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Cendre

Variantes Singulier Pluriel
Féminin cendre cendres

Définitions de « cendre »

Trésor de la Langue Française informatisé

CENDRE, subst. fém.

I.− Au sing., plus rarement au plur.
A.− Poudre résultant de la combustion complète de certaines matières.
SYNT. Cendre de bois, de charbon, de cigarette, d'os; cendre du foyer, de la pipe, du volcan; cendre brûlante, froide, grise; un feu, un tison sous la cendre; une pluie, un nuage, une odeur de cendre; faire cuire des marrons, un œuf, des pommes de terre sous la cendre.
Mettre, réduire en cendre(s) (une ville, un pays, ...). Brûler, dévaster, anéantir. Quand une torpille aura réduit en cendre le ministère de l'air (Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 304).
Loc. fig. Un feu caché sous la cendre. Une passion qui survit. Un feu qui couve sous la cendre. Une énergie qui attend son heure.
B.− Emplois techn.
1. AGRIC. Cendres rouges. Cendres de lignite ou autres cendres répandues sur les champs pour les fertiliser.
2. GÉOL. et MINÉR. Cendre bleue, gravelée, noire, verte; cendres volcaniques.
3. PHARM. Substance médicamenteuse. Cendre d'antimoine, d'étain, de plomb.
II.− Au plur. (avec valeur emphatique), plus rarement au sing.
A.− [P. réf. à la légende du phénix] Renaître de ses cendres. Revivre. Écrire c'est brûler vif, mais c'est aussi renaître de ses cendres (Cendrars, L'Homme foudroyé,1945, p. 13):
1. Les poètes chantaient cette fin et cette résurrection du monde comme ils chantaient le phœnix renaissant de ses cendres. P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 731.
B.− [P. réf. surtout à la coutume d'incinération de certains peuples de l'Antiquité qui recueillaient les cendres des morts dans des urnes]
P. ext. La dépouille mortelle. Les cendres d'un grand homme; le retour des cendres de Napoléon. La translation des cendres de Turenne aux Invalides fit estimer Napoléon (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 374).
Au fig. La mémoire d'un mort. La cendre des aïeux, des justes; honorer la cendre des morts; paix à ses cendres!
Péj. [En signe d'ignominie et de malédiction] Jeter la cendre d'un parricide aux quatre vents.
P. métaph. :
2. ... Bacon, qui échappa si bien aux bûchers de son temps, et dont la réputation scandaleuse réduite en cendres est jetée au vent avec un mépris d'éloquence et une verve d'ironie indignée incomparables! Barbey d'Aurevilly, 2ememorandum,1839, p. 365.
C.− [P. réf. à la coutume juive (cf. Jérémie 6, 26) de se couvrir la tête de cendre en signe de deuil] Symbole d'affliction, de désolation, d'échec d'une vie. Terre de cendre et de larmes; les cendres de l'amour, de la désillusion, du passé, du temps. J'étais plein, à déborder, d'amertume et de cendres (Léautaud, Journal littér.,t. 1, 1893-1906, p. 53):
3. Tout ce qu'il y a de plus cher, tout ce qui représente la vie et l'orgueil d'un homme s'est envolé, cendres et fumées. Cendrars, L'Or,1925, p. 233.
4. Le fameux goût de cendre que donne le passé dans les romans psychologiques, je l'ai eu sur les lèvres. Il me semble que toutes ces heures consacrées au divertissement et dont je voulais si fort conserver la mémoire, rien n'en reste à présent, parce que tout cela s'est consumé de soi-même, rien, sinon des mots. Green, Journal,1940, p. 49.
