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Fumer

Définitions de « fumer »

Trésor de la Langue Française informatisé

FUMER1, verbe.

I.− Emploi intrans.
A.− Qqc. fume
1. Dégager de la fumée.
a) [Le suj. désigne un corps en combustion] Le bois mouillé fume, les cendres fument dans le foyer. Après avoir ranimé mon feu dont les tisons fumaient encore, je m'établis à rêver (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 291).L'encens fume dans le temple, la lumière brille sur l'autel (Lacord., Conf. N.-D.,1848, p. 244).
b) [Le suj. désigne le réceptable où a lieu la combustion, ou le conduit destiné à l'évacuation de la fumée] Cheminée, cassolette, bouche d'un canon, (cratère d'un) volcan qui fume. Des toits rouges luisaient, les hautes cheminées de la manutention fumaient avec lenteur (Zola, Page amour,1878, p. 851).Nuit et jour on voyait fumer légèrement le Vésuve, et la mer réfléchir ses flammes et son ombre (Maurois, Ariel,1923, p. 257).
[P. méton. du suj.] Toit, maison qui fume. Je devinais un hameau, des chaumières qui fumaient (France, Pt Pierre,1918, p. 269):
1. De Micolombe, on aperçoit Théotime au milieu des blés, comme un îlot entouré de grands arbres, où rien ne bouge, mais qui, le soir, fume doucement. Le mas Théotime fumait. Bosco, Mas Théot.,1945, p. 40.
2. En partic.
a) [Le suj. désigne une cheminée ou un appareil de chauffage] Renvoyer la fumée à l'intérieur d'une pièce en raison d'un mauvais tirage. Je n'avais pas de feu parce que ma cheminée fumait (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Verrou, 1882, p. 817):
2. ... le poêle n'est pas extrêmement brillant. Quand le vent souffle du sud, ce maudit poêle fume toujours. Il faudra que je fasse poser un chapeau de zinc au-dessus de la cheminée. Arland, Ordre,1929, p. 533.
b) [Le suj. désigne un moyen d'éclairage] Dégager exagérément de la fumée. Synon. filer.Le rat de cave, qui fumait plus qu'il n'éclairait (Hugo, Misér.,t. 2, 1842, p. 162).Le vent chaud, arrivant par la porte, faisait fumer le quinquet (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 145).
3. P. anal. [Le suj. désigne un corps humide plus chaud que l'air ambiant] Exhaler de la vapeur.
a) [Le suj. désigne un animé] Tout haletant, il descendit de cheval (...) Trilby (...) était couvert d'écume et (...) fumait comme une étuve (Feuillet, Camors,1867, p. 159).
Fumer de.Heureux l'homme des champs qui fume de sueur : Il est beau comme Adam à son premier labeur (Ch. Guérin, Cœur solit.,1904, p. 172).
b) [Le suj. désigne un inanimé] La mécanique, bourrée de coke, entretenait là une chaleur de baignoire; les linges fumaient, on se serait cru en plein été (Zola, Assommoir,1877, p. 453).La terre, gorgée d'eau, fume, et les ornières, pleines de pluie, reflètent un azur trouble (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 261).
Poét. Le sang fume encore. Le souvenir du meurtre reste vivace. Sache que le sang répandu de ta main fume encore dans cette ville. Sur la demeure de la victime planent des esprits vengeurs, qui guettent le retour du meurtrier (Nerval, Faust,1840, 2epart., p. 179).
Spécialement
[Le suj. désigne un liquide ou un aliment chaud ou p. méton. son contenant] Le dîner de midi était servi. La soupière fumait entre le rosbeef et le gigot de mouton (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868p. 68).La soupe aux pois fumait déjà dans les assiettes (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 61).
[Le suj. désigne une substance volatile] Émettre des vapeurs au contact de l'air. Neige carbonique qui fume. De la chaux qui fumait dans un trou carré (Hugo, Misér.,t. 1, 1842, p. 366).
4. Littéraire
a) S'élever comme la fumée. Les tourbillons de poussière qu'on voit fumer au loin, sur les grandes routes blanches, et qui annoncent que la bourrasque vient (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1272).
b) Fumer de poussière. Dégager de la poussière. Les maisons fumaient de poussière comme si elles s'écroulaient dans leurs gravats (Giono, Gd troupeau,1931, p. 14).
B.− Au fig. Qqc./qqn fume
1. Être le siège d'une excitation (provoquée par l'ivresse la colère, etc.). Le vin qu'ils avaient bu leur chauffait le sang et faisait fumer leur cerveau (France, Contes Tournebroche,1908, p. 5).
Fumer de.À cet égard du moins, il [Jean-Jacques] pouvait sans scrupule et sans crainte se montrer tel qu'il était. Sa tête fumait de projets, et ni la fièvre ni la curiosité ne lui manquaient pour devenir l'un de ces nouveaux polygraphes philosophes qui en cinquante ans allaient changer la vie (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 157).
2. Pop. Éprouver une grande colère, un violent dépit. Synon. pester, rager.Il fait les villes que nous avons déjà faites et y laisse des plumes. C'est ce qui a dû le faire fumer et l'inciter à nous tirer dans les pattes (Vialar, Zingari,1959, p. 178).
Fumer de.Oui, les voisins en fumaient! criait Coupeau. Pourquoi donc se serait-on caché? La société, lancée, n'avait plus honte de se montrer à table; au contraire, ça la flattait et l'échauffait, ce monde attroupé, béant de gourmandise (Zola, Assommoir,1877, p. 581).
3. Pop. Ça va fumer. [Pour exprimer une menace ou une appréhension] Synon. ça va barder.Mais j'attends ma revanche. Je dirai aux juges ma façon de penser. Nom de Dieu, ça va fumer (Aymé, Uranus,1948, p. 155).
II.− Emploi trans.
A.− Exposer à la fumée.
