
« J’ai eu affaire à un bandit en me promenant hier soir. J’ai plein de choses à faire aujourd’hui. »
Il y a des expressions qui rentrent dans l’usage courant de la langue française mais on les utilise bien souvent à l’oral, ce qui peut entraîner quelques fautes d’orthographe à l’écrit ! Alors faut-il écrire « avoir affaire » ou bien « avoir à faire » ? On vous explique tout dans cet article.
On écrit « avoir affaire » ou « avoir à faire » ?
On écrit « avoir à faire » : il est possible d’écrire « avoir à faire » pour signifier qu’un travail est à réaliser. Vous utiliserez cette orthographe si vous pouvez remplacer l’expression par par « avoir à réaliser (quelque chose) » ou « avoir à refaire (quelque chose) ».
Exemples :
-« Je m’en vais : j’ai à faire » – Montherl., Ville dont prince, 1951.
-« Ne rien avoir à faire ».
-« Avoir à faire ses devoirs ».
On écrit « avoir affaire à… / « avoir affaire avec » : l’expression qu’on utilise généralement est « avoir affaire à » dans le sens de « être en rapport avec ». Il n’est pas rare que cette expression prenne une teinte acrimonieuse, exprimant par exemple une confrontation ou un duel entre deux personnes. On peut également utiliser « avoir affaire avec », plus neutre.
Exemples :
« Non pas moi, dit Charles avec un embarras visible, car j’ai précisément affaire à cette heure-ci. » – H. de Balzac, Annette et le criminel, 1824.
« Je suis mortifié que votre départ soit aussi prompt ! J’ai affaire où vous allez; je vous aurais accompagnée. » – Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas, 1796
-« Quoique Olivier eût souvent affaire avec lui, ils se voyaient très peu. » – Rolland, Jean-Christophe, 1904-1912.
-« J’ai affaire avec le banquier pour obtenir un prêt ».
On écrit « avoir affaire de… » : Bien que cet usage soit vieilli, on peut écrire « avoir affaire de » dans le sens de « avoir besoin de ». Son usage est plutôt littéraire.
Exemples :
-« … mais le duc de Bourbon, le duc d’Alençon et les jeunes seigneurs ne voulaient point des gens des communes, et disaient que ceux qui n’étaient point de leur avis avaient peur. « Qu’avons-nous affaire de ces gens de boutique? disaient-ils; nous sommes déjà trois fois plus nombreux que les Anglais. » – P. de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, 1824.
-« Qu’ai-je affaire de l’estime de gens que je ne puis estimer ? » – Gide, Feuillets d’automne, 1949.
Confusion entre « avoir affaire » et « avoir à faire » : Le Grevisse montre que la graphie « avoir affaire » est apparue avec l’habitude. C’est pourquoi il est possible de voir écrit « avoir à faire » dans le sens de « avoir affaire ». Les deux orthographes peuvent donc se confondre et être utilisées sans préjudice :
Dans ces trois expressions [avoir affaire à; – avec; – de] l’usage est d’écrire affaire, en un mot, mais cette orthographe se fonde sur des habitudes prises plutôt que sur des raisons de sens. L’Office de la Langue française (cf. Figaro, 5 févr. 1938) acceptait avoir à faire à aussi bien que avoir affaire à. Pour Littré écrire avoir à faire de « ne peut être considéré comme une faute; car à faire ici convient mieux que affaire ». En fait, pour les trois expressions, il n’est pas rare de rencontrer l’orthographe à faire.
Grevisse, 1964, § 916-917
Exemples :
-« Il faut qu’il ait à faire à quelque vainqueur » – Saint Beuve, Port Royal, 1840 – 1859.
-« Des enfants pataugent, qui portent un collier pour tromper les démons et leur faire croire qu’ils ont à faire à des chiens » – Morand, Rien que la terre, 1926.
« C’est ce que vit peut-être M. de Rebours, à qui il eut d’abord à faire » – Mauriac, Blaise Pascal et sa soeur Jacqueline, 1931
On voit toutefois que « avoir affaire » est plus populaire que « avoir à faire » :

Vous savez tout sur « avoir affaire » et « avoir à faire ». La première est la graphie à privilégier mais la deuxième peut encore être utilisée ! Vous pouvez maintenant découvrir nos autres petites règles d’orthographe.
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« Bien que cet usage est vieilli, on peut écrire « avoir affaire de » …. », pourquoi l’indicatif après la conjonction « bien que « ?
Bonjor Philippe, soit Nicolas a corrigé 《… bien que … est…》, soit vous avez vu 《est》après 《bien que》.
Est-ce que je demande pourquoi Nicolas a écrit 《 par par》 dans la phrase ci-dessous ?
… si vous pouvez remplacer l’expression par par « avoir à … C’est sûrement dû à la fatigue. Je lui conseille d’utiliser « correcteur automatique du WORD » ou bien de faire lire à un professeur de français ce qu’il écrit.
J’apprécie beaucoup Nicolas d’appredre la langue aux francophones.
Mitat DEMIR de la Turquie.
Merci pour cet article et conseils très intéressants.
Il est seulement dommage qu’il recèle lui-même une faute de conjugaison ( « bien qu’il est vieilli « ). Sans doute, en fait, un problème de dictée à reconnaissance vocale…
Cordialement.
C’est corrigé, merci pour votre vigilance !
Nicolas.
Non…
« avoir affaire » est très vieilli (si jamais un jour ça s’est réellement dit)
et même l’expression j’ai eu à faire en elle-même est très datée…
Dans tout les cas on dit : j’ai eu à faire…
(d’ailleurs, on ne pourrait pas dire j’ai eu fort affaire face à des ignares…
« Avoir affaire » est une pure fantaisie (que certains ont peut-être employée dans le commerce, à une époque très ampoulée)…