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Peigner la girafe : définition et origine de l'expression

Si vous pensez que cette expression se réfère à l’action de peigner une girafe, et bien vous avez raison (pour une fois, la formule n’est pas obscure) ! Aussi incongru que cela puisse paraître, on peigne rarement une girafe (vous devriez tenter l’activité lors de votre prochain safari).

En ce qui concerne sa signification, en revanche, c’est une autre histoire. Cet article vous explique tout de l’origine de l’expression « peigner la girafe », de son histoire et de la manière dont il convient de l’utiliser. Bonne lecture !

Définition de l’expression « peigner la girafe »

L’expression « peigner la girafe », désormais peu utilisée dans le langage courant – mais qui mériterait de l’être davantage – est une locution verbale qui signifie effectuer une tâche longue, fastidieuse et inutile. Par extension, elle peut aussi désigner le fait de perdre son temps, tout comme l’expression « pisser dans un violon ».

Origine de l’expression « peigner la girafe »

L’origine de l’expression « peigner la girafe » est difficile à établir de manière exacte. Si l’on se réfère purement et simplement à l’animal, on peut en tirer la conclusion suivante : la girafe ayant un long cou mais le poil ras et dur, la peigner est une activité fatigante, peu productive, voire complètement inutile. Dans le dictionnaire argot-français et français-argot, de George Delesalle, publié en 1896, on trouve déjà l’expression (« peigner la girafe : ne rien faire »).

Une autre interprétation voudrait que l’expression vienne d’un épisode somme toute original datant de la même époque. En 1826, le 14 novembre très exactement, une girafe, du nom de Zarafa, est offerte en guise de présent au roi Charles X de la part du khédive d’Egypte, Méhémet.

Après avoir passé l’hiver à Marseille, l’animal au long cou arrive à Paris (le 30 juin 1827), où elle sera logée au Jardin des Plantes et constituera une attraction pour toute la population parisienne. L’histoire raconte que la girafe a été accompagnée tout le long de son voyage par un soigneur égyptien dont un des multiples rôles était de peigner la girafe.

Le journal Libération en donne une version légèrement différente – peut-être plus romancée : « un gardien au Jardin des plantes réputé pour se tourner les pouces mais doté d’un certain sens de la formule, puisque chaque fois que son supérieur lui demandait où il était passé, il répondait : « Je peignais la girafe ». »

Peigner la girafe
Illustration par Violaine Epitalon

Pour aller plus loin : Il se pourrait aussi que l’expression soit une déformation populaire de l’expression « se peigner la girafe », qui fait référence, pour les plus sages, à une façon de se coiffer à la fin de la Restauration (mais le rapport avec notre expression est alors quelque peu obscur) ou alors, pour les plus malicieux, à la pratique masturbatoire (on ne va pas vous faire un dessin du rapport entre le cou de la girafe et l’organe masculin en érection).

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On en trouve une allusion dans un livre de Boris Vian, Vercoquin et le plancton, publié en 1946 : « J’ai tellement peigné ma girafe qu’elle en est morte. » Et, de la même manière que le terme « branleur » (excusez le langage) est devenu synonyme de « glandeur » ou de « tire-au-flanc », « se peigner la girafe » aurait donné naissance à l’expression que nous connaissons aujourd’hui.

Exemples d’usage de l’expression « peigner la girafe »

Bah commander des gosses comme des soldats, les faire marcher au pas, les punir à tour de bras, c’était à tout prendre un métier comme un autre. Faire ça ou peigner la girafe.

Jean-Marie Dunoyer, les Principes d’Archimède, Gallimard, 1953

Bon souvenir que cette journée de beau temps, hors du temps, passée à peigner la girafe !

Gilles Morris-Dumoulin, Le Forçat de l’Underwood, Manya, 1993, p. 148

Il releva d’un coup d’épaule crâneur le sac à outils qui bringuebalait sur ses reins, et gagna la porte en ricanant : « D’ailleurs, je m’en fous… On verra bien… Faire ça, ou peigner la girafe !… »

Martin du Gard, Les Thibault, Été 14, 1936, p. 508

J’en ai connu, des étudiants en droit : ils passaient leurs quatre ans à peigner la girafe, tracts, conférences, agitation…

Alexandre Soljénitsyne, Août 14, Fayard,1983

Pour aider le ménage à tourner, elle peint des manèges, elle peigne la girafe. Les jouets s’entassent par négligence dans une chambre claire qui sent le vernis

Alain Cresciucci, Antoine Blondin

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Violaine Epitalon

Violaine Epitalon

Violaine Epitalon est journaliste, titulaire d'un Master en lettres classiques et en littérature comparée et spécialisée en linguistique, philosophie antique et anecdotes abracadabrantesques.

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