. C'est un apprenti cavalier, il ne galope pas encore. Je ne doutais pas qu'elles n'y eussent été, et qu'elles ne fussent de ces dames que j'avais vues galoper de si bonne grâce, Voltaire, Mél. litt. à M***, 1727.

    Fig. Le chagrin monte en croupe et galope avec lui, Boileau, Ép. v.

  • 3 Familièrement. Courir de côté et d'autre. Il a galopé toute la matinée.

    Faire beaucoup de démarches pour une affaire. Il a galopé par tout Paris pour cette affaire.

  • 4Marcher d'un pas très rapide. Comme vous galopez ! je ne peux vous suivre.

    Fig. Je vois déjà comme le temps galopera, Sévigné, 123.

    Faire à la hâte. Lisez plus posément, et ne galopez pas ainsi. Je vous fis une petite lettre en galopant, Sévigné, 19 juillet 1655.

  • 5 Terme de danse. Danser le galop.
  • 6 V. a. Mettre, faire aller au galop. On apprit à Chambord la mort de l'abbé de Saint-Luc, qui se tua en galopant un cheval qui le jeta à terre, Dangeau, I, 58, 5 oct. 1684. Comme leurs juments sont pleines, ils n'ont jamais voulu les galoper, Dancourt, Maison de camp. sc. 29.
  • 7 Fig. et familièrement. Poursuivre quelqu'un. Les gendarmes l'ont galopé.

    Particulièrement. Se rendre assidu dans tous les lieux où l'on peut voir quelqu'un, où l'on peut lui parler. Nous le galopons depuis longtemps sans pouvoir l'atteindre.

  • 8 Fig. et familièrement. Galoper une femme, lui faire une cour pressante. Tandis que le duc, après avoir eu les faveurs ou mérité le refus de toutes les coquettes d'Angleterre, galope vos filles d'honneur l'une après l'autre, Hamilton, Gramm. 10. …Un marquis de même caractère, Grand épouseur aussi, la galope et la flaire, Regnard, le Joueur, I, 6.
  • 9 Fig. et familièrement. Il se dit de ce qui tourmente avec intensité. La fièvre le galope. La peur le galope. Il n'est rien que nous ne fassions Pour éviter l'ennui qui nous galope, Dorat, dans LAHARPE, Correspond. t. III, p. 15, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIIe s. Et cil respondent : à vostre volenté ; Lors s'est li Turs vers Bernier galopés ; Quant il vint près, si s'est haus escriés…, Raoul de C. 271.

XVIe s. Tous deux le galopperent de telle façon d'injures et de pouilles, qu'il eust voulu estre mort, Carloix, III, 13. Qu'on face des tournois, qu'on sorte en la campaigne, Qu'en armes on galope un beau genest d'Espaigne…, Ronsard, 708.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « galoper »

Prov. galaupar ; espagn. et portug. galopar ; ital. galoppare ; du germanique : goth. hlaupan, courir ; haut-allem. gahlaufan ; anglo-sax. gehleafan ; allem. mod. laufen ; la syllabe gah ou geh ou ge est un préfixe qui, en composition, a même sens que σὺν et le latin cum. Le provençal a conservé la diphthongue germanique au.

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(Vers 1135) Probablement du vieux-francique *walah-hlaupan (allemand wohl laufen et néerlandais wel lopen), littéralement « bien courir », romanisé en *(g)wa(la)loppāre.
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Phonétique du mot « galoper »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
galoper galɔpe

Fréquence d'apparition du mot « galoper » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « galoper »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « galoper »

  • Insomnie. Singulier état où l'acuité des sens s'accroît, où les souvenirs s'accumulent jusqu'à devenir parfois intolérables, où le temps qui s'écoule pourtant au ralenti permet à la pensée de galoper follement.
    Yvette Naubert — Les Pierrefendre
  • Les chercheurs ne sont pas certains de savoir pourquoi seuls les crocodiles semblent capables de pouvoir galoper. Néanmoins, il a été remarqué qu’en cas de danger, ces reptiles avaient tendance à prendre la fuite.
    Sciencepost — VIDÉO : de nombreux crocodiles sont capables de galoper !
  • Le président américain s'en est pris avec virulence mardi à l'université de Harvard, dont il a qualifié de « ridicule » la décision de dispenser ses cours en ligne à la rentrée en raison de l'épidémie de Covid-19. Les contaminations continuent à galoper dans plusieurs Etats américains.
    Les Echos — Coronavirus : Trump met la pression sur les écoles et les universités pour la rentrée | Les Echos

Traductions du mot « galoper »

Langue Traduction
Anglais gallop
Espagnol galope
Italien galoppo
Allemand galopp
Chinois 驰骋
Arabe عدو
Portugais galope
Russe галопом
Japonais ギャロップ
Basque lauhazka
Corse galoppu
Source : Google Translate API

Synonymes de « galoper »

Source : synonymes de galoper sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « galoper »

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Galoper

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