1. Exposer (un aliment) à l'action de la fumée pour le faire sécher et le conserver. Synon. boucaner, saurer.Nab employait presque tout son temps à saler ou à fumer des viandes, ce qui lui assurait des conserves excellentes (Verne, Île myst.,1874, p. 180).Ils tâchèrent, par économie, de fumer des jambons (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 53).
Emploi pronom. à valeur passive. Toute viande grillée est de haut goût, parce qu'elle se fume en partie (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 259).Contre le mur d'argile, sous le toit de branchage, le porc se fumait lentement au feu clair des feuilles sèches, ramassées quand arrivent les grues (Flaub., Tentation,1856, p. 625).
P. métaph. J'ai le cœur racorni et fumé par les noces, je ne suis bon à rien (Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 30).
2. Fumer de l'argent. Lui donner une teinte d'or en le soumettant à l'action de fumées spéciales. (Ds Ac. 1932).
3. Fumer un renard. L'enfumer dans son terrier pour l'obliger à en sortir. (Ds Ac. 1932, Rob.).
B.− [L'obj. désigne du tabac ou une autre substance]
1. [L'action est ponctuelle] Faire brûler en aspirant la fumée par la bouche. Fumer du haschisch, une cigarette, un cigare; fumer cigarette sur cigarette; fumer un paquet par jour. Synon. vx ou plais. pétuner.Elle, au-dessus de cette ménagerie, étendue langoureusement sur un divan sale, se dépite et fume des cigarettes (Taine, Notes Paris,1867, p. 244).Dieu! qu'elle avait été mauvaise cette pipe, la première fois qu'il l'avait fumée (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 101).
Emploi abs. Allumant leurs longues pipes, ils fumaient en silence et regardaient la fumée de leurs chibouks monter en légères colonnes bleues (Lamart., Destinées poés.,1834, p. 391).Le voilà qui tire de quoi fumer et qui commence à rouler une cigarette (Gide, Journal,1914, p. 503).
Emploi pronom. à sens passif :
3. ... un cigare qui se fume mal, vous êtes là à le travailler, à tout moment il faut porter le bras à la bouche, ça vous tracasse la main : au lieu qu'un bon cigare (...) c'est apaisant, ça vous met les nerfs en bon état... Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 268.
2. [L'action est habituelle]
a) [Suivi d'un compl. d'obj.] Consommer habituellement (du tabac ou une autre substance, sous forme de). Fumer des blondes; fumer la cigarette, la pipe. − Tu ne fumes plus le kief? lui demandai-je sûr de sa réponse. − Non, me dit-il. À présent, je bois de l'absinthe (Gide, Si le grain,1924, p. 595).
b) Emploi abs. Fumer beaucoup, comme un pompier. Le docteur Lambrou, le médecin d'ici, m'a conseillé de moins fumer, afin de diminuer mon irritabilité nerveuse (Flaub., Corresp.,1872, p. 396).Elle n'a pas nos principes, malheureusement; par exemple, elle fume comme un sapeur (Mauriac, T. Desqueyroux,1927, p. 191).
REM. 1.
Fumailler, verbe.a) Emploi intrans. Dégager un peu de fumée. Le notaire était assis au coin d'un feu où fumaillait un restant de tison (Sue, Myst. Paris,t. 7, 1843, p. 144).b) Emploi trans. Fumer (du tabac) machinalement ou négligemment. Les vieillards désengourdis cessèrent un moment de fumailler leurs petites pipes (Richepin, Miarka,1883, p. 9).Emploi abs. Au milieu de ma toilette, je me prenais à fumailler, à ouvrir un livre. Je m'enfonçais dans un angle du canapé et je rêvassais indéfiniment (Duhamel, Confess. min.,1920, p. 83).
2.
Fumaillon, subst. masc.rare. Fumeur d'occasion, petit fumeur. Vous n'êtes qu'un fumaillon, l'abbé! (Bruant, 1901, p. 235).
3.
Fumasser, verbe,hapax. Synon. de fumailler b, en emploi abs.Nous étions là, cinq ou six devant la porte à fumasser (Genevoix, Seuil guitounes,1918, p. 188).
4.
Fumeler, verbe intrans.,hapax. Synon. de fumailler a.Vers le plat d'argent où fumèlent les tasses transparentes (Adam ds Plowert1888).
5.
Fumot(t)er,(Fumoter, Fumotter) verbe intrans.,rare. Synon. de fumailler.a) Emploi intrans. Quelques remorqueurs (...) sommeillent et fumotent, attendant leur heure (Arnoux, Rhône,1944, p. 183).b) Emploi abs. [L'éleveur] avait allumé sa petite pipe (...) et il fumottait en somnolant (Richepin, Miarka,1883, p. 260).
6.
Fumable, adj.Qui peut être fumé. (Dict. xixeet xxes.).
Prononc. et Orth. : [fyme], (il) fume [fym]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début xiies. « dégager de la fumée, de la vapeur » (S. Brendan, 1109 ds T.-L.); 2. 1178 « laisser passer la fumée » (Renart, éd. M. Roques, 13119 : Et vit la cuisine fumer Ou il ot fait feu alumer); 3. fin xives. « s'exciter, s'irriter » [jeu de mot avec Fumée, nom d'un royaume imaginaire] (E. Deschamps, Œuvres complètes, éd. Queux de St Hilaire et G. Raynaud, t. 7, p. 333); 1456-67 se fumer « se mettre en colère » (Cent Nouvelles nouvelles, éd. F. P. Sweetser, XLI, 116, p. 281); 4. 1565 « enfumer » (Béreau, Eglogue, 2 ds Hug.); 1611 « exposer à la fumée (une denrée) » (Cotgr.); 1724 p. anal. verres fumés [pour observer l'éclipse de soleil] (Mém. de Trévoux, août ds Trév. 1752); 5. 1664 « faire brûler du tabac (ou autre matière) en aspirant la fumée » (J. de Thevenot, Relation d'un voyage au Levant ds Z. Vergl. Sprachforsch. t. 55, p. 148). Du lat. class. fumare « exhaler de la fumée, de la vapeur ». Fréq. abs. littér. : 2 888. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 277, b) 6 104; xxes. : a) 4 834, b) 4 160. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 97 (s.v. fumaillon).

