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Apologue

Variantes Singulier Pluriel
Masculin apologue apologues

Définitions de « apologue »

Trésor de la Langue Française informatisé

APOLOGUE, subst. masc.

DIDACT. Court récit imaginaire ou parfois réel dont se dégage une vérité morale. Synon. histoire, conte, parabole, fable :
1. Cependant je ne doute point que vous n'ayez lu, dans beaucoup de préfaces de fables, que l'apologue est une instruction déguisée sous l'allégorie d'une action : ... Florian, Fables,De la Fable, 1792, p. 10.
2. Les patriciens envoyèrent au peuple celui des leurs qui lui était le plus agréable, Menenius Agrippa. Il leur adressa l'apologue célèbre des membres et de l'estomac, véritable fragment cyclopéen de l'ancien langage symbolique. Michelet, Hist. romaine,t. 1, 1831, p. 110.
P. ext. Événement dont se dégage une leçon morale :
3. ... la rouille est venue à mon glaive : rouille de honte, soudure d'oisiveté! Sous les propres yeux de ma belle ce béjaune me nargue, m'insulte et me provoque. Leçon profonde! enseignement philosophique! apologue moral! Désormais je tuerai deux ou trois hommes avant de déjeuner, pour être sûr que ma rapière joue librement. T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 120.
4. Il est certain qu'apparemment, pour avoir vu cent fois le même acteur, je ne l'en connaîtrai personnellement pas mieux. Pourtant si je fais la somme des héros qu'il a incarnés et si je dis que je le connais un peu plus au centième personnage recensé, on sent qu'il y aura là une part de vérité. Car ce paradoxe apparent est aussi un apologue. Il a une moralité. Elle enseigne qu'un homme se définit aussi bien par ses comédies que par ses élans sincères. Camus, Le Mythe de Sisyphe,1942, p. 25.
SYNT. Faire, écrire, composer, imaginer, lire, écouter un apologue; répondre par un -; comprendre l'apologue; apologue bien connu, célèbre, oriental, admirable, naïf; − du jardinier, du paon, de la fable; − en prose, en vers; en forme d'apologue; sens profond, sens caché, clarté, vérité de l'apologue.
Rem. La docum. fournit le néol. apologuer « s'exprimer au moyen d'apologues ». ,,J'ai une envie d'apologuer qui me coupe les flancs!`` (Colette, L'Entrave, 1913, p. 281).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [apɔlɔg]. 2. Forme graph. − On trouve des ex. du mot sous des formes pop. ou dial. : apologe (cf. M. Stéphane, Ceux du trimard, 1928, p. 155 et F. Vidocq, Mémoires de Vidocq, chef de la police de sûreté, jusqu'en 1827, t. 3, 1828-1829, p. 160); apoloche (cf. É. Moselly, Terres lorraines, 1907, p. 32).
ÉTYMOL. ET HIST. I.− xves. « petit récit d'un fait vrai ou fabuleux, par lequel on veut présenter une vérité instructive » (G. Tardif ds Delb. Rec. ds DG : Le premier apologue ou fable). II.− 1616-20 « apologiste » (D'Aubigné, Confessions du sieur de Sancy, [dédicace] ds Œuvres, éd. Reaume-de-Caussade, t. 2, p. 236 : un des traducteurs du Tasso, qui a choisi pour son apologue le Prince de Conty); repris par DG où il est qualifié de vieilli. I empr. au lat. apologus, « id. » Plaute, Stich., 570 ds TLL s.v., 250, 7; cf. Cicéron, Inv. 1, 25, ibid., 249, 83; empr. au gr. α ̓ π ο λ ο ́ γ ο ς « récit détaillé, narration » (Platon, Resp. 614a ds Bailly) d'où « fable » (Cependant le mot gr. ne figure pas ds Cicéron, De Orat., 2, 264, éd. Courbaud : Et ad hoc genus ascribamus etiam narrationes apologorum); II dér. de apologie* sur le modèle de analogie/analogue.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 103.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Dauzat (A.). L'Attraction paronymique dans le français populaire contemporain. Archivum romanicum. 1937, t. 21, pp. 202-203. − Dictionnaire des symboles, mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres. Éd. J. Chevalier, A. Gheerbrant, M. Berlewi. Paris, 1969, p. 15. − Gramm. t. 1 1789. − Laf. 1878. − Laf. Suppl. 1878. − Laurent (P.). Contribution à l'histoire du lexique français. Romania. 1925, t. 51, p. 34. − Marcel 1938. − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. Suppl. 1926. − Springh. 1962.

