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Étouffé

Définitions de « étouffé »

Trésor de la Langue Française informatisé

ÉTOUFFÉ, ÉE, part. passé et adj.

I.− Part. passé de étouffer*.
II.− Emploi adj.
A.−
1. [En parlant d'un animé] Qui est mort par asphyxie :
1. Ils [les quatre hommes] trouvèrent le forestier égorgé devant la cheminée, sa femme étranglée sous le lit, et leur petite fille, âgée de six ans, étouffée entre deux matelas. Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Crime père Bonif., 1884, p. 153.
[Dans l'Anc. Testament] Viandes étouffées. ,,Se dit de la chair des animaux qu'on avait tués sans verser leur sang`` (Ac. 1835, 1878).
2. [En parlant d'un feu, d'une flamme] Qui est éteint. C'est un fourneau où l'on a bourré trop de coke. Sa maigre flamme en meurt étouffée (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917-18, p. 353).
B.− Au fig.
1. [En parlant d'un bruit, d'un son] Qui est assourdi, qui ne retentit pas. Cri étouffé :
2. Dès qu'il [le gland] tombe avec ce bruit mat, lourd, étouffé qui caractérise sa chute, les dindons descendent du perchoir et les porcs grognent d'aise dans leur loge. Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 131.
2. [En parlant d'une source lumineuse] Qui a perdu son éclat, sa vivacité. La lune, étouffée dans une brume, épaisse, n'éclaire pas ce soir le paysage cendré (Amiel, Journal,1866, p. 485).
3. [En parlant de l'air] Qui manque de fraîcheur. Ce soir-là le temps était chaud, étouffé, annonçant la tempête (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 135).L'air chaud, humide et étouffé des classes (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 46).
4. [En parlant d'une chose abstr.] Qu'on empêche de se développer, de se manifester. Affaire, doctrine étouffée; drame, scandale étouffé. Le bavardage d'un ancien camarade, rencontré par hasard, ralluma brusquement chez lui les ardeurs étouffées de sa vie de jeunesse (Reider, MlleVallantin,1862, p. 208).Chez ce fils respectueux, courbé jusqu'alors par la crainte, la révolte débordait, longtemps étouffée (Zola, Rêve,1888, p. 185):
3. Les Anciens ont peu connu cette inquiétude secrète, cette aigreur des passions étouffées qui fermentent toutes ensemble... Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 411.
5. [En parlant d'une pers.] Qu'on empêche de s'épanouir. Existence étouffée :
4. Travailler, lutter, vivre pour que se redressent les nations et les êtres écrasés, étouffés, depuis quatre ans, passés au laminoir de la Wehrmacht et de la Gestapo! Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 412.
6. [En parlant d'un lieu] Qui a peu d'étendue, qui est resserré et où l'air circule mal. Pièce, ruelle, ville étouffée; corridor, passage étouffé. Les magnifiques bassins d'Anvers sont, en effet, tout autre chose que notre port du Havre, unique, étroit, étouffé (Michelet, Chemin Europe,1874, p. 229):
5. ... dans le village où la vie semble suspendue, chacun, espérant la fraîcheur, diffère le moment de retrouver sa chambre étouffée, son lit chaud, mou, trop étroit. Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1095.
7. ART CULIN. Longe de veau étouffée. Cuite à l'étouffée* :
6. Longe de veau étouffée (...) vous la mettez dans une braisière sans mouillement, seulement avec trois quarterons de beurre : vous la mettez sur le feu; quand elle est bien échauffée, vous couvrez votre braisière, et vous la laissez cuire à petit feu, en la retournant de temps en temps... Viard, Cuisin. roy.,1831, p. 135.
Fréq. abs. littér. : 969. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 161, b) 1 913; xxes. : a) 1 526, b) 1 186. Bbg. Gohin 1903, p. 236.

Wiktionnaire

Adjectif - français

étouffé \e.tu.fe\ masculin

  1. Qui est étouffé.
    • Je baissai la vitre et roulai en écoutant les sons étouffés d’une fin de soirée d'été. — (Éric Neuhoff, La Petite Française, Albin Michel, 1997, page 21)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Littré (1872-1877)

ÉTOUFFÉ (é-tou-fé, fée) part. passé.
  • 1Qui a perdu la communication avec l'air et ne peut plus vivre. Les uns sont étouffés sous le faix de la terre Qui tombe par l'effort des machines de guerre, Mairet, Mort d'Asdrub. I, 3. Quand tu me dépeignais… Les monstres étouffés et les brigands punis, Racine, Phèd. I, 1. Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants, Racine, Andr. III, 8.

    Dans l'Ancien Testament, viandes étouffées, la chair des animaux tués, sans qu'on ait versé leur sang.

    Qui a perdu la communication avec l'air et ne peut plus brûler. Feu étouffé.

  • 2Trop serré. Il partit donc aux acclamations de tout le canton, étouffé d'embrassements, Voltaire, l'Ingénu. 7. Jeté sur cette boule, Laid, chétif et souffrant, Étouffé dans la foule, Faute d'être assez grand, Béranger, Vocat.

    Terme d'horticulture. Arbre étouffé, arbre entouré d'arbres plus élevés qui l'empêchent de profiter.

    Endroit étouffé, endroit où il y a peu d'air. Chambre étouffée. Vous allez dans une petite ville étouffée, où peut-être il y aura des maladies et du mauvais air, Sévigné, 84.

  • 3 Fig. Qui ne peut se manifester. Et des crimes si noirs étouffés au berceau, Corneille, Œdipe, I, 6. Sa vertu reconnue et l'envie étouffée, Rotrou, Bélisaire, I, 2. La voix de la nature était étouffée, Bossuet, Hist. II, 12. Des desseins étouffés aussitôt que naissants, Racine, Brit. IV, 2. Il croit peut-être, il croit que ma haine étouffée…, Racine, Alex. IV, 1. Quel feu mal étouffé dans mon cœur se réveille ! Racine, Phèd. IV, 5. Telle fut la fin d'Alcibiade, en qui de grandes vertus étaient étouffées par des vices encore plus grands, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. IV, p. 110.

    Réprimé. Révolte étouffée à grand'peine. Et foulant à vos pieds leurs fureurs étouffées, Voltaire, Tancr. v, 1.

    Cris étouffés, les cris sourds d'une personne dont la respiration est gênée.

    Soupirs étouffés, voix étouffée, soupirs, voix qu'on s'efforce de retenir, de ne pas laisser entendre. Vos soupirs étouffés semblent me faire injure, Voltaire, Tanc. I, 4. Adieu, pour toujours, dis-je d'une voix étouffée, Genlis, Veillées du chât. t. I, p. 235.

    Rire étouffé, le rire qui échappe à une personne s'efforçant de le retenir.

    Bruit étouffé, se dit d'un bruit qu'on empêche de se faire entendre, et d'un bruit qu'on empêche d'être divulgué.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « étouffé »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
étouffé etufe

Fréquence d'apparition du mot « étouffé » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « étouffé »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Traductions du mot « étouffé »

Langue Traduction
Anglais muffled
Espagnol sordo
Italien ovattato
Allemand gedämpft
Chinois 低沉的
Arabe مكتوما
Portugais abafado
Russe приглушенный
Japonais こもった
Basque isilduta
Corse arruffatu
Source : Google Translate API

Antonymes de « étouffé »

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Nombre de points du mot étouffé au scrabble : 11 points

Étouffé

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