FUMER2, verbe trans.

Épandre et enfouir du fumier ou un autre engrais dans un champ pour l'amender. C'était un voisin, maître Osime Favet, le maire, qui s'en allait fumer ses terres, assis, les jambes pendantes, sur le tombereau d'engrais (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Vieux, 1884, p. 134).Des terres si fertiles, qu'au lieu de les fumer, il fallait les épuiser par une moisson préparatoire (Zola, Terre,1887, p. 468).
Au part. passé en emploi adj. Le maïs est une plante vorace. Il demande une terre grasse abondamment fumée (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 190).
Prononc. et Orth. Cf. fumer1. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 femer le fiens « (d'un animal) faire du fumier » (M. de France, Fables, 84, 13 ds T.-L.); 2. ca 1200 « répandre du fumier sur une terre » (Escoufle, 6811, ibid. : un camp femé). Du lat. vulg. *femare, dér. de femus, v. fumier; -e- > -ü- prob. par attraction des 2 consonnes labiales environnantes, v. Fouché, p. 451, 5oa; cf. lat. médiév. fimare « fumer la terre » 801-813 ds Nierm. Bbg. Gohin 1903, p. 375.

Wiktionnaire

Verbe 2 - français

fumer \fy.me\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Agriculture) Amender une terre en y épandant du fumier ou des produits chimiques.
    • Fumer un champ.
    • Fumer une vigne.
    • Terres bien fumées.
    • Au Haras comment pouvait-elle supporter l’odeur du crottin ? Quand les étalons passaient devant chez nous ils en couvraient la rue. Je courais le ramasser avec une pelle pour fumer nos tomates. — (Paul Guth, Le mariage du Naïf, 1957, réédition Le Livre de Poche, page 99)

Verbe 1 - français

fumer \fy.me\ intransitif ou transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Jeter de la fumée.
    • Eh bien, Long, c’est exactement la même chose pour les volcans. Ils ne fument pas toujours. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
  2. Exhaler de la vapeur, en parlant d’un corps très chaud.
    • Un potage qui fume.
    • Un plat qui fume.
    • Ce cheval a couru, il s’est échauffé, il fume.
    • Les carcasses de tôle fumaient, les plaies des corps aussi. — (Sylvain Tesson, Une vie à coucher dehors, Gallimard (collection Folio), 2009, page 29)
  3. (Figuré) (Populaire) Avoir de la colère, du dépit, de l’impatience, etc.
    • Il fume, mais il n’ose rien dire.
    • Mais quand ce pauvre type malade retrouve assez de sens pour s’apercevoir qu’il a été refait sur tous les tableaux, j’ai idée qu’elle doit fumer un brin. Après ça, elle se met à haïr ce type comme son plus mauvais souvenir. — (Peter Cheyney, Les femmes s’en balancent, traduction de Michelle et Boris Vian, Gallimard, 1949, page 227)
  4. (Transitif) Soumettre des viandes à l’action de la fumée plus ou moins longtemps, pour les sécher et les conserver.
    • Les chasseurs abattirent un grand nombre de ces animaux, […]. C’est par centaines qu’on les prépara en les fumant, […]. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
    • En 2007, il s’est installé dans les murs de l’une des plus illustres saurisseries de Boulogne-sur-Mer pour fumer ses harengs dans des coresses, ces fours à bois qui ressemblent à de hautes armoires et où le poisson prend cette saveur et cet aspect inimitables que procure le lent fumage à l’ancienne-vingt-quatre à quarante-huit heures). — (Jacky Durand, La nuit où le hareng sort, dans Libération (journal) du 29 novembre 2010, pages 30-31)
  5. Forcer un animal dans son terrier qu’on remplit de fumée; enfumer.
    • Fumer un renard.
  6. (Vieilli) Donner une teinte d’or à de l’argent, en l’exposant à la fumée de certaines substances.
  7. Faire brûler du tabac ou une autre substance, en aspirant par la bouche.
    Fumer une cigarette. (7)
