« Au final » ou « finalement » : voici le bon usage
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L’expression « au final », mauvaise transposition de l’anglais « in the end » ou du latin « in fine », est de plus en plus utilisée depuis vingt ans. Quel est le bon usage ? Faut-il la substituer à « finalement » ? Quelles sont les autres alternatives ? Je vous explique tout dans cet article pour ne plus faire d’erreur.
La construction « au final » est jugée fautive
L’Académie française rappelle dans sa rubrique Dire, ne pas dire que la construction « au final » est fautive et regrette qu’elle « se répande sans que rien la justifie ». Cette expression est apparue dans la seconde partie du XXIe siècle et ne cesse de se répandre depuis lors :

On trouve ainsi de nombreux exemples dans la presse et ailleurs de l’utilisation fautive de « au final » :
Les Premiers ministres qui changent tout le temps, ça coûte combien au final ?
La Voix du Nord, 12 septembre 2025
Pourquoi est-il erroné d’écrire « au final » ? Il s’agit ici d’une question de classe grammaticale.
La nature de « final »
« Final » est à l’origine un adjectif (« Qui est à la fin, qui sert de fin ») : le match final, le point final.
Un adjectif peut devenir un nom commun (ou « substantif » dans le jargon technique) mais seulement lorsque l’usage en a consacré et stabilisé l’emploi : le principal, le banal, le brutal.
Dans le cas de « final », il existe le substantif féminin « la finale » (L’ultime épreuve dans une compétition ; Son, syllabe, lettre qui termine un mot, une phrase). Cependant, on ne trouve pas de substantif masculin « le final » ayant ce sens général, hormis une exception dans le registre spécialisé de la musique : le final d’une symphonie.
La construction « au + adjectif »
L’expression « au final » suppose que « final » serait substantivé et aurait le sens de fin.
Or, en français, le substantif attendu est « la fin » ou « le terme » : à la fin, en fin de compte, au terme. Il faut donc préférer ces termes plutôt que d’écrire « au final » comme si « final » avait le sens de « fin » en français.
Alternatives possibles à « au final » en français
Il existe bien heureusement plusieurs tournures pour exprimer l’idée de conclusion ou de bilan en français. Selon le contexte, on utilise plutôt :
- finalement
- en fin de compte
- au bout du compte
- en définitive
- à la fin
- en dernier ressort
- pour finir
- en dernière analyse
✅ On dit | ❌ On ne dit pas |
---|---|
Finalement, il a accepté la proposition. | Au final, il a accepté la proposition. |
En fin de compte, nous avons eu raison. | Au final, nous avons eu raison. |
Pour conclure, je retiendrai deux arguments. | Au final, je retiendrai deux arguments. |
À la fin, ils se sont réconciliés. | Au final, ils se sont réconciliés. |
Je dirai, en dernière analyse, que cette solution s’impose. | Je dirai, au final, que cette solution s’impose. |
Exemples
On retrouve plusieurs usages fautifs dans les textes publiés :
Au final, il est donc possible de saisir le juge le plus proche de chez soi, mais mieux vaut parfois, pour l’heure, actionner dans le pays où les dégâts sont les plus nombreux.
Emmanuel Pierrat, L’auteur, ses droits et ses devoirs
Au final, définir l’État espagnol est devenu une gageure intellectuelle. Ce n’est ni un État fédéral, ni un État régional mais un « État des Autonomies »
Benoît Pellistrandi, Les fractures de l’Espagne
Il existe cependant de nombreux exemples d’usage des alternatives possibles :
Et finalement j’ai fini par entrer au ministère des Colonies. Mon père était fonctionnaire colonial, alors ça m’a été facile.
Marguerite Duras, Le marin de Gibraltar
L’amour transi de Marcel Joessel, chargé de cours à l’Institut d’Amérique latine, avait eu du bon grâce à son intervention, Jean avait finalement été recruté pour traduire officiellement du français au comité des jeux Olympiques d’octobre.
J. M. G. Le Clézio, Révolutions
De là vient, en dernier lieu, le malaise physique que je ressens, et qui se rattache moins que je croyais à la timidité : ce que le cannabis me révèle, c’est plutôt que mon corps est un corps d’emprunt, qu’il est inadapté à mon essence.
Aurélien Bellanger, Le vingtième siècle
Pour continuer à explorer le bon usage de la langue française, découvrez la différence entre « socialiser » et « sociabiliser ».