Wiktionnaire

Nom commun - français

apologue \a.pɔ.lɔɡ\ masculin

  1. (Littérature) Récit à visée argumentative et allégorique qui prétend moraliser ou instruire et qui ne se soucie pas toujours de sa vraisemblance.
    • Il n’en est pas même de l’apologue; bien qu’il soit aussi de nature cosmopolite, et qu’il voyage, ainsi que le conte, de pays en pays, de siècle en siècle, l’apologue n’est arrivé au moyen-âge que par l’intermédiaire des fabulistes latins. Il faut faire une exception pour l’apologue par excellence, le Roman de Renart. Celui-ci est sorti d’une donnée populaire, […]. — (Jean-Jacques Ampère, La Littérature française au moyen-âge, Revue des Deux Mondes, 1839, tome 19)
    • Un apologue juif, où les effets du vin sont exprimés à la manière orientale, nous apprend que le patriarche Noé s’étant éloigné un moment du premier pied de vigne qu’il venait de planter, Satan transporté de joie s’en approcha, en s’écriant : Chère plante, je veux t’arroser ! […]. — (Pierre-Marie Quitard, Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française, Paris : chez P. Bertrand, 1842, p. 696)
    • Je méditais sur l’apologue de Gobineau (l’une des Nouvelles asiatiques) dans lequel il est question d’un initié auquel un illustre thaumaturge va révéler l’utime secret magique, mais qui perd tout au seuil de la trouvaille parce qu’il s’est retourné, sa femme (qui se voyait abandonnée) l’ayant suivi et appelé. — (Michel Leiris, L’âge d’homme, 1939, collection Folio, page 186-187.)
    • Mais, malheureusement pour nous, qui y eussions trouvé là matière à bel apologue, Karagidouille était moins con qu’il n’en avait l’air. — (Georges Perec, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, Denoël, 2000, collection Folio, page 67.)
    • Les romans de Rabelais sont un mélange de roman et d'apologue [...]. Il faut voir d'où il part : plutôt que d'avoir ajouté de l'apologue, il en enlève à la fiction et développe la part roman. — (Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature française. Grasset, page 717)
    • L’apologue du lampadaire est paraît-il bien connu des chercheurs : un type qui a perdu ses clés explore en vain les dessous d’un lampadaire en pleine nuit. Pourquoi chercher seulement là ? Parce que c’est le seul endroit éclairé. — (Frédérique Roussel, Trouvaille dans les archives de l’Académie française, dans Libération n° 11471, du 14 avril 2018, page 45)
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

APOLOGUE. n. m.
Petit récit d'un fait vrai ou fabuleux, dans lequel on a pour but de présenter d'une manière indirecte une vérité morale et instructive. L'apologue de l'Estomac et des Membres du corps humain. L'apologue du Loup et de l'Agneau. Se servir d'un apologue. D'ingénieux apologues.

Littré (1872-1877)

APOLOGUE (a-po-lo-gh') s. m.
  • Exposé d'une vérité morale sous une forme allégorique, et dans lequel l'enseignement est presque toujours donné par une assimilation de l'espèce humaine aux êtres que l'on fait parler ou agir. L'apologue est un don qui vient des immortels, La Fontaine, Fabl. VII, à Mme de Montespan.

SYNONYME

APOLOGUE, FABLE, PARABOLE. La fable est le terme le plus général ; c'est tout ce qu'on dit, tout ce qu'on raconte ; il y a dans les fables de Phèdre et de La Fontaine des contes ingénieux qui ne sont pas du tout des apologues. L'apologue est toujours fondé sur une allégorie, dont on a fait l'application à l'homme. La parabole est un apologue contenu dans l'Écriture sainte ; on dit la parabole de l'enfant prodigue, et non l'apologue, bien que ce soit, au fond, la même chose.

HISTORIQUE

XVIe s. Comme un des traducteurs du Tasse, qui a choisi pour son apologue [dédicace] le prince de Conti, D'Aubigné, Conf. préf.

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Encyclopédie, 1re édition (1751)

APOLOGUE, s. m. (Belles-Lettr.) fable morale, ou espece de fiction, dont le but est de corriger les mœurs des hommes.

Jules Scaliger fait venir ce mot d’ἀπόλογος, ou discours qui contient quelque chose de plus que ce qu’il pràsente d’abord. Telles sont les fables d’Esope ; aussi donne-t-on communément l’épithete d’œsopicæ aux fables morales.

Le P. de Colonia prétend qu’il est essentiel à la fable morale ou à l’apologue, d’être fondé sur ce qui se passe entre les animaux ; & voici la distinction qu’il met entre l’apologue & la parabole. Ce sont deux fictions, dont l’une peut être vraie, & l’autre est nécessairement fausse, car les bêtes ne parlent point. V. Parabole. Cependant presque tous les auteurs ne mettent aucune distinction entre l’apologue & la fable, & plusieurs fables ne sont que des paraboles.