    • Connaissez-vous Turinaz ? me demanda […] le père Milot, le cordonnier de Longeverne, tandis que je fumais une pipe près de sa banchette en le regardant tirer le ligneul. — (Louis Pergaud, Un point d’Histoire, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Il siégeait, au fond, sur une banquette, et fumait un cigare. Une indéniable sérénité se reflétait sur ses traits. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • (Absolument)Les chasseurs, après avoir soupé de bon appétit, allumèrent leurs pipes, et […] ils fumèrent avec cette béatitude de gens qui après une longue et pénible journée savourent un instant de repos, […]. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • (Absolument)Ah ! les missionnaires, bien sûr. J’en ai eu un aussi dans ma famille. Il était allé jusqu’en Chine, c’est vous dire. Mais il s’était mis à fumer, à fumer ! Que de fois je lui ai dit : « Auguste, est-ce que tu donnes un bon exemple ! » Il riait. Il riait, mais il est mort de cela ; un mal dans la gorge. » — (Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, pages 205-206)
    • (Absolument)« Tu veux une cigarette ? me dit-il changeant brusquement de tactique.
      — Non, je ne fume pas et je vous demande de me vouvoyer. » — (Henri Alleg,
      La Question, 1957)
  8. (Figuré) (Familier) Passer à tabac, frapper.
    • Je vais te fumer derrière les cyprès. — (IAM, Je danse le Mia, 1993)
  9. (Figuré) (Familier) Battre quelqu'un de manière très nette.
    • À la course, je t’ai fumé ! Tu étais cent mètres derrière moi.
  10. (Figuré) (Familier) Ruiner.
    • On se fait un petit poker ? J’ai une folle envie de te fumer !
  11. (Argot) Tuer avec une arme à feu.
    • Donne juste un pascal pour fumer Jean-Pascal — (Seth Gueko feat. Sefyu, Patate de forain, sur le street album Barillet plein, 2005.)
  12. Se dit en parlant d’une cheminée lorsque la fumée, au lieu de sortir par le tuyau de la cheminée, se rabat et entre dans la pièce où se trouve le foyer.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FUMER. v. intr.
Jeter de la fumée. Le volcan fumait encore. L'encens fumait sur les autels. Ce bois n'est pas sec, il fume beaucoup. Cette cheminée fume, se dit lorsque la fumée, au lieu de sortir par le tuyau de la cheminée, se rabat et entre dans la pièce où se trouve le foyer. Empêcher une cheminée de fumer. On dit quelquefois impersonnellement Il fume dans cette chambre. Poétiq., Faire fumer les autels, Y brûler de l'encens, y offrir des sacrifices à la divinité. Il ne se dit guère qu'en parlant du Culte païen. Il signifie encore Exhaler de la vapeur, en parlant d'un Liquide bouillant, d'un mets très chaud. Un potage qui fume. Par extension, Un plat qui fume. Par analogie, Ce cheval a couru, il s'est échauffé, il fume. Fig. et dans le style relevé, Son sang fume encore, se dit de Quelqu'un qui est mort récemment d'une mort violente. Il signifie quelquefois, figurément et populairement, Avoir de la colère, du dépit, de l'impatience, etc. Il fume, mais il n'ose rien dire. Je l'ai fait fumer. Il s'emploie également comme verbe transitif, et alors il signifie Soumettre des viandes à l'action de la fumée plus ou moins longtemps, pour les sécher et les conserver. Fumer des langues, des jambons, du bœuf salé, des harengs. Fumer un renard, Le forcer dans son terrier qu'on remplit de fumée. Fumer de l'argent, Lui donner une teinte d'or en l'exposant à la fumée de certaines substances. Il signifie aussi Faire brûler du tabac ou quelque autre substance, en aspirant par la bouche. Fumer du tabac. Fumer un cigare, une cigarette. Fumer de l'opium. Absolument, Il a fumé toute la nuit. On lui permet de fumer. Défense de fumer. On dit par extension Fumer une pipe, sa pipe.