D.− [P. réf. à la coutume juive de se couvrir la tête de cendre (cf. Ezéchiel, 27, 30) ou de s'asseoir sur de la cendre (cf. Job, 42, 6) en signe de pénitence] Symbole de la pénitence. Avoir la tête couverte de cendre et de terre. Des pénitens couverts de cendre et de cilice (Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 592).Couvert de la cendre de la pénitence (MmeCottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 332):
5. J'avisai un énorme paquet de tapis encore tout enroulés, (...), et m'y cachant la tête, avalant leur poussière et mes larmes, pareil aux Juifs qui se couvraient la tête de cendres dans le deuil, je me mis à sangloter. Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 393.
LITURG. CATH. Mercredi des Cendres. Le premier mercredi du Carême où l'on marque de cendre le front des fidèles en signe de rappel de la condition humaine et du devoir de pénitence. Recevoir les cendres :
6. ... un sens profond se dégage de cette cérémonie des Cendres, qui rappelle à l'homme que la mort le menace sans cesse et qu'il doit souvent s'examiner et se juger, humblement, sévèrement, avec un esprit de pénitence et de réparation. Coppée, La Bonne souffrance,1898, p. 155.
Prononc. et Orth. : [sɑ ̃:dʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) [xies. d'apr. FEW t. 2, 1repart., p. 684 a] début xiies. « résidu pulvérulent d'une matière consumée » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, Oxford, 1860, 147, 5); b) ca 1160 mise en cendre « détruite par le feu » (Eneas, vers 18); c) 1560 en cendre au fig. (J. Grévin, L'Olimpe, p. 302, Théâtre complet et choix de poésies, éd. L. Pinvert, Paris, 1922 ds IGLF : Jen ay le cueur en cendre et le corps langoureux); 2. a) dernier quart xiies. « poussière, restes d'un cadavre » (E. de Fougères, Manières, 142 ds T.-L.); b) av. 1560 « dépouille mortelle » (Du Bellay, Œuvres, éd. H. Chamard, III, 53 ds IGLF); c) av. 1577 fig. « restes, souvenir » (Rémy Belleau, Œuvres poétiques, éd. Marty-Laveaux, III, 53, ibid.); 3. a) xiiies. « signe de deuil, de désolation ou de pénitence » (Alexis, éd. J. Hertz, 443 ds T.-L.); b) début xiiies. relig. (G. de Villehardouin, Conquête Constantinople, § 8 ds Gdf. Compl. : Le jor que om prent cendres [...]). Du lat. class. cinis, -eris subst. masc. parfois attesté au fém. (cf. TLL s.v., 1070, 8-12), attesté aussi au fig. pour désigner le résultat d'une destruction notamment dans la loc. in cinerem « en cendres »; attesté dep. Accius pour désigner une dépouille mortelle (Trag. 112, ibid., 1073, 11) et en lat. chrét. comme signe de pénitence (Tertullien, Paen. 9 ds Blaise, s.v.), notamment dans l'expr. cineri et sacco [inolescit] (Tertullien, Patient. 13 ds TLL s.v., 1070, 73) à rapprocher de 3 a, et comme symbole du néant humain (Genèse, 18, 27 ds Blaise, s.v.) à rapprocher de 3 b. Fréq. abs. littér. : 2 453. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 091, b) 3 905; xxes. : a) 3 498, b) 2 744. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 222, 452. − Rog. 1965, p. 62. − Sigurs 1963/64, p. 45.