Feu M. de la Barre, de l’Académie des Belles-Lettres, a été encore plus loin que le P. de Colonia, en soûtenant que non-seulement il n’y avoit nulle vérité, mais encore nulle vraissemblance dans la plûpart des apologues, « J’entends, dit-il, par apologue cette sorte de fables, où l’on fait parler & agir des animaux, des plantes, &c. Or il est vrai de dire que cet apologue n’a ni possibilité, ni ce qu’on nomme proprement vraissemblance. Je n’ignore pas, ajoûte-t-il, qu’on y demande communément une sorte de vraissemblance : on n’y doit pas supposer que le chêne soit plus petit que l’hyssope, ni le gland plus gros que la citrouille, & l’on se moqueroit avec raison d’un fabuliste qui donneroit au lion la timidité en partage, la douceur au loup, la stupidité au renard, la valeur ou la férocité à l’agneau. Mais ce n’est point assez que les fables ne choquent point la vraissemblance en certaines choses, pour assurer qu’elles sont vraissemblables ; elles ne le sont pas, puisqu’on donne aux animaux & aux plantes des vertus & des vices, dont ils n’ont pas même toûjours les dehors. Quand on n’y feroit que prêter la parole à des êtres qui ne l’ont pas, c’en seroit assez ; or on ne se contente pas de les taire parler sur ce qu’on suppose qui s’est passé entr’eux ; on les fait agir quelquefois en conséquence des discours qu’ils se sont tenus les uns aux autres. Et ce qu’il y a de remarquable, on est si peu attaché à la premiere sorte de vraissemblance, on l’exige avec si peu de rigueur, que l’on y voit manquer à certain point sans en être touché, comme dans la fable où l’on représente le lion faisant une société de chasse avec trois animaux, qui ne se trouvent jamais volontiers dans sa compagnie, & qui ne sont ni carnaciers ni chasseurs.

Vacca & capella, & patiens ovis injuriæ, &c.

» De sorte qu’on pourroit dire qu’on n’y demande proprement qu’une autre espece de vraissemblance, qui, par exemple, dans la fable du loup & de l’agneau, consiste en ce qu’on leur fait dire ce que diroient ceux dont ils ne sont que les images. Car il est vrai que celle-ci n’y sauroit jamais manquer, mais il est également vrai qu’elle n’appartient pas à l’apologue considéré seul & dans sa nature : c’est le rapport de la fable avec une chose vraie & possible qui lui donne cette vraissemblance, ou bien, elle est vraissemblable comme image sans l’être en elle-même ». Mém. de l’Acad. tom. IX.

Ces raisons paroissent démonstratives : mais la derniere justifie le plaisir qu’on prend à la lecture des apologues : quoiqu’on les sache dénués de possibilité, & souvent de vraissemblance, ils plaisent au moins comme images & comme imitations. (G)

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Étymologie de « apologue »

Ἀπόλογος, récit, de ἀπὸ, et λόγος, discours (voy. LOGIQUE.)

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Du latin apologus.
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Phonétique du mot « apologue »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
apologue apɔlɔg

Fréquence d'apparition du mot « apologue » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « apologue »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « apologue »

  • Un livre comme une conversation quelque part entre l’aléa et la convergence, comme un mot qui surgit d’un autre, une idée rebondit pour une autre idée, c’est là, à chaque page un jeu de répondants, une citation qui en appelle d’autres. Aussi bien en guise de commentaires que de simple écho, d’apologue.
    Club de Mediapart — L’horizon est ici (pour une prolifération des modes de relations), par Myriam Suchet | Le Club de Mediapart
  • On doit ce court apologue à Esope, poète grec, inventeur de ce genre littéraire qu'est la fable...
    AgoraVox — Un apologue à méditer... - AgoraVox le média citoyen
  • Il s’agit d’une fable, d’un apologue, d’un voyage initiatique qu’il serait absurde de vouloir suivre, analyser, comprendre ou regarder d’un point de vue littéral. Peut-être faut-il se laisser guider et happer par la voix du « Storydealer » (le superbe Steve Tientcheu, le « Maire » des "Misérables" de Ladj Ly), ou bien réfléchir et aller questionner. À vous de voir.
    Abus de Ciné — Critique film - JUNGLE JIHAD - Abus de Ciné
  • Jair Bolsonaro a ensuite attaqué personnellement Mme Bachelet sur Facebook. "Elle oublie que le Chili n'est pas devenu un (nouveau) Cuba grâce à ceux qui ont eu le courage de renverser la gauche en 1973, parmi ces communistes, son père", a écrit le président, apologue assumé par ailleurs de la dictature au Brésil.
    L'Obs — Brésil: Bolsonaro s'en prend à Bachelet et fait l'apologie de Pinochet
  • Aurélien Lorig (Sorbonne Nouvelle) : « Contre-exemplarité de l’apologue dans la fiction fin-de-siècle : Mirbeau, Darien, Bloy »
    La morale en action. Apologues, paraboles, proverbes et récits exemplaires au XIXe s. (Sorbonne nouvelle)

Traductions du mot « apologue »

Langue Traduction
Anglais apologue
Espagnol apólogo
Italien apologo
Allemand entschuldigung
Chinois 独白
Arabe خرافة أخلاقية المغزى
Portugais apólogo
Russe нравоучительная басня
Japonais アポローグ
Basque apologue
Corse apologu
Source : Google Translate API

Synonymes de « apologue »

Source : synonymes de apologue sur lebonsynonyme.fr

Combien de points fait le mot apologue au Scrabble ?

Nombre de points du mot apologue au scrabble : 11 points

Apologue

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