Littré (1872-1877)

FUMER (fu-mé) v. n.
  • 1Jeter de la fumée. Le bois n'est pas sec, il fume beaucoup. Le Vésuve avait fumé depuis quelques jours quand l'éruption commença. Ce corps pâle et sanglant auprès duquel fume encore la foudre qui l'a frappé [le boulet qui vient de le tuer], Fléchier, Turenne. Du salpêtre en fureur l'air s'échauffe et s'allume, Et des coups redoublés tout le rivage fume, Boileau, Ép. IV. L'Olympe voit en paix fumer le mont Etna ; Zoïle contre Homère en vain se déchaîna, Piron, Métrom. III, 7. Allez, qu'un encens pur recommence à fumer, Voltaire, Sémir. III, 2.

    Cette cheminée fume, cette chambre fume, se dit quand la fumée, au lieu de sortir par le tuyau de la cheminée, se rabat et entre dans la chambre.

    Impersonnellement. Il fume dans cette chambre.

    Poétiquement. Faire fumer les autels, y brûler de l'encens, y offrir des sacrifices. Dans Rome les autels fumaient de sacrifices, Racine, Brit. IV, 2. Même aux pieds des autels que je faisais fumer, J'offrais tout à ce dieu que je n'osais nommer, Racine, Phèd. I, 3. Tous les temples ouverts fument en votre nom, Racine, Bérén. IV, 6. Faites fumer un doux encens en l'honneur de ce Dieu, Fénelon, Tél. v.