Wiktionnaire

Nom commun - français

cendre \sɑ̃dʁ\ féminin

  1. Résidu pulvérulent de la combustion du bois et d'autres matières organiques.
    • L’homme des anciens jours se hâta d’allumer du feu avec des lianes sèches ; il brisa du maïs entre deux pierres, et en ayant fait un gâteau, il le mit cuire sous la cendre. — (François-René de Chateaubriand, Atala, ou Les Amours de deux sauvages dans le désert)
    • Devant la demeure des deux vieilles amies, le vent frais achève de disperser la cendre du foyer éteint, qu’elle emporte en un petit tourbillon bleuâtre. — (Isabelle Eberhardt, Pleurs d’amandiers, 1903)
    • Celui-ci, calme, se leva, chassa d’une chiquenaude une petite parcelle de cendre de cigare tombée sur son pantalon, et prenant son chapeau […] — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Le Colporteur)
    • L’acier peut également être obtenu par déferraillage des cendres d’incinération, mais avec une perte liée à l’oxydation pendant la combustion. La production d’acier à partir de ces ferrailles récupérées nécessite deux fois moins d’énergie que la fabrication à partir de minerai […] — (Bruno Peuportier, Éco-conception des bâtiments : bâtir en préservant l’environnement, Presses de l’École des Mines, Paris, 2003, page 33)
  2. (Au pluriel) (Religion) Cendre faite de linges qui ont servi à l’autel ou de branches de rameaux bénits et dont le prêtre catholique marque le front des fidèles en forme de croix le premier jour de carême.
    • Tout alla bien d’abord, mais lorsque l’heure vint de frotter de cendres le front de ses paroissiens en leur répétant la formule latine consacrée : Memento quia pulvis es, « Souviens-toi que tu n’es que poussière », il se troussa vivement afin d’atteindre dans sa poche la petite boîte métallique préparée et contenant la poudre grise nécessaire à la cérémonie. — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  3. (Soutenu) (Au pluriel) Restes des défunts, par allusion à la coutume que les Grecs et les Romains avaient de brûler les morts et d’en recueillir les cendres dans des urnes.
    • Celui qui, se trouvant à la Mecque, irait insulter aux cendres de Mahomet, renverser ses autels, et troubler toute une mosquée, se ferait empaler, à coup sûr, et ne serait peut-être pas canonisé. — (Denis Diderot, Pensées philosophiques, texte établi par J. Assézat, Garnier, 1875-77)
    • Indiens infortunés que j’ai vus errer dans les désert du Nouveau-Monde, avec les cendres de vos aïeux, vous qui m’aviez donné l’hospitalité malgré votre misère, je ne pourrais vous la rendre aujourd’hui, car j’erre, ainsi que vous, à la merci des hommes ; et moins heureux dans mon exil, je n’ai point emporté les os de mes pères. — (Chateaubriand, Atala, 1801)
    • […] on voulut poursuivre la monarchie jusqu’à sa source, les monarques jusque dans leur tombe, jeter au vent la cendre de soixante rois. — (Alexandre Dumas, Les Mille et Un Fantômes)
    • Le neveu de l’empereur profita de ce qu’on allait rapatrier les cendres de son oncle pour débarquer à Boulogne. — (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)
    • Il est affreux et étrange de penser à tous ces hommes, à toutes ces femmes qui n’ont rien à raconter, qui n’envisagent d’autre destin futur que de se dissoudre dans un vague continuum biologique et technique (parce que c’est technique les cendres, même lorsqu’elles ne sont destinées qu’à servir d’engrais, il faut évaluer les taux de potassium et d’azote). — (Michel Houellebecq, Sérotonine, Flammarion, 2019, page 189.)
    • (Au singulier)On citait d’elles plusieurs beaux traits dont la cendre de Montyon avait dû tressaillir dans son beau cénotaphe. — (Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, Les Demoiselles de Bienfilâtre, dans les Contes cruels, 1883, éd. J. Corti, 1954, vol. 1, page 5)
  4. (Fusion nucléaire) (Au pluriel) Résidu des réactions de fusion.
    • Pour la réaction de référence deutérium-tritium, les cendres sont de l’hélium.
  5. (Art, Chimie) Poudre ou résidu qui sont le produit de la combustion ou de toute autre décomposition analogue.
    • Cendres végétales, animales. Cendres gravelées, volcaniques.
  6. (Art) Variété de couleur utilisée en peinture.
    • Cendre bleue, cendre verte, cendre d’outremer.
  7. Qualifie une chose qui possède la couleur ou les caractéristiques physiques de la cendre.
    • Cheveux cendre : Cheveux gris-bleu.
    • Accroche-cœur –
      Aux larmes de cendre,
      elle regarda
      la rouflaquette de l’écrin,
      souvenir
      d’une époque crépusculaire,
      peu avant le début

      de sa chimiothérapie.