    Fig. Je vois ces autels où fuma l'encens de ses oraisons, Fléchier, Mme d'Aig.

  • 2 Par extension, exhaler une vapeur humide qui devient visible. Le marécage fume au lever du soleil. Ses naseaux fument. Ce cheval a couru, il fume. Le sang des victimes fumait de tous côtés, Fénelon, Tél. IX.

    Fig. Ce sang qui, tout versé, fume encor de courroux De se voir répandu pour d'autres que pour vous, Corneille, Cid, II, 9.

    Son sang fume encore, il y a peu de temps qu'il a été tué. Le sang de Henri le Grand fumait encore quand le parlement de Paris donna un arrêt qui établissait l'indépendance de la couronne comme une loi fondamentale, Voltaire, Pol. et législ. Traité sur la tol. Abus de l'intol.

    Ses cendres fument encore, il y a peu de temps qu'il est mort. Les cendres de tant de princes fument encore, Massillon, Or. fun. Madame.

    Fumer du sang, se dit du lieu où le sang est versé depuis peu. Sera-ce hors des murs, au milieu de ces places Qu'on voit fumer encor du sang des Curiaces ? Corneille, Hor. V, 3. Vous voyez que depuis tant d'années [de guerre] tous les fleuves sont teints, et que toutes les campagnes fument du sang chrétien, Bossuet, Panég. St Bernard, 2. Si de sang et de morts le ciel est affamé, Jamais de plus de sang ses autels n'ont fumé, Racine, Iphig. V, 2. Et la Crète fumant du sang du minotaure, Racine, Phèdre, I, 1. Ils craignaient de comparaître devant le parlement de Toulouse, dans une ville qui fumait encore du sang de Calas, Voltaire, Lett. Sudre, 6 févr. 1769.

  • 3 Fig. et populairement. Avoir du dépit, de l'impatience. Je l'ai fait fumer. Il fume, mais il n'ose témoigner son dépit.

    On dit souvent en ce sens : fumer sans pipe.

    La tête lui fume, il est fort en colère.

  • 4 V. a. Exposer à la fumée. Fumer des jambons.

    Fumer l'argent filé, lui donner le fumage.

    Terme de chasse. Fumer les renards, remplir de fumée le terrier des renards pour les en faire sortir et les prendre à la seule issue non bouchée.

    Terme de métallurgie. Fumer un four ou un fourneau, le sécher après qu'il a été reconstruit ou réparé.

  • 5Aspirer et rendre en fumée par la bouche. Fumer la pipe, le cigare. Fumer du camphre. L'auteur [Lopez de Gama] avoue que c'est là-dessus [de ce que les indigènes d'Amérique mangeaient des limaçons, des cigales, des sauterelles] qu'on fonda le droit qui rendait les Américains esclaves des Espagnols, outre qu'ils fumaient du tabac et qu'ils ne se faisaient pas la barbe à l'espagnole, Montesquieu, Esp. XV, 3.

    Fumer l'opium, opération qui se fait en introduisant un ou deux grains d'extrait d'opium dans une pipe qui ne ressemble en rien à notre pipe, brûlant de temps en temps cet extrait à une petite lampe qu'on a à côté de soi, et aspirant la fumée.

    Fumer sa pipe, se dit d'un symptôme qui se présente quelquefois dans les apoplexies : le malade, dont un côté de la face est paralysé, a ce côté gonflé passivement à chaque expiration ; mouvement qui a quelque ressemblance à celui d'un fumeur.

    Le Mont-Blanc fume sa pipe, dicton des Savoisiens qui expriment par là la vapeur que le sommet du Mont-Blanc paraît presque toujours exhaler, même dans les plus beaux temps.

    Fumer le calumet de la paix, voy. CALUMET.

    Voltaire a dit fumer le calumet de la guerre, pour déclarer la guerre ; nous ne savons si cela est fondé sur les coutumes des peuplades américaines du Nord. Nous ne fumâmes contre lui ni contre ses enfants le calumet de la guerre, Jenni, 7.

    Absolument, fumer, prendre du tabac en fumée. Il a fumé toute la nuit. Ils fumaient comme des dragons, Hamilton, Gram. 3.

  • 6Se fumer, v. réfl. Être exposé à la fumée. Mettre un jambon dans la cheminée pour qu'il se fume.
  • 7Être fumé. Le tabac se fume avec plaisir.

HISTORIQUE

XIIe s. Sire, encline tes ciels e descent, toche les monz, e il fumerunt, Liber psalm. p. 222. Ensi come li feus qui fume, Tant que la flame s'i est mise, Chev. au lyon, v. 1778.

XIIIe s. Lors s'en torna en un essart Droit devant le chastel Renart, Et vit la cuisine fumer, Où il ot fait feu alumer, Ren. 937.

XVe s. Si commença à soi fumer [enrager], et couleur changer, Louis XI, Nouv. XLI. Car au cuer ay telle amertume, Que de douleur tout mon cuer fume, la Resur. de N. S. Myst.

XVIe s. Et lors que plus jalousie se fume, Lors que Danger plus sa cholere allume, Et que Rapport plus se mect à blasmer, Lors se doit plus vraye amour enflammer, Marot, I, 349. Quand revoirai-je helas, de mon petit village, Fumer la cheminée, et en quelle saison Revoiray-je le clos de ma pauvre maison ? Du Bellay, J. VI, 11, verso. Ceux-cy [fourmis] trainent les grains trop pesans et trop gros, Ceux-là les vont poussant de l'espaule et du doz : Tout le chemin en fume, Du Bellay, J. VIII, 47, recto. Je me sens fumer en l'ame, parfois, aulcunes tentations d'ambition, Montaigne, IV, 132. Le peuple n'est point de retour dans ses maisons, la pluspart embrasées et encores fumantes, D'Aubigné, Hist. II, 252. Vachonniere solicité par les compagnons d'aller cercher de quoi faire fumer le pistollet…, D'Aubigné, ib. 285. Celuy qui veut prendre garde à la cholere du commencement, en voyant qu'elle commence à fumer et à s'allumer…, Amyot, Comment refrén. la colère, 7. Par toy d'un paisible labeur Le bœuf fume sous la charrue, Ronsard, 514.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. FUMER.
7Ajoutez : On dit aussi fumer pour se fumer, être fumé. Il ne suffit pas que les feuilles soient de bonne qualité et bien préparées, pour qu'un cigare fume bien… le cigare fume mal et devient mauvais, Monit. univ. 11 août 1867, p. 1099, 1re col.

REMARQUE

De fumer, au sens populaire d'avoir du dépit, de l'impatience, voici un exemple qui n'est pas du jour ; seulement alors on disait fumer une pipe. Ce qui a le plus fâché nos pitoyables et très comiques chevaliers, c'est qu'aucune de leurs belles n'ait été invitée ; ils ont fumé chacun une pipe plus longue que la pipe du père Duchêne, , L. du P. Duchêne, 203e lettre, p. 2. De la sorte, fumer, en ce sens, est une abréviation. On peut, de ce sens de fumer, rapprocher cet ancien couplet de vaudeville : Deux vieux époux sont deux tisons, Qui ne brûlent pas, mais qui fument.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

FUMER, voyez Fumée.