      — (Cornéliu Tocan, Chutes microscopiques. 50 micronouvelles illustrées, Créatique, Québec, 2020, pages 13-14)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CENDRE. n. f.
Poudre qui reste du bois et des autres matières combustibles après qu'elles ont été brûlées et consumées par le feu. Cendre chaude. Cendre de sarment. Feu couvert de cendre. Faire cuire une galette sous la cendre. Faire cuire des marrons dans les cendres. Réduire en cendres. Ce bel édifice n'est plus aujourd'hui qu'un monceau de cendres. Par exagération, Réduire, mettre en cendres une ville, un pays, Les ravager, y mettre tout à feu et à sang. Tamerlan mit l'Asie en cendres. Fig., C'est un feu caché sous la cendre, se dit d'une Passion qui n'est pas bien éteinte. C'est un feu qui couve sous la cendre, se dit en parlant d'une Personne qui dissimule un désir de vengeance en attendant l'occasion de le satisfaire. Fig., Renaître de ses cendres, se dit des Choses qui prennent une existence nouvelle après avoir été presque entièrement détruites. Cette ville renaît enfin de ses cendres. Au pluriel, il se dit de la Cendre faite de linges qui ont servi à l'autel ou de branches de rameaux bénits et dont le prêtre marque le front des fidèles en forme de croix le premier jour de carême. Recevoir les cendres. Aller prendre les cendres. Le prêtre donne des cendres, les cendres. Le jour des Cendres. Le mercredi des Cendres. Il désigne aussi, poétiquement ou dans le style élevé, les Restes de ceux qui ne sont plus, par allusion à la coutume que les Grecs et les Romains avaient de brûler les morts et d'en recueillir les cendres dans des urnes. La cendre ou les cendres des morts. C'est là que reposent ses cendres chéries. Les cendres de Germanicus furent rapportées en Italie. Le retour des Cendres. Ses cendres furent jetées au vent. Figurément, Honorer les cendres des morts, Honorer leur mémoire. Il ne faut point remuer, il ne faut pas troubler les cendres des morts, Il ne faut point rechercher leurs actions pour les blâmer, pour flétrir inutilement leur mémoire. En termes de Chimie et d'Arts, il se dit en général de Certaines poudres ou résidus qui sont le produit de la combustion ou de quelque autre décomposition analogue. Cendres végétales, cendres animales. Cendres gravelées. Cendres volcaniques. Cendres bleues, Carbonate de cuivre artificiel. Cendre de plomb. Voyez CENDRÉE.

Littré (1872-1877)

CENDRE (san-dr') s. f.
  • 1Poudre qui reste après la combustion du bois et autres matières. Cendre chaude. Faire cuire sous la cendre, dans les cendres. Lessive de cendres, lessive faite avec des cendres. Mettre en cendre, réduire en cendre, brûler. Leurs trônes mis en cendres, Corneille, M. de Pomp. I, 1. Brûlez votre recueil et faites-en des cendres, La Fontaine, On ne s'avise. Cet édifice est réduit en cendres, Bossuet, Hist. II, 8. Dussé-je après dix ans voir mon palais en cendre ! Racine, Andr. I, 4. Brûlez le capitole et mettez Rome en cendre, Racine, Mithr. III, 1. Une ville qui sera mise en cendres comme Troie, Fénelon, Tél. X.

    La cendre qui couvre le feu, au propre et au figuré. Le feu couve sous la cendre. Il ne peut… que se mettre au visage Sur le feu de sa honte une cendre d'ennui, Malherbe, I, 4. Le feu qui semble éteint souvent dort sous la cendre, Corneille, Rod. III, 4. Tout cela se préparait et se cuisait sous la cendre, dès le temps que le roi parla à son neveu de ne plus retourner en Espagne, Saint-Simon, 241, 213. Et tu veux qu'éveillant encore Des feux sous la cendre couverts, Lamartine, Méd. I, 11.

  • 2La cendre en tant que signe de deuil, de mortification, au propre et au figuré. À ces vains ornemens je préfère la cendre, Racine, Esth. I, 4. Je l'ai trouvé couvert d'une affreuse poussière, Revêtu de lambeaux, tout pâle ; mais son œil Conservait sous la cendre encor le même orgueil, Racine, ib. II, 4. Tandis que toute l'Église combat sous la cendre et sous le cilice, Massillon, Car. Jeûne. Priam, les cheveux souillés de cendres, le visage baigné de pleurs, Chateaubriand, Génie, II, II, 4.

    Fig. Faire pénitence avec le sac et la cendre ou dans le sac et la cendre, éprouver une vive affliction de ses péchés, des offenses commises contre Dieu.