Fumer, (Chimie. Métallurgie.) faire fumer l’antimoine ; c’est fondre un régule d’antimoine tenant de l’or, & l’élever en fleur par le vent d’un soufflet. Dans la purification de l’or par l’antimoine, on se sert d’un creuset qu’on place au fourneau de fusion : ce demi-métal fondu se dissipe assez par l’action de l’air & du feu ; mais beaucoup plus vite, quand on y joint le vent d’un soufflet à main. L’artiste lui adapte pour lors un tuyau courbe, afin de n’être pas obligé d’avoir les bras continuellement levés, & de n’être pas incommodé par la chaleur. Il est aisé de concevoir que cette opération doit se faire à l’air libre, & que le bain doit être bien liquide. Au défaut d’un fourneau de fusion, on a recours à la forge, dont on anime le feu avec le gros soufflet, indépendamment du soufflet à main, dont on dirige toûjours le vent sur le bain. Au lieu d’un creuset, on peut encore employer un bon scorificatoire à fond plat, & l’opération en va plus vîte, parce que le bain a plus de contact avec l’air, en conséquence de sa plus grande étendue : mais la perte de l’or est plus considérable, surtout quand il est joint à une grande quantité d’antimoine. C’est ainsi qu’on sépare ce demi-métal de l’or : mais il n’est pas possible de dissiper le reste de la partie réguline, qu’en tenant le mélange long-tems dans un scorificatoire sur un feu vif, & le soufflant fortement ; à moins qu’on n’ait recours à la cémentation, ou qu’on ne fonde l’or avec le nitre & le borax. Cramer. Si on étoit tenté de retenir les fleurs d’antimoine, pour savoir si elles contiennent de l’or. on pourroit avoir recours à un appareil que donne Libavius, part. I. lib. III. pag. 279. Il consiste en un vaisseau elliptique, à chaque sommet duquel il y a un tuyau, l’un pour recevoir celui du soufflet, & l’autre pour conduire les fleurs dans un grand pot de terre placé à côté du fourneau. Ce pot est fermé d’un couvercle ; & le vaisseau elliptique qu’on couche dans le fourneau de fusion, a aussi une ouverture qu’on ferme encore exactement sans doute : on met des charbons ardens dessus & dessous. Libavius croit trouver des vestiges de la description de ce vaisseau dans Dioscoride : mais reste à savoir si cet appareil peut aller ; & s’il ne faut point quelque issue au pot de terre qui reçoit les fleurs, pour le jeu de l’air. Si l’on veut savoir en quel état est cette chaux d’antimoine, on peut consulter la section antimoine diaphorétique, à l’article Fondant de Rotrou. Voyez Or, Affinage, Purification, Précipitation, & Antimoine. Article de M. de Villiers.

Fumer (Chimie. Métallurgie.) se dit en ce sens, faire fumer une coupelle, ou l’évaporer. Voyez Essai & Évaporer.

Fumer, (Jardin.) c’est engraisser les terres. Voy. Engrais.

Fumer, Boucaner, Soreter, Sorire, des harengs, sardines, &c. termes synonymes de Pêche. Voyez Sorrer.

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Étymologie de « fumer »

(Verbe 1) Du latin fumare.
(Verbe 2) Du latin *fimare[1] qui dérive de fimus (« fumier »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Bourguig. feumai : provenç. et espagn fumar ; ital. fumare ; du latin fumare, dont le radical est le même que le grec θύμα, fumée de sacrifice, de θύειν, offrir de l'encens en sacrifiant, et θυμὸς, vapeur, d'où esprit ; sanscrit, dhu, agiter, fumer.

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Phonétique du mot « fumer »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
fumer fyme

Fréquence d'apparition du mot « fumer » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Citations contenant le mot « fumer »

  • Le meilleur moyen d’arrêter de fumer est d’emporter des allumettes humides.
    Anonyme
  • C’est facile d’arrêter de fumer, j’arrête 20 fois par jour.
    Oscar Wilde
  • Quand il lut quelque part que fumer pouvait provoquer le cancer, il arrêta de lire.
    A. Kirwan
  • Arrêter de fumer brusquement peut provoquer des troubles de la perception. Aux Etats-Unis ils ont voté Bush.
    Kad et Olivier — 100 bonnes raisons de continuer à fumer
  • Pour fumer moins, embrasser plus. Se méfier des allumeuses et prendre la précaution d'utiliser des filtres.
    Roland Topor
  • J’ai essayé d’arrêter de fumer en me disant que je voulais simplement ne plus fumer, mais je ne me suis pas cru.
    Barbara Kelly
  • Mon médecin m'a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils : - Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place.
    Erik Satie — Ecrits
  • Ce qui est terrible avec les gens qui cessent de fumer, c’est qu’ils remplacent tout de suite le tabac par la vantardise.
    Anonyme
  • A force de fumer, je suis devenu cendre.
    André Santini
  • Enfermez-vous dans les cabinets pour dire votre chapelet et, si vous avez quinze ans, pour fumer des cigares.
    Francis Picabia
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Images d'illustration du mot « fumer »

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Traductions du mot « fumer »

Langue Traduction
Anglais smoking
Espagnol fumar
Italien fumare
Allemand rauchen
Chinois 吸烟
Arabe لكي تقوم بتدخين
Portugais fumar
Russe курить
Japonais タバコを吸う
Basque erretzeko
Corse à fumà
Source : Google Translate API

Synonymes de « fumer »

Source : synonymes de fumer sur lebonsynonyme.fr

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Nombre de points du mot fumer au scrabble : 10 points

Fumer

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