    Fig. C'est pourquoi déguisant les bouillons de mon âme, D'un long habit de cendre enveloppant ma flamme, Je cache mon dessein aux plaisirs adonné, Régnier, Sat. XII.

    Au plur. Les cendres, cendre des linges de l'autel ou des rameaux bénits dont le prêtre fait une croix au front des fidèles le premier jour de carême. Recevoir, prendre les cendres. Le jour des Cendres, le mercredi des Cendres. Boniface, donnant les cendres à un archevêque de Gênes, les lui jeta au nez, Voltaire, Mœurs, 65.

  • 3Reste, débris d'une chose qui a été consumée par le feu ou par ce qui est comparé au feu. De son vain orgueil les cendres rallumées Poussent déjà dans l'air de nouvelles fumées, Corneille, M. de Pomp. I, 2. Une autre Rome sort des cendres de la première, Bossuet, Hist. III, 1. Votre Ilion encor peut sortir de sa cendre, Racine, Andr. I, 4. Les vices des grands renaissent de leurs cendres, Massillon, Pet. Car. Vices. L'État renaît pour ainsi dire de sa cendre, Rousseau, Contr. II, 8.
  • 4Reste des morts (locution provenant de l'usage des anciens de brûler les cadavres) et, figurément, leur mémoire. Et qu'ont fait tant d'auteurs pour remuer leur cendre ? Boileau, Sat. IX. Ah ! ranimez les cendres de nos pères, Massillon, Car. Temples. Gémissez sur les cendres de l'époux qui vous a été enlevé, Massillon, Or. fun. Villars. On craint que de la sœur les flammes téméraires Ne raniment un jour la cendre de ses frères, Racine, Phèd. II, 1. J'ai donné comme toi des larmes à sa cendre, Voltaire, Alz. I, 4. Que j'unisse ta cendre à celle de ton père, Chénier, p. 41. Nous respectons les cendres de nos ancêtres, parce qu'une voix nous dit que tout n'est pas éteint en eux, Chateaubriand, Génie, I, VI, 3. Aime une ombre comme ombre, et de cendres éteintes Éteins le souvenir, Malherbe, VI, 17. C'est ainsi que la justice divine, justement irritée de notre orgueil, le pousse jusqu'au néant, et que, pour égaler à jamais les conditions, elle ne fait de nous tous qu'une même cendre, Bossuet, Duch. d'Orl. Ces veuves qui s'ensevelissent, pour ainsi dire, elles-mêmes dans le tombeau de leurs époux, y enterrent tout amour humain avec ces cendres chéries, Bossuet, Anne de Gonz. Les morts du sein de l'ombre avec terreur s'élancent Pâles, et secouant la cendre des tombeaux, Gilbert, Jug. dernier. Nous avons cru devoir rendre ce témoignage aux vertus d'un sage dont l'envie n'a point respecté les cendres, Condorcet, Malouin. Il a dit à la mortelle : Vite ! éblouis ton amant ; Avant de mourir, sois belle ; Sois un instant étincelle, Puis cendre éternellement, Hugo, Voix intér. XVII.

    Il ne faut pas remuer ou troubler les cendres des morts, il ne faut pas dire du mal de ceux qui ne sont plus.

  • 5En chimie et dans les arts, certains résidus de la combustion.

    Cendre bleue, oxyde de cuivre précipité de la dissolution du sulfate de ce métal par la chaux.

    Cendre verte, couleur que les peintres emploient dans les paysages (variété terreuse de carbonate de cuivre).

    Cendre gravelée, proprement la cendre des vrilles de la vigne, ou la cendre du sarment ; et par extension et plus particulièrement, le produit de l'incinération du tartre brut ou lie de vin desséchée.

    Cendres du Levant, espèce de soude.

  • 6Cendre de plomb, le plomb de chasse le plus menu ; on dit plutôt cendrée.
  • 7Cendre rouge, variété terreuse de lignite brûlé.

    Cendre noire, variété terreuse de lignite à l'état naturel.

    PROVERBE

    Il faudrait les brûler pour en avoir de la cendre, se dit, pour exprimer la rareté des bons ménages de deux époux excellents l'un pour l'autre.

HISTORIQUE

XIIe s. Je ne pris [prise] pas plein poing de cendre Ta menace ne ton orgueil, la Charrette, 799. E vestirent eaus [eux] de haires, e mistrent cendres sor lor chef, Machab. I, 3. D'ire [il] devint vermeilz plus que carbuns sur cendre, Th. le mart. 44.

XIIIe s. A l'entrée de quaresme, après ce que on prent cendres, Villehardouin, VI, . Por cel païs qu'il voloit prendre Et les cités livrer à cendre, Fl. et Bl 63. De toute teinture fors de graine en charrete un denier ; neis [même] se il i a cendre clavelée qui appartient à teinture…, Liv. des mét. 284. Encor te veuil assez aprendre De mesler tainture avec cendre, Ren. 12040. Bien le doit-on ardoir en cendre, ib. 9617.

XVIe s. Abattant boys, bruslant les grosses souches pour la vente des cendres, Rabelais, Pant. II, 2. Elle se resoult en pouldre comme feroit de la chaux vive ou de la cendre, qui la fouleroit, Amyot, Sertor. 23. Mieulx vault la cendre divine Que du monde la farine, Leroux de Lincy, Proverbes, t. I, p. 6. S'il ne s'en trouve après une exacte et diligente recherche, il faudra executer sur toutes sortes de meubles jusques aux cendres du feu, avant qu'en venir aux immeubles, Nouveau coustumier génér. t. II, p. 1094.

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Étymologie de « cendre »

(XIe siècle) Du moyen français cendre[1] de l’ancien français cendre[2], du latin cinerem, accusatif singulier de cinis (« cendre »)[3], de l’indo-européen commun *ken (« poussière, cendre »)[4].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Picard, chaine ; bourguig. çarre ; provenç. cenre, cendre, cene ; catal. cendra ; ital. cenere ; du latin cinerem, le même que le grec ϰόνις.

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Phonétique du mot « cendre »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
cendre sɑ̃dr

Fréquence d'apparition du mot « cendre » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « cendre »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « cendre »

  • Laver son linge sale en famille en utilisant pour la lessive les cendres des aïeux.
    Jules Renard
  • Vaincu, on sera réduit en cendres ; vainqueur, en charbon de bois.
    Proverbe malais
  • A force de fumer, je suis devenu cendre.
    André Santini
  • Braise de nuit devient cendre du matin.
    Proverbe arabe
  • Le talent éclôt sur la cendre d'une longue patience.
    Jean Vautrin — Libération - 2 Septembre 2000
  • À l’issue des obsèques de sa mère, la jeune femme a donc naturellement tenu à conserver ses cendres, sans savoir précisément ce qu’elle allait en faire. Quelques mois plus tard, au moment de passer ses premières fêtes de Noël sans sa génitrice, Debra, toujours bouleversée, a été prise d’une pulsion pour le moins étrange.
    Royaume-Uni : à Noël, elle décide de manger les cendres de sa mère décédée pour "se sentir plus proche d'elle"
  • C'est la cendre des morts qui créa la patrie.
    Alphonse de Prât de Lamartine — La Chute d'un ange
  • Pluie de cendres sur Catane.
    Fontaine de lave et pluie de cendres, les images de la nouvelle éruption de l’Etna
  • La gloire, c'est comme un cigare qu'on mettrait dans la bouche par le bout allumé. D'abord ça brûle, et puis, on ne sent plus que la cendre.
    Alphonse Daudet
  • Mon coeur, si doux à prendre Entre tes mains, Ouvre-le, ce n'est rien Qu'un peu de cendre.
    Paul-Jean Toulet — Les Contrerimes
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Traductions du mot « cendre »

Langue Traduction
Anglais ash
Espagnol ceniza
Italien cenere
Allemand asche
Chinois
Arabe رماد
Portugais cinza
Russe ясень
Japonais
Basque lizarra
Corse fràssinu
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Synonymes de « cendre »

Source : synonymes de cendre sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « cendre »

Combien de points fait le mot cendre au Scrabble ?

Nombre de points du mot cendre au scrabble : 9 points

Cendre

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